IRON MAN : THE DRAGON SEED SAGA (AVEC LE MANDARIN)

Le succès du premier film Iron Man (et celui des suivants aussi) a eu entre autres conséquences un retour de flamme du public américain moyen (les non lecteurs habituels) pour le personnage de papier. C’est ainsi que Marvel propose régulièrement de redécouvrir certaines vieilles histoires sous forme de «Trade paperbacks», comme c’est la cas pour  The Dragon seed saga. En voilà une bonne nouvelle pour moi, qui ai des souvenirs précis de cette aventure. J’étais à l’époque en Terminale A2 (littéraire, pas Antenne 2) et je suivais les aventures de l’homme de fer dans les pages de Strange, qui a publié la totalité de cet arc narratif. Au programme, on retrouve un Tony Starck pratiquement invalide, après s’être fait greffé un système nerveux artificiel censé lui rendre l’usage de ses jambes (Kathy Dare venait de lui tirer dessus à bout portant, le rendant ainsi paraplégique. On ne le dira jamais assez, la vie de play-boy n'est pas de tout repos et peut avoir des conséquences surprenantes ). Cette prouesse médicale aurait pu fonctionner à merveille si un de ses concurrents en affaire n’avait introduit un parasite dans le système, qui entraîne inexorablement Tony vers la mort. Pour l’opération de la dernière chance, il se rend en Chine avec son laquais de service, Jim Rhodes, où officie la très belle et compétente Su Yin, dont il tombe aussitôt amoureux, bien entendu ( Tony lui propose le mariage en deux minutes chrono, chaud lapin...). Mais là bas, la situation est critique : le Mandarin, ennemi historique d’Iron Man, fait des siennes, en compagnie d’un dragon géant, Fin Fang Foom, et d’un vieux sage qui se révélera être lui aussi un reptile géant, le maître d’une race extra terrestre camouflée parmi les chinois, depuis le crash de leur vaisseau spatial. Dis comme ça, ça ne fait pas forcément envie, mais ça me rappelle pas mal de souvenirs, et c’est finalement une saga plaisante et bien illustrée, de manière classique mais sans bavure, par un Paul Ryan sous estimé. John Byrne, qui à la même époque parvenait à scénariser une trentaine de série par mois (j’exagère, mais si peu…) offre un portrait manichéen et assez risible de la société chinoise, tout en insistant lourdement et sans subtilité sur le coté philanthrope de ce cher Tony, à des années lumières du Machiavel d’aujourd’hui. Dire que je rêvais de retrouver ces épisodes (270 à 275 de Iron Man V1 ) sous forme d’un album de collection, il y a encore quelques années.. Merci Marvel, pour y avoir pensé ! Et tant pis pour ceux qui n'ont pas assez bossé les langues vivantes au collège, il vous reste les bourses aux échanges et les forums sur Internet, pour dénicher les numéros de Strange concernés! A moins que Panini un de ces prochains jours ne fassent des heureux... Déjà qu'ils ont perdu l'occasion de republier ce classique, avec la présence, certes blasphématoire, du Mandarin dans le troisième opus cinématographique...


 Strange concernés : numéros 270 à 275 




MARVEL DELUXE : THE AVENGERS L'AGE DES HEROS


Prenez la série des Avengers, tiens. Redémarrage au numéro 1, nouvelle formation, lutte contre Ultron... Vous allez croire que je vous parle de l'opération Marvel Now, mais il n'en est rien. Tout ceci s'est déjà passé de la sorte en 2010, avec l'arrivée d'une nouvelle ère, qui fut brève, The Heroic Age. Les Vengeurs sortaient d'une période assez sombre, et les membres principaux de l'équipe avaient tous subis, les années précédentes, de rudes épreuves qui avaient modifié le roster des plus grands défenseurs de la Terre. Thor était mort, puis revenu. Stark presque mort, le cerveau vidé comme une disquette, puis il avait récupéré ses données. Steve Rogers présumé mort, en fait perdu dans le temps. Les revoir tous ensemble, ce fut un soulagement, et un plaisir. A n'en pas douter, Brian Bendis attendait ce moment, pour rendre aux Avengers ce souffle épique, ce sens du merveilleux, qui petit à petit s'était transformé en un récit relevant plus du soap-opera. Certes, avec des codes narratifs et de langage modernes, propre au divin scénariste chauve, mais sans la folie de la démesure qui devrait marquer de son sceau ce genre de série bigger than life. The Heroic Age commence donc avec une histoire de déchirure temporelle, une guerre qui se joue dans un lointain futur, entre Kang le Conquérant et le robot Ultron, et qui a pour enjeu la destruction de notre planète, certes, mais aussi la destruction du temps. Parmi les autres joueurs, les enfants des Vengeurs, chaperonnés par un Stark vieillissant, et une version future de Hulk, qui n'est pas sans rappeler le Maestro, ce dictateur impitoyable qu'il pourrait devenir.

C'est Kang qui vient d'ailleurs à notre époque, pour solliciter l'aide des Avengers. Avec les années, cet archi vilain a fini par devenir plus sage, au point de comprendre ... qu'il souffre d'un gros problème de personnalité, et qu'il ne pourrait jamais se convaincre lui même de ne pas livrer bataille à Ultron, au sommet de sa puissance, dans le futur. Pour tout résultat de cette lutte au sommet, le temps a été déchiré comme un vieux linge, et New-York est par exemple la proie d'incursions de dinosaures, d'incongruités cosmiques (Galactus vient nous dévorer) et autres personnages hors de leur ère. Pendant qu'une partie de nos héros tentent de mettre de l'ordre et d'apporter un peu d'aide bienvenue, les autres, les gros calibres, partent dans ce futur bien sombre pour empêcher l'inévitable, ce qui implique d'aller rencontrer Ultron face to face, pour entamer de bien étranges négociations, seules mesures capables de mettre un terme à toute cette folie. Ensuite, pas de répos pour les braves. Parker Robbins, l'ancien caïd du crime connu sous le nom de The Hood, dans le milieu, est parvenu à s'évader de prison, et il s'est mis en tête de réunir les six gemmes de l'infini, qui confèrent à leur possesseur un statut divin. N'est pas Thanos qui le veut, mais qui le peut. Ce second récit est beaucoup moins saillant que le premier, plus banal, sans grands temps forts, si ce n'est la révélation de l'existence du groupe des Illuminati pour Steve Rogers, qui finit par s'en accommoder, et l'intégrer. Romita Jr est le dessinateur de ce Marvel Deluxe à destiner au fans du plus grand groupe de héros du monde, tel que vu au cinéma. Curieusement, il semble s'appliquer et revenir presque à ses meilleurs jours, dans le premier arc narratif, avec des scènes chocs et de belles planches ultra dynamiques quand il le faut (certes, il ne faut pas être allergique à son style parfois minimaliste, voire caricatural). Toutefois, au fil des pages, on le voit bâcler de plus en plus son travail, et les derniers épisodes sont très loin des premiers, et donnent une impression brouillonne assez moche. Que cela ne vous empêche pas de vous procurer ce Deluxe, qui reste globalement d'un niveau fort acceptable, et constitue les prémices de ce qui allait venir ensuite, toujours avec Ultron.



ESSEX COUNTY : CHEF D'OEUVRE ABSOLU DE JEFF LEMIRE

Essex County, coeur profond de l'Ontario. C'est là que Jeff Lemire a grandi, c'est son monde, le terreau fertile de sa sensibilité. il ne s'y passe pas grand chose, l'histoire semble même s'y être arrêtée, d'une certaine manière. Mais derrière l'apparente immobilité du cours des choses, se cachent des récits poignants, ceux du quotidien d'êtres comme vous et moi, cette humanité impersonnelle qui va de l'avant malgré les drames, qui aime et souffre, pleure et jouit. Lemire va dépeindre tout cela avec une classe folle dans cette trilogie datée 2008 et 2099, qui sera deux fois nominée aux Eisner Awards, sans pour autant décrocher la récompense, injustice scandaleuse. Ce portrait croisé de cabossés de la vie s'ouvre avec un jeune garçon, Lester, qui vient de perdre sa mère, morte d'un cancer. Lester n'a jamais connu son paternel, et c'est son oncle qui en reçoit la charge, sans jamais l'avoir souhaité, et s'y être préparé. les deux se regardent en chien de faïence, doivent apprendre à s'apprécier, à communiquer, à accepter ce que leurs existences respectives sont devenues. Au rythme fascinant des saisons, sous le manteau ouaté de la neige, Lester confie son ennui et ses distractions à un ancien joueur de hockey, solitaire un peu benêt, reconverti en pompiste isolé. Avec pudeur, retenue, sensibilité, des fils se nouent, se dénouent, la vie s'expose, dans sa beauté nue et crue. Ensuite, vient le récit d'un vieil homme atteint de la maladie d'Alzheimer, qui entre une période de conscience, et une autre de crise d'identité, se remémore les moments de complicité avec son jeune frère. Tous les deux entament même une carrière de joueur de hockey sur glace professionnels, mais la solitude de l'aîné contraste avec la félicité simple et pure du cadet, qui a trouvé l'amour, et souhaite avant tout fonder un foyer, et quitter la grande ville pour retourner vivre en Essex. Une présence féminine importante, qui va catalyser la séparation entre les frangins, et faire imploser cette fragile unité qui se désagrège inexorablement sous nos yeux. Un bonheur qui s'estompe, au rythme de la maladie qui ronge et rogne les souvenirs. 



Dernière partie de la trilogie, une belle histoire mettant en scène Annie, une infirmière, mère célibataire, en charge du vieillard déjà évoqué. Elle aussi n'a pas eu l'existence dont elle aurait pu rêver, étant petite, mais elle a su garder une humanité exemplaire, rester au service des autres. Les trois parties de la trilogie finissent par s'imbriquer, alors que les rapports et les liens familiaux et affectifs qui unissent les différents personnages apparaissent au grand jour. Le récit se fait saga générationnelle, tourbillon de trajectoires brisées, interrompues, ou simplement déviées, vers un nouveau départ, de nouveaux horizons. La sensibilité de Jeff Lemire n'est pas le sensiblerie de bas étage, du pathos à pleines mains pour verser des larmes faciles. Le trait de Lemire peut dérouter, sembler simpliste et caricatural au premier abord, mais il est lui aussi chargé en émotions. Des grands yeux des personnages, à leurs oreilles décollées, le nez cabossé, à la variation dans l'épaisseur du trait, qui oscille entre le noir charbon et l'ébauche légère, selon le rythme des saisons et le ton dominant. Essex County est un chef d'oeuvre total et intemporel. Il associe existences privées et communauté rurale, folâtre douceureusement et joue avec nos sentiments.
Publié en VF chez Futuropolis


IRON MAN : THE SECRET ORIGIN OF TONY STARK


Avec presque un demi-siècle d'aventures au compteur, nous pensions tout savoir des origines de Tony Stark, de son enfance à sa famille. Sauf que lorsque Kieron Gillen reprend en main le titre mensuel consacré à Iron Man, dans le cadre de l'opération Marvel Now, son second arc narratif revêt le titre évocateur de The secret origin of Tony Stark. Bien entendu, il sera question des parents dans ce récit, plutôt désespérés quand ils apprennent la triste nouvelle : la grossesse de Maria Stark risque fort de ne pas aller à son terme, et représente une énigme insoluble pour la science. Le salut va venir d'un enregistreur Kree, le dénommé 451 de matricule, à l'époque captif sur notre planète, après être tombé entre les mains d'un clan mafieux extra-terrestre, qui gère un casino à Las Vegas. Le papa Stark met sur pieds une expédition de sauvetage plutôt hardie, avec un groupe de guest stars triés sur le volet (qui comprend entre autres Dum Dum Dugan, un des vieux de la vieille du Shield) pour rendre au robot spatial sa liberté. Ce dernier a les capacités et la volonté d'aider le bébé à venir au monde sain et sauf, mais il avertit ses généreux libérateurs : la Terre est en train d'éveiller l'intérêt de races aliens, en raison de son rapide développement technologique, et pourrait bien être détruite à titre préventif dans un futur proche. A moins qu'un individu brillant, en avance sur son époque, ne fasse faire un bond si décisif aux siens que cela puisse donner à nos défenses les moyens de repousser toutes menaces éventuelles, venues de l'espace. Bref, le portrait robot du jeune Tony, encore en gestation.

En gros, Gillen voudrait nous faire croire que l'enregistreur 451 est un peu l'oncle de Tony Stark, que sans lui il n'aurait pas pu survivre à sa naissance, et qu'il lui doit (ainsi qu'à la science Kree) une grande partie de son génie et de ses intuitions remarquables. Un génie génétiquement modifié, un athlète pré programmé à remporter toutes les compétitions, ne serait-ce pas un peu de la triche? Ces révélations interviennent alors que Stark vient d'échapper à un procès qui lui était intenté, dans le cosmos, accusé qu'il était d'avoir commis un déicide (avoir assassiné la force Phénix). Secouru puis trahi par Death's Head, il est désormais tombé entre les mains de 451 qui lui expose ses plans et lui confie ces révélations surprenantes, avec vidéos à l'appui pour étayer ses dires. Les dessins sont de Dale Eaglesham, qui donnent aux corps des positions statuaires et une anatomie robuste, et produit des planches claires et fort agréables. Reste que ces "origines secrètes" sont un poil forcées et pas toujours du meilleur goût. Voir le père de Stark en James Bond industriel, risquer le tout pour le tout pour sauver l'avenir de son fils, cela ne colle pas trop avec les images du paternel alcolique et si froid qui a élevé son enfant dans la plus grande des rigueurs sentimentales, si souvent représenté. Tony Stark en héritier terrestre de la science kree, programmé dès le sein maternel à être notre sauveur à tous? Bluff, ou vérité vraie? Je vous laisse découvrir cette saga, et le fin mot de l'histoire, dans les pages de Iron Man, chaque mois chez Panini.  


TERROR INC : ULTRA VIOLENCE DANS LA COLLECTION DARK SIDE DE PANINI

Terror who? Si vous ne connaissez pas trop ce personnage, rien de plus normal. Terror est une des émanations ultra gore de la première tentative de Marvel de créer une ligne de comics pour adultes (le label Epic) mis sur pieds durant l'ère Jim Shooter, dans les années 80. Aujourd'hui récupéré et recyclé, le personnage est ici mis en scène par David Lapham, qui s'en donne à coeur joie mais finit par se complaire dans l'hémoglobine à dose massive. Terror est immortel, il traverse les siècles sans coup férir, depuis l'invasion de Rome par les Vandales, jusqu'à nos jours, en passant par le XII° siècle et une période au service d'un des cavaliers de l'ombre, dont il finit par séduire la veuve, Talita, et avec qui il noue la seule vraie histoire d'amour de sa longue existence. Cette immortalité n'est pas sans avoir son coté négatif : victime d'un sortilège consécutif au sac de Rome, notre bonhomme possède un corps qui tombe en putréfaction, et il doit régulièrement se procurer des pièces de rechange, prélevées sur d'autres corps, qui fusionnent mystiquement avec le reste de ses organes. Terror est aujourd'hui recruté par un certain Harper, qui lui confie une mission ultra secrète, visant à infiltrer et éliminer une "taupe" installée au plus haut niveau d'une agence gouvernementale fantôme, du nom de "maman". Mais entre trahisons et guet-apens lourdement armés, le pauvre Terror finit assez vite en charpie, voire même complètement dissout dans un bain d'acide, et les restes liquides sont jetés aux toilettes. Fin d'un anti héros, dès le premier chapitre? que nenni!

Dès lors commence un récit violentissime, avec du sang et des exécutions à chaque page, où Terror doit affronter la menace d'un groupuscule nommé Règne de la mort, dirigé par une aspirante immortelle, l'Ange le la mort, qui souhaite s'emparer du bras de notre "héros", celui là même qui a appartenu autrefois à la belle Talita, et qui renferme en sa chair l'essentiel du sortilège d'immortalité. Patrick Zircher est très crédible aux dessins, et il barbouille chaque case de membres tranchés, d'effusion de sang toujours plus choquantes. Le risque est que ça finisse par faire trop, et c'est en effet dans la première partie de l'album que nous trouvons les meilleures représentations. Exemplaire lorsque ce qui reste de Terror (une bouillie informe) investit le corps d'un crapeau, qui lui même s'attaque à un chat, avant de jeter son dévolu sur un beau père violent qui va servir d'hôte involontaire pour le grand retour du protagoniste. Celui-ci est aidé dans sa tâche par une belle brune du nom de Mme Primo (une romance jamais consommée), et va aller de révélations en déceptions, avant de comprendre vraiment en quoi les attaches du passé, et les sentiments d'autrefois, conditionnent son futur, et son immortalité même. Panini a proposé cette histoire dans la collection Dark Side, c'est à dire un beau volume hardover (couverture rigide) pour environ 18 euros. Un écrin de choix pour un récit qui débute en fanfare et impose d'emblée son style et ses codes, mais qui joue la carte de la surenchère putassière avec un peu trop de facilité. D'excellentes promesses, pas toujours très bien transformées. 




LA MORT DE SUPERMAN TOME 2 : LE REGNE DES SUPERMEN


Superman est mort, Metropolis pleure et honore son héros, mais le malaise s'installe lorsqu'il s'avère que le corps du kryptonien n'est plus là où il devrait être. La question est : quelqu'un est parvenu à dérober la dépouille, ou Superman est-il revenu d'entre les ombres, sans que personne ne le sache? La tension et la confusion sont destinées à être alimenté par l'apparition de "remplaçants", de nouveaux Supermen, qui sont peut être des supercheries, mais peut être également ... le vrai, dans une version 2.0 remaniée et corrigée, après l'incroyable épreuve vécue des mains de Doomsday. Ainsi débarque une version cyborg de notre héros, mi kryptonien mi machine, puis une version adolescente de Superman, particulièrement allergique au surnom de Superboy (c'est en fait un clone obtenu en laboratoire, chez Cadmus), mais encore un Superman à grosses lunettes et au méthodes plus musclées (voire ultra violentes) , qui parvient à toucher le coeur et les doutes de Loïs Lane. Pour finir, John Henry Irons met à profit ses talents d'inventeur et de forgeron pour se confectionner une armure en métal (Steel) et rendre un hommage vibrant, teinté d'héroïsme old-school, à celui qui l'a tant inspiré. Metropolis n'a plus de sauveur attitré, mais se retrouve avec une bande d'imitateurs inconscients, qui finissent par devenir un problème, plus qu'une ressource.


Voici donc le second tome de la longue saga de la Mort de Superman. Cette fois bien mieux traduit que la version Omnibus de Panini (Geneviève Coulomb fut une traductrice versée dans les dialogues à la Audiard, mais totalement dépassée par le langage moderne des comic-books), nous abordons la partie dite du règne des Supermen, c'est à dire la transition entre les funérailles et le vrai retour de Superman, lorsque plusieurs copies briguent le titre de champion de Metropolis et que le public s'interroge sur qui est le vrai. Nous y trouvons aussi un discours sur le pouvoir des médias, chacun des grands groupes télévisuels de Metropolis désirant contrôler et s'approprier un des Superman (Lex Luthor en tête) pour ses propres ambitions. Plusieurs scénaristes et dessinateurs s'alternent dans cette longue sarabande artistique, pas toujours de très bon goût (les dessins de Bogdanove sont brouillons, l'histoire tend à devenir cacophonique au fur et à mesure que nous progressons dans le récit) mais qui culminera lorsque ce sera l'heure de Mongul, débarquant sur notre planète, sous les ordres de l'un des Supermen de substitution, pour atomiser Coast City. Ce sera aussi le moment du véritable retour de Superman, qui aura pris le soin, entre temps, de se faire pousser une belle tignasse pour mieux s'approprier les codes esthétiques des années 90, où la violence et une attitude radicale étaient une condition sine qua non pour conserver une place de choix dans le coeur des lecteurs, sérieusement mis à l'épreuve pas les héros Image et la testostérone coulant à flots. La Mort de Superman, c'est aussi et surtout la Mort d'une époque, qui elle n'a pas eu droit à une résurrection, depuis.


ANIMAL MAN - LE MODE D'EMPLOI

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Buddy Baker, alias Animal Man, n'a jamais vraiment su gagner un lectorat fourni de par chez nous, ne serait-ce tout simplement qu'en raison de l'indigence des traductions françaises. Vous aviez vu du Animal Man à la Fnac, avant l'arrivée de Jeff Lemire et d'Urban comics? En tous les cas, pour les plus distraits et les derniers réticents, rappelons les faits. Buddy a un pouvoir assez fantastique, il parvient à entrer en contact avec une sorte de champ de résonance, et peut s'approprier, pour une durée limitée, les facultés des animaux qui sont à proximité. Par exemple, il peut obtenir la vitesse du jaguar, la force de l'ours, ou parvenir à trouver le sommeil facile du chat, dès lors qu'il y en a un dans les parages. Super-héros à ses heures perdues, mais aussi acteur de second rang à Holywood, Buddy Baker est revenu du néant narratif grâce au génie de Jeff Lemire, et d'une nouvelle série dans le cadre des New 52, intimement liée avec celle de Swamp Thing, écrite par Scott Snyder. Bad luck, cette bonne pioche s'arrête quand même en 2014, et laissera nombre de lecteurs orphelins, dont votre serviteur en personne. Passons alors en revue les moments forts de la carrière du personnage, crée dans Strange Adventures #180 par Dave Wood et Carmine Infantino (1965).

De 1965 à 1980, Animal Man se contente de brèves apparitions, n'a pas de titre propre, et pour être honnête, doit se contenter de onze histoires différentes, réparties entre Strange Adventures, deux numéros de Wonder Woman, et une période au sein des Forgotten Heroes, un groupe Dc Comics à classer au rayon des seconds couteaux. Bref, des débuts assez poussifs.

A la fin des années 80, Dc comics relance son univers narratif et insuffle bien plus d'audace, en recrutant notamment plusieurs scénaristes britanniques qui vont dynamiter les codes narratifs des titres qui leur sont confiés. Grant Morrison est de ceux-là, et c'est lui qui va enfin donner à Animal Man ses lettres de noblesse. Durant 26 numéros, il plonge Buddy dans des aventures qui lorgnent du coté de la cause animalière, de la défense de l'environnement, et met en scène une incroyable mise en abîme de son travail d'artiste, en faisant se rencontrer personnage de papier, et auteur de comic-books. Un succès notable, dessiné par Hazlewood et Truog, orné de splendides couvertures de Brian Bolland. Après le départ de Morrison, Peter Milligan assure un bref intérim où il fait se rencontrer l'univers Dc traditionnel, la physique quantique, et les techniques du cut-up de William Burroughs. Confus, mais audacieux. Ce sont ensuite les aspects totémiques des pouvoirs de Buddy qui sont développés grâce à la paire Veitch/Dillon, durant 18 numéros, avant que la série ne finisse entre les mains de Jamie Delano et Steve Pugh, et s'ouvre à des ambiances plus horrifiques, au point de devoir être classée définitivement comme lecture pour mature readers, dans la ligne Vertigo. Un run d'importance, car c'est là que Lemire va trouver les racines de son récit futur, avec l'apparition du Red (le Sang en Vf), cette force élémentaire de la nature qui donne au personnage ses facultés, ainsi que la présence de Maxine, fille et héritière des dons de Buddy. Jerry Prosser et Fred Harper seront les derniers à s'occuper du titre, qui finit par perdre nombre de lecteurs, et être arrêté par Dc Comics.

Animal Man ne disparaît pas totalement, et on peut le retrouver dans une mini série en six volets, du nom de The last days of Animal Man (Gerry Conway et Chris Batista), mais aussi comme personnage présent et actif dans Infinite Crisis ou encore Infinite Crisis : 52. En 2011, Jeff Lemire est aux commandes du relaunch assez inattendu d'Animal Man, et propose une relecture intelligente et passionnante des pouvoirs de Buddy Baker, récupère et clarifie ce que Delano a déjà exposé, et tisse les liens d'un très bon crossover avec Swamp Thing, tout en conservant avec brio les liens familiaux et le coté "père de famille" d'un héros mineur mais si attachant. Urban Comics a déjà publié les deux premiers tomes de la saga dans de beaux albums librairie, et nous attendons toujours la sortie du suivant.





Animal Man par Jeff Lemire, lisez ici

Animal Man par Morrison, lisez ici

Animal Man par Milligan, lisez ici

MARVEL TOP 12 : MARVEL UNIVERSE Vs THE AVENGERS

De tous les mondes parallèles qui peuvent exister dans l'univers Marvel, celui que développe Jonathan Maberry est assurément un des moins accueillants. Une épidémie mystérieuse a ravagé notre planète, et peu à peu tout le monde se retrouve infecté par un virus qui transforme ses hôtes en cannibales sans âme. C'est bien entendu la grande mode du moment, entre zombies bien gourmands (Walking dead) et films catastrophes du même genre (28 days later), de quoi donner envie d'étudier médecine et devenir virologue. Dans cette troisième mini-série, qui remonte aux débuts de l'infection, nous retrouvons Hawkeye en tant que narrateur de l'histoire, qui découvre progressivement l'ampleur de la contamination. Ce n'est pas facile pour lui de voir ses compagnons d'arme se dévorer entre eux, encore moins de devoir abattre Mockingbird, son ex compagne, d'une flèche bien placée. Les Avengers semblent dépassés par la virulence de la maladie, et ils perdent pied, incapables d'enrayer le phénomène. Le seul qui proclame avoir les moyens et les connaissances pour sauver la Terre, c'est Victor Von Doom, Fatalis, qui n'est pas franchement connu pour être un altruiste de premier ordre. Du reste, en échange de ses services, le dictateur latvérien exige de devenir Empereur de la planète, en toute modestie.

Feriez-vous confiance à ce bon docteur Doom, sachant que son curriculum, en matière de traîtrise et de torture en tous genres est plus fourni que le bottin téléphonique de Big Apple? Mais les Avengers n'ont pas le choix, quand débarquent Hercule et une horde de moloïdes et de monstres sous-terrains affamés, il ne reste plus qu'une solution à nos héros, mettre le genou à terre, se rendre, et croiser les doigts! Ce douzième numéro de Marvel Top vient mettre fin (définitivement?) à la trilogie de Maberry, avec une mini en quatre parties qui se laisse lire facilement, et rapidement, sans laisser non plus de souvenirs impérissables. Le genre de comics à classer au rayon "lecture sympathique pour un trajet imprévu en train, de dernière minute". Leandro Fernandez assure la partie graphique, sans grande originalité ou talent débordant. Les fonds de case sont assez souvent minimalistes, et en dehors de certaines planches (la reddition des Avengers, par exemple) il manque une bonne dose d'émotion pour rendre l'ensemble attachant. Il faut dire que ces temps derniers nous avons été submergé par les récits consacrés aux zombies ou aux créatures infectés par ce type de virus, et que la plupart du temps, ces mêmes récits sont mieux amenés et développés. Bref, sans vouloir snober ce titre kiosque proposé par Panini, je préfère être sincère et souligner que ne pas se le procurer ne laissera pas de sensation de vide insondable, loin de là.


AGE OF ULTRON 4 : LE POINT SUR LA SITUATION


Le moment des choix est arrivé, dans Age of Ultron. Vous savez tous ce que signifie l'effet papillon, dans la science-fiction? Revenir en arrière, et piétiner sans le savoir un simple papillon, peut avoir des conséquences désastreuses dans le présent, d'où l'impossibilité des voyages dans le temps sans risques. Comprenez donc que lorsque Wolverine, toujours bien pratique quand il s'agit de se salir les mains, remonte le temps pour aller planter ses griffes dans Hank Pym, créateur du robot Ultron, la ligne temporelle Marvel risque fort se se retrouver profondément modifiée. La belle Invisible des Fantastiques l'accompagne et tente bien de le dissuader, mais pour une fois, l'impossible, l'impensable, est au menu de Age of Ultron. C'est assurément le temps fort de toute la saga, l'instant où le lecteur se demande si tout ce qu'il est en train de lire va vraiment impacter ce qu'il est habitué à fréquenter, dans les pages des comic-books Marvel. Wolverine qui assassine Pym, sous forme de médecine préventive de choc, c'est une idée de génie, l'étincelle qui permettrait (conditionnel de rigueur, car qui connaît déjà l'issue de Age of Ultron sait que les pontes de la Maison des Idées n'ont pas assumé jusqu'au bout cette folie douce scénaristique) de changer la donne, à jamais. Du reste, le monde sans Pym est assez intrigant, avec des héros familiers et pourtant différents, une menace plus forcément identique à celle qui a présidé à la naissance de Age of Ultron, un parfum de déjà vu (le monde de House of M est une autre variation sur le thème) qui porte en son sein les meilleurs espoirs, les pires craintes. Age of Ultron est une vraie tentative louable de sortir du carcan habituel, de relancer la machine à ronronner, de recycler de vieilles idées pour les interpréter de manière moderne, radicale, plus expressive. Mais c'est comme si apeuré devant le gouffre qui s'ouvre sous les pieds des scénaristes, au fur et à mesure que Logan découpe Pym avec ses griffes, Marvel (Bendis en tête) jetait un oeil éffaré sur les chiffres de vente, la continuity, pris par l'angoisse de bouleverser la petite routine du lecteur frileux. Ho les amis, on vous en met plein la vue, mais on plaisante, hein, ne vous inquiétez pas trop. Age of Ultron atteint en décembre son climax, mais méfiez-vous de l'effet soufflé, ce genre de gâteau à tendance à retomber après la cuisson, vous êtes avertis.


COVER STORY (20) : SUPERMAN #75




La mort, pour le super-héros, est pratiquement un passage obligé. Pas seulement pour de basses raisons économiques, dictées par l'éditeur, mais parce que le sacrifice ultime est la condition sine qua non pour que le héros puisse être définitivement reconnu en tant que tel. Que risque vraiment Superman, par exemple, dont l'invincibilité, la force, font un surhomme au dessus de toutes les menaces qu'il peut devoir affronter. Certes, les auteurs, au fil des ans, ont mis au point le classique subterfuge célèbre depuis l'antiquité grecque, depuis le "talon d'Achille", c'est à dire pour Superman un morceau de kryptonite. Mais pour le reste?
Alors quand Doomsday marche sur Metropolis, brise les membres de la Ligue de Justice qui s'opposent à lui (des seconds couteaux, il faut bien le dire) et porte l'homme d'acier à bout de bras, avant de le projeter sur les hélicoptères de la presse, on comprend que cette fois-ci, nous allons avoir la certitude que Superman est bien un héros, qu'il va mettre sa propre existence en jeu, pour le bien l'humanité. Il n'en oublie pas pour autant de sauver les innocents pris dans le feu de l'action, mais le baiser et les paroles échangés avec Lois Lane, sa femme dans le civil, ne laissent personne indifférents : on a compris qu'il a compris. Que cette fois, l'issue sera tragique, que Superman, sanguinolent comme jamais, peut et doit connaître la défaite. Doomsday, de toutes façons, avait déjà un patronyme qui était tout un programme. Superman hurle, Superman souffre, Superman parvient aussi à vaincre, puisque son dernier coup, là où il donne tout, permet également de stopper Doomsday, de mettre un terme à sa folie meurtrière. Le costume en lambeaux, la cape déchirée utilisée comme un étendard sanglant, planté sur un champ de bataille, Superman meurt entre les bras de son épouse, sans que personne ne connaisse vraiment les liens amoureux qui unissent ces deux-là, et sous l'objectif de Jimmy Olsen, qui immortalise l'instant pour les médias, à qui rien ni personne ne peut échapper, pas même la pudeur, la privacy, comme on dit aujourd'hui. Dan Jurgens (épaulé par Brett Breeding) s'occupe de raconter tout cela, du texte aux dessins, en usant de pleines pages spectaculaires, truffées d'actions, de sang, de chocs, alternant le combat fatal de Superman et l'angoisse de ses proches. Les expressions des visages flirtent souvent avec le grotesque, l'effroi, comme pour souligner d'avantage l'impensable, l'horreur de ce comic-book qui marqua son temps, son époque. Une couverture légendaire, pour un épisode présent dans le récent "La mort de Superman" tome 1, chez Urban Comics, déjà chroniqué sur ce blog.


ALL-NEW MARVEL NOW! LES NOUVEAUTES QUI VOUS ATTENDENT EN MARS 2014

Projetons nous un peu dans l'avenir, et jetons un oeil ce samedi aux nouvelles séries que proposera Marvel, à partir de mars, dans le cadre de l'opération All-New Marvel Now! Les honneurs reviennent à Daredevil, qui repart donc du numéro 1, avec le tandem Mark Waid Chris Samnee à la barre. Nous sommes donc en terrain connu, et pouvons espérer un travail qui s'inscrit dans la continuité de ce qui a été produit ces derniers mois. Daredevil opérera à San Francisco dans ce titre, une ville qui bouge, après avoir reçu les X-Men période Gillen. Voici les covers déjà révélées.




Moon Knight également est de la partie, en mars. Une série qui va valoir le détour car c'est Warren Ellis qui sera au scénario. Rien que pour cela, nous sommes en droit de nous attendre à de bien jolis rebondissements. Dessins confiés à Declan Shalvey.




Et le Surfer, alors! Norin Radd en grande forme, avec le duo Dan Slott / Mike Allred, pour une nouvelle série qui fera notre héros partir aux tréfonds de l'univers, en bonne compagnie. Les premières covers donnent indubitablement envie.



Une autre série qui redémarre, c'est Ghost Rider. Inutile de se leurrer, les dernières tentatives ont été des fours complets, avec des récits ennuyeux, mal ficelés, et la crainte de lire une autre purge du genre est forte. Felipe Smith saura t-il nous intéresser à nouveau au personnage? a en juger par les covers, ce sera un Raider d'un nouveau genre...



Nouvelle vie et nouvelle romance également pour Captain Marvel. Les fans de Carol Danvers peuvent se réjouir, Kelly Sue DeConnick propose une nouvelle série, avec toujours kle nouveau costume malheureusement. Oui, je suis nostalgique de l'ancien...





Ne négligeons pas non plus un titre consacré à Magneto, écrit par Cullen Bunn et le retour de Wolverine and the X-Men, cette fois scénarisé par Jason Latour. les fans des mutants ne sont pas oubliés, loin de là!





Autres nouveautés peut être moins attendues, mais à signaler, James Rhodes dans un titre en armure, Iron Patriot, signé Ales Kot. Le même qui relance Secret Avengers au numéro 1, prolongeant la mode du relaunch continu. 




Enfin, Hopeless et Walker donnent une suite à Avengers Arena, et ça s'appelle Avengers Undercover. Les jeunes survivants du Murder World vont devoir infiltrer les maîtres du mal, rien que ça. Enfin une série de plusieurs titres sera consacrée aux héros british de la Marvel UK, une tentative de relancer un univers qui eut ses heures de gloire, voilà deux ou trois décennies. Revolutionary War sera le nom de l'événement, à venir en mars, donc.




Il y aura donc de quoi faire, avec cette nouvelle salve de titres Marvel Now! Reste le gros défaut de cette manie, celle de relauncher les titres trop souvent, ce qui n'est pas forcément un indice brillant du degré d'inspiration de la Maison des Idées. Commercialement parlant ça se comprend, mais artistiquement, c'est une autre paire de manches. Bonne lecture à l'avance.

LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : BILLY LAVIGNE

 Dans le 196e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Billy Lavigne que l’on doit à Anthony Pastor, un ouvrage publié chez Casterma...