NEMESIS RELOADED : MARK MILLAR SECONDE MANCHE
BIG UNDER #1 CATACOMBES : PARIS S'EFFONDRE CHEZ 404 COMICS
Assez rapidement, le mystère s'épaissit. Sonia et sa bande tentent de pénétrer au domicile du père de Sophie, pour trouver des indices susceptibles d'expliquer sa disparition. Mais rien ne va se passer comme prévu (même si ce sera le prétexte à une belle vue des toits de Paris), et les adolescents vont se retrouver nez à nez avec l'incarnation des pires horreurs du racisme, du rejet de l'autre, de la monstruosité (in)humaine, au sens propre comme au sens figuré. On bascule alors vers l'épouvante, ou en tous les cas un récit plus effrayant qu'il ne semblait au premier abord, concept renforcé par l'apparition d'un nouveau personnage dans la dernière partie, qui confirme le caractère dérangeant et déroutant de l'ensemble. Alex Nieto brille avant tout par son sens de la narration, sa façon de tenir en vie l'intérêt du lecteur d'une planche à l'autre, y compris dans des passages plus statiques où ce sont les dialogues "fleuries" et les interactions entre adolescents qui rythment la progression du récit. Il faut bien l'admettre, les expressions faciales, les visages tout courts, ne sont pas toujours extraordinaires, avec un petit côté caricatural qui a l'avantage de ne pas surcharger les vignettes, mais n'est pas systématiquement du plus bel effet. Le travail de Fabiana Mascolo aux couleurs permet cependant de valoriser l'ensemble, de lui apporter une vitalité réelle. Comme c'est désormais une tradition, 404 Comics propose une édition soignée et imprimée de manière "responsable", avec un papier assez épais et au rendu mat, qui correspond tout à fait ce que nous pourrions souhaiter. Big Under est donc une création originale française qui incarne facilement son temps, avec des personnages qui ont besoin de peu pour fonctionner, même dans l'absence (Sophie et Sonia) ou quand le scénariste charge un peu la mule, avec un chouia de jeunisme exaspérant par endroits, ou quelques portraits caricaturaux, voire grotesques (les Rats que Sonia et ses amis doivent affronter). On a parlé de Stranger Things à la française ou de récit à la John Hughes pour définir Big Under, mais sa contemporanéité et sa capacité à saisir le moment présent sont des qualités qui permettent d'en faire un produit honnête et plutôt attachant. On peut ne pas être (clairement) le cœur de ce cible de cette bande dessinée, tout en en reconnaissant la qualité, et la valorisation qu'en fait l'éditeur. D'où l'envie de pousser plus loin les investigations, et l'attente de la suite, que vous pourriez être nombreux à désirer.
ULTIMATE X-MEN L'HOMME DE DEMAIN : LE PREMIER OMNIBUS VOUS ATTEND
Les Ultimate X-Men, c'est une version plus désabusée, plus ironique, plus "à la page" des mutants que vous connaissez. Peu à peu, les personnages et leur background s'affichent, dans une version différente de la mouture traditionnelle. Si le titre va peu à peu perdre en intensité, les 20/30 premiers épisodes sont de très bonne facture et se relisent toujours avec délectation. Mark Millar a utilisé ces pages comme tremplin pour le grand saut, qui le conduira ensuite aux sommets de la gloire, avec cette touche irrévérencieuse qui désacralise tout ce qu'il aborde. Adam Kubert se permet d'épater la galerie avec des planches qui assurent le service pour ce qui est du dynamisme et de l'action. Le cadrage et le découpage permettent de rendre encore plus vivant cette lutte pour la suprématie, et les personnages présentés sont plus jeunes et "branchés" que les X-Men traditionnels. Seul hic, c'est aussi le cas dans les dialogues, où certaines remarques détonnent, ou ne semblent pas pertinentes dans la bouche de ces mutants là; mais encore une fois, il s'agit d'une autre version, dont il faut accepter et apprécier la subtile différence, au risque de voir Xavier utiliser ses pouvoirs sur ses propres élèves, où Tornade combattre à distance, en restant cachée loin des sentinelles qu'elle foudroie. Outre Kubert, notons Esad Ribic (ici encore à la recherche d'un style personnel, avec des dessins d'une qualité bien moindres par rapport à ce qu'il fournit aujourd'hui) ou encore Chris Bachalo, qui semble se limiter dans la folie et l'inventivité, on l'a vu plus inspiré avant et après. A défaut d'être toujours subtil et d'une profondeur fascinante, Ultimate X-Men est un titre qui n'a pas honte de sa nature, c'est à dire un divertissement riche en vitamines, qui joue avec les codes d'une série mythique, qu'il décompose et recompose pour en faciliter l'accès. En Omnibus, pour ne rien louper !
DÉMONS : LA NOUVELLE COLLABORATION SNYDER/CAPULLO CHEZ DELCOURT
SPAWN UNWANTED VIOLENCE #1 : MIKE DEL MUNDO EN VEDETTE
AURORA TOME 1 PHÉNOMÈNES : LES ENFANTS DE L'AURORE ARRIVENT !
HULK VS THOR DRAPEAU DE GUERRE : 60 ANS ET DES BOURRE-PIFS
LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : RÉVOLUTION TOME 2 ÉGALITÉ
Dans le 143e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Égalité, première partie du second tome de Révolution, saga que l'on doit à Florent Grouazel et Younn Locard, éditée chez Actes sud sous le label L'an II. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :
- La sortie du premier tome sur deux prévus de Kléos, celui qui rêvait de gloire que l'on doit au scénario de Mark Eacersall et Serge Latapy, au dessin d'Amélie Causse et c'est édité chez Grand angle
- La sortie de l'album Médiator, un crime chimiquement pur que l'on doit au scénario conjoint d'Irène Frachon et Éric Giacometti, au dessin de François Duprat et c'est édité chez Delcourt
- La sortie de l'album Freud, le moment venu, un titre signé Suzanne Leclair, épaulée ici par William Roy, qu'édite La boite à bulles
- La sortie de l'album Souviens-toi que tu vas mourir signé par Dobbs au scénario, Nicolas Genzianella au dessin et c'est édité chez Glénat sous le label Comix Buro
- La sortie de l'album Les enfants du rêve chinois, un titre signé par Luxi et édité chez Sarbacane
- La réédition de Liberty, album que l'on doit doit au duo Éric Warnauts et Guy Raives ainsi qu'aux éditions Le Lombard
BLUE IN GREEN : LA SUBLIME ENVOLÉE DE RAM V CHEZ HI COMICS
La grande qualité de Blue in green, c'est la manière dont se répondent ou se confondent les différentes strates qui peuvent participer à la création d'un comic book. Difficile de dire si ce sont les mots, la prose de Ram V qui ont inspiré les dessins de Anand RK, si c'est ce dernier qui a distillé sa magie au fil des pages et sublimé le travail du lettreur Aditya Bidikar, ou si tout ceci a fortement influencé le scénariste pour écrire une œuvre singulière et magnifique. Toujours est-il qu'on reste bouche bée devant de très nombreuses planches, qui ont très souvent cet aspect peint que nous connaissons chez David Mack par exemple et qui jouent habilement des frontières poreuses qui existent entre l'onirisme et la réalité, entre le quotidien prosaïque d'un homme à la recherche de ses racines et la métaphysique, voire l'épouvante, ce qui se cache dans son esprit et qui n'a jamais été abordé frontalement jusque-là. D'ailleurs, il est même possible d'oublier carrément le sujet principal de Blue in green. Erik rencontre-t-il véritablement le surnaturel ou est-il victime de visions ? L'histoire d'amour (re)naissante puis immédiatement avortée avec Vera, une ancienne petite amie, va-t-elle être importante ou ne sera-ce qu'une station sur un chemin de croix perturbant ? Est-ce une réflexion sur la nécessité de brûler la chandelle par les deux bouts, consumé par le désir de l'art, ou au contraire une mise en garde sur ce qui attend celui qui se laissera séduire et inconsidérément tourmenté par ses muses ? Lisons-nous un drame familiale et intime ou une plongée glaçante et lente dans l'horreur ?Rarement nous refermons un album en considérant qu'il existe autant de réponses que de lecteurs, et même - et c'est cela qui est extraordinaire - l'interrogation n'a peut-être aucun sens ! Ce qui compte, c'est un peu la même chose que ce qui peut importer dans de nombreux disques de jazz, c'est le sentiment qui se dégage, l'émotion qui peut prendre aux tripes… si ce n'est qu'ici on ne fermera jamais les yeux pour se laisser transporter, mais au contraire, on les gardera grand ouverts jusqu'à la dernière planche et son insondable tristesse. Bref, vous pouvez très bien faire l'impasse sur ce titre, si vous ne lisez uniquement que du super-héros en costume bariolé. Inversement, si vous prétendez avoir entre les mains quelque chose d'aussi insaisissable que bouleversant, je vous recommande fortement d'investir dans ce qui sera (on peut déjà le dire, même si nous sommes en janvier) une des sorties marquantes de l'année 2023 sur le marché français. On n'obtient pas un Eisner Award par hasard, après tout. Au passage, n'hésitez pas à caresser la très belle couverture que vous a réservé Hi Comics, avec son effet "vinyle/micro sillons" des plus réussis. C'est de l'art jusqu'au bout du bout des doigts, que demander de plus ?
(sortie mercredi 18 janvier)
ROGUES : LES LASCARS REPRENNENT DU SERVICE AVEC JOSHUA WILLIAMSON
Joshua Williamson est décidément partout. Il écrit cette fois une sorte de polar désabusé, une aventure aussi dramatique que drolatique par endroit. Ses Lascars sont des individus au bout du rouleau, usés jusqu'à la corde, qui avaient raccroché pour une bonne raison. Ce n'est pas la vie qui les a rattrapé, c'est juste l'égoïsme et l'égocentrisme de Cold, qui les embarque dans un casse du siècle mal préparé et destiné de toute façon à échouer. Il y a beaucoup d'humour dans les dialogues et on sent qu'en réalité l'équipe réunie est trop hétérogène et brisée pour arriver à quelque chose. Mais ce n'est guère mieux sur le versant africain : Gorilla City est certes une ville moderne mais la manière dont elle est perçue, dont semble fonctionner son organisation interne, n'échappe pas à une bonne dose de sarcasme. A commencer par un Roi Grodd qui doit endosser le costume du souverain contraint au grand écart entre traditions simiesques et capitalisme effréné. Du coup, il y a de la trahison à tous les étages, chez tout le monde, et ça ressemble à une sorte de bande dessinée synthèse d'un comic book moderne et d'un film de Quentin Tarantino. C'est alors qu'on se rend compte que les dessins de Leomacs sont parfaits pour le on de cette histoire. Pour le coup, nous avons un véritable style européen, proche du western caricatural, avec des planches au rythme effréné et impayable, truffés d'onomatopées qui s'intègrent à l'action et l'accélère davantage. Un délire qui ressemble a de la BD parodique et d'humour, sans jamais céder à la facilité. Car en fin de compte, le dessin en lui-même reste de belle facture et d'une maîtrise réelle (même s'il faut le renfort de trois assistants différents pour venir à bout du dernier chapitre). Les amateurs de comics qui ne se prennent pas foncièrement au sérieux et qui jettent un regard neuf et désenchanté sur des personnages en déshérence vont trouver leur bonheur. Rogues, c'est non seulement attachant, mais c'est aussi un récit jouissif et malin, qui n'oublie pas d'arborer un souvenir narquois au plus sombre de ses pages. Du vrai bon Black Label !
L'OMNIBUS X-STATIX CHEZ PANINI : TIME IS NOW !
Mais surtout, Milligan n'hésite pas à vite renouveler le cast, en faisant mourir au champ d'honneur ses personnages. Dès les débuts de sa prestation, la team perd celui qui était censée la mener, Zeitgeist. C'est ensuite le tour de nombreux autres, à tel point que lors du passage crucial du titre X-Force à sa nouvelle-nouvelle existence, en tant que X-Statix, c'est U-Go Girl, la belle Edie, qui tire sa révérence alors qu'elle est incontestablement un des piliers de l'histoire. X-Statix est en réalité au service d'un milliardaire de la Silicon Valley, qui tire les ficelles dans l'ombre, orchestre les campagnes médiatiques, et les combats pas toujours crédibles ou sérieux. Le but est d'exister devant les caméras, produire des bénéfices, vivre de gloire et de bons gros dollars. Tout est utile pour y parvenir. Exacerber les tensions, ou les créer de toutes pièces. Inventer un ennemi, qui en devient trop réel par la suite, ou encore semer le doute, la suspicion, sont autant de moyens de maintenir l'intérêt du public, à chaque instant, le tout sous l'objectif de Doop, une espèce de blob gélatineux tout vert, dont les pouvoirs sont au départ inconnus, et vont se révéler incommensurables. Certains grands moments de la série, qui va résister plus de trois ans, sont inoubliables et décalés, comme lorsque l'afro américain Tike prend ombrage de l'arrivée d'un autre héros de couleur dans l'équipe, ou lorsque les Avengers et X-Statix se défient, pour récupérer le cerveau de Doop, qui a explosé et dont les morceaux ont été semés à travers le globe. Au dessin, Mike Allred a donné une vraie identité visuelle originale à la série, avec des pages dynamiques, simples et immédiates, un trait épuré et mis au service de couleurs éclatantes, à la limite du criard par endroits, dues à Laura, son épouse. Du début à la fin X-Statix s'étire en situations fantasmagoriques, avec de la téléportation, des rayons d'énergie, des êtres on ne peut plus étranges (un membre provisoire de X-Statix a une relation fusionnelle avec sa planche de skate!) et des morts tragiques, mais qui jamais n'arrêtent une formation en représentation permanente, parabole jouissive du monde de l'entertainment moderne, où tout est bon, comme dans le cochon. En somme, l'arrivée de l'omnibus chez Panini sonne comme une divine surprise, même si le format (et donc le prix) en font une lecture hors de portée de certaines bourses.
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