ALL-NEW X-MEN TOME 3 / THE SUPERIOR SPIDER-MAN TOME 3

Double petite review ce samedi, pour faire un point rapide sur les dernières sorties librairie consacrées aux séries targuées Marvel Now. On commence avec le troisième tome des All-New X-Men de Brian Bendis. Dans celui-ci, Cyclope débarque chez ceux qui le haïssent (ses anciens compagnons, avec qui c'est le grand froid depuis les événements de la fin de Avengers Vs X-Men)  pour entamer une campagne de recrutement parmi les jeunes élèves de l'académie Jean Grey. Qui va le rejoindre? Sa meilleure arme en ce sens, c'est encore la blonde Emma Frost et ses trois clones (les Stepford Cuckoos), sans oublier le parfum de dissension qui règne chez les étudiants et les premiers X-Men. Le jeune Scott est intègre et loin d'être disposé à céder, mais il n'en est pas de même pour un certain Warren Worthington. Bendis utilise alors pas moins de deux épisodes pour raconter la défection du jeune Angel, qui quitte le camp des utopistes et rejoint l'équipe de Scott Summers. Le pire, c'est que les raisons de ce revirement ne semblent pas très claires, hormis une vague impulsion juvénile. Bref, c'est de la décompression maximale, comme souvent chez le scénariste, même si l'ensemble reste agréable à lire grâce à la présence récurrente d'un humour évident, à des dialogues frétillants qui lorgnent du coté de la sitcom américaine, et aussi car le dessinateur, Stuart Immonen, a vraiment acquis une maestria sur son ouvrage qui en fait un des tous meilleurs, en ce moment, et ça ne se refuse pas. En parallèle, Mystique et sa bande passent à l'action et financent leur croisade à coups de cambriolages sanglants et la petite Jean Grey ne parvient pas à se retenir d'utiliser ses pouvoirs pour contraindre les siens à faire ce qu'elle souhaite (bonjour le libre arbitre)... On trouve également un peu de Lafuente au dessin, et il ne dépareille pas, loin de là. Sympatoche, sans être formidable. 


Faisons un tour aussi du coté du Superior Spider-Man. Le tome 3 est sorti le mois dernier. Dan Slott continue de nous raconter comment Otto Octavius, désormais maître du corps de feu Peter Parker, bouleverse la vie de l'ancien jeune homme tranquille, et fait de son alter ego en collants un tisseur supérieur. L'action est toujours le moteur de ce titre, avec notamment une visite au Raft, prison de haute sécurité, à l'occasion de ce qui devrait être l'exécution de Alistair Smythe,  l'anti-araignée qui est coupable de la mort de Marla, l'épouse de J.J.Jameson, maire de New-York. Ce dernier se retrouve au milieu d'un imbroglio périlleux quand les petits automates de Smythe se mettent en branle, et que les prisonniers du Raft (le Scorpion, le Vautour, Boomerang) sont eux aussi concernés! Sachez également que c'est dans ce tome 3 que nous en savons plus sur l'identité du Super Bouffon, et que les choses commencent à prendre une tournure plus précise. La série jongle avec les personnages secondaires de manière habile et divertissante, et bénéficie d'artistes dont le trait colle parfaitement bien à ce type de comic-books. Ramos (plus à présenter) et Camuncoli (très à l'aise depuis des années sur le tisseur) assurent le job à merveille. Annoncée dans la suspicion générale et décriée dès la sortie du premier numéro, Superior Spider-Man est avec le recul une grande bouffée d'oxygène et une récréation joviale et électrisante. A placer dans votre bédéthèque sans hésitation aucune. 



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DAREDEVIL TOME 1 : LE DIABLE DE CALIFORNIE

Les lecteurs Vf de longue date le savent, Daredevil est un personnage qui a beaucoup voyagé. De la vieille revue Strange à la Version Intégrale de chez Semic, du mensuel anthologique Marvel à Marvel Knights, de numéros hors-séries aux albums librairie, garder la piste du diable rouge n'est pas chose aisée. Avec l'arrivée de la nouvelle mouture targuée All-New Marvel Now, Daredevil retrouve la collection 100% Marvel qu'il a déjà fréquenté, pour un nouveau cycle d'aventures dépaysantes. Matt Murdock ayant finalement du révéler au monde entier, et en plein tribunal, le secret de sa double identité (restait-il un seul new-yorkais qui l'ignorait?), il a été rayé du barreau et a du prendre ses valises pour aller trouver refuge à San Francisco, en compagnie de sa nouvelle associée et compagne Kirsten McDuffie. Le voyage n'est pas de tout repos, puisqu'il trouve le temps d'un face à face impromptu avec un super adaptoïde défectueux, qui a échappé à son créateur, le Penseur Fou, pour vivre sa propre existence de faux être humain. Un épisode 0.1 qui permet à Mark Waid de donner le ton et attirer les nouveaux lecteurs, tout en rassurant les autres, avec une continuité totale garantie. On avance toujours sur le même rythme, avec les mêmes discours de fond : c'est une version adulte et parfois tragique de Daredevil qu'il nous offre, mais comme le héros garde le sourire et refoule agréablement son coté dépressif au profit d'une feel-good vision de l'existence, les pires obstacles sont affrontés avec le calembour aux lèvres et en quelques bonds de cabri. D'ailleurs DD quitte la grisaille de Big Apple pour s'installer plus au sud, dans une ville où sa double vie est assez facilement acceptée, au point qu'il est d'emblée convoqué par la police, pour devenir consultant exceptionnel lors d'une affaire d'enlèvement : la petite fille d'une adjoint au maire a disparu, et lorsque tête à cornes la retrouve, il se rend compte qu'elle a été transformée en bombe humaine par ses ravisseurs. Une chouette pendaison de crémaillère. 


L'arrivée en Californie installe Daredevil dans un nouveau statut. Plus besoin de se cacher, puisque tout le monde sait qui il est vraiment, au point que lorsque Matt est en terrasse pour prendre un verre, de jeunes fans viennent faire des selfies. Cela dit, l'habitude de vivre de mensonges est dure à abandonner. Il en reste un, et de poids, concernant le destin de Foggy Nelson, ancien associé et meilleur ami. Atteint d'un cancer et en pleine chimiothérapie, Foggy a finalement succombé, aux yeux du monde entier, mais pas de la manière dont on aurait pu s'attendre, en raison de la maladie. Ceci nous est narré dans l'épisode conclusif de ce premier tome, où nous apprenons la vérité, après une série d'allusions disséminées à plusieurs moments dans les récits précédents. Nous faisons aussi la rencontre du Suaire, un justicier aux méthodes discutables, et plutôt instable du ciboulot, qui ne vit pas forcément très bien l'arrivée d'un héros concurrent dans sa ville, et puis nous retrouvons (encore et encore) de vieux ennemis, en la personne du Hibou, qui n'en finit plus de fréquenter le quotidien de Daredevil, même quand celui-ci change de côte. Le dessin est confié à Chris Samnee, qui brille avant tout par son story-telling, sa mise en pages, car pour le reste, bien que récompensé aux Eisner Ewards et encensé par les lecteurs, j'admets avoir une petite réserve sur certaines silhouettes, certaines anatomies, qui empruntent trop au cartoons. Le premier épisode est de Peter Krause, qui oeuvre dans une veine assez similaire, tout en conservant une touche plus réaliste et classique. Inutile de préciser que les amateurs du run de Waid ont toutes les raisons du monde de prolonger l'expérience, et d'aller acquérir cet album fort sympathique. Daredevil reste Daredevil, et avec la série Netflix sur le point de démarrer, gageons que Tête à cornes a encore de longs et beaux jours devant lui. 




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SECRET WARS : COMPTE A REBOURS

L'attente touchera bientôt à son terme. Secret Wars débutera bien au mois de mai, et sera le grand bouleversement annoncé, un tournant décisif dans l'histoire des comics made in Marvel. Si on a cru bon de préciser qu'il ne s'agira pas pour autant d'un véritable et réel reboot, il n'empêche que les paroles de Tom Brevoort (si vous prenez une botte, vous en changez la semelle, en changez les lacets, et la couleur, est-elle encore la même botte?)  laissent envisager une porte ouverte vers une refonte profonde de l'univers Marvel. En tous les cas, il s'agit certainement de l'aboutissement de toutes les histoires écrites par Jonathan Hickman avec ses Avengers, puisque tout commence avec l'incursion finale, la dernière étape de ce processus d'univers qui entrent en collision. La dernière concerne notre monde et celui des Ultimates, en perte complète de vitesse, et qui est appelé à disparaître, comme victime sacrificielle de l'événement. Certains personnages auront droit à une seconde chance, mais dans un univers nouveau, partagé, et commun avec ces héros que nous suivons déjà depuis plus de cinquante ans, et qui vont subir un lifting (un reboot? Non, il ne faut pas employer ce terme là...) important. Marvel promet que de cette ultime collision, personne ne survivra! Chouette programme. On retrouvera donc tout le beau linge super-héroïque, toutes dimensions, époques et lignes narratives confondues, sur une immense planète (le Battleword) où sera organisé un pugilat d'ampleur cosmique. Pourquoi - comment  - par qui - jusqu'à quand ? Les questions trouveront une réponse un jour prochain, mais pour le moment, bien malin qui a compris vers quoi tend Marvel Comics, et quels sont les vrais projets de la Maison des Idées. Voici les covers des #1 et #2, signées Alex Ross, Chip Zdarsky, et Esad Ribic. 





Dans l'absolu, j'aimerais bien couvrir la quasi totalité de l'événement, à un rythme hebdomadaire, à partir de fin avril. Repassez donc nous rendre visite sur UniversComics, voire même ajoutez la page aux favoris!

1968-69 : LA NOUVELLE WONDER-WOMAN EST PSYCHEDELIQUE

Même si elle n'est pas (et de loin) le personnage le plus populaire de par chez nous, Wonder Woman est incontestablement une figure incontournable des comic books américains, au point d'être membre de la "sainte trinité" Dc Comics, avec Batman et Superman. Une série lui est consacrée dès 1941 grâce à William Moulston Marston, qui s'amuse comme un fou avec cette héroïne forte et sûre d'elle même, au beau milieu d'un monde d'hommes soudain frappés dans leur virilité dominante. Je passerai les références au sado-masochisme et au bondage, sous-jacentes mais évidentes pour le lecteur averti, et qui firent rouler bien des yeux, aux même titre que les formes et le costume provoquant (pour l'époque) de la belle amazone. Dans les années 1960, Wonder Woman connaît un regain de popularité grâce à une présence fixe au sein du groupe de la Justice League, mais comme le remarque alors Julius Schwarz, le grand editor de la Distinguée Concurrence, le problème n'est plus de présenter une femme dans un contexte masculin, mais de lutter face à d'autres héros (ceux de chez Marvel) plus adultes, complexes, et nuancés. Le réalisme commençait à écorner sérieusement le prestige de Superman et consorts. L'heure était venue de tenter quelque chose de différent, de plus audacieux, de respirer l'air des temps et de le métaboliser. Chez Wonder Woman, la tentative est transformée en 1968-69, années durant lesquelles sa série va connaître un bouleversement radical. C'est un spécialiste du genre qui est aux manettes, ce même Dennis O'Neil qui a œuvré auparavant sur Superman, Batman, et bien sûr a brillé avec le duo Green Lantern/Green Arrow, dans un passionnant road-movie super-héroïque. Dans le numéro 178 de son titre mensuel, Diana change, et de belle manière. Tout débute lorsque Hyppolite (sa mère) est contrainte, avec son peuple d'amazones, de quitter notre plan dimensionnel. La princesse refuse de suivre ses sœurs car elle est trop liée à la vie qu'elle mène parmi nous autres, simples mortels, et plus particulièrement à Steve Trevor, dont elle est amoureuse, et qui a bien des soucis. L'amour vous fait faire de ces bêtises, parfois…


Ce genre de décision a un prix élevé : Wonder Woman doit renoncer à ses pouvoirs et à son statut semi-divin. C'est alors un grand changement pour la série, qui doit mettre de coté la plupart des artifices qui ont fait son succès, des avions invisibles au lasso magique, en passant par les divinités grecques. La super-héroïne est enfin et exclusivement Diana Prince, une femme mortelle, ce qui bouleverse le contexte et les attentes du lecteur, tout à coup projeté dans des intrigues et des considérations quotidiennes et réalistes qui n'étaient pas l'apanage du titre auparavant. Certes, l'action ne fait pas faux bond. Le nouveau scénariste Mike Sekowsky (qui remplace donc O'Neil) introduit le personnage de I-Ching, un mystique aveugle qui se taille une place de choix dans la série de l'Amazone. C'est lui qui enseigne à Diana ce qu'elle doit savoir pour maîtriser les arts martiaux, et s'accomplir dans un nouveau rôle d'agent spécial bien différent de la déesse aux super pouvoirs, qui stoppe des balles avec ses bracelets. Car cette Wonder Woman là est vulnérable. Sekowsky livre une séquence haletante et riche en adrénaline face à la perfide Doctoresse Cyber, au beau milieu d'une Amérique peuplée de hippies, Hell's Angels, et où souffle le vent de la contestation et le flower power. Sekowsky est en charge également des dessins, et il s'en donne à cœur joie pour plonger le titre en full immersion dans une beat-society où l'herbe se fume dans des costumes dignes de Carnaby Street et où le décor se confond avec la pop art d'Andy Warhol. C'est le psychédélisme qui déboule dans les comic books, par la grande porte. Le genre fantasy revient par moments, comme lorsque Diana se retrouve aux prises avec le Dieu Arès, mais globalement c'est le réalisme et la peinture d'une époque qui prédomine, jusque dans les dialogues, et ceci sans jamais tomber dans la banalité complète. L'encrage de Dick Giordano contribue à faire de ces numéros un franc succès artistique, qui est un témoignage éloquent du virage de la fin des années 1960 et de son héritage dans les comics. Inutile de dire que si Urban Comics décide un jour prochain de nous offrir en Vf cette tranche d'histoire de Wonder Woman, mon conseil serait de se procurer l'album, sans trop y réfléchir. Sinon, vous pouvez trouver (en partie) ces épisodes dans une vieille revue Arédit/Artima, les numéros de Aventures Fiction de 1975. Bonne chance avec les brocantes!



HARBINGER : LE DESTIN DES "PSIONIQUES" DE L'UNIVERS VALIANT

Qui est Peter Stanchek, le protagoniste et potentiellement plus puissant Harbinger au monde? Simplement un jeune homme paumé, qui depuis son plus jeune âge manifeste des pouvoirs psioniques, télékinésiques et télépathiques effroyablement dangereux et convoités. C'est cela, être un Harbinger. Il y en a un autre, qui se cache derrière la façade de respectabilité du Pdg du plus grand conglomérat économico-industriel de la planète, le richissime Toyo Harada. A la différence de Peter, lui maîtrise totalement ses dons, et il en a fait une arme pour bâtir son empire, et recruter d'autres individus dotés de pouvoirs. Son désir est de recruter Stanchek, justement, alors que celui-ci est en fugue perpétuelle, d'une ville à l'autre, pourchassé par une milice entraînée afin de le récupérer (il s'est évadé d'un hôpital psychiatrique) et neutraliser. Dans ses errances, Peter est épaulé par Joe, son seul et unique ami, un schizophrène un peu naïf, et une ancienne voisine du nom de Kris, qui tombe rapidement amoureuse de lui ... manipulée par ses facultés mentales. Voilà un héros qui n'a guère de raison d'être appelé ainsi. Moralité douteuse, existence digne d'un vagabond hors-la-loi... Jusqu'à la rencontre avec Harada, qui lui propose d'intégrer son école, et d'apprendre à exprimer son vrai potentiel, de devenir un véritable Harbinger épanoui, un "psionique" (comme on les appelle) sur de lui et dominateur. Mais l'apprentissage peut être rude, et le mentor n'est pas forcément un philanthrope qui a à coeur le destin du monde, mais plutôt un homme cruel et calculateur, qui poursuit un but bien particulier, et qui prend conseil et décisions en grand secret, consultant un étrange moine ensanglanté, qui lui assure que la présence de Peter engendrera rien de moins qu'une catastrophe destructrice. Tout un programme. 

Tout ceci constitue l'essentiel du premier tome, qui comprend les cinq numéros initiaux (L'éveil de l'Oméga). Dans le second volet, Peter parvient à s'affranchir dans la douleur de l'influence de Toyo Harada, et dans sa fuite (à nouveau...) il recrute d'autres individus dotés de pouvoirs, cette fois de manière latente. Parvenant à les activer, une petite équipe est mise sur pieds, lentement. Mais elle va bien vite être soumise à un baptême du feu éprouvant, qui pourrait être également son acte de décès. Cette série fait partie du nouvel univers Valiant. Elle existait déjà dans les années 90, dans une version plus ou moins similaire, et c'est donc à un reboot en bonne et due forme auquel nous avons droit vingt ans plus tard. Tant mieux car les novices pourront se plonger dans l'histoire sans rencontrer le moindre problème de compréhension. C'est assez fluide et facile à aborder, et il y a une petite touche X-Men (des jeunes hommes qui se découvrent des dons, et sont réunis dans une école pour apprendre à s'en servir) en toile de fond, comme admis par Jim Shooter, le démiurge du premier univers Valiant des origines. Le dessin est globalement bon, ou tout du moins correct. C'est Khari Evans qui s'occupe de l'essentiel des premiers épisodes, mais par la suite commence une vraie sarabande! On trouve toute une litanie d'artistes comme Barry Kitson, Lewis Larrosa, Phil Briones, Lee Garbett, qui maintiennent Harbinger à un niveau fort honorable, sans jamais toutefois atteindre l'excellence. Ce qui résume bien le ton de ce titre agréable sans être incontournable. Une lecture efficace et sympathique, qui se structure autour de losers en fuites, et d'une traque impitoyable. Publié chez Panini, dans la collection Fusion Comics. 


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BATMAN TOME 5 : L'AN ZERO (2ème partie)

Poursuivons notre excursion dans le passé de Batman, six ans en arrière. Revenons donc à l'aube de la carrière du héros/détective, avec la seconde partie de la saga Zero Year. Après avoir eu maille à partir avec le gang du Red Hood, cette fois Bruce Wayne se retrouve face à trois fronts chauds en même temps. La menace du Sphinx qui tente de plonger Gotham dans le noir, alors qu'une impressionnante tempête s'annonce à l'horizon. Celle du Docteur La Mort, et ses expériences sur le squelette qui engendrent de terribles excroissances osseuses. Enfin les forces de police du GCPD, dirigées par le commissaire Loeb, qui traque Batman sans relâche. Seul le lieutenant Jim Gordon semble être du coté de notre héros et lui tend la main lorsque rien ne va plus. Comme après une fusillade dantesque où le Dark Knight est criblé de balles par les représentants de la loi. Sauvé in extremis par sa combinaison, c'est Gordon qui lui permet de s'enfuir. D'ailleurs c'est une constante dans cet album (et le précédent, si vous vous souvenez du passage à tabac de Bruce, chez lui), Batman est encore en manque d'expériences, et un poil trop fougueux. Et du coup il se prend une rouste après l'autre, et mange la poussière à chaque épisode. Tirez-lui dessus, rouez le de coups, vous verrez, il encaisse, et il aime ça. C'est un justicier en butte à l'incompréhension, sans alliés ni appuis particuliers (qui repousse ceux qui pourraient basculer dans son camp) et qui apprend ses leçons dans la douleur. Éloquent à ce titre un dialogue entre le majordome Alfred et son protégé. L'avis du vieux serviteur serait que la mssion de Batman n'est pas uniquement de protéger et servir Gotham, mais aussi de prouver à tout ceux qui lui ont tourné le dos ou n'ont pu l'aider (l'assassinat de ses parents) qu'il a su s'en sortir car plus fort qu'eux tous, et que chaque mission est l'occasion de replonger les ingrats le nez dans leurs fautes. Il est colère, le Batman, et légèrement rancunier. 

Tout ceci accuse quand même une baisse de régime. Nous sommes loin des débuts de Snyder sur le titre, et l'intérêt s'émousse sérieusement. Pire encore, la seconde partie de l'album, celle consacrée à la "cité sauvage" est brouillonne et bancale. Batman y livre une lutte à base d'indices, devinettes, et pièges en tous genres, contre un Sphinx qui est parvenu à neutraliser la ville de Gotham. Celle-ci est coupée de toutes liaisons extérieures, victime d'un bio virus qui a permis à la végétation d'étouffer les édifices faits de main d'homme, et sous la menace d'une destruction totale. Au milieu de cette jungle improvisée, Batman poursuit sa traque avec l'aide de Gordon et de quelques flics d'élite, puis de Lucius Fox. Pour la première fois depuis des années, j'ai décroché notablement en lisant du Batman. Tout d'abord, voire cette version du Sphinx si puissant et capable de mettre la ville entière à sa botte, cela me laisse quelques doutes. Et puis surtout, cette saga en elle même, basée sur l'action et les clins d'oeil au(x) chef(s) d'oeuvre de Miller sur le personnage, souffre cruellement des comparaisons avec le passé. Capullo signe des planches toujours aussi efficaces et reconnaissables, avec un jeune Bruce Wayne au look de marine prétentieux, mais la magie n'opère plus. Pourtant Dc avait une ambition démesurée pour cet arc narratif, au point que de très nombreux autres titres ont eux aussi été consacré, un mois durant, à ce retour dans le passé que constitue l'An Zéro. Mais ces origines jamais narrées (jusqu'à aujourd'hui) de la genèse du Batman finiront assez vite aux oubliettes, pour avoir voulu faire de l'esbroufe, au détriment d'un véritable fond, d'une véritable pertinence narrative, qui m'échappe encore. Sortie de route pour Snyder, cette fois, et c'est bien dommage. 




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BLOODSHOT REBORN : JEFF LEMIRE AUX MANETTES

Si par habitude et par prédilection personnelle, nous vous présentons assez souvent des séries plus complexes et élaborées, il n'empêche que parfois un bon gros comic-book explosif et décomplexé, c'est agréable à lire. Et pas forcément stupide ou dénué de fond. Il existe un titre chez Valiant qui est loin de fréquenter les meilleures ventes, en France, mais qui mériterait, à ce titre, que vous y jetiez un oeil. Bloodshot est efficace, assure le job, et plus encore, aura dans les prochaines semaines un scénariste hors-pair pour présider à sa destinée, en la personne de Jeff Lemire. Oui, je pense que vous l'aurez compris, sur UniversComics Lemire est une sorte d'icone indiscutable, le scénariste du moment. Depuis le dossier que nous lui avions consacré, à une époque où son nom n'était pas encore sur toutes les lèvres de lecteurs (des connaisseurs, bien sur que si, depuis Lost Dogs et Essex County Lemire avait déployé un talent inné), nous n'avons eu de cesse de vous présenter le travail de Jeff. Le voici donc aux commandes de Bloodshot Reborn, où le héros phare, machine de guerre indestructible au corps bourré de nanites, et dont la force et l'endurance dépasse et de loin les capacités d'un simple mortel. Avec Mico Suayan au dessin, Lemire va donner à Bloodshot une mission, un but, qui va lui permettre de revenir en grande forme sur le devant de la scène, pour occuper la place de choix qui lui revient dans l'univers Valiant. Voici une série de variant pour vous donner envie d'essayer le titre, réalisée par Juan Doe, Mico Suyan, Dave Johnson, Lewis Larrosa, Jeff Lemire, ou encore Butch Guice. Sortie le 15 avril.  









SPIDER-MAN 2099 : QUE VAUT LA NOUVELLE SERIE DE PETER DAVID?

S'il est une série du défunt univers 2099 qui continue d'alimenter la nostalgie des lecteurs, c'est bien celle consacrée au tisseur du futur, un certain Miguel O'Hara. Ce sera pour le costume ultra cool, recyclage d'une panoplie de carnaval, ou pour l'ambiance décontractée et sarcastique instaurée par le toujours pertinent Peter David, mais régulièrement la question du relaunch de cette incarnation revenait dans les discussions. Jusqu'à peu, cela semblait une utopie, et il fallait se contenter d'épisodes mineurs et sans importance, pour entrapercevoir Miguel jouer aux guest-stars. Et puis durant la saga du Superior Spider-Man, l'impossible s'est produit. Spidey 2099 est arrivé à notre époque pour protéger celui qui parait être son grand-père, Tiberius Stone, des foudres du véritable tisseur 2014 (enfin, d'Octopus dans la peau de Peter Parker, vous me suivez toujours?). Stone est en effet responsable d'un coup monté qui a mis à genoux les laboratoires Horizon (là ou bossait Peter Parker), et pourrait bien provoquer aussi une explosion catastrophique et la disparition du flux temporel actuel (en gros l'univers 2099 en serait comme effacé). Le Superior SM a effacé les souvenirs de Parker et ne se rappelle rien concernant Miguel. Qui est le fils de Tyler Stone, patron d'Alchemax (les labos Horizon en 2099), qui ignore tout de son fiston. Quand au grand-père, s'il comprend vite qu'il jouera un rôle dans le futur, lui ou sa lignée, il ne sait pas en quoi ni comment. Bref, incompréhension à tous les étages, et action à foison. Peter David n'a pas perdu la main, et retrouve avec un plaisir évident une de ses créations les plus inspirées. Il n'oublie pas de le munir d'un cast intéressant, avec des personnages au potentiel à explorer, et de préférence au féminin. A commencer par la nouvelle boss de Miguel, Liz Allan, une des femmes fortes et à poigne que va croiser le nouveau héros fraîchement débarqué. 

C'est du reste un modus operandi classique ces temps-ci. Nouvelle identité, nouvelle ville, nouveau job, et donc nouveaux personnages secondaires. Liz Allan, patronne de Miguel, est probablement la plus importante et la plus dangereuse. Dès le premier combat méta-humain dans sa société, elle a la puce à l'oreille et comprend que son employé n'est pas forcément celui qu'il prétend être. Il va falloir que le héros se sorte de ce mauvais pas avec un joli tour de passe-passe, un demi aveu qui est aussi et surtout un demi mensonge. Entre en piste une des voisines de O'Hara, dont le charme et la personnalité semblent avoir fait mouche. Sauf que la demoiselle est bien malade, et a un sale caractère. Ensuite Miguel accompagne Tiberius Stone au Trans-Sabal, pour une vente d'armes high-tech (les Spider Slayers), sujet sensible pour le tisseur en incognito. C'est l'occasion de retrouver la nouvelle mouture du Scorpion, dans une armure améliorée qui n'a plus le charme de ce qu'elle était dans le passé, mais se révèle encore plus meurtrière. Pas à dire, nous sommes dans un univers connu, et Peter David n'oublie pas de référencer sa série pour la rendre très accessible. Le hic arrive ensuite, dès le numéro 5. Spider-Man 2099 devient dès lors le réceptacle d'un récit qui le dépasse notablement, à savoir Spider-Verse. L'annihilation de toutes les incarnations de l'Araignée, à travers le Multivers, par un Morlun qui est de retour, et que rien ne parait en mesure de stopper. Dès lors la trame de David se met au service d'une autre histoire, et nous perdons l'aspect truculent du titre, pour nous recentrer vers une traque apocalyptique qui concerne l'univers du Tisseur tout entier. Avec Secret Wars qui pointe le bout se son nez, Spider-Man 2099 devrait devenir encore autre chose, et accueillir d'autres héros de cette franchise oubliée, voire même présenter la première sortie des Avengers 2099. Quelque chose me dit que sans être un ratage flagrant, ce come-back de Spider-Man 2099 ne perdurera guère, sous cette forme présente. Marvel se refait la façade, Miguel doit se faire une raison. (Avec tout ça c'est à peine si j'ai le temps et la place de vous toucher un mot des dessins de Will Sliney, qui apporte un dynamisme et une plasticité faisant écho au travail de Leonardi, dans les années 90. Pas mauvais du tout, agréable même). Jetez-vous sur SM 2099, il n'est pas dit que ça dure longtemps. 


INFINITY WAR : LE COMBAT DES DIEUX (MARVEL GOLD)

En ce mois de février, le second volet de la trilogie cosmique de Jim Starlin ressort dans la collection économique Marvel Gold. Du coup, on sort les armes, et on s'y replonge!
Adam Warlock est certes parvenu à vaincre Thanos, à la fin de Infinity Gauntlet, mais cela n'a pas été sans conséquences. Il a du, par exemple, endosser brièvement le manteau de la toute puissance, et on ne sort pas indemne d'une telle expérience. Adam avait tenté d'expulser le bien et le mal de sa psyché, pour mener à terme sa mission, et ces deux conceptions vont lui causer du fil à retordre. A commencer par la partie mauvaise de son être, incarnée par le Mage, un des personnages légendaires qui ont émaillé les sagas cosmiques des seventies publiées sur des Masterworks encore en partie inédits en France, et chroniqués sur notre site. Le Mage est mégalo, sans pitié, arrogant et agressif. Lui aussi veut mettre la main sur la création, et pour ce faire, il ne peut compter sur les gemmes du pouvoir, dont l'harmonie a été rendue caduque par une décision du Tribunal Vivant, à la fin du Défi de Thanos. Sa force de frappe dérive donc d'une autre source, plusieurs cubes cosmiques retrouvés à travers l'univers et les dimensions, qui lui permettent notamment de lever toute une armée de doppelgangers, c'est à dire de doubles démoniaques des héros Marvel. Des versions monstrueuses et vouées au mal de Spidey, des X-Men, d'Iron Man, qui cherchent à se débarrasser des originaux, pour prendre leur place, et faciliter le masterplan du Mage. Mémorable la grande scène des retrouvailles entre superslips, au sommet du 4 Freedom Plaza, quand la vérité explose littéralement aux yeux de tous. Il va falloir que nos héros s'unissent pour contrer les machinations de leur nouveau grand ennemi, et parmi les forces du bien, pour une fois, il faudra compter avec Thanos, le grand repenti de la saga précédente de Starlin.


Thanos est une figure ambiguë, et Starlin avait à l'époque décidé que l'heure était venue d'en mettre à jour toutes les incohérences, les oppositions, les états d'âme. Personnage culte chez nombre de lecteurs, il assume ici un rôle inédit de leader, tout en conservant une part obscure suffisamment présente pour que personne ne puisse (à raison) lui faire confiance. Starlin s'amuse comme un fou à mettre en scène l'ensemble de l'univers Marvel, à présenter des combats homériques entre forces du bien, et du mal, et à retourner régulièrement les forces des équilibres en présence. Jusqu'à bien entendu réactiver momentanément les pouvoirs des gemmes de l'infini, qui auront à l'époque été source de bien des ennuis, mais aussi de bien du plaisir pour le fan moyen de comic-books. Aux dessins, Ron Lim finit par contre par devenir lassant. Lui qui avait fourni de bien belles planches sur Silver Surfer, et en relevant Georges Perez sur le volet précédent, semble là moins concerné, et a tendance à bâcler son travail, en négligeant les fonds de case, et en esquissant à peine certains visages qui deviennent inexpressifs, lors des réunions de groupe. On lui a demandé de travailler vite et bien pour fournir à temps six parties de quarante pages chacune, et il fait ce qu'il peut, c'est à dire qu'il se débrouille dans l'a peu près, mal aidé par un encreur qui ne lui convient guère (Milgrom). Comparé à Infinity Gauntlet, Infinity War est moins épique, moins dramatique, mais garde cette saveur des souvenirs propres au début des nineties, et met en scène une incroyable variété de personnages, en proie à une situation dramatique, avec une touche so cosmic que nous assure le maître Jim. Si vous ne souhaitez pas miser sur ce Gold, vous pouvez toujours récupérer les trois fascicules proposés à l'époque par Semic, qui existent également sous la forme d'un de ces "albums reliés" qui ont marqué notre adolescence. Sur les sites aux enchères, ou les forums spécialisés, vous devriez vous les procurer pour une grosse dizaine d'euros, au maximum. Pour un peu moins du double, ce sera cette parution chez Panini, droit dans votre bibliothèque!


MISS MARVEL TOME 1 : METAMORPHOSE

S'il est une série qui a fait le buzz dès l'instant même de son annonce, chez Marvel ces derniers temps, c'est bien celle consacrée à la nouvelle Miss Marvel. Il faut dire que la protagoniste a tout pour rompre avec la monotonie des récits classiques de héros en collants. Kamala Khan est une adolescente pakistanaise, de "confession" musulmane, comme je le lis dans toutes autres critiques (alors je m'adapte), partagée entre la tradition qu'une partie de la famille souhaite entretenir (les parents n'entendent pas lui lâcher la bride et la laisser sortir avec des garçons, ou participer à une fête; son frère entretient une foi ostensible hors de contexte) et sa réalité quotidienne de teen-ager dans un lycée américain. Kamala rêve d'être cool, aimée, d'avoir une vie un peu plus mouvementée et "en couleurs" et entretient une passion flagrante pour le super-héroïsme, les Avengers et Carole Danvers plus précisément (elle écrit même des fan-fictions sur Internet). Le jour où elle brave l'interdit familial et fait le mur pour participer à une sauterie juvénile sans grande tentations (un peu d'alcool, quelques gros lourds, mais ce n'est pas une orgie non plus...) est aussi le moment inattendu où une brume étrange se répand à travers la ville. Ceux qui ont lu ou sont au courant des événements d'Infinity puis d'Inhumanity savent bien de quoi il s'agit. Et du reste les autres vont le découvrir assez vite, lorsque Kamala est prise de malaise, et finit par se réveiller quelques heures plus tard dans un cocon. Elle n'en sort pas indemne, puisque la voici blonde, et affublée du costume voyant (loin des préceptes musulmans de la famille...) de la première Miss Marvel, avec cuissardes hautes et body qui lui "rentre dans les fesses" (je ne fais que citer les pensées de Kamala). Bref, pratiquement un rêve éveillé, tout ce qu'elle avait désiré jusque là : devenir une héroïne, avoir des super-pouvoirs, sauver la veuve et l'orphelin, ou à défaut, ici, une camarade de classe aussi snob qu'hypocrite. Sauf que... à grands pouvoirs, grandes embrouilles, surtout à cet âge là, et dans ces conditions!

Si G.Willow Wilson évite de se vautrer dans la caricature ou l'outrance, c'est qu'elle connaît bien son sujet. Elle a étudié l'Islam avec grand sérieux, s'est convertie, est partie vivre et écrire en Egypte. Du coup, elle est en mesure de réaliser une synthèse fort pertinente de ce que peut être aujourd'hui la religion pour les nouvelles générations "déracinées", fières de leur culture mais aussi parfaitement à l'aise dans l'american way of life 2015. A mille lieux des clichés que voudraient nous faire gober certains extrémistes pour qui la subtilité consiste à défoncer de grosses portes à coups de tatanes saintes. D'ailleurs, est-ce bien le nerf du récit? N'est-ce pas plutôt une histoire d'initiation adolescente, d'une découverte de soi, à travers un corps et un contexte qui change, et qui n'est plus aussi identifiable et acceptable qu'avant? Cette Kamala est le négatif contemporain d'un Peter Parker dans les sixties, ou la version féminine d'un Miles Morales, plus récemment, sous la plume de Bendis. Elle est touchante car amenée avec justesse, et fleure encore bon la naïveté et l'idéalisme du Marvel d'avant, d'avant le cynisme et la destruction systématique du mythe. Le dessin est en harmonie avec le ton de la série, et Adrian Alphona utilise un style très cartoony et délirant, pour épouser les pouvoirs de la jeune fille, capable de moduler la masse et la grosseur de toutes les parties de son corps, et également de changer d'apparence. Ce premier tome est véritablement rafraîchissant et constitue une de ces belles surprises qu'on n'attend pas, et qui naissent en marge de la production mainstream habituelle. Reste à confirmer sur la durée, et ne pas s'embourber dans des aventures sans intérêt ou d'une platitude effarante, comme c'est le cas pour le nouveau Nova de Jeph Loeb, qui pris un départ pétillant avant de perdre ses bulles en quelques mois. Affaire à suivre, c'est entendu!


DESCENDER #1 LE NOUVEAU CHEF D'OEUVRE ANNONCE DE JEFF LEMIRE (PREVIEW)

Il est loin le temps où Jeff Lemire n'était l'artiste préféré que d'une poignée de fans hardcore (ceux qui ont succombé dès la première heure, après Lost Dogs et surtout Essex County). Aujourd'hui c'est une valeur sure que tout le monde s'arrache. Urban tarde à nous proposer en Vf l'excellente série Sweet Tooth, et c'est en soi un petit crime contre le comic-books, qui sera réparé prochainement, gageons-le. Pour le reste, Lemire donne le meilleur de lui même quand il ne doit pas payer le loyer ou les traites (la JLA Dark, Green Arrow, encore que cette dernière était fort réussie) et qu'il peut créer librement, sans entraves. C'est le cas avec Descender, nouveau titre que nous attendons ici avec une impatience croissante et débordante. L'histoire d'un petit robot perdu dans la vastité de l'univers (le dernier de son espèce) alors que les androïdes ont été déclaré hors la loi et que des chasseurs de primes veillent au grain sur chaque planète. Une odyssée cosmique croisée avec un regard sur la condition humaine et la lutte pour la survivance, un petit bijou de Jeff Lemire, dessiné par Dustin Nguyen. Le premier numéro aura trente pages et ne coûtera que 2,99 $. Sortie le mois prochain. La preview avec quelques variant covers, pour achever de vous donner envie...








SIDEKICK TOME 1 : DESCENTE AUX ENFERS (LE NOUVEAU STRACZYNSKI CHEZ DELCOURT)

Dans la bande-dessinée américaine, le sidekick a souvent un rôle aussi important que finalement secondaire. S'il assiste le héros principal et vit avec lui des aventures extraordinaires, il reste toujours son assistant, son affidé, son homme de confiance, dans le meilleur des cas son meilleur ami. Mais le side-kick a beau faire, s'il ne s'émancipe pas une bonne fois pour toutes (comme Dick Grayson devenu Nightwing) il est voué à toujours rester dans la cone d'ombre de la grandeur de son aîné. J.M.Straczynski s'empare de la chose pour en faire un des récits les mieux construits, les plus captivants, qu'il vous sera donné de lire en ce premier semestre 2015. Ici, le grand héros sans peur et sans reproche, c'est Red Cowl, le protecteur de Sol City. Jusqu'au jour où il est abattu lors d'une parade, dans une scène qui fait écho au destin de Jfk à Dallas. Flyboy (Barry Chase), le sidekick en question, se retrouve avec la cervelle de son mentor sur son costume, et un sentiment de vide, d'interrogation existentielle profonde, suite à ce meurtre inattendu. C'est le début d'une parabole descendante qui entraîne le jeune homme toujours plus bas dans l'échelle des valeurs humaines, jusqu'à accepter une fellation au détour d'une sombre ruelle, de la part d'une prostituée surprise en état de racolage. Flyboy n'a plus rien d'héroïque, et c'est un ancien héros paumé qui va taper à la porte de ses confrères encapés (Stracz évoque avec humour l'intégration aux grandes formations comme les Avengers ou la JLA), où il se fait finalement refouler. C'est que peu de monde le prend vraiment au sérieux, et ne voit en lui qu'un humble justicier costumé de troisième division, incapable de s'assumer réellement. Un sous-homme à super pouvoirs, jusque dans sa vie sentimentale, son rapport avec les femmes.

C'est la force du récit de Straczynski ; savoir appuyer là où ça fait mal, mettre en abîme les frustrations d'un jeune homme qui pensait, après avoir été adoubé par un des plus grands héros de la planète, pouvoir devenir à son tour source d'inspiration pour les autres, et connaître la gloire associée à ce statut particulier. Au lieu de cela, rien, ou si peu. Celle qu'il convoite ne répond pas à ses sentiments. Et Flyboy ne peut pas, bien entendu, prétendre mettre les mains sur l'ancienne partenaire de son mentor... Même trouver de l'argent n'est pas une sinécure. A sa mort Red Cowl n'a laissé derrière lui qu'une longue série de dettes, prenant ainsi le contrepied des Stark et Wayne multimilliardaires qui dépensent sans compter depuis des décennies, sans connaître la banqueroute. Ici, notre pauvre héros en est même réduit à faire du crowfunding, c'est à dire demander une participation pécuniaire des internautes, en échange de menus gadgets. Straczynski publie cette aventure (qui sera présentée en deux volumes dans l'édition Vf chez Delcourt) sous le label Joe's Comics et nous prouve avec éloquence qu'un associé et un faire-valoir, c'est loin d'être la même chose! Tom Mandrake est aux dessins, et sans livrer des planches spectaculaires, il parvient à maintenir le rythme et sert le récit avec un trait assez réaliste et ombrageux qui contribue à entretenir la morosité du protagoniste. Je fais l'impasse sur le principal rebondissement de ce premier tome, à savoir la vérité derrière la mort de Red Cowl, et ce que cela implique vraiment pour son sidekick. Les histoires de trahison et de conspiration doivent être découvertes sans spoiler! En tous les cas, une bien belle surprise, que je vous invite à découvrir au plus vite. 


ELEKTRA : ASSASSIN De Frank Miller et Bill Sienkiewicz

Si vous êtes à la recherche d'une bonne idée cadeau ces jours prochains, je ne saurais que trop vous pencher sur le Marvel Icons Elektra sorti avant les dernières fêtes. Car à l'intérieur vous lirez (entre autres) Elektra : Assassin. C'est de ce petit bijou qu'il va être question aujourd'hui. Une superbe mini-série en huit parties, écrite par un Frank Miller à son apogée, et peinte par Bill Sienkiewicz. Le premier cité avait déjà réussi un passage fort remarqué sur Daredevil, transformant un titre souvent secondaire de l'univers Marvel, en un polar hard-boiled bouleversant, où le héros en collants rouges gagne en maturité et en crédibilité. Le scénario de Frank n'était pas sans aller lorgner parfois du coté des influences nippones voire du manga. C'est ainsi que parmi les personnages récurrents nous trouvions alors Stick, le sensei de Matt Murdock, les ninjas de la Main, ou encore Elektra, aussi belle qu'impitoyable, premier grand amour de Matt Murdock devenue entre temps tueuse professionnelle. Elle aussi était une ninja, et elle gagna rapidement les faveurs du public, au point d'en éclipser presque Daredevil et de mériter un vrai comic-book en tant que protagoniste principale. En 1986, c'est chose faite sous l'étiquette Epic, la division "adulte" de chez Marvel dans les années 80. Elektra : Assassin est bien sur signée Miller, mais aussi Sienkiewicz, ce dessinateur qui a fait éclater les codes et les habitudes routinières des fans des New Mutants, série qu'il a réinventé graphiquement de fond en comble. L'histoire se situe à une époque précédente à la rencontre entre Elektra et Daredevil. La structure a de quoi donner un bon mal de tête au lecteur superficiel, alternant flash-back et flash-forward, mélangeant les époques et s'éparpillant en apparence dans tous les sens. La réalité et les hallucinations se juxtaposent, et certains moments peuvent être aussi bien interprétés comme des éléments métaphoriques. L'adversaire de la ninja est la Bête, un démon qui s'est incarné en la personne de Ken Wild, qui pourrait bien devenir le prochain président des Etats-Unis d'Amérique. Ce n'est pas un hasard : être à la Maison-Blanche est un bon début pour provoquer la troisième guerre mondiale...

Elektra est sur le coup donc, et va même se retrouver face au Shield, et à l'agent Garrett, un cyborg que vous avez peut être découvert (dans une incarnation différente certes) dans la série consacrée au groupe d'espions Marvel par excellence (Marvel's Agents of Shield). La narration est à plusieurs étages, dense, et alterne monologues intérieurs, rapports d'espionnage, programmes télévisés, à tel point que les didascalies apparaissent sous différentes couleurs pour mieux démarquer l'alternance des personnages. Qui sont assez gratinés! Outre Garrett et Elektra, nous avons par exemple des nains crées par un système de clonage, Chastity une agente sexy du Shield mais plutôt instable, l'incontournable Nick Fury qui n'est pas présenté sous son meilleur jour, ou Perry, un autre cyborg psychopathe. Sans oublier le démocrate Ken Wild, hypocrite en chef, et une analyse assez pertinente de l'attitude des américains face à la guerre à outrance, l'impérialisme des Etats-Unis, et la corruption des services secrets. Ajoutez à tout ceci un zeste sado-maso, des cauchemars et de l'horreur, de l'hémoglobine, et vous approcherez d'un menu explosif et dérangeant. Sienkiewicz brille par son travail remarquable, ses planches ressemblent plus à des tableaux, alternés avec des collages, des esquisses au crayon, des onomatopées vivantes et vibrantes, des jeux d'ombres et de distorsions des figures qui poussent l'ensemble vers le grotesque, la caricature, avant de replonger dans un certain réalisme plastique, comme lorsqu'il s'agit de mettre en valeur la beauté plastique d'une Elektra plus érotisée que jamais. En somme, difficile de faire l'impasse sur cette mini série qui est une des réussites les plus évidentes de la carrière de Frank Miller et de Bill Sienkiewickz. Un duo touché par la grâce, sous la (les) forme(s) d'une ninja fatale.   


MARVEL ICONS : LES AVENGERS DE KURT BUSIEK ET GEORGE PEREZ (TOME 1)

Dans les années 90, Marvel tente de moderniser et de donner un joli coup de fouet à son univers en déliquescence, avec l'opération Heroes Reborn. Des noms ronflants (Jim Lee, Rob Liefeld, Marc Silvestri...) pour un demi-échec artistique, et un retour à la norme, un an plus tard, avec Heroes Return. Cette fois, plus question de se louper. C'est pourquoi on décide d'appeler en renfort George Perez (artiste légendaire déjà à l'oeuvre sur Crisis on Infinite Earth, par exemple), qui conseille lui même vivement un scénariste fort doué, Kurt Busiek (accessoirement, c'est aussi une encyclopédie vivante de tout le macrocosme super-héroïque. Le type est incollable). Ensemble, il vont projeter les Vengeurs dans le nouveau siècle à venir, avec des aventures rythmées, enlevées, et la plupart du temps dessinées avec une classe indéniable. Dès le début de l'expérience, de multiples nouvelles pistes narratives vont être explorées sur le moyen long terme, comme l'alcoolisme de Carole Danvers (qui fait écho au défaut récurrent de Tony Stark), le retour d'entre les morts de Wonder Man (que Wanda Maximoff parvient à faire apparaître en cas de grave danger ou dans une situation de stress ou de besoin), mais encore la relation sentimentale entre la Sorcière Rouge et la Vision (Wonder Man est de retour, et c'est sur sa personnalité qu'a été conçu l'androïde...) et l'arrivée de nouveaux personnages (comme Triathlon, dont le costume s'apprécierait presque mieux avec des lunettes 3D) dont les jeunes pousses Justice et Firestar, transfuges des New Warriors. Pour leur premier fait d'armes, les nouveaux Vengeurs de Busiek se retrouvent confrontés à la sorcière la plus mauvaise -et la plus sexy- de l'univers Marvel : Morgane Le Fay.



Cet affrontement est l'occasion, pour les héros, de faire un saut dans une réalité parallèle et de se retrouver en pleine atmosphère "Camelot", après un bon lavage de cerveau et avoir oublié qui ils sont véritablement. Comme si cela ne suffisait pas, à peine la situation revenue à la normale, les Vengeurs ont maille à partir avec une autre formation de gros calibres, l'Escadron Supreme, qui s'est échouée dans notre espace-temps et a quelques doutes sur l'innocence et la probité des hommes de Captain America. George Perez s'amuse comme un fou avec cet aréopage de personnages, lui qui n'est jamais si à l'aise que lorsqu'on lui demande de dessiner une dizaine d'encapés au centimètre carré. Ces récits sont regroupés aux States dans une série de plusieurs gros tpb de plus de 400 pages chacun, au titre évocateur : Avengers Assemble. Panini saute sur l'occasion et nous propose de les découvrir en français, à travers sa collection Marvel Icons, qui a déjà bien belle allure en quelques mois d'existence. Ici c'est aussi l'opportunité rêvée de découvrir d'autres Avengers que ces héros bardés de cuir et ultra sérieux, plongés dans un univers faits en partie d'espionnage permanent (Shield, Secret Avengers...), en partie de menaces létales qui terrorisent le cosmos et la réalité même (Hickman est en train d'organiser la fin du multivers à la Marvel, juste après Infinity). Costumes plus bariolés, naïveté plus affichée, sentiment de camaraderie old school plus affirmé, comme dans cette scène introductive où les Avengers se retrouvent tous ensemble au Manoir qui leur sert de base opérative. Tous. C'est à dire des dizaines d'individus, entre Vengeur d'un jour, et Vengeur de toujours. Des jeunes pousses comme Rage, Justice, ou Firestar (à l'époque membres des New Warriors) mais aussi des cadors comme Thor, La Sorcière Rouge, ou Iron Man, entourent ainsi un Captain America enchanté. Pour une magnifique photo de famille, un instantané d'une époque révolue et qui ne reviendra plus. Collector, et fort en nostalgie. N'attendez plus et aller chercher ce petit pavé, si vous avez un coeur tendre sous cette cuirasse d'acier. 









LA NUIT DES LANTERNES CHEZ DELCOURT : LE DEUIL, LA COLÈRE, L'HORREUR

 Le personnage principal de cet album signé Jean-Étienne s'appelle Eloane. C'est une jeune femme qui retourne dans la maison familia...