Iron Fist n'est jamais guère absent très longtemps, et c'est une bonne nouvelle. Après de récentes aventures produites par des artistes aussi talentueux qu'appréciés, comme Ed Brubaker, Matt Fraction, ou encore David Aja, voici venir une nouvelle série sobrement intitulée "The living weapon", qui est confiée aux bons soins de Kaare Andrews. Exit le Danny Rand cool et prêt à croquer la vie à pleines dents, place à un héros torturé et glacial (rien ne semble l'atteindre, même au lit avec une jolie journaliste), dont les secrets remontent à l'enfance, liés à la famille, aux premières années. Ce qui permet une relecture intelligente et utile des origines mêmes du personnage. Ce premier volume commence par la recherche de K'Un Lun -cité mystique qui se manifeste sur notre plan de réalité une fois par décennie- qui se termine en tragédie pour le petit Danny. Ceci est présenté sous forme d'un flash-back répété, alors que le héros passe d'une interwiew, à une soirée au resto, puis une nuit très intime, avec sa conquête du soir, dont au final il ne se rappellera plus même le nom lorsqu'elle sera mise en danger par sa faute. Il y a de l'humour dans ce titre, un humour froid et cynique, qui colle avec ce personnage qui se voudrait adepte d'une certaine forme d'ataraxie, derrière laquelle semble plutôt se cacher un vide émotionnel, une carence émotive peut être inévitable chez qui prétend maîtriser à la perfection les arts martiaux, au point de gagner le statut pas forcément envié d'arme vivante. Car qui dit arme dit combats, batailles, et cette série n'échappe pas à l'axiome. Danny subit un raid au petit matin, et il va devoir mettre à profit ses capacités physiques exceptionnelles pour rester en vie, et protéger celle qui vient de malencontreusement passer la nuit avec lui. Tout ceci est admirablement bien raconté par le biais de planches inventives et expressionnistes, qui empruntent autant à Frank Miller, Jim Steranko, ou Quentin Tarantino. Un tourbillon visuel et narratif saupoudré de zombies ninjas cybernétiques et de combats au dernier sang.
Danny Rand a beau vouloir s'en affranchir et vivre sa vie américaine, il est happé par son passé, ses premières années, et ce qui se passe en son absence dans la cité de K'Un Lun. Une petite messagère est censée le rappeler "chez lui" car de bien sombres événements se déroulent en son absence. Qui impliquent le Tonnerre, son maître et formateur, et pourraient remettre en question tous les choix que Iron Fist a pu accomplir jusque là, qui ont fini par faire de lui une arme vivante, au détriment de l'immortalité, et probablement d'une certaine idée de la sérénité et du bonheur. J'ai trouvé Kaare Andrews très convaincant, et inspiré. Des dessins personnels, racés, avec une mise en page inventive et diaboliquement bruts et percutants. Voici là une histoire qui donne envie d'aller plus loin, avec une narration contrôlée, rythmée, et un personnage qui sait être attachant d'emblée, tout en évitant la répétition de ce qui a été fait précédemment, sur les pages de The Immortal Iron Fist. Andrews est aussi réalisateur de longs métrages (deux à ce jour) et cela se perçoit dans le découpage, dans son story-telling. Certaines intuitions, comme de voir apparaître les os des avants-bras lorsqu'il use de ses pouvoirs, ou l'utilisation des couleurs (le rouge surtout) et d'un costume simplifié qui lorgne vers le Bruce Lee de la légende, sont autant de coups de génie qui contribuent à forger un style et un ton unique pour ce titre attendu. Les scènes de combat sont puissantes et expressives, et on ne relève que bien peu de défauts dans ce premier tome maîtrisé de bout en bout, qui tombe à point nommé, alors que Netflix fait monter la pression, avec une série télévisée à venir qu'on souhaite au moins aussi bonne que celle consacrée à Daredevil. Un Iron Fist d'auteur qui atteint des hauteurs.
Merci pour cette review qui reflète bien mon sentiment pendant ma lecture. C'est aussi mon grand coup de coeur du mois!
RépondreSupprimerDe rien. En effet un album à recommander fortement!
RépondreSupprimerComplètement d'accord avec la chronique
RépondreSupprimerVivement la sortie du second
Et oui, vivement le second!
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