THE WALKING DEAD PAR TILLIE WALDEN : CLEMENTINE


 Quand il n'y en a plus, il y en a encore. Certes, Robert Kirkman a eu le courage de mettre un terme à sa série The Walking Dead dès l'instant où il a estimé avoir raconté tout ce qui pouvait l'être. Pour autant, ne pensez pas que vous en avez fini avec les zombies. Déjà parce que la série télévisée n'en finit plus de s'étaler comme de la confiture épaisse sur du pain, ensuite parce que la version des comic books possède désormais un appendice assez fascinant, confié à une dessinatrice du circuit indépendant américain, Tilly Walden. Elle écrit les aventures de Clementine, un jeune personnage de 17 ans issu du jeu vidéo The Walking Dead / Telltale. Dès le départ, on reprend tous les codes de la série : une errance à travers des paysages lunaires infestés de créatures, qui tentent de vous croquer, avec un sentiment diffus de méfiance et de paranoïa générale vis-à-vis des humains survivants. Clementine possède un handicap assez évident pour son avenir en terre hostile : son pied et le bas de la jambe gauche ont été remplacés par une prothèse aussi peu esthétique que fonctionnelle. Elle sera d'ailleurs vite remplacée dans ce premier tome. La gamine fait partie d'une communauté de survivants mais choisit de reprendre la route et semble farouchement décidée à rester seule; pour ce qui est des motifs, de ce qui intimement la pousse à être aussi peu communicative et désireuse de se lier avec ses semblables, il faudra bien entendu lire ce riche premier tome (sur trois) ou l'adolescente va faire la rencontre d'un gamin qui est un peu son contraire, un certain Amos. Lui n'a qu'un rêve : voler. Il est persuadé qu'au nord l'attendent les membres d'une petite communauté, qui en échange de ses services lui permettront de faire un tour dans un avion et de s'en aller planer là-haut dans les cieux. Avec Clémentine, ils vont prendre la route et vivre des aventures aussi bucoliques que tragiques.



Le noir et blanc si caractéristique des pages de The Walking Dead est ici maintenu, avec une certaine gradation de gris qui vient ajouter de l'épaisseur et de la richesse aux paysages de ce premier tome. L'essentiel se déroule en montagne, avec la neige, les roches, une forme d'isolement existentiel où les morts vivants sont assez peu présents. Suffisamment pour qu'on ne perde pas de vue les enjeux de base, tout en laissant l'humain, ses failles et ses contradictions, au centre des débats. On y découvre des personnages qui révèlent leur homosexualité au détour d'une remarque, d'un regard, d'un geste, sans que cela soit asséné avec lourdeur ou frénésie moderne de proposer de l'inclusivité dans chaque histoire. Walden brosse des portraits qui conservent beaucoup de positif en eux-mêmes, tout en les confrontant à des moments de tension où il faut faire des choix, savoir se mettre au service de l'autre, pour lui permettre de survivre. En réalité, l'oeuvre de Walden donne le point de départ d'un nouveau label, Skybound Comet, qui est censé avoir comme cœur de cible les young adults, qui ne sont pas, à priori, le public initialement visé par Kirkman. Le trait souple et cotonneux de l'artiste accompagne cette mutation, tempère les atmosphères désespérées de la série mère, mais sont au service d'un scénario qui respecte globalement la règle fondatrice d'un univers en délitement, où il faut se méfier de tout le monde, tout le temps, pour ne pas être trahi ou abandonné. Les zombies eux sont vite ébauchés, des silhouettes vaguement menaçantes, dont l'apparition n'est motivée que pour un moment de tension potentiel et transitoire, qui est loin d'être la raison principale de lire ce Clementine. Récit de survivalisme entre adolescents, crépusculaire et attachant, ce premier graphic novel est une alternative singulière et personnelle appréciable, à vite découvrir si vous avez aimé The Walking Dead jusque-là (et même si le titre vous a lassé !)


Retrouvez-nous chaque jour sur Facebook : 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous nous lisez? Nous aussi on va vous lire!

VENOM THE LAST DANCE : UN DERNIER VOLET (IN)DIGNE DES DEUX AUTRES ?

  Certes, peut-on vraiment afficher une surprise sincère, en sortant des salles obscures ? Il s'agit tout de même du troisième Venom et ...