MARVEL NOW LE VERDICT (6) : DEADPOOL De Gerry Dugan, Brian Posehn et Tony Moore

Le "merc with a mouth" de Marvel est de retour dans une nouvelle série, numérotée au #1, dans le cadre de l'opération Marvel Now! Le scénariste Gerry Duggan avait prévenu que son premier arc allait être l'objet de divisions parmi la critique, en raison notamment de l'emploi d'anciens présidents des États-Unis, sous la forme de zombies. En effet, on peut bien croire que l'histoire a trouvé facilement ses détracteurs là-bas, tandis que chez nous, nous pouvons sourire tranquilles.
De quoi s'agit-il? Et bien disons juste que l'aventure commence dans un cimetière du Missouri, avec le Necromancer qui ressuscite Harry Truman, pour que ce dernier rende à l'Amérique le prestige et les valeurs qu'elle semble avoir abandonné. Hélas, le zombie qui sort de terre est à la fois maléfique et tout puissant, et il faut l'intervention de Captain America pour en finir avec lui. Seulement voilà, l'icone de la nation qui doit décapiter un des grands noms de l'histoire, ça ne le fait pas trop. Du coup le Shield contacte Deadpool dans la plus grande discrétion (façon de parler...) pour lui confier une mission aussi absurde que capitale : venir à bout de l'invasion des anciens présidents zombifiés, dont les pouvoirs mystiques pourraient bien mettre à genoux leur patrie autrefois chérie. Gerry Duggan et Brian Posehn font de leur mieux pour coller à l'ambiance récente du titre, et ce n'est pas forcément le meilleur choix. Ce n'est pas le coté méta bande-dessinée ou la folie de Wade qui sert de support aux gags et à l'humour, mais bien une série de remarques vaseuses, ou de situations drolatiques, comme il nous arrive de lire trop souvent avec Deadpool. Le choix de Tony Moore est judicieux car son trait colle bien au ton de ce comic-book, lui qui est devenu un spécialiste des planches horrifiques mais démystifiées par la même occasion (FrankenCastle par exemple). Servis par de belles couleurs, ses dessins plaisent. Sa double page avec un aréopage de zombies présidents est fort réussie. Dommage donc que derrière le choix caustique du sujet abordé, l'humour de Deadpool reste assez lourd dans les grandes largeurs. C'est toutefois bien mieux que la plupart des récits de ces derniers mois que j'ai pu lire, et à ne pas vouloir trop se prendre au sérieux, le titre peut fonctionner. Peut mieux faire, mais mérite la moyenne.


X-O MANOWAR REVIENT CHEZ PANINI

Aric de Dacia est un guerrier, un vrai. Au passage, on devrait dire la Dacie, ce territoire correspondant plus ou moins à l'actuelle Roumanie, à l'époque romaine. Mais revenons à Aric. Contre les armées du général Flavius Stilicho (le h est de trop, décidemment...) les rudes wisigoths subissent un cuisant revers, dans le nord de l'Italie. Beaucoup d'entre eux restent au sol, et la mère et la femme d'Aric sont gardées captives par les vainqueurs du jour. De quoi nourrir une vengeance brulante et inextinguible, de quoi fomenter un dernier assaut suicidaire, contre des ennemis plus puissants en nombre et en armes. Aric et ses fidèles repartent à l'assaut de nuit, mais ils tombent en chemin sur un vaisseau extra-terrestre et d'étranges créatures, dont ils vont devenir les prisonniers, les esclaves. Emportés au plus profond de l'espace, condamnés à travailler des années durant dans une sorte de jardin alien, qui ressemble à une nurserie végétale, Aric et les siens trouvent un jour la force de tenter une évasion désespérée. Qui pourrait bien réussir, lorsque le meneur se retrouve investi de la puissance formidable d'une armure jusque là vénérée par les créatures aliens, l'armure de Shanhara. Tous ceux qui ont tenté de la posséder sont morts dans l'instant, sauf Aric, qui survit, et devient une arme de vengeance, le plus grand héros de l'univers Valiant, X-O Manowar



Voici donc le retour de la série phare de chez Valiant, première salve du renouveau de cet éditeur, qui a trouvé en Panini (collection Fusion) une chance inespérée de gagner le lectorat français. X-O Manowar a connu son heure de gloire voici une vingtaine d'année, et l'histoire reprend là de zéro, suivant un synopsis très fortement calqué sur celui d'origine. C'est Robert Venditti qui dépoussière Aric et son armure. Connu jusque là pour être l'auteur de The Surrogates, série qui amménera ensuite le film Clones, avec Bruce Willis, Venditti est aussi depuis peu le successeur de Geoff Johns sur Green Lantern, chez Dc. Une investiture pesante et méritée, une chance incroyable de se retrouver au firmament des super-héros, ou de se griller prématurément. Cary Nord assure une partie graphique fort honorable, son style étant volontairement noirci et subtilement souillé par l'encrage de Stefano Gaudiano. Un autre artiste fort utile puisque l'action se déplace ensuite dans l'Italie de notre époque, pour de savoureux moments. C'est un spectacle jouissif lorsque Aric se retrouve projeté dans le Colisée, sous le canon des forces spéciales qui voient en lui un terroriste. Le héros plongé dans une époque qui n'est pas la sienne, en bute à l'incompréhension, au quiproquo temporel et culturel, fait toujours son effet quand il est narré avec conviction et sens du rythme. X-O Manowar ne nécessite aucune connaissance particulière des super-héros. C'est un titre qui se veut nouveau, fonctionne très facilement et déroule une trame efficace et qui donne envie d'en savoir plus, et vite. C'est incontestablement une lecture à recommander cet automne. Donnez une chance à Valiant, vous pourriez vite ne pas vous en passer.


BATMAN KNIGHTFALL TOME 4 : LA QUETE

Quatrième tome pour la longue saga Knightfall, qui voit un nouveau Batman rendre la justice dans les rues de Gotham, dans la grande tradition des comics bourrins des années 90. Il faut dire que le Dark Knight n'est plus le même. Épuisé, débordé de partout, il a finalement été brisé (au sens propre et figuré, sa colonne vertébrale n'a pas résisté) par Bane, un catcheur survitaminé. C'est un certain Jean Paul Valley qui a pris sa succession, mais non sans mal, car il s'agit d'un individu déséquilibré et au passé mouvementé. Valley est également Azrael, une sorte d'Ange vengeur au service d'une secte religieuse, l'ordre de Saint Dumas. La charge se transmet de père en fils, et il a été programmé pour accepter et honorer ce titre, ce qu'il n'est pas parvenu à faire jusqu'alors. Le nouveau Batman s'est peu à peu crée un nouveau costume sur mesure, plus représentatif de ses nouvelles méthodes peu orthodoxes, plus violentes que celles de l'original. Ce Batman là frappe fort et sans pitié, et porte une armure terrifiante. Dans ce nouveau tome, nous allons assister progressivement au basculement définitif de Jean Paul Valley vers la folie. Si vous aimez les personnages torturés guidés par des visions intérieures, et qui finissent par en conclure que la sanction terminale est justifiée pour avoir la paix, vous avez de fortes chances de vous sentir en bonne compagnie avec ce Batman 2.0. Au point que même Robin devra se rendre à l'évidence, il va falloir mettre un terme à l'escalade, et vite! Comme toujours avec Knightfall, il y a de tout dans cette saga. Au niveau du style, des dessins, des séries. Shadow of the Bat, de Brett Blevins et Alan Grant, par exemple, fait dans l'expressionnisme torturé et le découpage chaotique. Doug Moench est chargé de raconter l'essentiel dans le titre phare Batman, avec des artistes comme Jim Balent ou Mike Manley, alors que Detective Comics est le refuge de Graham Nolan et de Chuck Dixon, un des scénaristes de marque “républicaine” de chez Marvel. Inutile de préciser que Knightfall irrite parfois les yeux et ne laisse pas que de grands souvenirs de lecture, tant les années 90 ont eu tendance à se complaire dans l'ultra violence brouillonne, sans l'humour salvateur d'un Garth Ennis, par exemple, qui dominera la décennie suivante. Ici on se prend très au sérieux, et Gotham se retrouve avec un protecteur qui n'a plus grand chose à envier aux cinglés qui sillonnent et flagellent la ville. Une effrayante parenthèse dans la carrière du héros chauve-souris. 



GALLIENO FERRI "IL MAESTRO DI VITA" ET ZAGOR

J'ai déjà eu l'occasion de dire sur ce blog que la série que je préfère parmi toutes n'est pas véritablement un comic-book américain. Il s'agit d'un titre italien, de la célèbre maison d'édition Bonelli, en noir et blanc, qui répond au nom de Zagor. Le personnage est de fiction, bien entendu, mais il est relativement facile d'associer un des créateurs du héros à sa créature même. Gallieno Ferri n'est pas seulement un dessinateur de génie, c'est aussi une légende de la bande-dessinée européenne, un de ces artistes sans qui notre passion commune ne serait pas la même, et au passage le monde serait plus terne.
Ferri est né en 1929, faites donc vos calculs. A l'âge vénérable où certains jouissent de leur retraite confortable un plaid sur les genoux et la carrière en bandoulière, Gallieno Ferri est encore et toujours sur le pont, à produire de nouvelles aventures de Zagor, à honorer de sa présence nombre de conventions et réunions dédiés à la Bd, et dulcis in fondo à signer toutes les couvertures de son personnage fétiche. Toutes. Sans exception. Le numéro mensuel, les numéros spéciaux, en couleurs, grand format, les séries dérivées (comme celle consacrée un temps à Cico, le compère d'aventure de Zagor).


Toutes, je vous assure, et ce depuis la toute première, il y a plus de 50 ans. Renversant! De mes premières lectures (j'ai appris à lire avec Zagor, je serai éternellement reconnaissant à mon grand père pour avoir écumé les marchés trois fois par semaine et m'avoir rapporté ces bd en noir et blanc dès mon très jeune âge, bien avant l'école primaire) à mes années lycées (je séchais les cours pour compléter ma collection, ce n'est pas une blague), de mes années fac (sans argent et avec beaucoup d'autres trucs en tête, mais toujours avec un oeil sur les couvertures de Gallieno) à mes premières expériences professionelles, dont la plus belle et significative pour le retour en force de ma passion pour Zagor, ces deux années de rêve à Rome, bercées par les aventures de Zagor et la magie de Ferri. Chaque moment de joie profonde a sa couverture, chaque moment de tristesse est atténué en partie par un numéro consolateur de Zagor qui porte le trait graphique du grand maître ligure.
Les couvertures de Ferri (et je ne parle pas des histoires à l'intérieur, la magnificience se passe parfois de commentaires) sont un résumé rapide et éloquent de mes 38 premières années. Ce ne sont pas seulement des images, une création graphique, c'est une existence entière qui se résume dans ce qu'elle peut avoir de plus précieux, à savoir la passion, la dédiction. Gallieno Ferri est un pur génie, et je ne le remercierai jamais assez pour tout ce qu'il m'a apporté en terme de fascination dans la lecture. Une grande aventure toujours en cours, un grand voyage dans l'imaginaire dessiné d'un artiste d'exception.


Rappelez vous qu'un individu incapable de s'émouvoir ou de se passionner pour un livre ou une Bd a forcément quelque chose de suspect.

SPIDER-MAN UNIVERSE 7 : MINIMUM CARNAGE

Maximum Carnage est le nom d'une célèbre saga de Spider-Man dans les années 90. Outre le Tisseur et Venom, alors au sommet de sa gloire, nous trouvions au menu un autre symbiote, encore plus fou et sanguinaire, le dénommé Carnage, endossé par un psychopathe ultra dangereux, Cletus Cassady. Bien des années plus tard, ce dernier est toujours d'actualité, et il vient de s'évader de la prison de haute sécurité où le gouvernement américain le détenait. Chez Marvel, on ne reste jamais très longtemps dans sa cellule. Venom aussi est encore de la partie, mais la nouvelle incarnation n'a plus grand chose à voir avec celle d'origine. C'est désormais Flash Thompson, un des amis/ennemis de longue date de Peter Parker, qui se la joue agent secret barbouze avec le symbiote. Il faut dire qu'il a été amputé des deux jambes au service de la nation, et que devenir Venom lui permet de retrouver la position érigée, et de servir les Etats-Unis de manière musclée. Reste à garder la maîtrise du symbiote, et c'est une autre paire de manches. Pas de Spider-Man au menu, par contre, dans ce Minimum Carnage. Sa place est prise par son ancien clone dégénéré, qui a réglé ses problèmes de peau depuis, et est devenu Scarlet Spider, le seul super-héros de Houston, avec un joli costume écarlate du plus bel effet. Prenez ces personnages, secouez, et vous voilà prêts pour l'action.

Minimum Carnage est donc un bref et mesuré cross-over qui implique Scarlet Spider, Venom, et deux numéros spéciaux sortis pour l'occasion (Alpha et Omega). L'intégralité est publiée dans un numéro de Spider-Man Universe, en kiosque depuis la mi septembre, pour moins de six euros. Les héros mentionnés doivent stopper Carnage, qui s'est évadé, et trouve refuge dans le microverse, une sorte de monde parallèle qui subsiste entre les atomes. La-bas, il se retrouve avec un univers tout entier à trucider, et comme il a emporté au passage une journaliste, bien connue de Venom, ce dernier a une double raison de se lancer aux trousses du cinglé de service. Sur place, nous rencontrons d'autres personnages impliqués dans le récit, comme la Force Enigmatique d'Arcturus Rann, ou encore le Redempteur. Sans avoir rien de bien formidable ou d'indispensable, cette aventure se laisse lire sans trop de problème. Cullen Bunn est bien loin d'être un génie de l'écriture (il est terriblement surcoté, si vous voulez mon avis, ces derniers mois) et Christopher Yost assure le service miminum (d'où le titre?). Toutefois les dessins sont agréables par moments, Lan Medina étant un artiste que j'apprécie, ce qui n'est pas le cas du brouillon Declan Shalvey, qui vient ici faire baisser singulièrement la moyenne. Cela dit admettons le, à ce prix, les fans de Venom ou de Scarlet Spider (ou de Carnage, il y a aussi des lecteurs psychopathes) en auront pour leur argent, et auraient tort de bouder une bonne heure de lecture décomplexée, au parfum rétro des nineties. 


MARVEL NOW LE VERDICT (5) : CAPTAIN AMERICA de Rick Remender et John Romita Jr

Aujourd'hui place à Captain America, dont le destin est confié à Rick Remender, un auteur à succès qui sait privilégier l'action tout en ouvrant de nouvelles portes narratives pertinentes. Avec Remender, Steve Rogers a une vie bien remplie, et il ne chôme pas. Après un petit flash-back intéressant centré sur les premières années de notre héros (les années 20, quoi, car il est censé fêter ses 90 ans) et la vie de famille pas toujours facile alors, nous le retrouvons en pleine acrobatie sur la carlingue d'un avion en perdition, face au Green Skull et ses hommes. Ce sont des terroristes écologistes qui ont la bonne idée, pour sauver la nature et l'environnement, de tenter d'éradiquer l'humanité, en commençant par Big Apple. Logique, non? Le repos du guerrier est surprenant, puisque Sharon Carter, sa fiancée du moment, lui propose carrément ... le mariage! On pourrait dès lors s'attendre à ce que Remender sorte les confettis, les dragées, et que le lecteur soit invité à la parade nuptiale (et la nuit de noce, hé, on peut la voir?). Mais c'est reparti, plutôt deux fois qu'une! Un traquenard dans une ligne abandonnée du métro, et voilà Captain America projeté dans une dimension étrange et à la saveur apocalyptique : la dimension Z, pour Zola (Arnim), le savant fou. Au programme la-bas, combats, torture et bébé. Après FrankenCastle, Remender ose à nouveau l'impensable : projeter Steve Rogers dans une réalité artificielle, et ceci durant des années. Le temps ne s'écoule pas de la même manière chez nous et la-bas, et dans cet univers qui emprunte tout aussi bien à Dune, Mad Max, ou Planet Hulk, le Vengeur étoilé va être soumis à une suite d'épreuves inattendues et qui vont le pousser dans ses derniers retranchements. Le dessin est confié à John Romita Jr. Du coup, j'entends déjà les hourras extasiés et les cris d'horreur des détracteurs. Disons que ce coup-ci c'est du Romita plus appliqué et moins expéditif. Il fait de son mieux, c'est évident, et les amoureux de son style vont donc admirer du JrJr en forme. Il faut dire que ses crayons trouvent une résonance assez juste avec le cadre hors norme dans lequel Steve Rogers est plongé, et dans lequel il doit lutter pour sa vie, mais aussi celle de l'enfant qu'il prend sous sa coupe. Tout ceci est fort intéressant car différent de ce que nous lisons habituellement, et le retour de Cap parmi nous, après bien des années d'isolement, sera un des moments à ne pas manquer en 2014. Après avoir été un soldat hors du temps, décongelé après des lustres en hibernation, nous le retrouverons une nouvelle fois en décalage avec son temps, après cette parenthèse dans la dimension Z, qui pourrait faire date. Intrigant. Lisez tout cela dans le mensuel Avengers Universe, chez Panini, chaque mois. 

 

SUPERMAN : RED SON L'homme d'acier est communiste

Superman est un extra-terrestre, et son apparition au coeur du Kansas n'est du qu'à un heureux hasard, son astronef ayant habilement choisi le sol américain pour déposer le bambin prodige. Mais à une douzaine d'heure près, le crash aurait pu se produire en Ukraine, et la face du monde (tel que vu par Dc Comics) en aurait été profondément bouleversé. Superman grandit donc dans un kolkoze soviétique (on ne verra rien de ces années de formation dans cette aventure) et devient à l'age adulte le bras droit de Joseph Staline, avant d'en être le successeur, après la mort du dictateur. Luttant contre les jalousies d'un des fils illégitimes de son protecteur, s'opposant aux américains et leurs visées déviantes inspirées par un Lex Luthor génial et dangereux (il parvient à créer une sorte de “Bizarro”, une réplique dégénérée du héros), Superman est le sauveur de l'Union Soviétique, puis du monde. Les américains résistent, et sur le sol russe, les rares opposants trouvent en Batman une figure courageuse pour entretenir l'espoir. Superman se rapproche également de Wonder Woman, ambassadrice de Thémiscyra, mais l'amour ne filtre jamais, étouffé par la politique et ses exigences. Le monde selon Superman finit par ressembler à une sorte d'utopie policière à la Orwell, où le bien commun ne s'embarrasse pas toujours du libre arbitre ou des libertés individuelles (qui conteste trop peut être “reconditionné” par Brainiac, allié de Superman). Le lecteur, lui, peut s'amuser à comparer les versions classiques des héros ou personnages secondaires de l'univers Dc, ici revisités souvent avec pertinence, comme Lois Lane, Hal Jordan, Jimmy Olsen, et d'autres encore. Une bonne salade russe.

Honneur à Mark Millar d'avoir su pondre un récit totalement ancré dans une réalité virtuelle, et d'avoir su garder l'attention du lecteur sur l'ensemble de son oeuvre. Ce genre de projet peut vite devenir lassant, mais ici, l'analyse de ce que serait la réaction américaine face à la suprématie russe (qui détient avec Superman une arme comme chaque gouvernement en rêverait, sans oublier que c'est aussi un puissant argument de propagande), en pleine guerre froide de surcroit, est plutôt intelligente et éloquente. Superman garde en grande partie ses caractéristiques, il reste une force du bien, soucieux d'aider l'humanité, et pas seulement sa patrie d'adoption, mais les logiques de la politique globale, les concessions qu'elle implique, finissent par pervertir un homme bon et droit, et l'entraînent vers une série d'erreur de jugement qui le rendent peu à peu beaucoup moins sympathique que ce que nous connaissons habituellement. Coté dessins, Dave Johnson (puis Kilian Plunkett en renfort pour la fin de ce Red Son) mélange habilement le style graphique typique de l'art comuniste avec les exigences et habitudes des comic-books traditionnels. On fermera un oeil sur les visages féminins pas très gracieux, et on appréciera le fait qu'on ne s'ennuit guère dans cet album, qui tient en haleine avec une plongée glaçante dans les affres de l'équilibre (bouleversé) de la terreur, et se termine par une pirouette scénaristique intéressante, qui transforme Superman en une figure iconique et cyclique. Red Son, une des sorties incontournables de cet automne, chez Urban Comics.


JUSTICE LEAGUE LA SAGA DE RED TORNADO (DC PAPERBACK)

 Brad Meltzer n’a pas seulement relancé la Justice League en 2006 avec The Tornado’s Path ( la saga de Red Tornado pour Urban) : il a voulu...