FIGHT GIRLS : DIX CONCURRENTES POUR UNE COURONNE
JUSTICE SOCIETY OF AMERICA : LE NOUVEL ÂGE TOME 2
Mieux encore que des super-héros, voici venir les dieux. Car oui, certains des personnages qui peuplent nos célèbres comics books ne sont pas seulement des êtres doués de super pouvoirs, mais ce sont carrément des entités divines, qui furent vénérées à un moment de l'histoire, avant d'être oubliées. La justice Society of America de Geoff Johns met ainsi en scène Gog, cette créature extraordinaire, gigantesque et affublé d'un sourire narquois en permanence, qui semble posséder des pouvoirs illimités. Elle traverse l'Afrique d'un pas de géant, et partout autour d'elle, la végétation devient luxuriante, les problèmes humains sont réglés, y compris ceux parmi les super-héros qui ont accepté de le suivre dans un premier temps, pour le contrôler à distance. Exit les problèmes mentaux de Sandman ou le visage défiguré de Damage, par exemple. Sans oublier Power Girl, qui obtient ce qu'elle désire le plus, c'est-à-dire retourner chez elle, sur sa Terre. Gog récompense ses admirateurs, ceux qui le révèrent, par un geste de bonté qui en réalité apporte tout autant de malheur que de bonheur. Il y a un prix à payer pour toute chose et alors que les membres de la JSA le réalisent, Gog se dirige droit vers le Kahndaq, la patrie traditionnellement régie d'une main de fer par Black Adam… et les ennuis géopolitiques ne font que commencer. Pire encore, Gog s'est choisi un héraut du nom de Magog, en ressuscitant le capitaine David Reid, tombé au champ d'honneur. Il lui a accordé une partie de ses pouvoirs fabuleux et l'a transformé précisément en celui que le Superman de la terre 22 (l'univers de Kingdom Come) redoute le plus, car annonciateur de la terrible crise qui a dévasté son propre univers. Geoff Johns place ses personnages dans une situation d'inconfort total. D'un côté le merveilleux et les miracles qui semblent possible, de l'autre le prix à payer pour tout cela, qui pourrait bien être fatal, y compris pour la planète. Les héros sont à deux doigts de se déchirer, et les notions de bien et de mal se brouillent pernicieusement.
MISS MARVEL SUR DISNEY + : UNE ADAPTATION TOTALEMENT DISPENSABLE
L'honnêteté veut qu'avant d'entamer cette critique de la série Disney + Miss Marvel, nous nous penchions sur le public à qui elle est réellement destinée. C'est-à-dire les adolescents et les amateurs de séries légères, et certainement pas le Marvel fan historique et exigeant, qui aime comparer les différences entre les adaptations à l'écran et ce qui existe sur le papier, tout en se complaisant dans le c'était tellement mieux avant. L'héroïne créée par G. Willow Wilson est de toute manière récente; elle fait partie de cette tendance actuelle à s'adresser et rechercher de nouveaux lectorats. Ici nous avons une jeune fille musulmane, en provenance du Pakistan, et dont la famille a fini par s'intégrer dans la société américaine, non sans quelques difficultés. J'aborde ce point dès le départ car il est évident qu'il s'agit du thème central de ces six épisodes. Que ce soit l'habillage ou la bande son, le décor ou toutes les intrigues secondaires, les origines et la religion de la petite Kamala Khan sont totalement intégrées à l'histoire. Mais là où il aurait été possible de s'attendre à une peinture au vitriol des relations tendues qui existent entre une partie des Américains, qui ne voient pas d'un bon œil les étrangers (surtout certains…) et des musulmans en but à bien des contradictions, et osons le dire, un racisme environnant frappant, nous avons droit à une version idéalisée et très édulcorée de ce que peut-être le melting pot aux États-Unis. Quels sont les véritables problèmes que rencontre la famille Khan, en tant que pakistanais ? Quasiment aucun. Ce que l'on comprend dans la série, c'est qu'à partir du moment où on a assez d'argent pour vivre dignement (quand on peut se payer plusieurs billets aller-retour d'avion pour toute la famille au Pakistan, au dernier moment, cela prouve qu'on est loin d'être dans le besoin) le racisme ou l'intégration ne sont plus les écueils principaux. Ce sont bien les difficultés sociales, l'indigence, qui font qu'on s'isole ou qu'on est montré du doigt. Kamala appartient à une couche sociale qui lui permet de se sentir "plus américaine" que bien des Américains de souche, qui se contentent de conditions de logement insalubre. De plus, elle a été vampirisée par la culture américaine, au point d'avoir une passion pour les super-héros (Captain Marvel en particulier), de fréquenter les Comic-Con, et toutes ses références personnelles vont en ce sens. Si ce n'était pour quelques traits physiques qui la caractérise, on pourrait la prendre pour une jeune fille de New York ou de Chicago depuis des générations, sans aucun problème. Sa famille est aimante, très compréhensive, finit par fermer un œil sur ses fréquentations et ses folies d'adolescente, tandis que la mosquée dans laquelle elle se rend pour prier est carrément un havre de paix et d'œcuménisme, où même les jeunes filles peuvent prétendre devenir des figures de référence pour l'organisation du culte. C'est un progressisme que j'applaudis des deux mains, mais qui me laisse tout de même une impression étrange de féerie, bien loin de ce qui semble se dérouler en réalité aux États-Unis. En fait, toute la série Miss Marvel semble baigner dans un halo improbable, un patchwork de couleurs, de sons et d'odeurs, qui en font une carte postale fascinante, mais qui pour le coup méprise la crédibilité.
MISTER MAMMOTH TOMES 1 ET 2 : LE POLAR SURPRENANT DE MATT KINDT ET JEAN-DENIS PENDANX
C'est par la grâce d'un simple séjour parisien, durant lequel il était tombé sur un exemplaire du Maître des crocodiles, que Matt Kindt avait découvert le travail de Pendanx. Si les deux univers ne sont pas si homogènes à première vue, ils fonctionnent admirablement bien à travers cette association de grand luxe. D'un côté la narration qui emprunte les chemins de traverse, sème indices et contre indices, et de l'autre une ambiance intemporelle et en même temps reconnaissable. Une vision fantasmée du polar américain, qui en repropose tous les codes tout en les retravaillant à partir d'un matériau originel et original inattendu. Mammoth est une présence, un colosse, et son apparence est elle aussi une fausse piste. Derrière son épaisseur, c'est le cerveau qui fait la différence. Les muscles sont hors normes, mais c'est la capacité de déduction qui lui sauve la mise. D'ailleurs il n'accepte que les cas susceptibles de le mettre en situation de danger, autrement il s'ennuie, comme aller au cinéma pour voir un long métrage dont on aurait régulièrement vu la fin. Faciès simiesque, tuméfié, le privé est aussi peu engageant qu'il est mystérieux. Et du reste la dernière partie du tome 2 nous révèle tout ce qui est à savoir, et nous permet de mieux comprendre ce qui a été lu jusque-là, à inscrire dans le registre de la comédie des faux semblants. Deux tomes donc, qui se dévoreraient très vite, si ce n'était ce besoin de ralentir, cette envie de prendre son temps, pour profiter de chaque planche, des ambiances vitreuses, humides, troublantes, que Pendanx dissémine d'un bout à l'autre du récit. Hulk rencontre Dick Tracy, croisé avec Blacksad et Sherlock Holmes, et nous on dévore Mister Mammoth avec le seul regret que deux tomes, dans ces conditions, c'est presque trop court.
DC INFINITE FRONTIER JUSTICE INCARNÉE : MULTIVERS EN DANGER
En fait, nous tenons là une sorte d'aboutissement entre les mains. De prolongement, à défaut de conclusion, de certains grands moments de l'histoire de DC Comics, de Crisis on Infinite Earths à Dark Knights Metal, en passant par The Multiversity de Grant Morrison, qui demandait toujours à être exploité plus concrètement. Du coup, nous trouvons pas mal de confusion, mais aussi des intuitions merveilleuses, comme lorsque le Président Superman et Docteur Multiverse se retrouvent sur une Terre parallèle, et que le seul moyen qu'ils ont pour communiquer avec leurs camarades et de devenir des artistes de comic books, et faire publier chez DC le récit de leurs aventures face à Darkseid, qui serviront de balises et de mode d'emploi pour la marche à suivre. Comme le temps s'y écoule différemment, les deux héros forment une sorte de néo couple, se mettent au travail, apprennent à se connaître avant de s'éloigner pour incompatibilité, et mènent leur mission à son terme, même si le final leur réserve une sacrée surprise. C'est assez drôle de voir Thomas Wayne à l'œuvre sur la Terre 26, là où les lois de la physique sont différentes, avec des habitants qui sont tous dotés de corps de cartoons, avec les conséquences pratiques que vous pouvez imaginer. Terre 7 par contre est détruite, et son importance pourrait bien être la clé de la chute des héros, qui ont toujours un temps de retard, sur un Darkseid qui lui aussi est loin d'avoir partie gagnée. Justice Incarnée, c'est pour finir un sacré patchwork de dessinateurs qui se succèdent. Avec du très bon; Mikel Janin, Kyle Hotz et ses planches plus gothiques, ou encore Brandon Peterson, pour ce qui est des artistes au style léché et détaillé. Et puis aussi Andrei Bressan, qui en terme de volume de production occupe le rôle central dans cette aventure. S'il parvient à toujours maintenir le cap, je suis plus dubitatif quand il doit livrer des vignettes plus petites, avec différents personnages, qui une fois réduits à une échelle moins flatteuse, apparaissent également moins convaincants. Sans être laid, loin de là, il y a un petit quelque chose de moins iconique ou imposant que chez ses collègues. Globalement cette saga cosmique a du mal à trouver sa voie, reste hermétique de bout en bout pour ceux qui n'ont pas de master en histoire de DC Comics, et repose sur de petites parenthèses bien trouvées pour faire fonctionner son capital sympathie. On était en droit de s'attendre à mieux.
Un peu d'humour avec Darkseid face à celui est un peu le "Thanos de DC Comics", et qui subit une défaite cuisante, ponctuée par un "Snap".
LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : AGATA TOME 3 L'ÉTOILE DU SUD
Dans le 132e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente le troisième et dernier tome de la série Agata, baptisé L’étoile du sud, album que l’on doit à Olivier Berlion, édité chez Glénat. Cette quinzaine aussi, on vous propose six promenades et visites autour de la bande dessinée à faire cet été :
- Paris : exposition Chris Ware au musée Pompidou et découverte des galeries d’art consacrées à la bande dessinée
- Bruxelles : promenade dans la ville à la découverte des fresques sur la bande dessinée, visite du centre belge de la bande dessinée et de son exposition temporaire sur les albums consacrés au Musée du Louvre
- Amiens : exposition à la maison de la culture baptisée de Goldorak à Goldorak consacrée au travail de Denis Bajram
- Jaunay-Marigny : exposition dans le parc du château à l’album Madeleine, résistante en collaboration avec les éditions Dupuis
- La Roche-Guyon : exposition dans le château baptisée MachinaXion et consacrée à Blake et Mortimer
- Angoulême : visite de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image, ses collections permanentes et son exposition temporaire consacrée aux liens entre la bande dessinée et le cinéma d’animation
LES SEPT SECRETS TOME 2 : SECRET (PAS VRAIMENT) RÉVÉLÉ
FANTASTIC FOUR L'HISTOIRE D'UNE VIE : OBSESSION FANTASTIQUE
SUPERGIRL WOMAN OF TOMORROW : L'ÉPOPÉE EXISTENTIELLE
THOR LOVE & THUNDER : LE PLUS GRAND CABARET DU MONDE
THE CAPE : RÉÉDITION CHEZ HI COMICS D'UN CLASSIQUE D'APRÈS JOE HILL
LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : LES MÉMOIRES DU DRAGON DRAGON
Dans le 131e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente le premier tome des mémoires du dragon Dragon, baptisé Valmy, c’est fini, album que l’on doit au scénario de Nicolas Juncker et au dessin de Simon Spruyt, édité chez Le Lombard. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :
UNIVERSCOMICS LE MAG' #25 DE JUILLET 2022 : L'été des comics
UniversComics Le Mag' 25 - Juillet 2022
LA NUIT DES LANTERNES CHEZ DELCOURT : LE DEUIL, LA COLÈRE, L'HORREUR
Le personnage principal de cet album signé Jean-Étienne s'appelle Eloane. C'est une jeune femme qui retourne dans la maison familia...

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Comme chaque samedi désormais, nous vous proposons de plonger dans l'univers de la bande dessinée au sens le plus large du terme,...
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WORLD WAR HULK (Marvel Deluxe - Panini) A l'occasion de la sortie (avant les fêtes, bien entendu) du Marvel Deluxe consacré à...
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UNIVERSCOMICS LE MAG' 46 Octobre 2024 / 60 pages / gratuit Disponible ici (lecture + téléchargement) : https://madmagz.app/fr/viewer/...