POWER MAN & IRON FIST : LES HEROS A LOUER SONT EN LIBRAIRIE

Tout l'art du marketing consiste à savoir placer la bon produit au bon moment, pour en obtenir le maximum de bénéfices. Coup de chance parfait et timing d'enfer, Panini Comics a la bonne idée de sortir en ce mois de mars la série Power Man & Iron Fist en album librairie. Le premier cité (Luke Cage) a eu les honneurs d'une série à succès sur Netflix, le second attend la sienne, et c'est une question de jours désormais. Bref, unissez-les, agitez, et servez chaud bouillant. en plus on ne parlera pas d'opportunisme éditorial, car ces deux-là bossent ensemble depuis des décennies, et c'est un duo qui est source de nombreuses pages savoureuses, depuis leurs débuts en tant que Héros à louer (il faut bien payer le loyer).
Dans ce volume, Luke Cage est bien sur Power Man (sans la tiare et la coupe afro si caractéristiques d'une époque révolue) et Danny Rand est Iron Fist, bien plus cool et accessible que la version (au demeurant excellente) de Kaare Andrews, dont il existe deux tomes de publiés chez Panini (période Marvel Now!). Les deux amis ont un rendez-vous un peu particulier avec leur ancienne secrétaire, qui sort de prison après avoir été accusé de meurtre et avoir passé cinq ans derrière les barreaux. Jenny va les envoyer sur la piste d'un collier orné d'un joyau qu'elle souhaiterait récupérer, et qui est détenu par un des parrains du crime les plus connus des lecteurs de comics, l'infâme Tombstone. Ce que craignait le plus Luke finit par arriver : incompréhensions et susceptibilité finisse par provoquer une bagarre générale, et le début d'une aventure qui risque de laisser des traces chez les anciens Héros à louer, car source de cruelles désillusions sur les liens affectifs qui peuvent unir les personnes. David Walker avait promis, au moment d'écrire cette histoire, qu'il allait prêter une attention particulière au savant mélange entre le story-telling pur et dur, et une certaine réalité sociale qui transparaît dans ce titre. A l'évidence, l'équilibre est plutôt de rigueur, avec une tentation peut-être trop forte de jouer la carte de la coolitude, mettant de coté les aspects les plus sombres des deux héros pour se concentrer sur la façon dont ils interagissent, avec des répliques drôles et pleines d'esprit, notamment la retenue dont l'ami Cage fait preuve à chaque fois qu'il doit pester ou prononcer des jurons, qu'il remplace par des expressions absurdes à la demande de sa femme (Jessica Jones). La famille est au centre de la trame. Famille mise sur pieds par Luke, famille à comprendre au sens de liens très forts, comme ceux qui unissent Luke, Danny, ou leur ancienne secrétaire, mais aussi famille en tant que piège, poids mort qui vous entraîne vers le fond, comme l'histoire de Jenny en est la démonstration. 




Si la complicité marche bien entre les deux personnages, c'est parce que David Walker s'amuse de leurs différences. Luke a été, comme il le souligne, le leader des Avengers, et il est marié avec Jessica Jones, dont il a un enfant. Danny Rand n'a qu'un but en tête, reformer l'association des belles années, quand il était plus jeune et plus insouciant. Vont-ils "se remettre ensemble" alors? Une phrase à double sens qui est un des running gag d'un album qui épouse l'air du temps chez Marvel. Une série qui joue la carte du décalage, tant dans l'ambiance que du coté artistique. En effet, Sanford Greene s'adapte parfaitement au ton de cette aventure, en créant des pages et des personnages qui doivent autant à l'esthétique des années 70 qu'à une certaine tendance "grunge" et relâchée dans la physionomie des héros, et qui lorgne souvent vers la caricature. Les réactions sont volontairement surlignées et grossies, le faciès en devient quasiment mangaesque (néologisme douteux) quand il s'agit d'appuyer l'humour ou la complicité entre les personnages et le lecteur. De quoi faire hurler les puristes qui souhaiteraient des choses plus classiques, et attendent avec impatience un omnibus avec le matériel de la grande époque Claremont et Byrne. En attendant, on tient là une sortie fun et décomplexée, qui parlera aisément et directement aux nouveaux convertis à la cause Marvel. Mais qui pourrait étonner ceux que l'esthétique urbaine poisseuse de Netflix a conquis. 




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