SEVERED DE SCOTT SNYDER : DU SERIAL-KILLER CHEZ URBAN COMICS


Le contenu :
Scott Snyder n'est pas que l'auteur à succès du Batman New 52, c'est entendu. Nous le retrouvons ici chez Image (et Urban pour la Vf) pour une série pleine d'effroi et de frissons garantis. L'histoire est située en 1916, une autre période noire pour l'économie (la crise actuelle n'est pas même la plus violente) au point que de nombreux américains décidèrent de partir tenter l'aventure comme des vagabonds de train en train, à travers le pays, subsistant comme ils le purent. C'est la réalité de ces hoboes (vagabonds vivant d'expédients et se cachant dans des trains de marchandise) qui est à la source de cette oeuvre de Snyder. Nous suivons en particulier Jack Garron, jeune garçon qui a été adopté et à comme talent celui de jouer du violon. Son vrai père est un musicien, et Jack décide que le moment est venu de le retrouver. D'ailleurs, durant le récit apparaissent des lettres apparemment écrites par ce dernier, qui prouvent son désir également de retrouvailles. Durant ses aventures, Jack rencontre un autre jeune comme lui, Sam (qui est en réalité une fille qui cache son véritable sexe pour éviter d'avoir de gros ennuis) et les deux compères vont devenir inséparables. Jusqu'à une autre rencontre particulière avec un individu qui décide de prendre en main leur destin, spécialement celui de Jack Garron. Sam, probablement à la recherche d'une figure paternelle, se rapproche aussi peu à peu de cet homme mystérieux, lui révèle ses peurs, ses rêves et aspirations. Le récit, d'abord tranquille et relâché, se couvre peu à peu d'une tension évidente. Et si l'inconnu avait en fait un lien avec le père de Jack? S'il n'était pas qui il semble être, mais un ... cannibale? 

Notre opinion :
Snyder n'est pas seul aux commandes, mais en duo avec Scott Tuft, avec qui il tisse un récit macabre qui parvient à captiver l'attention du lecteur dès la première page. La qualité littéraire des textes, la construction remarquable des dialogues est à noter. Ici le frisson est avant tout implicite : nul besoin de montrer des scènes sanguinolentes ou de crimes à effet pour faire monter la sauce, tout est suggéré et caressé, jusqu'à la vraie déflagration finale. Cet album, qui plante ses racines dans la fascination et la préoccupation des américains pour la figure du serial-killer, presque une spécialité locale, enquête aussi sur les déviances et les perversions du mythe stars and stripes, qui cache une grosse part d'ombre. Aux dessins Attila Futaki (qui n'est pas le roi des Huns, non) propose des planches de toute beauté, qui jouent sur des tonalités sombres et allusives. Que ce soient les ruelles et la pénombre des grandes villes, les vues intérieures des maisons américaines, les souterrains pleins de cadavres, où le regard de l'assassin qui se trouble et trahit sa perversité, tout contribue à instaurer ce sentiment malsain que quelque chose cloche, que la malaise est au coin de l'aventure. L'ombre domine dans cette Bd qui a assurément un indéniable aspect impressionniste à ne pas négliger. A recommander tout particulièrement à ceux qui désirent faire une pause dans ces histoires de super-héros encapés, ou de zombies endimanchés, pour passer à quelque chose de plus rassurant : un bon vieux tueur en série made in Usa. Une parution de qualité, soignée, travaillée. 


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