SUPERMAN MAN OF STEEL ( LA CRITIQUE)

Man of Steel est un film important pour la Warner et Dc Comics, pour plusieurs raisons. Il s'agit bien entendu d'engranger le meilleur résultat possible au box-office, pour un long métrage qui a coûté plus de 140 millions d'euros à ses producteurs. Mais aussi de préparer le terrain au très attendu film Justice League, seule arme capable de contrer la domination sans partage d'Avengers et consorts de chez Marvel, maintenant que la trilogie Batman -par Nolan- est achevée. Pour finir, le but est encore de faire oublier le bien fadasse Superman Returns, dernière tentative en date d'adapter l'univers de l'homme d'acier sur grand écran. Au final, David S.Goyan et Zack Snyder rendent une copie plus qu'honorable, qui parvient à crédibiliser plus d'un point discutable de la carrière de Superman (le costume, Krypton, la découverte des pouvoirs) sans jamais ennuyer le spectateur, sauf peut être lors d'une dernière demie heure qui donne dans la surenchère (explosion, luttes, faible lisibilité de certaines actions qui se perdent dans le grand guignol héroïque d'une Metropolis en flammes et en ruine.). D'emblée, nous découvrons une Krypton qui se meurt, et certains personnages cruciaux sont introduits avec pertinence, comme les parents du héros (la famille El) ou encore le général Zod, que nous prenons en pitié autant que nous le détestons. Sa vision du monde est extrémiste et peu nuancée, mais il a grandit, a été conçu dans un but unique, selon les préceptes eugénistes de sa société cruelle, et une grande partie de son déterminisme aveugle n'est même pas son propre fait. Le petit Kal-El est lui envoyé sur Terre pour assurer une survie qui a du miraculeux, et il bénéficie là des rayons jaunes de notre soleil, qui en font un être d'une puissance colossale. Si rien ne nous est montré de l'atterrissage et des premières années, les coups d'éclat du jeune homme encore collégien, puis ses premières velléités d'émancipation adolescente sont assez intéressantes. Petit à petit la légende se construit, tout en s'imbriquant dans une histoire présente, celle d'un Clark Kent devenu adulte et retrouvant les traces de sa culture natale, dans un astronef géant échoué sous la banquise. A partir de là le film s'emballe et Kent devient un super type en costume qui teste ses pouvoirs en fracassant des rochers et la glace, avant de se confier à la journaliste Lois Lane, qui ne le décevra pas, ni ne le trahira. 33 ans après son arrivée parmi nous (vous avez saisi l'allusion à peine voilée) l'homme est transfiguré et devient un surhomme, un Superman.


D'ailleurs cette indication temporelle n'est pas la seule à renforcer l'idée d'un Superman christique. Les paroles de son géniteur naturel (pour eux tu seras un Dieu...), les poses messianiques lors de certaines scènes (bras en croix) ou encore le choix que fait Superman entre le peuple de Krypton et celui de la Terre (les premiers ont déjà eu "leur chance", ce qui n'est pas sans rappeler l'Ancien Testament, que le Nouveau vient mettre à mal, la relation avec le divin échappant à une communauté juive qui n'a pas su reconnaître et considérer le message qui lui était adressé premièrement), tout ceci appuie la thèse d'un super-héros qui joue malicieusement avec la culture judéo-chrétienne pour s'élever encore d'avantage au dessus d'une humanité qui le révère, ou le craint. Dommage que plus nous nous rapprochons de la conclusion, plus les effets spéciaux, la bataille rangée, et les coups et explosions en tout genre prennent le dessus sur une tentative jusque là louable d'analyse escatologique du personnage de Superman. Smallville et Metropolis deviennent des champs de ruine, les coups pleuvent, et parfois le spectateur ne sait plus trop lui même où il se trouve, ni comment notre héros va parvenir à repousser la menace, à moins d'être un familier du jargon pseudo science-fictionnesque seul capable de vaincre ces aliens surpuissants. Autre petit point faible, les moments intimistes, larmoyants et mièvres, que les américains ne peuvent se passer d'inclure dans leur blockbusters. Le jeune Clark qui voit son père emporté par une tornade (alors qu'il pouvait bien sur le sauver, à condition de révèler ses pouvoirs au monde. Je ne suis pas certain que le Superman des comic-books aurait opté pour ce choix, mais bon, il fallait faire pleurer les chaumières), ou encore le Clark bambin à l'école, dépassé par la manifestation de ses pouvoirs. Mais c'est la logique, la raison, et l'honnêteté qui me pousse à rédiger ces lignes finales. Man of Steel est un bon divertissement, efficace, par moments surjoué et trop maquillé, mais qui donne une force, un impact visuel tel à Superman, que nous ne l'osions le rêver voilà encore quelques mois. A des années lumières d'un Brandon Rough trop humain et banal, ou d'un Christopher Reeves à jamais mythique, mais dont le pyjama vintage ne pouvait subsister à l'ère de la 3D et du tout numérique, ce nouveau Superman a tout pour devenir le fer de lance idéal d'une Justice League en devenir, avec en contrepoids parfait le Batman crépusculaire et effrayant que nous connaissons déjà. L'avenir se dégage pour le département cinéma de Dc Comics et Warner. Si fascinant, et lourd de pression. On attend ça de pied ferme.


ps : pour être honnête, les rumeurs sont assez négatives quand au prochain film Justice League...

4 commentaires:

  1. Bizarre : tu parles de Nolan mais pas un mot sur Snyder!!!

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    1. il me semble que le texte a été corrigé depuis mon commentaire...Non?

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  2. Les allusions méssianiques étaient déjà présentes dans superman returns. Notamment dans les phrases de Jor-el . On voit bien que ce film est américain!

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Vous nous lisez? Nous aussi on va vous lire!

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