SCORCHED : L'ESCOUADE INFERNALE DE SPAWN CHEZ DELCOURT


 Les Hellspawn sont plutôt du genre solitaire, on ne peut pas dire qu'ils recherchent la compagnie de leurs semblables ni même que c'est l'union qui fait leur force. Voir donc pour la première fois un aréopage de ces créatures infernales, avec bien sûr dans l'ombre la supervision d'Al Simmons alias Spawn, c'est la petite sensation de janvier. Troisième et dernière nouvelle série lancée par Todd McFarlane, Scorched est probablement celle qui est la plus difficile d'accès pour le néophyte qui ne connaîtrait pas bien l'univers de départ, qui a donné naissance à cette espèce de spin-off. Il y a en effet de trop nombreux intervenants, tous possédant des nécro-pouvoir set une sorte de symbiote, pour aborder sereinement ces pages en tant que grand débutant. Quand l'actualité rejoint la fiction : c'est en Russie que nous allons voyager, à la rencontre d'une organisation terroriste appelée la Bannière Noire, et d'un colonel particulièrement obtus et dangereux du nom de Khrouchtchev. Celui-ci a mis la main sur une technologie inédite, en réalité le premier symbiote infernal défectueux, qu'il utilise pour se transformer, lui et ses hommes, en véritable machines à tuer. Peste, un nom qui lui va comme un gant, est le simili Spawn à l'origine de ce qui pourrait être la fusion définitive et mortelle de l'être humain et du soldat des enfers. Quant à notre escouade infernale, elle intervient à sa manière, c'est-à-dire en faisant couler le sang et en se lançant tête baissée dans la bataille. La position de leader de ces écorchés est occupée par une femme. Jessica Priest est aussi Miss Spawn, ancien agente ultra efficace de la CIA, autrefois au service de Jason Wynne, l'homme qui a orchestré l'assassinat et la trahison contre Al Simmons. Jessica a renoncé à sa vie quotidienne et à sa petite fille pour sa propre croisade personnelle. On la retrouve ici entourée d'alliés précieux comme le Spawn Medieval, le mystérieux Rédempteur et le fameux Spawn Pistolero, que vous connaissez bien puisqu'il a déjà eu droit à sa propre série le mois dernier, dont vous pourrez retrouver la critique assez facilement dans notre magazine ou sur le blog.


Attention, la subtilité n'habite pas dans ces pages et si vous êtes clairement allergique à tout ce que Todd McFarlane et ses compères ont pu écrire et dessiner dans les années 1990, vous risquez une crise d'urticaire. Vous allez rencontrer ici des anges morts-vivants, le roi des vampires, des cyborgs alimentés à l'énergie nécrotique, le tout dans un contexte glacial, l'est de l'Europe, de la Biélorussie à l'Ukraine, en passant par la Roumanie et la Russie. L'habituel conflit entre les enfers et le paradis est en réalité placé au second plan; ce sont les agissements des humains, de ceux qui refusent de prendre parti pour l'un et l'autre camp, qui décident d'en découdre avec tout le monde, qui affrontent notre Escouade infernale. On trouve même des machines dont le carburant est du sang d'Antispawnn ou du sérum de Helspawn. Évidemment, nos joyeux drilles ont très peu confiance l'un envers l'autre, surtout lorsqu'on annonce qu'un traître réside parmi eux. Ce qui n'est pas si étrange car chacun a des ambitions différentes, à commencer pour plusieurs d'entre eux par retourner dans une époque ou un lieu qui leur est propre, ou tout simplement retrouver la famille, les affects. Sean Lewis et Todd McFarlane s'en donnent donc à cœur joie ici; ils placent dans le panier tout ce qui a pu être écrit, ce qui a été imaginé, osé, puis il décident de secouer fort, et ils peuvent servir très chaud dans l'assiette, jusqu'à ce que ça fume et que ça explose sous le palais. Stephen Segovia et Paulo Siqueira s'occupent de la partie graphique, qui est clairement un des points forts de l'album. Comme les différents personnages n'ont pas vraiment d'espace pour que soient exposés leurs sentiments, pour être caractérisés avec attention, ils ont la lourde tâche de happer le lecteur avec des costumes et des poses dynamiques, des pages où tous les rejetons infernaux trouvent une raison d'être (présents) dans Scorched, par ce qu'ils apportent concrètement (qui raisonne, qui se bat, qui obtient les informations…) plus que par ce qu'ils sont. Cette nouvelle série est alors un complément survitaminé au nouvel univers de Spawn en extension, plus qu'un produit qu'on pourrait recommander pour découvrir le personnage. Réservée aux amateurs conquis, qui ont décidemment beaucoup de chance ces mois-ci chez Delcourt.  





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