Une des caractéristiques des séries mettant en scène Deadpool, c'est leur coté déjanté, tout sauf sérieux, où l'humour le plus décalé fricote facilement avec la grosse blague potache qui devient vite très lourde. Tout est une question de dosage, et ça n'est pas si simple, en fait, d'introduire de la légèreté dans le petit monde du comic-book superhéroïque, où les excès de testostérone et les mâchoires crispées sont au menu à toutes les sauces.
Cette fois, pour cette mini série en cinq parties, Deadpool meets The Punisher, comme on le dit aux Etats-Unis. C'est à dire deux héros aux antipodes, et dont le lectorat n'est pas, à priori, forcément le même. Tout commence quand le mutant en collants rouges décide de participer à un concours pour élire le mercenaire de l'année. Derrière cette initiative se cache en fait un piège dans lequel il tombe tête la première. Deadpool a la désagréable surprise de constater qu'il est devenu aux yeux de l'opinion publique un terroriste, ayant abattu de sang froid un groupe de personnes, puis ayant fait exploser plusieurs étages d'un immeuble new yorkais. Alors qu'il a été en réalité victime d'une tentative d'assassinat et d'une explosion à la bombe assez impromptue. Tout ceci explique pourquoi le Punisher décide de coller à ses basques, et il n'aura de cesse de le poursuivre pour avoir sa peau. Une tâche pas si simple : même une flèche d'arbalète en pleine tête et l'amputation sauvage d'un bras à coups de sabre ne peuvent suffire : avoir un pouvoir auto guérisseur (auto repoussant) est finalement bien utile. Le Punisher qui bénéficie dans cette mini série de toute une galerie un peu forcée d'armes diverses et variés, récupérées à la pègre du sous-bois Marvel, du fouet electrique de Whiplash (vu au cinéma dans Iron Man 2 en la personne de Mickey Rourke) au planeur du bouffon vert, rien que ça. Pourquoi pas, même si le vrai Castle que nous aimons se passe aisément de ces artifices grossiers.
Rentrent dans la danse d'autres personnages importants, comme Spider-man ou Daredevil, deux boy-scouts sans peur et sans reproche dont les méthodes contrastent forcement avec celles du Punisher, et qui vont prendre la défense d'un Deadpool innocent. Nous retrouvons aussi Tombstone, le mafieux albinos, qui semble tirer les ficelles dans l'ombre, et qui va se mettre un peu tout le monde à dos. Un album rocambolesque aux multiples rebondissements mais qui tournent tous autour du même postulat : Deadpool n'est pas responsable de ce qu'on lui reproche, mais ceux qui l'ignorent, Castle en tête, n'ont d'autre idée fixe que de le buter. L'humour n'est pas toujours très raffiné, et tourne fréquemment en dessous de la ceinture, voire au dessus, quand il s'agit pour Wade Wilson de perdre ses moyens devant les généreuses poitrines des femmes qui croisent son chemin. Mike Benson et Adam Glass s'amusent avant tout. Carlo Barberi ne s'en sort pas trop mal aux dessins, pour peu qu'on apprécie ses traits un peu trop anguleux, et sa tendance à ne pas s'embarrasser avec le fond des vignettes, qui restent pour la plupart vierges de décors. Ce n'est pas son meilleur travail, mais ça passe tout de même assez facilement. Du comic-book pour sourire à prendre au troisième degré, qui fait toutefois se poser cette question légitime : était-ce bien utile de publier ce récit dans la collection Marvel Deluxe (très bel écrin, prix en conséquence), quand il est clair que nous sommes très loin d'être en présence d'un indispensable de Deadpool ou du Punisher, et que ces épisodes ont été autrefois publiés dans un Marvel Icons HS pour moins de six euros? Le genre de parution qui est une aubaine en kiosque, mais plus délicate à recommander chaudement en librairie.
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