Après nous avoir proposé Un Long Halloween voici quelques mois, la collection Eaglemoss récidive avec le Batman de Jeph Loeb, avec les volumes 27 et 28. Il s'agit cette fois de Amère Victoire, qui poursuit l'oeuvre conjointe du scénariste et de Tim Sale. C'est beau, c'est incontournable.
On prend les mêmes, et on recommence, avec cette Dark Victory. C'est à dire, le fils de la dynastie mafieuse Falcone, Alberto, enfermé à l'asile d'Arkham depuis les meurtres perpétrés sous l'identité du tueur Holiday. La soeur Sophia Falcone Gigante, désormais paralysé et clouée sur son fauteuil roulant, qui a repris en main les ficelles du clan. Batman, pris dans la tourmente de Gotham, où le soleil ne semble jamais se lever, même pour une brève parenthèse. Et Harvey Dent, désormais connu sous le sobriquet de Double Face, depuis qu'il a reçu au visage un jet d'acide en plein procès. Le procureur s'est évadé de l'hôpital, puis d'Arkham, est parti vivre une existence de fugitif et mener à bien de sombres projets de vengeance. D'ailleurs à Gotham les assassinats ont repris. Cette fois, ce sont les anciens flics, les représentants ripoux de la loi corrompue de Gotham, qui sont visés. On les retrouve au bout d'une corde, avec un billet énigmatique accroché au cadavre. Une sorte de jeu du pendu, avec un message (pas si) crypté que Batman et le commissaire Gordon découvrent à chaque fois. Ce pauvre Gordon qui traverse une mauvaise passe. Sa femme est repartie pour Chicago, emmenant le fiston sous le bras, et il doit composer avec la remplaçante de Dent, une certaine Candice Porter, une jolie blondinette qui semble cacher son jeu et certains secrets, à commencer par l'identité de son amant. Ce qui pourrait expliquer son aversion pour les méthodes de Batman, et pourquoi elle oeuvre pour obtenir la libération du fils Falcone. Décidément, allez donc tenter de trouver un quelconque semblant de justice à Gotham... A chaque fois que le Dark Knight semble avoir oeuvré pour aboutir à un instant de paix, de nouvelles tuiles sur tombent sur la tête.
Les indices sont clairs : le jeu du pendu retrouvé sur les victimes est toujours réalisé sur des documents ayant appartenus à Harvey Dent. Le coupable tout désigné, c'est lui. Ou pas. Ou sa nouvelle personnalité, sa "face maléfique". En attendant, c'est la débandade dans les familles de la malavita locale. Falcone, Viti, Maroni sont aux abois, et la police, pendant ce temps, continue de voir ses hommes tomber, chaque jour de fête, dans un sinistre écho aux événements du Long Halloween. Cette Amère Victoire est aussi l'occasion de découvrir le drame intime de Dick Grayson, le futur Robin, qui perd ses parents trapézistes, et se voit adopté par Bruce Wayne. Une excellente mise en parallèle se produit d'ailleurs au neuvième chapitre, lorsque Dick pénètre dans la chambre des parents décédés de son tuteur, et qu'il est sommairement réprimandé par Alfred, le majordome. Une scène déjà joué quelques années plus tôt par ce même majordome, quand le petit Bruce dut affronter la perte de sa maman. Le talent de Tim Sale n'est pas à démontrer, même si je pense modestement qu'il n'atteint pas, dans cette suite, l'excellence de The Long Halloween. Il parvient néanmoins à refaire vivre toute cette galerie de monstres de foire, de psychopathes frustrés, de mafieux acculés, en les caractérisant, les personnalisant, réalisant là un travail qui sert encore aujourd'hui de balise pour tout artiste désireux de plonger les pinceaux dans le petit monde de Batman. Cette nouvelle édition est proposée sous forme de deux tomes de 12,99 chacun, mais ce sera une somme bien investie. Tout d'abord, car la version en Semic Books (en plusieurs tomes) est épuisée, et que celle d'Urban est un peu plus chère (superbe album au demeurant). Ensuite car il s'agit là d'un récit majeur, une de ces oeuvres qui transcendent le statut de comic-book, pour devenir un repère culturel d'importance, pour plusieurs générations de lecteurs. Inutile de résister, vous ne le regretterez pas.
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