BAD MOTHER : NE TOUCHEZ PAS À SA FILLE (AWA UPSHOT / PANINI COMICS)


 Le parallélisme entre Bad Mother et la série télévisée Breaking Bad est assez évident; du reste même l'éditeur américain AWA upshot joue sur la similitude. Il faut dire que le point de départ est un peu le même, à savoir une plongée dans la radicalité, pour un individu lambda que rien ne destinait à devenir une sorte d'anti-héros borderline, au comportement totalement imprévisible. Certes Walter White, atteint d'un cancer, est un professeur de lycée particulièrement humble et effacé qui devient une pourriture, qui empoisonne les jeunes de la ville avec des substances stupéfiantes d'une pureté inégalée. Ici April Walters est une femme beaucoup plus tranquille et aux valeurs plus solides; il n'est pas question de donner dans la criminalité, mais tout simplement de trouver des ressources impensables pour sauver sa fille des griffes de ses ravisseurs. Revenons quelques peu en arrière! Tout d'abord, qui est April? Une mère de famille presque invisible, dont le mari est toujours absent pour des raisons professionnelles. Sa présence se résume intelligemment dans ces pages à un répondeur téléphonique et une vague conversation, toujours par téléphone, juste à la fin. April a un jeune fils qui fait des caprices et une fille en pleine crise d'adolescence, qui n'est pas simple à gérer. Physiquement elle n'a rien de la plastique habituelle des héroïnes de bande dessinée, notre mère au foyer a d'ailleurs un peu trop de poids, ce qui lui empêche de trouver un jeans à sa taille, dans les magasins de vêtements, et lorsqu'elle est victime d'une prise d'otages dans une épicerie, les ravisseurs préfèrent mettre la main sur une bimbo blondasse plutôt que sur cette ménagère qui n'attire pas le regard. Par contre, sa fille prénommée Taylor est une jolie créature en devenir, mais elle s'est mise dans de mauvais draps, à préférer fréquenter les mauvais garçons plutôt que de tout miser sur ses études; et là elle a fait fort, puisque sa dernière relation en date n'est d'autre que un petit voyou qui va l'amener à se confronter avec la famille de l'organisation criminelle la plus redoutable et impitoyable de la ville, dirigée de main de maîtresse par une femme que rien e fait reculer. Une sombre histoire d'enlèvement, de fille abusées, bref une fois que le premier domino est tombé, la chute vertigineuse vers la violence absolue et le désespoir est enclenchée. Taylor est enlevé, et la mère se retrouve bien désemparée au moment de passer à l'action, puisque même la police ne semble pas très intéressée par sa déposition!


Pourtant April habite ce genre de bourgade tranquille qui fait la fierté des américains, et le sel de certaines séries à succès comme Desperate Housewifes, par exemple. Mais derrière l'ambiance feutrée des familles modèles, se cache quelque chose de beaucoup plus sinistre, qui ici englobe toute la communauté, de ceux qui sont normalement chargés de faire régner l'ordre, à la jeunesse désœuvrée et fortunée.  Christa Faust, plus connue pour être une autrice de polars, signe dès lors une sorte de plongée en apnée, qui une fois entamée ne peut aboutir qu'en touchant réellement le fond. April doit tout d'abord comprendre ce qui s'est passé (les réseaux sociaux, et le mécanisme des interactions qui s'y nouent, sont présentés de manière convaincante) puis choisir un modus operandi assez puissant mais subtil (encore que...) pour parvenir à sauver sa fille. Elle se transforme donc en une sorte de McGyver domestique (elle a de la ressource, et sait bricoler) et se dote d'un caractère inflexible, ne reculant devant rien pour accomplir sa mission, jusqu'à un climax délicieux, autour d'une table, où les paroles sont des couteaux, et le moindre geste l'étincelle qui peut mettre le feu aux poudres. Mike Deodato est en charge du dessin, lui qui officie désormais surtout chez AWA, où il semble avoir trouvé un habitat naturel de premier ordre. Son style est éprouvé; il livre des planches très réalistes, avec une scansion du rythme particulière, ces grandes vignettes elles-mêmes fragmentées en différents segments, et un soin évident apporté aux détails et aux visages. Bad Mother est en définitive le genre de lecture plutôt rapide, car ne débordant pas d'explications ou d'introspection, mais qui choisit de foncer bille en tête vers sa conclusion, tout en faisant vibrer le lecteur, pris dans la toile et concentré sur le moyen d'en servir indemne, tout en sachant très bien qu'il va y avoir de la casse, tôt ou tard. Inéluctable et violent, ce Bad Mother se suffit à lui seul, récit en cinq parties qui forme un des one shot explosifs de l'été, chez Panini Comics. 

BLACK WIDOW : LE FILM SUPER-HÉROÏQUE D'ESPIONNAGE


   Même si cette règle est niée par tous les économistes dingos qui régissent le destin de notre planète, la croissance continue et exponentielle, la surenchère permanente, ce n'est pas possible, physiologiquement parlant. Du coup, que devient l'univers cinématographique Marvel, après le point d'orgue que fut Avengers : Endgame, et son lot de preux chevaliers tombés au champ d'honneur? Comment raviver la franchise de manière convaincante? Et en parallèle, comment ramener Black Widow à l'écran, puisqu'elle fait partie des pions sacrifiés sur l'autel du carnage de Thanos? La réponse à ces deux questions est un voyage dans le passé. Cette fois, nous n'aurons cependant pas besoin des pierres de l'infini ou de passage à travers le royaume quantique. En fait, Black Widow (le film) a des ambitions un peu plus modestes, et se contente de narrer un angle mort de la vie de la belle super espionne. Non seulement ses origines (ce qui restait à faire), mais aussi son histoire, sa "fuite" au lendemain de Captain America : Civil War, lorsqu'elle s'est retrouvée fugitive, proie du gouvernement américain, pour son soutien indéfectible à Steve Rogers. Du coup, Black Widow s'écarte stylistiquement du reste du MCU, tout particulièrement des volets plus récents, pour être un long métrage qui a plus en commun avec les films d'espionnage (James Bond) que les films de super-héros de ses copains Vengeurs. N'eut été la présence de personnages et de références narratives déjà connus, on aurait pu se croire devant un épisode de la saga Jason Bourne mâtinée de guerre froide, un ingrédient qui ne passe jamais de mode dans l'inconscient collectif américain. Le produit fini est donc un travail qui élargit la perspective de l'univers Marvel au cinéma, qui ouvre de nouvelles voies. Ces dernières années, beaucoup ont craint le risque de lassitude du public en raison de la pléthore de productions consacrées aux super-héros. Black Widow démontre qu'il est possible de changer de cap en présentant une vision différente, une approche qui pourrait être la clé pour maintenir son attractivité auprès des téléspectateurs, déjà expérimentée avec succès au format série, sur Disney + (Falcon and the Winter Soldier et son discours sur le terrorisme et le déplacement massif de populations). En plus, Scarlett Johansson, et ce n'est pas une révélation, incarne à la perfection cette espionne ultra douée, physiquement très épanouie et attirante, à tel point qu'il est impensable d'imaginer une autre silhouette que la sienne dans le latex et le cuir qui lui siéent à ravir. Et ici elle bénéficie d'un couple d'acteurs de premier ordre, qui n'a pas à pâlir devant son expérience. David Harbour (dernier Hellboy en date) est un Red Guardian chargé d'assumer le rôle de l'histrion du film, un miroir déformé de sa version occidentale (Captain America) pour qui il parait nourrir une petite obsession. Que sa prestation soit de l'ordre de la plaisanterie assumée, c'est encore plus évident du fait qu'on lui demande d'adopter un accent russe improbable, que seul un Michel Leeb ou un Jean Roucas des grands soirs auraient pu imaginer. Le "couple" sur commande qu'il forme avec Rachel Weisz, autre actrice dont la prestation est convaincante, est le socle émotif qui donne un ancrage aux motivations de la Veuve Noire, mais aussi de sa soeur adoptive, qui partage ainsi les feux de la rampe. Yelena, mais qui es-tu donc? 



Le passé des deux vraies fausses sœurs est en fait une histoire violée, bafouée, puisque reposant sur un ensemble de petites fictions au service d'une grande idéologie totalitaire, avec en temps fort une pause salutaire et merveilleuse en Ohio. Tandis que les deux parents fictifs (deux agents double en terre américaine) réalisent leur mission, les petites Natasha et Yelena ont un aperçu de ce que serait l'enfance normale, la famille, qui sera le seul élément susceptible de les sauver à l'âge adulte, quand elle parviendront à se défaire de l'emprise du conditionnement quotidien du KGB. Natasha a déserté, est passée à l'ouest, a intégré les Avengers, c'est un coussin émotionnel, aussi à l'aise dans le combat que dans l'empathie, c'est une rescapée. Yelena n'a pas eu cette chance, et le contrôle exercée sur elle par ses supérieurs n'est anéanti que par un concours de circonstances, l'amenant à reprendre possession de son existence sans avoir acquis une confiance et une assurance en l'ordre naturel des choses, qui la pousse à adopter une attitude et des méthodes plus radicales et sarcastiques. Du coup le duo avec "sa sœur" n'en est que plus savoureux, et les deux personnages fonctionnent bien au contact l'une de l'autre. Vingt ans ont passé, et deux décennies, cela peut annuler tout et son contraire, dissoudre tout espoir d'humanité et de rédemption, toute capacité de croire encore en une vie, privée de chaînes. Normalement, il en serait ainsi, ou tout du moins il faudrait bien du temps à la captive pour appréhender le nouveau monde qui s'ouvre devant elle. Mais ce serait ignorer la grande force suprême qui régit l'univers, ou plus humblement le crédo moralisateur et familial de Disney (donc Marvel) qu'est l'amour. Tout est possible, quand on s'aime, du coup même les parents fictifs, Alexei et Melina, ont peut-être encore une chance de raviver une flamme qui a brûlé autrefois pour des raisons d'état, et peut-être aussi pour d'autres raisons plus intimes. Dreykov, le grand vilain de cette histoire (lui aussi droit sorti d'un James Bond), ignore tout de cette puissance rédemptrice et pacificatrice, son univers est basé sur la conquête du pouvoir, à l'échelle planétaire, à travers le contrôle mental d'une myriade d'esclaves surentraînées, les fameuses Veuves, dont Natasha est la quintessence en action. Bien sûr, à travers la privation du libre arbitre, puis de la libération/catharsis, c'est aussi la condition des femmes qui est évoquée à l'écran, par ailleurs presque exclusivement occupé par des scènes de lutte et de bravoure au féminin, sans que jamais on ne regrette l'absence du masculin dopé à la testostérone. Les temps morts sont réduits à l'essentiel, les effets spéciaux plutôt convaincants et de fort impact (la grande scène à Budapest, par exemple) même si l'épuisant plongeon final et ses multiples rebondissements abandonne tout espoir de crédibilité narrative. Les fans du Marvel Universe des comics se réjouiront aussi avec la perfidie et la fureur de Taskmaster, un personnage revisité d'une façon intelligente et source d'un twist que je vous laisse le soin de découvrir sur grand écran (bon, on le sent venir de loin, pour être honnête), et ceux qui préfèrent les séries en cours sur Disney + seront choyés par une scène bonus qui fait le lien entre ce qu'on vient de voir, et ce qui nous attend très vite très bientôt. Le Black Widow de Cate Shortland est donc un film qu'on peut recommander sans trop hésiter, et qui parvient à exister même en dehors de son temps, en dépit des pandémies et d'un personnage phare censé être décédé. Sacrée Natasha! 

Pour tout savoir du personnage, chez Panini

LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : LA FILLE DU QUAI


 Dans le 101e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente La fille du quai, album que l'on doit au scénario conjoint d'Alexine et Fabrice Meddour et au dessin de ce dernier, édité chez Glénat. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La réédition de l'album Exil que l'on doit au scénario d'Henri Fabuel, au dessin de Jean-Marie Minguez et c'est édité chez Glénat

- La sortie de l'album Vague d'amour que l'on doit à François Ravard et aux éditions Glénat

- La sortie de l'album Les péripéties homologuées de Paul et Tom que l'on doit à Jacq et aux éditions La boite à bulles

- La sortie en librairie de l'album Arsène Lupin, les origines que l'on doit au scénario conjoint de Benoit Abtey et Pierre Deschodt, au dessin de Christophe Gaultier et c'est édité chez Rue de Sèvres

- la disponibilité en librairie d'une collection de 10 comics chez Marvel et Panini comics au prix de 5,90 euros mettant en scène les personnages de l'univers Marvel comme Spiderman, Daredevil, Thor ou encore l'incroyable Hulk

- La sortie le 15 juillet prochain d'Oscuro en Rosa, album que l'on doit à Tony Sandoval et aux éditions Glénat dans la collection Porn' Pop

 

 

LE MONDE DE FLASHPOINT TOME 1 : BATMAN (ET AUTRES GOTHAMERIES)


Le monde, dans sa version "Flashpoint" semble au bord de l'implosion, avec deux factions antagonistes (menées par Wonder Woman et Aquaman) qui sont en guerre, et ont déjà ravagé une grande partie de l'Europe. La reine des Amazones a conquis l'Angleterre alors que le Seigneur des mers a fait sombré le continent sous les flots. Tiens d'ailleurs, voici pour commencer la géopolitique à la sauce Flashpoint, telle qu'on peut la définir plus en détails.

La Grande-Bretagne et l'Irlande sont devenues des terres du nouvel empire de la reine Diana, sous le nom de «New Themyscira». Après l'invasion des Amazones, menée par Wonder Woman (qui est donc la reine), les populations locales ont été exterminées ou soumises. Une grande partie de l'Europe est sous le joug des forces de l'empereur Aquaman, souverain du peuple atlante. En générant artificiellement un tsunami, la majeure partie de la péninsule a été submergée. La partie sud de l'Afrique est sous la domination de Grodd (un gorille savant) et de son armée de primates. La péninsule arabique et les États du golfe Persique sont un protectorat mené par Black Adam. L'Inde est contrôlée par la multinationale dirigée par un méta-humain connu sous le nom de «Outsider». La Chine et une grande partie de l'Asie sont protégées par un super groupe appelé « The Great Twelve». Le Japon est une république protégée contre les tornades. L'Australie et le reste de l'Océanie se sont déclarés territoire neutre. L'Amérique du Sud est occupée par une dictature nazie basée au Brésil (jolie clairvoyance...) tandis que les États-Unis, le Canada et le Mexique sont (de manière tout à fait théorique) non alignés et neutres. Le gouvernement est toujours actif et surveille les différents champs de bataille à distance, tandis que le plus grand et célèbre des super-héros est Cyborg. Le cours de géographie est terminé, les pions sont placés sur la carte, on va pouvoir s'amuser.



Revenons à ce que nous allons appeler le "monde de Flashpoint"; c'est en effet sous cette appellation que Urban Comics replonge dans cet univers alternatif sous la forme de quatre albums, dans la collection Dc classique. Le premier volume est déjà disponible depuis quelques jours et il s'agit de mettre en avant les titres consacrés à l'univers de Batman, au sens large. Nous trouvons par exemple Knight of Vengeance, écrit par Brian Azzarello et dessiné par Eduardo Risso, une doublette d'artistes qui s'est spécialisée dans la réalisation de séries "noir" et qui ont mis le polar au centre de leurs préoccupations héroïques. Ce qui tombe bien car là aussi, il règne une atmosphère poisseuse dans ces pages, avec un Batman qui n'est autre que Thomas Wayne, et dont le fils a été assassiné à sa place, dans cet univers la; Un événement tragique qui a eu des répercussions dramatiques sur la psyché de sa femme Martha, au point de la pousser à endosser le rôle de son ennemi le plus intime, celui que nous connaissons sous le sobriquet de Joker. C'est une aventure particulièrement éprouvante avec certaines scènes vraiment cruelles et qui nécessitent de la part du lecteur une certaine ouverture d'esprit, car nous sommes assez loin du Batman traditionnel, et le twist qui nous amène à découvrir l'identité du Joker est très réussi. Cet album présente aussi une série consacrée à Deadman et les Grayson volants, l'occasion de savoir ce que devient Dick Grayson dans un univers où ses parents ne sont pas encore morts et où il exerce son métier de jeune trapéziste en compagnie de sa famille, mais aussi donc de Deadman. Pris dans le feu du conflit qui ravage l'Europe (ou ce qui en reste, pas encore submergé) les personnages vont se retrouver obligés de fuir puis mourir, les uns après les autres. C'est globalement une bonne histoire de J.T.Krul, d'autant plus que les dessins de Mikel Janin puis de Fabrizio Fiorentino sont fort agréables. Les trois épisodes suivants concernent Deathstroke et la malédiction du Ravageur, et ils sont un peu plus "rentre dedans". Nous embarquons à bord d'un navire pour une histoire de pirates en haute mer et là encore nous gérons les conséquences du conflit qui a ravagé la surface du globe. Si dans la mini-série précédente c'étaient les Amazones de Wonder Woman qui tenaient le rôle de grandes méchantes jusqu'au-boutiste, c'est ici Aquaman qui démontre toute sa cruauté. Le monde de Flashpoint est décidément implacable, et les titres annexes sont forcément crépusculaires, puisque la situation politique et sociale du globe est empreinte d'un chaos généralisé, d'une absence d'espoir. La dernière série présente dans ce premier tome chez Urban est très particulière, puisque Peter Milligan exhume le personnage de Shade, l'Homme Changeant, et qu'il met en place un récit ésotérique parfois difficile à suivre pour ceux qui sont rétifs ou simplement novices en la matière. Il y a néanmoins beaucoup d'idées et de folie dans ces pages et si on se laisse happer par le ton général, on peut avoir une très bonne surprise, même si le sujet est peu en accord avec le microcosme de Gotham, ou les trois propositions précédentes. Le prochain tome du "monde de Flashpoint" que proposera Urban Comics concernera les séries centrées principalement autour de l'univers de Green Lantern, et il est prévu pour la fin août. On attend aussi avec impatience celles consacrées à Superman, qui dans le monde de Flashpoint est détenu dans un centre expérimental et privé de la lumière du soleil, il végète alors sous la forme d'un être rachitique et vulnérable. Le contrepieds parfait à ce que nous connaissons, et une condition indispensable pour rendre crédible la situation durant Flashpoint, et expliquer pourquoi le personnage ne participe pas, ou ne tente pas de mettre fin, au conflit entre Altlantes et Amazones. Bref, tout n'est pas forcément d'un intérêt capital, ce qui est bien normal, quand on considère toute la production mensuelle, toutes les séries prises dans leur ensemble, mais il y a suffisamment de bonnes idées pour donner envie d'explorer plus en profondeur un univers narratif au fort potentiel, et trop rapidement effleuré jusqu'ici, dans sa transposition en français. Ce sont aussi les 10 ans de Flashpoint, et les 10 ans d'Urban Comics, raison de plus pour souffler les bougies avec ce premier tome! 



MARVEL : MERVEILLE - LE POUVOIR DES REVES (UNE BELLE ANTHOLOGIE MARVELIENNE)


Bien entendu, le titre peut induire en erreur, c'est même probablement la raison pour laquelle certains pourraient être déçus, en se procurant cet album. Il faut dire que Marvels, avec un S à la fin, fut une des parutions les plus abouties de toute l'histoire de la maison des idées, un chef-d'œuvre intemporel, que vous ne pouvez pas ignorer. Du coup à chaque fois qu'il est fait référence à cette pierre angulaire des comics, les attentes sont très élevées. Ici, Marvel sans S à la fin, n'entend pas se proposer comme une suite ou une préquelle, mais tout simplement comme un hommage à l'histoire de la maison d'édition éponyme, à l'occasion également de la grande célébration de ses 80 ans. Il n'y a donc pas un grand récit qui se développe à travers les six numéros de la mini-série, mais seulement -et c'est déjà beaucoup- un ensemble de petites histoires, dont la plupart oscille entre humour bienvenus et clins d'œil appuyés à des décennies de super-héroïsme. Pour relier le tout nous trouvons tout de même une sorte de fil conducteur, qui est par ailleurs réalisé par Alex Ross, dans le style photoréaliste qui explique en partie les grandes raisons du succès de Marvels. Dans cette passerelle narrative nous assistons à l'offensive de Cauchemar, qui est parvenu à emprisonner momentanément le Docteur Strange, et entend puiser dans les rêves de toute l'humanité pour accéder à la toute-puissance, voire même ensuite partir à l'assaut du cosmos. Il se trouve que cette matière onirique, royaume où tout est possible, correspond parfaitement à ce qu'a fait Marvel depuis désormais 80 ans, c'est-à-dire utiliser le matériau brut de l'imagination débridée, pour donner corps et voix à l'impossible, pour créer ces héros légendaires, dont les actes et les agissements relèvent déjà du mythe, en tout cas de l'émerveillement sans cesse renouvelé. Et pour parvenir à un ensemble qui reste cohérent, et en tous les cas très agréable à parcourir, il fallait faire appel à un nombre impressionnant de grands noms du dessin, qui ne sont pas d'ailleurs tous forcément très habitués à manipuler ce type de personnages. 




On trouve vraiment de très jolis hommages à l'intérieur de cet album qui vient de sortir chez Panini Comics, comme par exemple une histoire somptueusement dessinée par Lee Bermejo, où nous retrouvons le Silver Surfer aux prises avec le poids dramatique des souvenirs, quand tout semble perdu définitivement. Se rappeler, est-ce un don, ou ne vaudrait-il pas mieux tout oublier? Ou bien encore les peintures de Dan Brereton, qui nous emmène dans la salle des dangers, momentanément fermée pour travaux, ce qui occasionne chez les mutants qui attendent à l'entrée frictions et agacement, d'autant plus que Wolverine, qui venait à l'époque de rejoindre le groupe des X-Men, ne semble pas faire preuve d'un esprit d'équipe performant. Tout ceci nous l'avons déjà vu, nous le connaissons, nous en maîtrisons les codes, et c'est pour cela que ça fonctionne. De plus le prétexte des rêves de l'humanité, qui nourrissent Cauchemar, permettent de divaguer, de dire autre chose, ou tout du moins autrement, comme ce dialogue surprenant entre Spider-Man et Mary-Jane, concernant les problèmes économiques du couple face à la production trop abondante des toiles du héros, dont le coût de fabrication dépasse les bornes (de Saini et Espinosa, assurément étonnant). Notre vrai coup de cœur est "Beginnings" de Bill Sienkiewicz, avec Uatu, le Gardien, qui narre aux lecteurs, avec une ironie et un sarcasme d'extra-terrestre détaché et revenu de tout, le parcours d'un jeune garçon bien décidé à devenir dessinateur, en dépit des difficultés et des frustrations qu'un tel choix procurent, le long d'une existence. C'est un moment touchant, qui parlera à tous ceux qui savent ce que signifie prendre les crayons en main, et y confier une grande partie de sa propre subsistance. On peut rire ou sourire régulièrement dans les pages de Marvel (la pseudo attaque des monstres de Hilary Barta et Doug Rice est géniale), on peut aussi se rincer les rétines (Lucio Parrillo orchestre un duel Hulk Wolverine digne d'un Dell'Otto) ou tout bonnement hocher la tête, et se dire que oui, lire des comics, c'est merveilleux, comme le sous-entend le titre de ce recueil. Une passion, qu'on ne peut vivre pleinement que si on conserve une part de rêve et d'enthousiasme, ce qui est le message portant de ce Marvel. 

UNIVERSCOMICS LE MAG' #13 DE JUILLET 2021


 🔥🔥🔥 UniversComics Le Mag' #13 de juillet 2021

80 pages. Gratuit.

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FLASHPOINT et autres mondes parallèles

Au sommaire

🌎🌍🌏Le dossier : Voici le multiverse!

📚Autres univers, nos lectures recommandées

🟢#Loki : Agent des variations de soi. Avec Anthony Huard

⚡️ #Flashpoint Retour sur la saga qui fête ses 10 ans chez Urban Comics

🕷 #SpiderMan life story. Le récit d'une vie chez Panini Comics France avec Alexandre Chierchia

🎤 Interview : Carmine Di Giandomenico est notre invité du mois. Avec Filippo Marzo de Comics Reporter

📖Le cahier critique, retour sur un mois d'actu. Avec Sweet Tooth chez #Netflix mais aussi les sorties marquantes chez Delcourt Comics Drakoo Panini Comics et Urban Comics

🎨Le portfolio du mois de juillet

👀Preview : Fatale, intégrale chez Delcourt Comics. De #EdBrubaker #SeanPhilips

👉Focus sur Centaur Chronicles le projet un peu fou, arrivé à son quatrième volume, et expliqué par #JeanMichelFerragatti 

🔜Le guide de lecture, sélection d'albums VF à venir

Couverture de Phil Cho Digital Artist que nous remercions grandement!

Graphisme et look d'enfer signé the Mighty Benjamin Carret Art Page



LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : L'ÉTREINTE (LE CENTIÈME PODCAST)


 Dans le 100e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente L'étreinte, album que l'on doit au scénario de Jim et au dessin de Laurent Bonneau, édité chez Grand angle. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La remise du grand prix de la ville d'Angoulême à l'auteur américain Chris Ware

- La sortie de l'album Intense que l'on doit à Sole Otera et aux éditions Presque lune

- La réédition de l'album Moi je que l'on doit à Aude Picault et aux éditions Dargaud

- La sortie de l'album Balustrade et apagogie que l'on doit à Prims et aux éditions lapin

- La sortie de l'ouvrage Le Dalida noir que l'on doit à Tra'b et aux éditions Lapin

- La sortie de l'album Jules Verne, aux sources de l'imaginaire que l'on doit au scénario d'Olivier Sauzereau et au dessin de Wyllow

- L'arrivée en librairie d'une collection de 10 comics chez Urban comics au prix de 4,99 euros mettant en scène les personnages de l'univers DC comics comme Batman, le Joker ou Harley Quinn



 

 

ALL-NEW VENOM T1 : QUI DIABLE EST LE NOUVEAU VENOM ?

 Avec All-New Venom , Marvel joue une carte bien connue mais toujours efficace : transformer l’identité du porteur du symbiote en un jeu de ...