FIGHT GIRLS : DIX CONCURRENTES POUR UNE COURONNE


 Imaginez donc un royaume un peu particulier, où la reine serait contrainte d'abdiquer en raison de sa stérilité, et où la remplaçante serait trouvée sur des bases un peu particulières. Il ne s'agit pas d'une succession par le sang ni même d'une élection par le peuple, mais de l'organisation d'une série d'épreuves physiques extrêmement périlleuses, au terme desquelles la nouvelle reine sera désignée. L'ensemble est retransmis en direct sur tous les médias audiovisuels et les dix concurrentes qui s'élancent, dans l'espoir de porter la couronne, savent que tous les coups sont permis. Bien entendu, ce sont là dix femmes athlétiques au physique très agréable, qui ne portent qu'un simple body pour mettre en valeur les formes et les muscles. Vous êtes bien dans l'univers de Frank Cho, où la femme callipyge et sa silhouette sont comme toujours mises en évidence. Pas de femmes nourries à la laitue et au 300 calories par jour, mais en général des créatures aux formes généreuses et peu farouches. Ici d'ailleurs, formes assez pondérées par des muscles remarquables. Une autre passion de Frank Cho sont les dinosaures, la représentation de la jungle luxuriante, comme par exemple la Terre sauvage. Avec Fight Girls chez Delcourt, dès la première épreuve, il peut s'en donner à cœur joie puisqu'il s'agit de traverser un territoire vierge de type tropical, peuplé de gigantesques bestioles qui semblent directement issues de notre préhistoire, et qui se mettent en travers du chemin des concurrentes, pour tout simplement les boulotter. Très vite, elles ne sont plus dix mais perdent quelques éléments en route… en fait, dès les premiers instants, quand démarre la compétition, une des favorites, la numéro 1, et carrément lâchement agressée par derrière. Bref, c'est chacun(e) pour soi, sans aucune pitié.


À première vue, il s'agit avant tout d'un divertissement de bonne facture, par ailleurs splendidement illustré et qui bénéficie des couleurs luxuriantes de Sabine Rich… mais pas que ! Si Frank Cho s'amuse avec ses jouets préférés et qu'il nous livre des planches fort agréables à consulter, le dernier épisode de la mini série change radicalement l'atmosphère et insiste lourdement sur la domination du patriarcat, et la manière dont sont traitées encore aujourd'hui les femmes, quel que soit leur niveau de responsabilité. Sans pour autant atteindre des niveaux de réflexion dignes d'une analyse sociologique approfondie, les vingt-deux dernières pages prennent un virage suffisamment marqué et marquant pour ajouter de la substance à ce Fight Girls, avec une scène aussi violente que terrifiante dans son principe. Il est intéressant également de noter que nous assistons à une compétition pour le trône, retransmise en direct sur tous les écrans, autrement dit un regard sarcastique sur une société où tout est prétexte pour être spectacularisé, pour être offert en pâture à un public qui se complet dans la tragédie, le sang, les coups du sort, les trahisons, le voyeurisme. La bonne idée de Fight Girls, c'est donc d'être capable d'alterner le côté léger et une réflexion plus prégnante et d'actualité, de passer de l'un à l'autre sans faire d'effort et sans asséner de leçon moralisatrice mal venue. Cho livre alors un de ses travaux les plus aboutis, tout en conservant une apparente légèreté et une capacité à l'entertainment que beaucoup pourraient lui envier. En fait, le genre de lecture parfaite pour cet été caniculaire.




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