LE 19 JUIN DERNIER EXPO ET COSPLAY AU DON CAMILO (AVEC ARTS & EVENTS COMICS)

Nous vous en avions parlé ici même et sur notre page Facebook, le dimanche 19 juin a été l'occasion, une fois encore, de laisser Joelle Grondin (et l'association Arts&Events Comics) et Eric Bouvet mener à terme un projet fort sympathique, dans le cadre habituel du restaurant le Don Camilo, à Paris. Sébastien Vergnes a depuis longtemps décidé de faire bouger les choses dans son établissement, et ce 19 juin se tenait une fois encore une exposition et un rendez-vous cosplay qui ont été fort appréciés et réussis. Ont exposé au 10 rue des Saints-Pères Eric Bouvet, donc, mais aussi Stéphane Mo, André Perron, Logan Serval, Dino Dinby, Emmanuel Baker, et Niko Ricoux de Fntasy Creations. Voici quelques photos parmi les meilleurs clichés de cette journée, n'hésitez pas à aller y faire un tour la prochaine fois, car vous pouvez parier qu'ils remettront le couvert (sans jeu de mot) rapidement. 
Les photos sont de Christian Benéteau, partenaire de la manifestation.








Des liens utiles :





Thibaut Cosplay, le superbe Joker de cet article 

WONDER WOMAN L'ODYSSEE (DC COMICS LE MEILLEUR DES SUPER-HEROS TOMES 22 et 23 CHEZ EAGLEMOSS)

Et nous retournons voir ce qui se passe en ce moment chez Eaglemoss, avec une aventure de Wonder Woman en deux parties, intulée L'Odyssée. Du Straczynski au scénario, un bon motif pour s'y pencher. On revient donc ce samedi sur cette saga.
Il est clair que quelqu'un a du faire joujou avec les lignes temporelles. Au point que le lecteur habituel des aventures de Wonder Woman pourrait se sentir un peu perdu. Les amazones ont été massacré. Paradise Island a été incendiée, le cours des évènements est clairement bouleversé. De rares cellules amazones résistent encore sur Terre, et elles ont formé en secret la jeune princesse Diana, dont la mère, Hyppolite, a été éliminée elle aussi. L'héritière connaît encore mal ses capacités, par exemple elle sait qu'un jour elle pourra voler, mais pour le moment, elle doit se contenter d'en rêver. Si George Perez parvient, à la fin des années quatre-vingt, à rendre au personnage ses racines mythologiques, tout en orchestrant un habile mélange entre divinités olympiennes, aventures épiques, et récit de super héros, les lustres suivants sont moins brillants, et de la sainte trilogie Dc (avec Batman et Superman), Wonder Woman est de loin la parente pauvre, pour les lecteurs qui ne suivent que les parutions Vf. Avant l'arrivée d'Urban Comics sur le marché, les albums consacrés à Diana étaient peu nombreux, décousues, et une grande partie de la production américaine reste inédite à ce jour, peu ou mal traduite. Raison de plus pour sur le run (finalement assez bref) de Straczynski, qui réussit à l'époque à faire parler de lui jusque sur les pages des médias traditionnels, par la grâce d'un changement de costume dont le véritable architecte n'est autre que Jim Lee. L'auteur génial de Rising Stars ou Supreme Power a tendance à confondre figures du panthéon olympien et réminiscences de Neil Gaiman (ses déités ont un look plus dark/hemo que franchement mythologique). Le style, c'est important! D'ailleurs c'était les lectrices, qui demandaient trop souvent, parait-il, comment Diana  pouvait faire des sauts de cabris et combattre le crime en petite culotte et bustier étoilé, sans que "rien n'en sorte" par moments, ou se retrouver nue à chaque combat? En fait, c'est une constante de nos héros que d'endosser des costumes improbables et malaisés à revendiquer, mais que voulez vous, la logique commerciale l'emporta (pour un temps) et Wonder Woman se retrouva donc affublée d'un pantalon/collant et d'une veste, pour le plus grand plaisir des puritains qui en rêvaient secrètement. 

Mais que lisons nous véritablement, avec cette Odyssée? J'ai le sentiment que cette fois, Straczynski n'a pas atteint son objectif, et s'est contenté de livrer une version proche de l'univers Ultimate, à la sauce Dc. Les moments forts de cet album? Voir Hyppolite, la mère, mourir entre les flammes, assister au carnage des Amazones, prises en chasse, pour les dernières survivantes. Et les voir guidées par Diana, ici dans une sorte d'incarnation à mi chemin entre la jeune ninja et la super-héroïne classique. Elle n'est pas assez solennelle, pas assez "déesse" pour que nous soyons convaincus par cette nouvelle incarnation. Le sang coule, c'est assez violent, et plutôt bien illustré car Don Kramer (et Eduardo Pansica) est indéniablement capable de fournir des planches propres et soignées, mais qui ne sont pas très pourvues en émotions. Hélas une ribambelle d'autres artistes se succèdent pour en finir, et même le, scénariste s'absente, laissant le soin à Phil Hester de boucler ce qui doit l'être, et de rassembler les pièces du puzzle éparses pour offrir une fin digne de ce nom. Pour résumer, la Wonder Woman de Straczynski, c'est une alternative juvénile et mainstream de l'héroïne que nous connaissons, et qui traverse un récit dont les clés, pour mieux le comprendre et le juger (que s'est-il vraiment passé pour que le cours de l'histoire change de la sorte?) sont cachées aux lecteurs. Une parenthèse intéressante mais avortée, qui démarre sous de bons auspices (des idées assurément à exploiter, du mystère, des planches assez soignées) et se termine dans le marasme général, avec un arrière-goût de projet qui sort de route et part lentement s'enliser sur le bas-coté. 


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CIVIL WAR II CHOOSING SIDES #1 : CHOISISSEZ DE ... NE PAS L'ACHETER

C'est la guerre civile... l'heure est venue de faire votre choix, et de déterminer votre camp. Il en est de cet épisode comme de certains mariages, lorsque les deux parents décident de se séparer, et qu'ils ont conscience d'avoir chacun leurs torts et décident alors de laisser les enfants choisir avec quel géniteur se trouver des accointances. On appréciera ou on n'appréciera pas, selon les goûts personnels, mais en toute objectivité, il n'y a pas grand-chose à se mettre sous la dent dans ces trois petits récits, qui n'apportent rien -si ce n'est des détails marginaux- à ce qui se passe en ce moment chez Marvel. Declan Shalvey est l'auteur complet qui réalise le premier épisode centré sur Nick Fury contre une cellule dissidente de l'Hydra; je parle bien entendu de la version de couleur, héritée de l'univers cinématographique et Ultimate, et pas de l'ancien barbouze à cigare. Nick est pourchassé par des agents du SHIELD qui tente de l'assassiner pour la gloire de leur organisation. Vous ne comprenez pas grand-chose? Lisez un peu pour voir, et vous noterez que Hydra et le terrorisme peuvent prendre d'autres aspects étonnants. On a connu Shalvey beaucoup plus inspiré et original récemment, sur Moon Knight. Ici il adopte un style plus conventionnel, qui du coup en devient beaucoup moins passionnant.
La Seconde petite histoire met en scène Night Trasher, autrefois appelé Night Fighter à l'époque où les comics étaient publiés en vf par Semic. L'ancien chef des New Warriors est impliqué dans le grand combat face à l'invasion des Célestes, repoussée par les Avengers dans Civil War II #1. On se surprend à bâiller, malgré un peu de bons sentiments et le sauvetage d'une gamine, pour ajouter un peu de pathos aux coups de poings et autres aménités lasers. De Brandon Easton et Paul Davidson.
La dernière partie est humoristique et propose de découvrir Damage Control, cette organisation qui s'occupe de nettoyer et réparer tout le foutoir que laissent les héros et les vilains, lorsqu'ils se tapent dessus en pleine ville. Cerise sur le gâteau, on y découvre une créature (un inhumain) en forme de pelleteuse géante. Bien entendu, il vaut mieux en sourire, car tel est le but... De Chad Bowers, Chris Sims et Leonardo Romero. Reste l'idée que nous avons entre les mains une parution totalement inutile, qui ne fait que gonfler les sorties liées à l'événement Civil War II, et dont l'inexistence n'aurait choqué personne. Les complétistes et les fans hardcore sauteront bien sûr sur cette grosse vingtaine de pages, les autres -qui comme moi préfère choisir la qualité et les parutions pertinentes- économiseront quelques euros. Ah oui zut, dans mon cas il est trop tard...



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FEAR ITSELF (HACHETTE - MARVEL LA COLLECTION REFERENCE Tome 60)

Si vous faites partie de ces lecteurs devenus allergiques aux "événements" que Marvel tente régulièrement de nous faire avaler, vous allez certainement crier au scandale. Car là, nous avons affaire à l'un des pires jamais publiés, et si c'est moi qui vous l'affirme, étant d'un naturel fort clément avec ce type de parutions, vous pouvez nourrir quelques certitudes. Fear Itself, donc, où l'histoire d'un gros ratage, sans âme, sans idées, juste parce qu'il fallait le faire, vendre quelques copies, et puis basta. De retour dans la collection Hachette, pour ceux qui ne connaissent pas cette petite saga.
Red Skull a eu une fille, Sin, que Brubaker a habilement mise en scène durant son long run sur Captain America. Nous la retrouvons ici défigurée, plus enragée que jamais, à la recherche d'un marteau mystique (qui n'est pas sans évoquer Mjolnir, l'arme de Thor) qui toujours échappa à son père. Sa découverte la transforme en Skadi, créature surpuissante, héraut du Serpent. Qui est ce reptile? Il faut pour comprendre se rendre au fond de la fosse des Mariannes, là où repose depuis des siècles la tombe cachée de celui ci, qui à peine évoqué et réveillé, s'auto proclame "père de tout" et semble avoir des visées d'hégémonies peu rassurantes. Tout ceci effraie Odin et les asgardiens au plus haut point. La décision du monarque est de quitter précipitamment la Terre, en l'abandonnant à un destin qu'on devine funeste. Thor, son fils, se rebelle, et refuse de se prêter à un tel acte de couardise : il est vertement corrigé par le paternel, et reçoit une rouste qu'il n'est pas près d'oublier. Le pire est encore à venir... Sur Terre, le Serpent (frère d'Odin) s'apprête à répandre le chaos, la violence débridée, la Peur, avec un P majuscule (d'où le titre, forcément!). Pour l'assister, il regroupe un aréopage de héros et de vilains, tous transformés en d'invincibles avatars, les "Dignes", par la grâce de plusieurs marteaux mystiques tombés du ciel un peu partout sur le globe. Et là, patatrac, la planète est à feu et à sang, et plus que jamais le monde Marvel vacille, au bord du gouffre. Après des débuts prometteurs qui annonçaient un cataclysme d'une ampleur rarement atteinte, Fear Itself s'est malheureusement déballonné, entre morts farces et attrapes et panne d'inspiration. Tout le monde se tape dessus, ça cogne, ça gémit, ça tremble, ça meurt, mais pour de faux. 


Ici, par exemple, Thor tombe pour la trentième fois de sa carrière, sans que personne, je ne dis bien personne, n'ait sérieusement envie de verser une larme ou même y croire. Idem pour Bucky / Captain America. A peine vaincu, le voilà remis sur pieds et prêt à gambader dans sa propre série mensuelle écrite par Brubaker, juste ensuite. Le thème central, celui de la peur, est également mal développé. Il aurait été judicieux de creuser au plus profond des craintes, des obsessions de chacun, pour mettre à nu les âmes de ces héros tout tremblants, terrassés par leurs cauchemars. Au lieu de cela, c'est la mythologie nordique à la sauce Marvel qui occupe le devant de la scène, avec un Odin antipathique et poltron à souhait, et un scénario titubant qui n'exploite jamais tout son potentiel. La meilleure nouvelle reste les dessins de Stuart Immonen, qui sont quasi parfaits pour ce genre de comic-books mainstream. Il met en scène les héros avec simplicité et clarté, et dynamise un récit qui autrement aurait pu faire franchement bailler plus d'un lecteur. Dommage car il y aurait eu beaucoup à dire, si Matt Fraction était parvenu à retranscrire correctement le sentiment d'abandon de l'homme par les Dieux, et de la couardise et l'impuissance de ceux-ci face à des événements et des entités qui les dépassent. On aurait pu y croire car là où le scénariste est pertinent, c'est dans la manière de juxtaposer mythologie nordique et réalité terre à terre de l'Amérique profonde, en créant des ponts entre les deux mondes, au propre comme au figuré. Hélas, les bonnes intentions se perdent au milieu des mauvaises idées, et d'une narration forcée. Fear Itself est un album à posséder pour ce qui est du témoignage historique, pour ceux qui aiment détenir tous les jalons “grand public” posés par Marvel dans la construction de son univers narratif, mais qui n'a guère de chance de devenir un classique chez le lecteur exigeant, qui en a assez de l'esbroufe et des promesses creuses. 




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LES COMICS 2.0 : LES LECTEURS VONT-ILS PRENDRE LE POUVOIR ?

Steve Rogers ne serait peut-être pas le paladin de la veuve et de l'orphelin comme on le supposait jusque-là..? Le mariage de Peter Parker est annulé par la grâce d'un pacte diabolique, ou celui-ci est remplacé en tant que Spider Man par Octopus, qui a "subtilisé" son corps physique..? Le commissaire Gordon endosse le rôle de Batman dans une armure de guerre au look discutable..?
À l'heure où le fan de base est immergé jour et nuit dans un univers hyper connecté, toute velléité de faire bouger les lignes au-delà du conventionnel est sanctionnée de la même façon : soulèvements de masse, forums qui s'enflamment, pétitions, voire même menaces de mort dans les cas les plus absurdes. Et bien souvent la grande majorité de ces exaltés n'a pas encore lu le ou les épisodes incriminé(s) et ils aboient sur la foi d'un teaser, d'une preview, ou du tam-tam des réseaux sociaux, qui n'en finit plus de dévoiler les moments saillants de l'intrigue à venir et de ruiner la surprise aux lecteurs faussement insurgés. Car ceux-ci en fait ne peuvent plus vivre sans avoir deux coups d'avance. Les rapports entre artistes et quidam moyen (Facebook, Twitter...), l'inflation des sites spécialisés, tout ceci plonge le fanboy dans un microcosme où prime le tout, tout de suite selon son bon plaisir et ses propres termes.

Or les héros de nos lectures favorites n'appartiennent même pas -le plus clair du temps- à ceux qui les mettent en scène! Nick Spencer peut bien écrire ce qu'il souhaite, si Marvel décide que Steve Rogers doit devenir petit, rouquin et aveugle, il le deviendra. A plus forte raison le lecteur doit-il accepter que tout le plaisir consiste à se laisser guider, emporter vers de nouveaux horizons, par de nouvelles idées. Si cela ne lui plaît pas, il peut toujours exercer son droit de base, la seule menace que craignent les supers héros et vilains en collants, et qui peut les mettre hors de combat : cesser d'acheter, le désintérêt, le désamour momentané. Ce que j'ai personnellement fait et vécu avec les X-Men de Bendis, passée la première année. Le problème vient probablement du fait que les lecteurs, encouragés par la graphomanie débordante et l'impression d'exister à l'échelle globale (sur Internet) estiment aujourd'hui qu'ils ont une place dans le processus créatif, ou tout du moins que leurs attentes et exigences doivent être écoutées puis exaucées par les artistes. J'achète donc je suis certes mais aussi je peux exprimer mon opinion et la rendre publique alors j'ai raison et vous devez vous plier à mes caprices. Certains se soumettent et livrent du fan service à tour de bras, ou prennent des décisions dans l'urgence et la panique (Rebirth en est un exemple), d'autres s'obstinent et s'imposent sur la durée, comme Dan Slott et son superior Spider-Man.

Le phénomène touche aussi les séries télévisées : Lost, les Soprano, aujourd'hui The Walking Dead et l'interrogation existentielle sur une mort (le final de la saison 6) dont les spectateurs refusent le caractère énigmatique, et chargent en masse contre la production, car obligés d'attendre la reprise du show à la rentrée, pour connaître la vérité. Ils sont habitués à l'immédiateté de la consommation, quelques mois de patience -avec la certitude que tout se joue sans pouvoir être sollicité et exaucé- voilà qui est insupportable pour le fan/spectateur 2.0, qui se rêve partie intégrante du circuit "producteurs auteurs" et voudrait même le piloter. Le danger est que ces derniers, à l'idée de perdre un public courroucé, acceptent de transiger et avale des compromis qui n'ont pas lieu d'être. Lorsque Zack Snyder est pointé du doigt pour avoir commis un Dawn of Justice trop sérieux et crispé, on apprend dans la foulée que des scènes plus légères sont tournées et ajoutées au montage du prochain Suicide Squad, qui n'aura pourtant rien d'une comédie. Un sparadrap artificiel qui dénote une certaine faiblesse, et un manque de direction artistique préjudiciable pour la crédibilité du produit fini. Et si les internautes on si sévèrement commenté Batman V Superman à sa sortie, que dire des hordes de haters qui ont déjà condamné le prochain Ghostbusters avant son arrivée en salle, trop éloigné de l'imagerie populaire et de l'iconographie établie sur le succès de la franchise, dans les années 80. Ce remake donne aux fans la sensation d'une trahison, d'une évolution créatrice débridée et incontrôlable, qui se heurte au goût réactionnaire et nostalgique des grands enfants, pour qui il est rassurant de constater -pour citer Tommaso di Lampedusa et son Léopard- que tout change pour que rien ne change vraiment.

Les comics sont en fait une matière versatile et malléable, en permanence connectés à l'esprit du temps, qu'ils savent interpréter, retravailler, transfigurer, pour en faire un des produits les plus fascinants et pertinents de la pop culture. Il est convenable que le lecteur sache rester à sa place, et comprenne que son rôle dans le processus de création ne peut dépasser le stade de la simple suggestion. Que dire sinon de l'inflation des blogs et Youtubers, tenus par de soi-disant spécialistes (certains le sont vraiment, par ailleurs) et qui aujourd'hui prétendent en permanence donner leur opinion et les saints sacrements (ce que nous sommes d'ailleurs en train de faire, à notre façon?) tout en commettant la plus banale des erreurs : une partie d'entre eux en effet ne fait que de parler d'elle-même, avant de parler de bande dessinée. Le centre du discours n'est plus le comic book où les artistes présentés mais le commentateur, l'apprenti journaliste, ou tout simplement l'opportuniste malin, qui à défaut d'avoir le talent nécessaire pour percer dans le milieu, se rêve, portable ou caméra à la main, nouvelle Star de l'univers des super-héros, par la grâce d'une table de montage ou d'une interface de blogging. Aujourd'hui, être scénariste, dessinateur, éditeur, c'est aussi savoir être à l'écoute des fans d'une oreille, tout en écoutant sa muse de l'autre. Il vaut mieux parfois être sourd que d'entendre certains commentaires ou écouter les vaines croisades qui pullulent sur Internet. Amis artistes, surprenez moi, étonnez moi, faites moi rêver, dégoûtez moi, mais silence, je ne veux rien savoir. 


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TITANS REBIRTH : RETROUVAILLES COLLECTIVES CHEZ LES TITANS

Les Titans ne sont pas seulement des coéquipiers qui s'entraident pour affronter la menace de super-vilains pittoresques... cette équipe est différente car elle est basée avant tout sur un fort concept comme l'amitié. Ce sont en réalité de jeunes héros qui ont grandi dans l'ombre de figures iconiques et ont trouvé un nouvel équilibre dans cette formation d'adolescents en devenir, où les drames et les peines trouvent une belle consolation, dans des rapports humains exceptionnels et sincères. Mais l'un d'entre eux avait disparu de l'équation : Wally West. Les lecteurs de Titans Hunt l'avaient bien compris qu'il manquait quelque chose, et ici dans ce numéro Rebirth qui fait office d'introduction à tout ce qui va suivre, nous entrons dans le vif du sujet. Wally est bien de retour dans l'univers DC Comics, et peu à peu ses anciens amis vont retrouver leurs souvenirs, et pouvoir accueillir celui que tout le monde avait oublié. Ce qui fait alors de cette série une parution capitale pour le lecteur désireux de bien comprendre ce qu'est Rebirth. Les retrouvailles entre Wally et ses amis sont moins fortes et poignantes que celles avec Barry Allen. Ici un par un les héros récupèrent la mémoire et chacun évoque un souvenir, une scène du passé qui le rattache au revenant. C'est tant mieux d'ailleurs car la première réaction de Dick Grayson et des autres Titans est de frapper, sans chercher à comprendre qui est le nouveau venu. Tout cela se lit vite et peut paraître un brin schématique, il y a un très fort potentiel dans ce titre, mais c'est pour l'instant l'action est emballée de manière hâtive. On a vu Dan Abnett plus soigné dans la manière de développer une intrigue. Au dessin Brett Booth a déjà derrière lui quelques casseroles et une belle horde de détracteurs. Il distille de la force, de la puissance, du mouvement, mais pour ce qui est de la précision et des expressions de ses personnages, il y a encore beaucoup à faire. Bref Titans Rebirth est plein de bonne volonté et place en avant un instant capital pour la suite, mais péche pour ce qui est de la caractérisation et de l'émotion. Mais je le répète la série semble être une des plus importantes pour tout l'architecture future de Rebirth, et avec les nombreuses années disparues de la vie commune de la formation, nous aurons probablement droit à un premier arc narratif truffé de clins d'oeil au passé et une grosse envie de rattraper le temps perdu. Sur ce nous en avons fini avec nos allusions répétées au retour de Wally West. Bonne lecture à tous, et cap sur d'autres aventures. 


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LE CAID : L'IRRESISTIBLE ASCENSION DE WILSON FISK

La performance exceptionnelle de Vincent D'Onofrio dans le rôle du Caïd à été si bien accueillie par le public que le personnage n'a jamais été aussi en vogue, depuis que Frank Miller en a fait, au tournant des années 80, la figure de proue du crime organisé chez Marvel. Vous auriez tort de voir en cette montagne de graisse un simple boss adipeux et pataud. Wilson Fisk est aussi un colosse tout en muscles, capable de briser à mains nues les colonnes vertébrales les plus réticentes. Cet album nous propose une mini série en 7 parties qui revient sur l'ascension du célèbre mafioso des comics, et qui date de 2003 et 2004. Elle serait probablement restée dans les tiroirs des éditeurs européens, si la série Marvel's Daredevil chez Netflix n'avait pas autant frappé les esprits. Le caïd que nous retrouvons là est encore jeune, il a déjà quelques coups d'éclat à son actif, et une énorme ambition qui le pousse à s'attaquer aux cinq gangs les plus influents de la ville. Si son discours est basé sur l'union entre les criminels et une apparente solidarité, c'est en réalité un opportuniste qui n'hésite pas à se débarrasser de tout ce et ceux qui se dressent sur son chemin, sans le moindre état d'âme. Fisk est un manipulateur hors pair,  et il sait quelles sont les personnes à assassiner et qu'elles sont  les autres à qui il faut graisser la patte, pour obtenir ce qu'il veut. Depuis les catacombes d'une église, il organise son ascension alors que des ennemis trament contre lui, et que l'ex femme d'un candidat à la mairie risque de corser son quotidien, associé à un ancien malfrat dont il s'est débarrassé lestement. Mais soyons sérieux, pensez-vous vraiment qu'il est possible de piéger si facilement le Kingpin de New York? Réponse avec le scénario concocté par Bruce Jones.


N'oublions pas qu'à l'époque de sa création par Stan Lee et John Romita Sr, le personnage du Caïd est avant tout un adversaire de Spider-Man, présenté comme un gangster classique, particulièrement irascible, et qui n'était pas destiné à devenir une superstar de l'univers Marvel. Il n'est donc pas étonnant de croiser le tisseur de toile dans cet album, lors de ses débuts de carrière, alors que personne ne semble vraiment le reconnaître ni savoir son nom. Si cette histoire fonctionne plutôt bien, c'est grâce au scénariste Bruce Jones, qui opte clairement pour des atmosphères noir et adultes, à mille lieues de tout ce que l'on peut lire habituellement dans les parutions super-héroïques classiques. Il s'attaque véritablement à la genèse du Kingpin, pourquoi a-t-il choisi de devenir le maître du crime, quel est son parcours familial et professionnel, comment est-il parvenu là où il en est arrivé... Petit à petit il nous livre toute une liste de révélations qui nous présente Fisk comme une ordure qu'il nous plaît de haïr. Le parcours existentiel du Caïd se fait de plus en plus dramatique au fil des épisodes, qui finissent par ressembler à un volet de la série Les Soprano. Bien sûr on peut percevoir de lointaines réminiscences des films de Scorsese et Coppola, dans la trajectoire de ce criminel endurci particulièrement cruel, mais aussi intelligent. Cette sortie est donc une bande dessinée clairement réaliste. Elle a de fortes chances de décevoir le lecteur distrait qui souhaiterait avant tout de jolies combats entre super encapés;  pour ceux par contre qui souhaitent un récit mature, qui alterne savamment l'action et l'introspection, avec des textes et des dialogues qui ne dépareilleraient pas dans un roman de James Ellroy, l'achat est particulièrement recommandé. Le dessin aussi peut surprendre car le trait de Sean Philips, volontairement sale ou expressif, est  plutôt caricatural, et ce n'est pas une surprise si nous retrouvons aussi Klaus Janson dans l'aventure. A défaut d'être super beau et léché, ce travail s'adapte parfaitement au style et au ton choisis pour développer l'histoire. Ma foi une bonne surprise que de publier cette mini série que plus personne n'attendait.





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JUSTICE LEAGUE LA SAGA DE RED TORNADO (DC PAPERBACK)

 Brad Meltzer n’a pas seulement relancé la Justice League en 2006 avec The Tornado’s Path ( la saga de Red Tornado pour Urban) : il a voulu...