ROBIN : ANNEE UN

Il n'y a pas que Batman qui a eu droit à son Year One. Année un pour Robin, le jeune prodige, ici dans son incarnation la plus classique, c'est à dire Dick Grayson. Un jeune orphelin qui a perdu ses parents dans un accident criminel au trapèze, et que nous retrouvons d'emblée en pleine phase d'entraînement aux cotés de son mentor et père de substitution, Batman. L'album commence avec Batman Chronicles : The Gauntlet, qui est une sorte de test grandeur nature pour Robin. Le but est de passer une nuit entière à échapper au Dark Knight, pour se démontrer digne de l'accompagner par la suite dans ses rondes urbaines.  Tout ceci ressemble à un jeu de cache-cache innocent, sauf que d'emblée Dick se heurte à un policier en civil victime d'une agression brutale, s'immisçant de la sorte dans les activités d'un certain Joe Minette, ponte de la pègre locale, qui va participer à la traque à sa manière, c'est à dire de façon beaucoup moins clémente. Il est intéressant de voir ce qui se passe dans la tête de Bruce Wayne : il n'a pas du tout envie de placer son jeune pupille dans des situations hasardeuses qui pourraient le mener à une fin tragique, mais dans le même temps il a besoin de ce side-kick et il est prêt à le prendre définitivement sous sa coupe s'il se révèle à la hauteur du maître. Un Robin qui a entre les mains un jeu de cartes représentant des femmes nues, à destination du commissaire Gordon, cadeau empoisonné de celui qu'il a secouru en vain, et qui va se montrer intelligent, truculent, et audacieux, pour son jeune âge. Certes Batman va venir lui tirer les marrons du feu au dernier instant, après l'avoir quelque peu épié dans l'ombre, mais il méritera bien ses galons de héros en devenir. Un travail sympathique de Bruce Canwell, bien illustré par Lee Weeks, qui présente un Robin bondissant, agile, gracieux, mais toujours aussi ridicule, avec le recul, dans son improbable costume rouge et verte, avec culotte courte (ou simple slip?) et bottines évasés. Un look effrayant, pour ne pas dire scabreux... 

Second récit présent, Robin Year One, en quatre parties. Cette fois c'est Alfred Pennyworth qui joue au narrateur,et nous donne sa propre vision des choses. Une histoire qui nait sous les pires auspices, avec un Chapelier Fou chargé d'enlever une dizaine de gamines de Gotham pour le compte d'un politicien asiatique. Robin se charge de l'enquête seul, pendant que Bruce Wayne est occupé sur le yacht du commanditaire des rapts, ce qui pourrait lui valoir un bon savon. Batman n'est pas si convaincu que ça de laisser son jeune side-kick prendre les choses en main, sans son aval. C'est ensuite le commissaire Gordon qui exprime ses doutes et sa réticence à voir un gamin affublé d'un costume, rendre la justice aux cotés d'un dur de dur comme le Dark Knight, d'autant plus que la menace de Double Face se profile à l'horizon : pour se venger de Batman, il projette d'assassiner son jeune compagnon! Ce qui est assez paradoxal, c'est qu'on pourrait s'attendre à une revisitation plus soft et complaisante des débuts du jeune prodige, et pourtant ces pages lorgnent par endroits vers la violence la plus crue, et abordent des thématiques adultes et dérangeantes. Le jeune âge du protagoniste est un bon miroir à tendre vers Gotham pour y aborder des questions comme le détournement de mineurs, ou bien l'exploitation des plus fragiles par des adultes sans morale. Chuck Dixon signe un scénario réfléchi et mur, qui est idéal pour souligner la maturité naissante de Robin, qui reste pourtant par endroits l'idéaliste naïf qu'il pourrait être. Les dessins de Marcos Martin et Javier Pulido sont frais, subtilement cartoony, dotés d'une mise en couleur inspirée et originale. Ce qui fait de ce Année Un une parution fort agréable, fort recommandable à tous ceux qui souhaitent prolonger l'expérience et la connaissance des premières années du Duo le plus bondissant de Gotham, la Chauve-Souris et son fidèle Rouge-Gorge. 


LES PORTRAITS DE PAOLO RIVERA (COLLECTION 2014)

J'ai déjà eu l'occasion d'en parler ici même mais j'aime beaucoup les portraits de Paolo Rivera, celle collection de dessins des principaux acteurs de l'univers super-héroïque, qui s'enrichit mois après mois au grès des commissions, et des conventions comics. Voici donc ce mercredi une petite revue de certains travaux réalisés lors des quatre cinq derniers mois par l'artiste, avec Iron Man, Wolverine, MiracleMan, Mary-Jane Watson, et d'autres encore. Paolo Rivera que vous pouvez retrouver sur http://paolorivera.blogspot.com







GOTHAM : LE PREMIER EPISODE DE LA SERIE

Gothman la série, c'est parti. On nous avait vendu le truc comme une série sur la ville de Batman, mais sans Batman (avant Batman, pour être plus précis). Ce qui est exact, mais jusqu'à un certain point. Car la mythologie du Dark Knight imprègne d'emblée toutes les scènes de ce premier épisode, à commencer par l'incipit en lui même. Il s'agit de la célèbre scène du meurtre des parents de Bruce Wayne, devant les yeux terrorisés du gamin qui deviendra super-héros un jour. La nouveauté ici, c'est qu'une adolescente chapardeuse assiste au délit, perchée sur un escalier de service. Vous l'avez compris, Gotham introduit également une jeune Selina Kyle (Catwoman) en faisant d'elle un témoin du drame fondamental de Bruce, sans pour autant savoir l'employer autrement que dans cette position de clin d'oeil aux lecteurs du comic-book. Ceux-ci en ont pour leurs attentes, puisque les références sont nombreuses. A chaque pas que le lieutenant Jim Gordon fait dans la ville, c'est pour y trouver des personnages facilement identifiables, encore en devenir. Citons en vrac Poison Ivy, le Pingouin, Renee Montoya, Edward Nygma ... Un jeu amusant à regarder, et sympathique, mais qu'il va falloir développer avec soin et inspiration pour que ça ne reste pas de l'ordre du gimmick un peu facile. En attendant, les stars de cet épisode ce sont deux flics. Gordon, donc, mais aussi Harvey Bullock qui est son partenaire et celui qui va l'épauler dans la découverte des bassesses de la cité. Car si Jim est un nouveau venu idéaliste et incorruptible, son compère a un tempérament beaucoup plus nuancé. On le devine bon flic (efficace) mais avec des zones d'ombre évidentes. Dans une Gotham où la police mange dans la main de la mafia, et où tout s'achète, Bullock est loin d'être le pire des représentants des forces de l'ordre, mais on comprend qu'il n'a pas échappé à une forme de renoncement, d'apathie, que la présence de Gordon pourrait fortement remettre en cause.

Ce qui est appréciable dans cette série, c'est la tentative de faire quelque chose de nouveau. Le contexte, en somme. S'occuper d'un pan de la préhistoire du Dark Knight, à savoir l'assassinant des époux Wayne, et l'enquête qui s'en est suivie. Qui a bien pu vraiment presser la gâchette? Dans quel but précis? Une trame policière qui permet et justifie l'attachement tout particulier du récit à la figure de James Gordon, qui est le héros humain et vulnérable perdu dans la nasse nauséabonde d'une cité aussi fascinante que corrompue. Les nombreux seconds rôles réjouissent l'attente des fans de comics, et il est à noter la version plus dure, acerbe, qui est ici présentée du majordome Alfred Pennyworth. On le sent protecteur et pugnace, hautain et granitique. Le montage de cet épisode est tout de même assez frénétique, trop par moments. et les scènes d'action sont cahotiques, d'autant plus que l'atmosphère étouffante de Gotham ne facilite pas la lisibilité de l'ensemble. Si l'enquête est bien ficelée et les indices semés avec dextérité, c'est malheureusement pour aboutir à un final peu crédible, et une "fausse mort" qui n'aurait guère fait illusion avec un minimum d'attention et de vérification. Quand on connait les enjeux et ce qui en découle, on peut s'étonner grandement de devoir en rester là. On est aussi surpris que finalement Gotham manque de caractère. Nous nous contentons de rues sombres, de buildings, de viaducs en pleine ville, mais l'âme de la ville, son emprise sur les habitants, tout cela est encore à venir, souhaitons le. Le risque le plus fort après ce début correct mais loin d'être exceptionnel, c'est de délivrer semaine après semaine un service particulier réservé au fan-boy de Batman. Du genre: aujourd'hui nous introduisons Black Mask, demain ce sera Gueule d'Argile, ensuite Harvey Dent ... sans que ces apparitions ne se justifient pleinement par un scénario qui les valorise et les projette sur le devant de la scène. Gotham va devoir composer avec une généalogie, une ambition, une richesse narrative, qui place forcément la barre très haut. Un défi peu commun, que nous suivrons avec appréhension, et espoir. 


WOLVERINE HORS-SERIE 7 : LES ORIGINES II

Les origines de Wolverine ont longtemps été nimbé de mystère. Mais Marvel ayant finalement décidé de lever le voile voici dix ans, nous sommes désormais conscients des terribles épreuves et du destin tragique que le mutant griffu a affronté, depuis sa plus petite enfance. Dans la mini série Origin, nous l'avions quitté en cavale, après avoir tué involontairement la petite Rose, dont il était amoureux. Traumatisé par cet incident mortel, Logan a fui et tenté de noyer son chagrin dans la solitude. C'est ceci qu'il faut avoir en tête avant de commencer ce hors-série actuellement en kiosque. Qui démarre au Canada (au début du siècle dernier) dans la silence (pas de dialogues) en compagnie des loups, qui ont adopté le futur Wolverine. Un groupe de canidés qui a accepté peu à peu cet avatar sur deux jambes, capables de nourrir le reste de la petite famille, et de la protéger. La nature à l'état brute, dans la neige, loin de la civilisation et du travail des hommes. Mais la nature peut être aussi cruelle, comme lorsqu'apparaît un ours blanc affamé, qui décide d'aller festoyer avec les amis à quatre pattes de notre héros. Une nouvelle tragédie qui porte d'une certaine manière le sceau de Nathaniel Essex (Mister Sinister) puisque le féroce prédateur sort tout droit de ses laboratoires. Wolverine emploie ses griffes pour venger les "siens" et le massacre qui s'en suit le laisse aux portes de la mort, dans une mare de sang. Par chance, il est recueilli par Clara, une jeune femme au visage en partie défiguré, accompagnée d'un certain Creed, aux ongles bien pointus... Ce qui n'est pas sans mettre la puce à l'oreille au lecteur, bien que ce ne soit pas forcément qui vous savez...

Mais de quoi parle donc cette suite des Origines de Wolverine? A lire le récit de Kieron Gillen, on pourrait penser que le scénariste s'interroge sur qui est le plus animal, ou le plus humain, des fauves et loups que nous rencontrons, ou des responsables du cirque qui finissent par enrôler Logan, pour l'exhiber comme bête de foire, ou aussi de Nathaniel Essex, qui utilise ses semblables comme de vulgaires cobayes sans âme? Gillen prend ses marques avec des images éculées ou tout du moins des références usées jusqu'à la corde (Wolverine à l'état bestial, en pleine nature...), et ce que nous lisons semble avoir déjà été narré autrefois, parfois pour d'autres personnages (le héros transformé en attraction d'un cirque, comme Nightcrawler des X-Men). La nouveauté, c'est le lien qui unit Logan à Creed, futur Sabretooth. Ici, cette relation est en réalité faussée par un coup de théâtre final, que je préfère taire afin de vous laisser la surprise. Mais l'intégralité de cet album repose sur cette attente, et ce bluff qui tient la route jusqu'à la dernière page, bien que certaines cases, certaines expressions de celui que nous pensons être l'antagoniste par excellence, nous laissent à croire que nous faisons fausse route. Tout comme l'insertion dans la trame de la soeur, Clara, que nous reverrons un jour à n'en pas douter dans Origin III, commencez à prendre les paris. Aux dessins, Adam Kubert succède à son frère (Andy) et même s'il ne l'égale pas totalement, ses planches restent expressives et énergiques, avec un léger coup de mou sur le cinquième et dernier épisode que je trouve moins réussi. Clairement, l'intégralité de cette aventure pour moins de six euros, c'est une opportunité intéressante et économique, que je vous invite à ne pas laisser filer. Mais à mesure que les véritables origines de Wolverine se révèlent, on se demande si véritablement elles servent le mutant griffu, ou le desservent. Parfois, ne rien savoir est plus poétique et excitant que de tout connaître. 


JUSTICE LEAGUE TOME 5 : LA GUERRE DES LIGUES

La Justice League. La Justice League of America. La Justice League Dark. Dans l'univers d'après le grand reboot (New 52), il existe pour l'instant trois formations majeurs qui revendiquent une appellation assez similaire, mais dont les origines et les moyens d'agir sont parfois antagonistes. En conséquence, le récit de cet album est (en partie) celui d'un affrontement entre les trois équipes de héros censés nous protéger des pires menaces de l'univers. Tout d'abord La Justice League, qui a sauvé la planète de l'invasion de Darkseid, avec l'aide des plus gros calibres sur le marché (Superman, Batman, Wonder Woman...), mais qui est depuis quelque peu tombée en disgrâce à cause de mésaventures imprévues (le conflit avec Atlantis, par exemple, dans le tome 3). Ensuite, la Justice League of America, aux ordres du contre-espionnage américain, et qui compte dans ses rangs un aréopage d'individus pas forcément très équilibrés ou patients. Un assemblage discutable de fortes têtes (avec la présence énigmatique du Limier Martien) qui a comme mission implicite de s'opposer et de maîtriser la première Ligue citée en cas de besoin. Pour finir, la Ligue des Ombres (Justice League Dark) rassemblée autour de John Constantine. A l'image de son "leader", cette équipe est peu fiable et sujette à de multiples rebondissements. Elle a pour habitude de se mêler des affaires mystiques et ésotériques. Ces trois clans vont entrer en collision, et une forte tension va apparaître, encore exacerbée lorsque le jeune Billy Batson, sous son avatar de Shazam, dessine de violer les traités internationaux en vigueur, et pénètre sur le territoire du Kandhaq pour y disperser les cendres de Black Adam. La Justice League débarque pour le ramener à la frontière, et la JLA aussi, pour coffrer tout le monde et jeter le trouble. Sauf que Superman s'emballe, perd le contrôle au contact du Docteur Light, et apparemment ... le foudroie sur place. 

Il faut dire aussi que peu de temps auparavant, Superman avait eu affaire à Pandora. Celle-ci était venue lui proposer d'ouvrir la fameuse boîte de Pandore, de laquelle se seraient échappés tous les maux de cette Terre, afin de les emprisonner à nouveau. Mais ça ne s'était pas bien passé, et Superman avait vite perdu le contrôle de ses pouvoirs. Cette"Guerre des ligues" est le fruit du travail de Geoff Johns, qui orchestre cette confrontation depuis le tout début de l'opération New 52. il reçoit pour l'occasion l'aide de Jeff Lemire, le scénariste habituel de la JLA Dark. Aux dessins, le niveau global est très élevé. On ne présente plus Ivan Reis (Green Lantern notamment) qui assure un très bon job sur la Justice League. Mikel Janin prend de plus en plus d'assurance et son trait souple et détaillé est de plus en plus remarquable. Reste Doug Mahnke, qui pour cette fois apparaît un ton en dessous, notamment desservi par un encrage trop gras. Trinity War se propose enfin d'apporter quelques réponses à la présence énigmatique de Pandora, et sur le rôle que joueront le Phantom Stranger et la Question, les deux autres condamnés depuis l'éternité, dans cette nouvelle réalité Dc qui conserve pas mal de doutes et d'incertitudes. C'est aussi l'opportunité de voir tous les gros bras en costumes se tirer la bourre et en découdre, avec notamment un Superman affaibli et en mauvaise posture. C'est enfin la porte d'entrée vers le grand événement qui va concerner deux des prochains tomes de la Justice League version librairie, à savoir Forever Evil, et le triomphe du mal. Des épisodes qui font avancer les choses, et durant lesquels l'univers Dc se refaçonne peu à peu, que je vous recommande donc de lire. 


DEADPOOL : SUICIDE KINGS (MARVEL DELUXE)

Une des caractéristiques des séries mettant en scène Deadpool, c'est leur coté déjanté, tout sauf sérieux, où l'humour le plus décalé fricote facilement avec la grosse blague potache qui devient vite très lourde. Tout est une question de dosage, et ça n'est pas si simple, en fait, d'introduire de la légèreté dans le petit monde du comic-book superhéroïque, où les excès de testostérone et les mâchoires crispées sont au menu à toutes les sauces.
Cette fois, pour cette mini série en cinq parties, Deadpool meets The Punisher, comme on le dit aux Etats-Unis. C'est à dire deux héros aux antipodes, et dont le lectorat n'est pas, à priori, forcément le même. Tout commence quand le mutant en collants rouges décide de participer à un concours pour élire le mercenaire de l'année. Derrière cette initiative se cache en fait un piège dans lequel il tombe tête la première. Deadpool a la désagréable surprise de constater qu'il est devenu aux yeux de l'opinion publique un terroriste, ayant abattu de sang froid un groupe de personnes, puis ayant fait exploser plusieurs étages d'un immeuble new yorkais. Alors qu'il a été en réalité victime d'une tentative d'assassinat et d'une explosion à la bombe assez impromptue. Tout ceci explique pourquoi le Punisher décide de coller à ses basques, et il n'aura de cesse de le poursuivre pour avoir sa peau. Une tâche pas si simple : même une flèche d'arbalète en pleine tête et l'amputation sauvage d'un bras à coups de sabre ne peuvent suffire : avoir un pouvoir auto guérisseur (auto repoussant) est finalement bien utile. Le Punisher qui bénéficie dans cette mini série de toute une galerie un peu forcée d'armes diverses et variés, récupérées à la pègre du sous-bois Marvel, du fouet electrique de Whiplash (vu au cinéma dans Iron Man 2 en la personne de Mickey Rourke) au planeur du bouffon vert, rien que ça. Pourquoi pas, même si le vrai Castle que nous aimons se passe aisément de ces artifices grossiers. 

Rentrent dans la danse d'autres personnages importants, comme Spider-man ou Daredevil, deux boy-scouts sans peur et sans reproche dont les méthodes contrastent forcement avec celles du Punisher, et qui vont prendre la défense d'un Deadpool innocent. Nous retrouvons aussi Tombstone, le mafieux albinos, qui semble tirer les ficelles dans l'ombre, et qui va se mettre un peu tout le monde à dos. Un album rocambolesque aux multiples rebondissements mais qui tournent tous autour du même postulat : Deadpool n'est pas responsable de ce qu'on lui reproche, mais ceux qui l'ignorent, Castle en tête, n'ont d'autre idée fixe que de le buter. L'humour n'est pas toujours très raffiné, et tourne fréquemment en dessous de la ceinture, voire au dessus, quand il s'agit pour Wade Wilson de perdre ses moyens devant les généreuses poitrines des femmes qui croisent son chemin. Mike Benson et Adam Glass s'amusent avant tout. Carlo Barberi ne s'en sort pas trop mal aux dessins, pour peu qu'on apprécie ses traits un peu trop anguleux, et sa tendance à ne pas s'embarrasser avec le fond des vignettes, qui restent pour la plupart vierges de décors. Ce n'est pas son meilleur travail, mais ça passe tout de même assez facilement. Du comic-book pour sourire à prendre au troisième degré, qui fait toutefois se poser cette question légitime : était-ce bien utile de publier ce récit dans la collection Marvel Deluxe (très bel écrin, prix en conséquence), quand il est clair que nous sommes très loin d'être en présence d'un indispensable de Deadpool ou du Punisher, et que ces épisodes ont été autrefois publiés dans un Marvel Icons HS pour moins de six euros? Le genre de parution qui est une aubaine en kiosque, mais plus délicate à recommander chaudement en librairie. 



IRON MAN : LA SECONDE GUERRE DES ARMURES (BEST OF MARVEL)

La première ne vous a donc pas suffi? Alors voici la seconde. La Guerre des Armures reprend de plus belle, chez Panini. Avec deux auteurs d'exception aux manettes. John Byrne est le scénariste, totalement indispensable à l'époque, avec à son actif d'incroyables succès comme ceux rencontrés sur Uncanny X-Men, Fantastic Four, Alpha Flight, ou encore avec son Superman post Crisis. Aux dessins, le grand Romita Jr, au sommet de son art, encensé après ses travaux sur des titres comme Daredevil, Starbrand, ou bien Uncanny X-Men également. On retrouve un Tony Stark play-boy et milliardaire très sur de lui, entouré de belles créatures attachées à son charme et à ses cartes gold platine. Mais aussi d'ennemis jaloux et vindicatifs, sans qu'il soit toujours possible de comprendre de suite les raisons de cette haine. Dans cette seconde "guerre", nous faisons la connaissance de Kearson Dewitt, qui a mis au point un plan machiavélique pour terrasser celui qu'il exècre plus que tout. Byrne utilise aussi de vieux ennemis d'Iron Man, qu'il s'amuse à faire revenir sur le devant de la scène, comme le Laser Vivant, Titanium Man ou le Mandarin et son gros dragon Fin Fang Foom. Sans oublier les jumeaux Marrs, qui sont parmi les comploteurs et jouent avec la vie de Tony Stark. Un Tony qui a de sérieux ennuis, lorsqu'il se rend compte qu'il a des absences inexplicables, et que quelqu'un est capable de maîtriser à distance son système nerveux, au point de l'éteindre inopinément, comme on le ferait avec un simple interrupteur. Pendant ce temps, le Mandarin trame dans l'ombre, et commence à accéder à un nouveau niveau de connaissance du pouvoirs de ses anneaux exta-terrestre, et ce n'est pas seulement pour le plaisir d'avoir des bagues fashion aux doigts!

Nous remontons là aux sources du personnage. A savoir un Tony Stark riche et désiré, mais trahi par son propre corps (quand ce n'est plus son coeur). L'armure censé le protéger devient une prison, la seule dans laquelle il peut encore évoluer à sa guise, mais qui peut tout aussi bien l'achever. Le dilemme classique, du super-héros aux super problèmes. Romita Jr brille dans cet album. Son Stark est charismatique, il crève la page, et son Iron Man plus robotique et massif que jamais. Il dégage une sensation de puissance, de robustesse, qui en fait une force de la nature moderne, en opposition quasi parfaite avec le dragon Fin Fan Foom. Byrne se divertit grandement à transformer un affrontement entre deux empires économiques en récit à super pouvoirs, mêlant la tradition des meilleurs moments de la série à l'action pure et dure qui explose dans de nombreuses pages. L'effet final, c'est la nostalgie. De voir ce que pouvait être Iron Man voilà vingt ou trente ans, et ce qu'il est devenu aujourd'hui, à savoir un héros cynique qui n'hésite pas à faire ce qui doit être fait, au prétexte qu'il est un visionnaire et ose se salir les mains, quitte à composer avec la morale générale. C'est qu'être multimilliardaire de nos jours, ce n'est pas simple. La finance est devenue l'ennemie à abattre de la bien pensance (et ce n'est pas inexacte, tant elle semble un chancre à éradiquer), tout comme dans les années 80 Tony Stark se devait de prendre ses distances avec son passé de fabriquant d'armes, alors que le monde ne rêvait que de distension entre les pôles américains et soviétiques, et que la paix était concrète et à portée de souhait. Stark est un parangon de modernité, et comme chacun le sait, il est plaisant et souvent nécessaire de brûler ses peurs, de les exorciser, pour mieux y faire face. Ajoutez à cela des scénaristes totalement à cours d'idées, et qui écrivent sur commande, sans inspiration (accusé Gillen levez la main) et vous comprendrez que cette seconde guerre des armures, à défaut d'être un chef d'oeuvre absolu, s'inscrit comme une lecture salutaire pour se replonger dans ce qui nous a fait aimé Tête de Fer, nous autres les quadras grincheux.


JUSTICE LEAGUE LA SAGA DE RED TORNADO (DC PAPERBACK)

 Brad Meltzer n’a pas seulement relancé la Justice League en 2006 avec The Tornado’s Path ( la saga de Red Tornado pour Urban) : il a voulu...