Les secrets peuvent être lourds à porter, au sens propre comme au sens figuré. Dans cet album qui vient de sortir au mois de janvier chez Delcourt, ils sont au nombre de sept. Clairement chacun d'entre eux peut changer la face du monde, à jamais; c'est la raison pour laquelle une organisation elle aussi secrète (qui en réalité ressemble beaucoup à une secte) appelée tout simplement l'Ordre, a pour mission de les protéger afin que personne ne puisse jamais les découvrir. C'est-à-dire s'en emparer. Ils sont lourds à porter au sens propre, car chaque secret est attribué à deux personnes : le porteur, qui doit en permanence avoir avec lui une valise dans laquelle est enfermé le secret, et son gardien, celui qui en connaît la teneur est l'utilisation, qui en est le dépositaire ultime. Bien évidemment les différents membres de l'Ordre doivent maintenir le plus grand sérieux dans leurs tâches, et cela implique de ne pas avoir d'histoire sentimentale, et encore moins des rapports intimes entre eux. Le pire serait que deux de ces élus finissent par avoir une progéniture... et bien évidemment c'est ce qui se produit très rapidement. Le jeune Caspar est donc l'enfant inattendu et non désiré, qui va être vite soustrait à ses deux parents. Pendant les premières années de sa vieil va être élevé dans un lieu inconnu dont il ne garde d'ailleurs plus le souvenir en mémoire. On le retrouve jeune adolescent, en pleine période de formation, quand il s'exerce à tous les arts possibles, que ce soit ce du combat, de l'espionnage ou du vol. Le but est d'en faire un individu aussi dangereux que déterminé pour pouvoir lui aussi un jour être un des porteurs des sept secrets. Pendant ce temps-là une menace commence à pointer le bout de son nez, incarnée par le mystérieux Amon. Qui risque de mettre en danger, voire même d'annihiler l'existence de l'Ordre, et donc surtout de dévoiler au grand jour ces secrets qu'il faut taire.
Ces Sept Secrets ont pour architecte Tom Taylor, autrement dit un des scénaristes les plus en vogue du moment, un de ceux qui sont capables de présenter des personnages très bien écrits et attachants, qui résistent sur le long terme. C'est ce qu'il a fait chez DC Comics pour Dcseased ou bien encore Injustice, et il recommence ici en apportant de surcroît un vent de fraîcheur et une écriture parfaitement adaptée à un public plus jeune ou moderne, orientation qui est forcément destinée à faire mouche. En plus, il est épaulé par le dessinateur italien Daniele Di Nicuolo, qui parvient à réussir une synthèse admirable entre un manga shônen et un comic book américain. La manière dont l'énergie se dégage de cette histoire, la construction des scènes d'action, et pour autant une lisibilité enviable, en font le crossover parfait à destination de celui qui lit des mangas mais ne dédaigne pas non plus de bons comics . Ou le contraire. On prête ici clairement une attention plus grande aux personnages, à leurs émotions, aux scènes de kung fu, la manière dont le langage corporel permet d'exprimer ce que les "héros" possèdent à l'intérieur. Et bien entendu, pour être fidèle au titre, les secrets ne manquent pas. Non seulement ceux qui demeurent dans les valises attachées à leurs porteurs, mais également dans la trame constituée comme un millefeuille : plus on avance et que l'on retire de couche, plus nous découvrons de nouveaux mystères, qui d'ailleurs à la fin de ce premier arc narratif sont encore bien loin de trouver une résolution. Au contraire un ultime cliffhanger nous promet même un retournement de situation qui pourrait envoyer la série sur de nouvelles pistes, peut-être même contraire à ce qui a été présenté jusque-là. C'est indéniablement une belle petite réussite, parfaitement à l'aise dans l'air du temps. Et qui a un énorme capital sympathie, pour peu que le public décide de donner une chance à cet album. Si vous avez lu cette chronique et qu'en général vous nous faites plutôt confiance, vous savez ce qu'il vous reste à faire.
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