Tanis n’est pas exempt de défauts, ni d'audace. Certains éléments narratifs, comme le manichéisme des ennemis vikings ou des moments un peu prévisibles, peuvent donner une impression de simplicité par endroits, mais derrière tout cela se cache aussi des choix qui interrogent et sont loin d'être aussi évidents ou convenus qu'on pourrait l'imaginer. Citons par exemple la manière dont la relation entre Tanis (une jeune fille. Vraiment jeune) et le grand et viril évolue. Un couple improbable, voire dérangeant pour les esprits calibrés sur la morale et la société moderne, qui donne la sensation d'une héroïne/victime, qui durant l'essentiel de ce premier tome assiste aux événements (qu'elle a pourtant largement favorisés) sans pouvoir peser de façon concrète. Les décisions du nouvel Osiris se font sans qu'elle soit consultée, et les meilleures intentions sont le plus droit chemin pour finir dans une impasse. Le pouvoir corrompt, mais ce n'est pas tout : s'il impose le respect par la crainte, il ne protège pas de la trahison et de la vengeance, à la première occasion, s'il vient à chanceler un instant. Graphiquement, Stéphane Perger livre une œuvre magistrale. Ses dessins réalistes et dynamiques, sublimés par une palette de couleurs chaudes, confèrent aux décors et aux personnages une profondeur qui captive dès le premier coup d’œil. Vous qui fréquentez ces colonnes virtuelles et qui aimez particulièrement le comic book américain, vous serez en terrain conquis avec l'artiste, qui apporte la patine de crédibilité et de maturité nécessaires pour toucher un public plus large et expérimenté. De quoi promettre à Tanis un succès assez large et auprès de publics fort variés. On attend la suite, pour comprendre ce que va devenir cette héroïne malgré elle.
TANIS TOME 1 : LES TOMBEAUX D'ATLANTIS (CHEZ DUPUIS)
POP HISTOIRE D'UN MARIN : LA GRANDE AVENTURE HUMAINE SELON FABIANO AMBU
Les amateurs de bande dessinée d'aventure, de parcours humain poignant, et de belles histoires tout simplement, ont tous rendez-vous avec cet album, qui est littéralement bluffant. L'art de Fabiano Ambu est ici merveilleusement bien mis en scène, du dessin mélancolique et élégant, opérant dans la suggestion, pour exploser dans une réalité crue, au scénario intelligent mêlant déchéance, puis résurrection humaine, et clins d'œil à l'amour de la Bd. Comme cette rencontre récurrente entre Pop(eye) et celui qu'on comprend être Corto Maltese, ou l'emploi de tout le cast de la série traditionnelle de Popeye. L'ensemble est aussi émaillé d'instants où explose une violence sociale latente, qui n'est pas sans rappeler certaines heures récentes de l'histoire italienne. Pop parvient à donner du corps et de la consistance à la matière de nos songes sur papier, pour en faire le matériau brut d'une chronique désabusée, mise en couleur et dotée d'une solide identité graphique, par Rosa Puglisi (Vorticerosa), ici parfaite dans son interprétation du pessimisme ambiant et la traduction d'une ville imprégnée d'une évidente décadence aquatique. Tout ceci fait de Pop un véritable petit bijou indispensable, qui fait l'objet d'une réédition à l'occasion du festival d'Angoulême 2025. Si vous ne pouvez pas vous y rendre mais que vous souhaitez obtenir votre exemplaire dédicacé avec un joli dessin de Fabiano Ambu, il suffit de nous contacter par mail : universcomics.lemag@gmail.com
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L'HISTOIRE D'UN VILAIN RAT : UNE OEUVRE FONDAMENTALE DE BRYAN TALBOT
IT FROM SPACE (DE FABIANO AMBU) : LE TOME 2 ARRIVE !
Mais l’auteur ne s’arrête pas là. Avec un sens de la folie parfaitement assumé, il introduit un autre personnage tout aussi déconcertant : l’acteur américain Steve McQueen, ramené à la vie pour l’occasion ! Cette bande dessinée ne se fixe aucune limite : elle joue avec intelligence sur les codes de la science-fiction, tout en les enrichissant d’un discours social sarcastique et d’une bonne dose d’humour. Le dessin, quant à lui, est incisif et incroyablement dynamique, porté par des planches aux couleurs lysergiques et acidulées qui confèrent à l’album une identité résolument pop. Mais attention, cet objet singulier demande une lecture attentive, car il refuse de céder à la facilité ou de flatter systématiquement le lecteur. Dans ce tome 2, on découvre également ce qu’il est advenu de notre civilisation durant la période où It était plongé dans le coma. On assiste aux machinations de Mabuse, un politicien prêt à exploiter la rencontre entre l’humanité et des créatures extraterrestres (en forme de poulpes géants) pour servir ses ambitions hégémoniques. Ce télescopage audacieux entre différents genres fait d’It from Space l’un des titres les plus captivants et pertinents de ces dernières années dans l’univers des comics indépendants. Publié en auto-édition chez IT Comics France, ce second tome sera présenté en avant-première au Festival d’Angoulême, où les lecteurs pourront obtenir un exemplaire dédicacé par l’artiste. À cette occasion, un retirage du premier tome a également été effectué pour satisfaire les retardataires. Et que dire de cette couverture ? Elle est aussi spectaculaire que celle du premier volume, grâce au travail graphique de Rosa Puglisi ! Dernière bonne nouvelle, vous pouvez nous contacter pour obtenir votre copie dédicacée/sketchée par Fabiano Ambu, ou pour récupérer le premier numéro. Les envois se feront dans la semaine suivant le FIBD. Contactez-nous par mail : universcomics.lemag@gmail.com
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LES JARDINS INVISIBLES : LES MERVEILLEUX SOUVENIRS D'ALFRED
OMNIBUS DAREDEVIL PAR NOCENTI ET ROMITA JR : UN RUN INDISPENSABLE
LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : GONE WITH THE WIND
- La sortie de l’album Babouchka et Dedouchka, album que l’on doit à Emma Siniavski et qui est publié aux éditions Sarbacane
- La sortie de l’album Le crétin qui a gagné la Guerre froide que l’on doit au scénario de Jean-Yves Le Naour, au dessin de Cédrick Le Bihan et c’est publié aux éditions Grand angle
- La sortie de l’album Anatomie d’un commissariat que l’on doit au scénario de Mikael Corre, au dessin de Bouqé et c’est sorti chez Fayard graphic
- La sortie de 2007 - 2017, deuxième tome de la série Journal inquiet d’Istanbul que l’on doit à Ersin Karabulut ainsi qu’aux éditions Dargaud
- La sortie de l’album Enfant de salaud, nouvelle adaptation que l’on doit à Sébastien Gnaedig d’un roman de Sorj Chalandon, un titre paru aux éditions Futuropolis
- La sortie de l’ouvrage Garçonnes, les autrices oubliées des années folles, un beau livre que l’on doit à Trina Robbins ainsi qu’aux éditions Bliss
BLOOD HUNT (1/3) : LES VAMPIRES ONT LES CROCS CHEZ MARVEL
INLANDSIS INLANDSIS TOME 1 : LA GLACE
BENEATH THE TREES : LE THRILLER MAGNIFIQUE DE PATRICK HORVATH
C'est donc toute une existence paisible, celle d'une ourse qui commet des agissements atroces loin de chez elle pour préserver son confort de vie, dans son petit village, qui est menacé : une concurrence dangereuse qui risque d'éveiller les soupçons et de mettre fin à une habitude macabre. Bien évidemment, toute la communauté est en émoi, la panique gagne les habitants, plus personne n'ose sortir de chez soi. Il est particulièrement efficace de voir tous ces animaux si attachants tout à coup tomber dans la sinistrose et se préoccuper de ce qu'ils peuvent devenir. Et le pire, c'est que Sam va non seulement devoir affronter cette concurrence, mais aussi essuyer une sérieuse tempête, car elle est tombée cette fois sur quelqu'un d'encore plus diabolique qu'elle. Un individu en apparence banal mais qui, justement parce que personne ne semble s'en méfier, s'avère probablement encore plus dangereux que les autres. Autant faire cesser le suspense et le dire tout de suite, il s'agit de l'une des bandes dessinées les plus admirablement bien troussées que j'ai eu l'occasion de lire ces derniers mois. Une réussite totale tant dans la manière de faire progresser l'histoire que celle de crédibiliser tout un univers, qui parvient à associer une atmosphère et des intentions fort différentes, pour bâtir un contraste bienvenu. Il y a parfois, comme ça, certaines œuvres qui sonnent comme une évidence au bout de 10 ou 20 pages, et c'est le cas ici. On est directement happé par une histoire qui rentre vite dans le vif du sujet et qui tient toutes ses promesses jusqu'à la dernière planche. Rigoureusement indispensable, disponible chez Ankama.
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LA GUERRE KREES SKRULLS REPREND… EN MUST HAVE
Mais Thomas n'oublie pas d'écrire une histoire de super héros et de science-fiction, avec des hommages à Star Trek, à 2001 l'Odyssée de l'espace et aux romans d'Isaac Asimov ou de Robert A. Heinlein. Il se révèle très doué pour les textes, les dialogues et la caractérisation psychologique des personnages (il atteint des niveaux remarquables, surtout avec Vision et Rick Jones). Pourquoi la guerre Kree-Skrull est-elle toujours lue aujourd'hui ? Pas seulement pour le scénario. Mais aussi pour les dessins. Et si Sal Buscema illustre efficacement les premiers chapitres, et le grand frère John s'occupe d’autres séquences, il convient de s'arrêter sur une prestation de très grande classe, celle de Neal Adams, le mythique et regretté dessinateur de Deadman, Batman et Green Lantern / Green Arrow pour DC; Neal a également eu une brève expérience chez Marvel, avec ces histoires des Avengers, et avec certaines autres, des X-Men et des Inhumains. Après des décennies, le style visionnaire et psychédélique d’Adams, doté d’incroyables perspectives et de mises en page novatrices pour l’époque, n’a rien perdu de son charme. Je vous invite à dévorer en particulier l’épisode fou (et historique) dans lequel le minuscule Ant-Man pénètre dans le corps de Vision, le sintezoïde. Pour finir, l’œuvre n’est pas qu'une simple déclaration d’amour envers la science-fiction; elle honore d'autres expériences narratives : les bandes dessinées d'horreur de E.C., par exemple, ou l'ère Timely (on sait que Thomas est un grand fan du Golden Age) et ça se voit dans les fameuses pages qui montrent Rick Jones, évoquant les grands héros de l'éditeur précurseur de Marvel (les Envahisseurs classiques, Captain America, Namor et la Torche, l'androïde); et d'autres personnages moins connus tels Angel, Blazing Skull, The Patriot ou la première Vision. Cette guerre est décidemment un sacré morceau d'histoire. On recommande.
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SHIN ZERO : LES SENTAIS PAUMÉS DE BABLET ET SINGELIN
CRIMSON FLOWER : UNE FOLIE GRAPHIQUE DE KINDT ET LESNIEWSKI CHEZ DELIRIUM
Matt Lesniewski sort l’artillerie lourde : des membres étirés à l’extrême, des postures grotesques, des détails exagérés qui donnent une identité unique à cette histoire. S'il fallait se prêter au petit jeu de l'accumulation des références artistiques, on pourrait parler d'un cocktail hallucinogène, avec une pincée de Michel Fiffe, un coulis de Paul Pope, un arrière-goût de Tradd Moore ou de Daniel Clowes. Les scènes d’action, sous ses crayons ? Une chorégraphie étrange entre le burlesque et l’épique. Les personnages sont aperçus tout à coup sous un angle monstrueux, difformes, assument l'identité de créatures des contes, ce qui permet de justifier, ou en tous les cas de dédramatiser, le funeste destin qui les attend. L’héroïne est d'ailleurs dépeinte comme instable, peu fiable, et on se demande souvent si elle est victime ou bourreau. Si son comportement ne fait pas d'elle une tueuse en série sans la moindre pitié, ou une femme qu'une juste colère incite à s'en aller découper du criminel de la pire espèce, geste exutoire et jubilatoire qu'on pardonnera aisément, compte tenu du trauma vécu. Lesniewski a de fortes chances d'être encore un inconnu pour la plupart d'entre vous. Moi-même, je ne le connais que très sommairement, mais il est évident, après seulement quelques pages, que nous tenons ici un de ces créateurs pour qui les cases sont bien trop étroites pour qu'on l'y enferme. Un de ceux dont la fantaisie repousse la possibilité même de raconter une histoire en images, qui peut s'émanciper des anatomies, du réalisme, du bon ton, sans craindre d'être mis au ban du genre. Lesniewski invente et c'est jubilatoire, débordant, très personnel. Bonne nouvelle, on le retrouvera très vite chez Delirium (qui ne s'est pas trompé sur le potentiel du lascar) grâce à un graphic novel à venir en 2025, Static. Ajoutons à cela que les couleurs de Bill Crabtree apportent une touche vibrante, presque maladive, comme si elles étaient elles aussi sous l’effet des psychotropes qui rythment une partie de cet album. Violent et mené tambour battant, Crimson Flower se fiche bien de la perfection et du qu'en-dira-t-on. En fait, ça ne ressemble à rien d'autre et c'est fascinant aussi pour cela. Une des découvertes les plus singulières et jouissives que vous allez pouvoir faire en 2025, selon toute probabilité.
Crimson Flower, chez Delirium, sortie le 15 janvier
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CYBORGS TOME 1 : RONIN (CHEZ SOLEIL)
Tous les amateurs de science-fiction et d’anticipation ont rendez-vous chez Soleil pour le premier tome d’une nouvelle série en cinq albums...

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Comme chaque samedi désormais, nous vous proposons de plonger dans l'univers de la bande dessinée au sens le plus large du terme,...
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UNIVERSCOMICS LE MAG' 46 Octobre 2024 / 60 pages / gratuit Disponible ici (lecture + téléchargement) : https://madmagz.app/fr/viewer/...
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UniversComics Le Mag' 42 Mai 2024. 84 pages. Gratuit. Téléchargez votre numéro ici : https://www.zippyshare.day/odVOvosYpgaaGjh/file ht...