X-MEN UNIVERSE 1 : MARVEL NOW CHEZ PANINI

Seconde revue mensuelle consacrée aux mutants, place à X-Men Universe. Qui possède un sommaire variée, avec une partie concernée en plein par l'opération Marvel Now, et une autre partie qui l'est moins, ou pas encore. C'est bien sur Savage Wolverine qui tient le haut du pavé, coté nouveauté. En gros, le griffu se retrouve projeté en pleine Terre Sauvage, sans qu'il puisse savoir comment, ou pourquoi. En tous les cas, ça tombe bien car Shanna la Diablesse et des agents du Shield y sont retenus prisonniers, sur une île dont il semble impossible de s'évader, et ceci depuis de longs mois. Frank Cho a encore de gros progrès à faire en tant que scénariste pour captiver ses lecteurs, ou tout simplement devrait-il avoir des idées plus novatrices. Reste qu'il dessine toujours de belle manière, et que les amateurs de formes plantureuses vont en avoir pour leurs cinq euros. Ensuite, place à Uncanny X-Force, qui repart aussi du numéro 1. Mauvaise pioche, la série est assez confuse, et j'imagine mal un nouveau lecteur alléché par l'étiquette (Marvel Now!) comprendre qui sont tous ces personnages, et ce qui les relie ou les déchire (par exemple, le conflit entre Psylocke et Spirale, qui n'est pas clairement expliqué aux novices). On y trouve un duo de filles en colère (Tornade, Psylocke), un Puck de retour dans la peau d'une sorte de mac de petite taille (il est désormais interdit de dire que c'est un nain) ce qui ne colle pas trop avec sa véritable personnalité, mais aussi Spirale qui semble être concernée par un réseau de drogue de nouvelle génération, peut être favorisé par l'apparition d'une nouvelle petite mutante, qui peut relier les consciences des invidus dans son proche voisinage. Sam Humphries lance pas mal de pistes dans ces deux épisodes, qui sont quand même un poil brouillons. Ron Garney assure une prestation très convenable aux dessins, mais par pitié, ce type de colorisation par ordinateur finit par tuer l'âme du comic-book. Au passage, on revoit aussi Bishop (est-ce bien lui? Est-il mort?) qui se contente de grogner et menacer. Génial. 


Le reste de la revue n'est pas forcément à placer sous le sceau de Marvel Now. La série Astonishing X-Men continue sur sa lancée habituelle, et cette fois elle offre un regard particulier sur Warbird, guerrière Shi-Ar, qui tente tant bien que mal de trouver sa place parmi nous. On en apprend un peu plus sur sa personnalité, et sur l'aversion de ceux de sa race envers tout ce qui échappe à une logique utilitariste et belliciste, et relève plutôt du domaine de l'art. Le discours de fond développé par Marjorie Liu n'est pas mauvais du tout, mais l'épisode manque de rythme, et il est fichtrement mal dessiné, voire carrément bâclé et hideux dans les derniers planches, où officie un tâcheron du nom de Felix Ruiz. La fin est l'apanage de Age of Apocalypse, qui remporte la palme d'or de l'histoire la plus inaccessible pour le nouveau lecteur, de toute la production de comics all-time. J'imagine la tête de celui qui se lance dans les comics avec ce numéro 1 de X-Men Universe, et qui découvre ce récit où Monet St Croix (alias Penance) revient à la vie, où Wolverine (Arme Omega) semble être le maître du monde, et où toutes les références à l'Ere d'Apocalypse (c'est de là que vient bien sur toute cette cohorte d'événements) sont cryptiques et complexes. Vous avez dit Marvel Now, ou plus tard? En plus ce n'est même pas si bon que ça, loin de là, même pour les habitués. Le tandem Lapham / Arlem accouche d'une vingtaine de pages anonymes, à un point qu'on se surprend à penser que l'existence de ce mensuel est assez inexplicable. Du coup un constat s'impose : X-Men Universe est loin d'être indispensable, c'est peut être le titre Panini le plus fragile et dispensable. Vivement les x-Men de Wood et Coipel.


MARVEL NOW LE VERDICT (2) : THOR GOD OF THUNDER DE AARON/RIBIC

Les chaises musicales semblent caractériser l'opération Marvel Now. Les artistes cèdent les commandes de leurs séries respectives, pour aller voir ailleurs chez le voisin, et prendre la relève. Du coup c'est Jason Aaron qui échoue sur Asgard, et on ne va pas s'en plaindre. Avec Thor, il est de bon ton de parler Dieux, c'est d'une logique implacable. Le fils d'Odin aime qu'on le vénère, et il existe une raison simple à cela : quand il n'y a plus personne pour penser et prier un Dieu, que devient celui-ci? Il n'est plus, puisque Dieu est aussi, d'une certaine manière, une création de l'homme (n'en déplaise à ceux qui ont comme conviction que Dieu a créé l'humanité). Un peu comme l'oeuf et la poule, difficile de savoir qui est venu le premier, le cycle semble inépuisable et inéluctable, et il porte un nom célèbre dans la cosmogonie nordique : Ragnarok. C'est ainsi que Thor est fort surpris, en intervenant pour sauver une planète de la sécheresse qui la menace. Si une des habitantes a bien pensé le convoquer dans ses prières, les autres n'ont cure des récits fantastiques qu'il leur raconte autour du feu. S'ils sont séduits par les merveilles narrées, cela reste à leurs yeux des affabulations, et ils ont bien du mal à croire que tout cela existe. Un peuple qui n'aurait personne en qui croire, un peuple sans Dieux, cela peut-il vraiment exister? Thor a des doutes à ce sujet, et en menant son enquête, il finit par découvrir une réalité des plus angoissantes. Dans les parages d'Indigarr, il existe un lieu reculé où les anciens Dieux de la planète, aujourd'hui oubliés, auraient été massacré, pendus à des crocs de boucher, exterminés. Qui a bien pu commettre un crime aussi odieux? Qui a la force pour décimer tout un panthéon? Une question qui trouve un début de réponse dans le lointain passé, dans la jeunesse de Thor, un jour où le jeune blond au marteau trouva la tête coupée d'un Dieu dans un fleuve, sans savoir que c'était là probablement le premier pas vers l'apocalypse, la fin des siens et du monde. Commence alors une aventure en trois temps, qui s'étale du huitième siècle à nos jours, pour s'achever dans un très lointain futur. La nouvelle série de Jason Aaron avait tout les symptômes d'un titre qui allait m'ennuyer ferme, mais je reconnais m'être trompé : elle débute sous de très bons auspices, et développe un discours sur la nature même des Dieux qui mérite vraiment que le lecteur s'y attarde et s'y absorbe en réflexion. Esad Ribic offre une atmosphère très particulière avec ses dessins, qui évoquent de belles peintures nordiques, et des Dieux exterminés droit sortis des oeuvres de Moebius. Le verdict d'UniversComics? Une bien belle réussite. C'est vraisemblablement un des meilleurs arcs narratifs du Dieu Tonnerre qu'il m'ait été donné de lire depuis longtemps. La série gagne en complexité épisode après épisode et bénéficie d'un traitement graphique de premier ordre. Rien que pour elle, je vous recommande de jeter un oeil à la revue Avengers Universe (chez Panini) dont le numéro un est en kiosque, et comprend aussi Avengers Assemble, Fearless Defenders, Indestructible Hulk, et Captain America. C'est à mon sens le fer de lance de l'ensemble.


X-MEN 1 : MARVEL NOW CHEZ PANINI

La révolution mutante est en marche! Scott Summers s'est évadé de prison, et il est désormais à la tête des mutants dissidents, ceux qui n'acceptent plus le rêve de cohabitation pacifique de Charles Xavier avec un sourire béat aux lèvres, mais qui sont prêts à riposter en cas d'agression, voire même envisagent de prendre l'initiative. Il faut dire que Cyclope a fini par tuer le père, au sens propre comme au figuré, même si sous l'emprise maléfique de la force Phénix. Aujourd'hui, il s'agit avant tout, pour les autres X-Men, de le ramener à la raison. Pour ce faire, Hank McCoy, le Fauve, a une idée. Désespéré et malade (une nouvelle mutation secondaire est sur le point d'altérer sa physionomie, ne manquez pas les prochains mois pour en savoir plus), il finit par se résoudre à remonter le temps pour aller extraire les premiers X-Men, c'est à dire la version adolescente de lui même et de ses premiers amis; Scott Summers donc, mais aussi Jean Grey (qui est décédée dans notre présent), Bobby Drake, et Warren Worthington III. Les minots sont lookés comme dans les sixties, avec la cravate et la coupe de rigueur, et pourtant leurs pendants adultes n'ont guère que 10/15 ans de plus. Mystère des lignes temporelles et de la continuity Marvel. En tous les cas les dessins de Stuart Immonen sont vraiment très beaux, légèrement rétros par moments, toujours lisibles et dynamiques, sans fanfaronnades pour autant. Bendis s'amuse comme un fou avec les mutants, lui qui avait décidément tout dit avec l'univers des Avengers. Une nouvelle ère s'ouvre pour le scénariste en chef de chez Marvel, avec cette série pétillante, qui va parfois un poil trop vite, mais reste de bien belle facture. A lire absolument cet été.


Au sommaire aussi, le premier épisode de l'autre grande série mutante, Uncanny X-Men (vol.3). Toujours gérée par Bendis, avec cette fois Chris Bachalo au dessin (et un Cyclope plus effrayant que jamais avec ce gros X qui lui sert de visière), nous suivons pas à pas les membres radicaux de la communauté mutante, ceux qui ont choisi de se rallier à Scott Summers. Et sa femme, Emma Frost (bien qu'il y ait de l'eau dans le gz entre les deux), Magneto, ou encore la sorcière Ilyana Raspoutine. Ce groupe tente de mettre la main sur les jeunes mutants qui continuent d'apparaître un peu partout sur le globe, afin de les prendre en charge et de les former par la suite. Bref, la continuation du rêve et des idéaux de Xavier, mais dans un contexte paramilitaire qui fait du groupe une bande de terroristes en puissance, qui ne rassure pas les pouvoirs politiques, mais s'attire la sympathie du grand public. Pour finir, la réponse à la question : que devient Cable. Il a rebâti sa X-Force, avec de nouveaux membres (Forge, Docteur Némésis, Colossus...) et d'anciens (Domino). Ce titre nous montre comment cette joyeuse bande elle aussi plutôt militarisée s'en sort, braquée par les Uncanny Avengers qui souhaite les canaliser, tandis que Cable retrouve sa fille d'adoption, Hope Summers, qui va jouer aux héros sur la plage de Miami, lors d'une invasion techno organique. C'est assurément la série la plus brouillonne et la moins adaptée pour les nouveaux lecteurs, alléchés par l'opération Marvel Now. Ceux qui ignorent l'identité des personnages risquent d'être déroutés, les autres prendront du plaisir mais seront frustrés par le caractère elliptique du scénario de Remender. Deux épisodes ne suffisent pas pour comprendre où il veut vraiment en venir. Les dessins sont de Salvador Larroca. Je passe mon tour sur ce sujet précis, car je n'ai jamais caché que je n'apprécie pas du tout cet artiste, même si j'admets que là ses planches sont bien plus soignées et précises que son récent travail sur Iron Man. Pour finir un petit conseil, si vous avez quelques euros de plus à investir, optez pour la superbe variant cover d'Immonen, tirée à 1300 exemplaires. 7,50 euros mais du bel ouvrage. 


SPIDER-MAN 1 : MARVEL NOW CHEZ PANINI

Nouveau départ pour la revue Spider-Man, avec pour le moment trois séries différentes au menu. C'est bien sur Superior Spider-Man (la nouvelle dénomination d'Amazing Spider-Man) qui tient le haut du pavé. Peter Parker n'est plus, seule une partie de sa conscience continue de se manifester pour "aiguiller" Otto Octavius, qui s'est emparé de son corps dans le déjà mythique numéro 700, à faire le bien. Ce n'est pas une mince affaire car Octopus n'est pas ce qu'on pourrait appeler un chic type, loin de là. Pire encore, le fait de le voir se rapprocher dangereusement de la belle Mary-Jane ne laisse rien augurer de bon à ce pauvre Peter l'ectoplasme. En attendant, il faut admettre que ce Spider-Man là est un peu plus radical que son prédécesseur, et s'en sort plutôt bien, en mettant tout le génie et toute la science qu'il possède au service de sa croisade. Une nouvelle mouture des Sinister Six va en faire les frais, sous les yeux des journalistes convoqués pour assister à l'événement. Dan Slott continue de diviser les fans à l'extrême. De l'amour à la haine, en deux épisodes mis en images par un Ryan Stegman de plus en plus sur de son style, dans un découpage et une mise en page qui rappelle un peu un Bachalo plus sage et posé. Ce n'est pas mal du tout, plastiquement parlant.

Les fans de Parker peuvent retrouver leur personnage favori dans deux numéros d'Avenging Spider-Man. Le jeune homme a été capturé en Terre Sauvage (avec ses collègue des labos Horizons) par Cervico, qui a transformé tout un pan de la préhistoire locale en une cohorte de monstres mutants au service du mal. Spidey reçoit l'aide de Devil Dinosaur et de Moon-Boy, une sorte de singe pensant, deux des créatures les plus dingues de Jack Kirby, et qui ont connu une carrière anarchique et pas toujours au sommet. L'occasion d'une parenthèse sympathique et à prendre au troisième degré, signée Cullen Bunn. Gabriele Dell'Otto, un très grand nom, est assez étonnamment recruté pour le dessin, mais comme il ne peint pas ses planches lui même, comme il en a l'habitude, le style varie quelque peu de celui hautement spectaculaire que vous êtes nombreux à admirer. C'est fort joli quand même. Pour conclure, retour en arrière avec Amazing Spider-Man 692, qui voit Spider-Man en retard pour une conférence dans son ancienne faculté. Il faut dire que sur le chemin pour s'y rendre, il lui arrive toute une série de mésaventures, mais aussi une belle rencontre : un geek un peu solitaire avec qui il va faire les 400 coups dans toute la ville. L'occasion de retrouver les dessins filiformes et fantomatiques (les fonds de case sont spectrales) de Nuno Plati, qui a au moins le mérite d'être tout à fait dans le ton de cet épisode récréatif. A défaut de démarrer sur les chapeaux de roue, le nouveau mensuel de Spider-Man fait sourire.


100% MARVEL HAWKEYE : MA VIE EST UNE ARME

Pour les plus jeunes lecteurs, Hawkeye est ce Vengeur doté d'un arc et d'une habileté hors du commun, reconnu sous les traits de Jeremy Renner au cinéma, avec plus ou moins de conviction. Pour les plus anciens, ce personnage est aussi "Oeil de Faucon", comme Clint Barton était traduit de par chez nous, à la bonne époque. Un justicier un peu hâbleur, grande gueule, mais fort attachant. Le voici de retour en librairie, chez Panini, dans la collection 100% Marvel, qui abrite de la sorte la dernière maxi série en date (ou devrais-je dire on going?) consacrée au héros à flèches. Les cinq premiers numéros sont ici rassemblés, et nous permettent de suivre tout d'abord trois récits indépendants, dans lesquels Clint à maille à partir avec la mafia russe qui contrôle l'immeuble ouù il réside (et plus particulièrement le prix des loyers), fait équipe avec la jeune Kate Bishop (elle aussi a pris l'identité de l'archer durant son séjour chez les Young Avengers) contre une bande de criminels du cirque, qui vole d'autres mauvaises graines, et enfin séduit une belle rousse qui a toute une cohorte de malfrats aux trousses, mais aussi une belle voiture vintage que Barton est décidé à acheter. Enfin les dernières pages sont dédiés à une aventure en deux parties, The Tape, où il est question d'aller jusqu'à Madripoor (une île fictive sur le modèle de Hong-Kong, paradis de la pègre mondiale, bien connue des amateurs de Wolverine) pour récupérer une vieille cassette vhs, où Hawkeye assassine un criminel et risque de compromettre son propre gouvernement. Une vente aux enchères de l'objet est organisée, qui va vite virer au délire et à l'aventure la plus rocambolesque. Rien à dire, on ne s'ennuie guère dans ce premier tome, surtout dans sa seconde partie, avec sa belle grande tranche d'humour frais.

Allez vous renseignez, regardez un peu les différentes critiques reçues par cette série aux Etats-Unis. Vous verrez. C'est un concert de louanges, et bien peu osent dire qu'ils n'y ont pas trouvé d'intérêt. Car oui, Hawkeye est une série fort agréable et intelligente. Le personnage n'est pas ici dans sa version gros bras des Avengers (pour cela lisez les revues Panini consacrées à cette équipe merveilleuse) mais dans une incarnation plus intimiste, alimentée par le rapport amical (et de douce séduction innocente) avec Kate Bishop, qui gagne en stature au fil des pages. Matt Fraction s'amuse et nous amuse, ce qui n'arrive pas si souvent. On le sent à l'aise avec ce polar caustique et urbain, qui déborde vers le super-héroïsme pur et dur sur la fin (Kingpin, le Shield, la Main, sont présents). David Aja, enfant de la pub espagnol, réussi le tout de force de garder un style très décomplexé et minimal par moments, tout en organisant une construction des planches minutieuses et truffée de petites cases, qui regorge de trouvailles sympathiques (dans les angles de vue, la dynamique de l'action, ou l'humour pur et simple, comme quand un petit masque du héros sert de cache sexe lors d'une cascade dans le plus simple appareil, au saut du lit). Javier Pulido est moins original et audacieux, moins minutieux, mais son style colle tout de même pas mal à celui des trois premiers épisodes. Il se dégage une bonne ambiance de série B attachante de ce premier volume de Hawkeye, qui pourrait bien être une des vraies bonnes surprises de l'été, dans vos comic-shops. 12 euros seulement, de quoi se laisser convaincre d'y jeter un oeil.



MARVEL NOW LE VERDICT (1) : AVENGERS DE HICKMAN / OPENA

L'ère Brian Bendis est officiellement morte et enterrée, et c'est au tour de Jonathan Hickman de prendre la relève. Avengers (tout court) est le fer de lance de la famille, le mensuel qui met en scène les plus grands héros de la Terre dans toute leur splendeur. Le problème du scénariste, c'est cette tendance à la décompression maximale, à ces histoires au long cours, qui lues sur le moment, chaque mois, semblent n'avancer qu'à pas de fourmis, et ne prennent toute leur cohérence qu'une fois rassemblée et appréciée dans leur totalité. Là encore, le début de ces nouveaux Vengeurs est cryptique, puisque nous apprenons de la bouche de Tony Stark qu'un gros malheur à frappé nos héros, et que petit à petit nous remontons le temps pour tenter d'y voir plus clair. La bonne pioche, c'est la création d'une nouvelle menace d'importance pour les Avengers, une race surpuissante (les Bâtisseurs) menée par un certain Ex Nihilo, et ses compagnons d'armes Aleph (un robot sans pitié) et Abyss (sa soeur). Ce trio hésite entre deux hypothèses : détruire notre planète, ou la faire "évoluer" artificiellement, vers quelque chose d'autre, en en bouleversant la biosphère par le biais de bombes évolutives. La force de frappe dont ils disposent, depuis la planète Mars, est suffisante pour mettre la pâtée aux Vengeurs (qui sont fait prisonniers) et pour humilier Captain America, qui est renvoyé chez nous comme le messager révélateur de la menace. Une erreur stratégique, car Steve Rogers et Tony Stark avaient anticipé le problème, en décidant de passer à la vitesse supérieure, en ouvrant les portes des Avengers a de nombreux héros réservistes, pour en faire une armada qui a réponse à tout. L'occasion de revoir des individus comme Hyperion, smasher (de la Garde Impériale Shi-Ar) ou encore Solar et Rocket, deux anciens New Mutants qui sont recrutés pour l'occasion. Le tout est mis en image par les jolis crayons tout en retenue de Jerome Opena, qui pèche toutefois dans la caractérisation de plusieurs visages, et n'est pas très aidé par la colorisation minimale de Dean White. Le verdict d'UniversComics? Mention bien. La série part sur de bons rails, propose un adversaire de poids qui va poser bien des problèmes aux Vengeurs, et introduit une nouvelle menace qui est destinée à peser fortement sur les idées futures d'Hickman concernant Iron Man et consorts. On sort du style soap-opera de Bendis, le changement a du bon, car se renouveler, c'est parfois le gage de ne pas tomber dans la sclérose invalidante.
AVENGERS est publié dans la revue du même nom (Avengers, donc) chez Panini. Chaque mois, deux épisodes. Les deux premiers sont en kiosque depuis le 2 juillet, donc


AQUAMAN TOME 2 : L'AUTRE LIGUE

Les bonnes nouvelles continuent pour les nouveaux lecteurs de l'univers Dc. Je pense principalement à ceux qui ont découvert Aquaman avec la série des New 52. S'ils ont pu faire ample connaissance avec Arthur Curry, et découvrir un héros enfin "déringardisé" et prêt à vivre de passionnantes aventures, dans le tome 1, ce second album est l'opportunité idéale pour aller fouiner un peu dans le passé de Aquaman, et de rencontrer un des ses grands ennemis. En l'occurrence, Black Manta, dont la haine envers le fils d'Atlantis a des racines bien profondes, qui seront peu à peu révélées au fils des pages. Un adversaire de taille et au look effrayant, avec cet étrange casque et cette combi noire qui marque bien les esprits. Arthur, lui, n'a pas toujours été un héros sans peur et sans reproches. Avant d'être le paladin de la justice que nous connaissons, il a fait partie d'un groupe de redresseurs de torts appelé "The Others" dont chacun des membres est chargé de conserver un des artefacts du premier roi d'Atlantis, après l'engloutissement de ce continent mythique. Des objets à pouvoirs qui ont le don d'attiser la convoitise de Black Manta (et d'un mandataire inconnu qui tire les ficelles en coulisses). Celui-ci n'hésite d'ailleurs pas à tenter de supprimer un par un les dépositaires des objets sacrés, pour s'en emparer et se rapprocher de son but ultime : la vengeance contre Aquaman, et au passage la domination sur ce qui restera des terres émergées, après une gigantesque catastrophe planétaire. Vous avez dit mégalomanie?


Geoff Johns continue donc son travail d'orfèvre avec Aquaman, sur l'exemple de ce qu'il avait pu faire voici quelques années avec Green Lantern. Une rédéfinition lente et efficace du personnage, de ses motivations, son caractère, ses ennemis, le tout avec une crédibilité et une autorité qui ne lui a pas toujours été accordé autrefois. En quelques épisodes, Johns parvient aussi à mettre en scène des alliés tirés du passé d'Aquaman, à une époque où le héros était tellement auto-centré sur ses propres buts et motivations qu'il en était trop égoïste et insensible pour vraiment mériter ce titre. Cette fine équipe est attachante et équilibrée (entre autres un russe élevé pour être le spationaute ultime, une chasseuse africaine affriolante qui n'est pas du goût de Mera, la compagne d'Arthur, un ancien marine hanté par les fantômes de ses camarades d'armes tombé au combat...) et sait atteindre sa cible, à savoir décrocher la compassion et l'attention des lecteurs. Les dessins sont aussi pour beaucoup dans l'affaire. Ivan Reis est incontestablement un des artistes les plus propres, lisibles, et qualifiés pour ce genre de titre. Les planches sont dynamiques, et offrent nombre de splash page réussies et saisissantes. Aquaman est en outre une série ultra facile à lire, qui ne nécessite pas de connaissances particulières sur les zones d'ombre de l'univers Dc, et évite habilement temps morts et épisodes de remplissage. Vraiment le genre d'album sympa que je recommande à ceux qui veulent suivre une bonne intrigue super-héroïque sans devoir se farcir des lustres de continuity. Avec un personnage dont plus personne n'attendait rien, et qui est (re)devenu ultra cool, bien plus que son pendant chez Marvel, Namor, dont la dernière interprétation savoureuse remonte à celle de John Byrne, dans les années 90. Aquaman remporte momentanément la bataille des mers.




MARVEL UNIVERSE 8 : LA QUETE DE THANOS (THANOS QUEST)

Thanos est aussi un être doté d'une profonde réflexion. Lorsqu'il se plonge dans ses méditations, il en sort rarement quelque chose de bon pour l'humanité. Par exemple, contempler le puits de l'infini lui donne des idées morbides. Voici le Titan qui se met en quête des six joyaux qui réunis, confèrent à leur détenteur un pouvoir divin, la toute puissance sur tous les aspects de la création (du temps à l'espace, de l'âme à l'esprit). Le but est effrayant : recevoir l'approbation de la Mort, pour qui Thanos semble particulièrement épris, et bien décidé à trucider la moitié de la population du cosmos en cadeau de fiançailles. Pour récupérer les gemmes en question, le diabolique méchant de l'histoire se lance dans une quête périlleuse, au terme de laquelle il arrache de haute lutte chacune des pierres précieuses. The Collector, The Gardener, et d'autres figures du panthéon cosmique, sont tour à tour défiés et terrassés par Thanos, au cours de duels mémorables qui scandent l'inéluctable : l'accession au statut de Dieu fou d'un nihiliste sérieusement mauvais, dans une des plus marquantes et spectaculaires sagas de l'histoire Marvel, orchestré par un Jim Starlin touché par la grâce.


Cette Quête de Thanos avait déjà été publié par Semic, dans la collection Récit Complet Marvel, en apéritif à la légendaire Infinity Gauntlet (au départ titré Défi de Thanos en Vf). Il semblait inéluctable qu'un jour Panini se penche sur le sujet, d'autant plus qu'il fallait bien temporiser avec la revue Marvel Universe, en attendant les nouvelles sorties liées à l'univers Marvel Now et ses conséquences (par exemple les origines de Thanos, dans Thanos Rising, dans quelques mois). Ron Lim offre pour l'occasion un de ses travaux les plus soignés et réussis. Apparemment l'association en binome avec John Beatty à l'encrage est pertinente et fructueuse. Ce qui frappe dans cette saga, c'est la haute qualité morale et psychologique qui transpire de l'ensemble. C'est l'amour, aussi pervers et narcissique qu'il puisse être, qui guide un être aussi retors et à part dans l'équilibre de l'univers, à envisager et ambitionner un génocide d'ampleur cosmique, qui sera réalisé par la suite dans Infinity Gauntlet. C'est aussi la solitude, celle d'un Dieu proclamé et menaçant, mais qui reste intrinsèquement seul et frustré de ne pas jamais pouvoir atteindre le but si simple et si compliqué à la fois de tout un chacun : trouver un instant de bonheur, de répit, dans une existence tortueuse. Thanos, aussi puissant, dangereux, que pathétique. Dernière piqûre de rappel : cette sortie kiosque est incontournable, qu'on se le dise.


SUPERMAN MAN OF STEEL ( LA CRITIQUE)

Man of Steel est un film important pour la Warner et Dc Comics, pour plusieurs raisons. Il s'agit bien entendu d'engranger le meilleur résultat possible au box-office, pour un long métrage qui a coûté plus de 140 millions d'euros à ses producteurs. Mais aussi de préparer le terrain au très attendu film Justice League, seule arme capable de contrer la domination sans partage d'Avengers et consorts de chez Marvel, maintenant que la trilogie Batman -par Nolan- est achevée. Pour finir, le but est encore de faire oublier le bien fadasse Superman Returns, dernière tentative en date d'adapter l'univers de l'homme d'acier sur grand écran. Au final, David S.Goyan et Zack Snyder rendent une copie plus qu'honorable, qui parvient à crédibiliser plus d'un point discutable de la carrière de Superman (le costume, Krypton, la découverte des pouvoirs) sans jamais ennuyer le spectateur, sauf peut être lors d'une dernière demie heure qui donne dans la surenchère (explosion, luttes, faible lisibilité de certaines actions qui se perdent dans le grand guignol héroïque d'une Metropolis en flammes et en ruine.). D'emblée, nous découvrons une Krypton qui se meurt, et certains personnages cruciaux sont introduits avec pertinence, comme les parents du héros (la famille El) ou encore le général Zod, que nous prenons en pitié autant que nous le détestons. Sa vision du monde est extrémiste et peu nuancée, mais il a grandit, a été conçu dans un but unique, selon les préceptes eugénistes de sa société cruelle, et une grande partie de son déterminisme aveugle n'est même pas son propre fait. Le petit Kal-El est lui envoyé sur Terre pour assurer une survie qui a du miraculeux, et il bénéficie là des rayons jaunes de notre soleil, qui en font un être d'une puissance colossale. Si rien ne nous est montré de l'atterrissage et des premières années, les coups d'éclat du jeune homme encore collégien, puis ses premières velléités d'émancipation adolescente sont assez intéressantes. Petit à petit la légende se construit, tout en s'imbriquant dans une histoire présente, celle d'un Clark Kent devenu adulte et retrouvant les traces de sa culture natale, dans un astronef géant échoué sous la banquise. A partir de là le film s'emballe et Kent devient un super type en costume qui teste ses pouvoirs en fracassant des rochers et la glace, avant de se confier à la journaliste Lois Lane, qui ne le décevra pas, ni ne le trahira. 33 ans après son arrivée parmi nous (vous avez saisi l'allusion à peine voilée) l'homme est transfiguré et devient un surhomme, un Superman.


D'ailleurs cette indication temporelle n'est pas la seule à renforcer l'idée d'un Superman christique. Les paroles de son géniteur naturel (pour eux tu seras un Dieu...), les poses messianiques lors de certaines scènes (bras en croix) ou encore le choix que fait Superman entre le peuple de Krypton et celui de la Terre (les premiers ont déjà eu "leur chance", ce qui n'est pas sans rappeler l'Ancien Testament, que le Nouveau vient mettre à mal, la relation avec le divin échappant à une communauté juive qui n'a pas su reconnaître et considérer le message qui lui était adressé premièrement), tout ceci appuie la thèse d'un super-héros qui joue malicieusement avec la culture judéo-chrétienne pour s'élever encore d'avantage au dessus d'une humanité qui le révère, ou le craint. Dommage que plus nous nous rapprochons de la conclusion, plus les effets spéciaux, la bataille rangée, et les coups et explosions en tout genre prennent le dessus sur une tentative jusque là louable d'analyse escatologique du personnage de Superman. Smallville et Metropolis deviennent des champs de ruine, les coups pleuvent, et parfois le spectateur ne sait plus trop lui même où il se trouve, ni comment notre héros va parvenir à repousser la menace, à moins d'être un familier du jargon pseudo science-fictionnesque seul capable de vaincre ces aliens surpuissants. Autre petit point faible, les moments intimistes, larmoyants et mièvres, que les américains ne peuvent se passer d'inclure dans leur blockbusters. Le jeune Clark qui voit son père emporté par une tornade (alors qu'il pouvait bien sur le sauver, à condition de révèler ses pouvoirs au monde. Je ne suis pas certain que le Superman des comic-books aurait opté pour ce choix, mais bon, il fallait faire pleurer les chaumières), ou encore le Clark bambin à l'école, dépassé par la manifestation de ses pouvoirs. Mais c'est la logique, la raison, et l'honnêteté qui me pousse à rédiger ces lignes finales. Man of Steel est un bon divertissement, efficace, par moments surjoué et trop maquillé, mais qui donne une force, un impact visuel tel à Superman, que nous ne l'osions le rêver voilà encore quelques mois. A des années lumières d'un Brandon Rough trop humain et banal, ou d'un Christopher Reeves à jamais mythique, mais dont le pyjama vintage ne pouvait subsister à l'ère de la 3D et du tout numérique, ce nouveau Superman a tout pour devenir le fer de lance idéal d'une Justice League en devenir, avec en contrepoids parfait le Batman crépusculaire et effrayant que nous connaissons déjà. L'avenir se dégage pour le département cinéma de Dc Comics et Warner. Si fascinant, et lourd de pression. On attend ça de pied ferme.


ps : pour être honnête, les rumeurs sont assez négatives quand au prochain film Justice League...

LA NUIT DES LANTERNES CHEZ DELCOURT : LE DEUIL, LA COLÈRE, L'HORREUR

 Le personnage principal de cet album signé Jean-Étienne s'appelle Eloane. C'est une jeune femme qui retourne dans la maison familia...