PUNISHER L'INTÉGRALE 1987-1988 : MIKE BARON AUX COMMANDES


 Avec l'intégrale du Punisher, l'heure est venue d'enfin aborder les choses sérieuses. Non pas que ce qui a précédé était sans importance, mais il s'agissait de récits déjà publiés ailleurs, qu'il est aisé de retrouver en librairie. Ici, nous parcourons la phase des petits albums souples que Semic mettaient en vente dans les années 1990 sous la dénomination de Version Intégrale. Une autre époque, où ne pas saucissonner ou retoucher un comic book Marvel semblait un privilège. Nous avons droit, ainsi, aux épisodes 4 à 10 de la série régulière du Punisher, et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il se passe des choses fondamentales pour l'anti-héros par excellence. Nous faisons ainsi connaissance avec Microchip, informaticien et seul allié régulier de Frank Castle. Mais aussi du fils de ce génie, Junior. Micro, c'est l'aide de camp parfait pour Castle, un type qui va être son side-kick dans les coulisses durant des années, dont la disparition me reste encore en travers de l'estomac. Le Punisher, sous le pseudo de Frank Loomis, enquête sur un ex flic dont la femme a été embrigadée dans une secte. Il se retrouve face au gourou de celle ci, un certain "Révérend", doué du pouvoir de guérir par l'imposition des mains. Castle n'y croit pas une seconde, sauf que lorsqu'il se prend une balle dans le dos et pense devoir y rester, les incroyables dons du Révérend vont bien le tirer d'affaire. Superbe invention que ce personnage mystique et illuminé, qui apparait même sympathique… jusqu'aux dernières cases du quatrième épisode où son véritable visage nous est révélé. Le Punisher infiltre alors le camp principal de la secte, en Guyane. Il ne perd pas de vue son objectif premier, mais la femme qu'il recherche activement n'hésite pas à s'offrir à lui dès la première nuit ! Inutile de faire durer le suspense : quelle chance peut avoir cette bande de cinglés contre la puissance de feu de notre Punisseur ? La réponse est évidente. Aucune. On enchaîne avec le Punisher au beau milieu des ordures. Au sens propre du terme, si je puis dire. La compagnie de ramassage des déchets des frères Rosetti est attaquée par une famille mafieuse, qui utilise une décharge à ciel ouvert pour stocker des produit  toxiques, tout particulièrement du plutonium, ensuite revendu à des extrémistes arabes. Leur but : fabriquer une bombe en plein Central Square. Castle se charge de faire le ménage, mais seul contre une quinzaine d'hommes lourdement armés, la tâche n'est pas si simple. Au milieu de la tourmente,  on a droit à un premier team-up avec une justicière du nom de Rose Kugel, qui se dit agent du Mossad, les services secrets israéliens. Entre contre espionnage et guerre urbaine, une aventure qui se termine mal pour l'un des deux redresseurs de tort (devinez lequel ?) et qui prouve que s'il fallait trouver une seule faiblesse à Frank Castle, ce pourrait bien être les femmes.


Le Punisher débarque ensuite à Wall Street pour faire cesser les agissements de deux jeunes requins de la finance, Arnold Ansen et Roky Vance. Tout se complique quand ils reçoivent la visite d'un certain Takegura et de son garde du corps massif, pour une transaction souterraine de la plus haute importance. En parallèle, Castle enquête sur un boucher qui découpe aux couteau les clochards de Wall Street. Et les deux pistes pourraient bien finir par se recouper. Aux cotés du Punisher nous retrouvons Microchip Jr, qui va d'ailleurs y laisser sa mâchoire. Mais il y a pire pour lui, un destin funeste, avec un retour à la maison dans un sac mortuaire. Un drame poignant signé Mike Baron, qui livre des épisodes vraiment incisifs et urbains, du pur Punisher comme on en rêverait aujourd'hui. Cotés crayons, Klaus Janson et ses planches nerveuses, cradingues, sont l'écrin parfait pour les débuts d'une série remarquable, avant l'arrivée de Whilce Portacio, qui orientalise Frank Castle, et nous offre de belles prouesses anatomiques, avec une approche tout aussi tendue et expressionniste, qui va engendrer nombre de compliments en cette fin de décennie et bien des copieurs dans la suivante. On passe plus tard à un team-up attendu, avec un récit où un cinglé fait des ravages dans le Queens : il glisse des comprimés au cyanure dans des confections d'aspirine "Zumatrin". Le Punisher décide de remonter la piste, grâce notamment à l'aide précieuse des Témoins de Jehova, qui connaissent bien le quartier. Son enquête l'amène chez un malade du culturisme, et sa voisine en manque d'affection. Déguisé en plombier, Castle s'infiltre dans le bâtiment et met la main sur le roi de la gonflette. Seulement voilà, Daredevil s'en mêle lui aussi; et sa vision de la justice diffère radicalement de celle du Punisher. Premier "face to face" entre les deux opposés, entre l'angélisme de la loi et la punition expéditive. La même histoire, sous un autre point de vue, est narrée sur les pages de Daredevil 257, également inséré dans cette Intégrale. Signalons pour finir la présence d'un graphic novel assez rare, Assassin's Guilde, dans lequel le Punisher dézingue des… assassins, donc, sans oublier de coucher avec l'une d'entre elles (Reiko), le tout dans une absence criante d'émotions et de morale. Castle est une machine imparable, il tire et pense ensuite. Sans remords. Mary Jo Duffy nous glace le sang, avec un Jorge Zaffino admirable au dessin. C'est sombre comme jamais, la pénombre est omniprésente, la violence suinte des cases, de chaque case, on en redemande. Bref, vous l'aurez compris, si Castle est aujourd'hui une épine dans le pied de Marvel, il fut un temps où il était choyé et mis en valeur avec classe. Alors ne boudez pas votre plaisir. 



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BATMAN REBIRTH : QUATRIÈME VOLUME DE L'INTÉGRALE AVEC CITY OF BANE


 Mettez-vous un peu à la place de Tom King, ou tout simplement des ennemis de Batman : trouver un moyen original et surtout efficace pour terrasser le Chevalier Noir n'est pas une chose facile. Ils sont tellement nombreux à avoir essayé et rien n'a jamais fonctionné, de manière durable. Et si finalement pour en finir avec Batman, il fallait lui donner la possibilité d'être réellement heureux, pour supprimer cette espèce de psychose qui l'anime et qui fait qu'il s'accroche à son rôle de justicier violent ? C'est ainsi qu'on pourrait interpréter le rapprochement et le mariage avorté avec Catwoman. En tous les cas, ce tome 4 s'ouvre avec un héros dans de bien mauvais draps : il est attaché à une machine et depuis plusieurs semaines, il baigne dans les cauchemars, toutes sortes de séquences oniriques absurdes ou tragiques, dans lesquelles il repasse le cours des événements. Mais Batman réalise petit à petit le piège dans lequel on l'a enfermé. L'occasion de faire le point de s'amuser par moments, avec la complicité qui règne entre Lois Lane et Selina Kyle, d'interroger le véritable sens derrière le refus de cette dernière d'épouser Bruce Wayne ou encore d'enquêter du côté des super vilains, Bane en tête, qui a programmé depuis très longtemps un plan machiavélique, qui va nous être enfin révélé. Mais comme vous le savez, c'est la vie tout entière de Batman qui ressemble à un long cauchemar; il est donc fort peu probable de venir à bout de la Chauve-souris de la sorte ! Quand il se réveille, c'est bien évidemment pour rentrer dans une colère noire, mais aussi pour constater que son esprit a peut-être été, cette fois, bel et bien brisé. Il a beau rassembler autour de lui l'armée de ceux qui le soutiennent, reste à savoir s'il a toujours l'esprit clair et si il n'est pas en train de vaciller et de tomber dans le puits sans fond de la folie.


City of Bane. C'est le titre du très long arc narratif qui sert de conclusion aux quatre intégrales Batman Rebirth. Pour résumer, disons que c'est le bouquet final : la ville de Gotham est tombée entre les mains de Bane (et du père de Bruce, Thomas, en provenance d'une autre réalité) tandis que Batman a été défait, corps et âme, peut-être pour la première fois de sa carrière. Un accord avec le gouvernement américain a été stipulé et aucun héros ne peut entrer sur le territoire de Gotham, sans être neutralisé par des super vilains qui autrefois faisaient régner la terreur et qui aujourd'hui s'occupent de la sécurité; la jeune Gotham Girl représentant une force de frappe très convaincante. Aucun membre de la Bat-family non plus ne peut débarquer, sous peine de représailles sanglantes, comprenant notamment le meurtre du majordome Alfred. Le destin de ce dernier fait partie des moments clés du run de Tom King, qui bénéficie des splendides dessin (entre autres) de Clay Mann, Tony Daniel ou Mikel Janin, sans oublier le style différent et davantage accès sur le story telling de Jorge Fornes, que nous aimons beaucoup. Des derniers épisodes qui sont capables d'alterner la romance entre Bruce et Selina, le retour à la vie de Batman (qui se prépare non pas grâce à un entraînement ultra violent mais plutôt une reconstruction personnelle et affective) et en parallèle, la situation à Gotham, qui flirte avec l'absurde. Une ville que tout le monde considère comme un cloaque immonde, où il est impossible d'assurer un minimum de sécurité et qui a donc été abandonnée aux mains des anciens malfrats, en échange d'une tolérance zéro et d'une paix illusoire. Bane et Batman vont s'affronter une dernière fois pour un dénouement explosif et attendu durant des années : rien que pour cela, le quatrième tome de l'Intégrale (si vous ne possédez pas déjà ces histoires) mérite réellement votre attention. Reste l'allergie de certains au style d'écriture de Tom King, ultra décompressé, qui aura osé la déconstruction du Chevalier noir en le soumettant à ses peurs les plus intimes et son immaturité sentimentale et affective. Un défi réellement inédit pour un run qui est entré dans la légende, quoi que vous puissiez en penser.


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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : AYA DE YOPOUGON


 Dans le 165e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente le huitième tome de la série Aya de Yopougon, que l'on doit au scénario de Marguerite Abouet, au dessin de Clément Oubrerie et qui est édité chez Gallimard. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie de l'album Gunmen of the west, album chorale que l’on doit à l’impulsion de Tiburce Oger et des éditions Grand angle

- La sortie d’Il est temps Monsieur Proust, second et dernier tome de Céleste, diptyque de Chloé Cruchaudet paru aux éditions Soleil

- La sortie de l’album Nos mondes perdus que l’on doit à Marion Montaigne et aux éditions Dargaud

- La sortie de Cinq-Fleurs, titre du troisième tome de la série Le serpent et la lance que l’on doit à Hub et aux éditions Delcourt

- L’adaptation en bande dessinée du roman de Victor Hugo Notre-Dame de Paris que l’on doit à Georges Bess aux éditions Glénat

- La sortie de True love, album sorti en marge de l’exposition consacrée à Posy Simmonds à la bibliothèque du centre Pompidou à Paris, un titre sorti chez Denoël graphic.




 
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INEXISTENCES : LE LIVRE POST APOCALYPTIQUE DE CHRISTOPHE BEC


 Une fois n'est pas coutume, commençons par l'objet, le contenant, avant d'aborder réellement le contenu. Inexistences, publié aux éditions Soleil, c'est un beau livre exceptionnel et prestigieux, comme le récite le communiqué de presse… et il ne s'agit pas d'un mensonge ! Le format est extra large, la qualité du dessin, la mise en valeur du travail de Christophe Bec est remarquable, avec par endroits des quadruples planches qui se déploient et forment de somptueux panneaux panoramiques, ce qui renforce l'impression de désolation et de vastitude qui règne dans cette œuvre. Qui d'ailleurs fonctionne en exploitant au maximum les techniques de narration de la bande dessinée. On trouve de simples illustrations avec quelques didascalies, de la BD plus classique, des textes en prose, des césures dans le rythme, représentées par des pages noires à intervalles réguliers. Enfin, un découpage en plusieurs chapitres, dont chacun présente une structure et une ambition narrative différente. Il a fallu cinq ans à Christophe Bec pour mener à bien ce récit post apocalyptique, qui nous montre une humanité désormais condamnée à ne plus avoir d'après, juste un présent stérile et coupé de ses racines, où les quelques survivants s'organisent sous la forme de clans, sans même comprendre pourquoi ils en sont arrivés là et donc où ils pourront aboutir. Sans même savoir s'ils pourront aboutir quelque part, un jour. Tout semble figé dans la glace : nous sommes en haute montagne, les décors sont aussi froids qu'impressionnants, l'espoir est à jamais congelé. Quand il ne reste qu'un présent aussi désolant, l'existence peut alors être définie une inexistence, d'autant plus qu'elle est censée être le prélude à autre chose, par essence. À un moment du récit, un homme seul décide de se risquer hors-zone, c'est-à-dire loin des refuges artificiels des poches de survivants. Son objectif est de rencontrer une créature qu'on nomme l'enfant bleu, qui dans son sanctuaire inaccessible détiendrait les secrets de l'humanité, qu'on pense à jamais oubliés.


Cet album hors norme, c'est aussi le retour de Christophe Bec au dessin et pour le coup, on est littéralement emporté par les illustrations, parfois sauvages, saisissantes, majestueuses, qu'il nous propose d'un bout à l'autre. Avec un dernier chapitre qui est une sorte d'hymne à la vie animale et végétale, vibrante et naturaliste, en contraste complet avec tout ce qui a précédé auparavant. Comme le dit lui-même l'artiste, le monde entier semble s'enfoncer dans une forme de folie nihiliste et la guerre à grande échelle nous menace toujours, insidieusement. Nous avons les moyens de nous autodétruire en quelques jours, aussi qu'adviendra-t-il le moment où nous franchirons le Rubicon et où nous ne pourrons plus revenir en arrière ? La réponse (ou en tous les cas ce qui viendra par la suite) se trouve probablement quelque part dans les pages de ces Inexistences. C'est un album qui embrasse différentes thématiques, avec notamment la résilience des individus, la capacité de survivre grâce à la technologie et même une forme de mysticisme/science-fiction qui est assez prégnante, dans la seconde partie, notamment avec le texte en prose Métal hurlant. L'ensemble revêt l'apparence d'un grand geste artistique qui invite à être découvert, sans vraiment se demander ce qu'en pensera le lecteur : on n'essaie pas ici de le séduire et de l'appâter avec de vaines promesses, on le place devant un futur dystopique et post apocalyptique possible, effrayant, glaçant, puis on lui demande de s'immerger dans la beauté mortifère d'une bande dessinée insolite et grandiloquente. Une des sorties les plus intrigantes de l'année, assurément, disponible chez Soleil, juste avant les fêtes de Noël. Il y a presque un message subliminal caché dans cette dernière phrase.



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AMAZING SPIDER-MAN EPIC COLLECTION : LES FANTÔMES DU PASSÉ


 Quand vous êtes sur le point d'atteindre la cinquantaine et que vous avez eu la chance de découvrir les histoires de Tom De Falco et Ron Frenz en temps réel, il est évident que vous gardez un souvenir réjoui de cette période encore trop méconnue du Tisseur de toile. Une phase marquée notamment par une alternance bienvenue entre des épisodes urbains et tendus, et d'autres où l'humour prend le dessus, même dans des situations dramatiques. La Epic Collection nous permet ici de nous un replonger dans l'affrontement entre Spider-Man et le Super Bouffon, de retour, plus perfide que jamais, sans que personne ne connaisse (encore) sa double identité. Le vilain décide de mettre la main sur tout le matériel ayant appartenu autrefois au Bouffon Vert et il s'est accoquiné avec le fils de Wilson Fisk, La Rose, pour parvenir à atteindre ses objectifs. Voilà un malfrat à la cagoule violette, qui fut très charismatique en son temps et qui manipule son associé, comme le ferait probablement aussi son père, le Kingpin du crime. Pendant ce temps-là, la vie n'est pas toute rose pour Peter Parker, l'homme sous le masque. Cela fait des semaines qu'il n'a plus adressé la parole à sa chère tante May, qui lui reproche d'avoir abandonné son rêve de toujours, celui de poursuivre des études et de devenir un brillant scientifique, pour se consacrer à une simple profession sans prestige, photographe freelance pour le Daily Bugle. Nous autres lecteurs en savons un peu plus, mais la tantine ne décolère pas et on l'avait rarement vu aussi bornée. Sentimentalement parlant, ça ne va pas mieux pour Peter : tout d'abord, c'est la rupture avec la Chatte Noire. Felicia lui a caché trop de choses pour que les deux héros continuent de se fréquenter, sans arrière-pensées. Ensuite, Mary Jane a percé le secret de la double vie de Parker. Elle sait désormais que l'homme qu'elle aime est également un super-héros; du coup, cela jette un froid sur leurs rapports, qui pour l'instant peuvent se définir comme "profondément amicaux". Spider-Man va alors croiser sur sa route toute une série de personnages loufoques, certains souhaitant le défier, d'autres devenir son associé, comme Frog-Man, par exemple, ou même le Crapaud. Ce qui amène dans la série une grande touche de fraîcheur et de drôlerie, après quelques épisodes assez sinistres. Du côté du carnet rose, signalons la naissance de Normie, le petit garçon d'Harry Osborn et Liz, sa femme. Évidemment, même cet événement heureux est accompagné de son lot de tensions puisque la jeune femme est enlevée (ainsi que Mary Jane) au moment même où elle s'apprête à accoucher. Presque la routine pour Spider-Man…



Cet album est dense et truffé d'action, de rebondissements, d'événements inattendus. Le Tisseur alterne ses deux costumes, le traditionnel rouge et bleu mais aussi la tenue toute noire, d'autant plus qu'il subit à nouveau les assauts du symbiote, ramené de la planète du Beyonder, qui est parvenu à s'échapper de sa prison de verre, au quartier général des Fantastiques. Le Beyonder, parlons-en justement, puisque deux épisodes sont aussi en rapport avec les Guerres Secrètes, secondes du nom. Désireux de comprendre ce qui motive et ce que veulent vraiment les humains, le Beyonder a transformé un immeuble de New York en or massif. L'édifice s'effondre, provoque une catastrophe et menace même de déséquilibrer l'économie mondiale, sauf si le gouvernement et Wilson Fisk décident d'intervenir en grand secret. L'occasion aussi pour Parker d'avoir un dilemme à résoudre : en échange des vies qu'il sauve, est-il autorisé à emporter un joli bloc notes en or massif, pour payer les factures de sa tante ? Ce volume permet aussi de lire les premiers pas de Silver Sable, la femme la plus dangereuse en provenance de Symkarie. On y trouve aussi un affrontement titanesque, qui finit en couverture, entre Spider-Man et Firelord, un héraut de Galactus. La merveille débarque sur Terre dans l'intention de manger une pizza (véridique !) mais la manière dont il traite le personnel et exige son plat préféré provoque une petite émeute et l'intervention du Tisseur, qui va vite dégénérer en un mano a mano violent. Je le répète, il se passe énormément de choses dans ces presque 500 pages, que je ne saurais trop vous recommander. D'autant plus que vous allez aussi trouver du Peter David au scénario, du Sal Buscema aux dessins, un des artistes que je préfère pour Spider-Man, ou encore des pages que nous devons à Mike Zeck ou Bob Layton. Dis comme ça, on a presque l'impression de flirter avec l'indigestion et en effet, il y a à boire et à manger ! Pour autant, on sort de table rassasié, avec l'impression d'avoir fait un investissement très rentable et d'avoir pris une bonne bouffée de nostalgie, comme il nous en arrive assez rarement.


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THE WALKING DEAD PAR TILLIE WALDEN : CLEMENTINE


 Quand il n'y en a plus, il y en a encore. Certes, Robert Kirkman a eu le courage de mettre un terme à sa série The Walking Dead dès l'instant où il a estimé avoir raconté tout ce qui pouvait l'être. Pour autant, ne pensez pas que vous en avez fini avec les zombies. Déjà parce que la série télévisée n'en finit plus de s'étaler comme de la confiture épaisse sur du pain, ensuite parce que la version des comic books possède désormais un appendice assez fascinant, confié à une dessinatrice du circuit indépendant américain, Tilly Walden. Elle écrit les aventures de Clementine, un jeune personnage de 17 ans issu du jeu vidéo The Walking Dead / Telltale. Dès le départ, on reprend tous les codes de la série : une errance à travers des paysages lunaires infestés de créatures, qui tentent de vous croquer, avec un sentiment diffus de méfiance et de paranoïa générale vis-à-vis des humains survivants. Clementine possède un handicap assez évident pour son avenir en terre hostile : son pied et le bas de la jambe gauche ont été remplacés par une prothèse aussi peu esthétique que fonctionnelle. Elle sera d'ailleurs vite remplacée dans ce premier tome. La gamine fait partie d'une communauté de survivants mais choisit de reprendre la route et semble farouchement décidée à rester seule; pour ce qui est des motifs, de ce qui intimement la pousse à être aussi peu communicative et désireuse de se lier avec ses semblables, il faudra bien entendu lire ce riche premier tome (sur trois) ou l'adolescente va faire la rencontre d'un gamin qui est un peu son contraire, un certain Amos. Lui n'a qu'un rêve : voler. Il est persuadé qu'au nord l'attendent les membres d'une petite communauté, qui en échange de ses services lui permettront de faire un tour dans un avion et de s'en aller planer là-haut dans les cieux. Avec Clémentine, ils vont prendre la route et vivre des aventures aussi bucoliques que tragiques.



Le noir et blanc si caractéristique des pages de The Walking Dead est ici maintenu, avec une certaine gradation de gris qui vient ajouter de l'épaisseur et de la richesse aux paysages de ce premier tome. L'essentiel se déroule en montagne, avec la neige, les roches, une forme d'isolement existentiel où les morts vivants sont assez peu présents. Suffisamment pour qu'on ne perde pas de vue les enjeux de base, tout en laissant l'humain, ses failles et ses contradictions, au centre des débats. On y découvre des personnages qui révèlent leur homosexualité au détour d'une remarque, d'un regard, d'un geste, sans que cela soit asséné avec lourdeur ou frénésie moderne de proposer de l'inclusivité dans chaque histoire. Walden brosse des portraits qui conservent beaucoup de positif en eux-mêmes, tout en les confrontant à des moments de tension où il faut faire des choix, savoir se mettre au service de l'autre, pour lui permettre de survivre. En réalité, l'oeuvre de Walden donne le point de départ d'un nouveau label, Skybound Comet, qui est censé avoir comme cœur de cible les young adults, qui ne sont pas, à priori, le public initialement visé par Kirkman. Le trait souple et cotonneux de l'artiste accompagne cette mutation, tempère les atmosphères désespérées de la série mère, mais sont au service d'un scénario qui respecte globalement la règle fondatrice d'un univers en délitement, où il faut se méfier de tout le monde, tout le temps, pour ne pas être trahi ou abandonné. Les zombies eux sont vite ébauchés, des silhouettes vaguement menaçantes, dont l'apparition n'est motivée que pour un moment de tension potentiel et transitoire, qui est loin d'être la raison principale de lire ce Clementine. Récit de survivalisme entre adolescents, crépusculaire et attachant, ce premier graphic novel est une alternative singulière et personnelle appréciable, à vite découvrir si vous avez aimé The Walking Dead jusque-là (et même si le titre vous a lassé !)


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PHOTON DE RETOUR CHEZ PANINI COMICS : MULTIVERS BRISÉ


 Monica Rambeau est loin d'être une inconnue dans l'univers Marvel; elle a même eu son heure de gloire à l'époque où elle était cheffe de fil du groupe des Avengers, durant la période de Roger Stern. On l'appelait alors Captain Marvel et elle arborait une magnifique coupe afro-américaine et un costume blanc très seyant. Elle apprenait surtout ce que signifie avoir de très hautes responsabilités, tout en ne se sentant pas totalement à la hauteur. C'était cela aussi la qualité du personnage, son attrait. Une impression évidente de ne pas forcément être de la même trempe, au départ, de ses collègues expérimentés et rodés à toutes les épreuves. Après avoir connu l'oubli, Monica est revenue sur le devant de la scène grâce à l'univers cinématographique Marvel, notamment la série Disney Plus consacrée à la Sorcière Rouge, sous les traits de l'actrice Teyonah Parris. Le premier numéro de la nouvelle série qui lui est consacrée, au format comic book chez Marvel (et donc Panini) se charge de rappeler tout ceci et de donner au novice quelques éléments permettant de comprendre le personnage. On fait connaissance avec la famille, le passé, mais aussi la personnalité de Monica, qui possède en outre le don fabuleux de surfer sur tout le spectre énergétique, de se dématérialiser en un clin d'œil d'un point à l'autre de la planète. Nous la suivons alors qu'elle se rend dans le Sanctum Sanctorum du Docteur Strange, à qui elle vient restituer une pierre au pouvoir fabuleux, capable d'altérer la réalité. De la s'en suit un combat aussi rapide qu'impromptu avec une ennemie gigantesque et au corps fluide, qu'elle terrasse, aidée par Spider-Man. On pourrait croire à une parenthèse stérile sauf que celle qui a été battue est en fait une brillante scientifique, qui vient avertir que Monica/Photon est destinée à anéantir le monde, tôt ou tard. Cette dernière n'y croit pas trop et alors qu'elle s'envole pour se vider la tête, elle se retrouve victime d'une sorte de blackout puis se réveille sur un bateau très loin de là où elle devrait être, dans un univers qui ne ressemble pas spécialement au sien. En tous les cas différent de celui qu'elle a quitté. Nous revoici devant les Avengers (formation et costumes) dont elle était autrefois leader. Tout a changé autour d'elle, y compris les liens familiaux. Elle est désormais mariée avec Jericho Drumm et la réalité semble sur le point de s'effondrer sur elle-même, avec l'intervention inattendue d'une nouvelle… Beyonder !



Si le premier numéro est une introduction assez lente et Al Ewing semble d'abord concentré sur une forme de résumé, plutôt que sur l'écriture de son récit, la suite change radicalement de ton. C'est assez frais et fun et ça ne peut que faire plaisir aux fans de Monica, qui se lamentent de son absence depuis longtemps. On regrettera éternellement le collant blanc et la coupe afro un peu naïve et vintage, mais il fallait bien faire entrer le personnage dans le vingt-et-unième siècle. D'autant plus qu'aux dessins l'Italien Luca Maresca est un très bon choix. Sorte de dépositaire de l'esprit Marvel, avec un trait classique qui s'adapte toutefois très bien au ton des comic books d'aujourd'hui (la synthèse parfaite de deux époques opposées), il est ici présent épaulé par Ivan Fiorelli, pour un résultat fini qui devrait séduire le plus grand nombre.  Maresca qui est devenu en quelques années un des espoirs européens les plus brillants, qui n'a plus rien à envier aux artistes les plus en vue chez Marvel, ou à ces Stormbreakers qui sont régulièrement mis en avant, Ajoutez à tout cela une très grande gentillesse et une disponibilité à toute épreuve dans les séances de dédicace dont il nous a gratifiés à plusieurs reprises... Faute d'être révolutionnaire voire incontournable, la dernière série consacrée à Photon est en tous les cas un bon prétexte pour mettre en lumière un personnage qui a trop souvent dû se contenter de vivre dans l'ombre, ces dernières années, et qui est revenu en grâce (au moins une bonne chose, il y en a quand même) par la magie des Studios Marvel. 







 

 

LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : ROUGE SIGNAL

 Dans le 206e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Rouge signal, album que l’on doit à Laurie Agusti, un ouvrage publié chez 204...