ULTIMATE UNIVERSE : CATACLYSM

Pauvre univers Ultimate! Il était pourtant parti sur les chapeaux de roue, en fanfare, mais l’essouflement fut lent et inexorable, jusqu’au moment où les scénaristes se sont trouvés devant une panne d’inspiration et une chute des ventes. Dès lors tout devient possible en terme de catastrophe. Pour aiguiser l’envie, rien de tel qu’un cataclysme, avec Magneto qui submerge New-York sous les flots, par exemple, ou la mort en héros de Peter Parker, remplacé au pied levé par un jeune latino, histoire de faire le buzz. Ce coup-ci, c’est rien de moins que la fin du monde qui est au menu. Avec l’arrivée de Galactus dans l’univers Ultimate, consécutif aux failles ouvertes dans l’espace temps, malmené par les héros désespérés lors de Age of Ultron. Les Ultimates avaient déjà rencontré l’essaim de robots savants Gah-Lak-Tus, mais cette fois ils vont avoir à faire avec l’oroginal, dont l’apparition et les motivations sont le centre de la mini série The Hunger, publiée dans le premier volet d'un triptyque chez Panini, sur Utimate Saga 4. La Vision se sacrifie pour tenter d’enrayer la menace, mais ne croyez pas pour autant que Galactus ira banquetter ailleurs. Preuve en est Ultimate Universe 15 puis 16, où la grande tragédie connaît son acmé.


Tout le monde est dérouté lorsque Galactus débarque sur Terre. Dans cette réalité il est inconnu au bataillon, et la puissance destructrice qu’il engendre (le New Jersey est rayé de la carte d’un revers de manche) laisse pantois. Les Ultimates et Spider-Man ont beau tenter de stopper l’intrus, c’est Tony Stark qui comprend que tout ceci est vain. Galactus vient d’un autre monde, et c’est sur ce autre monde que réside probablement la clé de la victoire. Pour cela, rien de mieux que de s’adresser à Mysterio, toujours prisonnier sur la Terre version Ultimate (il y est arrivé durant Spider-Men, pour les distraits). Mais le moment est également venu de solliciter les services de Reed Richards, savant émérite et génie absolu…qui dans l’univers Ultimate est aussi un criminel cinglé dont les agissements ont causé bien des malheurs… Joshua Fialkov et Brian Bendis sont les artisans principaux de cette saga qui scintille et explose. Plus de barrières ou de retenue, il faut sortir l’artillerie lourde pour que les lecteurs reviennent vers les titres de la gamme Ultimate. C’est au final assez réussi, avec des luttes homériques, des moments forts bien pondérés, et des dessins forts jolis, comme ceux de Bagley ou encore Marquez. Pour une fois j’ai plus de réserve sur les planches de Carmine Di Giandomenico, que j’apprécie vraiment mais livre ici un travail peu lisible, avec de l’action trop confuse. Ce Cataclysm est une bonne occasion pour tous les amateurs de comics bourrins qui sentent le crépuscule et la tragédie. Efficace, haletant, mais avec un gros point d’interrogation. Sous les cendres, que restera t-il à lire, dans quelques mois, quand la normalité reprendra ses droits ?


ANIMAL MAN TOME 3 (ESPECE DISSIDENTE) ET SWAMP THING TOME 3 (LE NECROMONDE)

Animal Man et Swamp thing, deux titres qui ont connu jusqu'ici une évolution parallèle, depuis l'arrivée des New 52, obtiennent un tome 3 en librairie, chez Urban Comics. Commençons par les aventures de Buddy Baker, en lutte contre la Nécrose, qui menace de faire disparaître toute vie sur la planète. Pour stopper ce pouvoir grandissant, Animal Man va devoir combattre et neutraliser Arcane, qui sème la pourriture derrière lui, mais aussi retrouver sa famille, qui a été enlevé par ses ennemis. L'occasion pour Maxine, la petite fille de Buddy, de prouver définitivement qu'elle a gagné ses galons, et peut désormais ambitionner de devenir une digne représentante pour le Sang, c'est à dire cette émanation des forces de la nature qui symbolisent la vie animalière. Par contre attention, le drame est au coeur du volume 3 avec la mort d'un personnage capital pour la vie de Buddy Baker. il est possible que vous ne sachiez pas encore qui va faire les frais de cette lutte, mais considérez que la famille du héros ne sortira pas indemne de cette tragique confrontation. Buddy lui-même, sa femme, la petite Maxine, ou le frère Clifford? Faites vos jeux. Jeff Lemire mène sa barque avec toujours autant de plaisir, ce même plaisir que j'ai avec les dessins torturés et oniriques de Travel Foreman. Nous sommes parfois loin des standards, des canons du plastiquement lisse et réaliste, mais l'ambiance de la série, ce qu'elle dégage, en fait une des incontournables du panorama Dc. Ce qui n'a pas empêché sa disparition, notons-le au passage...

Pour suivre la totalité de ces aventures, à savoir le crossover Rotworld et ses répercussions, il convient donc de se plonger dans le tome 3 de Swamp Thing, qui est l'avatar de la sève, l'autre puissance élémentaire de la nature, son aspect végétal. Après de multiples vicissitudes et une longue poursuite d'Arcane et de la Nécrose, Alec Holland se réveille sur Terre, un an après que tout le monde l'ai donné pour disparu. Menacé par Poison Ivy, confronté à Deadman, le héros réalise que la planète a bien changé en son absence, et que la lutte qu'il menait parait avoir débouché sur une défaite. Ultime possibilité, se rendre au Parlement des Arbres, où réside une dernière chance, et une bataille rangée finale, aux cotés d'Animal Man, moment où les deux titres vont se croiser et s'imbriquer, après une montée en puissance qui se lit de manière séparée. On peut penser assez justement que six tomes (trois de chaque titre) pour développer les enjeux, c'est un peu de la décompression abusive, mais force est de reconnaître que l'intrigue tient la route, et que ce récit qui mêle mysticisme et horreur est plutôt prenant. les dessins de Paquette et Ruby sont aussi de belle facture, et surtout ils collent bien au propos. L'intégralité de Rotworld vous attend, et si vous avez aimé les deux premiers volumes, celui-ci est totalement indispensable.



X-MEN UNIVERSE 1. PARDON 16. EN KIOSQUE

Il y a un numéro un qui trône sur la couverture toute brillante signée Alex Ross, mais c'est bien entendu le numéro 16 de X-Men Universe qui nous occupe aujourd'hui. L'opération All-New Marvel Now! commence ce mois-ci pour le mensuel bis des mutants, avec l'apparition au sommaire de trois nouvelles séries. Tout d'abord, Facteur X. Enième nouvelle version de l'équipe, scénarisée par Peter David, truculent et habitué du titre, et dessinée par Carmine Di Giandomenico, dont le trait colle bien au ton décalé de ces vingt pages initiales. Facteur X, pour le moment, opère en comité restreint, avec Polaris (horrible nouveau costume, on dirait une barbotteuse en latex) Quicksilver et Gambit. Tous les trois sont recrutés par une société spécialisée dans l'aide à autrui, conduite par un philanthrope éclairé, qui doit probablement cacher bien des secrets. Serval Industries, c'est son nom, est pour nous lecteurs français un écho évident à l'ancien nom de Wolverine dans nos contrées. Humour et dialogues mordants, les débuts sont fort sympathiques. Ensuite, parlons du Magneto de Cullen Bunn et Gabriel Hernandez Walta. J'aime beaucoup ce dernier, qui dessine à la manière d'un Romita Junior plus appliqué et moins abstrait. Magneto qui reprend du poil de la bête, retrouve un usage correct de ses pouvoirs, et en profite pour traquer un ancien activiste anti mutant, avec des méthodes expéditives et peu regardantes que les X-Men ne cautionneraient probablement pas. L'ensemble est efficace, et il était temps de rendre au personnage cette aura et ce charisme qui en font l'électron libre le plus fascinant de l'univers mutant. Pour conclure les nouveautés, Nightcrawler est également au sommaire. Chris Claremont s'est singulièrement banalisé avec le temps, et son style d'écriture n'est clairement plus en phase avec ce qui se fait en ce moment. Là encore il livre une trame assez banale, entre les scènes éculées de retrouvailles dans un bar, Wolverine qui s'échauffe la bile en salle des dangers, et une menace mal identifiée qui vient interrompre Kurt Wagner et sa promise, Amanda Sefton, après des mois de privation pour cause de mort du premier cité. Todd Nauck aux dessins, par contre, est vraiment convainquant. Mais le titre est le plus faible de la revue, et on peine à deviner des enjeux bouleversants. 

Le reste du magazine est consacré à deux arcs narratifs qui débutent. Celui de X-Men (#10) est en fait le prolongement naturel de ce qui vient de se passer les mois précédents. L'équipe féminine des mutants est confrontée à une nouvelle sororité composée de Lady Deathstrike, Amora (pas la moutarde, l'asgardienne) et Typhoïde Mary (que fait-elle là celle ci?). En fait, c'est la soeur de John Sublime, une bactérie intelligente et déviante du nom de Arkea, qui mène les danses. Une course poursuite qui se laisse lire mais ne déchaîne pas les foules non plus. Brian Wood ne fait pas un mauvais travail sur ce titre X, mais on sent tout de même que l'inspiration des grands soirs, ce n'est pas ici que vous la trouverez. La démultiplication de certaines séries en nombreux avatars ne fait pas de bien aux comics, qui finissent par sombrer dans la banalité ou les effets de manche. Amazing, All-New, Uncanny, X-Men tout court... Franchement, pléthore d'appellatifs pour un tel résultat, est-ce productif?
Autre début, celui de Richard Isanove sur Savage Wolverine. Quand on a entre les mains un mutant qui est sur la brèche depuis plus d'un siècle, on peut donc imaginer des récits se rattachant à toutes les époques possibles. Ici, l'action se déroule à la fin de la période de la prohibition, en 1933, dans l'Ontario. Une sorte de Wolverine Noir, plutôt bien dessiné, où Logan trouve refuge chez un de ses amis, et sa petite famille. Celui-ci a fort à faire avec la mafia qui contrôle le trafic et la production de spiritueux, et comme il n'est pas du genre à se coucher, le drame pointe vite le bout de son nez. Certes, quand on implique Wolverine dans ce genre d'affaire, la vengeance est au bout du snikt. C'est simple, linéaire, sans effets spéciaux, mais agréable et solide. J'ai bien aimé l'ambiance, et la suite est attendue. X-Men Universe est un mensuel qui ne se porte pas si mal, avec un sommaire assez équilibré désormais, mais une vraie série X avec de vrais enjeux n'aurait pas été de refus!


HULK : QUI EST LE HULK ROUGE? (MARVEL DELUXE)

Hulk est vert. A d'autres reprises, il fut gris. Mais rouge ? Voyons, ça n'est pas sérieux! Sauf que si, et que ce Hulk là (Rulk, contraction de Red et Hulk) n'est pas celui auquel vous pensez. Exit Bruce Banner, qui pour une fois n'est pas responsable des méfaits constatés, et place à… Mais n'en disons pas plus, car dans cet album de la collection Marvel Deluxe, le mystère de l'identité du colosse écarlate est de mise, et c'est un des moteurs de l'action. Nous sommes en Russie, et Leonard Samson (psychiatre dopé aux rayons gamma) et Miss Hulk mènent l'enquête. Emil Blonski (l'Abomination, un des ennemis récurrents de notre héros vert) a été neutralisé et abattu, après un énième combat furibond. Tout le monde est d'accord, du Shield à Iron Man, utiliser une arme à feu n'est pas le modus operandi habituel du colosse de jade, bien plus habitué à tout détruire sur son passage à coups de poings. Et puis son avatar "humain", le docteur Bruce Banner, est toujours en détention. Du coup, la vérité commence à poindre : il y a un autre Hulk en liberté, et lui aussi ne fait pas dans la dentelle quand il entre en action; et en plus il recourt à la force létale et à l'armement pour se faire respecter ! Un témoigne recueilli permet même de définir la couleur de la menace : le rouge, et pas le vert. Bonne nouvelle, même si vous n'êtes pas un fervent lecteur des séries consacrées à Hulk, parues ces dernières décennies, vous allez rapidement parvenir à comprendre la problématique et les enjeux. Car Jeph Loeb n'a pas pour ambition de livrer une œuvre approfondie et à multiples interprétations, juste fournir un divertissement décomplexé et musculaire, où l'action et la baston sont les moteurs du récit. Le Hulk rouge est ultra brutal, bagarreur, et tout le monde en prend pour son grade dans chaque épisode, Avengers compris…

Voici un Deluxe qui se lit rapidement, du coup. Peut être même bien que son principal atout réside dans les dessins de Ed McGuinness. Trait clair et propre, tendance à l'exagération anatomique pour faire ressentir d'avantage la puissance des combats, quitte à loucher vers le cartoon, et orgie de gros bras musculeux et de créatures labellisées "gamma", comme A-Bomb, qui apporte aussi une touche de bleu… Vaste défouloir que certains considèrent comme un comic-book potache, ce Red Hulk est aussi une quête, celle d'un anti-héros aux méthodes discutables, qui tape sur tout ce qui bouge, tandis que le microcosme et l'univers gravitant autour du Hulk classique s'emballe. C'est l'inflation, on a l'impression que récupérer des pouvoirs liés à la bombe gamma, c'est à la dernière mode et qu'il est aussi facile de se les procurer que d'aller chercher son paquet de Marlboro au tabac du coin. Dans cet album, nous pouvons aussi nous régaler avec le talent d'Arthur Adams, toujours aussi minutieux et précieux dans son style, ou Frank Cho, du coup pertinent quand il s'agit de faire abonder les formes et les courbes des personnages. Survenant après un petit bijou comme Planet Hulk, et un gros événement réclamisé comme World War Hulk, ce cycle réalisé par Jeph Loeb fait figure de récréation explosive, mais pas très fouillée. On devine qu'il n'a pas du passer bien longtemps à écrire chaque épisode, et l'aspect psychologique est largement enfoui sous des tonnes de coups, de mandales, et de "Hulk Smash" de la bonne vieille école. Bref, prenez tout cela au troisième degré, sous peine de regretter votre achat et d'envisager l'ensemble comme une régression infantile coupable. Vous voilà prévenus.


SUMMER 2015 : AGE OF ULTRON, PLANET HULK ET YEARS OF FUTURE PAST

Nous vous avions ici même parlé de l'annonce oh combien surprenante du retour de Civil War. Un teaser énigmatique avait été lâché sur le Web. Cette fois, c'est une vraie épidémie. Chaque jour Marvel s'amuse à proposer un autre teaser, qui nous renvoie aux grandes sagas récentes de l'univers de la Maison des Idées. Ces jours-ci nous avons eu le retour de Age of Ultron (Vs Marvel Zombies!), à Years of Future Past (Days of Future Past, revu et corrigé) et également Planet Hulk, dans une incarnation fort différente. Tout cela semble lié à un seul et même événement, qui devrait concerner toutes les réalités et les époques, une vaste fresque dont il manque encore, à ce jour, les détails précis. Ce sera pour l'été prochain, à bientôt pour d'autres détails.



AGE OF ULTRON (MARVEL ABSOLUTE)

Age of Ultron revient déjà, et cette fois c'est sous la forme d'un bon gros absolute. Bref, la version parfaite, pour ceux qui ont adoré. De quoi s'agit-il, et que s'y déroute t-il, demanderont les distraits? En fait, au départ de l'aventure, on ne sait pas trop où se situer. Une Terre alternative? Un bond dans le futur (ou bien j'ai vraiment manqué quelque chose)? Toujours est-il que New-York (et probablement le monde) est sous la coupe réglée de Ultron et de son armée robotique, et que les humains sont traqués, spécialement les anciens super-héros. Les Vengeurs ont trouvé refuge dans les décombres de l'héliporteur du Shield. Vous savez, ce gros vaisseau volant qui s'écrase au moins une fois par mois? Là, il est échoué en plein Central Park, et on se dit que ce n'est pas la tanière la plus discrète, mais passons sur ce détail. L'essentiel des premières pages est centré sur le sauvetage de Peter Parker, en pleine déconfiture, capturé par une bande de criminels notoires (entre autres, le Hibou et Hammerhead) pour être remis à Ultron en échange de passe-droits. C'est Hawkeye qui se charge d'être la cavalerie, avec son matériel habituel, dans un monde apocalyptique en ruine, qui n'est pas sans rappeler, en effet, Days of Future Past, petit bijou de l'histoire des X-Men. En effet, l'Amérique est tombée aux mains d'Ultron. Des Ultrons. Ils patrouillent partout, on en voit dans le ciel et dans les rues, comme un gigantesque essaim d'abeilles robotisées.  La faille, chez le robot généré par Hank Pym, c'est peut être que bien qu'étant un automate, il agit pourtant comme un humain, notamment dans son comportement, ses réactions, ses motivations intimes. Du coup, il semblerait qu'il soit encore possible de négocier avec lui. Dans le genre : je t'apporte un héros en collant que j'ai neutralisé pour toi, en échange je peux obtenir quelque chose à mon tour. Ce sera ça la seule possibilité offerte à la résistance, pour infiltrer le Qg de leur ennemi. Et se rendre compte à quel point s'en sortir parait illusoire... 


Vous savez tous ce que signifie l'effet papillon, dans la science-fiction? Revenir en arrière, et piétiner sans le savoir un simple papillon, peut avoir des conséquences désastreuses dans le présent, d'où l'impossibilité des voyages dans le temps sans risques. Comprenez donc que lorsque Wolverine, toujours bien pratique quand il s'agit de se salir les mains, remonte le temps pour aller planter ses griffes dans Hank Pym, créateur du robot Ultron, la ligne temporelle Marvel risque fort se se retrouver profondément modifiée. La belle Invisible des Fantastiques l'accompagne et tente bien de le dissuader, mais pour une fois, l'impossible, l'impensable, est au menu de Age of Ultron. C'est assurément le temps fort de toute la saga, l'instant où le lecteur se demande si tout ce qu'il est en train de lire va vraiment impacter ce qu'il est habitué à fréquenter, dans les pages des comic-books Marvel. Wolverine qui assassine Pym, sous forme de médecine préventive de choc, c'est une idée de génie, l'étincelle qui aurait du permettre de changer la donne, à jamais. C'est le vrai grand instant X de Age of Ultron, l'épisode où j'ai compris pourquoi j'aimais encore ces bd superhéroïques, avec ces moments bluffant où l'action vous assène un bon coup de massue. Sans vouloir vous révéler la suite (que vous connaissez, depuis le temps) disons que malheureusement, Marvel n'est pas allé au bout de son idée, et qu'il aura fallu se contenter de dégâts irréversibles dans le tissu de l'espace-temps, avec en conséquences majeures l'arrivée d'Angela (expatriée de l'univers d'Image) et la saga Hunger, où Galactus boulotte l'univers Ultimate. Du coup, oserez-vous tenter la grosse dépense de cette fin d'année, pour cet "event" dans un format luxueux et définitif... Allez, j'en vois qui vont se laisser tenter tout de même... ne serait-ce que pour les dessins de Brian Hitch (entre autres) et parce que Brian Bendis a forcément une bonne cohorte de fans purs et durs!

LA GUERRE CIVILE REVIENT. CIVIL WAR DOUBLE SIZED

La Guerre civile a bien du succès en ce moment, du coté de chez Marvel. Tout d'abord avec le cinéma. La confirmation est toute récente : Robert Downey Jr reprendra bien son rôle de Tony Stark pour un troisième volet de la saga Captain America, qui portera le sous-titre de "Civil War" et sera le nouveau point de départ pour l'avenir des films super-héroïques de la Maison des Idées. Les frères Russo seront aux manettes de ce long métrage où Iron Man et Captain america s'opposeront, sur fond de dissensions éthiques et morales, comme ce fut le cas pour la version comics. Tout cela ressemble fort à une réponse à Batman Vs Superman : Dawn of Justice, qui sortira en mars 2016, c'est à dire deux mois avant Civil War. Quand au microcosme du support papier ... il est en ébullition depuis lundi soir, quand un teaser surprenant est apparu en ligne. Civil War, le retour, prévu pour l'été 2015? Serait-ce un fake, une suite, une nouvelle écriture de ce que nous avons connu? Inutile de dire que les réactions des lecteurs vont en ce moment de l'enthousiasme pur à la méfiance complète.


ALL NEW X-MEN TOME 2 (MARVEL NOW!)

Pour arrêter Scott Summers et l'empêcher de s'enfoncer plus avant dans ce qu'il estime être une attitude radicale et auto-destructrice, Hank Mc Coy a eu une idée qui est à la croisée du génie et de la tragédie : ramener dans le présent les premiers X-Men, ces jeunots insouciants, qui sous la houlette du professeur Xavier (que Scott a abattu durant Avengers Vs X-Men...) combattaient le crime et l'intolérance en jupette ou en caleçons longs. Bien sur les temps ont changé, et l'arrivée de ces idéalistes au coeur (encore) plus ou moins pur détonne avec ce qu'ils vont découvrir peu à peu, à savoir un présent (pour eux le futur) où le monde a drôlement changé, y compris eux-mêmes. Les plus mal à l'aise sont peut être Marvel Girl, et le jeune Cyclope. La première citée doit composer avec une existence qui sent bon la tragédie, la mort, et la renaissance, incarnation en Phénix Noir comprise, avec au compteur un sacré bilan en terme de morts et de chaos dans l'univers. Le second est au centre d'enjeux qui le dépassent, avec une version adulte considérée comme le plus grand terroriste de la planète, et des hormones en pleine ébullition. Impulsif, le Scott d'alors s'empare de la grosse moto de Wolverine (dont il ignore la personnalité et les coups de tête. Ne jamais voler les biens de Logan...) et s'en va pour une virée en ville, où le présent se rappelle à lui très vite. Dans une banque, il va faire la connaissance de la mutaforme Mystique, longtemps ennemi juré du premier groupe des X-Men, qui voit là une splendide opportunité pour faire aboutir certains de ses plans secrets...

Après avoir ravivé la flamme des Avengers, mais avoir aussi laisser l'ensemble se déliter en fin de parcours, Brian Bendis débarquait sur les X-Men avec beaucoup d'attentes et pas mal d'audace. Le pitch de départ, et le premier tome de la collection Marvel Now! avaient de quoi réjouir même les moins sensibles au monde des X-Men, tant la série démarrait sur les chapeaux de roue. Mais voilà, ici le niveau qualitatif baisse en régime. Certes les dialogues sont encore souvent savoureux, et il est plaisant de voir que pour les anciens X-Men, cet avenir qui d'un coup d'un seul devient le passé, est bien lourd à assumer. Angel est assez dérouté devant ce qu'il va devenir, Jean Grey doit absorber plus qu'elle ne saurait en gérer, et ce sont les tensions narratives entre ces vestiges du passé, encore tendres et naïfs, et ce que Marvel a fait aujourd'hui de ces personnages, qui est la sève de ce second tome. Il est aussi plaisant de voir que la jeune Kitty Pride, autrefois benjamine de la formation, est devenue à plein titre l'adulte responsable et le guide potentiel pour cette troupe hors du temps, et la confidente idéale pour Jean, qui doit encore découvrir l'étendue de ses pouvoirs (et les maîtriser). La dure réalité, c'est le programme que propose Scott Summers, le vrai, celui d'aujourd'hui, qui cherche à recruter pour son école, et dans sa vision du monde assume par moment un rôle qui n'est pas sans rappeler vaguement celui que pouvait jouer autrefois un certain Magneto, qui optait plus pour le poing fermé que la main tendue. On regrettera juste que sous la couche de vaudeville, ces épisodes manquent de vrais vilains, de vrais combats épiques, et menacent de vite tourner à vide, faute d'oxygène (ce qui va malheureusement se produire dans les prochains tomes, Battle of the Atom à part). Coté dessins, par contre, rien à dire, avec Stuart Immonen et David Marquez, c'est superbe, et il faudra être bien sévère pour oser chicaner!


WOLVERINE EST MORT? PLACE A "WOLVERINES"

Wolverine est mort? Longue vie à Wolverine. Tout d'abord, comme vous pouviez l'imaginer, les responsables éditoriaux de Marvel ne ferment pas la porte à une résurrection ... On parle déjà de un à deux ans d'absence, avant un retour en grande forme de Logan. Et en attendant? Voici venir en 2015 une série hebdomadaire (Dc fait des émules...) sobrement intitulée Wolverines. Le "S" est important, car il s'agira de voir comment les amis et membres de la "famille" de Wolverine vont encaisser le choc, et se débrouiller sans lui. Avec bien sur Sabretooth en première ligne (c'est lui le remplaçant désigné) mais aussi X-23, par exemple. Les artistes sur ce projet sont Charles Soule, Ray Fawkes, et Nick Bradshaw. Début en janvier! Voici quelques covers histoire de patienter.









LA NATION BOUFFON : LA FIN ANNONCEE POUR LE SUPERIOR SPIDER-MAN

C'est la dernière ligne droite pour le Spider-Man supérieur. Et le pauvre Otto Octavius ne pourra pas même en profiter, dans la peau de Peter Parker, car cette ultime parenthèse en tant que héros va lui coûter cher et sera loin d'être de tout repos. Intitulée "La nation bouffon" cet arc narratif ramène sur le devant de la scène Norman Osborn en tant que cinglé costumé, mais aussi l'ensemble de ses épigones, alliés, et victimes. Parmi celles-ci, l'ex petite amie de Parker, Carlie Cooper, contaminée par le virus du Bouffon, et transformée en monstre à la solde du grand méchant du moment. Le prologue à l'événement est proposé dans la série Superior Spider-Man Team up, où Spidey est "associé" (façon de parler) à Daredevil et le Punisher, alors qu'il découvre que le Green Goblin est parvenu à noyauter ses activités depuis la spider Island, son Qg général, tombé aux mains d'Osborn, donc. Le Tisseur est acculé et n'a plus le choix : tous ses efforts, ses sacrifices, sont sur le point d'être réduits à néant, s'il ne parvient pas à contrattaquer. En parallèle, Peter Parker n'est plus tout à fait disparu et effacé. Son âme, son essence vitale, continue de jouer à cache-cache avec Otto, en se dissimulant notamment dans les souvenirs de ce dernier. Une occasion pour revivre les traumatismes et les frustrations d'un gamin couvé et étouffé par sa mère, et brisé par son père. De quoi produire un vrai vilain bien méchant et tout, avec tentacules et binocles rondes assez ridicules. Mes amis, Octopus a une excuse, il a eu une enfance difficile, pendant que Peter mangeait avidement les cookies au lait que lui préparait sa tantine. Life is unfair.

D'autres pistes secondaires émaillent ces épisodes présents dans le numéro 16 de Spider-Man, en kiosque ce mois d'octobre. Peter Parker est recherché par la police, qui voudrait l'entendre s'expliquer sur la disparition de Carlie Cooper (qui en fait, nous l'avons déjà dit, s'amuse sur un joli planeur...). Jameson a ressorti les anti-araignées version 8.0 (on doit au moins en être là depuis le temps...) du placard pour entamer une énième croisade, et Mary-Jane se comporte en ex femme forte de héros, en décidant de recueillir tous les proches de son ancien mari, afin de les mettre à l'abri de l'orage qui gronde. Dan Slott tire donc ses dernières cartouches, pour ce qui est de son idée phare : remplacer Parker par Octopus, pour crée un Spidey plus dur, plus équivoque dans sa façon d'agir. Mon regret? Qu'il ne soit pas allé au bout du bout de ses intentions. Certes ce tisseur là est plus violent, plus radical, mais il aurait pu être encore plus impitoyable, ne pas forcément se laisser guider par le sens du devoir et l'envie de dépasser son prédécesseur. Il pouvait ainsi écouter d'avantage sa nature de vilain, laisser parler la frustration et la noirceur accumulée au fil des ans. Même chose avec les femmes. Alors qu'on attendait de le voir au lit avec Mary-Jane et ruiner la réputation de Parker, ce bon vieux Doc Ock tombe amoureux (d'Anna Maria Marconi) et se comporte comme le gendre idéal, prêt à tout pour protéger celle qu'il chérit et respecte plus que tout. Les dessins sont assurés par un Giuseppe Camuncoli fort à l'aise sur ces pages. Son travail est suffisamment clair et dynamique pour offrir de belles planches à ce final, où le lecteur Vf (qui ne suit pas l'actualité américaine en direct) ne doit se poser qu'une seule question majeure : comment Peter va t-il pouvoir retrouver son corps et sa vie? La réponse ne va plus tarder, allez faire un tour en kiosque!


TRILLIUM : LE NOUVEAU JEFF LEMIRE CHEZ URBAN COMICS

Jusqu'ici Jeff Lemire nous avait habitué à des oeuvres personnelles ancrées dans un quotidien prosaïque, développées avec une verve poétique douce-amère. Sweet Tooth avait amorcé une petite révolution avec un récit de science-fiction apocalyptique, qui puisait toutefois sa sève vitale dans la grande humanité des personnages mis en scène. Cette fois, avec Trillium, Lemire peut donner corps à ses fantasmes d'enfance et tisser une grande et belle histoire qui convoque le cosmos, les étoiles, des extra-terrestres, et ... l'amour. Le tout en huit numéros seulement, une petite grande fresque universelle, qui fut présentée en son temps comme la dernière histoire d'amour de l'humanité. Dans Trillium, nous suivons deux personnages principaux que tout éloigne. Nika est une scientifique qui tente d'établir un contact avec les autochtones de la planète Atabithia, en 3797. Elle évolue dans un univers où la race humaine est en voie d'extinction. Il ne reste plus que quelques milliers d'exemplaires en vie, les autres ayant été décimé par un virus intelligent. William lui est un ancien soldat, traumatisé par le champ de bataille de la première guerre mondiale, et qui part en 1921 à la recherche d'un mystérieux temple dans la jungle du Pérou. Bref, tout sépare ces deux-là, sauf une fleur blanche aux propriétés inconnues et mystérieuses. On en trouve un champ complet sur Atabithia et elle devrait permettre de synthétiser un antidote contre le virus opérant dans le futur. On en trouve également en ce début de XX° siècle, autour du temple inca recherché par William et son frère aîné. Tout s'emballe et s'enchaîne lorsque Nika et William ingèrent le Trillium (c'est son nom) et accèdent à un autre niveau de conscience, de réalité. La scientifique est ainsi projetée dans le passé, et rencontre pour la première fois celui qui va lui permettre de rompre sa solitude, et dont l'existence va finir par se fondre avec la sienne, au sens propre comme au sens figuré. 

L'ingestion du Trillium est-elle une parabole pour évoquer ces autres substances opiacées qui nous font rêver, planer? C'est en tous les cas le déclencheur d'une expérience qui va mêler passé et futur, vie de l'un et vie de l'autre, souvenirs personnels et drames intimes. Ces derniers ne sont jamais loin, chez Jeff Lemire, et la filiation, la famille, est toujours présente, comme source de traumas, dans chacune de ses oeuvres. Par exemple, la sentiment de culpabilité et de solitude de Nika est due à la disparition de la mère, dans des circonstances tragiques, qui sont narrés à mi-parcours du récit. Plus encore qu'une histoire d'amour, Trillium est une ode à l'humanité, qui puise son succès dans la crédibilité et la psychologie des personnages principaux. Osons même parler d'histoire d'amour de Jeff Lemire pour ses créations, ce qui permet aisément aux lecteurs d'adhérer naturellement à leurs vicissitudes, leurs détresses, leurs joies. Techniquement parlant, Lemire s'amuse à pervertir, à manipuler les limites de la mise en page, partant de la technique du flip-book dans le premier épisode, pour ensuite juxtaposer deux lignes narratives à rebours l'une de l'autre, dans un autre épisode. Nous avons affaire à un des artisans les plus doués de sa génération, à un storyteller de premier ordre qui parvient une fois de plus à mettre à nu les victoires et les défaites, les qualités et les défauts de l'âme humaine, toujours triomphante, même au fin fond du cosmos. La conclusion de Trillium revient par ailleurs nous évoquer celle de Sweet Tooth. Derrière le drame et la catastrophe redoutée, c'est à nouveau l'espoir et la transmission qui triomphent, pour une happy-end apaisée et d'une grande sensibilité, tout en dribblant le piège de la mièvrerie avec aisance. Sans être le chef d'oeuvre de sa biographie, Trillium est un nouveau succès marquant dans la carrière de Jeff Lemire, qui fait preuve d'une redoutable régularité dans l'excellence et l'inspiration.


Sortie chez Urban Comics le 24 octobre. 

BATMAN TOME 4 : L'AN ZERO (1 ère partie)

Une des bonnes vieilles recettes pour vendre des copies, quand on a entre les mains un personnage légendaire et bankable, c'est de raconter encore et encore ses origines, de revenir sur des pans obscurs de ses premières années. Batman n'a pas été épargné par le phénomène, et les New 52 sont un excellent prétexte pour Scott Snyder de remettre le couvert, en cherchant bien entendu à raconter quelque chose d'inattendu, de neuf, d'inattendu. L'An Zéro est une si longue saga qu'il faudra bien deux tomes chez Urban Comics pour en venir à bout. Voici donc le premier, où Bruce Wayne est enfin de retour à Gotham, après des années formatives sur la route, qui sont narrées dans les histoires de back-up écrites par James Tynion IV. Je préfère vous dire d'emblée que je ne les ai pas aimées, car sans grande personnalité, avec une trop grande volonté de moderniser et de "cooliser" Bruce, ce dont il n'a visiblement pas besoin. Son retour, donc, n'est pas de tout repos : la ville est aux mains du gang de Red Hood, un cinglé qui se coiffe d'un heaume rouge en forme de suppositoire. Le play-boy milliardaire n'est pas seul pour mener l'enquête puisque Alfred le majordome va le soutenir et l'orienter, au besoin. Autre personnage d'importance, l'oncle, à savoir Philip Kane, qui est l'administrateur de l'empire Wayne, en l'absence de l'héritier désigné. Bruce n'a pas l'intention de revenir aux affaires et préfère jouer au casse-cou pour identifier et stopper le Red Hood, quitte même à se déguiser en Oswald Cobblepot et infiltrer son dirigeable. Le problème c'est qu'à l'époque Batman n'est pas encore Batman : juste en homme motivé mais encore naïf, qui va se faire casser la tête et tabasser à y laisser des dents et la mâchoire. Action, et encore de l'action, avec ce premier volet, qui est aussi truffé de petits flash-backs (Bruce enfant, le traumatisme de la mort des parents et l'apparition des chauve-souris) qui rythment la lecture et feront peut être la paire, avec ce qu'on voit et verra à l'écran cet automne dans la série Gotham.

En réalité, L'An zéro s'ouvre avec une scène fort étonnante. Gotham City dans une version apocalyptique, sans que nous puissions comprendre véritablement pourquoi nous en sommes arrivés à ce stade. Ce n'est qu'ensuite que tout s'enchaîne. Comme nous repartons de zéro, Snyder peut tisser à sa guise les rapports humains entre les différents personnages, et ce qu'il fait de mieux reste ceux entre Bruce et Alfred, qui ont une relation à (re)construire. Cela ne va pas sans heurts et conflits évidents, dans un premier temps, mais les deux hommes avaient nécessairement à se (re)connaître après la longue parenthèse de Bruce Wayne à travers le globe. Le scénariste livre également une nouvelle version (relookée et affinée) du Red Hood, mais aussi des premiers pas d'Edward Nygma, pas encore ce super vilain qui carbure à coups de devinettes, ici installé comme le miroir déformé des capacités intellectuelles du futur Batman (après tout le roi des détectives se doit d'avoir des ennemis qui lui posent des colles, non?). Les dessins de Greg Capullo continuent d'être à la hauteur, haut la main. Son style colle admirablement au ton général de la série, et le travail du coloriste sur ces épisodes permet de rompre subtilement avec les ambiances hyper sombres et angoissantes des années présentes. Scott Snyder semble avoir une grande ambition, en recyclant les classiques du passé, pour en faire des arcs narratifs cruciaux durant l'ère des New 52. Après sa propre mouture du Deuil de la Famille (le troisème tome, avec le retour du Joker, plus barge que jamais), cette fois il lorgne ouvertement vers le Year One de Miller, auquel il sait rendre hommage, mais dont il parvient idéalement à se démarquer, en privilégiant l'action à l'enquête, et en retouchant les caractères des personnages, à commencer par un Bruce plus circonspect et impatient envers son majordome. Plus insolent et tête brûlée. Les origines de Batman, c'est loin d'être novateur, mais sous cet angle, ça à au moins le mérite de se décliner en une aventure qui ne répète pas stérilement celles qui ont déjà été écrites. D'où le fait que je vous recommande l'achat!


THE PUNISHER : SUICIDE RUN (INEDIT EN VF)

Parlons inédit en Vf aujourd'hui, avec le Punisher. Retour à l'ère de gloire du personnage, dans les années 90, quand trois séries mensuelles étaient consacrées au vigilante Marvel. L'occasion de crossovers endiablés, dont le plus célèbre et le plus long, Suicide Run. Comme le titre l'indique, une aventure dramatique pour Frank Castle, qui commençait sérieusement à accuser quelques signes de fatigue psychologique, et jouait dangereusement avec l'auto-destruction. Qui commence lorsque la pègre de New-York décide d'en finir avec lui, en l'attirant dans un piège aussi sophistiqué que risqué. Une réunion au sommet avec tous les gros bonnets du milieu est organisée dans un building en construction, censée servir d'appât pour le Punisher, qui ne saurait résister à l'appel du carnage. Seule Rosalie Carbone, une brune fatale que Castle épargna autrefois (car au fond elle lui plaisait plutôt bien, physiquement...) ne participe pas à cette mascarade, qui tourne vite au tir au pigeon. Notre justicier, acculé, ne trouve rien de mieux que de descendre tout ce qui bouge, et en dernier recours il fait sauter tout l'immeuble, et se retrouve enseveli, avec les malfrats les plus récalcitrants, sous des tonnes de gravas. Ce qui fait l'affaire de la brigade chargée d'appréhender tous ces pseudos redresseurs de tort, V.i.g.i.l, qui ne savait trop comment arrêter le Punisher. Exception notable au sein de cette institution, une tête brûlée du nom de Blackwell, qui nourrit une haine féroce pour ce cher Frankie. Qu'il va continuer à traquer sans relâche, jusque dans la petite bourgade de Laastekist, où ce sera le feu d'artifice final, la grande fête pour s'attribuer le scalp du Punisher, entre mafieux, forces de l'ordre, et cinglés obsessionnels de la gâchette.

Alors bien sur, nous sommes dans les années 90. Chuck Dixon ne perd guère de temps à plonger ses personnages dans une introspection poussée et crédible. Le Punisher est ici motivé par une mission aveugle, qu'il poursuit dans la plus grande tradition des redresseurs de torts monomaniaques et caricaturaux. Il est prêt à se sacrifier, et ne s'en sort que par un concours de circonstances heureuses. Castle n'est pas seul. A l'époque, d'autres épigones fréquentaient les pages des trois séries mensuelles. Notamment (pour ne citer que les plus notables) Lynn Michaels, ex policière passée elle aussi dans les rangs des vigilante, Outlaw (la version fan-boy britannique, souvent raillé pour son accent), ou bien Hitman, l'avatar au service... de la mafia! Une mise en scène qui n'a rien d'originale, et qui trouve probablement ses racines dans l'événement Death of Superman/Reign of the Supermen : lorsque le héros phare semble hors service, la course à la succession démultiplie les vocations! Aux dessins, nous avons du John Buscema, tout de même, mais parfois (vers la fin) l'encrage est un peu sommaire, et son style déjà épuré en devient un tantinet brouillon. Ou encore Hugh Haynes, un des piliers de la série dans les années 90, au trait plus cartoony et naïf. Il s'agit là du point d'orgue de presque une décennie d'aventures. Les responsables de Marvel voulaient alors rendre aux ventes le lustre qui commençait à s'effriter, en orchestrant la fin présumée du Punisher, tout en injectant sur ces pages une longue liste de prétendants wannabe, ou de copies distordues, pour étoffer un univers narratif très refermé sur lui même : Suicide Run fonctionne en autonomie parfaite et ne fait pas intervenir d'autres justiciers en collants. Le problème, c'est que vous ne trouverez pas de traces de l'ironie mordante de Garth Ennis, ou la violence adulte et esthétisante de la récente collection Max. Par contre, les amateurs de gros flingues et de comics à la Charles Bronson vont se régaler. Une publication Vf semble à ce jour bien peu probable, à moins que Castle revive un jour prochain au cinéma, avec succès, ou revienne en force chez Netflix, par exemple. Une petite série? Oh oui que j'aimerais!




Liste de lecture et infos détaillées ici 

ROBIN : ANNEE UN

Il n'y a pas que Batman qui a eu droit à son Year One. Année un pour Robin, le jeune prodige, ici dans son incarnation la plus classique, c'est à dire Dick Grayson. Un jeune orphelin qui a perdu ses parents dans un accident criminel au trapèze, et que nous retrouvons d'emblée en pleine phase d'entraînement aux cotés de son mentor et père de substitution, Batman. L'album commence avec Batman Chronicles : The Gauntlet, qui est une sorte de test grandeur nature pour Robin. Le but est de passer une nuit entière à échapper au Dark Knight, pour se démontrer digne de l'accompagner par la suite dans ses rondes urbaines.  Tout ceci ressemble à un jeu de cache-cache innocent, sauf que d'emblée Dick se heurte à un policier en civil victime d'une agression brutale, s'immisçant de la sorte dans les activités d'un certain Joe Minette, ponte de la pègre locale, qui va participer à la traque à sa manière, c'est à dire de façon beaucoup moins clémente. Il est intéressant de voir ce qui se passe dans la tête de Bruce Wayne : il n'a pas du tout envie de placer son jeune pupille dans des situations hasardeuses qui pourraient le mener à une fin tragique, mais dans le même temps il a besoin de ce side-kick et il est prêt à le prendre définitivement sous sa coupe s'il se révèle à la hauteur du maître. Un Robin qui a entre les mains un jeu de cartes représentant des femmes nues, à destination du commissaire Gordon, cadeau empoisonné de celui qu'il a secouru en vain, et qui va se montrer intelligent, truculent, et audacieux, pour son jeune âge. Certes Batman va venir lui tirer les marrons du feu au dernier instant, après l'avoir quelque peu épié dans l'ombre, mais il méritera bien ses galons de héros en devenir. Un travail sympathique de Bruce Canwell, bien illustré par Lee Weeks, qui présente un Robin bondissant, agile, gracieux, mais toujours aussi ridicule, avec le recul, dans son improbable costume rouge et verte, avec culotte courte (ou simple slip?) et bottines évasés. Un look effrayant, pour ne pas dire scabreux... 

Second récit présent, Robin Year One, en quatre parties. Cette fois c'est Alfred Pennyworth qui joue au narrateur,et nous donne sa propre vision des choses. Une histoire qui nait sous les pires auspices, avec un Chapelier Fou chargé d'enlever une dizaine de gamines de Gotham pour le compte d'un politicien asiatique. Robin se charge de l'enquête seul, pendant que Bruce Wayne est occupé sur le yacht du commanditaire des rapts, ce qui pourrait lui valoir un bon savon. Batman n'est pas si convaincu que ça de laisser son jeune side-kick prendre les choses en main, sans son aval. C'est ensuite le commissaire Gordon qui exprime ses doutes et sa réticence à voir un gamin affublé d'un costume, rendre la justice aux cotés d'un dur de dur comme le Dark Knight, d'autant plus que la menace de Double Face se profile à l'horizon : pour se venger de Batman, il projette d'assassiner son jeune compagnon! Ce qui est assez paradoxal, c'est qu'on pourrait s'attendre à une revisitation plus soft et complaisante des débuts du jeune prodige, et pourtant ces pages lorgnent par endroits vers la violence la plus crue, et abordent des thématiques adultes et dérangeantes. Le jeune âge du protagoniste est un bon miroir à tendre vers Gotham pour y aborder des questions comme le détournement de mineurs, ou bien l'exploitation des plus fragiles par des adultes sans morale. Chuck Dixon signe un scénario réfléchi et mur, qui est idéal pour souligner la maturité naissante de Robin, qui reste pourtant par endroits l'idéaliste naïf qu'il pourrait être. Les dessins de Marcos Martin et Javier Pulido sont frais, subtilement cartoony, dotés d'une mise en couleur inspirée et originale. Ce qui fait de ce Année Un une parution fort agréable, fort recommandable à tous ceux qui souhaitent prolonger l'expérience et la connaissance des premières années du Duo le plus bondissant de Gotham, la Chauve-Souris et son fidèle Rouge-Gorge. 


LES PORTRAITS DE PAOLO RIVERA (COLLECTION 2014)

J'ai déjà eu l'occasion d'en parler ici même mais j'aime beaucoup les portraits de Paolo Rivera, celle collection de dessins des principaux acteurs de l'univers super-héroïque, qui s'enrichit mois après mois au grès des commissions, et des conventions comics. Voici donc ce mercredi une petite revue de certains travaux réalisés lors des quatre cinq derniers mois par l'artiste, avec Iron Man, Wolverine, MiracleMan, Mary-Jane Watson, et d'autres encore. Paolo Rivera que vous pouvez retrouver sur http://paolorivera.blogspot.com







LA NUIT DES LANTERNES CHEZ DELCOURT : LE DEUIL, LA COLÈRE, L'HORREUR

 Le personnage principal de cet album signé Jean-Étienne s'appelle Eloane. C'est une jeune femme qui retourne dans la maison familia...