Comme la plupart du temps, les grands events Marvel laissent présager de grandes choses, mais au fur et à mesure que la lecture progresse, on se rend compte que l'audace n'est pas au rendez-vous, et que les différents scénaristes ressassent encore et encore les mêmes thématiques, voire se perdent dans une trame mal conçue ou improvisée en cours de route (AvX est un peu un mix de tout cela). Du coup je n'avais pas trop hâte de lire Age of Ultron, et les quatre premiers numéros m'avaient laissé penser que sans être mauvais, nous avions là un nouveau récit tronqué, qui le laissera pas de trace indélébile. Le monde cataclysmique qui y est dépeint est fort et poignant, mais comme nous ne savions rien de comment nous y sommes arrivés, nous ne ressentions guère d'empathie avec ces héros décimés dans les coulisses, loin de notre regard. Et puis les épisodes 5 et 6 sont arrivés, et j'ai commencé à me prendre d'enthousiasme pour Age of Ultron. Principalement car enfin nos braves redresseurs de tort ont compris qu'il fallait se salir les mains pour inverser une fâcheuse tendance. Comme Ultron opère depuis le futur, l'idée est de le contrer en remontant le temps, pour trancher le problème à sa source. Vous savez tous que c'est Hank Pym qui a mis au point cette créature d'adamantium (sa première version) et qui peut donc être considéré comme le père putatif de cette engeance universelle. Et bien chez les Vengeurs, nous avons un certain mutant griffu qui est le meilleur dans sa partie, et qui accepte de plonger dans le cambouis quand le moteur fait des siennes. Chez les héros survivants, il y a aussi une femme détruite, Sue Richards, dont la famille a subi de très lourdes pertes depuis l'avènement de l'ère d'Ultron. Elle, on la voit comme le garde fou, la conscience habituelle qui accompagne les héros, le sempiternel "Tu ne tueras point car ce n'est pas ce que nous faisons, nous sommes des héros" qui poursuit l'esprit tenté par une solution radicale. En gros, je m'imaginais déjà un Wolverine toutes griffes dehors, sauter sur Hank Pym et stoppé au dernier moment par une Invisible truffée de remords. Et puis j'ai lu ces pages fortes de Age of Ultron, et ce fut la confirmation ultérieure que l'angélisme Marvel est une tare; que lorsque la réalité de la vie, et de sa complexité, de ses exigences, de sa noirceur, prend le dessus sur la morale habituelle, on peut encore produire des rebondissements forts et crédibles. Du coup tout est possible avec Age of Ultron. Du reboot complet pur et simple, aux variations sur le thème, qui permettraient de mettre sur pieds un univers Marvel subtilement retouché dans quelques semaines, il va falloir bien gérer les prochains numéros. Car le potentiel est là, indéniable. Une chance de mettre au point une saga forte, incontournable, dont on parlera dans les chaumières pendant des années. Bendis, et les pontes de la Maison des Idées, oseront-ils faire exploser le statut-quo et nous offrir le merveilleux cadeau d'un monde qui change enfin, et vraiment? L'avenir des comics mainstream, c'est en ce moment, dans Age of Ultron.
Cinécomics : IRON MAN 3 de Shane Black
Comme le temps passe vite. Après le rêve de tout lecteur de comics, le film Avengers, c'est au tour d'Iron Man 3 de débouler dans les salles et d'inaugurer par la même ce qu'il convient d'appeler la Phase 2 des adaptations super-héroïques au cinéma. Un troisième opus truffé de bonnes idées et de moments irritants, qui en fait des tonnes, flirtant régulièrement avec la prouesse et le génie, mais aussi le mauvais goût et la mièvrerie la plus complète. L'ennemi du jour, à en croire les promesses de la veille, c'est le Mandarin. Un pastiche à peine voilé de Ben Laden, un terroriste qui s'en prend aux Etats-Unis à travers de nombreux attentats meurtriers et revendiqués grâce à la vidéo. Que les gros plans furtifs sur les anneaux du Mandarin, à chaque allocution, ne trompent pas le lecteur chevronné, c'est ici un personnage radicalement différent de ce que nous connaissions depuis des années, et c'est également la meilleure idée du film. Je tairais bien sur le vrai rôle tenu par Ben Kingsley, mais saluons au passage la capacité qu'ont eu les Studios Marvel de préserver le secret autour de cet éclair de lucidité folle, qui n'est peut être pas si éloignée de ce que pourraient être dans la réalité certaines cellules terroristes. Le contrepied idéal par rapport aux attentes.
Du coup mentionnons l'industriel Alldrich Killian qui en duo avec la biophysicienne Maya Hansen met au point le virus du nom d'Extremis (imaginé dans le comic-book par Warren Ellis) et fabrique de la sorte des armes humaines virtuellement invincibles, puisqu'elles se régénèrent et résistent à pratiquement tout. Que pourrait bien faire Tony Stark contre cette engeance, lui qui est sauvagement agressé dans son antre de Malibu, privé de ses armures et de ses gadgets, et contraint de se réfugier dans un trou paumé du Tennessee pour gagner du temps, récupérer, et préparer la riposte. Ne riez pas : son allié dans cette tâche sera un gamin d'une douzaine d'années, droit sorti d'une sitcom américaine des années 80. Entre des dialogues patauds et des scènes d'humour au second degré qui viennent mitiger l'impression de rejet, c'est tout un pan du film qui oscille dangereusement et menace de s'effondrer. Iron Man 3 plie, mais ne rompt pas. Et repart de plus belle, avec drôlesse et une bonne dose d'insouciance. Au point qu'on se demande parfois si ce film ne serait pas rien d'autre que la première comédie super-héroïque, et que les morts, les bombes, ne seraient que prétexte à un savoureux pastiche.
Le pastiche, donc. Rire un bon coup, ça ne se refuse pas. Mais là, l'impression est que Shane Black, le réalisateur, se soit laissé aller, par endroits. Du coup la parodie et le genre super-héroïque se confondent à un point tel que nous ne l'avions pas encore expérimenté auparavant. Avec talent et pertinence (La Mandarin tel qu'il est vraiment) ou avec lourdeur (les bons mots perpétuels en plein combat, déplacés et ringards). Les effets spéciaux sont impressionnants, et les scènes de destruction massive laisseront de bons souvenirs aux amateurs du genre. Emblématique l'attaque à la résidence de Tony Stark, en début de film. Superbe et rondement menée. Les personnages secondaires gagnent un peu plus de profondeur de caractère avec ce troisième volet. La belle Pepper Potts joue encore à la potiche bonasse de service, jusqu'à ce que le final lui réserve enfin une place plus intéressante. James Rhodes et son armure d'Iron Patriot est aussi assez bien traité, ne nous plaignons pas. Là où Iron Man 3 manque d'ambition, c'est dans le traitement psychologique d'un Stark en proie au doute et à la peur, après la terrible invasion des Chitauris dans Avengers. Tony fait désormais des crises d'angoisse et son statut de simple mortel protégé par une armure (qui peut lui être retirée, comme il l'expérimente lourdement) ne pèse lourd comparé à ce qui rode dans l'ombre et menace insidieusement notre planète (ce sera le menu du second opus d'Avengers). Mais à chaque bouffée d'épouvante, le héros se rétablit en dix secondes avec l'aide d'un bon mot ou d'un simple conseil de la part d'un collégien sorti d'on ne sait trop où. Ouais, pourquoi pas...
J'ai plutôt souri avec ce troisième volet, souvent apprécié le grand guignol de la mise en scène qui coupera le souffle à plus d'un. Mais au moment du générique de fin (agrémenté d'une ultime scène bonus totalement inepte) un sentiment évident de vide s'est fait jour. Ce serait ce que les américains appellent un bon "pop corn movie", d'ailleurs la salle était jonché de déchets de ce genre, avant et après la dernière séance du soir (les porcs vont donc au cinéma), mais certainement pas le type de long métrage à montrer à ceux qui refusent de croire que les comics peuvent être une lecture saine et bien plus profonde que les apparences le laissent supposer. A ce sujet, je vous jure, Iron Man en librairie, c'est cent fois mieux. Lisez des comic-books, bon sang!
Le pastiche, donc. Rire un bon coup, ça ne se refuse pas. Mais là, l'impression est que Shane Black, le réalisateur, se soit laissé aller, par endroits. Du coup la parodie et le genre super-héroïque se confondent à un point tel que nous ne l'avions pas encore expérimenté auparavant. Avec talent et pertinence (La Mandarin tel qu'il est vraiment) ou avec lourdeur (les bons mots perpétuels en plein combat, déplacés et ringards). Les effets spéciaux sont impressionnants, et les scènes de destruction massive laisseront de bons souvenirs aux amateurs du genre. Emblématique l'attaque à la résidence de Tony Stark, en début de film. Superbe et rondement menée. Les personnages secondaires gagnent un peu plus de profondeur de caractère avec ce troisième volet. La belle Pepper Potts joue encore à la potiche bonasse de service, jusqu'à ce que le final lui réserve enfin une place plus intéressante. James Rhodes et son armure d'Iron Patriot est aussi assez bien traité, ne nous plaignons pas. Là où Iron Man 3 manque d'ambition, c'est dans le traitement psychologique d'un Stark en proie au doute et à la peur, après la terrible invasion des Chitauris dans Avengers. Tony fait désormais des crises d'angoisse et son statut de simple mortel protégé par une armure (qui peut lui être retirée, comme il l'expérimente lourdement) ne pèse lourd comparé à ce qui rode dans l'ombre et menace insidieusement notre planète (ce sera le menu du second opus d'Avengers). Mais à chaque bouffée d'épouvante, le héros se rétablit en dix secondes avec l'aide d'un bon mot ou d'un simple conseil de la part d'un collégien sorti d'on ne sait trop où. Ouais, pourquoi pas...
J'ai plutôt souri avec ce troisième volet, souvent apprécié le grand guignol de la mise en scène qui coupera le souffle à plus d'un. Mais au moment du générique de fin (agrémenté d'une ultime scène bonus totalement inepte) un sentiment évident de vide s'est fait jour. Ce serait ce que les américains appellent un bon "pop corn movie", d'ailleurs la salle était jonché de déchets de ce genre, avant et après la dernière séance du soir (les porcs vont donc au cinéma), mais certainement pas le type de long métrage à montrer à ceux qui refusent de croire que les comics peuvent être une lecture saine et bien plus profonde que les apparences le laissent supposer. A ce sujet, je vous jure, Iron Man en librairie, c'est cent fois mieux. Lisez des comic-books, bon sang!
RED : UN RECIT SANGLANT DE WARREN ELLIS
Paul Moses est un ancien tueur au service de la C.I.A. Et pas n'importe lequel : le meilleur dans sa partie, une machine à tuer. Tout cela c'est du passé, car il s'est retiré du circuit et ne pense plus qu'à vivre en paix, tout en luttant contre les souvenirs de ses exactions qui reviennent le tourmenter régulièrement. Le problème, c'est que la direction a changé chez ses anciens patrons, et que le nouveau directeur fraîchement nommé a décidé qu'il valait mieux pour l'Amérique se débarrasser d'un individu aussi impliqué dans de sales affaires, et aussi dangereux.
Bien entendu, tout cela n'est pas du goût de Paul qui n'apprécie guère qu'on souhaite le liquider après autant de temps passé à servir bassement la nation. Il prend alors la route de Langley pour aller trucider ces bureaucrates ingrats qui le menacent, et ce faisant il ne choisit pas de faire dans le détail. Tout ce et ceux qui se dressent à un moment donné sur sa route, que ce soit des tueurs venus en finir chez lui, ou les forces de l'ordre chargé de le contrôler et de l'appréhender, finissent avec une ou plusieurs balles dans le crâne. C'est une course poursuite décidée et sans retour vers une vengeance implacable qui s'organise, dans cette brève bd en trois parties, toutes réunies ici en un seul album, chez Panini.
Bon, Warren Ellis a déjà fait des choses bien plus profondes, c'est évident. Le temps à disposition de l'auteur est court, et il est clair qu'il lui est impossible de développer une vraie intrigues fournie avec aussi peu de pages à disposition. Au moins le personnage de Moses est-il imposant et inflexible, et donne envie d'en savoir plus sur cette personnalité monomaniaque qui ne révèle aucun point faible à l'extérieur, mais repense pourtant souvent aux drames dont il est le responsable, dans l'intimité. L'ensemble est violent et comprend un nombre appréciable d'exécutions à l'arme à feu, mais manque singulièrement d'ampleur et d'intrigues secondaires. On part en ligne droite et on ne dévie pas un instant de ce qui est une trame à sens unique, et désespérée. Cully Hamner est un choix compréhensible en ce sens : ses dessins sont incisifs, chirurgicaux, et évitent d'en rajouter, notamment par le biais d'une fréquente construction à trois ou quatre cases horizontales qui accélère encore le rythme de la vengeance en cours. Peu de dialogues et de didascalie, Red se laisse lire très facilement et rapidement. Trop, probablement. Un album vite digéré et sympathique sur le moment, mais sans aucune chance de rester gravé dans la mémoire du lecteur exigeant. Ne me demandez pas de vous parler du film que je n'ai pas vu, et n'ai pas spécialement envie de voir.
SEVERED DE SCOTT SNYDER : DU SERIAL-KILLER CHEZ URBAN COMICS
Scott Snyder n'est pas que l'auteur à succès du Batman New 52, c'est entendu. Nous le retrouvons ici chez Image (et Urban pour la Vf) pour une série pleine d'effroi et de frissons garantis. L'histoire est située en 1916, une autre période noire pour l'économie (la crise actuelle n'est pas même la plus violente) au point que de nombreux américains décidèrent de partir tenter l'aventure comme des vagabonds de train en train, à travers le pays, subsistant comme ils le purent. C'est la réalité de ces hoboes (vagabonds vivant d'expédients et se cachant dans des trains de marchandise) qui est à la source de cette oeuvre de Snyder. Nous suivons en particulier Jack Garron, jeune garçon qui a été adopté et à comme talent celui de jouer du violon. Son vrai père est un musicien, et Jack décide que le moment est venu de le retrouver. D'ailleurs, durant le récit apparaissent des lettres apparemment écrites par ce dernier, qui prouvent son désir également de retrouvailles. Durant ses aventures, Jack rencontre un autre jeune comme lui, Sam (qui est en réalité une fille qui cache son véritable sexe pour éviter d'avoir de gros ennuis) et les deux compères vont devenir inséparables. Jusqu'à une autre rencontre particulière avec un individu qui décide de prendre en main leur destin, spécialement celui de Jack Garron. Sam, probablement à la recherche d'une figure paternelle, se rapproche aussi peu à peu de cet homme mystérieux, lui révèle ses peurs, ses rêves et aspirations. Le récit, d'abord tranquille et relâché, se couvre peu à peu d'une tension évidente. Et si l'inconnu avait en fait un lien avec le père de Jack? S'il n'était pas qui il semble être, mais un ... cannibale?
Snyder n'est pas seul aux commandes, mais en duo avec Scott Tuft, avec qui il tisse un récit macabre qui parvient à captiver l'attention du lecteur dès la première page. La qualité littéraire des textes, la construction remarquable des dialogues est à noter. Ici le frisson est avant tout implicite : nul besoin de montrer des scènes sanguinolentes ou de crimes à effet pour faire monter la sauce, tout est suggéré et caressé, jusqu'à la vraie déflagration finale. Cet album, qui plante ses racines dans la fascination et la préoccupation des américains pour la figure du serial-killer, presque une spécialité locale, enquête aussi sur les déviances et les perversions du mythe stars and stripes, qui cache une grosse part d'ombre. Aux dessins Attila Futaki (qui n'est pas le roi des Huns, non) propose des planches de toute beauté, qui jouent sur des tonalités sombres et allusives. Que ce soient les ruelles et la pénombre des grandes villes, les vues intérieures des maisons américaines, les souterrains pleins de cadavres, où le regard de l'assassin qui se trouble et trahit sa perversité, tout contribue à instaurer ce sentiment malsain que quelque chose cloche, que la malaise est au coin de l'aventure. L'ombre domine dans cette Bd qui a assurément un indéniable aspect impressionniste à ne pas négliger. A recommander tout particulièrement à ceux qui désirent faire une pause dans ces histoires de super-héros encapés, ou de zombies endimanchés, pour passer à quelque chose de plus rassurant : un bon vieux tueur en série made in Usa. Une parution de qualité, soignée, travaillée.
X-MEN X-TINCTION AGENDA : Apartheid à Genosha
X-Tinction Agenda. Rien que le titre est un tout un programme. Il faut dire que les X-Men n'ont pas attendu cette événement pour traverser une mauvaise passe. Chris Claremont les a lourdement malmenés, jusqu'à leur faire traverser, pour certains, le Seuil du péril, ce passage dimensionnel dont vous ne ressortez pas indemne (vous perdez la mémoire, vous en sortez pratiquement vierge, prêts pour une nouvelle existence). Ici, l'équipe va devoir s'unir à nouveau, pour contrer une perfide menace qui trouve sa source en Cameron Hodge, autrefois affilié à Facteur X (le second grand groupe mutant d'alors, avec Scott Summers en chef de file) en tant que directeur des relations publiques et mécène, avant que sa duperie ne le fasse décapiter des ailes d'Archangel. Celui-ci n'est pas mort (dur à croire mais c'est ainsi) et nous le retrouvons au large des côtes de l'Afrique de l'Est, dans un état fictif qui est un prétexte pour aborder le thème de l'apartheid à la sauce mutante : l'île de Genosha. Un petit pays finalement très riche et développé mais qui doit son succès à un triste secret : les humains "normaux" y exploitent les mutants en les soumettant notamment aux inventions du Génégénieur David Moreau, qui a mis au point une technologie avancée pour les réduire en esclavage et les rendre doux comme des agneaux. Le fils de Moreau, ainsi que sa petite amie, Jenny Ransome (une mutante) vont d'ailleurs rejoindre le camp des X-Men, lorsque ceux-ci vont débarquer à Genosha pour remettre de l'ordre dans cette utopie ségrégationniste. Pourquoi interviennent-ils, me demanderez-vous? Tout simplement car les forces armées de Genosha ont investi la base de nos héros, et menées par Alex Summers (Havok, qui ne sait plus qui il est vraiment depuis la traversée du Seuil du péril sus-nommé) elles ont capturé et emporté sur l'île plusieurs membres de l'équipe, comme la jeune et innocente Rahne Sinclair (irritante car très soupe au laid), l'alien techno-organique Warlock, ou encore Tornade, et Rictor (aux pouvoirs sismiques). Les X-Men ne s'embarrassent pas de fioritures et de mandat d'arrêt : ça va dégainer dans tous les sens, et le crossover va vite se transformer en une gigantesque foire d'empoigne, avec en pointillé la guérilla pour les droits de l'homme (donc du mutant) et la lutte contre l'esclavagisme. Le tout dans un style ouvertement braillard et putassier, qui fait la part belle aux armes et aux gros biscottos. Neuf épisodes durant, trois de chaque titre que sont Uncanny X-Men, X-Factor, et New Mutants.
Coté dessins, trois séries cela veut dire trois artistes différents. Quatre même. Et on trouve de tout. De l'excellent, avec un Jim Lee encore jeune et particulièrement en verve, avec des planches aplliquées, minutieuses, des poses et un découpage parfois renversant. Une claque, quoi. Par contre, John Bogdanove est très mauvais. Dans un style caricatural, grossier, il déforme les corps et exagère sans aucune finesse. Certes, c'est probablement intentionnel, mais ça ressemble aussi par moments à une esquisse ébauchée, des dessins pas finis ou mal encrés (Milgrom en ce sens n'est pas le plus raffiné sur le marché). Rob Liefeld est également de la partie. Inutile de s'étendre longtemps, car Rob fait du Rob, c'est à dire que ses adorateurs adorent cette expressivité paroxystique, tandis que ses détracteurs exècrent ses personnages stéroïdés qui mettent en branle une centaine de muscle et grimacent atrocement juste pour prendre un café. On notera aussi un certain Guang Yap, mais c'est anecdotique (encore que ce n'est pas le pire, donc).
X-Tinction Agenda aurait mal vieilli? Probablement, même si moi même j'ai une certaine nostalgie pour le papier poreux sur lequel la saga a été imprimé, notamment celui des vieux Special Strange d'alors, qui transcendaient d'avantage le style tout en maîtrise de Jim Lee. On y trouve tout de même certains points intéressants qui sont développés, et parfois avec pertinence, comme la façon dont s'érige puis s'effondre un système comme l'apartheid, comme la possibilité ou le droit pour un groupe de X-Men d'intervenir en toute illégalité, sur la base d'idéaux et de justice (ce qui est toujours d'actualité). Ou encore le pouvoir des médias qui couvrent l'évènement à leur façon, en orientant l'opinion public sur les derniers rebondissements (Trish Tilby, la présentatrice vedette, est aussi la petite amie du Fauve). C'est aussi une des dernières traces d'importance de Chris Claremont sur le titre Uncanny X-Men, lui qui aura laissé des souvenirs impérissables et une tonne de sous-intrigues pas toujours exploitées dignement par la suite. Louise Simonson est également de la partie au scénario, mais j'aime beaucoup moins son sens aigu du tragique, qui court vers une résolution trop hâtive et vite expédiée. X-Tinction Agenda, un crossover pas toujours du meilleur goût, mais comment renier totalement mes années lycée? Ne m'en demandez pas tant!
Coté dessins, trois séries cela veut dire trois artistes différents. Quatre même. Et on trouve de tout. De l'excellent, avec un Jim Lee encore jeune et particulièrement en verve, avec des planches aplliquées, minutieuses, des poses et un découpage parfois renversant. Une claque, quoi. Par contre, John Bogdanove est très mauvais. Dans un style caricatural, grossier, il déforme les corps et exagère sans aucune finesse. Certes, c'est probablement intentionnel, mais ça ressemble aussi par moments à une esquisse ébauchée, des dessins pas finis ou mal encrés (Milgrom en ce sens n'est pas le plus raffiné sur le marché). Rob Liefeld est également de la partie. Inutile de s'étendre longtemps, car Rob fait du Rob, c'est à dire que ses adorateurs adorent cette expressivité paroxystique, tandis que ses détracteurs exècrent ses personnages stéroïdés qui mettent en branle une centaine de muscle et grimacent atrocement juste pour prendre un café. On notera aussi un certain Guang Yap, mais c'est anecdotique (encore que ce n'est pas le pire, donc).
X-Tinction Agenda aurait mal vieilli? Probablement, même si moi même j'ai une certaine nostalgie pour le papier poreux sur lequel la saga a été imprimé, notamment celui des vieux Special Strange d'alors, qui transcendaient d'avantage le style tout en maîtrise de Jim Lee. On y trouve tout de même certains points intéressants qui sont développés, et parfois avec pertinence, comme la façon dont s'érige puis s'effondre un système comme l'apartheid, comme la possibilité ou le droit pour un groupe de X-Men d'intervenir en toute illégalité, sur la base d'idéaux et de justice (ce qui est toujours d'actualité). Ou encore le pouvoir des médias qui couvrent l'évènement à leur façon, en orientant l'opinion public sur les derniers rebondissements (Trish Tilby, la présentatrice vedette, est aussi la petite amie du Fauve). C'est aussi une des dernières traces d'importance de Chris Claremont sur le titre Uncanny X-Men, lui qui aura laissé des souvenirs impérissables et une tonne de sous-intrigues pas toujours exploitées dignement par la suite. Louise Simonson est également de la partie au scénario, mais j'aime beaucoup moins son sens aigu du tragique, qui court vers une résolution trop hâtive et vite expédiée. X-Tinction Agenda, un crossover pas toujours du meilleur goût, mais comment renier totalement mes années lycée? Ne m'en demandez pas tant!
HOMMAGE A JEAN FRISANO
Une bonne partie des gens qui fréquentent ce site, mais aussi la page Facebook (comment ça ce n'est pas votre cas?) n'ont plus tout à fait 18 ans. Ni même souvent trente. Du coup, nous sommes (je me mets dans le lot) des lecteurs de l'ancienne garde, celle qui a grandi avec Strange chaque mois, Special Strange pour les mutants, Nova en petit format, Titans pour compléter, et des RCM et des Top Bd pour les pièces de collection. Si vous faites partie de cette génération, le nom de Jean Frisano vous évoque forcément d'agréables souvenirs. Né en 1927 et malheureusement décédé prématurément en 87, Frisano est l'auteur de nombreuses couvertures pour la maison d'édition Lug, qui a bercé notre enfance avec les super-héros américains. Il retravaillait les scènes les plus spectaculaires, pour présenter des planches réalistes et dynamiques, peintes avec un savoir faire que nombre de collègues d'outre Atlantique pourraient lui envier. Aujourd'hui, pratiquement 25 ans après sa mort (en août), Jean Frisano reste partie intégrante du mythe et fait partie de ceux qui m'ont conduit vers cette passion des comics, et qui mérite de rester à jamais au firmament du genre. Voilà quelques oeuvres à suivre, pour le plaisir des yeux, en ce début de semaine.
UNIVERSCOMICS OU UNIVERS SEXISTE ?
Sans le savoir, Gaston-Ton La Bise ma fourni ce samedi le prétexte à ce rapide billet d'humeur. Gaston est (était) un de ces nombreux internautes qui fréquentent la page Facebook UniversComics, également abonné au blog. J'avais plaisir a échangé sommairement avec lui sur des sujets divers et variés, jusqu'à ce que samedi il décide de nous quitter pour une raison que je trouve assez peu vraisemblable. Certes, UniversComics se remettra de ce départ, comme de n'importe quel autre, dans la mesure où l'audience est pour moi très relative, et que les lecteurs soient dix, cent, mille ou un million, cela ne changera en rien le caractère initial de ces quelques pages : parler comics pour les passionnés, par un passionné. Point Barre.
Mais ce samedi, j'ai appris que je suis aussi sexiste. Enfin, pas moi, mais UniversComics. Ce qui revient au même, car je suis seul à poster et modérer la page Facebook. La raison : avoir présenté, comme cela se fait plusieurs fois par jour, un dessin de Mitch Foust, représentant Malicia. Juste une oeuvre crayonnée (celle qui ouvre cet article), très réussie à mon avis, qui n'est ni vulgaire ni obscène. Mais Gaston commente et tire sa révérence avec ces quelques mots : Un chef-d'oeuvre ? Catégorie "femme-objet", alors. Décidément, environnement trop sexiste pour moi. Dommage.
Je ne pense vraiment pas avoir présenté ce dessin pour le plaisir de montrer une "femme objet". Objet de quoi, par ailleurs? De désirs masculins? Objet du désir de savoir dessiner aussi bien, si on regarde ça avec des yeux d'esthètes du dessin? Et par ailleurs, dans la première hypothèse, les lectrices de comic-books n'ont-elles pas non plus souvent l'impression de voir des "hommes objets" dont la masculinité et l'érotisme suintent de tous leurs muscles? Ou bien est-ce seulement de la bd, et il faudrait donc se calmer, et la voir pour ce qu'elle est, et rien de plus.
Voilà ce que j'ai répondu à Gaston-Ton La Bise : Je n'ai jamais vu de lecteurs réagir quand Wolverine apparaît torse nu ou un héros bien musclé se retrouve le costume déchiré en gros plan, les muscles bien saillants. Je ne pense pas que vouloir représenter une femme physiquement attirante dans une pose ou une tenue dite "sexy" soit du sexisme forcément, mais peut être tout simplement un beau dessin, à prendre pour ce qu'il est, un éclair de beauté sur le moment, une prouesse avec les crayons (personellement ce genre de dessins je ne sais pas faire) mais encore Mais ainsi va le monde aujourd'hui : la bien pensance voudrait nous dire quoi manger, comment, que penser, que dire, que dessiner (Apple vient encore de donner l'exemple avec le dernier numéro de Saga). Je respecte les opinions de tout le monde et m'efforce de les comprendre, mais taxer tout dessin de ce type de "sexiste" me semble hors sujet. Arrêtons de dessiner les héros en collant moulant car c'est "machiste". Arrêtons de dessiner Iron Man ou Cap America car cest "impérialiste". Arrêtons de dessiner le Punisher car c'est "fasciste " et de toute façons trop violent. Cessons de dessiner Wonder Woman ou alors avec un costume qui la recouvre des pieds à la tête car c'est trop sexiste. Cessons de lire The Boys car c'est immoral et pornographique... Et si parfois une oeuvre d'art (un dessin, une bd...) était juste à prendre et à savourer pour ce qu'elle ou il est, sans se préoccuper de sa portée morale, dans notre société très aseptisée?
Une chose doit être claire : je n'utilise pas cet espace pour montrer Gaston du doigt ou pour me gausser, loin de là. Je le salue d'ailleurs au passage, en espérant qu'il lise ces quelques lignes et qu'il ne se prive pas de la lecture de ces articles quotidiens, juste parce que certaines images ne correspondent pas à l'image qu'il se fait de la femme. Non, je publie cela afin de vous demander votre avis. Comment voyez-vous ces dessins publiés régulièrement, où une héroïne apparaît à son avantage, physiquement, sachant qu'aucune pose ouvertement sexuelle est systématiquement bannie de la page, et que je censure moi même toutes les oeuvres trop vulgaires et gratuitement aguicheuses? Avez-vous l'impression que le lecteur de comic-books est sexiste? Est-ce une façon détourner pour considérer la femme comme un objet, et qu'en pensent nos lectrices, qui voient à longueur de pages ce genre de créatures, mais aussi encore plus d'homme testostéronés et pas forcément très vêtus? Je lance le débat et vous invite à réagir. Tout en vous remerciant pour votre fidélité au blog et à la page FB, bonne semaine!
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UNIVERSCOMICS LE MAG' 46 Octobre 2024 / 60 pages / gratuit Disponible ici (lecture + téléchargement) : https://madmagz.app/fr/viewer/...
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UniversComics Le Mag' 45 Septembre 2024 84 pages Dispo ici : https://www.facebook.com/groups/universcomicslemag/permalink/1049493353253...