SPIDER-MAN 140 : L'INSTANT CRUCIAL (One moment in time)

Cela faisait bien longtemps que la question taraudait les lecteurs de Spider-man : qu'avait bien pu dire Mary-Jane à l'oreille de Mephisto, lorsque celui ci scella le pacte qui annula le mariage MJ/Peter Parker et plongea nombre de lecteurs dans le désarroi? Réponse ce mois ci, enfin, avec la première partie de "One moment in time", habilement traduit par "L'instant crucial". Les quelques mots en question sont par ailleurs vite expédiés, et n'ont rien de si bouleversants que cela. C'est la suite qui vaut qu'on s'y plonge... Les deux anciens époux (enfin, pas vraiment, puisque leur union n'a jamais existé, en quelque sorte) se retrouvent pour une discussion importante : entre souvenirs de vie commune et explication sur leur séparation, on apprend ainsi ce qui s'est passé entre les deux tourteraux dans cette nouvelle réalité post One more day. Le double épisode 638 de la série est ainsi entrecoupé de pages extraites du 21° annual, qui en son temps proposa aux lecteurs la cérémonie entre Peter et Mary-Jane. Sauf qu'ici, bien sur, le oui fatidique ne sera pas prononcé, et les auteurs nous expliquent pourquoi. Spider-man joue au boy-scout, tout ne tourne pas rond, MJ attend en vain son mari, la cérémonie tombe lamentablement à l'eau, Peter passe pour l'ordure de service et perd la confiance de la belle rouquine. Voilà le menu. Entre larmes et serments, colère et rabibochement, on a droit ensuite aux conséquences de cet acte manqué, un peu de sentimentalité dans ce monde de brutes, et l'impression que la réalité consécutive à OMD est des plus compressée : on se retrouve ainsi très vite à la période Civil War, Peter qui révèle son identité, la Tante May à l'article de la mort (on lui a tiré dessus)... sauf que de mariage, niet, nulla, nothing. Il faut croire que réecrire l'histoire, c'est très à la mode ces temps derniers...



Panini promet en couverture : les réponses à toutes vos questions. Probablement, mais pas tout de suite. C'est le mois prochain que nous lirons le fin mot de l'histoire, ce mois ci le voile se lève, mais le mystère n'est pas résolu pour autant. J'ai cessé de lire Spidey en VO, de sorte que je découvre en même temps que tous les lecteurs de la Vf ce qui est arrivé au couple Peter/Mj. Finalement c'est bien de ne pas prendre trop d'avance, ça conserve un certain charme, même si avec ce site à mettre à jour, il est clair que les trames futures ne m'echappent pas pour autant... Finalement ça se laisse lire, les dessins sont agréables de surcroit (Paolo Rivera colle bien à cette série). Ce qui me choque, c'est juste le final, les dernières planches du numéro 639 : l'impression que tant de micro événements (pas si micro que ça d'ailleurs) du passé récent du tisseur de toile vont être balayés, éliminés, par ce révisionisme de bas étage. Alors ça oui, ça me chiffonne. Je n'aime pas qu'on fasse les choses à moitié, et là, je ne sais pas trop si Joe Quesada a bien mesuré ce qu'il fallait garder, ce qu'il fallait éliminer. Je crains le pire. En épilogue, on trouve ce mois ci deux brefs récits tirés de Web of Spider-man, qui mettent en scène Ben Reilly, le clone. Tremblez tremblez, il est de retour... Pour le moment, on suit ses (més)aventures à Portland et à Rome, où il tente, tant bien que mal, de se faire une nouvelle vie. En bon poissard, ça finit toujours par tourner au vinaigre. Au passage, Panini nous révèle un nouveau momument de la capitale italienne : le colysée. Pour y avoir habité deux ans, je connais bien le colisée, avec un "i", il me reste donc encore à découvrir cet édifice avec un "y", qu'il me tarde de voir lors d'un prochain passage...

Rating : OOOOO

ANIMAL MAN #1 : L'INDISPENSABLE SORTIE DE LA SEMAINE

Je le savais, que ce premier numéro d'ANIMAL MAN allait valoir son pesant d'or, rien qu'à la splendide couverture de Travel Foreman, qui  par ailleurs est vraiment excellent aux dessins, dans son trait, son découpage simple mais efficace... bref, une intuition des plus heureuses. Vingt ans après le run légendaire de Grant Morrison, Animal Man va renouer avec la grandeur et se faire un nom de choix parmi les personnages de Dc comics, ou il n'y a vraiment pas de justice en ce bas monde ! Buddy Baker est un superhéros qui peut se mettre en phase avec l'intégralité du règne animal, c'est à dire qu'il peut assumer selon les besoins du moment les caractéristiques d'un ou plusieurs animaux, de l'invulnérabilité du rhinocéros (utile dans cet épisode!) à la capacité du chat de s'endormir sur commande! Mais c'est avant tout un père de famille qui adore sa femme et ses deux enfants (un fils, une fille), qui est activiste dans une ligue de défense des animaux, et qui préfère sa vie de tous les jours, avec les siens, aux tribulations cosmiques ou métaphysiques de ses compères encapés. Toutefois, il ne rechigne pas à donner un coup de main en cas de besoin, comme quand un père rendu fou par la mort de sa fillette (d'un cancer), prend en otage une partie du service des enfants malades de l'hôpital. Animal Man intervient, mais dans le respect et la compréhension de la douleur du pauvre homme. Je le répète, Buddy est un vrai patriarche aimant, et la famille, l'amour, il sait ce que cela signifie, et ce sont ses vraies valeurs. Mais comment réagirait-il, si Maxine, sa petite, possédait elle aussi ses propres aptitudes, mais sous une forme déviante?
Jeff Lemire nous surprend tout en douceur, de la première page en forme d'interview, jusqu'à la dernière, si étonnante. Peu d'action, le plaisir tranquille d'un comic-book qui prend son temps, des personnages attachants, des artistes en osmose et décidés à nous narrer une histoire, une vraie. Un plaisir des yeux (la scène onirique en fin d'épisode), un véritable coup de coeur, que Dargaud ne pourra pas, oh non, ignorer au moment de son arrivée sur le marché de la Vf. Nous tenons là le matériel idéal pour un splendide album, dédié à toux ceux qui veulent autre chose que de la testostérone emballée dans une cape et un masque. Tout simplement beau.

DETECTIVE COMICS #1 : BATMAN REBOOT

DETECTIVE COMICS est à Batman ce qu'Action Comics est à Superman, c'est à dire LE titre phare, le patriarche éditorial du personnage. Avec le vaste reboot Dc, il repart également au numéro un, et la continuity passée est oubliée. Pour le coup, nous restons cela dit en terrain connu. Peut être trop, d'ailleurs. En gros, voilà ce dont il s'agit. Batman est sur la brêche, il est aux trousses du Joker, qui depuis six ans poursuit son grand oeuvre : carnage et meurtres en série sont au menu. Pensant avoir mis la main sur un indice décisif, le héros de Gotham est persuadé de pouvoir enfin mettre la main sur sa némésis, mais il est contraint de laisser le psychopathe s'échapper, pour secourir une fillette présente sur les lieux de la lutte sanguinaire. Qu'à cela ne tienne, Batman retrouve assez vite le Joker, quand celui ci décide de tendre un guet-apend à la police, et tue au passage un bon nombre d'agents venus lui passer les menottes. Pif, paf, et poum, une énième bagarre eclate et le Joker finit à l'asile de fous d'Arkham, pour y être soigné. Sauf qu'une fois sur place, on se rend compte que tel était son désir, afin d'y rencontrer un allié aussi cinglé que lui. Qui va jouer du scalpel pour une dernière planche ultra efficace et glauque, la plus réussie de ce premier numéro par ailleurs. Que dire, que j'ai été un peu déçu? Oui, je vous le concède. Tout cela manque de prise de risque, de vent frais. Repartir de rien pour de suite décalquer la légende, est-ce bien une bonne chose? Le Joker, mais aussi le commissaire Gordon, Alfred et la Bat-cave sont de la partie, on revoit l'asile d'Arkham... C'est une ressucée des codes classiques propres à Batman, sans grand pathos ni grande passion, même si ça se laisse lire tout de même. Detective comics 812 ou bien numéro 1? Après tout, ce reboot se fait dans la plus totale continuité, jusqu'à l'homme aux manettes de cette histoire, Tony Daniel, qui est devenu un artiste très au fait de l'univers de l'homme chauve souris, pour avoir illustré nombre d'épisodes ces dernières années. Rien de bien nouveau sous le soleil chez Batman, qui accompagne le mouvement dans la douceur. Comme le disait Tommaso di Lampedusa à travers un de ses personnages (dans "Le guépard") : il faut que tout change pour que rien ne change. Je reste donc sur ma faim.


ACTION COMICS # 1: LE NOUVEAU SUPERMAN DE MORRISON ET MORALES

DC Comics : THE NEW 52. Cette semaine, première véritable fournée abondante du reboot la plus audacieux de l'histoire du comic-book. On commence ce jeudi avec ACTION COMICS #1 dont nous avions déjà parlé en début de semaine.
Les habitants de Metropolis peuvent se réjouir : riches ou pauvres, ils ont désormais un défenseur, un héros qui ne distingue pas les gens selon leur classe sociale, et lutte contre la corruption et la violence ambiante. Ce héros est jeune, porte une cape rouge et un T-shirt bardé d'un S stylisé, et une paire de jeans trendy. Il est invulnérable aux balles, capable de faire des bonds prodigieux, doté d'une super force et vitesse, et ses yeux projettent des rayons calorifiques. Rien que ça. Du coup, son surnom est SUPERMAN, cela va de soi. Grant Morrison ne perd pas de temps et introduit d'emblée le personnage en plein travail : il met un terme aux basses oeuvres d'un caïd local, s'attire les foudres de la police, qui pour l'occasion se targue des conseils et de l'appui d'un riche industriel qui a ses entrées en politique. Luthor, c'est bien de lui dont nous parlons, voit en Superman un ennemi, un agent pathogène qui finira par nuire à nous autres, humains normaux. Pour le stopper, il emploie de suite les grands moyens. Avec un zeste de chance et deux de folie, et le métro ultra moderne de Metropolis à deux doigts d'une catastrophe exemplaire, il pourrait même bien parvenir à un résultat choquant pour un premier numéro : arrêter le nouveau héros de la ville et le consigner aux mains des forces de l'ordre!
Comme annoncé, le Superman de Morrison est relooké certes, mais aussi remanié dans son modus operandi et ses motivations. On découvre ici un Robin Hood moderne, qui n'a pas peur de recourir à la violence pour combattre le crime. Le cast de la série se met déjà en place, même si par petites touches. Olsen et Loïs Lane enquêtent dans le metro, et seront sauvés pour la première fois par Superman dès ce numéro 1. Bonne nouvelle avec Rags Morales : si le but est d'insuffler fraicheur et dynamisme au Superman du XXI° siècle, ses planches abondent parfaitement en ce sens, tout spécialement son découpage en trois cases au plus fort de l'action, magnifié par un trait sec et anatomiquement irréprochable. Action Comics est un petit concentré d'énergie, d'action, un comic-book qui ne connait pas l'ennui et investit le lecteur bille en tête. Une nouvelle incarnation, pour un héros de papier légendaire, à rapprocher fortement de ce que fut Ultimate Spider-man lors de son arrivée sur le marché. Les nouveaux lecteurs ne s'y tromperont pas.


TINTIN CONTRE BATMAN

En ces temps médiatiquement dominés par la déferlante Dc comics, quelle ne fut pas ma surprise dé dégoter sur le web un team-up des plus insolites et imprévus : BATMAN Vs TINTIN ! Le detective de Gotham, plus habitué à botter les fesses du Joker et des dingues qui rentrent et sortent (par la fenêtre) de Darkham Asylum, et le journaliste du petit XX°, qui a pour side-kick un caniche nain très viril... Hélas, cet oeuvre oh combien iconoclaste n'est pas un travail officiel et autorisé. Ce qu'en musique on appellerait un bootleg, tout simplement. Cette parodie de 28 pages a été présentée pour la première fois dans les années 90. Le plot est simple : Tintin voyage jusqu'à Gotham City, y rencontre et affronte Batman, avant de s'allier avec le superhéros pour délivrer Milou, qui s'est fait kidnapper. Le style est naïf et pastiche, dans la veine de ce que faisait Hergé dans les premiers albums de la série comme Tintin au Congo ou encore Tintin en Amérique. L'auteur, qui se rebaptise Hergi, serait en fait un certain Bournazel, qui s'est fait un nom de choix dans l'univers de la Bd parodique de Tintin. L'album est une perle que s'arrache les collectionneurs, et nul doute que si j'avais un de ces jours la possibilité de le dénicher, je ne me retiendrais pas. En attendant de le trouver dans une brocante, une foire aux livres ou aux Bd ...


FEAR ITSELF Book Five : COMME UN PARFUM DE DEROUTE...

Alors que Dc peaufine son reboot et la réecriture de tout son univers superhéroïque, Marvel poursuit dans sa vaste opération de resserrement des liens. Plus que jamais, les différentes séries et les différents "events" devront s'emboîter, s'enchaîner, dans une logique consécutive propre à une véritable tapisserie fantasmagorique. Du coup, nous suivons avec intérêt les développements mensuels dans la mini "FEAR ITSELF", et l'heure est venu de jeter un oeil sur le cinquième volet d'une saga qui en compte sept. Jeter un oeil, car ça se lit vite, sans trop de verbiage, avec beaucoup d'action, de combats titanesques, d'explosions et de violence. A ce petit jeu on finit d'ailleurs par se demander comment donc les pertes en vie humaine sont-elles pour le moment aussi limitées dans le camp des héros! Ce mois ci l'action est scindée en plusieurs tronçons. Tony Stark est parti quêmander l'aide d'Odin pour sauver les troupes, mais pas vraiment de la façon dont on l'attend : il veut juste pouvoir mettre les mains sur les forges d'Asgard, pour donner libre cours à son talent de faiseur d'armes, et peut être sauver les meubles avec de belles inventions meurtrières. Pendant ce temps, le fils d'Odin, Thor donc, est au charbon. Face à lui, deux poids lourds transformés en "worthy" qui lui mènent la vie dure, à savoir les enveloppes corporelles de la Chose et de Hulk. La résolution de l'affrontement avec le premier cité est spectaculaire et potentiellement choquante, hélas en fin d'episode un expédient narratif vient nous gâcher le plaisir. Sur le front nous suivons en outre Steve Rogers, de nouveau sous le costume étoilé de Captain America, face à Sin, désormais hérault du Serpent. C'est à dire le mal tout puissant, que nous savons depuis peu être le frère d'Odin, et véritable seigneur d'Asgard. Sans mettre en doute le courage et l'habileté de Steve, le retrouver encore debout et combattant me semble peu crédible, d'autant plus que la joute dégénère, au point que même son fameux bouclier vole en éclats... Il rode toujours une sensation de malaise, de défaite finale, de rédition, dans les pages de Fear Itself. Comme si cette fois, l'ennemi était bien trop agguéri, voire invincible. La conclusion devra donc être particulièrement bien ficelée, pour rendre un renversement de situation suffisament convainquant. Stuart Immonen, sans être le meilleur dessinateur du moment, est particulièrement bon et adapté pour mettre en images un récit choral et explosif. Ses planches sont simples, claires et lisibles, un exemple de ce qu'on doit faire dans un comic-book grand public. Globalement cet événement Marvel nous tient en haleine, mais pour qu'il mérite nos louanges unanimes, nous attendons un final et des conséquences à la hauteur des promesses initiales.


LE NOUVEAU SUPERMAN DE MORRISON

La lecture du site Newsrama, et plus précisément l'entretien accordé par Grant Morrison, nous permet de découvrir une nouvelle facette de Superman : le cynisme.
Tout comme à ses débuts dans les années 30, la série Action comics (le nouveau numéro 1 sort mercredi) évolue en temps de crise de confiance, dans les politiques, l'économie, l'avenir. Dans ces conditions, le Superman boy-scout que connaissent bien les lecteurs pourrait-il encore être aussi fédérateur et crédible? Le nouveau Clark Kent n'est pas cynique à cause de l'état du monde, mais plutôt car il n'a plus ses parents adoptifs pour lui montrer les beaux aspects de la vie. Il n'hésite pas à arrêter vertement les criminels et ceux qui abusent de leur force, de leur autorité, au risque de se tromper. Il est à nouveau le grand défenseur de ceux qui se sentent brimés, une caractéristique qu'il avait assumé à l'époque du golden age. Le Superman des derniers temps, par exemple, avait une certaine tendance à l'acceptation de l'orde établi, et ne se serait pas dressé contre la police, par exemple, uniquement parce qu'il n'aprouve pas les méthodes qu'elle peut parfois employer. Les pouvoirs du héros également seront revus à l'aune du passé. Superman ne vole pas, et il peut également saigner. Est-ce pour cette raison qu'il emploie dans ces premières aventures la cape protectrice, et une sorte de costume-armure? Superman a rajeuni, il a abandonné son slip rouge et sa condescendance propre au bien absolu, et participe de plein fouet au grand pari de la Dc Comics. Bien entendu, vous pourrez suivre l'essentiel de cette révolution dès cette semaine, avec les reviews des titres à sortir. Après la JLA, nous essaierons d'être le plus complet possible pour vous orienter dans le nouvel univers Dc !

PEACEMAKER TRIES HARD : BOUFFONNERIE, SATIRE ET SOLITUDE

Le super-héros ringard et super violent Christopher Smith (alias Peacemaker) sauve un chien errant après avoir neutralisé un groupe de terro...