WONDER WOMAN REBIRTH : CRISE D'IDENTITE POUR L'AMAZONE

Le moins que l'on puisse dire c'est que si vous aimez l'action et que vous cherchez un numéro explosif à vous mettre sous la dent, il vaut mieux passer votre chemin, et ne pas trop compter sur ce Wonder Woman Rebirth. Pour les autres, ceux qui le savent et ne sont pas rebutés, voici donc ce que vous a mijoté Greg Rucka : bienvenue dans la métaphysique appliqué au comics. Qui est donc réellement Wonder Woman? Une ambassadrice de la paix ou une princesse guerrière, digne successeur de Arès? Nous tentons de le découvrir au fil des pages, avec une amazone qui n'hésite pas à se soumettre à l'épreuve du lasso de vérité, pour en savoir plus sur ce qu'elle est. Pour une fois je ne risque pas de vous ennuyer avec de fastidieux spoilers car il n'y a pas grand-chose à apprendre. Ce numéro est une mise en bouche pour nous expliquer que Wonder Woman perçoit des variations subtiles et anormales de la réalité, et de comment devraient être les choses. Elle décide bien entendu d'enquêter et d'aller découvrir ce qui se cache derrière ces mensonges (qui concernent aussi son identité) mais ce sera le menu des mois prochains, et pour l'instant nous n'en savons absolument rien. Rucka parvient à transmettre la voix et les pensées de l'héroïne, qui se (re)découvre en même temps que le lecteur. Certains moments sont poétiques, touchants, ou en tous les cas bien dépeints; il est indéniable que l'écriture du scénariste fonctionne et nous régale une pause intéressante et introspective, permettant de faire le point après les événements bourrins commis par le couple Finch. 
Au niveau du dessin nous avons deux artistes fort différents. Tout d'abord Matthew Clark qui hésite entre un style propre à Terry Dodson ou à Yanick Paquette, avec des silhouettes tour à tour très élégantes ou légèrement maladroites. C'est assez beau mais ça manque encore de constance. Ensuite Liam Sharp qui nous fait vaguement penser à David Finch, avec des planches encrés lourdement, solennelles, bien plus sombres, qui semblent plus adaptées à un récit dramatique mettant en scène des dieux et des décors mythologiques. Je me pose d'ailleurs souvent la question : pourquoi avoir besoin de 2 dessinateurs différents pour achever une vingtaine de pages, lorsque le scénario ne l'exige pas explicitement? Ici par exemple je comprends le pourquoi de la transition, mais nous pouvions très bien nous en passer. En tous les cas l'avenir de la belle amazone est encore nébuleux, et ce numéro Rebirth et uniquement un apéritif de ce qui nous attend dans les prochaines semaines. Le mystère plane, encore heureux que la suite arrive dans quinze jours car l'impression est d'être actuellement en mode pause.


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(ALL-NEW) WOLVERINE & THE X-MEN : X-23 ET OLD MAN LOGAN ASSURENT L'HERITAGE

Wolverine a beau être décédé, il n'en reste pas moins que son mensuel se porte bien, et qu'il mérite, selon toute probabilité, de finir largement sur le podium des sorties kiosque de Panini, pour le mois de juin. Au sommaire, deux versions de notre héros griffu. Sa remplaçante officielle, qui est aussi son clone féminin, et le Old Man Logan issu d'un futur possible, qui nous réconcilie avec le personnage.
Dans la série proprement intitulée All-New Wolverine, le costume est endossé (tout comme le patronyme) par celle qui est sa plus digne héritière,  la redoutable Laura Kinney (à savoir X-23). La jeune mutante a dompté ses penchants pour le crime et l'assassinat comme unique forme de riposte, et la voici prête à faire honneur à sa nouvelle dénomination, avec une première mission qui l'emmène du coté de Paris et de la Tour Eiffel. Les premiers cases font un drôle d'effet (un sniper, ça canarde...) après les tragiques événements des récents attentats, et les fusillades qui ont endeuillé la capitale, la France, le monde entier. Mais dans les comics, les bons s'imposent le plus clair du temps, et là l'assassin qui opère depuis la Tour va devoir apprendre à composer avec une mutante dotée d'un facteur auto-guérisseur, et d'une envie d'en découdre féroce. Le service après vente est assuré sous la forme d'une scène flash-back qui permet de comprendre que oui, Laura est bel et bien adoubée par Wolverine, le vrai, et permet de glisser un peu d'humour dans une situation qui relève plutôt du tragique. Des sourires, il y en a pas mal dans ces premiers numéros, avec la présence d'Angel (nouvelle nouvelle formule) et une romance naïve qui flotte dans l'air et cause quelques petits moments aussi embarrassants que sympathiques. Tom Taylor confirme son statut de scénariste fiable. A défaut de mettre en place minutieusement de longues fresques haletantes, il est bon et efficace dans l'immédiateté, quand il s'agit de monter à bord d'un titre et de sortir vite et bien un ou deux arcs narratifs dignes de ce nom. Ce qu'il offre là donne également envie d'aller lire la suite, avec une histoire accessible sans mal à tous les nouveaux lecteurs de passage. En plus les dessins de David Lopez et David Navarrot sont clairs et dynamiques, et collent au ton global de ce nouveau titre avec aisance. Rien de bien révolutionnaire ou de renversant dans le monde de Wolverinette, mais de quoi passer un bon quart d'heure avec une héroïne finalement assez attachante.


Sinon réjouissez-vous, le véritable Wolverine est de retour! Et non, je ne parle pas de ce mutant griffu que Charles Soule a transformé en statue d'adamantium dans un final pathétique et indigne de la longue carrière du personnage. Je parle du vrai Wolverine. Celui que les anciens lecteurs comme moi, de l'époque Lug et Semic, appelaient simplement Serval. Sauvage, animalesque, une force de la nature qu'il ne faut surtout pas déranger. Pas un directeur d'école ou un éducateur à la cool qui dispense des conseils zens. Une bête féroce et un homme, tout simplement, l'un étant indissociable de l'autre. Et si ce Wolverine là est de retour, c'est parce qu'en fait, il ne s'agit pas tout à fait de l'ancienne version récente, mais du Old Man Logan que nous avons retrouvé à l'occasion des Secret Wars. Jeff Lemire ne dément pas ce que nous savons de lui, à savoir qu'il n'a pas son pareil pour rendre attachant un héros, ou un individu des plus communs, en quelques pages et deux trois idées phares. Ici, il ramène notre vieux Logan en plein Times Square, et ses souvenirs remontent peu à peu à la surface. Pas assez vite pour éviter le contact avec la police et d'éviter de s'enfuir comme un criminel, mais suffisamment pour que le lecteur comprenne bien ce qui se passe sous ses yeux, et à quel point les réjouissances vont être savoureuses. D'autant plus que c'est Andrea Sorrentino qui officie aux dessins. Bref, des pages expressionnistes, vivantes, violentes, agressives, qui explosent la rétine et suintent l'adrénaline par chaque case, avec un découpage cahotique et nerveux. Le récit s'articule autour de deux axes : le présent et le passé, avec un long flash-back qui permet de comprendre à quel point Logan aimait sa famille, son fils, et combien il tenait autrefois (c'est à dire dans le futur, pour notre temps...) à maintenir son voeu le plus cher, à savoir ne plus sortir les griffes et contenir la violence qu'il abrite. Mais tout ceci n'est plus valable dès lors qu'il a tout perdu, que la vie lui a servi les mauvaises cartes, tout en lui offrant une chance inattendue; revenir dans le passé, avant que le monde devienne dingue, et pouvoir agir concrètement et changer le cours des choses. Ceci à sa manière, ce qui revient à dire faire du découpage industriel et chercher des noises à ceux qui un jour le brimeront et le trahiront, ceux qui vont devoir payer pour des actes pas encore accomplis, et le prix le plus élevé possible. C'est donc un classique moderne, chez les mutants, que de revenir en arrière dans le temps, et ou de se projeter dans le futur. Après les premiers X-Men qui ont intégrés notre ère temporelle, mettant à mal le Multiverse par la même occasion, voici la version désabusée et vieillissante (mais non moins dangereuse) de Wolverine qui vient combler le vide laissé par le triste sort qu'a connu le canadien de ces dames l'an passé. La grande différence résidant dans l'homme derrière cette décision. Lemire n'est pas Bendis, et s'il est moins glamour et incontournable pour les dirigeants de Marvel (pour le moment...) c'est un scénariste ultra doué qui fait mouche cette fois encore. Un titre à suivre absolument, qui contribue à rendre ce nouveau mensuel Panini indispensable pour ceux qui ont le gène X incorporé dans leur Adn de lecteur. 




GREEN LANTERNS REBIRTH / GREEN ARROW REBIRTH : LE VERT COULEUR DE LA RENAISSANCE

La couleur de la renaissance est le vert. Aujourd'hui double ration avec tout d'abord Green Lanterns. C'est le S à la fin qui devrait attirer votre attention... en effet il y a désormais plusieurs membres du corps des Green Lantern sur Terre. Une redondance qui va trouver une explication logique dans les prochains mois. En attendant, pleins phares sur Simon Baz qui avait quelque peu été mis de côté, après son apparition que vous avez suivi en VF dans les pages du défunt magazine Green Lantern saga. Le héros tente de mener une vie plus ou moins normale, mais doit faire face au racisme de ses voisins. En parallèle il est convoqué par son anneau pour affronter une épreuve factice, mise sur pied par Hal Jordan, afin de le tester et de vérifier sa capacité à travailler en équipe. Car Simon va devoir opérer en duo avec Jessica Cruz, la dernière recrue en date des Lanternes, qui a enfin réussi à dépasser sa peur atavique pour faire quelque chose de sa vie. Mais sera t-elle est la hauteur de la menace qui plane? Car un nouveau personnage doté d'un anneau formidable fait son apparition dans ces pages, et le corps des Red Lantern s'apprête à frapper contre la Terre. Les prochains numéros risquent d'être agités. Bonne surprise avec le dessinateur Ed Benes, qui ravira les amateurs de dessin réaliste et détaillé. Un des épigones de Jim Lee ou Mike Deodato, qui confirme que l'école brésilienne a un talent inné pour les anatomies. Geoff Johns et Sam Humphries ont bossé à quatre mains pour assurer la transition et produire ce numéro Rebirth censé présenter les enjeux pour l'univers des Green Lantern(s). Le problème, c'est que ces dernières années, tout (ou presque) semble avoir été dit. La grande menace censée menacer le cosmos tout entier est passée et domptée (Blackest Night), le first Lantern a été maîtrisé, bref si menace universelle il doit y avoir, il va falloir inventer et mettre en scène du lourd, du très lourd. J'ai un petit soupçon de lassitude avec Atrocitus et les Red Lantern. Eux aussi ont été amplement abordés durant les New 52 et je ne sais pas si j'ai encore envie de lire les mêmes histoires basées sur la rage et la difficulté de la contenir, sans en être consumé. La solution vient peut-être de Jessica Cruz. Il y a encore tellement de choses à dire, à aller creuser, avec cette nouvelle venue, que je serai bien aise de voir un membre féminin voler la vedette au reste du Corps et ses homologues masculins. Offrez lui une vie, une vraie, et une personnalité, et les lecteurs vous suivront. 


L'archer le plus célèbre de DC Comics a lui aussi droit à son titre Rebirth. Mais quel destin attends donc Green Arrow, qui a été embarqué ces dernières années dans des aventures d'une banalité affligeante, ou au contraire a bénéficié d'un sérieux coup de jeune, insufflé par des équipes dynamiques comme celle composée de Lemire et Sorrentino? Cette fois il semblerait que Benjamin Percy entende récupérer de nombreux éléments de la légende, tout en essayant de les insérer dans un contexte rénové. Une opération qui ne sera pas facile car il ne s'agit pas du tout d'un reboot ou d'un retour en arrière complet, mais d'une volonté de réactiver des pistes narratives abandonnées, mais réclamées par le lecteur. Le héros est ainsi toujours à Seattle, et il est aux prises avec une association de malfaiteurs qui opèrent sous terre, et capture des sans-abris pour les mettre en vente lors d'une espèce de foire aux enchères. Percy  montre en passant que Oliver Queen est un mec sympathique, et qu'il est même capable de s'occuper d'un gamin qui a eu le malheur de perdre sa mère dans l'affaire. Bon tout ceci est bien gentil, mais ça ne mange pas beaucoup de pain... ce qu'attendent les lecteurs c'est bien sur la relation entre Green Arrow et Black Canary, d'autant plus que c'est ce qu'il peut voir à l'écran dans la série télévisée du réseau CW. DC Comics se retrouve donc contraint de tenir compte de la situation, et rapproche à nouveau les deux amants. Nous voyons ainsi évoluer Oliver à travers les yeux de la belle héroïne, et si les deux se rejoignent véritablement à la fin de ce numéro, leur passé commun et tout les souvenirs restent occultés. Là, je ne comprends pas ce que compte faire DC avec certaines séries, à l'occasion de la renaissance de son univers. On ne revient pas totalement en arrière (Oliver et Dina en sont encore au stade de s'échanger leurs prénoms...), on a trop peur d'innover et de proposer quelque chose de différent, alors c'est une espèce de voie intermédiaire qui est choisie, un compromis qui me laisse perplexe. Aux dessins Otto Schmidt fait preuve d'un grand talent pour ce qui est de la mise en page, du storytelling, et pour créer du mouvement et de l'action; en contrepartie il ne faut pas être allergique à son style caricatural, car il est évident que son trait ne passera pas avec tout le monde. Bref voilà un titre que j'ai réellement envie de suivre, mais pour laquelle j'ai de sérieuses craintes.




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CIVIL WAR II #1 : LA REVIEW DE L'OUVERTURE DES HOSTILITES

Civil War (déjà) le retour. Après la version cinématographique, voici la revanche dans les comic-books. Et qui dit Civil War dit bien sur une opposition entre deux camps, pour des raisons d'ordre éthiques ou pratiques, qui divise si profondément les héros qu'ils en arrivent à se taper dessus comme des chiffonniers. Je plaisante à peine, car c'est de la crédibilité de cette dissension que dépendra tout le reste. La première fois, il avait fallu un carnage dans une école pour que la communauté super-héroïque se crêpe le chignon. Cette fois, tout le monde semble solidaire dans les premières pages, quand il s'agit de repousser la menace cosmique d'un Céleste qui a débarqué sur Terre, et qui ne nous veut pas que du bien. Sa stature, son attitude, tout nous fait penser à la venue de Galactus, qui s'était rendu sur notre planète pour en faire son casse-croûte. Mais cette fois les héros sont sur le pied de guerre, unis et motivés, et ils ont un nouvel atout de poids, les Inhumains. Ces derniers, gouvernés par la sagesse et le sens pratique de Medusa, ont un sacré bonus dans leur manche, un jeune homme dont les dons sont apparus après la diffusion du célèbre nuage terrigène, et qui semble en mesure de pouvoir prédire le futur, en tout du moins d'en percevoir les pire moments, et de pouvoir ainsi les anticiper. Une manière pro-active d'éviter les soucis à venir. On se croirait dans un remake de Minority Report, mais ça passe assez bien car les dialogues et l'écriture de Bendis semblent inspirés et font mouche, avec un naturel évident. Là où ce numéro un s'emballe et commence à perdre quelques lecteurs tatillons, c'est quand un des proches de Tony Stark s'enrôle en douce dans l'équipe de Carol Danvers, pour s'en aller stopper Thanos, dans ses mauvaises oeuvres. S'ils savent que le titan prépare un mauvais coup, c'est grâce à Ulysses et ses pouvoirs déjà évoqués d'anticiper l'avenir. Seulement voilà, à vouloir changer le cours des choses sans se concerter, on peut y laisser des plumes... Bilan des courses, un premier mort à déplorer (un personnage que nous connaissons depuis des décennies, ce qui va provoquer la deuil et la colère noire de Stark) et un autre Avenger parmi les plus puissants qui ne va guère mieux et pourrait même ne jamais remarcher. 


Du coup Iron Man et Captain Marvel vont être les fers de lance de la grande division à venir. Et pour mettre ça en image, Marvel a confié son bébé à David Marquez, en lui donnant le temps et les moyens de livrer le meilleur de lui-même, ce qu'il fait avec une minutie et un sens du spectacle rassurant. Cette Civil War là est entre de bons crayons, c'est évident. Mon avis tout personnel? Il y a de bonnes choses dans ce premier numéro, mais aussi un étrange sentiment de hâte, les caractères sont un peu forcés et certaines réactions pas toujours très justifiables (Stark était déjà bien méfiant et prompt à s'emporter, dès lors que les Inhumains lui ont présenté leur nouveau protégé. Bois moins de café l'ami...). Tout n'est pas linéaire, clair, évident, et j'ai une grosse crainte, c'est que tout ceci  a été organisé à la hâte uniquement pour surfer sur le succès prévisible du film. Pour autant je le répète, ce n'est pas à jeter, loin de là. J'attends même de savoir qui seront les prochains à tomber avec curiosité. On annonce un sacré bodycount, un vrai, et même si la mort se soigne très bien chez Marvel, ça ne peut que provoquer quelques frissons. Ou pas? 


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LADY MECHANIKA TOME 1 : LE MYSTERE DU CORPS MECANIQUE (Glénat Comics)

Si je vous dis un personnage à la recherche de sa véritable identité et de son passé, dont l'humanité même est remise en question, à cause notamment d'appendices mécaniques implantés en place des bras, vous me répondez Wolverine? Et bien sûr vous auriez complètement tort, car ce sont les caractéristiques de Lady Mechanika, qui nous plonge dans un univers que nous qualifierons de steampunk, à défaut d'autres adjectifs qui nous viennent à l'esprit. Il s'agit d'une détective qui fut autrefois victime d'expériences cruelles, qui l'ont marquée dans sa chair, la transformant ainsi en une créature particulièrement jolie et en partie mécanique. Considérée comme une aventurière et inspirant la méfiance à ceux qui la croisent, la jeune femme a des atouts de charme loin d'être anodins. On la découvre engoncée dans son corset et perchée sur ses bottes à talons, mais elle est aussi munie de tout un attirail balistique qui force le respect. Si j'insiste autant sur sa plastique, c'est que les dessins de Joe Benitez jouent énormément sur cet aspect, sans pour autant céder à la tentation d'érotiser à l'extrême ses planches. Il est clair que les courbes de la Lady font partie des raisons qui pousseront le lecteur à se précipiter sur ce titre. La vraie raison scénaristique évidente c'est par contre l'enquête que mène notre héroïne pour comprendre d'où elle vient et ce qui lui est arrivée. Cette interrogation débute lorsqu'elle se retrouve face une autre créature victime d'expériences similaires, traquée par des chasseurs à la solde de Mr Blackpool. La petite victime n'a malheureusement aucune chance de s'en tirer, mais parvient, avant de se prendre une balle dans la tête, à attiser la curiosité de Lady Mechanika en ébauchant quelques révélations concernant les informations qu'elle désire plus que tout. L'univers qui se déploie devant nos yeux est sombre et déshumanisant, nous avons du mal à comprendre vraiment quelle est la personnalité et combien il reste d'humanité en Lady Mechanika... on la sent froide déterminée, et en même temps parfois on a l'impression de voir poindre des sentiments sous l'écorce rigide. Ajoutez à cela des dialogues fichtrement réjouissants pour les amateurs de belle langue littéraire et désuète, et vous obtenez un comic-book qui convoque une Angleterre victorienne fantasmée et rétro-futuriste, ce qui devrait éveiller l'intérêt de beaucoup. 


Allez, les intentions sont claires, Lady Mechanika est une enquêtrice badass, il ne faut pas la chercher. Elle est énigmatique, avec un regard rouge démoniaque, elle ne fait pas dans le sentimentalisme et la faible femme. Une héroïne forte, qui s'assume pleinement, et ne pleure pas sur son sort, sur ses drames. Benitez parvient assez habilement, et naturellement, à étoffer le cast en quelques dizaines de pages, en introduisant un inventeur allié de la Lady, qui plonge dans la bouteille pour oublier une douleur intime, une ancienne amie et compagne qui en fait n'en est pas une et revient pour cracher son mépris et sa haine, un camp de romanichels et ses occupants haut en couleurs, ou encore des ennemis puissants et machiavéliques qui trament dans l'ombre, pour des raisons encore obscures. Bref il y a suffisamment de matière pour vous donner envie de vous immerger dans un univers familier car souvent dépeint dans la science-fiction moderne, mais qui bénéficie d'un traitement fort soigné au niveau du dessin, et une mise en couleur sombre et cafardeuse à souhait, dans des tons sépias fort appropriés (merci Peter Stegeirwald). Cet album a pris son temps avant de débarquer en vf, chez Glénat Comics. le numéro 0 avait été produit à temps pour le New-York Comic Con d'octobre 2010, alors que le #1 est sorti en février 2011 et le #2 en juillet de la même année. Puis Benitez décida de quitter Aspen pour fonder sa propre étiquette, et ainsi empocher au passage le maximum des gains possibles, tant il était convaincu de pouvoir tenir là un hit particulièrement vendeur (probablement n'a t-il pas complètement tort). Le seul bémol que je placerais aujourd'hui n'a finalement rien à voir avec Lady Mechanika en soi, mais avec le buzz qui anime Internet ces derniers jours. comme s'il s'agissait d'un pur chef d'oeuvre, du comic-book de l'année, à ne pas perdre. Je le répète, la lecture est plaisante, le style soigné, l'achat justifié, mais ne vous attendez pas non plus à tenir entre les mains une série inoubliable qui bouleverse le lecteur et le prend par la peau du cou. Sympa, mais pas transcendant non plus. Ce tome 1 regroupe les épisodes 0 à 5 et le second volume est programmé pour octobre. 




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SUPERMAN REBIRTH #1 : SUPERMAN IS DEAD, SUPERMAN IS BACK

Le paradoxe amusant est que même si cette parution s'appelle Rebirth, son personnage principal -Superman- est lui tout ce qu'il y a de plus mort! Lana Lang a beau se désespérer et tenter de récupérer le cadavre, pour maintenir sa promesse de l'enterrer dans le jardin des époux Kent, le monde entier ne peut que pleurer la perte du plus grand super héros de tous les temps, qui s'est sacrifié pour le bien commun. Alors qui est donc cet autre Superman, qui débarque pour prêter main-forte à Lana, et prétend que rien n'est perdu et que le défunt pourrait bien revenir rapidement à l'existence? Mais bon sang c'est bien sûr, il s'agit du Superman barbu, à savoir la version d'avant cette folie des New 52, ou encore celle qui est en couple avec Loïs Lane et qui est le père d'un enfant! Force est d'admettre que ce Superman là s'y connait pour ce qui est de mourir et de renaître. Rappelez-vous, c'est celui qui a été battu sauvagement par Doomsday, monstre alien qu'il a finalement réussi à maîtriser et terrasser, au prix du sacrifice le plus grand. Si lui est revenu parmi nous, pourquoi sa version alternative ne le ferait pas non plus?  C'est un peu cela l'espoir fou qui transparaît à travers Superman Rebirth. On attend de savoir si le mort va se reprendre, et puis les pages passent, et alors on finit par pleurer. Peter Tomasi arrive donc sur le titre avec pour mission de rendre à nouveau attachant et passionnant un héros légendaire et iconique, qui n'a pas toujours été à la fête ces dernières années. Les bonnes intentions étaient bien là, mais très souvent cela se terminait en eau de boudin. L'Homme d'Acier est vraisemblablement un de ceux qui ont le plus eu de mal à trouver une véritable identité lors de ces 5 dernières années. Une nouvelle chance lui est donc donnée, qui prend tout de même l'allure d'un sérieux retour en arrière comme une admission patente de fautes commises. Le dialogue entre Lana et son super ami est bien tourné, et le discours sur l'espoir que fait naître une figure aussi légendaire, les attentes et les grandes aspirations qu'il incarne, est touchant et crédible. On peut aussi comprendre que l'avenir sera une tâche lourde et indésirée pour le nouveau-ancien Superman, qui avait tout fait ces dernières années pour rester le plus discret possible, durant les New 52 (il était là dans l'ombre) et qui va devoir reprendre le manteau de l'héroïsme, avec en plus une progéniture à gérer. Doug Mahnke fait du boulot sérieux au dessin, notamment en caractérisant à merveille notre sauveur malgrè lui, plus massif et sauvage que son alter ego défunt, subitement plus charismatique, en quelques cases à peine. Son trait est un peu dur, figé, mais il est opportun de signaler que les planches sont bien construites, épiques, et chargées en souvenirs, avec de nombreuses scènes tirées de la légende, qui font qu'on réalise assez vite que oui, le vrai Superman nous manquait. Welcome Back! 



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(ALL-NEW) SPIDER-MAN 1 : LE NOUVEAU MENSUEL PANINI "ALL-NEW ALL-DIFFERENT"

Nous en avons ainsi fini avec Secret Wars, dans les différentes revues Vf éditées chez Panini. Place donc à un univers Marvel remanié, portant le titre prometteur mais partiellement erroné de All-New All-Different. Si les changements sont parfois d'ordre cosmétique, ou pas si évident au premier abord, ce n'est pas le cas de l'univers du tisseur de toile, puisque le quotidien de Peter Parker est bouleversé, et que Miles Morales, la version héritée de la série Ultimate Spider-Man, fait désormais partie de l'univers traditionnel Marvel. On embarque donc ensemble pour aller jeter un oeil à ce mensuel tout frais sorti dans vos kiosques.
Première surprise, notre héros est au Japon, pour s'occuper des problèmes que rencontre sa filiale au pays du soleil levant. Au volant d'un bolide ultra moderne, capable même de changer de forme (à la Transformers) pour être plus efficace contre le méchant de service (un des membres du Zodiaque), il devise agréablement avec Bobby Morse, son agent de liaison avec le Shield et Nick Fury. Plus tard, lors d'une conférence de presse, il présentera ses nouveaux projets et son souhait de créer une fondation digne des plus grands philanthropes. Et on verra à ses cotés son garde du corps, un super-héros bien connu car membre des Avengers. Jusque là, c'est assez banal, voire même ennuyeux, pour un épisode d'Iron Man. Sauf que ... Tony Stark n'a rien à voir avec tout ça, et que le héros de l'histoire n'est autre que le All-New All-Different Peter Parker. Et bien oui, à force de le présenter comme un gamin attardé et complexé, qui a du mal à payer son loyer tout en ayant inventé la formule d'un fluide révolutionnaire à l'âge où d'autres entrent en sixième au collège, on avait finit par perdre de vue l'incohérence... Le problème, c'est que le virage est brutal. Certes on avait vu Peter devenir son propre patron, et gagner beaucoup d'argent. Certes lorsque Octopus s'est substitué à lui pour devenir le Superior Spider-Man, nous avons compris qu'un vrai retour en arrière était impossible pour le personnage... Mais là, ce Parker là, cet ersatz de Tony Stark (même Dan Slott plaisante sur le sujet, comme pour s'excuser ou en rire également?), c'est tout de même fort de café.  Ce numéro un est porté sur l'action, avec des débuts en trombe, au volant d'une Spider-Mobile dernier cri, avec un Spidey qui s'auto-tune quand il pousse la chansonnette... On appréciera les dessins de Giuseppe Camuncoli qui sont de belle facture, sans baisse de régime, avec juste un bémol pour la mise en couleurs un poil trop flashy sur certaines planches. Bref, de quoi réjouir nombre d'entre vous, et en ulcérer d'autres. The Amazing Spider-Man quitte sa zone de confort pour entrer en territoire inconnu... vers quels horizons? 


Finalement si vous souhaitez lire des aventures plus traditionnelles de Spider-Man, il faudra suivre la série régulière qui porte le titre laconique du héros, et rien d'autre. Car celle-ci est l'oeuvre de Brian Bendis, ce qui signifie qu'il faut apprécier de nombreux passages dialogués fort naturels, qui calquent le rythme de ce que l'on voit parfois dans certaines séries télévisées. Il faut admettre que le scénariste a très bien intégré les caractéristiques du personnage (Miles Morales) qu'il a accompagné dès ses tout premiers pas. Le nouveau Spider-Man est fichtrement bien écrit, sa vie ressemble fort à celle qu'avait Peter Parker lors des premières années de son existence, son quotidien est partagé entre l'école et de fréquentes disparitions en plein milieu des cours, et l'apprentissage du super héroïsme, quitte à affronter des adversaires bien plus puissants que lui, qui parviennent même à mettre minable l'équipe des Avengers. Vous le verrez, il s'agit de la série la plus rafraîchissante et dynamique du mensuel. Je la trouve basique, classique, et en même temps moderne dans le ton. A noter que les dessins de Sara Pichelli sont aussi très très bons avec une remarquable maîtrise des anatomies et de la position des personnages dans l'espace.
Peter David et Will Sliney sont eux aux commandes du nouveau titre Spider-Man 2099, qui avait eu tendance, il y a quelques mois, à trop s'éloigner des caractéristiques premières, et des ambiances habituelles, qui avaient grandement contribué au succès de ce héros du futur (lui aussi venu rendre visite à notre présent). Miguel O'Hara est arrivé à notre ère pour empêcher que son propre présent (notre lointain futur) ne se transforme en une gigantesque tragédie. Mais pour le moment rien n'y fait, alors pour gagner sa croûte, il bosse aux ordres de Parker Industries, et participe à une émission de télé réalité où il s'agit de remporter des épreuves physiques dignes d'un vrai ninja américain. Ce qu'il fait sans aucune difficulté, et sans craindre de révéler ses pouvoirs fabuleux au public, tant sa performance est suspecte... La série démarre relativement bien, avec humour et légèreté, et ce qu'il faut de drame intime en fin d'épisode, pour corser l'ensemble. A noter que Spidey 2099 ne porte pas son costume, pour le moment. A vous de juger sur pièces ce mensuel, qui à mon sens vaut l'achat, ne serait-ce que pour son capital sympathie, et le titre de Bendis et Pichelli qui me séduit vraiment. 




JUSTICE LEAGUE LA SAGA DE RED TORNADO (DC PAPERBACK)

 Brad Meltzer n’a pas seulement relancé la Justice League en 2006 avec The Tornado’s Path ( la saga de Red Tornado pour Urban) : il a voulu...