Si vous faites partie de ces lecteurs devenus allergiques aux "événements" que Marvel tente régulièrement de nous faire avaler, vous allez certainement crier au scandale. Car là, nous avons affaire à l'un des pires jamais publiés, et si c'est moi qui vous l'affirme, étant d'un naturel fort clément avec ce type de parutions, vous pouvez nourrir quelques certitudes. Fear Itself, donc, où l'histoire d'un gros ratage, sans âme, sans idées, juste parce qu'il fallait le faire, vendre quelques copies, et puis basta. De retour dans la collection Hachette, pour ceux qui ne connaissent pas cette petite saga.
Red Skull a eu une fille, Sin, que Brubaker a habilement mise en scène durant son long run sur Captain America. Nous la retrouvons ici défigurée, plus enragée que jamais, à la recherche d'un marteau mystique (qui n'est pas sans évoquer Mjolnir, l'arme de Thor) qui toujours échappa à son père. Sa découverte la transforme en Skadi, créature surpuissante, héraut du Serpent. Qui est ce reptile? Il faut pour comprendre se rendre au fond de la fosse des Mariannes, là où repose depuis des siècles la tombe cachée de celui ci, qui à peine évoqué et réveillé, s'auto proclame "père de tout" et semble avoir des visées d'hégémonies peu rassurantes. Tout ceci effraie Odin et les asgardiens au plus haut point. La décision du monarque est de quitter précipitamment la Terre, en l'abandonnant à un destin qu'on devine funeste. Thor, son fils, se rebelle, et refuse de se prêter à un tel acte de couardise : il est vertement corrigé par le paternel, et reçoit une rouste qu'il n'est pas près d'oublier. Le pire est encore à venir... Sur Terre, le Serpent (frère d'Odin) s'apprête à répandre le chaos, la violence débridée, la Peur, avec un P majuscule (d'où le titre, forcément!). Pour l'assister, il regroupe un aréopage de héros et de vilains, tous transformés en d'invincibles avatars, les "Dignes", par la grâce de plusieurs marteaux mystiques tombés du ciel un peu partout sur le globe. Et là, patatrac, la planète est à feu et à sang, et plus que jamais le monde Marvel vacille, au bord du gouffre. Après des débuts prometteurs qui annonçaient un cataclysme d'une ampleur rarement atteinte, Fear Itself s'est malheureusement déballonné, entre morts farces et attrapes et panne d'inspiration. Tout le monde se tape dessus, ça cogne, ça gémit, ça tremble, ça meurt, mais pour de faux.
Ici, par exemple, Thor tombe pour la trentième fois de sa carrière, sans que personne, je ne dis bien personne, n'ait sérieusement envie de verser une larme ou même y croire. Idem pour Bucky / Captain America. A peine vaincu, le voilà remis sur pieds et prêt à gambader dans sa propre série mensuelle écrite par Brubaker, juste ensuite. Le thème central, celui de la peur, est également mal développé. Il aurait été judicieux de creuser au plus profond des craintes, des obsessions de chacun, pour mettre à nu les âmes de ces héros tout tremblants, terrassés par leurs cauchemars. Au lieu de cela, c'est la mythologie nordique à la sauce Marvel qui occupe le devant de la scène, avec un Odin antipathique et poltron à souhait, et un scénario titubant qui n'exploite jamais tout son potentiel. La meilleure nouvelle reste les dessins de Stuart Immonen, qui sont quasi parfaits pour ce genre de comic-books mainstream. Il met en scène les héros avec simplicité et clarté, et dynamise un récit qui autrement aurait pu faire franchement bailler plus d'un lecteur. Dommage car il y aurait eu beaucoup à dire, si Matt Fraction était parvenu à retranscrire correctement le sentiment d'abandon de l'homme par les Dieux, et de la couardise et l'impuissance de ceux-ci face à des événements et des entités qui les dépassent. On aurait pu y croire car là où le scénariste est pertinent, c'est dans la manière de juxtaposer mythologie nordique et réalité terre à terre de l'Amérique profonde, en créant des ponts entre les deux mondes, au propre comme au figuré. Hélas, les bonnes intentions se perdent au milieu des mauvaises idées, et d'une narration forcée. Fear Itself est un album à posséder pour ce qui est du témoignage historique, pour ceux qui aiment détenir tous les jalons “grand public” posés par Marvel dans la construction de son univers narratif, mais qui n'a guère de chance de devenir un classique chez le lecteur exigeant, qui en a assez de l'esbroufe et des promesses creuses.
Ici, par exemple, Thor tombe pour la trentième fois de sa carrière, sans que personne, je ne dis bien personne, n'ait sérieusement envie de verser une larme ou même y croire. Idem pour Bucky / Captain America. A peine vaincu, le voilà remis sur pieds et prêt à gambader dans sa propre série mensuelle écrite par Brubaker, juste ensuite. Le thème central, celui de la peur, est également mal développé. Il aurait été judicieux de creuser au plus profond des craintes, des obsessions de chacun, pour mettre à nu les âmes de ces héros tout tremblants, terrassés par leurs cauchemars. Au lieu de cela, c'est la mythologie nordique à la sauce Marvel qui occupe le devant de la scène, avec un Odin antipathique et poltron à souhait, et un scénario titubant qui n'exploite jamais tout son potentiel. La meilleure nouvelle reste les dessins de Stuart Immonen, qui sont quasi parfaits pour ce genre de comic-books mainstream. Il met en scène les héros avec simplicité et clarté, et dynamise un récit qui autrement aurait pu faire franchement bailler plus d'un lecteur. Dommage car il y aurait eu beaucoup à dire, si Matt Fraction était parvenu à retranscrire correctement le sentiment d'abandon de l'homme par les Dieux, et de la couardise et l'impuissance de ceux-ci face à des événements et des entités qui les dépassent. On aurait pu y croire car là où le scénariste est pertinent, c'est dans la manière de juxtaposer mythologie nordique et réalité terre à terre de l'Amérique profonde, en créant des ponts entre les deux mondes, au propre comme au figuré. Hélas, les bonnes intentions se perdent au milieu des mauvaises idées, et d'une narration forcée. Fear Itself est un album à posséder pour ce qui est du témoignage historique, pour ceux qui aiment détenir tous les jalons “grand public” posés par Marvel dans la construction de son univers narratif, mais qui n'a guère de chance de devenir un classique chez le lecteur exigeant, qui en a assez de l'esbroufe et des promesses creuses.
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