MARVEL MASTERWORKS : ADAM WARLOCK VOLUMES 1 ET 2

Nous vous avons parlé d'Adam Warlock il y a deux jours. A l'occasion de la sortie de L'Entité de l'Infini, de Jim Starlin. Revenons aujourd'hui sur les premières aventures du personnage, et une plongée quelques décennies en arrière, avec deux albums Vo issus de la collection des Masterworks.

Certains personnages de la bande-dessinée américaine n'atteindront jamais le statut de gloire mondiale, comme Batman ou Spider-Man, mais ils n'en restent pas moins "culte" auprès d'un public exigeant et passionné. Adam Warlock est de cette dimension. Si très souvent son nom est associé au cycle grandiose de Jim Starlin, c'est pourtant avec d'autres artistes que le héros est né véritablement. Sur les pages de Fantastic Four, pour être exact (Lee et Kirby), en tant qu'être artificiel qui a grandi dans un cocon, produit des scientifiques fous de l'Enclave. Sous le patronyme laconique de "Him", Warlock s'est rebellé contre ses créateurs, a cherché une compagne en la personne de Lady Sif (s'attirant ainsi les foudres de Thor), et y a gagné le coeur d'une partie du lectorat. Au point que Roy Thomas, dans les années 70, décide de ressortir le personnage des cartons pour lui donner une consistance majeure, grâce au titre anthologique Marvel Premiere. Là, l'histoire tourne autour du Maître de l'évolution, qui a fini par acquérir le statut d'un Dieu, et en tant que tel s'est attelé à créer un monde à son image, ou presque : la Contre-Terre. Une planète semblable à la notre, mais caché derrière le soleil, à l'extrême opposé de l'orbite de son modèle. Sur celle-ci, la vie ressemble à un Eden perdu, et l'évolution que nous avons connu suit son cours et progresse très rapidement, sans les défauts et les vices du genre humain, qui ont été corrigé et éradiqué. Jusqu'au moment où le créateur s'assoupit, et l'infâme Man Beast, un loup qui a lui aussi évolué, ne s'empare de la Contre-Terre pour y introduire perfidie, malheur, et douleur. Au service du maître de l'évolution, Warlock devient alors une sorte de messie dont le rôle va être de purifier à nouveau une planète autrement condamnée.
Sur la Contre-Terre, Warlock trouve des amis et alliés en la personne d'un groupe de jeunes rebelles, caricatures d'une certaine jeunesse contestataire des années 70. Ce sont eux qui le baptisent Adam, et qui confirment les intentions de l'auteur de dépeindre un parcours christique, avec un héros qui forme des apôtres, subit des épreuves et des tentations, ira jusqu'à se sacrifier puis renaître, non sans avoir partagé une "dernière cène" avec ses compagnons. La lutte contre Man-Beast, qui a pris l'apparence d'un politicien et est devenu le président des Etats-Unis de cette Terre là (où les héros Marvel ne sont jamais devenus tels. Au contraire, le docteur Von Doom oeuvre pour le bien et Reed Richards se transforme en une créature malfaisante) se prolonge dans les épisodes 1 à 8 du titre simplement nommé Warlock, confié des artistes comme Thomas, Friedrich, Goulart (auteur de Sf à la base) ou encore Gil Kane aux dessins, dont les planches ingénieuses et vivantes sont de belle facture. Buscema fait une brève apparition (juste pour le lay-out, ce n'est pas lui qui finalise le travail) mais cela n'empêche pas la série de tourner à vide et de s'éteindre, ce qui oblige les pontes de Marvel à conclure la saga un an plus tard, sur les pages d'un autre mensuel, celui consacré à The Incredible Hulk. Hulk qui débarque sur la Contre-Terre, donc, et vient s'allier à Adam Warlock pour éviter la fin du monde et le triomphe du mal. Les dessins sont cette fois de Herb Trimpe, et n'échappent pas un goût assez kitsch, tout comme les polémiques qui ne manquent pas, pour des paraboles, des raccourcis un poil grossiers, où Warlock et le Christ de confondent de façon pas toujours subtile. Il est vrai que ces épisodes ont assez mal vieilli (Hulk assis à un banquet, sous son aspect bestial, mais qui mange paisiblement...) et peuvent faire sourire le lecteur moderne, mais cela reste tout un pan de l'histoire des comics Marvel, un témoignage précieux sur les libertés et les audaces narratives que voulaient expérimenter les auteurs des seventies, en contaminant mensuellement les aventures de héros plus classiques, pour faire évoluer les goûts et les attentes en matière de comic-book. Ce Masterwork est donc à posséder, nécessairement, même si le grand feu d'artifice reste à venir, avec le volume suivant, où Jim Starlin éclaboussera le cosmos de son talent fou et inoubliable.

Pour le second volume des Marvel Masterworks consacré à Warlock, place à un grand Artiste pour qui le A majuscule est de rigueur : Jim Starlin. Qui récupère le personnage, après le relatif echec des premiers épisodes publiés peu auparavant, et présentés dans le premier volume. Avec Starlin, Adam Warlock devient encore plus tourmenté, passionné, agité, émotivement friable, mais toujours héroïque. Cette fois, c'est l'Eglise Universelle de la Vérité qui se dresse sur son chemin. Un culte qui n'accepte aucun opposant, aucun mécréant, et fait des prosélytes à travers le cosmos; qui ne se convertit pas à de fortes chances de ne pas survivre. A la tête de cette secte de grande envergure, nous découvrons le Mage, "The Magus", qui s'avère être en fait une autre version de Warlock lui même : la part négative de son être, celui qu'il deviendra dans le futur. En somme, pour anéantir son ennemi, il faudrait qu'Adam se supprime de ses propres mains! Il n'est pas seul dans son combat. De nouveaux personnages viennent enrichir la saga, et vingt ans plus tard, ce sont encore eux qu'une autre génération de lecteurs retrouvera durant le majestueux "Infinity Gauntlet". C'est ainsi qu'entrent sur scène Pip le Troll, dont la gouaille et l'inconscience contrebalance efficacement le sérieux et la gravité d'Adam. Et encore Gamora, qui s'autodéfinit la femme la plus dangereuse de l'univers, et dont la réputation ne semble plus à faire (le premier soldat qu'elle alpague tremble comme une feuille à sa seule vision!).
En face, la Mage, donc, mais aussi la Grande Matriarche, qui gouverne temporellement cette Eglise profane. Starlin plonge à pleines mains dans ses thèmes de prédilection. Le religieux est décliné sous toutes ses formes, la remise en question des croyances personnelles et la relativité des buts de chacun. Ici, même l'ennemi est parfois de bonne foi lorsqu'il tente de convertir Warlock (le juge Kray-Tor) et quand celui ci le met hors d'état de nuire, grâce à sa gemme de l'âme, il se rend compte que son geste n'a rien de louable ou d'héroïque, et la culpabilité l'assaille lourdement. Est galement de la partie le perfide Thanos, dont Starlin nous renarre les origines avec audace, en faisant intervenir sur deux pleines pages Captain Marvel, pour un résumé inattendu durant lequel il s'adresse directement aux lecteurs. Starlin qui n'hésite pas non plus, à un autre moment, à abandonner la forme classique de la bande dessinée, pour synthétiser le menu des épisodes précédents, cette fois par la biais d'un long texte en marge d'une illustration psychédélique recoupant la folie qui guette Adam Warlock. L'auteur donne sa pleine mesure avec une galerie incroyables d'intervenants, tous aussi cultes et originaux les uns que les autres, des dessins clairs et racés, très lysergiques et en insufflant une certain forme de philosophie poétique et cosmique, une ode au sacrifice, au renoncement, à l'acceptation de la diversité et de la folie, par moments. Un album monumental, incontournable, dont la publication en Vf devrait être une priorité, une urgence, que dis-je, une obligation! Panini a déjà réalisé l'importance de la chose, en proposant aux lecteurs italiens un Omnibus des plus alléchants, consacrés à Adam Warlock. La France attend le sien. Et peut toujours se rabattre sur le second Masterwork pour payer son tribut au géant Jim Starlin.


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SUPERMAN OUR WORLDS AT WAR : LA GUERRE CONTRE IMPERIEX

Imperiex est une créature surpuissante venue de l'espace. Engoncé dans une armure aussi gigantesque qu'impénétrable, et qui renferme une source d'energie illimitée, cet envahisseur venu d'ailleurs s'en prend à notre Terre, avec une cohorte de versions miniatures (façon de parler...) qui sème le désastre sur le globe. Superman est dérouté, au bord du renoncement, car le Kansas est sévèrement touché, les Kent semblent avoir disparu, et le docteur Irons, alias Steel, tombe au champ d'honneur.
Il n'est pas le seul. Tous les grands héros de la Terre et d'ailleurs se liguent pour mettre fin à la menace d'Imperiex, mais ils subissent une cuisante défaite et finissent en piteux état à l'infirmerie. Wonder Woman est brûlée et défigurée (mais elle guérit très vite, la magie des comics), Kyle Rayner (Green Lantern à l'époque) ne fait pas le poids, le Martian Manhunter se prend une rouste mémorable... 
Sur Terre, le président des Etats-Unis, n'est autre que ... Lex Luthor. A coté Donald Trump est vraiment digne de votre confiance. Lui semble serein. Il faut dire qu'il était averti du conflit à venir, et qu'il compte bien, fidèle à son habitude, profiter de la catastrophe pour tirer son épingle du jeu. A moins que dans les coulisses il ne soit lui aussi manipulé, par le fantôme de sa fille (qu'il avait sacrifié peu de temps auparavant) et par un autre individu de sinistre réputation... Nous avons affaire là à un pugilat généralisé qui prend sa source sur les pages des titres consacrés à Superman, mais aussi Wonder Woman, et une flopée de tie-in ou de one-shot. Avec énormément de pathos, de personnages grièvement atteints dans leur moral ou leur physique, ou mort/présumé décédé. Un trépas touchant est celui d'Hyppolite, la mère de Wonder Woman, même si depuis le personnage est revenue, pour redisparaître, pour revenir, comme le veut la tradition des séries qui ne sont qu'un éternel recommencement, à plus forte raison quand les Dieux sont impliqués.

Our Worlds at War est une longue saga, dont la quasi intégralité a été republiée voilà quelques années dans un mastodonte de près de 700 pages, un tpb souple mais costaud. Il existe donc un moyen fort simple, et pas très onéreux, pour lire ce qui est à lire. Urban Comics a commencé à publier des épisodes de Superman, dans le dernier numéro de Superman Univers HS, qui laisse à supposer que ceux mettant en scène Imperiex et cette catastrophe cosmique vont bientôt suivre, dans la foulée. Le tpb proprement dit commence avec l'enlèvement des habitants de Metropolis (dont Kent/Superman) et s'achève avec la fin de la Guerre à échelle globale, d'où le titre de cette saga. De nombreuses séries sont impliquées dans cet événement, des titres Superman habituels (Action Comics, Man of Steel, Adventures of Superman...) à d'autres comme Wonder Woman, Young Justice, ou encore Impulse. Du coup, il y a pléthore d'artistes au travail! Coté dessins, je soulignerais le très bon niveau d'ensemble. Bien que très hétéroclite, ce crossover propose de fort jolies planches, dans des styles variés. De la simplicité limpide de Ed McGuinness à la finition méticuleuse de Phil Jimenez, en passant par un déjà talentueux Doug Mahnke, ou le trait cartoony de Todd Nauck. Pas mal du tout. Le scénario lui, a tendance à se perdre. J'aime bien les débuts du conflit, les enjeux qui se dessinent, ainsi que les premières victimes, le carnage qui se profile. Mais beaucoup moins la façon dont cette boucherie va trouver son épilogue, car elle devait inéluctablement laisser bien plus de cicatrices, et de lourdes conséquences pour nos héros. C'est aussi l'occasion de voir un Superman surdopé et dont les pouvoirs ont été boosté comme jamais grâce aux énergies du Soleil, ou encore un Luthor et un Darkseid contraint de composer avec la réalité et d'oeuvrer avec des ennemis détestés. A signaler que Adventures of Superman #596 (consécutif au final de OWAW) est sorti 24 heures après la terrible catastrophe des attentats du onze septembre 2001, et présente en ouverture la destruction de la Lex Tower de Luthor. Une véritable prémonition sinistre de la part de Joe Casey, qui avait bien entendu écrit et pensé cela des mois avant ce qui s'est produit. Du coup Dc Comics avait donné la permission aux vendeurs de renvoyer les stocks de cet épisode, pour ne pas heurter la sensibilité des américains traumatisés. L'atrocité de la guerre, de toutes les formes de guerre. 


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WARLOCK ET THANOS : L'ENTITE DE L'INFINI

Adam Warlock n'est pas un modèle de stabilité mentale, il a toujours eu une psychologie fragile et une longue carrière derrière lui de martyr cosmique. Warlock ne meurt jamais vraiment car il est appelé à continuellement ressusciter, à l'instar d'un personnage christique, qui a d'ailleurs souvent rassemblé les foules autour de lui pour frayer dans des aventures clairement mystiques et philosophiques. Nous le retrouvons sous sa nouvelle apparence, au début de cet album, intitulé l'entité de l'infini; il est désormais tout-puissant et la moindre de ses pensées semble pouvoir se matérialiser ou advenir à l'instant même. Les grandes puissances cosmiques comme Infini ou Eternité doivent se plier à sa bonne volonté, et n'ont plus de prise sur son statut quasi divin. La couverture nous montre un Thanos triomphant sur un tas de cadavre, ayant tous l'aspect d'Adam, mais en réalité le Titan occupe une partie mineure de ces quatre épisodes, rassemblés en un graphic novel par Panini. C'est bien Warlock qui est au centre de la scène, lui qui n'a plus de souvenir précis de son identité, de son but, de ses raisons d'être; il est donc promené d'une période à une autre, d'une planète a une autre, dans l'espoir de recueillir des informations qui lui permettront de comprendre qui il est et ce qu'il fait. C'est ainsi qu'on le voit avec les Vengeurs, lors d'une réunion du groupe il y a bien des années de cela, à l'époque où Hulk assistait aux débats dans le plus simple appareil, avec un vieux short violet sommairement découpé. Plus tard Warlock est face à face avec la destruction totale de la Terre, qui semble encore assez récente. Perdu dans l'espace et dans le temps le personnage est à la recherche de lui-même, au point qu'on finit par douter avoir à faire avec le véritable Adam Warlock. Nous ne sommes pas loin de la vérité...

Faux semblants et reconquête de l'identité, nous allons apprendre au fil des pages ce qu'est devenu Warlock, avant un retournement de situation dans la dernière partie, qui nous montre que les apparences sont trompeuses, et que Starlin a encore de la matière à nous offrir, pour conclure en beauté son grand oeuvre. Le dessin est cette fois confié à Alan Davis, toujours aussi identifiable avec un trait souple, agréable, qui gomme aspérités et fioritures, pour offrir des planches naturelles et dynamiques, avec la maximum de chance de receuillir le consensus parmi les lecteurs.
Le vrai problème avec ces nouvelles histoires cosmiques de Jim Starlin, c'est qu'elles sont dépossédées de toutes conséquences sérieuses, dès l'instant où elles sont conçues. Autrefois Starlin pouvait orchestrer une saga d'ampleur, et l'insérer au sein du Marvel Universe en tant qu'événement allant jusqu'à bouleverser un grand nombre d'autres titres mensuels. C'était le cas par exemple pour la première trilogie initiée avec Infinity Gauntlet. Aujourd'hui la situation est radicalement différente. Tout bouge, explose, se modifie et renaît dans les pages de Secret Wars, Infinity, ou dans des choses de moindre ampleur comme Annihilation ou War of Kings. Il ne reste plus pour Starlin qu'une petite cour de récréation en dehors du monde, où faire évoluer Thanos et Adam Warlock, ses deux personnages fétiches, dans des joutes verbales et psychologiques qui seront balayées d'un revers de la main dès l'arrivée du nouvel event Marvel. Pire encore, celui-ci ne tiendra pas même compte un instant de la situation advenue grâce aux trouvailles du maître Jim. Ceci explique qu'on a l'impression que le souffle épique d'autrefois n'est plus présent dans L'Entité de l'Infini. Adam Warlock part à la reconquête de lui-même, une vérité incroyable tarde à exploser, mais le lecteur qui vient de lire les Guerres Secrètes et a vu le cosmos mourir et renaître ne peut pas se sentir concerné, comme je l'étais moi, enfant, devant Thanos et le Gant du pouvoir, avec ses six gemmes et son statut de dieu courroucé. Il reste donc une veine psychologique et intimiste, une exploration psychanalytique qui ravira les fans des comics d'autrefois, mais laissera forcément les petits nouveaux insensibles, occupés qu'ils sont par des projets de plus grande ampleur, bien plus ancrés dans leur univers quotidien.





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COSPLAY MANIA (15)

Petite pause récréative ce dimanche, avec le retour de notre rubrique irrégulière destinée à l'univers du cosplay. A ce propos j'en profite pour vous rappeler que le dimanche 11 septembre nous serons présents à Sanremo pour le Sanremo Comics, première édition, et que vous trouverez ce jour là une compétition cosplay organisée à l'occasion. L'idéal pour aller passer une journée sympathique de l'autre coté de la frontière et aller parler comics autour d'un caffé ristretto comme on en fait (rarement) en France. N'hésitez pas à vous manifester si vous serez de la partie, ce sera un grand plaisir de se voir là-bas.


Gwenpool. Et son joli costume rose et blanc, et les formes qui vont avec


Si vous avez autant de chance qu'elle, vous tomberez nez à nez avec Domino


Un classique : Deadpool. En armure, pratiquement


Deathstroke. On le voit assez rarement ce cosplay, pas si simple que ça



Adieu Wolverine, bonjour X-23. Toutes griffes dehors


Superboy. Clin d'oeil à la période "Reign of the Supermen" avec ce cosplay


Et pendant ce temps-là sur le canapé du salon des Simpsons...


Le nouveau Deadshot, sous inspiration Will Smith évidente

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LE PUNISHER DE GARTH ENNIS & STEVE DILLON : MARVEL ICONS TOME 1

Au début des années 2000, le Punisher n'est pas franchement à son apogée. Les lecteurs ont découvert les années précédentes des histoires complètement extravagantes, qui ont trahi l'essence du personnage, à un tel point que nous avons même pu lire une sorte de vengeur mandaté par des anges, revenu sur terre après sa mort, pour dessouder des criminels... nous en avions parlé ici même il y a quelques semaines. Le genre de récit à vous dégoûter des aventures de Frank Castle. Par chance, tout change -et c'est le grand retour sur le devant de la scène- lorsque Garth Ennis, génial auteur irlandais au style sarcastique et ultra décalé, reprend en main le personnage. Celui-ci s'installe dans un immeuble modeste et tente de faire profil bas; néanmoins il finit très vite par sympathiser (à sa façon bien entendu, pas question de faire des soirées foot devant la télé) avec une galerie de voisins savoureuse, allant de l'obèse solitaire au jeune fanatique de piercing, sans oublier une autre voisine célibataire et un peu dépressive, qui voit arriver cette armoire à glace et semble séduite, tout en n'assumant jamais son attirance. Des cookies pour faire tourner la tête de Castle, est-ce bien raisonnable? Un Punisher qui préfère rester dans l'ombre et qui tente de planifier ses opérations en-dessous des radars, mais qui va avoir besoin d'être à la hauteur pour ce qui l'attend. En effet il va devoir s'attaquer à Ma' Gnucci et toute sa famille de mafieux, une terrible bonne femme qui va lui mettre de sérieux bâtons dans les roues, mais qui finira logiquement punie de la plus terrible des façons, dans un zoo, au cours d'une scène décapante dont Garth Ennis à le secret. Quand je vous dis que c'est hyper truculent croyez-moi c'est vraiment drôle. En parallèle à tout cela, vous allez aussi faire connaissance avec Le Saint, une sorte de pourfendeur des bonnes moeurs qui tente de nettoyer son quartier de ceux qu'il estime être de la vermine, convaincu d'être dans son bon droit, voire même de suivre les pas du Punisher, avec un travail d'utilité sociale. On marche sur la tête. 

La force du Punisher de Garth Ennis, c'est la mise en opposition d'un personnage aux méthodes ultra expéditives, qui rivalise d'ingéniosité (en se servant des moyens du bord, sur l'instant, employant même des ours dans un zoo, par exemple) pour se débarasser des criminels (une machine à tuer froide et implacable, sans le moindre remords) et la causticité, l'humour de tout le cast qui gravite autour de lui, et tempère le climat mortifère dans lequel évolue ce justicier voué à la solitude, malgré quelques alliés ou voisins de passage qui se rapprochent en vain de lui. Les "vilains" aussi sont gratinées, et ils sont si pathétiques ou originaux que le lecteur ne peut s'empêcher d'adhérer, un gros sourire aux lèvres, comme avec Le Russe, une montagne de muscle sans cervelle capable de faire passer un sale quart d'heure au Punisher, et dont le destin vire carrément dans le troisième degré jouissif. Vous trouverez ici l'intégrale de la première maxi série réalisée par le tandem terrible Ennis/Dillon, puis la suite immédiate, à savoir la "vraie" série du Punisher en temps que tel. Castle part faire une ballade à Grand Nixon Island, qui est une île un peu particulière car repère idéal pour tout ce qui se fait de parvenus, criminels, assassins ou mercenaires. En gros, c'est comme emmener un enfant dans un magasin de jouets, avec licence d'acheter tout ce qu'il souhaite. L'air du Pacifique fait le plus grand bien à notre justicier qui sort l'artillerie lourde et les grands moyens pour se faire plaisir, même face au Russe qui revient, affublé d'un corps de femme aussi absurde que redoutable. Bref, l'éclate, dans tous les sens du terme.
Le dessin est donc l'oeuvre de Steve Dillon. Décrié par certains puristes car limité (apparemment) aux niveau de la palette des expressions, de la représentation des visages et de la minutie des fonds de case, l'artiste est toutefois à l'oeuvre dans un autre registre, celui de la transposition froide et sans fioritures de la réalité, avec un trait empreint d'un humour "pince sans rire" capable de transmettre les scènes les plus outrancières et de les rendre crédibles, exprimant l'horreur ou la violence indicible avec ce détachement et cette coolitude qui rappelle à chaque page qu'il s'agit avant tout d'entertainment, et du bon, puisqu'on ne s'ennuie jamais avec ce Punisher là. Album hautement recommandé donc, surtout que l'Omnibus absolument remarquable qui comprenait déjà tous ces épisodes est épuisé, et son prix sur les sites de ventes aux enchères est quelque peu décourageant. Alors ne perdez pas trop de temps cette fois-ci. 



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BLUE BEETLE REBIRTH : PETIT SCARABEE DEVIENDRA GRAND

Quand vous parlez comics avec le grand public, et que vous évoquez Superman, Batman ou Captain America, vous n'avez désormais plus aucun problème pour vous faire comprendre et accepter. La coolitude des super-héros n'est plus à démontrer. Mais allez-y, tentez de convaincre ces mêmes spectateurs de passage que oui, il existe un avenir pour Blue Beetle, je vous souhaite bien de la chance! D'autant plus que même les lecteurs de l'univers DC sont loin d'être tous au rendez-vous en temps normal. Voilà un personnage qui possède une solide petite fanbase qui lui est attachée et fidèle, mais qui a bien du mal à franchir les frontières de ce cercle restreint. La nouvelle série Rebirth apparaît d'emblée comme une sorte de réponse à la vague de titres mettant en scène des adolescents chez Marvel. Officiellement le nouveau Beetle s'appelle Jaime Reyes, il habite avec ses parents et son quotidien est rythmé par les cours au lycée. Ted Kord, multimilliardaire et inventeur, est un peu son mentor, celui qui organise ses apparitions tout en servant d'aide de camp et logistique à bord d'un gros scarabée volant, qu'il qualifie de Bat-cave personnelle. Dit comme ça c'est truculent et pas crédible pour un sou, mais c'est ce qui fait le charme du personnage, qui a un look particulier avec son armure bleue et noire, et ses antennes, plus ce scarabée collé dans le dos qui transforme un adolescent en quelque chose dont il ignore encore l'essentiel, et qui pourrait même prendre le dessus sur lui. 
Ce numéro fonctionne en grande partie sur la dualité entre Ted Kord, qui a vraiment tout des codes super-héroïques classiques, et Reyes, qui se contente du plaisir de voler et subit un peu ce qu'on lui demande, sans qu'il sache exactement quoi faire une fois sur le champ de bataille. Ce qui explique que lorsqu'il intervient, ce n'est pas très brillant, au point qu'il soit rapidement à deux doigts de se faire déchiqueter et sortir de son armure, par des robots capable de continuer la partie même une fois mis en pièces. Scott Kolins continue de progresser régulièrement au dessin, et d'adapter son style en fonction de la série sur laquelle il évolue : il est ici très dynamique, et en même temps plus appliqué et produit des planches plus réalistes que ce qu'il avait l'habitude de faire il y a quelques années. Le design de Blue Beetle est assez classique et en même temps suffisamment moderne, pour fasciner les nouveaux lecteurs. Il y a bien sur un petit côté Night Owl (dans Watchmen) quand on voit ce scarabée géant dans le ciel, et aussi quelques pensées qui filent vers le duo Batman et Robin, même si Kord est désormais plutôt employé comme une sorte de superviseur en retrait. La série semble sympa, capable de parler à un lectorat assez vaste, et elle s'inscrit bien dans l'air du temps, et ce qui se fait actuellement. De la capacité de s'éclater et de surprendre de Keith Giffen dépendra l'avenir. De là à dire que le public va cette fois rallier le héros en masse, je resterais tout de même circonspect.


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LES ARCHIVES DE LA SUICIDE SQUAD : LES ORIGINES DE LA SERIE AVEC JOHN OSTRANDER

Vous êtes allés voir le film au cinéma, mais vous n'êtes pas sortis convaincus de la salle obscure... vous avez acheté les deux premiers volumes de la série New 52 parus chez Urban Comics, mais vous n'avez pas trouvé ça très emballant. Rassurez-vous, vous n'êtes pas les seuls dans cette situation, ni dans le premier cas, ni dans le second. Vous auriez torts toutefois de jeter l'éponge définitivement, et de renoncer à la suicide Squad, car le meilleur du meilleur est enfin arrivé! Il s'agit d'un énorme pavé disponible en librairie depuis la semaine dernière : Les archives de la suicide Squad nous emmènent dans la fameuse décennie des années 80 pour découvrir la toute première série historique imaginée par John Ostrander. Si le concept de base est plus ou moins le même (des missions suicides que n'importe qui refuserait, sauf ces anciens criminels participant à un projet gouvernemental top secret, et qui n'ont pas le choix de refuser...) l'équipe et l'atmosphère qui se dégage de ses membres est plus en adéquation avec l'esprit rétro de l'âge de bronze des comics, cette époque où même le dessin sentait bon le crayon sillonnant la page de papier, et où le digital n'avait pas encore vampirisé mise en couleurs et impression. La Suicide Squad de l'époque n'est pas composée de psychopathes déviés qui aimeraient semer le chaos et la mort pour le plaisir de le faire, avec une bande son cool et pop rock pour rendre élégiaques les pires atrocités. Ce sont des individus paumés et piégés, qui sont obligés de faire équipe, et mettent sur le terrain un point d'honneur à respecter certains codes, une déontologie en quelque sorte, qui rend d'autant plus marquantes les défections (les morts si vous préférez) qui vont jalonner le parcours de ces têtes brûlées sur le chemin de la rédemption judiciaire. Qui sont ces malheureux soldats, au départ? Et bien nous avons Bronze Tiger (Ben Turner), Captain Boomerang (George Hakness), Plastique (Bette Sans Souci), Enchanteress (June Moone, vous l'avez vue dans son incarnation "ridicule" au cinéma), Nemesis (Tim Tresser), Nightshade (Eve Eden) et bien sûr Deadshot (Floyd Lawton, mais pas Will Smith). Pas de Harley Quinn (nous sommes en 87, le personnage naîtra bien plus tard dans un cartoon) ou de Joker (cela va de soi, pas besoin de Jared Leto pour l'aspect publicitaire). Amanda Waller est là en tant que directrice des opérations (avant son régime amaigrissant et sa retouche plastique impressionnante), tandis que le colonel Rick Flagg prend du galon dans ces pages, en tant que figure forte sur le terrain affublé d'un t-shirt jaune imprésentable aujourd'hui.

L'avantage d'une task force secrète, c'est qu'on peut l'envoyer discètement sur des opérations à l'étranger, en zone sensible, sans créer (si tout se passe bien) d'incidents diplomatiques. Et comme les américains ont toujours été les gendarmes du monde, la série part en des contrées "ennemies" et se se prive pas de grossir le trait, en présentant à chaque fois un camp adverse très caricatural. On se balade donc au Quraq (Iran, Iraq et Quatar, un mélange) pour rencontrer les terroristes du Jihad, ou bien en URSS, ce qui va de soi à l'époque. En face nous avons parfois également des antagonistes assez pitoresques, pour ne pas dire pas crédible du tout, comme les Female Furies, qui vont donner quelques sueurs froides à ceux qui ne jurent que par les comics de ces dernières années. On félicitera Ostrander pour sa capacité à donner une voix propre à chacun des personnages impliqués dans ces épisodes, en dépit du nombre. Mention particulière pour Deadshot, qui a toujours un plan ou une idée derrière la tête, en bon calculateur cynique, et le Captain Boomerang, le plus "amusant" de la bande, mais un joli gibier de potence en tant qu'individu. 
Tout au long des numéros qui défilent vous allez retrouver des têtes bien connues, comme Batman, qui se présente sous son identité secondaire et secrète de Matches Malone, le temps d'une incarcération volontaire à Belle Rêve. Ou des moins connus, comme celles de la Doom Patrol, et de la Justice League International, qui viennent couper le destin de notre Squad, le temps de crossovers un tantinet confus, et qui ne sont pas les moments les plus exaltants de ce pavé. Luke McDonnel assure une partie graphique basique. Le dessin est rudimentaire, aux yeux de l'amateur de splash page qui en jettent plein les mirettes, ou aux artificers du style moderne. Les cases sont resserrées, parfois verbeuses à l'ancienne (le vocabulaire est légèrement surranné, et c'est volontaire), et le trait sali, expéditif, et sans fioritures aucune au niveau des expressions ou des détails. Mais c'est ce coté rétro qui participe au charme, d'autant plus que la mise en couleur et l'impression trahissent le passage des années, et une toute autre manière de procéder. Ces Archives sont un témoignage, un document historique, mais aussi une petite mine d'or pour ceux qui souhaiteraient retrouver le meilleur du bronze age des comics, et lire quelque chose que nous n'aurions jamais osé imaginer avoir dans ce genre de recueil, en Vf, il y a encore deux trois ans. Le prix est assez élevé, mais le nombre de pages et la qualité de ce tome justifient pleinement cette somme et l'achat. 




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CIVIL WAR II GODS OF WAR #1 : HERCULES ET UN TIE-IN ASSEZ INUTILE

La dernière fois que j'ai vu quelque chose de vraiment intéressant avec le personnage de Hercules (le S en VO est de rigueur) c'était dans les années 90 avec le run de Bob Harras chez les Avengers; à l'époque on les appelait les Vengeurs, et ça se passait sur les pages de Strange, le mensuel made in Lug/Semic qu'il fallait lire pour suivre ces aventures. Le héros avait un côté magnifique, bonimenteur, un tantinet vantard et dragueur, il faisait parti du groupe et en était un des animateurs, une sorte de tête brûlée mythologique, possédant un grand cœur, mais parfois pas assez de finesse. Cela fait donc un gros contraste de le retrouver aujourd'hui attablé dans un bar miteux, avec devant lui un verre d'alcool qu'il se contente d'observer, et ne consomme même pas. C'est un peu triste aussi de voir que la seule personne qu'il a encore à ses côtés pour s'épancher est le jeune Amadeus Cho, à savoir le nouveau Hulk. C'est un gamin, il a beau être un génie et donc désormais un super-héros, ça reste un perdreau sans grande expérience, et ce n'est peut-être pas forcément ce dont Hercules aurait besoin. Celui ci broît du noir, tout le monde le prend un peu pour un imbécile, un loser, quelqu'un qui n'est pas digne de confiance... d'ailleurs lorsqu'éclatent les événements de la seconde Civil War, à savoir l'arrivée des Celestes en plein New York, personne n'a pensé faire appel à lui. Et une fois sur le champ de bataille, il se rend compte avec amertume que sa présence n'est pas indispensable, d'autant plus que ces temps derniers la vie est dure, avec un conflit qui oppose de nouvelles déïtés modernes et sans scrupules, face à un panthéon plus ancien, dont fait partie Hercules, qui perdure une certaine tradition de la divinité. Ces parvenus lui mènent la vie dure et sont bien décidés à l'utiliser comme leur chose, à savoir le transformer en une sorte de dieu du chaos. Hercules a-t-il encore assez d'amis pour faire face et constituer un groupe capable de répondre et de passer à son tour à l'offensive? En gros a-t-il encore parmi ses contacts, dans son portable, suffisamment de numéros pour trouver des alliés qui vont lui prêter main-forte?
Civil War II: Gods of War #1 ressemble à un tie-in forcé, une série qui devrait normalement porter le numéro 7 de la mouture précédente consacrée à Hercules. L'impression est que Dan Abnett a reçu l'ordre de se plier au petit jeu de "et je place des titres secondaires dans l'événement principal, pour en gonfler l'importance et la portée". Du coup il fait comme il peut, à savoir développer une continuité déjà existante, sans se focaliser le moins du monde sur les enjeux réels de la Civil War II. Emilio Laiso est assez bon au dessin, avec des figures tout en muscles, massives, et il utilise un trait simple, immédiat, clair et sans rodomontades. C'est propre et dynamique, mais sans génie non plus. Bref, ça se laisse lire, mais il est clair que si vous n'êtes pas un habitué de Hercules et ses séries de passage, et que vous achetez cette parution juste pour ce qu'elle promet dans le titre, vous allez être amèrement déçus. 


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SUPERGIRL REBIRTH : LA SUPER COUSINE EST DE RETOUR

Au tour de Supergirl de passer à la moulinette Rebirth... forcément on s'attendait à ce que la nouvelle mouture du titre tienne compte de la série télévisée, qui a connu un petit succès ces derniers mois, malgré une écriture franchement lacunaire et un public qui cible principalement les adolescents ou les filles. Nous sommes loin d'avoir une version très crédible et fort intéressante de la cousine de Superman. Et bien figurez-vous que ce numéro spécial n'arrive pas à choisir. On récupère des éléments comme par exemple le fait quelle doit désormais travailler pour le D.E.O, une sorte de service secret spécialisé dans les menaces à super-pouvoirs, ou encore la volonté de placer la jeune Kara en situation réelle et la laisser s'adapter à une vraie vie, au milieu du commun des mortels. On lui détermine d'ailleurs un âge (seize ans) et on la renvoie à l'école avec une paire de binocles, pour qu'on ne puisse pas la reconnaître. Pour le reste ce numéro m'a vraiment laissé sur ma faim, il ne s'y passe pas grand-chose d'intéressant, et après une petite introduction qui nous renvoie vers les véritables parents génétiques de Supergirl, alors que ceux-ci banissent dans la zone fantôme celui qui sera la menace du jour, on plonge dans le présent et la tentative réussie de la part du D.E.O de rendre ses pouvoirs à notre héroïne, en la projetant vers le soleil, dans une fusée expérimentale. Des pouvoirs fort utiles car pendant ce temps-là, sur Terre, l'exilé aperçu dans la première page est de retour, on ne sait pas trop comment. Et au contact de la Lune terrestre qui illumine le ciel, il devient une sorte de gros loup garou kryptonien particulièrement méchant. Bref pour écrire ce Rebirth, Steve Orlando n'a pas dû mettre plus d'une grosse demie-heure... ça manque d'idées fortes et on a du mal à y croire.
Reste que les dessins de l'italienne Emanuela Lupacchino sont véritablement splendides! C'est la raison pour laquelle il est envisageable d'acheter tout de même cette parution; par moments nous avons l'impression de voir une synthèse entre le travail de Greg Land (mais de manière beaucoup plus naturelle et fluide) et celui de Coipel, au niveau des formes et de la gestion des poses. L'encrage a par contre tendance à banaliser le talent de Lupacchino (merci McCarthy) mais nous avons la certitude d'avoir là une des artistes les plus intéressantes et inspirées dès lors qu'il s'agit de mettre en scène des personnages féminins, et les rendre jolies, seyantes, sans être vulgaires, et sans délaisser les fonds de case et le reste des planches. Supergirl Rebirth est donc fort joli à voir, mais cela ne fait pas oublier un manque évident de fond.



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BATMAN AMERE VICTOIRE (DC COMICS LE MEILLEUR DES SUPER-HEROS TOMES 27 et 28 CHEZ EAGLEMOSS)

Après nous avoir proposé Un Long Halloween voici quelques mois, la collection Eaglemoss récidive avec le Batman de Jeph Loeb, avec les volumes 27 et 28. Il s'agit cette fois de Amère Victoire, qui poursuit l'oeuvre conjointe du scénariste et de Tim Sale. C'est beau, c'est incontournable.
On prend les mêmes, et on recommence, avec cette Dark Victory. C'est à dire, le fils de la dynastie mafieuse Falcone, Alberto, enfermé à l'asile d'Arkham depuis les meurtres perpétrés sous l'identité du tueur Holiday. La soeur Sophia Falcone Gigante, désormais paralysé et clouée sur son fauteuil roulant, qui a repris en main les ficelles du clan. Batman, pris dans la tourmente de Gotham, où le soleil ne semble jamais se lever, même pour une brève parenthèse. Et Harvey Dent, désormais connu sous le sobriquet de Double Face, depuis qu'il a reçu au visage un jet d'acide en plein procès. Le procureur s'est évadé de l'hôpital, puis d'Arkham, est parti vivre une existence de fugitif et mener à bien de sombres projets de vengeance. D'ailleurs à Gotham les assassinats ont repris. Cette fois, ce sont les anciens flics, les représentants ripoux de la loi corrompue de Gotham, qui sont visés. On les retrouve au bout d'une corde, avec un billet énigmatique accroché au cadavre. Une sorte de jeu du pendu, avec un message (pas si) crypté que Batman et le commissaire Gordon découvrent à chaque fois. Ce pauvre Gordon qui traverse une mauvaise passe. Sa femme est repartie pour Chicago, emmenant le fiston sous le bras, et il doit composer avec la remplaçante de Dent, une certaine Candice Porter, une jolie blondinette qui semble cacher son jeu et certains secrets, à commencer par l'identité de son amant. Ce qui pourrait expliquer son aversion pour les méthodes de Batman, et pourquoi elle oeuvre pour obtenir la libération du fils Falcone. Décidément, allez donc tenter de trouver un quelconque semblant de justice à Gotham... A chaque fois que le Dark Knight semble avoir oeuvré pour aboutir à un instant de paix, de nouvelles tuiles sur tombent sur la tête.

Les indices sont clairs : le jeu du pendu retrouvé sur les victimes est toujours réalisé sur des documents ayant appartenus à Harvey Dent. Le coupable tout désigné, c'est lui. Ou pas. Ou sa nouvelle personnalité, sa "face maléfique". En attendant, c'est la débandade dans les familles de la malavita locale. Falcone, Viti, Maroni sont aux abois, et la police, pendant ce temps, continue de voir ses hommes tomber, chaque jour de fête, dans un sinistre écho aux événements du Long Halloween. Cette Amère Victoire est aussi l'occasion de découvrir le drame intime de Dick Grayson, le futur Robin, qui perd ses parents trapézistes, et se voit adopté par Bruce Wayne. Une excellente mise en parallèle se produit d'ailleurs au neuvième chapitre, lorsque Dick pénètre dans la chambre des parents décédés de son tuteur, et qu'il est sommairement réprimandé par Alfred, le majordome. Une scène déjà joué quelques années plus tôt par ce même majordome, quand le petit Bruce dut affronter la perte de sa maman. Le talent de Tim Sale n'est pas à démontrer, même si je pense modestement qu'il n'atteint pas, dans cette suite, l'excellence de The Long Halloween. Il parvient néanmoins à refaire vivre toute cette galerie de monstres de foire, de psychopathes frustrés, de mafieux acculés, en les caractérisant, les personnalisant, réalisant là un travail qui sert encore aujourd'hui de balise pour tout artiste désireux de plonger les pinceaux dans le petit monde de Batman. Cette nouvelle édition est proposée sous forme de deux tomes de 12,99 chacun, mais ce sera une somme bien investie. Tout d'abord, car la version en Semic Books (en plusieurs tomes) est épuisée, et que celle d'Urban est un peu plus chère (superbe album au demeurant). Ensuite car il s'agit là d'un récit majeur, une de ces oeuvres qui transcendent le statut de comic-book, pour devenir un repère culturel d'importance, pour plusieurs générations de lecteurs. Inutile de résister, vous ne le regretterez pas.


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LE DESTIN DE THANOS ENTRE LES MAINS DE JEFF LEMIRE

S'il y a bien un personnage qui va faire l'actualité et être incontournable en 2017, c'est forcément Thanos. S'il y a bien un scénariste qui en ce moment est en train de monter au firmament des auteurs Marvel, c'est Jeff Lemire. Et il se trouve que Jeff Lemire prépare une nouvelle série consacrée à Thanos! Voilà qui a de quoi réjouir les lecteurs les plus insensibles. Voici donc le résumé rapide d'un entretien accordé par le génial canadien au site comicbookresources. Lemire y parle du Titan fou, et des projets qu'il a pour lui.

Après cinq ou six ans à écrire des trucs de super-héros, l'idée de m'intéresser à un super vilain offre une nouvelle dynamique et tout un lot de possibilités. C'est un vrai challenge, avec l'arrivée concrète de Thanos dans l'univers cinématographique, il y a le potentiel pour que cette série trouve un grand public. La question est : quand vous avez autant de pouvoir, que désirez-vous, qu'est-ce qui vous motive? Quand j'ai commencé à me poser ces questions, j'ai aussi commencé à écrire une histoire, et trouver les réponses, voilà de quoi il sera question dans cette histoire! Je suis aussi fasciné par tous les personnages cosmiques qui gravitent autour de Thanos, comme Starfox ou Gamora, et de la manière par laquelle il pourraient jouer un rôle dans ce titre.

Lorsqu'on demande à Jeff Lemire si jamais il a déjà eu la chance de s'entretenir avec Jim Starlin, il répond 
Non je n'ai jamais rencontré Jim, je le respecte énormément lui et ce qu'il a créé. Bien sûr quand on m'a confié ce travail, j'ai tout relu ce qu'il a écrit sur le personnage. J'espère qu'il appréciera ce que je vais faire, il a une grande influence c'est certain. 

Au sujet des rapports éventuels entre Thanos et les autres titres de l'auteur, comme Extraordinary X-men et Old Man Logan 
Absolument aucun rapport, ce qui est une bonne chose. C'est bien d'explorer d'autres recoins de l'univers Marvel... je me suis concentré sur les mutants ces 2 dernières années et avec Moon Knight ou Hawkeye, je me suis occupé de personnages qui évoluent dans leur coin, ils interagissent pas vraiment avec le reste. Cette fois je joue avec des nouveaux jouets et pars explorer de nouveaux territoires.



Lemire a-t-il déjà vu les première page dessinées par Mike Deodato Jr?
Non il est trop tôt, mais j'ai énormément de respect pour Mike, j'adore son travail, j'aime beaucoup ce qu'il a fait durant Infinity avec Thanos, et tout ce qu'il a fait avec Darth Vader durant Vader Down. Tout cela a eu beaucoup d'influence sur moi. Nous n'avons pas encore vraiment commencé à travailler mais je suis impatient.

Enfin quand on lui parle du rapport de filiation indirecte entre Thanos et Darth Vader, et la série écrite par Gillen et Larocca... on finit par se poser la question d'un éventuel crossover entre le Marvel Universe et Star Wars!
Ce sont des décisions qui ne m'appartiennent absolument pas, mais je ne suis pas très convaincu par un crossover entre l'univers Marvel et Star Wars. Cela m'intéresserait certainement, mais je suis pas le genre de personne qui pourrait s'en occuper, je ne suis pas un gros fan de Star Wars... je sais que c'est un sacrilège, j'ai toujours apprécié, mais ça ne m'a jamais rendu fou comme c'est le cas pour beaucoup de monde. Je pense qu'il faudrait quelqu'un d'autre, de beaucoup plus passionné, pour que ce projet puisse exister. Mais je le lirais!

Tout comme nous lirons le Thanos de Jeff Lemire, à n'en pas douter! Le genre de série qu'il faudra surveiller de très près. Car ...
Ce sera l'histoire de Thanos, son voyage, mais aussi le voyage de Thane, de Starfox, d'autres personnages, et leurs interactions. Il y aura un énorme trame, beaucoup de potentiel, et le premier story arc a le potentiel pour être une histoire qui va secouer l'univers Marvel. Bref j'espère pouvoir faire une étude profonde du personnage tout en le plaçant dans une aventure très importante pour Marvel.


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(MARVEL SELECT) MARVEL ZOMBIES : LA FAIM JUSTIFIE LES MOYENS

Ah ces Marvel Zombies! Non, je ne veux pas parler de ces fans qui achètent absolument tout ce qui sort chaque mois, mais plutôt des morts-vivants, c'est-à-dire la grande spécialité qui a rendu célèbre et riche un auteur comme Robert Kirkman. Celui-ci n'est pas seulement le scénariste de The Walking Dead, on le retrouve aussi en tant que démiurge derrière Marvel Zombies, la série. Le principe est très simple, nous avons affaire à tous les super-héros et les criminels en costume que nous avons l'habitude de suivre, mais transformés en morts-vivants, avec l'unique préoccupation d'assouvir une faim inextinguible. Le seul motif qui les poussent encore à aller de l'avant est la recherche de chair fraîche. Ce ne sont pas des zombies lents et maladroits, ici ils ont encore toutes leurs têtes, sont capables de parler, de raisonner, de s'allier ou de se trahir, jusqu'à ce que bien entendu la faim finisse par leur faire perdre la boule, et les transforme en animaux incontrôlable. Leur personnalité est plus ou moins celle d'avant la grande contamination, mais les corps sont en totale putréfaction, en décomposition, et les canines semble bien aiguisées. Dans un monde où pratiquement tous les personnages ont été atteints par la transformation, il reste bien peu de survivants à dévorer, et quand on parvient à mettre la main sur un de ces derniers, c'est une foire d'empoigne générale pour savoir qui aura le privilège d'y planter les crocs. Nous sommes bien loin des héros sans peur et sans reproche qui veulent sauver le monde; ici la version qui est proposée est extrêmement sarcastique... Captain America a la cervelle à l'air libre, il manque une jambe à Spider-Man, et Wolverine à un bras amputé. Gros problèmes aussi pour Bruce Banner, qui n'a pas un estomac suffisant pour contenir tout ce qu'a dévoré son alter ego Hulk. Il y a de fortes chances que toutes les versions zombifiées vous fassent hautement sourire. Point positif en plus, il faut le souligner, ce Marvel select propose les épisodes tirés de la série Ultimate Fantastic Four, qui sont un peu le prologue de tout ce qui va suivre : c'est en effet là-dedans que nous faisons connaissance (avec Reed Richards) pour la première fois avec cet univers en décomposition, et c'est Mark Millar qui en construit les fondations. 

Certaines scènes, certaines trouvailles sont vraiment terribles, et si ce n'est par le biais de l'humour qui transparaît tout de même derrière la tragédie, il faut avoir le cœur bien accroché devant ce qui se produit. Vous êtes ainsi face à un Hank Pym, savant de génie, qui découpe en petits morceaux la Panthère Noire, et le maintient en vie afin d'en faire une sorte de garde-manger permanent, le tout à l'insu de ses anciens compagnons, qui eux aussi ont très faim. Le destin de Magnéto est de finir dévoré. Le seigneur du magnétisme devient ainsi le festin des héros zombifiés avec un Hulk qui se régale. Phénomène inattendu, voici que tout à coup débarque le Surfer d'Argent, qui s'était momentanément éclipsé pour une aventure dans le cosmos, et qui a la grande déception de voir ces nobles et courageux terriens transformés en morts-vivants avides de carnage. La voix de la raison vient-elle de l'espace? Assurément elle ne sera pas suffisante pour rétablir l'ordre, à moins que derrière ne suit le grand patron, celui dont le Surfeur est le héraut, à savoir Galactus!
Les dessins de Sean Philips sont très efficaces, suffisamment caricaturaux, mais aussi suffisamment appliqués, pour faire vivre avec crédibilité et horreur tout cet univers en plein délitement. Chaque personnage conserve ses caractéristiques, mais il est en même temps présenté aux lecteurs dans une version horrible et désespérée. C'est sombre, sanguinolent, et même si j'avais trouvé cela décevant à la première lecture, en version originale, j'ai depuis complètement fait demi-tour, et je n'ai de cesse de recommander cette première mini série Marvel Zombies, qui est un petit bijou du genre. Je précise première, car il y en a eu d'autres par la suite, pour surfer sur le succès du genre. Ce Marvel select présente également la seconde minisérie, toujours écrite par kirkman. Le principe de base reste le même, avec la résistance "humaine" qui s'organise autour de la Panthère Noire, et des zombies qui ont encore et toujours faim. La nouveautés sont ceux-là qui jeunent depuis si longtemps qu'ils en sont devenus plus raisonnables, voire repentis. D'ailleurs, c'est aussi le grand point fort de ces histoires scénarisées par Kirkman, la conscience des actes atroces, la déchéance inéluctable dont sont victimes les personnages, tout ceci reste présent à l'esprit de la plupart d'entre eux, et c'est une lourde malédiction qui permet le grand écart entre l'humour et le pathétique/tragique. Un Marvel Select à la limite de l'incontournable, avec les couvertures si identifiables et magnifiques de Arthur Suydam.




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LA NUIT DES LANTERNES CHEZ DELCOURT : LE DEUIL, LA COLÈRE, L'HORREUR

 Le personnage principal de cet album signé Jean-Étienne s'appelle Eloane. C'est une jeune femme qui retourne dans la maison familia...