LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : HISTOIRES INCROYABLES DES JEUX OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES


 Dans le 180e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Incroyables histoires des jeux olympiques et paralympiques, ouvrage collectif qui est édité chez Petit à petit dans la collection Docu BD. Cette semaine aussi, je reviens sur 6 promenades et expositions autour de la BD que vous pouvez faire en France et en proche Belgique cet été :


- L’exposition La BD à tous les étages au centre Pompidou de Paris, une exposition qui en regroupe 5 consacrées à la bande dessinée depuis les années 60


- À Lyon, au musée des tissus et des arts décoratifs, on y retrouve une exposition consacrée à Hugo Pratt et son personnage fétiche Corto Maltese


- À Strasbourg c’est le travail de Julie Doucet qui est exposé au musée Tomi Ungerer, une exposition baptisée Rétrospection qui revient sur la carrière de l’artiste canadienne


- À Angoulême nous retrouvons 3 expositions temporaires à la cité internationale de la bande dessinée et de l’image, l’une consacrée aux super héros Marvel, la seconde au lien entre la cuisine et le 9e art et la troisième intitulée « Cher journal » à la bande dessinée Lou


- En Belgique, à Bruxelles, se déroulent au musée de la bande dessinée une grande exposition qui tourne autour de l’éditeur Le Lombard et une autre qui met en lien le Jazz et la BD


- À Blois, c’est l’univers de la série Pico Bogue que l’on retrouve dans une exposition gratuite disponible à la maison de la BD jusqu’à la fin de l’été.




 
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HACHETTE ET LA (SUPERBE) COLLECTION FLASH GORDON


 Si comme moi vous allez souvent faire un tour en kiosque (il en reste quelques-uns…) pour jeter un œil sur les nouveautés éventuelles, vous avez probablement remarqué la nouvelle collection lancée par Hachette. Flash Gordon ! Ce héros connu de (presque) tous est un personnage emblématique des comic books de science-fiction, créé par l'illustrateur Alex Raymond. Il pointe le bout de son nez (et de ses poings) pour la première fois le 7 janvier 1934, dans les pages dominicales des quotidiens nationaux qui adhèrent à l'agence de presse KFS (King Features Syndicate), de facto l'éditeur de la bande dessinée. Alex Raymond, donc. Un artiste talentueux et innovant, qui a créé Flash Gordon en réponse au succès de l'autre célèbre aventurier, "Buck Rogers", lancé quelques années plus tôt. Inspiré par les romans d'aventure de l'époque, ainsi que par les récits de science-fiction d'auteurs comme Edgar Rice Burroughs ou le romancier Jules Verne (cocorico), Raymond a cherché à développer une série capable de combiner l'exotisme et le spectaculaire, tout en offrant une richesse visuelle sans précédent. Chaque dimanche, c'est un tour de force, une nouvelle menace, de nouvelles créatures inattendues. Le style artistique de Raymond se distingue par un trait élégant et dynamique, ses compositions détaillées et ses personnages magnifiquement mis en scène ne souffrent d'aucune baisse de régime, même dans les petites vignettes de transition, même dans les temps faibles. Un travail d'orfèvre, permanent. Chaque planche est une œuvre d'art en soi, avec une attention minutieuse portée aux décors et aux costumes. Raymond capture systématiquement l'imagination des lecteurs avec ses paysages extraterrestres luxuriants, ses créatures fantastiques (ses femmes si lascives et sensuelles) et ses machines futuristes. Les premiers épisodes de Flash Gordon nous plongent dans un danger permanent, avec des rebondissements si abondants qu'on finit par en avoir le tournis ! L'histoire commence avec Flash Gordon donc, un athlète de polo et diplômé de Yale, et sa compagne, Dale Arden, qui sont embarqués de force dans une fusée construite par le Dr. Hans Zarkov. Ce dernier, un scientifique brillant mais qui n'a pas toute sa tête, a découvert que la Terre est menacée de destruction par un mystérieux corps céleste en approche. Selon lui, l'impact de sa fusée pourrait dévier l'astre et éviter la fin du monde. Tant pis pour les malheureux passagers, qui à priori ne sont pas volontaires pour cette expérience extrême. Leur voyage (car oui, ils survivent…) les mène alors sur la planète Mongo, un monde peuplé de diverses races et dominé par le tyrannique Empereur Ming l'Impitoyable, une de ces caricatures de méchants communistes asiatiques, très en vogue dans les années 1930. 



Les premières planches dominicales donnent rapidement le ton de la série : des combats spectaculaires, des alliances improbables et des intrigues palpitantes. Avec Dale Arden qui se cantonne au rôle de demoiselle en détresse, enlevée chaque dimanche, puis libérée, sujette aux caprices des hommes, qui prétendent tous l'épouser de force, ça va de soi. Flash et ses compagnons de passage doivent affronter des dangers constants, qui sont en général des créatures monstrueuses, des pièges mortels ou les machinations de Ming. Le rythme est effréné, et Flash Gordon est malmené, brutalisé, laissé pour mort, chute dans le vide, se noie, pour in fine se rétablir le dimanche suivant, ou être sauvé par un nouvel allié de circonstance. Mongo apparaît comme une planète divisée en différents royaumes, chacun avec ses propres cultures et souverains. On y trouve des forêts luxuriantes, des déserts arides, des cités flottantes (merveilles de la science, qui captivent Zarkov) et des royaumes sous-marins. Cette diversité permet à Raymond de déployer toute son inventivité visuelle et narrative et de multiplier les prouesses d'un héros qui ne doute pas, possède un physique remarquable, des poings en acier. Et qui s'adapte très vite à son nouvel environnement ! Flash Gordon, c'est en définitive un terrien tout ce qu'il y a de plus normal, mais dont le physique et le courage sont bien au-dessus de ceux du quidam moyen. Il passe son temps à bondir, combattre, très souvent en slip ou bien affublé d'un costume très saillant, que vous allez découvrir dans ce premier volume, disponible en kiosque avec Hachette. La collection est publiée dans un grand format horizontal du plus bel effet, avec un grammage remarquable et une restitution des dessins et des couleurs de premier ordre. Toute une série de cadeaux vous attend si vous décidez de vous abonner et quand on voit la qualité de la première parution, qui plus est réhaussée par une partie rédactionnelle qui éclaire sur ce que l'on va lire, ce ne sont pas les raisons de poursuivre l'aventure qui manquent. Signalons aussi, puisque nous avons parlé d'Alex Raymond, que le scénario de ces premiers épisodes est l'œuvre de Don Moore. Dans l'esprit de beaucoup, Flash Gordon c'est ce personnage baroque, héros d'un film et d'une bande-son signée Queen. Pour les connaisseurs de la grande bande dessinée d'aventure et de science-fiction, c'est surtout un comic book indispensable, un monument du genre !




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UNIVERSCOMICS LE MAG' 44 JUILLET/AOUT 2024 (HELLBOY)


UniversComics Le Mag' 44 de Juillet/Août 2024

84 pages. Gratuit.

Pour obtenir votre Mag' gratuit, les liens sont :

https://www.transfernow.net/dl/20240721ylrAlrYc/hdJNb5eJ

ou : https://uploadnow.io/f/KgFGTBS

ou lien direct : https://www.facebook.com/groups/universcomicslemag/permalink/1020104352859121

Lire en ligne : https://madmagz.com/fr/magazine/2134577


HELLBOY 30e anniversaire

- Le dossier spécial #hellboy

- Les actus comics 

- #donaldduck fête ses 90 ans, dossier

- Preview : #greenlantern Dark 

- Le cahier critique, les sorties de juin, avec un tour en librairie chez Delirium Urban Comics Panini Comics FranceDrakoo #bamboo Delcourt Comics Les Humanoïdes Associés Petit à Petit Éditions Dupuis 

- Le meilleur de la BD avec le podcast #lebulleur 

- Portfolio : les #Dazzler disco variant covers de #marvel 

- L'actu de la page FB

- Le guide des sorties Vf de l'été


Merci à #benjamincarret, le seul et unique graphiste derrière tous nos numéros ! Cover de Patrick Grau, after Mignola. 

Merci à toutes et à tous pour votre patience. Le Mag' a eu un retard ce mois-ci, et le prochain numéro est prévu début septembre. Un truc à nous dire , On attend de vous lire. MERCI et bon été ! 


BONE : BIG JOHNSON BONE & AUTRES CONTES OUBLIÉS


 Plus encore qu'une série, Bone, de Jeff Smith, est un univers à part entière. Si toutes les histoires ont d'abord eu droit à une publication en noir et blanc, une réédition en couleurs a suivi. C'est sur ce principe que nous retrouvons chez Delcourt un album "hors série" qui propose deux aventures précédemment proposées par l'éditeur (mais pas en couleurs) et des épisodes courts et inédits. Le volume se présente d'ailleurs sous la forme d'une anthologie, avec des récits signés Jeff Smith et d'autres de Tom Sniegoski, principalement centrés sur Big Johnson Bone. Le véritable grand ancêtre de la célèbre saga. Une légende. Pour ajouter du liant à cette initiative, les deux auteurs ont utilisé un prétexte narratif simple et efficace. Smiley est parti faire du camping avec trois petits Bone (Ringo, Bingo et Todd), ainsi que Bartebly. Smiley endosse le rôle du narrateur des histoires individuelles, tandis que les trois petits scouts profitent de l'expérience et semblent émerveillés par les contes foutraques qui leur sont racontés. Tout cela est rythmé par des rencontres fantastiques, comme si nous étions plongés dans la version délirante des Castors Juniors, avec une buse géante et ses œufs, ou encore un bébé Big Johnson, à sa naissance capable des exploits les plus herculéens, dont la précocité physique et intellectuelle laisse présager de grandes prouesses futures. Des prouesses qui d'ailleurs commencent par un concours du plus gros mangeur et la rencontre avec une jolie créature, qu'on nomme la gobe-tourtes, capable de se nourrir à la vitesse de l'éclair. Ne cherchez pas, c'est principalement drôle et rythmé !



Big Johnson Bone constitue l'aventure la plus longue et elle s'étend en trois grands chapitres, qui permettent de revenir sur la manière dont le personnage légendaire et éponyme est parvenu à devenir une sorte de protecteur pour les plus faibles, et un mythe pour ceux qui aiment raconter des histoires au coin du feu. Il a notamment eu l'occasion de s'illustrer face à toute une armée de rats-garous omnibulés par leur appendice caudal et qui avaient décidé de s'emparer et de dévorer tous les habitants de la vallée. Des petits mammifères promis à la disparition, sauf si Big Johnson Bone vient à leur secours, accompagné par son petit singe, Mr Pip, et Stillman, un jeune dragon qui préfère jusqu'ici lancer des pierres plutôt que de cracher du feu. Jeff Smith s'en donne à cœur joie, en faisant preuve d'inventivité remarquable, en réinterprétant, en refaçonnant le mythe de la frontière, avec un bestiaire attachant et inspiré. Et bien entendu, avec ce trait toujours aussi souple et cartoony qui ne souffre d'aucune baisse de régime, tout en rondeur, tout en évidences, même si par endroits le texte a tendance à être trop abondant et à manger une partie de l'espace des vignettes. Même si vous ne connaissez pas grand-chose à l'univers de Bone, ce hors-série est suffisamment indépendant et il contient de bons moments; de quoi vous convaincre d'en savoir plus, au point de vous plonger dans le reste de la série, intégralement publiée par Delcourt.


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DEADPOOL : POURSUITE CIRCULAIRE (EN MUST HAVE CHEZ PANINI)


 Le succès rencontré par Deadpool lors de ses premières apparitions dans le titre New Mutants fut tel, en son temps, que Marvel eut très vite l'idée de lancer une première mini-série, puis une seconde, afin de tester le potentiel du personnage en solo, face aux lecteurs. The Circle Chase, qui inaugure cette initiative, est scénarisée par Fabian Nicieza et illustrée par Joe Madureira. Oui, vous avez bien lu, cet artiste ultra doué qui fait exploser chacune de ses pages avec un sens inné de l'action et du spectaculaire, et qui en était encore aux prémices de sa carrière. On se replace d'emblée dans la continuité de ce que Rob Liefeld a raconté (avec Fabian Nicieza) avec les Nouveaux Mutants. A savoir que c'est un certain Tolliver qui est à la base du récit. Son décès a entraîné une lutte farouche entre concurrents qui se disputent le privilège de mettre la main sur son testament. Pas de documents chez le notaire ou de fortune cachée, mais plutôt l'arme la plus redoutable du monde, qui sera pour le premier qui parviendra à rassembler les bonnes informations, donc à s'en emparer. Histoire (la vraie, l'actualité) oblige, c'est du coté de Sarajevo que nous retrouvons Deadpool, au milieu des balles perdues et d'une guerre moribonde qui n'a cesse de laisser derrière elle morts et destruction. Un groupe lourdement armé est chargé de l'éliminer, et pour compliquer les choses, voilà que ce bon vieux Wade Wilson a quelques pépins avec son facteur auto-guérisseur, qui n'est plus aussi efficace et performant qu'autrefois. Dommage, car des poids lourds vont se joindre à la course au testament de Tolliver. Le lecteur va donc croiser, pour des raisons multiples, le chemin de Black Tom Cassidy, du Fléau, de Kane Garrison (l'Arme X). Ne cherchez pas à lire entre les lignes pour aller cueillir un peu de saine philosophie, ou vous gargariser de méta-bande dessinée, ici nous sommes face à quatre épisodes d'action explosive pure et dure, où le but est d'en jeter un maximum aux yeux des fans des années 1990. 



Dire que ça n'a pas très bien vieilli relève de l'évidence, mais ceux qui ont découvert ces pages avec le mensuel Strange gardent toujours de l'affection pour ce type de comics testostéronés. Et Deadpool a pris une telle ampleur, depuis, que ce genre de récit est, plus qu'un must have, une sorte de relique nécessaire, un témoin important des premiers triomphes d'une des rares icones Marvel modernes. Qui plus est, cette histoire est le ciment d'un certain nombre de développements clés pour le personnage. C'est dans ces pages qu'est exposé le fait que son nom complet est Wade Wilson (qui, bien sûr, est aussi proche de Slade Wilson que Deadpool l'est de Deathstroke, pourquoi cacher les évidences ?), et un autre détail de poids : notre héros a un facteur de guérison mutant qui n'est pas sans rappeler celui de Wolverine. The Circle Chase offre également à Deadpool un peu d'histoire personnelle en révélant qu'il a participé au projet Arme X en même temps que Kane, projet qu'il a rejoint dans l'espoir d'être guéri de son cancer. Le projet a réussi à accomplir le miracle, mais en augmentant son facteur de guérison, au point que son corps se régénère constamment. Ceci au prix d'une terrible défiguration physique qui va devenir une des caractéristiques principales de Deadpool (elle n'est qu'évoquée ici, on laisse aux lecteurs le soin d'imaginer l'horreur, mais les histoires ultérieures seront moins réticentes et on finira par découvrir un visage assez peu amène). Je termine sur un détail lié au titre. Oui, The Circle Chase évoque bien cette chasse qui ne fait que tourner en rond, entre les personnages. Mais en français, Poursuite circulaire, c'est assez hideux. Comme quoi, parfois, le mieux est probablement de se détacher et d'interpréter, quand le modèle de départ est à la frontière de l'intraduisible. 


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DAMN THEM ALL TOME 2 : SUITE ET FIN POUR LA SÉRIE DE SPURRIER ET ADLARD


 Première remarque d'importance avant d'aborder le second tome de Damn Them All (paru chez Delcourt): si vous n'avez pas lu le premier, il est inutile de commencer par celui-ci. C'est que l'histoire est assez complexe et qu'il ne fera de mal à personne de dépoussiérer un peu les événements du précédent. Pour faire simple, disons que Simon Spurrier a décidé d'écrire l'histoire idéale de Hellblazer/John Constantine qu'il avait dans ses tiroirs, depuis qu'il a quitté le personnage. Mais en remplaçant le protagoniste par Ellie "Bloody El" Hawthorne, une sorte d'anti-héroïne qui elle aussi fait des merveilles dans le domaine de l'occultisme. Le lecteur l'a rencontrée alors que son oncle, qui l'a initiée aux arcanes de l'étrange, est décédé et que 72 démons de l'Ars Goetia ont été libérés et ont investi notre monde physique (la ville de Londres, en fait). Bonne nouvelle, il suffit d'un simple artefact pour pouvoir les contrôler, s'en servir pour des basses besognes. Mauvaise nouvelle, il y a pas mal de monde sur l'affaire et certains ont des intentions beaucoup moins nobles que d'autres. Quant à Ellie, elle passe son temps à jurer, boire, se droguer, se battre et elle a souvent à portée de main un marteau rouillé, dont elle se sert pour asséner ses opinions les plus prononcées. Bref, comme vous le voyez il y a à la fois du mysticisme, de l'humour et de l'action, et le cocktail est détonnant. Ellie est aussi accompagnée par un des démons, Glasya-Labolas, qui a pris l'apparence inoffensive d'un chien et qui la suit un peu partout. Ensemble, ils tentent de défaire ce qui a malheureusement déjà été fait et de renvoyer les autres créatures de l'enfer là d'où elles sont venues. Ils auraient bien une piste, un moyen de parvenir à remplir la mission, en allant par exemple exhumer le cadavre de l'oncle Alfred et en se servant du corps, mais ils ont beau creuser, tout ce qu'ils découvrent sous terre, c'est une tombe vide, entourée de bougies magiques. Enfin, le club 500, lui, a bien d'autres objectifs pour eux : tous ces démons disponibles sur le marché sont autant d'armes à utiliser et de l'argent à faire fructifier.




Le point positif avec le second tome et la conclusion de cette série, c'est vraiment le personnage d'Ellie, la manière avec laquelle elle est représentée sans concession. Impossible de ne pas saisir la portée du nihilisme et de la radicalité de cette "héroïne" tandis que Spurrier nous étonne par quelques retournements de situation inattendus, et avec une histoire où les bons ne sont pas foncièrement bons, et où les mauvais sont plus des victimes que de véritables démons enclins à faire le mal. Par contre, le scénariste a tendance à user et abuser de petites phrases tout faites, assez creuses, d'aphorismes de bas étage, qui viennent parfois alourdir le texte et le récit. Ce n'est pas parce que le vocabulaire est riche et que la sentence semble profonde qu'il y a derrière quelque chose de réellement intelligent ou pertinent pour le lecteur. Charlie Adlard au dessin est assurément une valeur ajoutée importante pour Damn them all; son travail est ici mis en couleur par Sofie Dodgson et on se rend compte qu'il accorde plus d'importance et d'ampleur aux détails, qu'il offre des planches plus soignées et susceptibles de retenir l'œil de ceux qui habituellement le dédaigne, qu'il ne le fait par exemple avec Walking Dead, où nous sommes à un autre niveau d'abstraction. Damn them all est donc en définitive un bon moment de lecture, qui reste toutefois probablement très hermétique si vous l'envisagez d'un œil distrait et si vous ne tentez pas de tout lire d'un coup, pour bien comprendre les enjeux et en apprécier les coups de théâtre. Spurrier a bien failli se prendre les pieds dans le tapis et il aurait pu faire plus simple, mais au final, ça justifie totalement l'achat.


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TALYN LE COEUR DES TÉNÈBRES : DARK FANTASY CHEZ BLACK RIVER


 La sortie du mois chez Black River est à réserver aux amateurs de dark fantasy, de tous ces récits lugubres et gothiques, dans lesquels le jour ne se lève jamais et où l'obscurité règne sans partage, de la première à la dernière page. Talyn, c'est avant tout un personnage fort, une héroïne qui ne ressemble pas à ses collègues habituelles. On a l'habitude d'employer un terme hérité de l'anglais et qui finalement ne veut pas dire grand-chose, pour qualifier ce genre de création : badass. On pourrait traduire cela par sans compromis, coriace, agressif (pour rester poli). C'est exactement le cas pour Talyn, qui est une combattante de rue. Elle doit effectuer des séries d'affrontements qui sont de l'ordre du MMA, mais dans une version hardcore et face à de véritables monstres. On va y revenir. La lutteuse est motivée par la perte de sa sœur : la fillette a été enlevée et pour l'instant, le lecteur ignore quel a été son (tragique, forcément) destin, mais comprend très vite le sentiment de culpabilité qui anime la protagoniste, et aussi la rage qui la pousse à être violente. Nous parlions de monstres qu'elle tabasse; il faut dire que ce cœur des ténèbres est une histoire qui est située dans un univers où les simples humains comme vous et moi ne sont plus que de la piétaille et traités comme de véritables esclaves, dans une métropole dystopique qui porte le nom de Remnant. Là, ce sont plutôt les vampires ou encore les loups-garous qui font la loi; toutes ces créatures issues de la sorcellerie, de la magie démoniaque, dont nous peuplons nos contes à glacer le sang. Elles existent bel et bien et ce sont elles qui font la loi dans cet univers mis sur pieds par une équipe néo-zélandaise. 




Talyn est en effet un projet qui voit le jour grâce au financement participatif et la plateforme Kickstarter, et qui trouve ses racines en Nouvelle-Zélande (Caspian Darke et Geoffrey Rickett au scénario). J'admets que sans la version française proposée par Black River, cette histoire me serait passé complètement au-dessus de la tête. La première chose qui frappe quand on feuillette vite l'album, c'est la noirceur de chacune des pages, avec une dessinatrice dont le pseudonyme est en soi tout un programme : Banished Shadow, qui propose la plupart du temps des cases au format horizontal, étirées comme autant d'écran 16/9 permettant au lecteur de découvrir un comic book qui défile comme un long-métrage. On sent en effet l'influence de l'animation japonaise et le trait fin et direct employé par l'artiste, ainsi qu'une colorisation et un traitement digital aussi glaçant qu'efficace, permettent de coller parfaitement à un lectorat jeune, qui retrouvera probablement dans cette histoire tous les codes auxquels il est habitué. Avec des personnages forts mais aussi très inquiétants, peut-on parler de comic book féministe ? Après tout, on y rencontre une héroïne au caractère bien trempé et à l'attitude très agressive… peut-être; toujours est-il que si dans un premier temps la lecture ne m'avait pas emballé plus que ça - le tout début est consacré à un flashback et c'est la partie faible de l'ensemble - au fur et à mesure des pages, on saisit mieux où veulent venir les auteurs et on apprécie progressivement cet univers sans concession et moderne. On peut-être surpris par contre de la brièveté de l'ensemble : trois épisodes, certes complétés par une partie bonus extrêmement conséquente, qui occupe la moitié de l'ouvrage, avec interview, croquis, illustrations. On mise clairement sur le plaisir des yeux chez Black River, pour un album qui ne trouve pas en nous son public cible, mais qui probablement rencontrera ses lecteurs, sans trop de problèmes.
(Série à suivre, en trois albums, probablement)



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GANG WAR : NEW YORK EST EN GUERRE AVEC SPIDER-MAN ET SES AMIS




 Rien ne va plus à New York. En fait, on peut même dire que c'est la fin des haricots, la guerre des gangs, tout le monde tape sur tout le monde. Il n'y a plus aucun territoire en sûreté. Pour faire simple, disons que Big Apple a toujours été divisée en de nombreux clans, tenus par des criminels comme Tombstone, Hammerhead, le célèbre Wilson Fisk, ou bien encore Madame Masque. Très récemment, Tombstone (pierre tombale, tout un programme) a été sauvagement agressé et il règne une effervescence mortifère dans la ville, chacun souhaitant s'emparer des territoires du voisin. Pour ne rien arranger, les super-héros, qui habituellement mettent un peu d'ordre dans toute cette agitation, ne sont plus habilités à intervenir : une loi, qui avait été voulue par Wilson Fisk, empêche en effet les justicier de tout poil de s'en mêler, sous peine d'une arrestation immédiate. Tout ceci est valable également pour le maire de la ville, Luke Cage, qui comme vous le savez fait partie de la bande des joyeux drilles à super-pouvoirs. Après tout, il est invulnérable ou presque, il pourrait aller mettre un peu d'ordre lui-même, sauf que lorsqu'il décide de le faire, la police municipale lui intime de rentrer dans le rang et de retourner à son bureau. Du coup, que faire puisque même le premier citoyen de la ville n'a pas l'autorité pour révoquer la loi inique ? Spider-Man a bien eu idée : composer une équipe pour l'assister et éteindre les feux, au fur et à mesure qu'ils éclatent. Miles Morales, Miss Hulk, Spider-Woman, Daredevil (en fait, Elektra) ou encore la Cape et l'Epée, voici quelques-uns des protagonistes de Gang War, une nouvelle saga qui démarre en ce mois de juillet et qui va être publiée par Panini Comics, sous la forme de trois soft cover à 16 € chacun, avec aussi la version dotée de couverture rigide à 22 euros, pour les plus nantis ou les fans hardcore.




Une guerre des gangs dans l'univers Marvel, ce n'est pas une nouveauté; rappelez-vous, par exemple, la grande époque de Spider-Man avec Roger Stern. C'est d'ailleurs le Tisseur de toile qui est au centre de l'attention et c'est son scénariste actuel, Zeb Wells, qui orchestre les principaux événements de cette histoire. Tout comme son run arachnéen (pour le moment plutôt décrié), Gang War ne parvient pas à convaincre pleinement. La multiplication des personnages impliqués, l'impression que tout le monde tape sur tout le monde sans que ne se dégage une trame réellement pertinente, rend les enjeux un peu brouillons. C'est une réaction super héroïque mitigée, clairement freinée par la loi, qui est opposée aux criminels; c'est aussi une réaction au féminin, tant un grand nombre des antagonistes de ces chefs de gang vont être des héroïnes. Et même du côté des méchants, nous trouvons des figures importantes comme Janice, la nouvelle Scarabée et fille de Tombstone, désormais en équilibre entre le rachat et l'acceptation définitive de ce qu'elle est probablement vraiment. Mais aussi Madame Masque, qui a subi une cure de rajeunissement extrême, aux antipodes de ce que pouvait être le personnage dans les années 1980 avec Iron Man, où elle avait tout de même bien plus d'épaisseur. Du côté du dessin également, nous pourrions qualifier Gang War de "ni bon ni mauvais". Ce serait exagéré de dire qu'on a droit à des planches laides, mais globalement, ça manque de génie et d'inspiration. Parmi les artistes impliqués, citons Ramon Bachs, Sergio Davila et Carola Borelli… et bien entendu John Romita Jr, qu'on ne présente plus et qui aura toujours, jusqu'à la dernière planche de sa carrière, son lot de détracteurs et d'admirateurs transis, c'est selon. Au moins, avec l'idée du softcover à 16 euros, Panini permet pour un prix encore acceptable de suivre la quasi intégralité des moments forts de la saga, sans avoir besoin de contracter un prêt bancaire. Mais Spider-Man continue de traverser une période relativement anonyme, qui ne laissera guerre de traces inoubliables lorsque, la prochaine décennie, on se penchera en arrière et on analysera ce qu'il était devenu, à l'époque d'un certain Zeb Wells.



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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : ET TRAVAILLER ET VIVRE


 Dans le 179e épisode de son podcast ,Le bulleur vous présente Et travailler et vivre, deuxième tome de la série Les reflets du monde que l’on doit à Fabien Toulmé et aux éditions Delcourt dans la collection Encrages. Cette semaine aussi, je reviens sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :


- La sortie de l’album Putzi, un album qui est l’adaptation d’un roman de Thomas Snégaroff qui en signe ici le scénario, mis en dessin par Louison et c’est édité chez Futuropolis


- La sortie de l’album Neuf que l’on doit au scénario de Philippe Pelaez, au dessin de Guénaël Grabowski et c’est édité chez Dargaud


- La sortie de l’album Colette, un ouragan sur la Bretagne que l’on doit au scénario de Jean-Luc Cornette, au dessin de Joub et c’est édité chez Marabulles


- La sortie de l’album Disparus, un album qui revient sur l’affaire Godard que l’on doit au scénario de Pascal Bresson, à la partie documentaire de Béatrice Merdrignac, au dessin de Samuel Figuière pour un titre paru chez Petit à petit


- La sortie de l’album Marée haute que l’on doit à Isaac Sánchez et qui est édité chez Dupuis


- La réédition sous un nouveau titre de Tous nos étés que l’on doit à Séverine Vidal pour le scénario, Victor L. Pinel pour le dessin et qui est publié chez Grand angle.



 
 

GOSPEL : LE POUVOIR FANTASTIQUE DES HISTOIRES


 Will Morris réussit à faire de Gospel une histoire vraiment bien conçue et agréable à lire, en s'appuyant sur un noyau thématique simple mais fort (le pouvoir du récit à travers les siècles, la légende qui se structure) et en l'enveloppant d'une véritable quête religieuse et d'un peu de fantasy/aventure décomplexée. Le personnage principal de cette histoire est une jeune intrépide du nom de Matilde, qui a pour principal ambition de devenir une gloire locale à Rumpstead, le village où elle habite. Il faut dire qu'elle est particulièrement entreprenante, ne semble avoir peur de rien et qu'à chaque fois qu'elle accomplit quelque chose de notable, elle peut compter sur l'aide du jeune barde local, Pitt, dont le talent principal est la capacité d'exagérer, de déformer, de rendre aussi intemporelles qu'épiques les petites prouesses du quotidien. Pitt et Matilde sont deux orphelins qui ont été recueillis dans le giron de l'Eglise, par le prêtre local, mais les temps sont durs ! Nous sommes en Angleterre au 16e siècle et la séparation de l'Église catholique romaine et de l'église Anglicane va forcément faire des dégâts, déclencher représailles et chasses au sorcières. Oui, la bande dessinée permet aussi, même dans les ouvrages les moins évidents, d'aborder des sujets et des préoccupations contemporaines. Le sort des villageois les plus pauvres, l'ignorance et la superstition, les jeux de pouvoir, sont quelques-uns des ressorts qui vont faire avancer l'action dans Gospel, une œuvre déroutante, dont on a le plaisir de dire qu'elle ne ressemble à rien d'autre aperçu ces temps derniers. 



C'est qu'à un moment donné le Diable - ou en tous les cas une créature à tête de bouc qu'on suppose tragiquement humaine - vient se mêler à cette histoire. L'église de Ruimpstead brûle et la question qui se pose et de l'abandonner pour reconstruire ailleurs, ou de résister. En mettant la main sur le marteau de Saint Rumpus, censé venir à bout de la présence infernale. En fait, tout le discours de Will Morris revient à aller chercher au fond de soi la force pour dépasser ce que l'on est censé être, puiser dans l'hubris pour atteindre une nouvelle version idéalisée de soi, ou au contraire avoir la force de renoncer à l'orgueil, choisir l'humilité de ne pas vouloir l'impossible, pour se concentrer sur le bonheur tout simple mais réel (l'amour, dans le cas de Pitt, qui va devoir prendre une décision avant qu'il soit trop tard). L'ensemble est réellement très beau, chaque planche approchant une forme de perfection formelle grandement appréciée, mise en valeur par le grand format d'Urban Comics, le même employé récemment pour Hitomi, que nous avons chroniqué également. C'est d'ailleurs tout sauf un hasard si le mot "comics" n'apparaît pas et qu'il s'agit désormais de placer les récits indépendants sous les yeux de tous les amateurs de bonne bande dessinée, dans un format et avec un standard qualitatif susceptible d'éveiller l'intérêt, bien au-delà des frontières de nos amis les super-héros. Par ailleurs, la couverture est sublime, avec cette évocation intelligente des enluminures d'autrefois, un effet relief de très bon aloi, ce qui permet d'obtenir au final un objet aussi réussi sur le fond que sur la forme (n'oublions pas des pages bonus très pertinentes sur la génèse de l'œuvre). Cela sera suffisant - ou pas - pour susciter la curiosité des lecteurs et leur donner envie d'investir 20 euros dans Gospel ? La réponse ne dépend pas de nous mais du budget de chacun et de l'envie réelle de lire en dehors des clous. Nous, on ne fait que transmettre la nouvelle, on ne peut vous obliger à rien, juste vous inciter à rester éveillés et sur le qui-vive.



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LES ÉPHÉMÈRES DE JEFF LEMIRE : LA SUITE ET LA FIN CHEZ FUTUROPOLIS


 Rien ne va plus dans la petite ville de Belle River. Les événements ont commencé à s'enchaîner lorsqu'un type un peu désespéré a décidé de dévaliser la petite épicerie du coin, et qu'il a été surpris par un jeune adolescent qui comptait y acheter des friandises. L'incompréhension, la peur, le manque de maîtrise, et le gamin a été froidement abattu d'une balle : il est désormais à l'hôpital entre la vie et la mort. Le criminel s'est enfui, il est également blessé, et s'il parvient pour l'instant à échapper à la police, il fait la rencontre d'une gamine du nom de Franny Fox. Qui est malheureuse chez elle et à l'école, victime régulière de la violence physique de son père et de ses camarades, rongée par un sentiment d'infériorité et la crainte de ne jamais trouver sa place. Les deux marginaux, en apparence si différents, se rencontrent et se retrouvent côte à côte, dans une sorte de fuite en avant qui vire au fantastique, lorsque le voleur se transforme peu un peu en un homme insecte géant. Plus exactement en éphémère. Ces petits insectes qui chaque année débarquent par millions dans la région et recouvrent le sol d'une sorte de tapis vivant. La police s'est donc lancée à la recherche de la gamine (qu'on suppose à tort kidnappée) sans savoir ce qu'elle est devenue, pour l'instant sans résultat. Jeff Lemire reprend le fil de son histoire là où il l'avait laissée, avec une étonnante dynamique, assez touchante. Et toujours un mystère épais : à savoir que viennent faire les éphémères dans ce récit et pourquoi le criminel s'est transformé de cette manière absurde et monstrueuse ? C'est que pour ce second tome (sur deux) de la série, Lemire joue la carte de l'ésotérique et du fantastique, plus encore que dans le premier. Avec une plongée dans le passé de Belle River, qui va permettre de proposer un récit qui transcende les petites existences brisées de notre histoire, et plonge les racines du drame intimiste qui se joue ici, dans la construction chaotique d'un Canada encore en devenir.




 La question fondamentale est donc la suivante : le regard singulier et touchant de Jeff Lemire fait-il mouche cette fois encore (car il faut bien le dire, à force d'appliquer encore et toujours la même recette, l'artiste canadien, qui a démultiplié les projets ces dernières années, n'est plus aussi incisif ou bouleversant qu'à ses débuts ? Il reste néanmoins capable de très belles choses, qui planent au-dessus de la mêlée). C'est globalement ce à qui se concrétise dans ce second tome publié chez Futuropolis. On peut tout de même s'interroger sur l'étrangeté du duo présenté, cette gamine malheureuse et cet adulte rongé par la culpabilité, mais auquel il est bien difficile de pardonner. Mais Lemire n'entend pas porter de jugement, juste rassembler ceux qui ont longtemps subi, qui ne sont pas les maîtres de leur destin, qui à un moment donné se reconnaissent et s'entraident. Par ailleurs, sans que ce soit présenté de manière forcée, on notera que la morale est sauve au terme de l'album. Ensuite, on trouve toujours ce style volontairement sauvage, brut, du coup extrêmement expressif, qui a fait le succès de l'artiste. On a même l'impression que les formes, les visages, sont parfois seulement ébauchés, mais il suffit d'un regard, d'une expression, pour que le lecteur se sente concerné et touché par ce qu'il observe, avec évidemment une grande parcimonie de tons et de couleurs, employés à bon escient quand il s'agit d'isoler un fait ou un objet d'importance. Nous pourrons noter aussi la présence de nombreuses pages dessinées par Shawn Kuruneru et qui correspondent à un flashback au XIXe siècle, qui permet d'expliquer à quel point les événements dépeints sont en fait imbriqués dans un destin commun, qui se joue depuis très longtemps. On ne sait plus trop donc où l'on est, au terme de "Les éphémères". Histoire réelle de science-fiction ou bien fable intimiste, peuplée de visions et de pensées symbolistes, toujours est-il que Lemire nous perd, tout simplement parce que l'on accepte de le suivre et que le plus important dans ces épisodes, c'est ce que l'on ressent, ce que le Canadien est toujours capable de nous transmettre. En soi, un énième tour de force.



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WE ARE ZOMBIES : LES MORTS-VIVANTS AU CINEMA ET CHEZ LES HUMANOS


 Alors oui, c'est vrai qu'en 2024 proposer une histoire de zombies n'a rien de vraiment très original. Mais il est tout aussi vrai que We are zombies est une de ces productions qui sortent de l'ordinaire et qui font partie de l'excellent catalogue de Métal Hurlant, la célèbre revue anthologie sur laquelle elle a vu le jour, au début des années 2000. C'est un monde un peu particulier dans lequel nous pénétrons (Los Angeles en 2064), où les morts-vivants font partie du quotidien et ont finit par trouver leur place et vivre aux côtés des bien vivants. Le problème est qu'il s'est instauré une sorte de ségrégation et que les revenants sont très souvent gênants ou "de trop". Comme le cas exemplaire d'une famille au début du récit, qui est obligé d'héberger la grand-mère maternelle, éternellement agrippée à son fauteuil et pourvoyeuse de mauvaises odeurs et de désagréments en tout genre. Donc, il faut s'en débarrasser discrètement, quitte à ne pas respecter la loi. En fait, ça tombe bien puisqu'un des personnages importants, Karl Neard, est un vieux garçon acnéique, dont les rapports avec les femmes sont quasi inexistants, et qui donne la chasse aux zombies que personne n'a envie de voir roder dans les rues ou dans la maison. Il est aidé par sa sœur (Maggie, un garçon manqué antipathique à souhait) et clairement, son manque de compétences va de paire avec une frustration immense, qui le pousse à se comporter comme un ado attardé. We are zombies est donc une série à la fois critique sur notre société mais surtout très drôle, qui fait semblant de respecter les codes du genre pour en réalité s'en moquer ouvertement, les réinventer. Un titre qui est un ensemble d'épisodes caustiques, voire décapants, et ce n'est pas un hasard si les Humanoïdes Associés ressortent le travail conjoint de Jerry Frissen et Guy Davis, puisque le 3 juillet au cinéma est sorti le film We are zombies, qui fait d'ailleurs l'objet d'un petit appendice en fin de volume, complément parfait pour se mettre dans l'ambiance.




Un des grands atouts de cette série, c'est sa capacité de proposer des personnages déjantés, attachants, losers magnifiques admirablement détestables. Frissen, qui à la base est un auteur belge, se permet de brocarder et caricaturer gentiment les siens, avec un certain Freddy Merckx, l'association de Freddie Martens et Eddy Merckx, deux anciennes gloire du cyclisme, sport national par excellence. Le type est une montagne de 150 kg qui possède une passion et une qualité indéniable : distribuer des mandales à tour de bras, pour résoudre les problèmes qui se posent à lui. Et ce n'est pas tout ! Parmi d'autres événements ou rebondissements d'importance, vous aurez des relations intimes entre des zombies et des vivants, voire même une histoire sentimentale, et des gens qui attendent le retour de Jésus à la vie, sans que celui-ci ne se manifeste réellement. Ou encore une sorte de meeting où les zombies se réunissent pour évoquer leur situation, eux qui sont désormais parfois contraints de surjouer leur propre rôle, comme par exemple manger de la chair humaine pour faire une plaisanterie, ou simplement pour se rebeller aux humains qui les méprisent. L'ensemble est dessiné par Guy Davis, dont le trait d'inspiration réaliste charge régulièrement les visages, les expressions, les situations, afin d'instaurer la juste distance qui permet de mieux amorcer le rire. Je sais bien qu'aujourd'hui il n'y a presque plus personne qui prend au sérieux ces histoires de morts-vivants et c'est la raison pour laquelle les mettre en scène de cette façon, avec autant d'ironie et d'esprit foldingue, est un des motifs évidents qui ont fait de We Are zombies le genre de titre que ceux qui "savent" apprécient et louent depuis des années. L'explication est tout entière présente dans ces pages rééditées chez les Humanoïdes, au cas où vous seriez jusqu'ici passés à côté (comme votre serviteur) de l'épiphénomène.


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JOKER THE WINNING CARD : LE PREMIER AFFRONTEMENT BATMAN/JOKER


 L'heure est venue de revenir en arrière, et même d'y revenir pour deux raisons. Tout d'abord, place à une aventure située dans le passé de Batman, la première année d'existence du super-héros, encore loin d'être aussi expérimenté et efficace qu'il peut le sembler aujourd'hui. Seconde raison, voici un récit qui dans son style, sa forme, son traitement graphique et son approche, est évidemment une sorte de pendant moderne (ou de relecture) à la célébrissime histoire d'Alan Moore et Brian Bolland, The Killing Joke. Cette fois, nous avons affaire non seulement à la première année de carrière de Batman, mais aussi aux débuts du parcours sinistre du Joker : à l'époque, personne ne le prend encore très au sérieux et la police de Gotham n'a pas compris à qui elle doit se mesurer. Pourtant, ses crimes sont atroces et il se débarrasse même de toute une unité du GCPD, avec le commissaire Gordon à sa merci, mais qu'il choisit de ridiculiser, tandis qu'il expédie ad patres les autres agents au sol. Un joker tellement dingue qu'il raccompagne à son domicile une petite fillette qui s'est perdue, après l'avoir divertie avec des blagues franchement pas drôles, pour finalement assassiner sous ses yeux son père. Un Joker qui doit être arrêté et qui ne peut certainement pas l'être par des forces de police conventionnelles. Face à un type qui ne respecte clairement aucune règle et dont la psychologie ne semble pas répondre au profil habituel, il faut quelqu'un capable d'adopter des méthodes et d'apporter des réponses qui sortent de l'ordinaire. Bref, il faut demander à Batman de s'occuper de cette sombre histoire !



Le Batman que nous présente ici Tom King est encore inexpérimenté; autrement dit, il sous-estime un adversaire qu'il ne connaît pas vraiment et ce dernier est en mesure de le défaire, voire même aurait pu l'éliminer une bonne fois pour toutes s'il l'avait souhaité. Et c'est là que nous nous connectons de manière encore plus évidente à la célèbre histoire The Killing Joke. Batman peut-il fonctionner sans le Joker et vice-versa, ne sont-ils que les deux face de la même pièce, l'un ne pouvant exister sans l'autre ? Alan Moore avait choisi de réunir les deux antagonistes dans un éclat de rire général, aussi sinistre que déroutant. Ici, l'audace est encore plus forte, voire dérangeante, puisque le rire de Batman parvient même à désarçonner le Joker, qui ne comprend pas que son ennemi puisse se permettre d'employer les mêmes méthodes, qu'il recourt à la blague (forcée) et quitte le chemin de la raison. Aux yeux du Joker, ce Batman là est dingue et aux yeux du lecteur, il ne l'est pas moins ! En fait, c'est même un Batman qui sort des rails et qui semble avoir un très gros problème de développement personnel que nous découvrons dans les dernières pages de The winning card : de quoi laisser perplexes les lecteurs, ou en tous les cas ouvrir le débat sur cette dualité entre deux personnages que tout oppose mais qui finissent à immanquablement par se courir après, l'un l'autre. On trouve aussi une belle démonstration de virilité caricaturale dans cet ouvrage, avec des personnages qui choisissent, pour montrer à quel point ce sont eux les "hommes de Gotham, d'attirer le Joker dans leurs filets, simplement en le provoquant, limite dans l'espoir de susciter une compétition pour voir celui qui a la plus grosse ! Bruce Wayne ne prend pas cela très au sérieux mais l'espèce de milliardaire obtus qu'il fréquente se laisse prendre au jeu, à son grand dam. King fonctionne toujours selon ses bonnes vieilles recettes et il peut irriter par sa narration saccadée, son emploi de vignettes uniquement consacrées à du texte, qui se répètent, le gaufrier qui revient encore et encore pour ne plus dire grand chose, mais au final, il a au moins le mérite d'écrire une histoire qui jette un bon caillou dans la mare. Côté dessins, le compère Mitch Gerads est irréprochable et toujours aussi chirurgical lorsqu'il s'agit de mettre en scène le côté glauque de nos héros. Artistiquement, il n'y a rien à redire, mais comment être objectif puisqu'il s'agit d'un des dessinateurs que je préfère actuellement ! Un album assez court qui divisera probablement beaucoup de lecteurs mais qui ne laissera pas insensible. 



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UNCLE SCROOGE & THE INFINITY DIME : MARVEL ET DISNEY ENSEMBLE


 C'était peut-être le comic book le plus attendu du mois de juin. La première production conjointe de Disney et de Marvel, autrement dit les célèbres canards qui ont conquis le monde depuis des décennies vont désormais être cuisinés à la sauce des super-héros de la Maison des Idées. Et ça commence avec un scénariste d'exception, puisque c'est Jason Aaron qui est chargé d'écrire Uncle Scrooge and the infinity dime. Vous l'avez compris dès le titre, il va être question du multivers mais aussi de la première pièce historique sur laquelle a été basée toute la fortune de Picsou. Cette pièce a une importance très particulière car sans elle, le personnage ne serait certainement pas le multimilliardaire irascible qu'il est devenu. Seulement voilà, le Picsou d'un univers parallèle s'ennuie profondément et sent la solitude qui commence à l'écraser. Tout en contemplant son trésor fabuleux, il remarque aussi parmi le tas de pièces colossal un miroir, dans lequel il lui est possible d'observer différentes itérations de lui-même, qui opèrent sur différents mondes alternatifs. Lui vient alors à l'esprit un projet diabolique : s'en aller voler le coffre-fort et la fortune de tous ces autres Picsou, pour devenir le Picsou dominant dans tout le multivers, celui autour de qui tout le monde s'incline, une bonne fois pour toutes. Bien entendu, les autres versions de Picsou vont vite devoir s'unir pour empêcher la catastrophe. En guise de renfort de choc, ils vont pouvoir compter aussi sur tous les Donald de tous les univers. Le neveu fête ses 90 ans, alors quoi de plus naturel que de l'inviter à la fête, pour aller distribuer des bons coups de pattes dans le bec ? Bien entendu, j'entends déjà les Cassandre et les critiques de la première heure qui s'insurgent à l'idée de ce type de rencontre improbable, entre deux univers qui n'ont, sur le papier, pas grand chose à voir. Déjà, autant s'habituer, puisque deux numéro de What If..? avec un Donald Duck transformé en Arme X, puis digne de Mjolnir et remplaçant de Thor, sont sur le point d'être publiés. Ensuite, parce que cette première histoire est vraiment réussie. Elle récupère avec intelligence tous les codes des récits super-héroïques et les mijotent à feux doux, avec le style et le ton propres aux productions disney. Le tragique et l'époque sont bien présents, mais toujours atténués et résolument tournés vers une fin plus heureuse. Le dessin est réalisé par toute une brillante équipe de dessinateurs italiens, Paolo Mottura en tête, en compagnie de Francesco D'Ippolito, Alessandro Pastrovicchio, Vitale Mangiatordi et Giada Perissinotto. L'ensemble a déjà publié aux States mais aussi six jours plus tard en Italie, dans la revue Topolino (le Journal de Mickey). Pour une adaptation VF, il faudra vraisemblablement aller voir du côté des revues kiosques qui adaptent les histoires de Disney. 




COSMOPIRATES TOME 1 : CAPTIF DE L'OUBLI (JODOROWSKY / WOODS)

 Xar-Cero est typiquement le genre de mercenaire sur lequel on peut compter. Si vous avez une mission à exécuter, soyez certain qu'il ir...