BATMAN ETERNAL TOME 2

Rappel important des faits avant ce second tome, le commissaire Gordon est emprisonné après avoir été victime d'un coup monté. Tout le monde croit qu'il a abattu de sang froid un criminel non armé, et que son geste a provoqué une véritable catastrophe dans le métro de Gotham, provoquant la mort de centaines d'innocents. Et dans le même temps, le chef mafieux Carmine Falcone est de retour dans la ville, et ses intentions n'ont rien de vacancières. Il revient aux affaires! Du coup, c'est la guerre des gangs qui explose et embrase la cité, et donne l'occasion à Bard, petit nouveau de la brigade criminelle de Gotham, de montrer de quel bois il se chauffe. En parallèle à cette recrudescence de la violence urbaine, il faut prendre en compte la dimension mystique de ces assauts sur la ville, et pour ce faire, Batwing et James Corrigan vont à l'asile d'Arkham pour y voir plus clair. La Bat-Family se répartie les tâches puisque Red Hood (et Batwoman) chaperonnent Barbara Gordon qui veut disculper son père, quitte à commettre des bétises, et que le Red Robin trouve une nouvelle associée (Harper Row) alors qu'il a pour mission de comprendre quelle maladie semble frapper certains habitants de Gotham. Tiens, petite précision importante, Corrigan n'est autre que le spectre, si vous l'ignoriez, à savoir une entité supranaturelle qui donne dans la vengeance et l'équilibre mystique. Le problème avec Batman Eternal c'est que rapidement le lecteur est submergé par les informations, et les enjeux, et que tout devient confus. Qui est donc ce Mister Bygone, et que vient faire là la fille du Joker, à Arkham, elle qui capture Batwing et leurre Batman? Ceci alors que le Red Robin est à Tokyo, que le Professeur Pyg s'apprête à être jugé à Arkham sans savoir que le jury est composé de cinglés du coin, et qu'un ancien prédicateur au service des sans-abris revient à la vie dans le corps de Maxi Zeus. N'en jetez plus, pause, et un peu d'ibuprofène. 


Et ce n'est pas fini. On se retrouve à Rio De Janeiro, avec le problème des enfants esclaves du travail. Nous avons aussi la fille d'Alfred le majordome, qu'il va falloir connaître. Les apparitions d'autres vilains classiques comme Killer Croc, qui mènent Batman et le lieutenant Bard dans les égoûts de Gotham, à la recherche d'une fillette disparue. Bref, un menu très copieux, ce qui explique aussi le recours à une équipe d'artistes (il s'agit d'un titre hebdomadaire) plutôt qu'à un duo ou un trio unique. La bonne nouvelle est de voir Dustin NGuyen au dessin, lui dont le trait devient de plus en plus maîtrisé et correspond parfaitement à ce qu'on pouvait attendre de ce Batman Eternal. Andy Clarke ou Emanuel Simeoni sont aussi intéressants, chacun dans son style caractéristique. Seeley, Snider, Tynion IV, Layman, sont autant de scénaristes qui oeuvrent pour construire ce jeu de piste qui s'étend sur différents continents, et englobe plusieurs niveaux de lecture qui se juxtaposent. Plus que d'exigence, je parlerais de bonne mémoire, parmi les qualités requises au lecteur de passage. Il faut toujours avoir en tête l'ensemble des indices pour reconstituer peu à peu la trame principale de ce Batman Eternal, qui reste encore nimbée dans le mystère et l'expectative avec ce volume 2. Qui ne manque pas de bons moments ou de planches de qualité, mais qui ressemble trop par endroits à un patchwork de sous-récits pas toujours agencés avec liant. Parfois il faut savoir faire simple, direct. Batman Eternal ne choisit pas cette voie, et court beaucoup (trop?) de lièvres à la fois.




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SECRET WARS : BATTLEWORD #1

Exit l'univers Marvel traditionnel et l'univers Ultimate. De la collision finale entre ces deux mondes (point d'orgue des fameuses incursions qui ont rythmé le quotidien des Avengers de Jonathan Hickman ces mois derniers) il ne reste qu'une nouvelle planète patchwork, composée de continents abritant les versions les plus inattendues et disparates de nos héros traditionnels. Ce monde c'est le Battleword, et il a une série propre lors de Secret Wars, dont le premier numéro est sorti. Au menu, deux récits différents, qui flirtent avec le bizarre et l'humour. Tout d'abord, nous retrouvons un Punisher qui parait possédé par le Docteur Strange (ici au service de Doom, comme le savent ceux qui suivent l'événement) mais qui est toujours animé par une certaine conviction et volonté de mener à bien ses missions suicides. Joshua Williamson et Mike Henderson parient sur l'action pour séduire le lecteur, avec notamment la présence des Infernal Four, version futuriste et distordue des Fantastic Four. Il semblerait que nous soyons en 2099 dans cette grosse dizaine de pages (les expressions typiques de l'époque comme what the shock le confirment) mais c'est pourtant Frank Castle qui appuie sur la gâchette. Nous en déduisons aussi qu'il existe une autre version de Strange (le Sorcerer Extreme) et pour être honnête, il n'est pas simple de s'y retrouver et de recoller les morceaux pour aboutir à un récit linéaire et logique. Le scénariste semble vouloir nous laisser dans le flou, en jugeant que les tenants et aboutissants ne sont pas toujours indispensables pour profiter de l'ensemble. Tout ceci se discute, et ne m'emballe qu'à moitié.
La seconde aventure met en scène une armée de Modok, dans un climat bien mois sérieux. C'est même un comic-book de caricature, ce qui correspond assez bien à ce qu'est ce personnage, qui pris au premier degré peine parfois à être crédible. Ici l'étrange créature en a assez d'être entourée par des incompétents, et se décide à faire appel à une main d'oeuvre qualifiée : les versions plus disparates de différents Modok du multivers. Mais il est bien difficile de faire cohabiter les opinions et les ambitions de ces répliques, et entre la vieille version classique, le Baby Modok, ou le Modok old school (XVIII° siècle au moins), sans compter le Modok futuriste et plein d'expérience, c'est vite la foire d'empoigne. Ed Brisson s'amuse à tourner en dérision cette armée de personnages disgracieux et imbus d'eux mêmes tandis que les dessins de Scott Hepburn font le job et servent l'ambiance du récit. Ceci reste bien sur anecdotique dans le cadre des Secret Wars et à placer au chapitre des distractions, mais ça pourra humblement vous faire sourire. Battleword #1 se contente de tourner en marge du grand récit et de jouer la carte sympathie, ce n'est donc pas une lecture indispensable, juste plaisante. 


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GHOST RIDER TOME 1 : VENGEANCE MECANIQUE

Je dois vous l'admettre en préambule, je ne me suis pas éclaté à lire du Ghost Rider depuis bien longtemps. Je crois même que mes vrais bons souvenirs liés au personnage remontent à l'époque où Danny Ketch enfourchait une moto en flamme, dans les années 90. Depuis, il y a eu d'autres tentatives de relancer le Rider, mais rarement la qualité a été au rendez-vous (les deux films souffrent un peu du défaut semblable). Même Jason Aaron n'avait rien produit d'inoubliable à mes yeux, et je préfère taire l'incarnation plus récente, avec un Ghost Rider au féminin sans sens aucun. Place donc ce jeudi au All-New Ghost Rider, un titre un peu pompeux bien dans la ligne de ce que tente de faire Marvel ces temps-ci, à savoir profiter de la seconde vague de son relooking (Marvel Now!) pour mettre en avant des titres plus confidentiels ou bien moins vernis en terme de popularité. Alors, du neuf, véritablement, ou une autre pathétique série vouée à fermer ses portes dans moins d'un an, boudée par des lecteurs désabusés? La réponse est déjà connue de ceux qui lisent la Vo, ce Ghost Rider là a vite périclité... Cette fois le héros s'appelle Robbie Reyes. Il travaille dans un garage, retape des voitures pour quelques dollars, et habite un quartier minable de Los Angeles où les gangs jouent du flingue à longueur de journée. Pour ne rien arranger, il doit aussi s'occuper d'un jeune frère en chaise roulante, qui passe son temps à lire des comics et à se faire agresser par les loubards du coin. Robbie a un plan pour empocher un peu d'argent et aider le frangin : participer à des courses clandestines de voitures, où des bolides s'affrontent dans les rues désertes de L.A tout en parvenant à échapper à la police. Enfin, pas toujours, puisque notre malheureux héros va non seulement se faire prendre, mais également se faire descendre et revenir sous la forme du nouvel avatar de la vengeance. Fast and Furious à coté, c'est de la métaphysique quantique. 

Dit et présenté comme cela, ça ressemble à du persiflage en règle, de la moquerie gratuite. Alors je vais mitiger mon avis, car il y a aussi des éléments positifs dans cet album. Comme les scènes de poursuites et d'action au volant, que les amateurs du genre vont apprécier grandement. Ou la caractérisation et l'apparition progressive de tout un petit cast qui se construit autour de Robbie, avec Daniel le prof remplaçant qui sert de compas moral et éthique, le dealer du coin, Eli l'esprit de la vengeance, ou encore le Dr Zabo et Mister Hyde. Le problème, c'est que le tout n'a pas forcément de liant, ou d'âme. L'histoire fonctionne comme un comic-book de commande, qui suit les codes du genre et lorgne sans vergogne vers un public plus jeune et branchouille, mais il manque l'âme et le fond pour emporter l'adhésion du lecteur quadra et grognon que je suis. Franchement, je me suis donc souvent ennuyé, comme prévu. Pour chinoiser j'ajouterais que le Rider finit par être plutôt un Driver, ce n'est qu'une question de vocabulaire... Felipe Smith sort un travail contrasté, ni mauvais ni transcendantale. Coté dessins, c'est purement et simplement hideux selon mes goûts personnels, mais fort intéressant pour d'autres lecteurs (merci Tradd Moore). Constructions anguleuses et corps informes, influences du manga mal digérées et transférées aux comics, couleurs par moments criardes, il y a peu à sauver dans ce All-New Ghost Rider, si je m'en réfère à mes canons du genre. Inversement ces mêmes défauts pourront séduire d'autres lecteurs, qui pour le coup renieront mon opinion tranchée. Libres à vous de vous laisser gagner par l'ivresse de cette série, mais c'est vraiment que vous ne supportez pas l'alcool. Danny Ketch, revient!



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SECRET WARS : PLANET HULK #1

Planet Hulk mérite bien son nom. A la différence de la saga originelle qui voyait un Hulk transformé en gladiateur, sur une lointaine planète barbare, la version qui nous est proposée lors de Secret Wars est centrée sur les événements se déroulant au GreenLand, une terre reculée et isolée du Battleword, ce vaste monde où toutes les versions possibles de tous nos héros de toujours peuvent se rencontrer. Des armes gamma ayant été lâché sur la population, ce territoire est donc habité par une infinité de Hulks, régulièrement pilonnés par l'armée du pouvoir central (celle de Fatalis, donc), représentée par les soldats Thors. Curieusement, le personnage qui va jouer un rôle crucial dans ce titre n'est autre que Captain America, du moins sa version guerrière avec cheveux longs et cicatrices, plus proche de He-Man (Musclor en Vf) que du Vengeur étoilé que nous côtoyons d'habitude. Ce Cap là combat dans l'arène d'Arcade (toujours dans le coup quand il s'agit d'organiser des jeux malsains) et il a pour animal de compagnie à son service Devil Dinosaur, un de ces personnages cultes chez Marvel, adoré par une mince poignée de lecteurs et ignoré de la très grande majorité. Le héros a la rage car il ne sait pas ce qu'est devenu Bucky, son compagnon d'armes, bien que très vite nous apprenons que la vérité est détenue par le shériff Strange, l'homme de main du dictateur divin Fatalis. Le maître des arts mystiques est devenu un laquais retors dans Secret Wars, et il contribue à faire régner l'ordre et la fourberie sur un Battleworld ravagé par les conflits. Sam Humphries a peut être de l'ambition avec ce Planet Hulk, mais pour le moment ça se résume tout de même à de gros combats à la hache et à une lecture décomplexée et peu exigeante pour ce qui est du contenu. Je ne souhaite pas vous faire entendre que c'est mauvais, loin de là, mais ce sera à l'évidence un de ces titres à placer au rayon "gros bras et fines cervelles" pour amateurs de baston bien bourrin. Reste que le concept est intéressant (être Hulk est devenu la norme) et que le duo entre un Captain America et un dinosaure est aussi improbable que sympathique. Les dessins sont de Mark Laming, un nom peu ronflant qui ne vous dit peut être pas grand chose, mais dont le trait et la mise en page proprette et lisible mérite tout de même les honneurs. Allez, ce Planet Hulk n'envisage pas de remporter un Eisner Eward, mais juste faire son job, à savoir vous divertir. Alors  n'en attendez pas monts et merveilles, et contentez-vous de cette récréation honorable. 


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SECRET WARS : DEADPOOL'S SECRET SECRET WARS #1

A l'heure où l'univers Marvel tout entier est plongé dans les affres des Secret Wars nouvelle formule, Deadpool lui se retrouve projeté à l'époque des Secret Wars, première mouture. Petite explication : lorsque les guerres secrètes éclatèrent, dans les années 80, le personnage n'avait pas encore été inventé. Mais Wade Wilson va pouvoir rattraper le temps perdu, dans cette mini série déjantée qui donne le ton dès ce premier numéro, qui alterne gags et boutades avec une dose d'inconscience joviale. On va de la remarque grivoise du mercenaire, qui conscient de son existence de héros de papier rappelle à la Guèpe les nombreuses didascalies d'exposition, en les comparant à de "gros ballons" tout en lorgnant sur sa poitrine... à l'ironie de Wolverine qui certifie que bonne partie de son facteur auto-guérisseur lui sert à soigner sa fierté, à l'idée de devoir se plier aux règles pacifistes et bienpensantes des autres héros qui l'entourent. En fait on reprend la série de départ, à savoir un aréopage de héros (mais aussi de vilains) transportés dans l'espace, sur un vaisseau alien appartenant au Beyonder, et ensuite projeté sur une planète formée pour l'occasion (le Battleword) où chacun aura la possibilité de voir ses désirs s'accomplir, à condition de trouver la force de se débarrasser de ceux qui n'ont pas les mêmes valeurs. Deadpool lui est  un personnage des années 90, et en celà il est ambivalent, car fruit d'une culture où la génétique du héros est plus nuancée qu'avant. Comme faire le bien pour le bien est devenu un peu dépassé, comme les boy-scouts n'ont plus la cote à ce moment de l'histoire, ce sont surtout les anti-héros désabusés et cyniques qui tiennent le haut du pavé. Mais Deadpool fait preuve de courage, d'inconscience, et de drôlerie, pour trouver sa place et apporter sa pierre à l'édifice. C'est ainsi que l'ensemble fonctionne agréablement bien, et que ce titre targué Secret Wars s'annonce sous de forts bons auspices. On pourra compter sur lui pour être la grande belle pochade qui sert à dédramatiser cette parenthèse sombre, dont personne ne connaît l'issue, hormis la promesse que cette fois, plus rien ne sera jamais comme avant. Pour une fois Cullen Bunn m'a vraiment diverti, et les dessins de Matteo Lolli ont une touche faussement retro totalement pertinente vu le sujet, épaulé en cela par le coloriste Ruth Redmond. Si 1984 vous semble très loin, voire si vous n'étiez pas né, l'heure est venue de remonter le temps, le sourire aux lèvres. 


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LA MORT (?) DE WOLVERINE EST EN KIOSQUE

Durant sa longue et riche carrière, Wolverine en a vu de belles. Les moments forts n'ont pas manqué, tout comme les tragédies. Le mutant griffu a été excorié, découpé, brûlé, torturé (c'est d'ailleurs ainsi qu'il a acquis le métal qui recouvre son squelette) et d'autres aménités du genre. On se souvient même de Magneto, qui dans la saga Fatal Attractions lui retire brutalement et sans anesthésie tout l'adamantium présent dans son organisme. Depuis ça va mieux, merci. Sauf que ces derniers mois, c'est le pouvoir auto-guérisseur de Wolverine qui flanche. Un pouvoir bien pratique pour encaisser une rafale à bout portant ou pour se reprendre d'un sabre dans l'estomac. Sans pouvoir, Logan est vulnérable, et pire encore, il finit par s'empoisonner à chaque fois qu'il sort ses griffes. Outre les problèmes pour cicatriser, il faut aussi prendre en compte les infections, la douleur, l'usure du temps. Bref Wolverine est presque bon pour la casse, et ça sent la fin de parcours, tristement. Sa "mort" (chez Marvel la mort n'est jamais si tragique ni définitive, vous vous en doutez) nous est contée dans une mini série en quatre épisodes écrite par Charle Soule, dont Panini a entamé la publication en ce mois de mai. Logan cherche bien un remède à sa condition, mais manque de chance, les grands cerveaux comme Reed Richards semblent à court d'idées. D'ailleurs Mister Fantastic n'a jamais été capable de rendre à Ben Grimm son apparence humaine, alors notre mutant aurait du se douter que ça n'allait pas fonctionner. Dépité, abattu, sentant venir son trépas prochain, Wolverine s'en va sur une île presque déserte, où malheureusement il ne va pas pouvoir se reposer très longtemps. Puisque débarque Nuke, ce soldat dopé aux amphétamines de nouvelle génération (il pourrait envisager de remporter le tour de France assez largement), rencontré récemment chez Captain America, et acteur dans le final de l'inoubliable saga Born Again (Daredevil). S'en suit une première épreuve à la dure pour Wolverine, qui démontre avoir encore de la ressource. 

( spoiler inside) Un contrat a été placé sur la tête de Wolverine. Voilà l'excuse pour passer en revue certaines des figures marquantes du cast de la série régulière, ou des personnages ayant des liens avec le mutant griffu. On va voir défiler, au fil des épisodes, l'ennemi de toujours Sabretooth, Viper (sexy mais méchante), Kitty Pride (possédée) et Lady Deathstrike. Mais le plus intéressant, c'est indubitablement un certain professeur Cornelius, que les fans de longue date connaissent bien pour être une pièce maîtresse du projet Arme X, là où est né notre mutant tout en adamantium, dans les pires souffrances. Et là deux choses : tout d'abord le récit fait une sortie de route. Ensuite, ceux qui ne savent rien du final, et se sont contentés d'acheter (ou envisagent de la faire) la revue Vf de ce mois en souhaitant s'épargner un spoiler, ceux-là sont invités à quitter cet article et à ne plus y revenir avant le mois prochain.
Vous êtes encore là? Vous avez compris le risque potentiel? Continuons. De telles retrouvailles ne pourraient être que sanglantes, chargées en pathos, lourdes d'une vengeance couvée et désirée pendant des décennies, et la mort de Wolverine ne peut s'imaginer qu'en grand style, dans une dernière épreuve bigger than life. Au lieu de cela, Logan distribue trois quatre baffes, s'énerve un tantiner, et se retrouve momifié sur place comme le premier couillon venu, lui qui a su échappé à la mort en des centaines d'occasions, toujours intouchable. Tout ça pour ça alors! Des décennies de suspens, d'aventures, à rêver le jour où peut-être Wolverine tirera sa révérence, narquois, le cigare au bec (ah oui c'est vrai, le tabagisme ce n'est pas bien, etc...). Au lieu de cela, cette conclusion qui n'en est pas une, cette farce idiote qu'on voudrait nous faire passer pour un moment de légende. Superman a eu Doomsday, Spider-Man a eu Morlun, même Nightcrawler s'est sacrifié en héros. Wolverine se tape une cuve d'adamantium en fusion sur la tronche. Digne d'un video-gag. Je ne souhaite donc pas m'étendre plus encore sur ce que je pense de la trouvaille de Soule, tout juste rajouter que les dessins de McNiven proposent de fort jolis paysages, de belles scènes plastiquement soignées, mais qui manquent d'émotion, de drame, de grandeur. De la beauté trop polie, trop classique. Des adieux manqués, tronqués. On se consolera en se disant que de toutes manières, on le reverra tôt ou tard, notre mutant à griffes (à commencer par Old Man Logan, qui a droit à sa mini-série durant Secret Wars). 


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IRON FIST (THE LIVING WEAPON) : TOME 1

Iron Fist n'est jamais guère absent très longtemps, et c'est une bonne nouvelle. Après de récentes aventures produites par des artistes aussi talentueux qu'appréciés, comme Ed Brubaker, Matt Fraction, ou encore David Aja, voici venir une nouvelle série sobrement intitulée "The living weapon", qui est confiée aux bons soins de Kaare Andrews. Exit le Danny Rand cool et prêt à croquer la vie à pleines dents, place à un héros torturé et glacial (rien ne semble l'atteindre, même au lit avec une jolie journaliste), dont les secrets remontent à l'enfance, liés à la famille, aux premières années. Ce qui permet une relecture intelligente et utile des origines mêmes du personnage. Ce premier volume commence par la  recherche de K'Un Lun -cité mystique qui se manifeste sur notre plan de réalité une fois par décennie- qui se termine en tragédie pour le petit Danny. Ceci est présenté sous forme d'un flash-back répété, alors que le héros passe d'une interwiew, à une soirée au resto, puis une nuit très intime, avec sa conquête du soir, dont au final il ne se rappellera plus même le nom lorsqu'elle sera mise en danger par sa faute. Il y a de l'humour dans ce titre, un humour froid et cynique, qui colle avec ce personnage qui se voudrait adepte d'une certaine forme d'ataraxie, derrière laquelle semble plutôt se cacher un vide émotionnel, une carence émotive peut être inévitable chez qui prétend maîtriser à la perfection les arts martiaux, au point de gagner le statut pas forcément envié d'arme vivante. Car qui dit arme dit combats, batailles, et cette série n'échappe pas à l'axiome. Danny subit un raid au petit matin, et il va devoir mettre à profit ses capacités physiques exceptionnelles pour rester en vie, et protéger celle qui vient de malencontreusement passer la nuit avec lui. Tout ceci est admirablement bien raconté par le biais de planches inventives et expressionnistes, qui empruntent autant à Frank Miller, Jim Steranko, ou Quentin Tarantino. Un tourbillon visuel et narratif saupoudré de zombies ninjas cybernétiques et de combats au dernier sang.

Danny Rand a beau vouloir s'en affranchir et vivre sa vie américaine, il est happé par son passé, ses premières années, et ce qui se passe en son absence dans la cité de K'Un Lun. Une petite messagère est censée le rappeler "chez lui" car de bien sombres événements se déroulent en son absence. Qui impliquent le Tonnerre, son maître et formateur, et pourraient remettre en question tous les choix que Iron Fist a pu accomplir jusque là, qui ont fini par faire de lui une arme vivante, au détriment de l'immortalité, et probablement d'une certaine idée de la sérénité et du bonheur. J'ai trouvé Kaare Andrews très convaincant, et inspiré. Des dessins personnels, racés, avec une mise en page inventive et diaboliquement bruts et percutants. Voici là une histoire qui donne envie d'aller plus loin, avec une narration contrôlée, rythmée, et un personnage qui sait être attachant d'emblée, tout en évitant la répétition de ce qui a été fait précédemment, sur les pages de The Immortal Iron Fist. Andrews est aussi réalisateur de longs métrages (deux à ce jour) et cela se perçoit dans le découpage, dans son story-telling. Certaines intuitions, comme de voir apparaître les os des avants-bras lorsqu'il use de ses pouvoirs, ou l'utilisation des couleurs (le rouge surtout) et d'un costume simplifié qui lorgne vers le Bruce Lee de la légende, sont autant de coups de génie qui contribuent à forger un style et un ton unique pour ce titre attendu. Les scènes de combat sont puissantes et expressives, et on ne relève que bien peu de défauts dans ce premier tome maîtrisé de bout en bout, qui tombe à point nommé, alors que Netflix fait monter la pression, avec une série télévisée à venir qu'on souhaite au moins aussi bonne que celle consacrée à Daredevil. Un Iron Fist d'auteur qui atteint des hauteurs. 


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COSPLAY MANIA Episode 4

Retour de la rubrique Cosplay ce vendredi. Avec un masque ou un costume, on peut devenir une légende, ou passer pour une quiche. Et avec Internet, on entre dans l'histoire, ou le ridicule le plus complet. Ce vendredi on s'arrête sur plusieurs Cosplay fort sympas, mais promis, je vous prépare une édition "what the fuck" à venir, assez gratinée...


Avec l'arrivée de Spider-Gwen , forcément il s'agit d'une idée de cosplay parfaite pour un couple...


Skeletor, chaque semaine je trouve une version plus saisissante. il inspire du monde!


Sortie de Sandman, voici Death qui entame sa balade quotidienne. Ne la croisez pas...


Hulk a encore déchiré sa chemise. Mais c'est du plus bel effet. 


Cette version du Green Goblin est proche de ce qu'est le Bouffon ces dernières années. Sympathique. 


La loi c'est lui. Le Judge Dredd fréquente les conventions comics.


Avec son Cube Cosmique, ce Crâne Rouge part à l'assaut du monde. 


Elektra, et vous allez adorer combattre les ninjas... 

BATMAN BEYOND TOME 1 : LE RETOUR DE SILENCE

Encore et toujours du Batman! Cette fois, il n'est pas Eternal ou Dark Knight, mais tout simplement Beyond. Mais de quoi s'agit-il donc? Disons qu'il semble évident que quoi qu'il se passe, et à toutes les époques, Gotham City aura besoin de son Batman pour la protéger. Le futur qui attend Bruce Wayne ne peut être rien d'autre qu'une longue croisade froide et solitaire, dans une caverne vide, quitté par ses amis et alliés et tout juste accompagné d'un chien. A la suite d'un concours de circonstances, le jeune Terry McGinnis récupère un costume high-tech de Batman et devient le nouvel élève de Bruce Wayne dont il reprend l'héritage. Voilà résumé en quelques lignes le pitch de ce qui fut en 1999 une série animée confiée à Paul Dini et Bruce Timm, composée de trois saisons plus le film d'animation Batman Beyond : Le retour du Joker. Dans celui-ci, Tim Drake a un accès de folie provoqué par une micropuce que lui a implanté autrefois le Joker. Ce faisant, il tente de détruire la ville à l'aide d'un rayon satellitaire avant que Batman et Barbara Gordon (la nouvelle commissaire, de père en fille...) ne parviennent à le sauver. C'est de là que prend son essor ce nouveau titre, qui permet d'introduire efficacement Batman Beyond dans la continuity Dc. Point d'orgue de ce premier tome, le retour de Hush, adversaire mystérieux et dangereux s'il en est. Il est de retour et commence à s'en prendre aux adversaires du Batman des origines. Mais sous les bandelettes de l'assassin, ce n'est plus Tommy Elliott qui officie, et à la place nous trouvons un autre ennemi inspiré, qui connaît les secrets du Dark Knight, et les utilise pour mener à bien sa propre mission sanguinaire.  

Il s'agit en réalité d'une mini série, qui donne son titre à ce Tome 1 et qui en est et de loin la partie la plus intéressante. Adam Beechen ne fait pas preuve d'une originalité à l'épreuve des balles, mais il sait utiliser les codes récurrents de l'univers du Batman, et son utilisation d'un Bruce Wayne âgé et solitaire, dont la détermination à rester isolé commence à se fissurer est pertinente. Tout comme a pu le faire Grant Morrison durant son long cycle, et principalement Batman R.I.P, c'est la mythologie, la généalogie du héros qui est soumise à enquête, et le besoin atavique de Gotham d'avoir son protecteur encapé, qui qu'il puisse être. Le trait de Ryan Benjamin est anguleux et dynamique, et même s'il est loin d'évoquer la série télévisée d'autrefois, on appréciera sa Gotham City dégradée et éclairée par les néons, nimbée d'une patine crépusculaire et effrayante, par endroits. D'autres épisodes (de la série régulière) sont présents mais moins passionants, avec par exemple une victime des artefacts prélevés par la police aux méta humains neutralisés au fil des ans, qui décide de se soigner d'une façon particulière, ou bien on fera la connaissance de Inque, une mercenaire qui a le pouvoir étonnant (mais pas trop vu son patronyme) de laisser son corps devenir une encre vivante. Signalons aussi une partie illustrée par Renato Guedes, qui livre une prestation de haute volée, sous adrénaline. Mais le fait est que la lassitude finit par gagner, sur la longueur, et que la question se pose : à moins d'avoir contracté un prêt bancaire ces dernières semaines, comment pouvoir décemment suivre toutes les parutions dédiées à l'univers de Batman, souvent en plusieurs tomes et d'un prix variant entre 20 et 35 euros? Je pose cette interrogation car c'est au détriment d'autres héros mineurs, d'autres titres moins réclamisés, mais qui souvent sont d'une qualité supérieure. Ce Batman Beyond reste plaisant sur la forme, mais de là a envisager les 4 tomes de la collection, je suis plus circonspect. 


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IRON MAN TOME 3 : LES ORIGINES SECRETES DE TONY STARK

Que peut-il y avoir de pire que la réécriture, encore et encore, des origines des principaux héros, qui ont déjà été proposé à de multiples reprises au cours de carrières longues et bien remplies? A ceci je répondrais : de nouvelles origines sans aucun fondement, juste pour le plaisir de rajouter un peu de piment dans une généalogie tendant au fade ces dernières années. Au risque de trop en mettre, et d'avoir un plat indigeste. Kieron Gillen (le même qui signe Uber, chroniqué en début de semaine sur ce site) est passé à coté de son run sur Iron Man, c'est un fait. Car l'auteur n'avait rien d'intéressant à raconter, car il semblait improviser mois après mois, car il s'est laissé prendre la main par les pontes de Marvel qui lui demandaient de l'inattendu, au point de pondre un truc absurde et aberrant. Dans cette aventure discutable, c'est un robot, l'Enregistreur 451, qui apporte à Tony une révélation qu'aucun lecteur, même le plus fantasque, n'avait eu l'idée d'imaginer. Non, les parents de notre héros milliardaire ne sont pas forcément ceux que l'on croit. Tony a été adopté! Alors là je dis non. Tout d'abord car l'alcoolisme semblait jusque là une sorte d'héritage familial. Que nous avions pu lire les rapports entre père et fils, souvent en filigranes, au fil des ans, et que la figure d'Howard Stark ne ressemble normalement en rien à cet aventurier ici dépeint qui lorgne plus vers un James Bond d'autrefois que vers un Pdg froid et soûlard qui marque à jamais sa progéniture au plus profond de sa psyché. Pire encore, l'adoption de Tony ne sert en fait que de leurre, pour tromper l'ennemi sur ce qui s'est véritablement passé, à savoir toute une série de manipulations génétiques in grembo sur l'enfant porté par Maria Stark, un certain Arno, le frère dont personne n'avait jusque là connaissance. Kieron, cette fois c'est toi qui a trop bu. 

C'est l'archiviste rigellien 451 qui a tout manigancé depuis le départ. Première couleuvre qui ne passe pas. Arno Stark entre donc en scène sur un coup de théâtre douteux dont personne ne voyait l'intérêt. En dépit du clin d'oeil au Iron Man 2020 imaginé dans les années 80 (qui aujourd'hui ne fait plus très futuriste, et pour cause, on y est presque...) qui portait le même prénom, pourquoi ce rebondissement, vers quel développement? Aucune empathie avec le personnage de Tony Stark, aucune évolution rationnelle de l'action qui se contente d'empiler les secrets et de les faire exploser au plein jour sans tenir compte de la vraisemblance, Kieron Gillen massacre la série qui avait déjà pris un tournant dangereux avec le départ pour Stark dans l'espace, aux cotés des Gardiens de la Galaxie. Une bonne idée de départ, mais traitée avec superficialité et sans inspiration. Au dessin, Greg Land reste égal à lui même, avec des figures photocopies, des poses et des expressions sorties tout droit d'un copier coller d'épisodes du passé (d'autres séries même). C'est son truc, mais c'est irritant. Je préfère Dale Eaglesham par exemple, qui donne un coté massif et plus puissant à ses héros, bien plus original. Je me rends compte, en rédigeant les dernières lignes de cette chronique acerbe, que je vous ai spoilié grande partie de l'intrigue, mais comme cette histoire a déjà été présentée en kiosque dans les pages du mensuel Iron Man, et qu'il s'agit d'un truc que vous feriez mieux d'oublier aussi vite que vous l'auriez lu (éventuellement, autrement personne ne vous en voudra), je pense être pardonné. Tony Stark, je sais que tu peux être parfois un véritable enfoiré, mais tu ne méritais tout de même pas ça...



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50 SHADES OF IRON FIST

Personnage crée en 1974 (mon année de naissance) par Roy Thomas et Gil Kane, Iron Fist a derrière lui une longue carrière faite de hauts et de bas, de séries avortées ou interrompues, d'artistes d'exception et de retour en fanfare. Cet avatar de Bruce Lee a grandi dans la cité cachée de K'Un Lun, au coeur de l'Himalaya, où lui ont été enseigné les techniques ultimes des arts martiaux. Après une épreuve finale contre Shou-Lao le dragon immortel, Danny Rand plonge son poing dans les entrailles de la bête et acquiert des pouvoirs formidables, autrement nommés le Poing d'Acier. Iron Fist sera bientôt l'objet d'une série sur Netflix, suivant le modèle adopté pour l'extraordinaire Marvel's Daredevil, et le dernier titre à lui être consacré, entièrement réalisé par Kaare Andrews, vient de sortir en librairie chez Panini (le Tome1, bientôt chroniqué sur ce site). Du coup, quelques images pour se remémorer le personnage...


On commence avec un joli portrait, pour saisir Iron Fist sur le vif. Oeuvre de Clay Mann.


Iron Fist Classic : la mythique série dessinée par le grand John Byrne


Le personnage est revenu récemment sur le devant de la scène, grâce à Matt Fraction et aux dessins de David Aja.


Ami et associé de Iron Fist au sein des "Héros à louer", Luke Cage, aura lui aussi sa série sur Netflix l'an prochain.


Misty Knight, Coleen Wing, quelques-unes des femmes qui ont croisé régulièrement la route de Danny Rand.


Costume alternatif, nous avons vu Iron Fist en blanc et or, et franchement ça lui va très bien.


La version de Kaare Andrews, dans une nouvelle série superbe qui vient de débarquer en librairie. A ne pas manquer.


Iron Fist Cosplay. Souhaitons que la version Netflix soit un peu plus soignée, encore que pour un cosplay, j'aime bien!








UBER VOLUME 1 : NOUVEAUX FRONTS

La première page du premier numéro de Uber suffit à planter le décor. Il est là, dans son bunker, terrassé par la défaite et le parfum de couardise qui le pousse à mettre fin à ses jours. Si les alliés viennent à le capturer, il ne va pas certainement pas trouver cela drôle... Et puis la nouvelle tombe, inattendue, à l'instant crucial : l'Allemagne va s'en sortir, il s'est passé quelque chose... Adolf Hitler ne se suicide donc pas, et la liste de ses méfaits va pouvoir se poursuivre. Comme pitch de départ, et base pour un comic-book mensuel, c'est assez étonnant et osé. Kieron Gillen propose donc un nouveau titre déconcertant qui va forcément faire réfléchir et va devoir se révéler fichtrement intelligent et bien construit s'il veut éviter les gémonies des critiques acerbes. Dans Uber, les allemands sont parvenus à mettre au point des ubermensch, autrement dit des surhommes, produits de laboratoire, qui vont leur donner la possibilité de ne pas perdre cette guerre pourtant mal engagée. Leur pouvoir est effrayant, on voit d'ailleurs un de ces "super soldats" foudroyer d'une sorte de vision calorifique des milliers de prisonniers russes afin que l'Etat allemand puisse épargner les frais de nutrition et de gestion de ces proies de guerre. Hitler a donné le feu vert, et le héros de la patrie obtempère. Ce n'est pas là un ersatz de Captain America, motivé par des idéaux ou une idéologie nationale, juste une arme ultra dangereuse, une réponse humaine à la bombe atomique que les américains peaufinent. Les dégâts sont tout aussi meurtriers et sauvages. Un autre de ces surhommes part en mission avec une scientifique infiltrée en Allemagne, qui espionne pour le compte de l'autre camp. La belle blonde profite de la pause pipi pour atomiser sa création de laboratoire, qu'elle a contribué à forger, avec un rayon dévastateur. Cette engeance là, ou bien on l'explose, ou bien elle ne peut être vaincue. Pas de pitié en temps de guerre extrême. 


La lecture de ce Uber est recommandée au lecteur qui a l'estomac bien accroché, et n'est pas rebuté par les scènes assez violentes. Nous sommes au coeur de la seconde guerre mondiale, et vous allez voir des entrailles et des têtes explosées dans ces pages, promis. Caanan White est assez doué en ce sens, et il semble parfois se complaire dans l'exercice, quand son style évoque vaguement ce que peut faire un Jose Manuel Ryp, dans Black Summer par exemple. L'éditeur américain est Avatar, vous l'aurez compris. On ne lésine pas sur le gore chez eux, et on ne chicane pas avec l'hémoglobine. Gillen joue lui avec une matière explosive, car revenir sur la guerre 39-45 et donner l'avantage (même si l'issue finale du conflit reste encore à définir dans cette uchronie teutonne) à la science nazie n'est pas l'idée la plus aisée à développer sans se brûler les ailes. Est-ce pour cela que les points de vue se succèdent à un rythme serré, que les opinions et les pensées de chacun des camps sont exposées, que les visages et les expressions des allemands nous rappellent qu'ils ne sont pas là pour écrire des sonnets et faire de la poésie bucolique? Le scénariste a effectivement abattu un vrai travail de recherche et on sait qu'il maîtrise son sujet, qui n'en est que plus pertinent et intéressant s'il est possible au lecteur de mettre en relation histoire véritable et version proposée dans cet album. Ce qui n'empêchera pas la critique finale que je me permets de mouvoir à l'encontre de Uber, à savoir un manque de coeur, d'attachement vrai à ces personnages qui restent froids et inatteignables. Humaniser la guerre n'est pas une chose facile, mais en faire une boucherie et un terrain de jeu pour super soldats nazis n'est pas suffisant pour emporter notre adhésion. Uber oscille entre le fascinant et l'ennuyeux, et trouvera peut être sa voie et sa voix  dans les prochains volumes. Si vous lui en laissez le temps (en gros si vous l'achetez, quoi...)

SECRET WARS #2 : LA REVIEW

Avec un second numéro qui suit de très près le premier, Secret Wars ne perd pas de temps et joue carte sur table dès cette semaine. Cela fait des mois qu'on nous rabat les oreilles avec la notion de Battleword, cette seule et unique planète sur laquelle sont condensés tous les univers narratifs possibles, sous forme de "territoires" particuliers, donnant naissance chacun à une série dans la série. Par exemple, nous aurons un continent baptisé Spider-Land, un autre l'Empire Hydra, ou encore Dystopia, ou le Green Land. A la tête de tout ceci, pas un monarque absolu, mais pratiquement un dieu, dont la parole est loi. Si vous êtes restés jusqu'ici et avez entrepris la lecture de cet article, c'est que de petits spoilers ne vous font pas peur, alors je me permets de développer. Doom est celui qui est tout et décide tout dans ce nouvel univers qui est un concentré de tout ce que Marvel a pu produire à un moment ou un autre de son histoire, durant plus de cinquante ans d'aventures. Chaque territoire a ses barons, ses gouverneurs locaux, mais c'est lui qui est l'être suprême de cette nouvelle réalité, et en dehors de son royaume, qu'une armée de Thors défend depuis une muraille gigantesque qui protège ses terres, nous trouvons une horde de créature zombies ou de Ultrons déchaînés qui livrent une lutte sans pitié et sans fin. Jonathan Hickman parvient admirablement bien à présenter les enjeux, donner une géographie crédible à l'ensemble, et à instaurer un véritable climat de changement à son récit, qui pour le coup n'a rien d'un long What If? sans conséquences, mais ressemble déjà un tournant majeur dans l'histoire de la Maison des Idées. Fatalis, donc, et sa cohorte, ses fidèles, sa cour, et croyez-moi, il est assez réjouissant de voir ce que le scénariste semble vouloir nous révéler. Cependant, comme dans toutes les mécaniques bien huilées, il suffit parfois d'un petit grain de sable pour que tout les rouages se grippent. Ici, cet univers où l'ancien monarque de Latvérie est Dieu n'admet pas le doute à une foi aveugle, basée sur le principe simple et absolutiste que tout est Doom et Doom est tout. Alors qu-est ce vaisseau qui a fait intrusion au Royaume, et qui sont ces êtres qui en sortent, et on le devine, vont semer le trouble dans ce portrait dystopique et violent? Si vous avez lu la fin du run de Hickman et le premier numéro de Secret Wars, vous ne serez pas si surpris... Après tout, qu'étaient-ils devenus, ces membres de la Cabale, avec Thanos à leur tête? Soulignons également la très belle prestation d'Esad Ribic aux dessins, qui contribue beaucoup à l'instauration d'un climat crépusculaire et glacial, et parvient à dépeindre un monde au delà des mondes tel qu'on pourrait le rêver dans un cauchemar futuriste. Secret Wars #2 est une réussite flagrante, complexe, intelligente, qui nécessite du temps à la lecture, de l'attention, et sait placer ses enjeux et ses pions avec une dextérité remarquable. Et si Secret Wars était géniale, tout simplement? 


A lire aussi :

LES NEW MUTANTS DE BOB MCLEOD

Revenons aux origines. Les Nouveaux Mutants, à l'aube d'une longue carrière. Le costume jaune et noir, une certaine façon de faire et de narrer les aventures d'un groupe de mutants qui apprennent à comprendre et gérer leurs nouveaux pouvoirs, jour après jour. Bob McLeod a été l'artiste qui a officié dès le numéro un de la série dans les années 80, alors il est juste de s'arrêter aujourd'hui sur quelques uns de ses travaux, commissions et autres, pour rendre hommage à un de ces moments fondateurs que nous autres les anciens nous avions découvert chez Lug, à la bonne époque des top Bd et de la revue Titans. On y va, avec une série comprenant quelques-uns des membres de la première heure. Histoire aussi de fêter la nouvelle q'un film sur ces mutants est désormais en préparation!






Une petite revue d'équipe, maintenant, chargée en nostalgie.


Et on finit avec un joli portrait de Dani Moonstar, fort agréable.


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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : BILLY LAVIGNE

 Dans le 196e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Billy Lavigne que l’on doit à Anthony Pastor, un ouvrage publié chez Casterma...