THE PUNISHER V.8 1à10 : La course à la chute de Rick Remender


Retour ce jour sur la huitième mouture du titre The Punisher, une série confiée au bons soins de Rick Remender, pour une vingtaines de numéros. Contrairement aux récits publiés dans la collection « Max » et caractérisée par une ambiance urbaine et réaliste, de nombreux clins d’œil à la communauté super héroïque et à la continuité Marvel émaillent cette V.8, qui prend d'ailleurs racines en plein Dark Reign, cette sombre période de l'histoire Marvel où Norman Osborn a pris le pouvoir et règne en maître sur la défense américaine. Un psychopathe comme le méchant rouquin sait l’être ne pouvait que finir tôt ou tard sur la liste des victimes de Franck Castle, qui dès la première page est engagé dans une mission délicate : abattre Osborn d’une balle en pleine tête, à plusieurs kilomètres de distance, grâce à une arme skrull récupérée lors de la récente Secret Invasion. Hélas, c’est compter sans le zèle d’un garde du corps un peu particulier, Sentry le tout puissant, qui stoppe la balle entre deux doigts et décide de faire passer au Punisher son envie de faire joujou avec des armes à feu. La lutte est totalement inégale, mais notre justicier à la tête de mort a toujours plus d’un tour dans son sac, d’autant plus qu’il est aidé tout à coup dans sa fuite par un mystérieux informateur/hacker qui a piraté le réseau de surveillance vidéo et satellite de la ville de New-York. C’est à ce bienfaiteur que Castle doit de rester en liberté, voire en vie. Et c’est lui qui va lui mettre la puce à l’oreille, et lui donner les bons tuyaux pour entamer une nouvelle croisade contre le crime dans ses facettes les plus variées, ce qui va l’amener à devoir se confronter au nouveau roi de la pègre locale, The Hood, chargé par Norman Osborn (avec qui il est étroitement lié) d’en finir avec le Punisher. Bref, notre héros s’est mis à dos du beau linge, et il va falloir un petit miracle pour qu’il s’en sorte indemne…


L'aide du Punisher, c'est Henry, le fils du criminel Jigsaw, comme on l'apprend au bout de quelques numéros. Notre anti héros préféré a l'occasion de faire joujou avec tout un arsenal inédit, recourant aux particules Pym pour rétrécir à volonté et se cacher dans une pizza, par exemple. Remender construit patiemment son run sans jamais prendre en pitié ou chercher à défendre le personnage. L'obsession du Punisher l'amène à se priver de l'empathie et de la sympathie d'autrui, et même quand il est sur le point de devenir une figure paternelle de substitution pour le pauvre Hanry, il ne cesse de le rabrouer, de le repousser, flirtant avec l'indécence et l'humiliation. Bien sur, le grand coup de maître de Remender, c'est l'emploi de Hood, qui a la faculté de ramener d'entre les morts les individus de son choix, grâce au pacte passé avec un démon. C'est ainsi que Linus Lieberman Microchip, bras droit mythique de Frank Castle dans les années 80, fait sa réapparition. Consumé par le désir de voir renaître son fils décédé, il se laisse gagner par la désillusion de voir le mal revenir inlassablement à la charge, et contribue à  pister le Punisher. Une galerie savoureuse de vilains de série B est aussi ranimée et lancée au trousses de Castle, ce qui donne l'opportunité au scénariste d'écrire de belles scènes de vengeance inexorable, et de renvoyer ces has-been des bas-fonds à la poussière dont ils ont été tiré. Point d'orgue des résurrections de Hood, la famille du Punisher, avec sa femme Maria et ses deux enfants. Car disons le tout franchement, s'il s'agit véritablement des siens, comment justifier la violente réaction extremiste de Frank, qui préfère incinérer sur place ceux qu'il chérissait tant, plutôt que de les voir un instant de plus profaner le souvenir de ce qui fut?  Sait-il au fond de lui même que la transformation radicale subie par son quotidien et sa personnalité expose forcément toute idée de retrouvailles à un echec cuisant? Un geste totalement sublime et désespéré en même temps, un Punisher plus radical que jamais, qui mis devant l'accomplissement de ce pour quoi il a entamé sa croisade contre le crime, choisit  de s'arc bouter sur ses positions et de faire disparaître ceux qui firent autrefois son bonheur intime, aujourd'hui irrémédiablement perdu. Avec ce coup d'éclat, c'est le salut du Punisher qui disparaît à jamais, c'est le choix ferme et définitif de cheminer parmi les ténèbres, sans jamais plus avoir l'opportunité de revoir un jour la lumière. Dans les flammes, c'est le mince espoir de rédemption qui se consume, et c'est là que va naître chez Castle ce besoin presque étourdissant de s'auto punir, de se châtier, cette course suicidaire qui va trouver son apogée dans un combat singulier contre Daken, et une atroce fin de parcours. Avant d'aboutir à FrankenCastle, Rick Remender signe là une série de dix numéros tendus et sombres, qui se relisent avec une grande unité d'intention, et gagnent en crédibilité grâce à un récit inéluctablement porté vers un angoissant besoin de tomber, et disparaître. A relire en Vf sur les pages de Marvel Saga 4 et 6, publiés par Panini. 

Rating : OOOOO (pour les épisodes 1 à 10)

AMAZING SPIDER-MAN #682 : LE DEBUT DE LA FIN

Bon, l'époque des teasers est déjà finie, place au récit en lui même : ces jours derniers, Marvel a donc publié le premier volet de Ends of the Earth, c'est à dire Amazing Spider-Man 682. La menace est particulièrement puissante, puisque le docteur Octopus, qui n'en finit plus d'être mourant et se sent vivre ses dernières heures, a décidé de quitter la scène sur un coup d'éclat que personne n'oubliera. Depuis sa base secrète sous-marine, il déclenche sa dernière invention, une sorte de réseau énergétique qui englobe la Terre, et produit immédiatement un effet de réchauffement global meurtrier, à l'échelle de la planète. Toutefois, ce bon vieux Ock surprend tout le monde, en affichant son ambition supposée : non pas annihiler toute vie sur Terre, mais offrir aux générations futures le moyen se sauver notre monde, à jamais. Mais que fait la police? Pardon, notre bon vieux tisseur de toile? Et bien de son coté, profitant du matériel mis à disposition par les laboratoires Horizons où il travaille toujours, il a mis au point un nouveau costume, une sorte d'armure souple, qui devrait lui permettre notamment d'affronter et humilier ses six ennemis adorés (les Sinister Six, bien sur). Qu'il fasse vite, car depuis les événements de Spider Island, le maire, J.J.Jameson a décidé de faire fermer au plus vite les labos qui emploient Parker. Spider-Man va donc s'attaquer à lourd dans les prochains numéros, une menace planétaire dont l'issue concernera tout le genre humain, et pour ce faire, il lui faudra bien l'aide de ses camarades Vengeurs, qu'il n'hésite pas à solliciter directement à leur Qg. Plutôt sympathique et bien rythmée, cette entrée en matière nous promet un nouvel arc narratif potentiellement marquant, d'autant plus que Dan Slott a eu le temps et la confiance pour placer tous ses pions sur l'échiquier, et qu'il maîtrise désormais le petit monde de l'Araignée sur le bout des doigts. Stefano Caselli est un choix parfait pour le ton de la série. Ses dessins sont classiques et épurés, les visages et expressions toujours soignées, même au second plan (prends en de la graine, Jr Jr) et dans l'ensemble, je n'ai perçu aucune fausse note graphique dans cette introduction. Et pour en finir avec les artistes transalpins, citons aussi la variant cover de Gabriele Dell'Otto, absolument remarquable. Bref, je suis bien curieux de lire la suite. Pour une publication Vf, il faudra patienter cet hiver...



BATMAN : AMERE VICTOIRE (Dark Victory) ressort chez Urban Comics

On prend les mêmes, et on recommence, avec cette Dark Victory. C'est à dire, le fils de la dynastie mafieuse Falcone, Alberto, enfermé à l'asile d'Arkham depuis les meurtres perpétrés sous l'identité du tueur Holiday. La soeur Sophia Falcone Gigante, désormais paralysé et clouée sur son fauteuil roulant, qui a repris en main les ficelles du clan. Batman, pris dans la tourmente de Gotham, où le soleil ne semble jamais se lever, même pour une brève parenthèse. Et Harvey Dent, désormais connu sous le sobriquet de Double Face, depuis qu'il a reçu au visage un jet d'acide en plein procès. Le procureur s'est évadé de l'hôpital, puis d'Arkham, est parti vivre une existence de fugitif et mener à bien de sombres projets de vengeance. D'ailleurs à Gotham les assassinats ont repris. Cette fois, ce sont les anciens flics, les représentants ripoux de la loi corrompue de Gotham, qui sont visés. On les retrouve au bout d'une corde, avec un billet énigmatique accroché au cadavre. Une sorte de jeu du pendu, avec un message (pas si) crypté que Batman et le commissaire Gordon découvrent à chaque fois. Ce pauvre Gordon qui traverse une mauvaise passe. Sa femme est repartie pour Chicago, emmenant le fiston sous le bras, et il doit composer avec la remplaçante de Dent, une certaine Candice Porter, une jolie blondinette qui semble cacher son jeu et certains secrets, à commencer par l'identité de son amant. Ce qui pourrait expliquer son aversion pour les méthodes de Batman, et pourquoi elle oeuvre pour obtenir la libération du fils Falcone. Décidément, allez donc tenter de trouver un quelquonque semblant de justice à Gotham... A chaque fois que le Dark Knight semble avoir oeuvré pour trouver un instant de paix, de nouvelles tuiles sur tombent sur la tête.

Les indices sont clairs : le jeu du pendu retrouvé sur les victimes est toujours réalisé sur des documents ayant appartenus à Harvey Dent. Le coupable tout désigné, c'est lui. Ou pas. Ou sa nouvelle personnalité, sa "face maléfique". En attendant, c'est la débandade dans les familles de la malavita locale. Falcone, Viti, Maroni sont aux abois, et la police, pendant ce temps, continue de voir ses hommes tomber, chaque jour de fête, dans un sinistre écho aux événements du Long Halloween. Cette Amère Victoire est aussi l'occasion de découvrir le drame intime de Dick Grayson, le futur Robin, qui perd ses parents trapézistes, et se voit adopté par Bruce Wayne. Une excellente mise en parallèle se produit d'ailleurs au neuvième chapitre, lorsque Dick pénètre dans la chambre des parents décédés de son tuteur, et qu'il est sommairement réprimandé par Alfred, le majordome. Une scène déjà joué quelques années plus tôt par ce même majordome, quand le petit Bruce dut affronter la perte de sa maman. Le talent de Tim Sale n'est pas à démontrer, même si je pense modestement qu'il n'atteint pas, dans cette suite, l'excellence de The Long Halloween. Il parvient néanmoins à refaire vivre toute cette galerie de monstres de foire, de psychopathes frustrés, de mafieux acculés, en les caractérisant, les personnalisant, réalisant là un travail qui sert encore aujourd'hui de balise pour tout artiste désireux de plonger les pinceaux dans le petit monde de Batman. Cette nouvelle édition coûte 35 euros, mais ce sera une somme bien investie. Tout d'abord, car la version en Semic Books (en plusieurs tomes) est épuisée, et quand vous faites les comptes, celle d'Urban est plus économique. Ensuite car il s'agit là d'un récit majeur, une de ces oeuvres qui transcendent le statut de comic-book, pour devenir un repère culturel d'importance, pour plusieurs générations de lecteurs. Inutile de résister, vous ne le regretterez pas.

Rating : OOOOO

BATMAN : THE DARK KNIGHT #7 Une preview avec du "Bane Inside"

Les amateurs de Batman, qui attendent impatiemment le prochain film pour avoir leur dose de venin, feraient bien de se pencher sur la série The Dark Knight, celle dessinée et en partie pensée par David Finch. Certes, car il est toujours un des meilleurs artistes sur ce genre de titre sombre et violent. Mais aussi parce que c'est l'occasion de voir à l'oeuvre Batman contre Bane, qui sera le grand vilain sur grand écran, dans pas très longtemps. La preuve avec la preview du numéro 7, qui doit sortir aujourd'hui, si je ne m'abuse. Comme le dit si bien notre héros : Il (Bane) est plus rapide que toi et infiniment plus fort. Des volontaires pour miser une pièce sur le défenseur de Gotham, dans ces conditions?





X-SANCTION (4 of 4) : OUF, C'EST FINI ...

Quatrième et dernier volet de la X-Sanction, prélude grossier et stérile au big event Marvel à venir, Avengers Vs X-Men. Cable est parvenu à défaire les Vengeurs, un par un, mais il a été "trahi" par son mentor Blaquesmith, et se retrouve dans une situation affectivement délicate, lorsque son père, Scott Summers, et la jeune Hope (qu'il considère comme sa fille) débarquent pour l'attendrir et l'arrêter. Et tout se complique encore d'avantage car Spidey et Wolverine se joignent aux réjouissances. Le premier cité ne fait pas le poids et se voit projeter dans les eaux de l'Hudson (Loeb ne savait pas quoi en faire, apparemment). Le mutant griffu, lui, est bien plus coriace, et il essuie ses attributs acérés sur la cuirasse de Cable, qui a définitivement lâché prise. Son virus techno organique a fini par prendre le dessus, et il n'a plus que quelques minutes à vivre. Vite alors, pas de temps à perdre. Bourre-pif à tire larigot, gros calibres et baston générale, le scénario tant attendu depuis le numéro un n'apparaîtra finalement jamais, cette mini série est bel et bien abrutissante. Cerise sur le gâteau ... Et là je dis attention Spoiler, quittez cet article si vous ne voulez rien savoir ...  Lorsque Cable est vaincu et rapatrié à Utopia, chez ses pairs mutants, le toucher de Hope le sauve de la mort. Qui plus est, au moment du contact, la force du Phénix se manifeste, et Nathan Summers est totalement purgé de son virus. Hope est donc bel et bien la réincarnation du Phénix? il semblerait que cette fois, ce soit clair, et d'ailleurs, Cyclope va avoir de quoi se poser des questions... Voilà, X-Sanction, c'est fini. 80 pages de baston stérile, tout ça pour nous apprendre ce que nous devinions déjà tous. Et pour faire monter la sauce, entre Vengeurs et mutants. Franchement, ce serait bien d'ajouter du fond, et vite, à toute cette histoire de règlement de compte, car ce prélude fut une des pires lectures de ces dernières années. Creuse et infantile. A la limite, les fans de Mc Guinness retrouveront leur dessinateur chouchou en bonne forme, et c'est tout. Bon sang, il faudrait que nos amis chez Marvel se secouent grandement les puces dans les prochaines semaines, car après cette entrée en matière, il y a de quoi redouter le pire pour la suite!


TOP 10 VOL.1 : BIENVENUE A NEOPOLIS

Neopolis n'est vraiment pas une ville comme les autres. Tout d'abord, elle a été bâtie par des scientifiques nazis, après la seconde guerre mondiale. Ensuite, tous ses habitants sont dotés de pouvoirs, entre mutants à tête de chien, cyborgs armés et télépathes alcooliques. On trouve de tout dans cette volière, il y en a pour tous les goûts. Le grand problème qui se posait à Alan Moore était le suivant : comment rendre crédible, pour ne pas dire attachant, un tel foutoir! L'exploit est relevé haut la main grâce à des dialogues aussi bizarres que savoureux, et une humanité qui suinte de chacun des personnages, pour aussi marginaux que leurs dons ou leurs physiques pourraient les rendre. Ce n'est pas une gageure, il fallait un fichu talent pour y parvenir.Et comprendre qu'il y avait mieux à faire que surjouer l'action et les coups de théâtre. C'est à dire s'arrêter sur le quotidien, celui d'un commissariat de Neopolis, et sa brigade très spéciale. Une sorte de Hill Street Blues à la sauce super héroïque, où le détail, l'anecdote, remportent les suffrages et permettent au récit de progresser subtilement sans jamais ennuyer. Les archétypes ne manquent pas au Top 10, le dixième district. A commencer par ce grand gaillard bleu et invincible, Smax, le portrait du flic peu bavard, voire franchement taciturne. Ou la jeunette fraîchement débarquée de sa formation à l'académie, Robyn, qui va devoir trouver sa place dans un environnement bien surprenant : des flics ont le visage d'un dobermann, les avocats la tête d'un requin... Peu importe finalement l'enquête en cours, ou la chasse à ce dangereux tueur qui découpe ses victimes, à Neopolis. Ce qui rythme ce Top 10, ce sont ces trouvailles continues, cette prostituée qui a le pouvoir d'être immunisée à toutes les Mst possibles, ce chauffeur de taxi zen qui conduit les yeux bandés, et laisse son véhicule errer jusqu'au lieu où il doit arriver, ou encore ce simple citoyen amateur de putes qui placé en situation de stress se met à gonfler comme un immense ballon... 

Aux crayons, Gene Ha est en forme olympique. Son style fouillé, très détaillé, et clair en même temps, remplit chaque planche jusqu'à l'invraisemblable et dépeint une Neopolis qui en devient crédible et attachante. C'est en 1999, chez ABC (America's best comics) que cette série totalement hors genre et iconoclaste a vu le jour. Elle avait été publié en France (édition désormais épuisée) chez Semic, au format Semic Books. Urban Comics, qui jusqu'ici a réussi une entrée assez soignée en la matière, nous proposera Top 10 dans son intégralité (douze épisodes et spin off dérivés). Ce premier tome bénéficie aussi d'une petite explication concernant ses personnages (une bonne habitude), et une fort belle hardcover. Voilà donc une excellente nouvelle pour ceux qui déploraient que les Semic Books n'étaient plus disponibles, mais aussi ceux qui souhaitent investir dans une expérience de lecture novatrice et qui sort des sentiers jalonnés par Marvel et Dc. 

Rating : OOOOO

DEUX PAGES DE PREVIEW POUR AVENGERS VS X-MEN #2

En bref, et juste pour vous faire patienter, voici une brève preview du second numéro d'Avengers Vs X-Men. Celui ci est réalisé par Jason Aaron au scénario, et l'inépuisable John Romita Jr (inépuisable mais souvent épuisant, ces temps derniers) aux dessins. Pour résumer en une seule phrase le contenu de ce fascicule, disons que la force Phénix se rapproche dangereusement de la Terre, et que les deux groupes commencent à se taper dessus. Marvel propose donc cette preview, et des contenus spéciaux associés sur l'application dédiée, que vous pouvez télécharger sur l'Istore, bien entendu. Deux pages qui reprennent l'essentiel de ce qu'on a déjà vu sur les teasers promotionnels, et qui confirment que JrJr ne se foule pas trop pour les visages au second plan...


X-MEN : EXOGENETIC (en VF dans Astonishing X-Men)

La saga Exogenetic constitue le sixième volume de la série Astonishing X-Men, et elle a été réalisée par le maître de la science folle et meurtrière, le roi de l'anticipation technique et bio-mécanique, à savoir Warren Ellis. Abigaïl Brand, la responsable du S.w.o.r.d (une agence qui veille sur les invasions et menaces potentielles d'origine extra terrestre) est sur le point de s'écraser sur Terre, de retour d'une mission périlleuse et avortée. La petite amie du Fauve est sauvée par son toutou préféré et les X-Men de Cyclope, qui en profitent pour tester le potentiel d'un nouvel appareil japonais, destiné justement à ce type de tâche. Hélas, à peine ont-ils le temps de souffler quelque peu qu'ils se retrouvent nez à nez avec une ancienne élève d'Emma Frost, pourtant censée être morte. Pour être précis, il s'agit là d'une construction techno organique, un mélange entre des éléments de l'Adn de la fillette et la technologie des sentinelles. Et ce n'est pas tout ! D'autres anciens mutants décédés ressuscitent sous forme de monstres au génome couplé à celui des Broods, une race particulièrement virulente d'envahisseurs de l'espace, qui ont fait la légende des X-Men, dès l'ère glorieuse de Chris Claremont. Entre anticipation scientifique, et revival nostalgique (les Broods, Sauron), Ellis s'amuse à mettre en scène les X-Men fassent à une de leurs plus grande peurs : que leurs ennemis s'appuient sur leurs travaux (du Fauve, Hank McCoy, qui a tout tenté pour réactiver le gène mutant éteint depuis que la Sorcière Rouge a fait des siennes) pour participer à leur éradication définitive.



L'ennemi se nomme Kaga, inconnu au bataillon, une sorte de version maléfique du Professeur Xavier, sur sa chaise roulante. Il représente la mutation comme conséquence directe des radiations nucléaires, et non pas comme un processus évolutif normal, comme le stade suivant de l'évolution des espèces, telle que défendue par les X-Men. Avec Kaga, Ellis se permet de rabrouer et de plaisanter sur la condition de nos héros. Certes, ils se disent pourchassés, mis au ban de la société, mais regardez les donc de plus près, avec leurs costumes spandex moulants, leurs airs arrogants et leurs physiques souvent de modèles... Avons nous bien affaire à un groupe de pauvres mutants en perdition, ou plutôt à des rock-stars post modernes, des icônes qui ne s'assument pas, mais vivent malgrè tout une existence bigger than life? La réponse peut dérouter, et remettre en question le statut même de nos héros. C'est tout le run de Grant Morrison qui subi un procès, avec cette affirmation. C'est lui qui est finalement le grand responsable de l'explosion du nombre de mutants (certes depuis revu à la baisse) et à leur coolitude irrésistible, calquée en partie sur les personnages du grand écran. C'est cela le mérite d'Exogenetic. De lever le voile sur une formation de maudits, de prétendus bêtes de foire, qui sont finalement plus près de l'adulation de leurs pairs que du lynchage sur la place publique. Un avertissement signé Warren Ellis : il est temps de revenir aux fondamentaux, pour que la série même ait encore un sens.

Publication en VF sur les pages d'Astonishing X-Men à partir du numéro 64 de septembre 2010


Rating : OOOOO

ULTIMATE SPIDER-MAN HS 4 : ULTIMATE FALLOUT

Ce mois ci, Panini nous propose l'intégrale de la mini série Ultimate:FallOut dans un seul et unique numéro en kiosque, pour moins de six euros. Du coup, laissons nous tenter, et observons le sommaire. Comme vous le savez, Peter Parker n'est plus. Il est mort à la suite d'un ultime combat contre le Bouffon Vert, et l'heure est venue de le pleurer. L'occasion de nombreuses pages larmoyantes, avec une cérémonie à laquelle assiste une foule fort nombreuse. C'est l'hommage poignant des new-yorkais à leur jeune héros, qui avait fini par se faire aimer de presque tous, après les tragiques événements narrés dans Ultimatum. La Tante de Peter est submergée par l'émotion, mais trouve le temps de gifler Captain America et de s'évanouir devant les badauds qui filment la scène avec leurs portables. L'émotion est palpable également chez Kitty Pride, la jeune mutante, qui avait eu des rapports plus qu'amicaux avec le jeune Parker. On assiste à sa douleur, et à celle de Bobby Drake, qui habitait chez son ami, tout comme le jeune Johnny Storm, ex Torche des Fantastiques. L'ensemble est quand même pas mal décousu. Sous couvert de sauter d'un personnage à l'autre, d'une réaction à l'autre, après ce tragique trépas, cette mini série est en fait un prétexte pour offrir au lecteur un vaste ensemble de preview de ce que sera l'univers Ultimate dans les prochains mois. On fait le point sur la situation actuelle, et on présente les cartes qui seront jouées dans pas longtemps. Ce futur encore incertain, et duquel dépendra tout l'univers Ultimate (les ventes sont bien fragiles), vous le retrouverez dans un nouveau bimestriel (la grande mode chez Panini après Marvel Knights) qui regroupera les trois titres de la ligne en un seul contenant. Ouf, il était grand temps, tant ces petits fascicules de 48 pages étaient chers et peu esthétiques, pour le collectionneur/lecteur avide de comic-books. Concernant le dessin, cette parution est frustrante. On y trouve une pléthore d'artistes, de Bagley à Hitch, en passant par Larroca et Sara Pichelli. C'est parfois déroutant, et de toutes manières, à titre personnel, je n'aime pas ce procédé. Tout comme j'exècre cette triste habitude qu'ont certains aujourd'hui, à quitter la navire ou accumuler des retards coupables après trois ou quatre numéros consécutifs sur une même série. Au final, beaucoup de larmes, d'anticipations à peine évoquées (Captain America démissionne? Les mutants de Kitty Pride vont vivre dans les égouts? Tante May part sur la Côte d'Azur et il y a un nouveau Spidey dans la ville...) mais peu de vrais moments de lecture. 


Rating : OOOOO







LA PREVIEW DE AVENGERS #25 PAR WALTER SIMONSON

Une petite preview ce soir, mais pas n'importe laquelle. On met le cap sur Avengers #25 signé Brian Bendis, pour ne pas changer (encore que son très long règne touche à son terme) et au dessin, le grand Walter Simonson, si rare mais si apprécié des fans. Pour l'occasion, Captain America a déclaré la guerre aux X-Men. Vous ne rêvez pas, nous sommes toujours en plein Avengers Vs X-Men, que nous chroniquerons dans le détail sur ce site, en temps et en heure. Avec le Phénix qui se rapproche dangereusement, et les Avengers contraints de s'unir pour sauver la Terre, rien que ça! Reste à savoir, et ce sera le thème de ce numéro 25, qui seront les Vengeurs qui rallieront Cap pour nous sauver les fesses. Admirez.







MARK MILLAR ET LEINIL YU LANCENT SUPERCROOKS

Alors que Superior est pour très bientôt en Vf (chez Panini), la nouvelle mini série signée Mark Millar vient de voir le jour aux Etats-Unis. Supercrooks, c'est son nom, bénéficie de l'apport de Leinil Yu aux dessins (Secret Invasion), qui s'applique un tantinet plus que sur ses derniers travaux. Une prestation remarquée. Sinon, de quoi s'agit-il? Le récit semble s'orienter principalement autour de Johnny Bolt, et de sa copine (femme, même, sauf qu'il l'a plantée le jour de la cérémonie de mariage pour aller faire un casse dans une bijouterie. Du coup, l'idiot a fini directement en prison), des malfaiteurs cambrioleurs pas vernis, qui ont un gros problème avec la communauté super héroïque. Sans les surhommes en collants, ils seraient riches, et respectés. A cause des justiciers en spandex, leurs ambitions se fracassent contre la justice expéditive des forces du bien (Millar nous apprend qu'il y a plus de 200 héros dans le pays, tout de même). Du coup Johnny a une idée lumineuse : pour sortir son mentor de la mouise, qui s'est fait pincer la main dans le sac dans un casino, en train de tricher à la roulette avec un complice télépathe, il décide de mettre le cap sur l'Espagne, qui c'est bien connu, ne possède pas de "Captain Spain" comme il l'affirme benoîtement. Au passage, le héros par excellence, la figure d'empêcher de voler en rond, c'est Gladiator, une sorte de Captain America un peu plus couillu (la scène d'arrestation dans le métro est savoureuse), tandis que la bande de malfrats que nous apprenons à connaître ressemble vaguement (costumes bariolés en moins) aux Lascars de sinistre mémoire, pour Flash. Comme d'habitude, les attentes sont fortes pour Millar, et le public n'a qu'une seule envie, qu'on lui botte les fesses et lui donne une bonne histoire à lire. Le début n'est pas mauvais, et tient assez bien la route. Reste maintenant à savoir ce qui va se passer de l'autre coté de l'Atlantique, au pays des tapas. La suite au prochain numéro...



SPIDER-MAN UNIVERSE 1 : VENOM de Rick Remender

Premier numéro de Spider-Man Universe avec le retour sur le devant de la scène d'un des ennemis légendaires du tisseur de toile. Non pas que Venom avait complètement disparu de nos radars. Au sein des Dark Avengers, par exemple, nous avions sa plus récente incarnation, ce croisement finalement stérile entre l'ancien scorpion, Mac Gargan, et le symbiote extra terrestre. Mais Venom, le vrai, c'était autre chose, tout de même. Ne demandons pas non plus l'impossible à Eddie Brock, le titulaire du costume, pour commencer. Le pauvre a guéri miraculeusement d'un cancer grâce à Mister Negative, et s'est vu affublé de nouveaux pouvoirs assez similaires à ceux qu'il avait autrefois, encore qu'opposés. Place à l'Anti Venom! C'est donc Flash Thompson, ancien badass des années lycées de Peter Parker, joueur de foot américain de talent, mais piètre étudiant, qui touche le gros lot. Il faut dire qu'au retour de la guerre en Irak le pauvre a été amputé de ses deux jambes. Flash est vraiment très patriotique, puisqu'il s'était déjà engagé voilà quarante ans pour aller défendre sa patrie en Asie, comme quoi les personnages de comic-books, ils ne prennent pas une ride! Recruté par les services secrets militaires, il se soumet volontairement à la funeste symbiose pour opérer en grand secret, sur ordre de ses supérieurs, et dans l'intérêt de l'Etat. Pas plus de 48 heures consécutives, autrement il perdrait le contrôle de son hôte. Remender a bien compris les enjeux et insiste sur le désir de Flash de se rendre à nouveau utile, et pour cela il est prêt à tout. Du coup on l'envoie en Terre Sauvage, sur les traces d'un convoi de vibranium. Mais une fois sur place, il va lui falloir composer avec des ennemis motivés, Kraven le Chasseur, et même son propre costume. Une série de problèmes qui culminent dans un cinquième épisode où le grand gaillard semble désespéré et tourmenté psychologiquement. Un pacte avec le Diable ne se passe jamais de gaieté de coeur. L'action est omniprésente et évite de tomber dans l'écueil du misérabilisme de l'handicapé qu'on pointe du doigt, alors que les dessins de Tony Moore, qu'il n'est plus besoin de présenter, sont vraiment à la hauteur, dynamiques à souhait, quand on apprécie son style particulier. Venom, Flash Thompson, deux destins qui se lient et restent pourtant très antagonistes. Une dualité poignante, qu'on surveillera de près, dans les prochains mois. Pour le moment, un bon début à saluer.

Rating : OOOOO


LE PUNISHER DANS L'ESPACE !

On en sait donc un peu plus sur ce projet un peu dingue qui consiste à emmener le Punisher dans l'espace ! Tout d'abord, il s'agira d'une aventure en quatre parties, qui ne sera pas insérée dans la fameuse continuity Marvel. Heureusement. Les artistes seront Frank Tieri et Mark Texeira, auteurs de Hercules en 2005. Le second nommé a déjà à son actif de nombreux épisodes du personnage dans les années 90, quand il travaillait entre autres sur le Punisher War Journal, première mouture. Dans Space:Punisher, Castle partira délivrer sa vengeance dans l'espace. Il rencontrera même Hulk, que les auteurs définissent comme le Moby Dick de l'histoire. On trouvera aussi une organisation criminelle baptisée "Six fingers hand", responsable du massacre de la famille de Frank. On nous promet aussi de belles guest stars, comme le Docteur Octopus, le Bouffon Vert, et même Crâne Rouge. Reste à voir ce que ça va donner avant de pousser de grands cris effarouchés! 

MARVEL KNIGHTS 1 : LES ANTI-HEROS RETOURNENT EN KIOSQUE

Après une longue existence en librairie, les trois (anti)héros que sont Daredevil, Ghost Rider, et le Punisher retrouvent le chemin des kiosques, dans une nouvelle revue Panini du nom de Marvel Knights. Passage en revue de la première parution, globalement positive.

Le Daredevil de Mark Waid prend le contre pied de celui de Bendis, Brubaker ou Fraction. Exit l'angoisse et le caractère sombre de la série, place à un nouveau DD, bien plus solaire et joyeux. Matt Murdock a subi bien des épreuves, et il en est sorti vivant et sain d'esprit (ou presque). Du coup, l'envie de vivre à nouveau transpire de chacune des planches de Paolo Rivera, au trait léger et parfois caricatural, souligné par de jolies couleurs chaudes qui contrastent efficacement avec la grisaille étouffante d'un Maleev, par exemple. Matt a repris son activité d'avocat, bien que tous ses confrères se doutent qu'il est aussi super héros la nuit. Du coup, même un simple procès s'avère une tâche ardue. En défendant une victime de violences policières, il soulève un gros lièvre qui va l'amener à croiser le fer avec une série de Klaw (le son incarné). Auparavant,  il aura aussi pris le temps de s'illustrer durant un mariage entre mafieux, et d'avoir neutralisé un certain Saleté, autrefois simplement connu sous le nom plus sympathique de "la tâche". Du Daredevil enlevé, bondissant, qui lorgne largement vers une incarnation rétro du personnage. Une bouffée d'air frais méritée pour Matt Murdock qui a tant souffert ces dernières années. A noter un petit récit bonus en fin de premier épisode où notre avocat aveugle confie tout son amour pour New-York à son collègue Foggy Nelson, plus sédentaire. Une petite perle de romantisme moderne. 



Ghost Rider pour les nuls, expliqué à ceux qui ne lisent pas ce personnage, c'est Ghost Rider 0.1, qui ouvre la seconde partie de la revue. L'histoire de Johnny Blaze, son pacte trompeur, sa carrière de Ghost Rider, sa malédiction et son désir de s'en libérer, tout y passe. D'ailleurs, un mystérieux individu du nom d'Adam lui propose de s'en débarrasser. L'occasion fait le larron, et Blaze finit par accepter. Mais le démon Zarathos ne disparaît pour autant, il finit juste par investir un nouvel hôte, et cette fois, ce sera une femme! Du coup, voilà Ghost Rider avec une jolie poitrine (un squelette avec des nichons?) et un cuir moulant. Qui retrouve sur sa route Deathwatch et Blackout, deux vilains qui étaient déjà de la partie pour le début de la série, lorsque le Rider fut incarné par Danny Ketch. Sauf qu'ici ils semblent pathétiques, une vraie bouffonade par rapport au respect et à l'horreur qu'ils inspiraient autrefois. Il faut dire que le scénario de Rob Williams nous laisse pour le moment assez froid. Matthew Clark signe de belles planches assez minutieuses, et sous légère influence Arthur Adams, mais ça ne suffit pas pour faire de ce Ghost Rider une lecture sympathique. Trop ennuyeux, pour le moment.



Pour finir, le Punisher de Greg Rucka. Ce dernier a choisit de développer son récit à la manière d'un roman policier, et il va prendre son temps pour l'installer. Du coup, ce premier numéro semble un peu creux, et lent. Mais il faudra relire l'ensemble, avec les suivants, pour bien comprendre où il souhaite arriver. Pour le moment, le seul gros point fort est une scène très efficace de fusillade collective durant un mariage. Suivie par l'exécution des coupables, par un Punisher fuyant et presque intangible, et qui ne prononce pas un mot. Saluons tout de même le travail de Marco Checchetto aux dessins. Ses progrès sont évidents, d'un mois à l'autre, quel que soit le titre qu'il illustre. Ici, c'est un régal pour les yeux. Certaines cases sont de petits trésors, froids et expressifs en même temps. Son Punisher est une force inarrêtable presque surnaturelle, qui apparaît pour délivrer une vengeance inexorable, comme un fantôme. C'est avant tout pour lui que cette nouvelle série parvient à recueillir les suffrages, après ce premier numéro. Rucka est un diesel, gageons qu'il saura se hisser à la hauteur très bientôt.
Bref, Marvel Knights est une revue au potentiel fortement électrique, qu'il faudra suivre de près dans les mois à venir. Toutefois son lancement laisse un arrière-goût d'inachevé, comme si le dessert avait été oublié en fin de (bon) repas. Attendons donc le mois d'avril pour une opinion plus précise.

Rating : OOOOO

LE SILVER SURFER CONTRE L'ADMINISTRATION (Silver Surfer 40-41-42)

Retour en 1990. Le Silver Surfer vient de tuer Thanos, par accident. Ce n'est pas une grande perte pour deux raisons. Tout d'abord, car le titan fou projetait d'éliminer la moitié des habitants de l'univers, pour complaire à sa maîtresse, la Mort en personne. Mais aussi parce que ce trépas était bien exagéré : en utilisant un corps calciné fort ressemblant, le grand méchant cosmique était parvenu à tromper son monde, pour mieux tramer dans l'ombre (d'ici à quelques semaines, il allait se déchaîner dans Infinity Gauntlet). Pas de chance pour Norrin Radd, le voilà convoqué sur Dynamo City, un monde artificiel où règne en maître une bureaucratie corrompue et exaspérante, et où il va devoir répondre du meutre de Thanos. Celui ci était en effet devenu citoyen de Dynamo, pour piéger son adversaire, justement. Le procès se déroule finalement bien pour l'ancien héraut de Galactus, mais une fois acquitté, il ne peut quitter Dynamo City, faute d'avoir sur lui la somme nécessaire pour couvrir les frais de justice. Comme ce monde bien particulier confisque toutes les sources d'énergie de ceux qui s'y trouvent, même momentanément, le Surfer n'est plus qu'un être comme les autres, pénalisé même par sa cuirasse argentée, et handicapé par son incapacité à mener une vie normale. Le voici contraint de chercher un travail pour subvenir à ses besoins et pouvoir quitter sa nouvelle prison. Mais il ne fait l'affaire nul part, et même lorsqu'il finit par accepter de vendre ses souvenirs et ses émotions intimes, pour divertir un public de riches notables du lieu, sa crédulité et son manque de discernement en affaire font qu'il se fait rouler dans la farine là encore. Comment le Surfer pourra t'il s'enfuir de cette dictature bureaucratique, privé de ses pouvoirs, et confronté à l'absurdité quotidienne? Une belle parabole qui évoquera probablement certains souvenirs à tous ceux qui un jour ont du affronter l'aveugle obstination de l'administration, qui parfois ne parvient pas à différencier la loi de son interprétation, et provoque des catastrophes et des drames, en voulant bien faire. Une aventure fort plaisante et différente de ce qu'habituellement le lecteur de l'époque pouvait trouver sur la série régulière du Surfer. On doit ce dilemme cocasse à Jim Starlin, qui prouve ici qu'il n'est pas uniquement le chantre des grandes et longues épopées cosmiques, et n'est pas non plus dénué d'humour! Coté dessins, Ron Lim est à son apogée, et l'encrage de Tom Christopher rend hommage à son trait simple et pur, qui sans fioritures permet de belles planches plastiquement réussies. Ces épisodes particuliers ont été proposés en Vf sur les pages de Nova, la revue éditée par Semic, aux numéros 162,163 et 164, durant l'été 1991. Si vous appréciez le personnage, je vous les conseille vivement!


CAPTAIN MARVEL EST ... CAROL DANVERS

Je vous avais exprimé mes doutes et mes craintes sur le sujet il y a peu. Et bien nous avons évité le pire, et c'est un soulagement. Je parle bien sur de la nouvelle série dédiée à Captain Marvel, prévue pour juillet. Elle sera confiée à Kelly Sue DeConnick et Dexter Soy, et la protagoniste aura pour nom Carol Danvers, qui va ainsi renoncer à son titre de Miss Marvel. Kelly affirme être "obsédée par le fait que Carol ait été pilote. Mon père était militaire et j'ai grandi dans les bases de l'US air force. Cet aspect m'est très familier." Le cast autour de la belle Danvers comprendra des retours comme Tracy Burke ou Frank Gianelli, et Mystique sera également de la partie. Le premier récit mettra en scène une femme, Helen Cobb, héroïne aux yeux de Carol quand elle était encore pilote dans l'aviation. Ce qui va l'amener à accomplir un grand sacrifice. "Cette série devra être optimiste, se concentrer sur le dépassement de nos limites, sur la magie du vol. Mon objectif est de dépasser la douzaine de numéros, ce sera déjà un succès. Prouvez moi qu'une série qui a pour personnage central une femme, qui parle de la force de l'esprit humain, des différentes facettes de l'héroïsme, où personne n'est agressé ou éventré, prouvez moi qu'une telle série peut dépasser le numéro 6..." dixit DeConnick...


THE MANHATTAN PROJECTS : La nouvelle série de Jonathan Hickman

La nouvelle série de Jonathan Hickman, The Manhattan Projects, fait le buzz un peu partout sur les sites spécialisés. Il s'agit d'un titre qui vient de démarrer, et qui se rattache à cette mouvance révisionniste qui voudrait nous apprendre des faits nouveaux sur la seconde guerre mondiale (Hitler is not dead, ou les nazis étaient des aliens, par exemple). Ici, l'auteur s'attarde avant tout sur des scientifiques, et pas des soldats ou des espions. Ceux qui dans l'ombre étaient en charge des projets Manhattan, c'est à dire la conception de la bombe atomique. En fait, on apprend dans ce premier numéro que les véritables intentions du gouvernement américain étaient de découvrir des réalités pan-dimensionnelles, ou d'élaborer une forme d'intelligence artificielle. Robert Oppenheimer (que vous connaissez forcément, tout de même...) est bien sur nommé responsable de ces recherches ambitieuses. Toutefois, l'histoire s'attarde en parallèle sur le jumeau de Robert, pratiquement aussi brillant, mais dont la personnalité mauvaise et carrément psychopathe s'accorde mal avec la trajectoire linéaire de son frère. Tant l'un s'attire les honneurs et semble destiné à une brillante carrière, tant l'autre bascule vers la démence et se découvre une propension au mal qui fait froid dans le dos. Une dualité qui n'est pas sans me rappeler celle entre le professeur Xavier et Cassandra Nova, selon ce que nous apprit en son temps Grant Morrison, sur les New X-Men. Fatalement, les deux frères ennemis vont se recroiser, et il est fort possible qu'un seul sorte indemne de cette dernière confrontation. Avec des conséquences évidentes qu'on n'ose encore imaginer, pour le projet Manhattan et l'avenir du monde libre...
Hickman s'amuse entre science, histoire, et uchronie encore en devenir. C'est assez bien écrit, et plaisant à suivre, reconnaissons le. Nick Pitarra offre des planches où fourmillent les détails, soignées et propres, avec un petit coté Chris Burnham (vu notamment sur Batman Incorporated) qui n'est pas sans me déplaire. A choisir entre science, fiction, ou science-fiction, Hickman a décidé d'intégrer les trois, en prenant soin d'ajouter un "s" au projet américain tristement célèbre. On attend la suite avec intérêt, tant il y a fort à parier que son XX° siècle sera bien différent du notre, et pas forcément meilleur, en bout de course...


BATMAN : UN LONG HALLOWEEN

Urban Comics s'apprête à republier en France une autre des aventures légendaires de Batman, à savoir Dark Victory (Victoire amère). Celle ci fait suite à une première saga particulièrement célèbre et réussie, The Long Halloween, qu'il est possible de récupérer chez Panini, dans une belle et luxueuse version. Avant de nous attacher prochainement à l'album proposé par Urban, revenons aujourd'hui sur ce récit incontournable pour l'homme chauve-souris. 
Christopher Nolan et David S.Goyer avaient admis, peu de temps avant la sortie de leur film  The Dark Knight, avoir été principalement influencé par trois productions liées à l’univers de Batman, pour réaliser ce long métrage couvert de louanges. L’une d’entre elles est bien entendu ce Long Halloween qui est considéré à juste titre comme une des œuvres majeures consacrées au justicier de Gotham. Une chape de plomb emprisonne la ville, alors qu’un mariage entre mafieux est célébré au mois de juin, censé renforcer le pouvoir et l’influence de la famille des Falcone, jusque là guidée d’une main de fer par Carmine, dit « Il romano ». L’événement devrait ramener la concorde entre ce dernier et sa sœur, à Chicago, mais il est aussi le point de départ d’une vaste lutte que va tenter de mener le gouverneur local Harvey Dent, pour faire choir cette joyeuse bande de criminels intouchables. Dent est l’ami du commissaire Gordon, lui-même allié à Batman, et tous les trois scellent un pacte d’honneur pour assainir la ville, tout en respectant les principes basilaires de la justice. Mais voici qu’entre en scène un joueur imprévu, qui va bouleverser la donne et semer l’angoisse et la folie à Gotham, un an durant. Un assassin, que la presse a vite fait de nomme Holiday, refroidit nos mafieux l’un après l’autre, choisissant pour chacun de ses forfaits un jour de fête du calendrier. De Halloween à la Saint Valentin, en passant par la fête des pères (et des mères) son œuvre macabre pose une angoissante question : qui se cache derrière cette vague homicide ? Ne serait-ce pas Harvey Dent lui-même comme finit par le penser Batman, qui refuse toutefois de croire en la culpabilité de son ami ?







Le plus jouissif dans cette histoire, c’est qu’à chaque partie ( il y en a 13 en tout, la première et la dernière d’une longueur double) un nouveau vilain typique de la galerie des ennemis de Batman entre en scène. Le Joker, qui va jusqu’à menacer et humilier Dent chez lui, l’Epouvantail, qui s’enfuit d’Arkham -le célèbre asile de fous- , Poison Ivy qui tient un temps Bruce Wayne / Batman sous sa coupe, grâce à ses phéromones végétaux, ou encore le Chapelier Fou et … Catwoman, dont on ne sait jamais si la compter au rang des alliés ou des nuisances potentielles. Tout un cast que Tim Sale prend un malin plaisir à réinterpréter : Dc lui a laissé carte blanche quand à la représentation graphique des personnages, et il offre là quelques planches de rare qualité ; ma préférée étant cette Poison Ivy dont le cortège de feuilles semble créer un voile nuptial aux multiples facettes, et qui ensorcelle froidement sa victime. Mais ce long Halloween, c’est aussi le tragique destin d’Harvey Dent. Obsédé par une quête de justice qui prend une tournure inquiétante, puisqu’entravée par la corruption galopante qui règne à Gotham, le procureur est défiguré durant un procès, après avoir reçu en pleine face un acide ultra corrosif, qui va lui détruire la partie gauche du visage. Tim Sale fait courir sa fantaisie en exagérant l’état de décomposition du visage ruiné, comme si celui-ci concernait aussi l’âme d’Harvey, comme si la contamination du mal ne s’était pas limité au corps, mais à l’essence même de l’être, pour expliquer la naissance de « Doubleface », ce qu’est donc devenu Dent après l’accident. Le dessinateur a eu carte blanche pour caricaturer à loisir, et cela se voit par exemple avec la dentition de ses personnages. Le Joker a la bouche pleine de touches de piano tordues, celles du Pingouin sont de minuscules crocs acérés prêts à dévorer une proie plus petite… Sans avoir recours à une large palette de couleurs, toujours occupé à entretenir une noirceur de ton et un jeu d’ombres crépusculaires, Sale produit une œuvre aliénante et étouffante où les rares touches de couleur sont censés illuminer brièvement le parcours qui mène à la vérité, sous formes d’indices déposés à chacun des crimes commis au long de l’année. L’histoire de Loeb démarre somme toute lentement, et prend de l’ampleur au fil des pages, il faut lui laisser le temps de s’étoffer, que les fils se nouent et que l’intrigue se tisse, pour totalement apprécier la complexité de la trame d’une enquête, où chaque nouveau comparse hérite d’une caractérisation évidente, et gagne en crédibilité. Si Year One est le récit fondamental pour expliquer le choix de Bruce Wayne, de devenir le Batman, The Long Halloween est une introduction parfaite à toute la galerie de vilains qui empoissonnent l’existence de Gotham, et à la paranoïa qui rend cette ville si particulière et expressionniste. Une victoire à la distance, par KO, sur toutes les autres tentatives précédentes d’écrire la genèse de cette société dérangée.


Rating : OOOOO

BATROC ou la triste caricature du french criminel

Petit clin d'oeil humoristique, encore que déprimant sous certains aspects, que celui que je vous propose ce jour. Certains lecteurs distraits de comic-books se plaignent parfois que les français sont sous représentés dans l'univers Marvel. Ce qui est assez logique, compte tenu que la grande majorité des aventures que nous lisons sont réalisés par des américains, et les personnages agissent dans un contexte lui aussi américain. Parfois, des tentatives sont faites, ou ont été faites, pour proposer des (anti) héros bien de chez nous. Le résultat est globalement consternant, caricatural, voire offensif. Par exemple, étudions le cas de... Batroc! Rien à voir avec la famille de Batman, malheureusement. Batroc, de son vrai nom Georges Batroc, est déjà ridicule, rien que dans son patronyme, qui fait clairement allusion aux batraciens, qui sont comme le savez tous la nourriture nationale de la France. Batroc saute à la manière des grenouilles, c'est un combattant dynamique qui maîtrise plusieurs types d'arts martiaux et de sports de combat, dont la savate, cet ancêtre de la boxe française, qui est bien utile face à un petit malfrat de quartier, mais assez vain quand en face vous retrouvez le Punisher, Captain America, ou Spider-Man. Un jour qu'il était en mission pour le compte de l'A.I.M, il fut défait rapidement par Steve Rogers, justement, et décida alors qu'un des buts de son existence serait de combattre le symbole ricain par excellence. Un formidable moyen pour Marvel d'entretenir la flamme de la rivalité entre nos deux nations, tout en s'assurant que la notre en sorte systématiquement écornée et raillée. Notre ami créa même un temps une sorte de "brigade de Batroc" mais ce ne fut que pour subir de nouveaux revers toujours plus cuisants. Même son élocution, les mots choisis, le vocabulaire (et là ceux qui lisent la VO s'en rendront bien mieux compte) est pitoyable. Un croisement génétique entre Pépé le putois (lui même caricature de Yves Montand) et l'inspecteur Clouseau, totalement improbable, avec moustache en croc comme cerise sur le gâteau. Pour le lexique, on n'a pas fait pire depuis, à part peut être Gambit... Malgré tous ces défauts évidents, Batroc est toujours libre de ses mouvements, et on l'a récemment vu dans Civil War. J'ai perdu sa trace depuis, peut être en savez vous plus que moi. 
Ma conclusion est que l'heure est venu de créer notre Reverse-Batroc. Par exemple, Hamburgroc, super héros stéroïdé qui mâche en permanence un chewing-gum, est affligé d'une surcharge pondérale, et donne la chasse à tous les musulmans du globe parce qu'ils seraient, sans exception, de dangereux terroristes à arrêter. Par chance, c'est bien connu, nous ne sommes pas si chauvins et stupides. Et de toutes manières, nous sommes bien incapables de les réaliser nous mêmes, ces histoires de super-héros. Encore que, un jour, il faudra que je vous décante ma passion pour Mikros, Photonik, et les french creation des années 80. A plus ! 


WALKING DEAD, C'EST DANS PLAYBOY !

Vous allez pouvoir lire du Walking Dead sur Playboy. C'est aussi bizarre et crédible que de lire Placid et Muzo (pour ceux qui ont connu Pif Gadget) dans France Football ou bien les X-Men dans Modes et Travaux. Mais c'est comme ça. En avril, les lecteurs du célèbre magazine pour adultes de Hugh Hefner se verront proposer une histoire de Robert Kirkman, qui reviendra en détail sur les origines de Michonne, un des grands personnages du comic-book, jusque là absent de la série télévisée édulcorée. Les dessins seront bien sur de Charlie Adlard. Kirkman s'empresse de commenter que "... c'est un honneur de faire partie d'une publication historique comme Play-Boy. Je suis enthousiaste de partager une série comme Walking Dead avec les lecteurs, tout particulièrement avec une histoire aussi importante comme celles des origines de Michonne.". Ouais, pourquoi pas... Si la commande avait été passé pour la version française, on aurait pu faire le rapprochement entre Michonne, cochonne, et nichons, mais là vraiment, pourquoi sur Playboy, je n'ai pas d'opinion. Promis, dès demain j'achète Milf Magazine, il parait que Bendis leur a écrit une nouvelle série Avengers...


DEADPOOL MAX : UN PENCHANT POUR LA VIOLENCE

Bon, et bien il va falloir le dire tout de suite, ce premier album de la collection Deadpool Max fait fort dans la provocation et le mauvais goût assumé. Il faut bien vendre. Et pourtant, c'est loin d'être une mauvaise idée que de s'y pencher, surtout si vous avez un petit faible pour les récits extrêmes à la Garth Ennis, par exemple. Ici, nous retrouvons Bob, le compagnon d'arme malgré lui de Wade Wilson, en tant que narrateur. Toujours aussi pathétique et dépassé, il expose ses mésaventures avec Deadpool, dans une tentative d'infiltration chez Hammerhead, ici représenté dans une version aussi grotesque que gore. Bob doit payer "physiquement" de sa personne pour cette mission, quand au mercenaire with a mouth, il est carrément découpé en petites rondelles et décapité, comme le fut le Punisher en son temps. Sauf qu'en fait, c'est une ruse que les deux compères ont eu l'idée de mettre en place. Le lecteur le plus sensible aura de toute manière déjà décidé de rebrousser chemin, dans cet album où se côtoie allégrement des putes, la sodomie, ou encore les matières fécales. Chris Baker dessine le tout sans se soucier de la moindre attention au réalisme. Lui aussi surjoue la carte de la caricature, du grotesque, dans un style cartoon crade qui finalement colle bien au ton de cette histoire, si over the top, sous pas mal d'aspects. On peut quand même se poser cette question : est-ce un bien, ou un mal, que désormais la violence ou le sexe soient aussi explicites dans les comic-books, même si ceux ci sont publiés sous une étiquette spécifique (Max) censée avertir le plus jeune public? Pour ma part, je suis heureux que la censure ait reculé et que tout soit plus ou moins possible, encore que beaucoup de sujets restent tabous, surtout lorsqu'ils touchent au racisme, aux différences ethniques ou religieuses, au terrorisme islamique. Le problème, c'est que trop souvent ces expédients sont utilisés pour masquer un scénario indigent, ou qui manque cruellement d'originalité. Dans le cas de ce Deadpool Max, par exemple, on passe un bon moment, fun, très libre dans le ton, très ironique et provocateur, mais il n'est pas certain que le récit en soi, la trame, soit des plus raffinées ou originales. Deadpool comme forme ultime de l'art, qui tend à ressembler à du divertissement à consommation immédiate, purement et simplement?


Rating : OOOOO



LA NUIT DES LANTERNES CHEZ DELCOURT : LE DEUIL, LA COLÈRE, L'HORREUR

 Le personnage principal de cet album signé Jean-Étienne s'appelle Eloane. C'est une jeune femme qui retourne dans la maison familia...