Alors oui, c'est vrai qu'en 2024 proposer une histoire de zombies n'a rien de vraiment très original. Mais il est tout aussi vrai que We are zombies est une de ces productions qui sortent de l'ordinaire et qui font partie de l'excellent catalogue de Métal Hurlant, la célèbre revue anthologie sur laquelle elle a vu le jour, au début des années 2000. C'est un monde un peu particulier dans lequel nous pénétrons (Los Angeles en 2064), où les morts-vivants font partie du quotidien et ont finit par trouver leur place et vivre aux côtés des bien vivants. Le problème est qu'il s'est instauré une sorte de ségrégation et que les revenants sont très souvent gênants ou "de trop". Comme le cas exemplaire d'une famille au début du récit, qui est obligé d'héberger la grand-mère maternelle, éternellement agrippée à son fauteuil et pourvoyeuse de mauvaises odeurs et de désagréments en tout genre. Donc, il faut s'en débarrasser discrètement, quitte à ne pas respecter la loi. En fait, ça tombe bien puisqu'un des personnages importants, Karl Neard, est un vieux garçon acnéique, dont les rapports avec les femmes sont quasi inexistants, et qui donne la chasse aux zombies que personne n'a envie de voir roder dans les rues ou dans la maison. Il est aidé par sa sœur (Maggie, un garçon manqué antipathique à souhait) et clairement, son manque de compétences va de paire avec une frustration immense, qui le pousse à se comporter comme un ado attardé. We are zombies est donc une série à la fois critique sur notre société mais surtout très drôle, qui fait semblant de respecter les codes du genre pour en réalité s'en moquer ouvertement, les réinventer. Un titre qui est un ensemble d'épisodes caustiques, voire décapants, et ce n'est pas un hasard si les Humanoïdes Associés ressortent le travail conjoint de Jerry Frissen et Guy Davis, puisque le 3 juillet au cinéma est sorti le film We are zombies, qui fait d'ailleurs l'objet d'un petit appendice en fin de volume, complément parfait pour se mettre dans l'ambiance.
Un des grands atouts de cette série, c'est sa capacité de proposer des personnages déjantés, attachants, losers magnifiques admirablement détestables. Frissen, qui à la base est un auteur belge, se permet de brocarder et caricaturer gentiment les siens, avec un certain Freddy Merckx, l'association de Freddie Martens et Eddy Merckx, deux anciennes gloire du cyclisme, sport national par excellence. Le type est une montagne de 150 kg qui possède une passion et une qualité indéniable : distribuer des mandales à tour de bras, pour résoudre les problèmes qui se posent à lui. Et ce n'est pas tout ! Parmi d'autres événements ou rebondissements d'importance, vous aurez des relations intimes entre des zombies et des vivants, voire même une histoire sentimentale, et des gens qui attendent le retour de Jésus à la vie, sans que celui-ci ne se manifeste réellement. Ou encore une sorte de meeting où les zombies se réunissent pour évoquer leur situation, eux qui sont désormais parfois contraints de surjouer leur propre rôle, comme par exemple manger de la chair humaine pour faire une plaisanterie, ou simplement pour se rebeller aux humains qui les méprisent. L'ensemble est dessiné par Guy Davis, dont le trait d'inspiration réaliste charge régulièrement les visages, les expressions, les situations, afin d'instaurer la juste distance qui permet de mieux amorcer le rire. Je sais bien qu'aujourd'hui il n'y a presque plus personne qui prend au sérieux ces histoires de morts-vivants et c'est la raison pour laquelle les mettre en scène de cette façon, avec autant d'ironie et d'esprit foldingue, est un des motifs évidents qui ont fait de We Are zombies le genre de titre que ceux qui "savent" apprécient et louent depuis des années. L'explication est tout entière présente dans ces pages rééditées chez les Humanoïdes, au cas où vous seriez jusqu'ici passés à côté (comme votre serviteur) de l'épiphénomène.
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