COVER STORY RELOADED (8) : SHAZAM #1 (1987)

Cover Story (reloaded) c'est une cover, une histoire, quelques explications. Sixième  épisode, avec Shazam en 1987
Cette rubrique nous donne la possibilité de revenir sur des épisodes précis, parfois tombés (à tort ou à raison) dans un oubli relatif. Si j'ai choisi ce Shazam de 1987, c'est parce que le personnage a été brillamment revisité ces dernières années par un Geoff Johns des grands jours. Dans cette version datée des années quatre-vingt, le jeune Billy Batson passe une soirée insouciante en compagnie de l'oncle Dudley, vieux magicien à la carrière ratée, lorsque qu'un coup de téléphone retentit, et brise à jamais son existence. L'appel annonce la mort de ses parents dans un tragique accident de voiture. Orphelin, l'enfant fait la connaissance, le jour des obsèques, de l'oncle "caché" de la famille. Et pour cause, il s'agit du sinistre docteur Thaddeus Sivana, vieux savant rabougri et aigri, qui dans un premier temps affecte de vouloir prendre le neveu sous son aile. Rien qu'à voir son rictus complaisant, on comprend de suite que ses intentions sont tout sauf guidées par la noblesse, mais Billy est naïf et soucieux d'aider Dudley, pour qui il ne souhaite pas être une charge, un poids mort. Lorsque les tribunaux statuent sur son sort, il choisit d'être élevé dorénavant par Sivana, chez qui il va rapidement savoir ce que signifie la maltraitance, et la privation de liberté. Batson finit par s'échapper, et durant sa fugue, il suit un mystérieux inconnu jusque dans une station de métro désaffectée, où se produit la plus extraordinaire des scènes. Un vieillard à la longue barbe blanche, menacé par un lourd rocher suspendu au dessus de la tête et retenu par une cordelette usée, lui demande de répéter son nom à voix haute : Shazam. Lorsque le gamin s'exécute, le voici transformé en une sorte de Superman invincible en pyjama écarlate, avec un éclair jaune sur la poitrine, et une grosse cape dont on ne comprend pas bien l'utilité. Là où Johns utilise l'ironie, le décalage stylistique, et une écriture moderne et rafraîchissante, Roy et Dan Thomas emploient le sérieux et l'académisme de l'époque, pour pondre en 25 planches la genèse d'un héros qui passe de l'enfance à la toute puissance en l'espace de cinq lettres. Une transformation traitée sous un voile de désinvolture, tandis que les moments tragiques de ce premier épisode (c'est une mini série en quatre parties) sont éludés ou sommairement traités (on ne voit pas les coups de Sivana ou les parents déchiquetés par la tôle de la voiture, les années Image ce sera pour plus tard). L'académisme, c'est aussi ce qui transparaît des dessins de Tom Mandrake, qui choisi une approche basique dans la construction de ses planches, et allie exposé didactique (la naissance du héros en quatre leçons) et clarté du propos. Tout ceci a un parfum rétro fort intéressant et qu'il est agréable de comparer avec la récente back-up publiée chez Urban Comics. Surtout quand on feuillette cette histoire présentée sur du papier buvard granuleux qui résiste comme par miracle depuis trois décennies. Shazam, c'est magique!




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SKY-DOLL - LA SERIE DE BARBARA CANEPA ET ALESSANDRO BARBUCCI

Sky-Doll est un récit d'anticipation. Une histoire de science-fiction sociale particulièrement aboutie, tant au niveau du scénario qu'au niveau des dessins qui sont remarquables. Au début des années 2000 le duo Alessandro Barbucci et Barbara Canepa (à la base des studios Disney) débarque avec cette aventure, qui nous parle aussi bien de la condition humaine, du progrès, que de religion. Ce dernier thème est omniprésent est il abordé de manière iconoclaste et désacralisée. C'est à la station-service Heaven que débute d'ailleurs le récit, sur une planète qui porte le nom de Papathea. Dans l'univers de Sky-Doll le pouvoir est aux mains d'une sorte de papesse qui dicte sa volonté au peuple et qui a usurpé le trône de sa propre sœur, quelle a évincé et relégué au rang d'hérétique, comme tous ses fidèles. Mais la religion qui est ici proposée est bien différente de ce que l'on peut s'attendre à lire : le vice et le stupre sont partout, et d'ailleurs le titre Sky-Doll se réfère à des sortes de poupées gonflable ultra technologiques qui sont utilisées pour de basses besognes, mais aussi on s'en doute pour satisfaire les appétits érotiques et sexuels des clients. Elles sont régulièrement révisées, remises à jour et les souvenirs sont peu à peu effacés, afin qu'elles continuent leur travail dans l'insouciance et le plaisir de faire. Noa est un peu différente des autres, elle a acquis une plus grande conscience de soi, se trouve être malheureuse de son sort et ne rêve que d'une seule chose, changer d'existence. Un jour elle se retrouve par accident à bord du vaisseau de deux ambassadeurs en mission pour Papathea. Jay est doté d'une sensibilité et d'une finesse que  son équipier ne possède pas, lui qui a bien d'autres objectifs qu'une simple visite diplomatique en tête, sur la planète Aqua. Jay va peu à peu s'éprendre de l'automate et lui venir en aide. Noa est bien plus qu'une Sky-Doll banale, en réalité elle est aussi porteuse d'un lourd secret qui pourrait bien changer à jamais le regard à porter sur cet univers si particulier.

Barbucci et Canepa ont écrit le scénario à quatre mains et c'est le premier mentionné qui se charge du dessin, tandis que la seconde évoquée s'attaque à la mise en couleurs. Le dessin est propre, clair et détaillé, il est difficile de définir son inspiration tant il semble à la croisée de nombreux chemins (y compris du manga) et la mise en couleur souvent froide et clinique, qui tout à coup s'illumine, provoque un jeu de contrastes et instaure une beauté précieuse, vraiment agréable à regarder. Le tour de force consiste à proposer une bande dessinée où tout le monde peut trouver quelque chose de différent. L'univers dépeint par Barbucci et Canepa tient vraiment la route et ce n'était pas gagné, car la manière dont ils évoquent le sacré et tous les secrets liés à Noa peuvent constituer, au départ, une masse d'informations confuse; mais tout trouve un sens et la quête de la poupée devient franchement intéressante au fil des pages. Sky-Doll a été publié en Vf chez Soleil, avec une trêve de dix ans entre le troisième et quatrième tome, ainsi que sous forme d'une intégrale, qui reprend les tomes 1 à 3 et une dizaine de pages inédites. Toujours chez Soleil, en 2010.



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PHONOGRAM TOME 1 : EX BRITANNIA (GLENAT COMICS)

Pour pouvoir lire et apprécier ce Phonogram, il est clair qu'il faut avoir connu ou savoir ce que signifie la britpop; sans cela, ou bien si ce mouvement musical ne vous intéresse absolument pas, il y a fort à parier que vous n'allez pas comprendre grand-chose, ou que vous allez quitter la lecture très rapidement. Vous vous rappelez les années 90 de Blur, Oasis, Pulp et tous ces groupes qui nous provenaient d'Angleterre et rivalisaient d'hymnes pop, alternant une musique dansante et festive avec de grands élans mélancoliques, héritées des années Thatcher? Une sorte de libération débridée des esprits de la musique anglaise, qui accepte désormais de toucher le grand public dans ses grandes largeurs, sans pour autant devoir assumer une pause d'intellectuels maudits entre chaque morceau. La britpop c'est le glamour, la décadence, l'immédiateté du rythme qui vous rentre dans la peau, c'est un shoot d'adrénaline en 3 minutes 30, au format single. Depuis, bien de l'eau a coulé sous les ponts. La déesse de la pop Britannia est morte, David Kohl est lui un phonomancien, autrement dit quelqu'un qui croit en la magie de la musique, et il est resté scotché à cette époque bénie de la britpop. Tout autour de lui le monde a changé, ses expériences sont dépassées et donc ce qu'il est dans le présent aussi se trouve modifié par cette perception en évolution, sociale et culturelle. Et  si en fait le changement n'était pas naturel, mais induit par des forces obscures qu'il allait devoir rencontrer, comprendre et combattre, pour rendre à la britpop la place qui est la sienne au firmament des grands courants musicaux, mais aussi des lignes directrices qui font de l'Angleterre ce qu'elle est aujourd'hui? L'art la création artistique, tout cela est passé au mixeur de la pop culture de Kieron Gillen, qui s'amuse ici à brouiller les cartes, la perception, entre la réalité et la fantaisie, que la musique fait naître en nous, qui il faut bien le dire, par moment confine à la magie. Si vous connaissez tous les groupes d'alors et les références musicales placées à l'intérieur de cet album, nul doute que vous allez beaucoup vous amuser avec ses dialogues percutants et ses références ironiques, qui émaillent pratiquement chaque page, de ce premier tome qui vient de sortir chez Glénat Comics.



Au départ celui-ci a été édité en noir et blanc. Une sorte de comic-book indépendant, cheap et sans grand avenir, mais qui va apporter à ses créateurs un succès d'estime évident. Outre Gillen, le dessinateur est Jamie McKelvie, son compère habituel, qui sera de la partie pour The Wicked and the Divine, par exemple, autre succès important (du moment) qui puise ses racines dans des fantasmes et des références en grande partie similaires. Matt Wilson a ajouté de la belle couleur à cette réalisation passée, et voilà que Phonogram est prêt pour le marché français, chez Glénat, donc. On y joue avec beaucoup d'humour sur les grand noms d'alors, de la disparition tragique du guitariste des Manic Street Preachers (une légende galloise, et britannique, donc, qui n'a jamais eu beaucoup de succès en France) au caractère surfait des Kula Shaker, qui mêlaient musique pop et pseudo hindouisme de pacotille. Tout ça tombe bien, je suis fan de ce courant musical, mais reconnaissons que de Echobelly à Ocean Colour Scene, il y avait aussi des choses flirtant avec la limite du bon goût.... Seul point négatif, Gillen lui-même est une sorte de "poseur", un scénariste dandy qui joue énormément avec les trames obscures, autoréférencés en permanence, très difficiles d'accès pour ceux qui ne partagent pas son background culturel (même la couverture est un clin d'oeil à la pochette du meilleur album de Pulp, This is hardcore). Du coup, tant bien même il est clair que Phonogram vaut vraiment la lecture, nul doute qu'une bonne partie d'entre vous va se sentir déroutée, voire lâchera l'affaire avant la fin. Tentez l'expérience, et dites nous ce que vous en pensez. 




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LES ULTIMATES DE MILLAR ET HITCH ARRIVENT DANS LA COLLECTION MARVEL ICONS

Un des problèmes majeurs pour le néophyte en matière de comics est de trouver un bon point d'entrée pour comprendre et apprécier les personnages dont nous sommes friands. Pour ce faire, Marvel a eu dans les années 2000 une idée fichtrement bonne, créer un univers parallèle dans lequel tout est à reconstruire, avec une sorte de mise à jour pertinente et plus réaliste. La naissance du plus grand groupe de super héros, les Avengers ( ici rebaptisés les Ultimates, donc) est de la sorte revisitée de manière époustouflante et irrésistible. Entre un Thor mi hippie mi illuminé, un Hank Pym qui tabasse sa femme et la laisse pour morte, dans ce qui est probablement la scène de ménage la plus spectaculaire jamais pensée dans un comic-book (on en fait des choses avec de l'insecticide), ou encore un Tony Stark milliardaire cynique et calculateur, il y a de quoi faire, dans cet album. L'humour coule à flots et les dialogues oscillent continuellement entre le sarcasme génial et le réalisme le plus jouissif. Oubliez Hulk qui du plus profond de sa colère ancestrale, ne parviens qu'à articuler "Hulk méchant, hulk tuer". Avez vous déjà entendu auparavant le géant vert se pourfendre d'un "Hulk va t'arracher ta tête et après il pissera dans ton crâne"? Ou vu Captain America achever un adversaire battu et qui se rend, d'un coup de botte militaire dans le menton? Au départ, la ligne Ultimate avait pour but de permettre à tous ces nouveaux lecteurs, rebutés par des décennies de continuity et qui n'y comprenaient plus grand chose aux élucubrations marvéliennes, de prendre le train en marche et de découvrir un Marvelverse 2.0 un peu plus à la page. En respectant les canons de la modernité, c'est à dire moins de tabous pour ce qui est de la violence, du sexe, de l'irrévérence. Un monde plus jeune, moins guindé, où le super héroïsme et l'angélisme ne font pas bon ménage.

On présentait déjà que Mark Millar avait l'étoffe d'un chef de file des grands scénaristes de l'ère moderne des comics mainstream. On obtient ici une frappante confirmation, avec un récit électrisant qui alterne action pure et humour corrosif. Quand aux dessins de Brian Hitch, ils sont tout simplement le meilleur écrin possible pour ce bijou immanquable : expressifs, puissants, lumineux. Certains reprocheront à l'ensemble un petit coté figé, glacé, mais l'inventivité des cadrages et la profusion de détails rendent tout pinaillage assez vain. Certes, l'artiste est lent, et produire cette histoire ne fut pas sans difficulté, mais on prendra un plaisir évident à la relire dans la collection Marvel Icons, et son beau papier épais, qui est à mon sens une des vraies réussites de Panini ces dernières années. Comme déjà dit, Millar propose des versions plus réalistes des héros, et c'est en toute légitimité que Captain America, qui a grandi dans les années 30/40 et a participé à la guerre bercé par un esprit patriotique aiguisé, se retrouve en décalage par rapport à l'Amérique moderne qu' il découvre, et face à laquelle il parait être un conservateur réactionnaire. Les super héros ont des failles et sont humains, ils n'ont plus rien d'iconique ou de parfait, et les doutes, les défauts, sont visibles au delà des costumes, définissent ces humains super dans leurs pouvoirs et leurs missions, mais terriblement semblables à vous ou moi dans leurs réactions. Un grand classique de l'âge moderne des comics Marvel, que vous vous devez de posséder dans votre collection!



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SUPERMAN UNIVERS HS 5 : WAR OF THE SUPERMEN

Une des caractéristiques importantes de Superman, c'est le caractère orphelin de tout un monde. Il vient de la planète Krypton, qui a été détruite, et dont il est (plus ou moins, selon les périodes) le dernier survivant. Parfois on lui affuble une cousine, parfois on lui colle une légion d'autres kryptoniens, selon l'humeur des scénaristes. James Robinson, avec la saga War of the Supermen, publiée dans ce numéro HS de Superman Univers, revient sur les conséquences du retour à une taille normale des habitants de la bouteille-cité de Kandor, et leur tentative de s'établir sur leur propre monde. Ce dernier entre très vite en conflit avec la Terre, piloté par l'infâme général Zod qui avait tout manigancé dès le départ. Les kryptoniens étant dopés au soleil jaune qui nous procure la vie, je vous laisse imaginer l'effet des armées de Zod s'abattant sur la planète, et combien il sera difficile pour Superman de faire face, même s'il a su s'entourer d'amis et alliés pour faire face à la crise urgente. Le général Lane, le père de Lois, voit là l'occasion parfaite pour donner libre cours à son aversion acharnée des aliens, et prépare une bien mauvaise surprise à Zod. En gros il s'agit d'un conflit inévitable, entre une race que l'on pensait éteinte, et qui s'en prend à l'humanité, et cette dernière qui frappe sans réfléchir, provoquant une tension encore plus grande, et un point de non retour, entre nos peuples. Superman est pris au milieu de la tourmente, et avec lui nous suivons aussi Supergirl, qui a retrouvé sa mère, qu'elle croyait morte, pour mieux la perdre aussitôt. Une tragédie, un génocide, que Lane accomplit sans coup férir, alors que sa fille journaliste enquête pour mettre à jour ses malversations. War of the Supermen sonne comme une dénonciation amère de toutes les formes d'impérialismes, de l'escalade de la terreur, qui préfère la guerre aux négociations, aux ententes. Il dresse deux races l'une contre l'autre, et présente un effrayant tableau, avec des victimes qui tombent comme feuilles mortes à l'automne...


Tout ceci, nous avions commencé à le lire lorsque c'était encore Panini qui détenait les droits de DC Comics en France. Les kryptoniens libérés de leur bouteille, l'installation sur la Nouvelle Krypton, de l'autre coté du Soleil... Mais pour connaître la conclusion, il a fallu patienter des années. Ce hors série a quand même des défauts structurels évident. Tout d'abord, si vous ne connaissez Superman qu'à travers les New 52, vous allez ici devoir faire un bond en arrière qui bouleverse totalement vos références sur le personnage. Ensuite ce qu'on y découvre est parfois incroyable. Jimmy Olsen est mort, dès le début? Non, il faisait semblant, le revoici. Des kryptoniens attaquent la Terre? On nous dit que des chefs d'état (en France par exemple) sont assassinés, décapités, que des pays entiers sont à feu et à sang...et dès la fin rapide de cette aventure (quelques heures) tout semble redevenir comme avant, là où un tel dénouement devrait laisser des mois entiers de drame, de remous. Coté dessins,  il y a un peu de tout, globalement c'est assez bon, soigné, on ne peut pas trop se plaindre de coté là. Mention particulière pour Eddy Barrows (qui allait ensuite s'attaquer à Nightwing) et Cafu, qui est lui aussi très doué pour les belles plastiques dynamiques. Il faut voir War of the Supermen comme une immense baston de moins de 24 heures, un conflit éclair entre surhumains, avec des inventions narratives tirées par les cheveux (le soleil rouge de Luthor) et des moments forts poignants, comme le décès d'Alura, la maman de notre jeune Supergirl. Certes, de l'eau a coulé sous les ponts et cette parution est susceptible d'intéresser avant tout les anciens, qui étaient déjà avant l'avènement d'Urban Comics. On regrettera qu'elle arrive aussi tardivement. 







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SUPER-MELENCHON CONTRE LA CASTE : LA POLITIQUE SELON MAST

Nous suivions ce projet avec intérêt, depuis que Mast était venu nous rendre visite à Nice, en pleine période de promotion pour l'album Daredevil/Punisher, sorti le mois dernier chez Panini. Il nous avait expliqué le concept, et montré quelques planches de son Super Mélenchon, et il faut l'admettre, ça ressemblait fort à un gros succès annoncé. Faisons fi de la campagne présidentielle nauséabonde et de nos opinions politiques, et jetons un oeil au résultat fini, ce qu'il vaut en tant que bande-dessinée satirique. Mast (de son vrai nom Jean-Louis Reiprich) est avant tout un lecteur et un passionné de comics, ce qui fait qu'il en connaît les codes, les habitudes, et sait les détourner avec l'ironie nécessaire à ce type de travail. Du coup le héros de l'histoire (oui c'est vrai, il est traité bien plus favorablement que les autres candidats...) est une sorte de Superman invincible, mais qui contrairement au kryptonien, tient ses pouvoirs d'un artefact magique, que lui a cédé François Mitterand sur son lit de mort (l'écharpe socialiste). Afin d'affronter et réduire au silence ses adversaires qui le cernent de toutes parts, Super Mélenchon répand une rumeur absurde qui lui attire la visite, chacun à tour de rôle, de ses antagonistes principaux. Et là c'est désopilant, par moments. Car Mast recycle toutes les casseroles, les défauts caricaturés, de chacun des candidats, et les insère dans des face à face au coefficient de difficulté croissant, dont JLM sort vainqueur. Au prétexte de rire, on sent poindre quelques remarques bien pensées, qui expliquent en grande partie pourquoi les électeurs contraires à ces candidats leur adressent autant de reproches. Mention particulière au duo Marine & Jean-Marie Le Pen, ici représentés sous forme d'une hydre bicéphale, et à Emmanuel Macron. Mast a admis ses problèmes au moment de donner forme à l'ancien banquier d'affaire, et il a eu l'idée de recourir à un masque souriant qu'il place sur le visage de l'individu, permettant au passage une révélation finale quand à la vraie identité de cet opposant.


Je le répète, cette lecture est éminemment drôle, d'autant plus qu'elle débarque dans un climat oh combien pesant, délétère, avec une campagne répugnante, où chacun a d'avantage pensé à verser du fiel dans le camp du voisin plutôt que de défendre son programme. Mélenchon est devenu l'icône de la rébellion au système, mois après mois, fort de son opposition à la triple couronne médiatique/économique/politique qui a tendance a scléroser la vie participative en France. Le citoyen n'arrive plus à être entendu? Hop, Mast transforme la montée du mélenchonisme en bd super-héroïque, avec les travers et les forces des uns et des autres, et des trouvailles géniales comme un De Gaulle/Galactus splendide, ou un François Fillon désopilant. Même JLM n'échappe pas à une bataille contre son égo, qui s'inscrit finalement dans ce qui lui est reproché, le plus directement.
Mast a encore fait un pas évident en avant dans la maîtrise du story-telling, avec une aventures limpide, très agréable à lire, sans le moindre temps mort. Certes, son style est très particulier, et son dessin d'autodidacte qui opère en dehors des lignes habituelles pour le comic-book, peut dérouter voire éloigner les puristes des héros en collants. Mais en héritier moderne d'une longue tradition underground, qui explosa dans les années 70 notamment, l'artiste trace sa route avec succès, entre créations personnelles qui affolent les compteurs chez Ulule (le mode de financement ce cette bd) et collaborations régulières avec Marvel, dans le cadre du turbomédia. A y regarder de plus près, ça n'a rien de franchement étonnant ni d'usurpé! 







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SYMMETRY : LA FIN DE L'UTOPIE, SELON HAWKINS ET IENCO

L'Utopie. Un monde merveilleux, duquel les concepts même de conflits, de famine, de luttes entre les individus, de crime, ont été bannis, anéantis, et substitué par le bon vivre, ou tout du moins l'égalité la plus parfaite entre tout le monde. C'est sur ce type de planète que vous avez rendez-vous, dans Simmetry, fraîchement sorti chez Panini. Bien entendu, derrière ce tableau de rêve se cache une réalité moins réjouissante. Chaque être humain s'est vu implanté dès la naissance une sorte de programme informatique ultra sophistiqué, qui va lui dicter sa conduite pour toute son existence, dont le terme est calculé et prédit à l'avance. La liberté individuelle n'a plus cours, et le prix du bonheur est le conformisme absolu, quitte à droguer les aliments pour canaliser les émotions, et isoler sur des continents inaccessibles les uns aux autres les principales ethnies de l'humanité. Les gens naissent donc asexués, et c'est à l'âge de treize ans qu'ils peuvent déterminer leur choix définitif, et leur identité. La droite réactionnaire en ferait une syncope. Les tâches subalternes, elles, sont confiés à des robots, et tout ce joli monde est connecté à une espèce d'intelligence centrale qui organise et régit l'ensemble des parties. Un grain de sable va venir dérégler cette symphonie idyllique, dès lors que deux frères, Michael et Mark, partent ensemble en vacances sur le territoire de Wolf Creek. Sans prévenir, une terrible éruption solaire vient plonger la Terre dans l'angoisse, une tempête électromagnétique qui neutralise tous les systèmes informatisés sur des kilomètres à la ronde. Pour la première fois, les victimes se retrouvent confrontées à des phénomènes qui appartiennent aux livres d'histoire, comme le meurtre, les accidents, la souffrance et la peur. Et surtout, ils se retrouvent déconnectés de leurs intelligences artificielles, forcés de prendre des décisions, de réagir, uniquement en fonction de leur caractère, leurs réactions. Peut-on redevenir humains en si peu de temps, et réapprendre l'autonomie, et la différence, en cas d'urgence absolue. Bien sûr que non, et c'est la dégringolade...


Matt Hawkins réussit le tour de force de maintenir l'intérêt dans cette série qui dure huit numéros, et se scinde en deux grands volets. Le premier raconte le jour où tout a basculé, et la liaison entre deux individus que tout sépare, y compris les origines ethniques, et qui vont avoir une fille, la première métis de cette utopie chancelante. La seconde partie se concentre, vingt ans plus tard, sur les efforts de cette dernière pour percer les secrets de la connaissance, qui permettront de cerner les problèmes et les attentes de la grande I.A régissant la Terre, et ses visées toutes personnelles. Hawkins n'est pas un inconnu ou un débutant, il est même à la tête du label Top Cow, et il nous abreuve de concepts parfois un peu forcés, le plus souvent fascinants et porteurs d'un potentiel indéniable. Raffaele Ienco, de son coté, tente de donner corps à l'ensemble avec un style assez réaliste, se concentrant sur les personnages, laissant souvent en arrière plan une colorisation uniforme et tamisée pour remplir les trous. Il caractérise assez bien les différents intervenants, et livre une prestation fort honorable, parvenant même à nous faire oublier certaines ellipses ou raccourcis que Hawkins utilise pour ne pas perdre de temps dans son récit. Huit épisodes pour tout dépeindre, de l'utopie la plus complète au délitement programmé, est-ce assez? Nous pensons qu'il y avait là matière à orchestrer une saga passionnante et ultra riche en rebondissements, un peu sur le modèle de Low ou Saga, par exemple. Du coup on ressent une certaine frustration, surtout quand l'héroïne de la seconde partie visite un à un les différentes régions du globe, où elle est systématiquement victime d'actes terroristes et xénophobes, et où l'impression d'un enchaînement trop fortuit et rapide des faits entame la crédibilité de la lecture. Qui au final reste fort sympathique, et recommandée à tous les amateurs de science-fiction et d'anticipation sociale. 







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SECRET EMPIRE #0 : HAIL STEVE ROGERS (LA REVIEW)

L'Empire secret de Steve Rogers peut donc commencer! Voici venir un numéro 0 que nous pourrions définir comme cataclysmique. Ce n'est pas une exagération, tant la situation semble désespérée. Il faut savoir avant d'aborder ce numéro (et il s'agit là d'un petit spoiler alors faites attention si vous souhaitez continuer à lire cet article) que Steve est parvenu à évincer Maria Hill à la tête du SHIELD; en conséquence c'est vers lui que se tournent les espoirs du peuple et de l'armée américaine en cas de conflit de grande ampleur. Et c'est tout à fait le cas, puisqu'une attaque fracassante sur trois fronts semble mettre la planète à genoux. Tout d'abord les Chitauris passent à l'offensive depuis l'espace, puis c'est au tour de l'Hydra de mettre la main sur un petit État de l'Est et d'exiger une reconnaissance internationale, ou un conflit à l'échelle mondiale. Enfin tous les vilains détenus autrefois dans la prison de Pleasant Hill mettent à feu et à sac New-York. Les super-héros sont complètement dépassés et ils n'arrivent pas à faire face sur les trois fronts. Dans le ciel il y a bien la possibilité de dresser un bouclier tout autour de la Terre, pour empêcher les extraterrestres d'y pénétrer , mais cela ne fonctionne pas et lorsqu'enfin les forces du bien semblent reprendre espoir et que le bouclier parvient à se révéler efficace, c'est pour devenir une arme à double tranchant et l'un des derniers pions que Steve Rogers place sur son échiquier personnel. Ce numéro 0 est en fait la grande introduction à tout ce qui va suivre. Steve Rogers jette le masque et c'est lui qui pourrait bien s'imposer en dictateur absolu de la planète. Nick Spencer continue donc de tisser son grand œuvre avec habileté, et il faut le dire, le scénario nous tient en haleine! Le dessin a été confié à Rod Reis et Daniel Acuna, chacun s'occupant d'une section bien précise (le prologue et le passé, le temps présent) et même si les styles divergent, l'ensemble fonctionne remarquablement et bénéficie d'une mise en couleurs subtile et froide qui sied parfaitement aux intentions. 

Reste que certains ont des problèmes avec le fait qu'on nous présente Steve comme agent dormant de l'Hydra depuis toujours... là encore dans ce numéro son passé est totalement revisité et présenté sous un autre jour, mais attention ne nous y trompons pas, s'il en est ainsi c'est juste parce que ce même passé a été récrit par le cube cosmique, en conséquence oui, dans cette nouvelle timeline trafiquée, Captain America est un agent de l'Hydra depuis le départ, mais tout ce que nous avons lu n'a pas été effacé! On peut interpréter cela comme un viol à très grande échelle de l'identité même du personnage. Qui sait ce que ce qui se passera si un jour prochain Steve Rogers parvient à briser l'influence du cube, et défaire les dégâts qu'il a produit en lui. Donc oui Captain America est un agent de l'Hydra depuis toujours, mais uniquement parce qu'une intervention extérieure en a voulu ainsi, non pas parce qu'il devait en être de la sorte. On ne nous a donc pas menti durant des décennies. Je sais que cette grande saga suscite bien des perplexité, soulève bien des doutes chez certains d'entre vous, mais franchement elle est efficace, terriblement musclée, et en ces temps de troubles géopolitiques correspond même (comme Marvel a souvent si su le faire) aux fantasmes et aux angoisses des peuples occidentaux. Jamais les ténèbres n'ont sembli si fortes dans le Marvelverse. Car ce n'est pas seulement d'une menace cosmique ou chimique qu'il s'agit, mais d'un noyautage interne, de l'état qui implose et de la dictature qui s'amorce, ramenant aux esprits les pires moments de notre histoire récente. Bref j'ai vraiment hâte de lire la suite de ce Secret Empire, convaincu qu'il y a matière là à aboutir à une formidable chef d'oeuvre d'ambitions, à condition de garder le cap et d'aller jusqu'au bout, droitement, des folles idées de Spencer. 


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SPIDER-ISLAND (SPIDER-MAN) REVIENT EN MARVEL EVENTS

Spider-Island revient, dans la collection Marvel Events de chez Panini. L'occasion de replonger dans une des sagas les plus étonnantes de la carrière récente du tisseur de toile. Le grand vilain de cette histoire n'est autre que le Chacal, dont il n'est pas aisé de suivre la trace, entre clones et morts à répétitions. Cette fois, il a longuement mûri sa vengeance contre Peter Parker. En modifiant l'Adn de simples punaises, il est parvenu à créer un nouveau type d'insecte, dont la piqûre confère à sa victime... des pouvoirs arachnéens en tous points similaires à ceux de notre monte en l'air préféré! Ne pensez pas que ce soit fun pour les "victimes" car des mutations secondaires pourraient bien corser les choses par la suite. Sérieusement, vous imaginez vraiment tous les habitants de Manhattan dotés des mêmes facultés que Spider-Man? J.J.Jameson, l'irascible maire de la ville, pendu au bout de sa toile? Mary-JaneWatson en super héroïne? Si c'est le cas, vous avez saisi le concept de Spider-Island, et vous êtes prêts à vous jetez dans l'aventure. A l'époque, le présent de Parker connaît de vrais bouleversements. Ses talents scientifiques sont mis à contribution chez les laboratoires Horizon (des génies idéalistes qui le paient grassement, au passage) et il a entamé une nouvelle relation sentimentale avec Carlie Cooper, de la police scientifique. Oui, à coté de Felicia Hardy ou Mary-Jane Watson, elle est assez pâlichonne. Spidey a aussi perdu son célèbre sens d'araignée, lors d'un affrontement face au Scorpion, et pour compenser cette déconvenue, il a pris des cours avec Shang-Chi, le maître du kung-fu. Voilà un peu la situation, pour ceux qui l'auraient oublié, avant que les petites punaises du chacal ne viennent répandre l'incroyable à travers la ville...

Dan Slott et les pontes de Marvel (Tom Brevoort, Stephen Wacker...) s'était au départ réunis pour programmer le futur de Spider-Man. L'idée était de créer une sorte de gros blockbuster décomplexé qui puisse secouer tout l'univers du tisseur, avec également des conséquences sur les titres mineurs, des personnages secondaires à exploiter dans un corpus plus grand. Au passage, les comic shops ayant commandé 150 % de copies supplémentaires du numéro 666 de The amazing Spider-Man avaient la possibilité de proposer aux clients une cover personnalisée, avec au moins 500 exemplaires de chacune. Slott a fait globalement du bon travail, il est parvenu à donner une voix et de l'importance à presque tous les pions étalés sur le plateau, de Julia Carpenter à Mary-Jane Watson, en passant par Kaine. Peter Parker lui en perd un peu son latin, et il n'est pas prêt, clairement, à voir évoluer autour de lui une horde de citoyens possédant ses pouvoirs. On sent même que ça l'ennuie, sur la forme. Au dessin ce sont de véritables pointures modernes qui opèrent. Humberto Ramos, en initié de la série, dont le style tranchant peut dérouter ou rebuter, mais qui n'a pas son pareil pour la construction des planches, joue habilement avec les plans proposés, sait les dynamiser en continu. Et les italiens Stefano Caselli (propre, limpide) et Giuseppe Camuncoli (une synthèse parfaite des deux premiers?) qui font partie de ce que l'école transalpine sait offrir de meilleur en ce moment. Le tout aboutit dans un climax qu'il n'est pas simple de prévoir au départ, et constitue une très bonne récréation, un comic-book à pop-corn à lire sur le hamac des vacances. Si vous êtes passés à coté de cette histoire et que vous aimez le mainstream qui s'assume sans rougir, Spider-Island a de fortes chances de vous sourire. 






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BATMAN #21 : THE BUTTON STARTS HERE!

Cela fait déjà pas mal de temps que la rumeur enfle, et devient consistante. Dc Comics prépare le rappochement entre l'univers de Watchmen, et le DCverse "classique". Par la même occasion, ce sera l'occasion d'éclaircir de nombreux points, sur ce qui s'est produit durant et après Flashpoint, avec le début des New 52. Un peu perdus? Pas grave, l'heure a sonné de commencer à comprendre ce que nous ignorons, va se produire, même s'il faudra beaucoup de patience et de tolérance. C'est mercredi, sur les pages de Batman #21, que le crossover The Button a donné le coup d'envoi de la révolution copernicienne. On retrouve Batman dans sa cave truffée de gagdets, avec dans la main le célèbre badge issu de Watchmen, se demandant bien ce que peut cacher cet objet insolite découvert chez lui, après l'apparition fantomatique d'un Wally West oublié de tous. Lorsque le badge entre en contact avec le masque du Psycho Pirate, qui se trouve aussi parmi les artefacts de Bruce Wayne, il se produit une sorte de distorsion temporelle, qui permet à Batman de communiquer un bref instant avec son père, le Dark Knight de l'univers Flashpoint. Hélas, cela provoque aussi une conséquence bien moins sympathique, le retour d'entre les morts du Reverse Flash Eobard Thawne, qui passe le héros à tabac, avant d'avoir lui aussi une révélation...foudroyante.
Le combat est d'une violence inouie. Franchement, j'en ai encore mal à mon Batman. Qui fait preuve de résistance, et d'ingéniosité aussi, même si la manière dont il riposte vous donnera probablement quelques doutes au niveau de la crédibilité de la chose. C'est ainsi, faisons semblant d'y croire. Tom King a l'intelligence de placer un maximum de références à Watchmen, tout en restant dans le domaine de l'allusion, pas de l'explicite. Cela va de la trace de sang sur une crosse d'un joueur de hockey, au crachat de Batman, là aussi empli de sang, qui vient former sur le visage du Reverse Flash ce que le badge représente. On trouve d'autres choses du genre, comme un poster, par exemple, à Arkham. Bref tout est clair, il s'agit là des premiers pas vers une explication définitive, du pourquoi, du comment, de la fusion entre différents univers distincts (Wildstorm, New 52, Watchmen) et du temps qui a mystérieusement disparu à la suite. Les puristes s'arrachent les cheveux depuis des mois (Alan Moore hurlerait encore à la Lune aux dernières nouvelles) mais c'est ainsi, et admettons le, pour l'instant ça fonctionne, on est pris au jeu, et on a une folle envie d'en savoir d'avantage.
En plus Jason Fabok ne se dément pas. Le trait réaliste et percutant de l'artiste donne aux planches un impact émotionnel fort, une plastique soignée et dynamique, qui en font déjà un petit classique du genre. 
Tout ceci est bien entendu juste une introduction. Le numéro se lit assez vite, et ne contient pas une intrigue très étoffée. Mais un mystère savamment teasé, qui nous pousse à attendre la suite avec confiance et impatience. The Button indispensable, pour les fans de DC Comics? C'est peu de le dire! 



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ASTONISHING SPIDER-MAN & WOLVERINE : UNE ERREUR DE PLUS (MARVEL DELUXE)

Astonishing Spider-man and Wolverine, c'est un bol d'air frais hors continuité, la rencontre entre deux poids lourds de la maison des idées, basée sur un postulat simple : deux personnages ultra vendeurs associés, c'est une bonne pluie de dollars (pratiquement) assurée. Cela dit le travail est de qualité. On retrouve les deux héros en plein âge préhistorique, chacun de son coté. Peter Parker joue au scientifique maudit, barbu et solitaire, d'autant plus qu'il vient de se rendre compte qu'il se trouve en plein dans l'épicentre d'une catastrophe inévitable, cet astéroïde géant qui provoqua une période glaciaire en s'échouant sur notre planète, et l'extinction des dinosaures au passage. Spidey est à 24 heures de se le prendre sur le crâne. Wolvie est lui à la tête d'une tribu de primitifs, le "petit peuple", dans un rôle somme toute convenu, qui lui sied à merveille. Que font-ils là, comment en sont-ils parvenus à l'aube des temps? Et bien les problèmes ont commencé de manière assez banale, avec un cambriolage comme on en voit tant, à New-York. Un gang portant un masque représentant un oeil (à l'effigie de leur leader), un sachet de joyaux aux propriétés particulières, et voilà que la situation dégringole. Ce qui peut paraître des jours va devenir des années pour le tisseur et Wolverine, qui vont voir leur relation mis à l'épreuve de différentes ères temporelles, et de trouvailles comme un pistolet contenant la force du Phénix, ou une batte de batte de base-ball incrustée de pierres précieuses temporelles. Tout dans ce Marvel Deluxe est un exercice de style récréatif, qui contient même une belle histoire sentimentale pour Parker, hélas à la destinée habituelle, dès lors qu'on évoque ses élans amoureux, ou plutôt ses déboires, devrais-je dire.




Le fait est qu'il ne faut pas voir dans cette mini série un produit vraiment innovant. Tout d'abord l'excuse du voyage dans le temps est usée jusqu'à la corde, et c'est seulement un prétexte pour plonger deux personnages iconiques dans des situations extrêmes. Mais Jason Aaron, même en pilotage automatique, parvient régulièrement à nous faire sourire et rend le récit vivant, en tous les cas il évite l'écueil de nous ennuyer. L'écriture est pleine d'une ironie légère, et c'est toujours drôle et un plaisir de retrouver Mojo et sa société télévisuelle absurde, qui a anticipé bien des années avant l'invasion pernicieuse de la télé-réalité qui a contaminé nos écrans. Bien sûr, grande partie de l'intérêt de cette histoire réside dans l'opposition des caractères, entre un Spider-Man bouffon et décalé, et un Wolverine qui fait la tronche et se la joue gros dur. Parmi les fulgurances, la présence d'un Doom/Fatalis transformé en planète vivante, lui qui ne manque pas d'égo (jeu de mot foireux, les fans de comics, les vrais, auront compris). Adam Kubert au dessin, est bien sûr la certitude d'un job bien fait, super dynamique, avec une triple splash page et des vignettes qui respirent l'aventure. On note juste que plus on avance, plus ce bon viel Adam a du bosser vite pour rendre les planches à temps, mais on ne se plaindra pas, l'ensemble est au niveau. Chez Panini vous trouverez donc là de quoi donner corps et âme à l'expression "lecture fun". A réserver à ceux qui veulent lire de l'entertainment pur et dur, sans exiger un abum d'une profondeur épocale. 







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ROSE #1 : MAGIE ET FANTASY CHEZ IMAGE AVEC MEREDITH FINCH

Alors oui, je sais ce que vous allez penser. Encore une histoire d'inspiration fantasy, avec le combat dichotomique entre la reine de contrées étranges, qui donne la chasse à toute trace de magie, et une jeune rouquine et ses amis rebelles, pour contrer la dictature de la méchante souveraine. Pas très original, il y a une série dans le genre chaque semaine qui doit naître, en ce moment. Bref la magie est en danger, il faut la défendre, etc.
Dans Rose, on apprend que le royaume est défendu par des gardiens, qui puisent leurs forces dans des liens les unissant aux "Khat", mais qu'avec le temps, ils ont disparu, et que la magie a été bannie, pourchassée, au point que désormais celles et ceux qui en possèdent encore des bribes sont interdits de l'utiliser, et portent (comme l'héroïne du titre) des artefacts comme des bracelets, des colliers, pour en contrer la manifestation. L'histoire débute par un flash-back qui permet une introduction assez classique aux enjeux, avant un bond dans l'instant présent. On a à peine le temps de se familiariser avec Rose et surtout sa mère, qui lui offre un présent pour juguler sa magie, que celle-ci (tout comme le village) est attaquée et détruite par la Reine Drucilla. Rose était partie se baigner, mais coup de chance extraordinaire, elle revient juste au bon moment pour saluer une dernière fois la maman mourante, puis prend la fuite à travers la forêt, sans savoir où mettre les pieds. Qu'importe, quelques part dans les frondaisons se cachent la rébellion!
La Reine Drucilla est une garce sans pitié. Un petit coté Tornade des X-Men, mais avec la sympathie et la soif de puissance de la Goblin Queen, Madelyn Prior. Quand elle ordonne quelque chose, il faut obtempérer, et réussir, autrement c'est la catastrophe. Tout est fait pour la rendre antipathique, tout comme tout est fait pour que Rose, du physique aux caractéristiques, suscite l'attendrissement. Meredith Finch ne se dément donc pas. Ce n'est pas une scénariste pétrie de talent, et si j'étais un éditeur important, ce n'est certainement pas elle que je solliciterais pour faire vivre une série. Certes, être l'épouse de David aide pas mal, d'ailleurs elle admet sans détour que c'est son mari qui l'a encouragé et poussé à prendre la plume, et écrire des comics. Pour le moment, ça reste trop basique, et pas vraiment frais.
Le dessin est confié à Ig Guara. Un petit coté Mahmud Asrar se détache de ses planches, les visages et le mouvement font quelques clins d'oeil aux mangas, mais cela reste lisible et agréable, pour en faire un comic-book qui se tient, sans déplaire visuellement. Reste que si Image multiplie les sorties ces temps derniers, les nouvelles propositions, toutes ne se valent pas, et Rose ne présente (pour le moment) aucune particularité en faisant un produit prometteur. 






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COVER STORY RELOADED (7) : EXCALIBUR #92 (1995) LA RAGE DE COLOSSUS

Cover Story (reloaded) c'est une cover, une histoire, quelques explications. Septième  épisode, avec Excalibur et Colossus (1995)
L'amour déçu, les sentiments éconduits, la frustration sentimentale qui dissipent les illusions. Parfois, il faut se faire briser le coeur pour grandir, pour ne plus être un gamin aux réactions infantiles, et accéder au statut d'homme, avec tout ce que la condition adulte suppose de souffrances, même si cela fait horriblement mal. Prenez Colossus, par exemple. Peter Rasputin a toujours eu un faible pour Kitty Pride, qu'il porte dans son coeur depuis son arrivée chez les X-Men. Une relation assez platonique, non consommée (il faudra attendre l'avènement de Josh Whedon sur Astonishing X-Men pour que clairement il nous soit dit que les deux sont passés à l'action) et probablement immature. Lorsque Peter pense avoir perdu son frère et une grande partie de ses rêves, il quitte Charles Xavier et les X-Men, pour poursuivre ses aventures aux cotés d'un Magneto lobotomisé par le Professeur X, sur la base d'Avalon, en orbite autour de la planète. Un départ qui est le coup de théâtre final de la saga Fatal Attractions, et qui marque le départ d'un personnage pourtant jusque là rêveur, ingénu, animé d'une verve et d'une sensibilité poétique. Mais qui choisit le camp de l'action/réaction, au détriment des atermoiements et des espoirs froissés. A son retour, après une expérience qui aura tourné court et se sera terminé encore une fois dans le drame et la trahison, Colossus débarque sur l'île de Muir, le Qg d'Excalibur, en projetant sur Kitty toute sa frustration, son immense besoin de retrouver des bras aimés pour revenir en arrière, à une époque moins cruelle, à une idylle perdue. Mais revenir en arrière n'est pas possible dans la vie, et la jeune fille est entre temps devenue très proche de Pete Wisdom, un ancien agent secret britannique qui a intégré l'équipe. Fumeur, dragueur, désabusé, pas spécialement athlétique, ce pseudo boyfriend n'a rien du monstre métallique ultra sensible qu'est Rasputin. Mais il sait être gentil quand il le faut, et surtout c'est un homme, pas un adolescent, et traite Kitty en tant que femme, ce dont elle n'avait pas l'habitude. D'ailleurs, réaction totalement immature s'il en est, Colossus ne se contrôle pas et gère sa rage en rouant de coup son rival, le laissant aux portes de la mort. Un combat disproportionné, dont le coeur déchiré et foulé aux pieds est le prétexte. Celui que se trouve un homme qui refuse de grandir, et préfère se réfugier dans les songes d'hier, par peur de regarder en face le lendemain. Une très belle histoire, bien écrite et mise en scène par Warren Ellis et dessiné par Casey Jones, qui se termine avec un excellent dialogue entre Nightcrawler et Colossus, et l'appendice du face à face entre Kitty et le pauvre russe déconfit, qui commence à admettre son erreur, et par là même... à grandir. Petit travail d'orfèvre qui prouve que derrière le langage des poings peut aussi se cacher la détresse d'un coeur qui ne sait plus vers qui se tourner pour panser ses plaies. 
Publié en Vf dans X-Men 5 (Panini, 1997)




Oui je sais depuis Colossus s'est sérieusement déluré au contact de Domino, et à coté les galipettes avec Kitty doivent sembler bien fades... Et pourtant juré, si vous avez lu X-Men Gold #1, ce vieux Peter va retenter le coup. Incorrigible. 



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