LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : IDISS

SPIDER-MAN 2099 ET L'UNIVERS 2099 : SOUVENIRS!


 Bon, c'est les vacances, vous le savez, alors cap sur la Terre-928, un autre de ces mondes parallèles dont Marvel possède le secret. Là, nous sommes déjà en 2099, et l'histoire semble avoir pris un pli que nous ne lui connaissons pas. Nous sommes dans un univers punk futuriste, où les grandes compagnies technologiques ont fait main basse sur le monde, et où les villes sont des constructions pyramidales tentaculaires, qui s'élèvent toujours plus haut, et relèguent la fange et les opprimés toujours plus bas, jusqu'à les oublier, totalement. Miguel O'Hara travaille chez Alchemax Corporation, un des leaders de la recherche en génétique. Son joujou privé? Des expériences visant à recréer les pouvoirs du Spider-Man des origines, une légende urbaine à la fin du XXI° siècle. Pour mieux contrôler son employé, et en tirer les ficelles à sa guise, son boss, un certain Tyler Stone, n'hésite pas à le droguer à son insu, avec une substance ultra puissante qui le rend accroc dès la première prise fatidique. Miguel n'envisage qu'une façon pour guérir et se sevrer, à savoir intervenir directement sur son propre séquençage génétique, mais ce serait sans compter sur Aaron Delgato, un collègue jaloux, qui sabote sa tentative. Du coup, O'Hara se retrouve affublé de pouvoirs similaires à ceux du Spidey que nous connaissons, voire mieux même, puisqu'il est doté d'une toile organique, par exemple. Pourchassé par un cyborg du nom de Venture, il prend la tangente et s'affuble d'un costume de carnaval (pour la fête des morts au Brésil) qui fait de lui la nouvelle version futuriste du monte en l'air des familles.



Une bien bonne surprise que cette série, que peu de lecteurs connaissent, si on ne prend en compte que les moins de trente ans. Les autres par contre sont forcément rencardés, et achetaient sûrement le mensuel 2099 proposé par Semic. A l'époque, Marvel avait tenté d'implanter cet univers parallèle très futuriste, et l'opération avait plutôt bien débuté, avant de péricliter devant une profusion hasardeuse des titres et une baisse évidente de la qualité des histoires présentées. Le Spidey 2099 est avec Fatalis le personnage le plus réussi de cette fournée, et ses premières aventures, si bien amenées, méritent toute votre attention. En partie nous retrouvons un schéma narratif déjà assimilé : si Peter Parker travaille au Buggle et cache son identité à son patron, Miguel O'Hara en fait de même chez Alchemax. Lui aussi a pas mal de problèmes personnels, et sa vie de famille n'est pas des plus tranquilles. Il lui faut déjà échapper aux soupçons de son frère, gérer le déséquilibre de sa mère, et composer avec Dana, sa fiancée. Leonardi dessine le tout dans un style qui oscille entre cartoon et réalisme tranché à la serpe. Ses figures ne sont certes pas les plus gracieuses, mais il a imposé un style reconnaissable et dynamique qui a bien contribué à la réussite du titre. Le cadrage est fabuleux, et nous promène à vitesse folle dans la cité futuriste à multiples étages, où on a vite fait de sombrer. Au passage, il faudra un jour rendre à César ce qui lui appartient : et si Peter David était en toute simplicité, un des tous meilleurs scénaristes à avoir jamais travaillé pour la maison des idées? Je ne suis pas loin de le penser, tant en général ce qu'il écrit finit par obtenir mon adhésion sans conditions. Mais comme je vous le disais, Spider-Man 2099 est loin d'être la seule bonne petite série de cet univers narratif, aussi je vous propose de regarder cette petite vidéo qu'on a faite, et qui vous en dira plus!


 
 

UN ÉTÉ CRUEL : UN "CRIMINAL HORS-SÉRIE" MAGNIFIQUE CHEZ DELCOURT


Lorsqu'arrive la belle saison, on a parfois coutume de dire : l'été, la saison de tous les dangers. C'est un peu ce qui se vérifie dans cet album publié par Delcourt et qui s'insère dans l'univers narratif de Criminal, cette œuvre superbe d'Ed Brubaker et Sean Phillips. Ici nous nous concentrons sur la famille Lawless, que les lecteurs connaissent déjà. Plus précisément Teeg et le fiston Ricky. Ce dernier est encore jeune mais son destin semble déjà marqué par les engrenages infernaux d'une transmission filiale viciée, quand votre noyau familial n'existe pas et que votre paternel a un seul talent évident, celui de se fourrer dans les mauvais coups. Il est évident que de la sorte, vous ne grandirez pas de la même manière d'un garçon de bonne famille. D'ailleurs si Ricky se lance dans des opérations interlopes et s'il a l'audace d'aller ennuyer et cambrioler les personnes qu'il vaudrait mieux laisser tranquille, c'est aussi parce qu'il faut qu'il trouve de l'argent pour la caution, qui permettra à son géniteur de sortir pour la énième fois de prison. Teeg est lui un homme qui n'a guère d'illusions sur ce qu'il vaut et ce qu'il fait en ce bas-monde; quasiment toute sa vie a été basée sur une accumulation de larcins et il est trop tard pour imprimer une direction contraire à une trajectoire brisée... à peine la liberté retrouvée, c'est pour se poser la question de la subsistance à venir, et donc des nouveaux mauvais coups à préparer! Pire encore, il ne va pas tarder à faire la rencontre d'une beauté fatale dénommée Jane, dont il va tomber éperdument amoureux. C'est une constante chez Brubaker, les femmes sont particulièrement dangereuses et s'en approcher de trop près, tel Icare avec le soleil, c'est l'assurance de voir fondre votre dernier espoir d'améliorer votre ordinaire. On passe donc notre temps entre scènes familiales où s'instaure une sorte de trio malsain entre le père, le fils et la nouvelle compagne (et les premiers temps sont difficiles car cette dernière citée est perçue comme une intruse par l'adolescent, jusqu'à ce qu'un geste fatal et tragique n'achève de les rapprocher, ce qui au final est une nouvelle étape vers une fin programmée) et les ambiances glauques et poisseuses qui caractérisent ce type de récit "noir" où on passe beaucoup de temps dans des bars enfumée et dans des ruelles malfamées.



il y a donc beaucoup de violence en filigrane dans cet "été cruel",  à partir du titre. L'ensemble fonctionne comme un compte à rebours qui une fois enclenché ne pourra pas être stoppé; on devine la fin dès le départ, reste à comprendre comment on va y aboutir, quelles seront les étapes et dans quel ordre. C'est aussi le récit initiatique d'un adolescent, Ricky, qui va vivre des événements si puissants et dramatiques que toute sa vie sera désormais figée, et qu'il n'existera plus aucun moyen d'envisager autre chose qu'une destinée bien sombre. La force du récit de Brubaker est de savoir réserver à chaque personnage ses moments forts, il n'oublie personne, les caractérisent tous à la perfection, et chacun en voulant parfois bien faire ne fait que renforcer son attraction négative sur les autres, une sorte d'émulation criminelle qui pousse tout le monde vers le néant. Le propre de Criminal était de savoir qui suivre, à chaque histoire, ici le récit est choral et pour autant attentif à chacun. Le dessin est confié à Sean Philips, et il est mis en couleurs par le fils Jacob; inutile de dire que chaque planche est absolument magnifique, les expressions des personnages, le cadrage extrêmement inspiré, les ombres et les ambiance feutrées et intimistes, font de cet été cruel un chef-d'œuvre absolu, qui vient s'ajouter à une liste déjà longue, tant le duo aux manettes est désormais représentatif d'un genre dont il maîtrise tous les codes à la perfection. Aucune fausse note, aucun moment faible, dans ce qui ressemble déjà sur le papier à un un film évident, qui pourrait prochainement voir le jour. Il est rare de tomber sur une aventure où la dynamique des événements, le caractère tragique et humain, et la mise en images remarquable forment une telle fusion; c'est peut-être la sortie la plus classieuse de l'été! 


LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : LE SPECTATEUR


 Dans le 103e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Le spectateur, album que l'on doit à Théo Grosjean, édité chez Soleil dans la collection Noctambule. Cette semaine aussi, on vous entraine sur les routes de la Belgique pour vous faire découvrir des lieux consacrés à la bande dessinée :

- La promenade dans Bruxelles à la découverte des façades consacrées au 9e art

- La découverte du Centre belge de la Bande dessinée avec ses collections et ses expositions temporaires

- La découverte du musée Hergé situé dans la ville de Louvain-la-neuve, a proximité de Bruxelles

 

 

AMERICAN RONIN : THRILLER SF ET PSYCHOLOGIQUE DE PETER MILLIGAN ET ACO


Bienvenue dans un monde où les États nations n'ont plus la suprématie, qui désormais réside entre les mains de conglomérats internationaux, de gigantesques multinationales qui peuvent se permettre tout et n'importe quoi, et pour qui les frontières n'ont pas de sens. L'économie et le business avant tout, le reste est secondaire. Bien entendu, quand on arrive à un tel niveau de puissance, il n'existe pas vraiment de règles... tout est bon pour asseoir sa domination et l'idéal est d'avoir à portée de main des hommes à tout faire, des assassins capables des pires exactions, avec la plus grande des discrétions. Ces individus ne sont pas comme vous et moi, ils ont été génétiquement améliorés et des implants technologiques leur permettent de se mettre dans la peau de leurs victimes désignées, de les comprendre, d'en disséquer les peurs, les motivations, les cauchemars, les aspirations, pour les anéantir avant même qu'ils puisse trouver une parade. Pour ce faire, ils sont en mesure de récupérer un peu de l'ADN de leurs cibles, qu'ils s'injectent ensuite, devenant pendant quelques temps "l'autre", un mélange de plusieurs personnalités, un chasseur dévorant sa proie de l'intérieur. Que se passe-t-il le jour où l'un de cesse redoutables homme de main décide de se retourner contre ceux qui l'emploient, pour venger des années de torture? Peut-il faire tomber un système bien rodé à lui tout seul,  ou sera-t-il neutralisé par un de ses pairs, envoyé sur ses train par la firme Lincoln's eye, pour que le statu quo perdure? C'est toute la question qui se pose avec ce "Ronin" américain des temps modernes. Il est extrêmement doué pour tuer, pour vampiriser la personnalité des autres, pour apparaître et disparaître. Peter Milligan, en grand amoureux des récit obscurs et aux multiples ramifications, nous présente la un portrait saisissant et une aventure totalement barrée, dans laquelle la science-fiction, l'espionnage, l'action, sont intimement mêlés. Le genre de création où il est à son aise, et qui définisse une grande partie de son œuvre. 



Nous avons entendu à plusieurs reprises des commentaires blasés, qui soulignaient combien la trame de cette histoire n'a que trop peu d'originalité, comme quoi ce serait la énième interprétation de fantasmes techno politiques déjà lus et relus. Il est vrai que le point de départ n'est pas inédit, mais c'est dans le modus operandi des agents, cette manière de vivre en permanence avec le couperet au dessus de la tête, et l'esprit perdu dans une infinité de réalités différentes, toutes dépendantes des personnalités des cibles désignées, qu'American Ronin parvient à séduire. Avec des meurtriers empathiques, puisque capables de dénicher certes les points faibles et les tares de ceux qu'ils doivent liquider, mais aussi d'en ressentir la peine, les joies, les secrets, bref de comprendre, assimiler, au point de confondre parfois, de s'emmêler les pinceaux et les points de repère. Il y a du coup de bons morceaux de bravoure, qui ne sont pas nécessairement les scènes d'action et de castagne, mais quand le "héros" du récit use de son aplomb, de sa compétence en matière de body language, de persuasion, de déchiffrage de ceux qu'il étudie et traque, notamment pour pousser un ennemi à faire le grand saut dans le vide, du haut d'une tour immense, puis pour pénétrer dans un avion ultra sécurisé, juste en faisant semblant d'y être autorisé, tout dans la gestuelle, la posture, la phrase bien choisie, avec le bon ton. Un super pouvoir, pour ainsi dire, qui serait accessible à chacun de nous, si nous étions en mesure de nous livrer à des années d'études, de recherches, d'entraînement. Le super charisme. Le dessin est également un point fort d'American Ronin, avec l'espagnol Aco, dont on ne sait finalement que trop peu, avec toutefois en tête les petites merveilles réalisées récemment pour Nick Fury. Son dessin est à la fois réaliste, très léché, et audacieux dans la mise en page, le découpage, un peu à l'instar du travail d'un Sorrentino sur Green Arrow ou Gideon Falls, par exemple, mais dans un style bien plus rassurant et attendu pour ce type de produit, avec les couleurs chargées en contraste de Dean White qui apportent une touche d'élégance supplémentaire, et retranscrivent parfaitement cette explosion, cette fragmentation de la réalité, qui est la source même de tout ce que Milligan expose, entre obsessions psychologiques (les cauchemars ont une importance certaine) et paranoïa constante. American Ronin n'invente pas forcément le comics de demain, mais c'est une bonne lecture solide pour aujourd'hui. 

WE ONLY FIND THEM WHEN THEY'RE DEAD : LE SPACE OPERA DE L'ÉTÉ CHEZ HI COMICS


 Les ressources naturelles de notre planète ne sont pas exploitables à l'infini et arrivera le moment où notre avidité ne nous aura laissé qu'un grand vide; il sera bientôt trop tard pour pleurer. Cap donc sur la fin du 24e siècle. La conquête spatiale a changé la donne et l'homme voyage désormais au fin fond du cosmos, où fidèle à son habitude il a trouvé de nouveaux matériaux à piller. Mais il s'agit de quelque chose de totalement inattendu! Les corps flottants en suspension dans l'éther de dieux géants, qui n'apparaissent aux yeux des hommes qu'après leur mort. Ces organismes fabuleux font l'objet d'une course acharnée entre différents vaisseaux d'exploitation (qu'on définira "necropsiques"), qui se précipitent comme des charognards ou des insectes se délectant de la putréfaction des cadavres. Chacun choisit une zone, qui peut-être la bouche, le cœur (particulièrement prisé) ou le front, et s'attelle a sa tâche, c'est-à-dire découper, emporter, puis faire fructifier le précieux butin. L'avidité n'a pas de limite et cette idée de départ est particulièrement bien présentée, notamment lorsqu'on voit les rayons et les lames qui tranchent des pans entiers de chair inerte. C'est bien entendu un récit de science-fiction, une odyssée spatiale qui s'ouvre, avec ce premier tome, mais c'est donc également une histoire ancrée dans notre réalité, avec une portée sociale évidente. Al Ewing (le scénariste) nous présente également l'équipage d'un vaisseau en particulier (le Vihan II) piloté par le capitaine Georges Malik, et les trois membres de l'équipage, parce que en parallèle avec tout ce que nous venons de décrire, il y a aussi des destins individuels qui vont se dévoiler, se télescoper, pour densifier la trame d'une série qui est incontestablement présentée comme un des incontournables de l'été. Pour compliquer l'ensemble, les explorateurs "nécrophiles" doivent aussi faire très attention et jouer selon les règles, car il existe une patrouille chargée de faire respecter la loi, c'est-à-dire d'éloigner les pillards qui alimentent le marché noir, si possible de manière radicale, en les anéantissant. Les sommes en jeu sont colossales et clairement, devant la perspective de s'enrichir rapidement quitte à risquer sa vie, beaucoup choisissent l'option de tenter le tout pour le tout. Première constatation générale, pour que cet album fonctionne, il fallait aussi trouver un dessinateur capable de se mettre au diapason d'Al Ewing, et d'envouter le lecteur avec des planches de toute beauté. Là encore succès garanti puisque Simone Di Meo est un choix évident, et il réussira probablement à emporter votre adhésion après un seul regard. 



Ses planches sont de toute beauté et nous emmènent dans le froid clinique de l'espace, avec une utilisation splendide du digital et une colorisation particulièrement inspirée, qui joue des contrastes en les poussant à leur paroxysme, et "mange" littéralement toute possibilité de laisser la moindre zone blanche, en remplissant le vide par l'espace et ce qui s'y déroule. Parfois la page se libère des contingences du récit classique pour démultiplier les petites vignettes ou les petites scènes, prenant ainsi le risque d'étourdir le lecteur, mais cette attention aux détails, cette minutie qui souligne des faits en particulier, sont couplées a des doubles pages ou des splash pages à très fort impact. Les combats sont épiques, au point de figurer parmi les représentations les plus saisissantes du genre depuis bien longtemps.  Le layout est inventif, cherche en permanence à jouer avec l'équilibre et les contingences classiques du média, et l'histoire oscille entre plongées dans l'immensité sidérale, parsemée de ces cadavres fantasmagoriques qui ne sont pas sans rappeler les Célestes de l'univers Marvel, colosses inanimés et dépecés, et percées claustrophobiques à l'intérieur des vaisseaux spatiaux, où c'est une orgie de néons, de lasers, qui nous assaille. Di Meo ne triche jamais, et là où beaucoup d'autres semblent rechercher le moyen de travailler en digital tout en conservant une "âme" traditionnelle, ici tout est adouci, définitivement assumé, patiné, et merveilleusement soigné. S'il faut trouver un petit point faible dans ce WOFTWTD (plus simple que le titre original à rallonge) on ira titiller Al Ewing qui après les deux premiers épisodes totalement dingues et porteurs de grandes promesses, commence à livrer un récit plus classique, où les interactions entre les personnages, avec des sauts récurrents entre passé et présent, éclipsent un peu les grands enjeux du départ. Heureusement quand on insiste on se rend compte que cette introspection est essentielle pour maintenir une attache humaine à cette histoire, qui autrement prendrait le risque de se désincarner. D'ailleurs on referme le premier tome avec le grand événement que nous attendions (ça semble assez évident) et sans avoir la moindre idée ou la moindre réponse sur le pourquoi ces dieux colossaux n'apparaissent qu'à leur mort. Et ce n'est pas un reproche, juste l'assurance qu'il nous faut la suite, et vite! Une fresque humaniste et politique, sociale et dramatique, que cette nouvelle série publiée chez Boom! et qui s'ajoute au catalogue décidemment alléchant de Hi Comics. Succès attendu et garanti. 

Pour acheter cet ouvrage si vous n'avez pas un comic shop ou une librairie indépendante près de chez vous :

LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : DESSINER ENCORE


 Dans le 102e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Dessiner encore, album que l’on doit à Coco, édité chez Les Arènes BD. Cette semaine aussi, on vous entraine sur les routes de France pour vous faire découvrir des lieux consacrés à la bande dessinée :

– L’exposition Liberté dessinée autour de l’auteur François Boucq à la maison folie de l’Hospice d’havré de Tourcoing

– La carte blanche laissée au même François Boucq au Palais des Beaux-arts de Lille dans le cadre de son Open Museum


 

 

BAD MOTHER : NE TOUCHEZ PAS À SA FILLE (AWA UPSHOT / PANINI COMICS)


 Le parallélisme entre Bad Mother et la série télévisée Breaking Bad est assez évident; du reste même l'éditeur américain AWA upshot joue sur la similitude. Il faut dire que le point de départ est un peu le même, à savoir une plongée dans la radicalité, pour un individu lambda que rien ne destinait à devenir une sorte d'anti-héros borderline, au comportement totalement imprévisible. Certes Walter White, atteint d'un cancer, est un professeur de lycée particulièrement humble et effacé qui devient une pourriture, qui empoisonne les jeunes de la ville avec des substances stupéfiantes d'une pureté inégalée. Ici April Walters est une femme beaucoup plus tranquille et aux valeurs plus solides; il n'est pas question de donner dans la criminalité, mais tout simplement de trouver des ressources impensables pour sauver sa fille des griffes de ses ravisseurs. Revenons quelques peu en arrière! Tout d'abord, qui est April? Une mère de famille presque invisible, dont le mari est toujours absent pour des raisons professionnelles. Sa présence se résume intelligemment dans ces pages à un répondeur téléphonique et une vague conversation, toujours par téléphone, juste à la fin. April a un jeune fils qui fait des caprices et une fille en pleine crise d'adolescence, qui n'est pas simple à gérer. Physiquement elle n'a rien de la plastique habituelle des héroïnes de bande dessinée, notre mère au foyer a d'ailleurs un peu trop de poids, ce qui lui empêche de trouver un jeans à sa taille, dans les magasins de vêtements, et lorsqu'elle est victime d'une prise d'otages dans une épicerie, les ravisseurs préfèrent mettre la main sur une bimbo blondasse plutôt que sur cette ménagère qui n'attire pas le regard. Par contre, sa fille prénommée Taylor est une jolie créature en devenir, mais elle s'est mise dans de mauvais draps, à préférer fréquenter les mauvais garçons plutôt que de tout miser sur ses études; et là elle a fait fort, puisque sa dernière relation en date n'est d'autre que un petit voyou qui va l'amener à se confronter avec la famille de l'organisation criminelle la plus redoutable et impitoyable de la ville, dirigée de main de maîtresse par une femme que rien e fait reculer. Une sombre histoire d'enlèvement, de fille abusées, bref une fois que le premier domino est tombé, la chute vertigineuse vers la violence absolue et le désespoir est enclenchée. Taylor est enlevé, et la mère se retrouve bien désemparée au moment de passer à l'action, puisque même la police ne semble pas très intéressée par sa déposition!


Pourtant April habite ce genre de bourgade tranquille qui fait la fierté des américains, et le sel de certaines séries à succès comme Desperate Housewifes, par exemple. Mais derrière l'ambiance feutrée des familles modèles, se cache quelque chose de beaucoup plus sinistre, qui ici englobe toute la communauté, de ceux qui sont normalement chargés de faire régner l'ordre, à la jeunesse désœuvrée et fortunée.  Christa Faust, plus connue pour être une autrice de polars, signe dès lors une sorte de plongée en apnée, qui une fois entamée ne peut aboutir qu'en touchant réellement le fond. April doit tout d'abord comprendre ce qui s'est passé (les réseaux sociaux, et le mécanisme des interactions qui s'y nouent, sont présentés de manière convaincante) puis choisir un modus operandi assez puissant mais subtil (encore que...) pour parvenir à sauver sa fille. Elle se transforme donc en une sorte de McGyver domestique (elle a de la ressource, et sait bricoler) et se dote d'un caractère inflexible, ne reculant devant rien pour accomplir sa mission, jusqu'à un climax délicieux, autour d'une table, où les paroles sont des couteaux, et le moindre geste l'étincelle qui peut mettre le feu aux poudres. Mike Deodato est en charge du dessin, lui qui officie désormais surtout chez AWA, où il semble avoir trouvé un habitat naturel de premier ordre. Son style est éprouvé; il livre des planches très réalistes, avec une scansion du rythme particulière, ces grandes vignettes elles-mêmes fragmentées en différents segments, et un soin évident apporté aux détails et aux visages. Bad Mother est en définitive le genre de lecture plutôt rapide, car ne débordant pas d'explications ou d'introspection, mais qui choisit de foncer bille en tête vers sa conclusion, tout en faisant vibrer le lecteur, pris dans la toile et concentré sur le moyen d'en servir indemne, tout en sachant très bien qu'il va y avoir de la casse, tôt ou tard. Inéluctable et violent, ce Bad Mother se suffit à lui seul, récit en cinq parties qui forme un des one shot explosifs de l'été, chez Panini Comics. 

BLACK WIDOW : LE FILM SUPER-HÉROÏQUE D'ESPIONNAGE


   Même si cette règle est niée par tous les économistes dingos qui régissent le destin de notre planète, la croissance continue et exponentielle, la surenchère permanente, ce n'est pas possible, physiologiquement parlant. Du coup, que devient l'univers cinématographique Marvel, après le point d'orgue que fut Avengers : Endgame, et son lot de preux chevaliers tombés au champ d'honneur? Comment raviver la franchise de manière convaincante? Et en parallèle, comment ramener Black Widow à l'écran, puisqu'elle fait partie des pions sacrifiés sur l'autel du carnage de Thanos? La réponse à ces deux questions est un voyage dans le passé. Cette fois, nous n'aurons cependant pas besoin des pierres de l'infini ou de passage à travers le royaume quantique. En fait, Black Widow (le film) a des ambitions un peu plus modestes, et se contente de narrer un angle mort de la vie de la belle super espionne. Non seulement ses origines (ce qui restait à faire), mais aussi son histoire, sa "fuite" au lendemain de Captain America : Civil War, lorsqu'elle s'est retrouvée fugitive, proie du gouvernement américain, pour son soutien indéfectible à Steve Rogers. Du coup, Black Widow s'écarte stylistiquement du reste du MCU, tout particulièrement des volets plus récents, pour être un long métrage qui a plus en commun avec les films d'espionnage (James Bond) que les films de super-héros de ses copains Vengeurs. N'eut été la présence de personnages et de références narratives déjà connus, on aurait pu se croire devant un épisode de la saga Jason Bourne mâtinée de guerre froide, un ingrédient qui ne passe jamais de mode dans l'inconscient collectif américain. Le produit fini est donc un travail qui élargit la perspective de l'univers Marvel au cinéma, qui ouvre de nouvelles voies. Ces dernières années, beaucoup ont craint le risque de lassitude du public en raison de la pléthore de productions consacrées aux super-héros. Black Widow démontre qu'il est possible de changer de cap en présentant une vision différente, une approche qui pourrait être la clé pour maintenir son attractivité auprès des téléspectateurs, déjà expérimentée avec succès au format série, sur Disney + (Falcon and the Winter Soldier et son discours sur le terrorisme et le déplacement massif de populations). En plus, Scarlett Johansson, et ce n'est pas une révélation, incarne à la perfection cette espionne ultra douée, physiquement très épanouie et attirante, à tel point qu'il est impensable d'imaginer une autre silhouette que la sienne dans le latex et le cuir qui lui siéent à ravir. Et ici elle bénéficie d'un couple d'acteurs de premier ordre, qui n'a pas à pâlir devant son expérience. David Harbour (dernier Hellboy en date) est un Red Guardian chargé d'assumer le rôle de l'histrion du film, un miroir déformé de sa version occidentale (Captain America) pour qui il parait nourrir une petite obsession. Que sa prestation soit de l'ordre de la plaisanterie assumée, c'est encore plus évident du fait qu'on lui demande d'adopter un accent russe improbable, que seul un Michel Leeb ou un Jean Roucas des grands soirs auraient pu imaginer. Le "couple" sur commande qu'il forme avec Rachel Weisz, autre actrice dont la prestation est convaincante, est le socle émotif qui donne un ancrage aux motivations de la Veuve Noire, mais aussi de sa soeur adoptive, qui partage ainsi les feux de la rampe. Yelena, mais qui es-tu donc? 



Le passé des deux vraies fausses sœurs est en fait une histoire violée, bafouée, puisque reposant sur un ensemble de petites fictions au service d'une grande idéologie totalitaire, avec en temps fort une pause salutaire et merveilleuse en Ohio. Tandis que les deux parents fictifs (deux agents double en terre américaine) réalisent leur mission, les petites Natasha et Yelena ont un aperçu de ce que serait l'enfance normale, la famille, qui sera le seul élément susceptible de les sauver à l'âge adulte, quand elle parviendront à se défaire de l'emprise du conditionnement quotidien du KGB. Natasha a déserté, est passée à l'ouest, a intégré les Avengers, c'est un coussin émotionnel, aussi à l'aise dans le combat que dans l'empathie, c'est une rescapée. Yelena n'a pas eu cette chance, et le contrôle exercée sur elle par ses supérieurs n'est anéanti que par un concours de circonstances, l'amenant à reprendre possession de son existence sans avoir acquis une confiance et une assurance en l'ordre naturel des choses, qui la pousse à adopter une attitude et des méthodes plus radicales et sarcastiques. Du coup le duo avec "sa sœur" n'en est que plus savoureux, et les deux personnages fonctionnent bien au contact l'une de l'autre. Vingt ans ont passé, et deux décennies, cela peut annuler tout et son contraire, dissoudre tout espoir d'humanité et de rédemption, toute capacité de croire encore en une vie, privée de chaînes. Normalement, il en serait ainsi, ou tout du moins il faudrait bien du temps à la captive pour appréhender le nouveau monde qui s'ouvre devant elle. Mais ce serait ignorer la grande force suprême qui régit l'univers, ou plus humblement le crédo moralisateur et familial de Disney (donc Marvel) qu'est l'amour. Tout est possible, quand on s'aime, du coup même les parents fictifs, Alexei et Melina, ont peut-être encore une chance de raviver une flamme qui a brûlé autrefois pour des raisons d'état, et peut-être aussi pour d'autres raisons plus intimes. Dreykov, le grand vilain de cette histoire (lui aussi droit sorti d'un James Bond), ignore tout de cette puissance rédemptrice et pacificatrice, son univers est basé sur la conquête du pouvoir, à l'échelle planétaire, à travers le contrôle mental d'une myriade d'esclaves surentraînées, les fameuses Veuves, dont Natasha est la quintessence en action. Bien sûr, à travers la privation du libre arbitre, puis de la libération/catharsis, c'est aussi la condition des femmes qui est évoquée à l'écran, par ailleurs presque exclusivement occupé par des scènes de lutte et de bravoure au féminin, sans que jamais on ne regrette l'absence du masculin dopé à la testostérone. Les temps morts sont réduits à l'essentiel, les effets spéciaux plutôt convaincants et de fort impact (la grande scène à Budapest, par exemple) même si l'épuisant plongeon final et ses multiples rebondissements abandonne tout espoir de crédibilité narrative. Les fans du Marvel Universe des comics se réjouiront aussi avec la perfidie et la fureur de Taskmaster, un personnage revisité d'une façon intelligente et source d'un twist que je vous laisse le soin de découvrir sur grand écran (bon, on le sent venir de loin, pour être honnête), et ceux qui préfèrent les séries en cours sur Disney + seront choyés par une scène bonus qui fait le lien entre ce qu'on vient de voir, et ce qui nous attend très vite très bientôt. Le Black Widow de Cate Shortland est donc un film qu'on peut recommander sans trop hésiter, et qui parvient à exister même en dehors de son temps, en dépit des pandémies et d'un personnage phare censé être décédé. Sacrée Natasha! 

Pour tout savoir du personnage, chez Panini

LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : LA FILLE DU QUAI


 Dans le 101e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente La fille du quai, album que l'on doit au scénario conjoint d'Alexine et Fabrice Meddour et au dessin de ce dernier, édité chez Glénat. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La réédition de l'album Exil que l'on doit au scénario d'Henri Fabuel, au dessin de Jean-Marie Minguez et c'est édité chez Glénat

- La sortie de l'album Vague d'amour que l'on doit à François Ravard et aux éditions Glénat

- La sortie de l'album Les péripéties homologuées de Paul et Tom que l'on doit à Jacq et aux éditions La boite à bulles

- La sortie en librairie de l'album Arsène Lupin, les origines que l'on doit au scénario conjoint de Benoit Abtey et Pierre Deschodt, au dessin de Christophe Gaultier et c'est édité chez Rue de Sèvres

- la disponibilité en librairie d'une collection de 10 comics chez Marvel et Panini comics au prix de 5,90 euros mettant en scène les personnages de l'univers Marvel comme Spiderman, Daredevil, Thor ou encore l'incroyable Hulk

- La sortie le 15 juillet prochain d'Oscuro en Rosa, album que l'on doit à Tony Sandoval et aux éditions Glénat dans la collection Porn' Pop

 

 

LE MONDE DE FLASHPOINT TOME 1 : BATMAN (ET AUTRES GOTHAMERIES)


Le monde, dans sa version "Flashpoint" semble au bord de l'implosion, avec deux factions antagonistes (menées par Wonder Woman et Aquaman) qui sont en guerre, et ont déjà ravagé une grande partie de l'Europe. La reine des Amazones a conquis l'Angleterre alors que le Seigneur des mers a fait sombré le continent sous les flots. Tiens d'ailleurs, voici pour commencer la géopolitique à la sauce Flashpoint, telle qu'on peut la définir plus en détails.

La Grande-Bretagne et l'Irlande sont devenues des terres du nouvel empire de la reine Diana, sous le nom de «New Themyscira». Après l'invasion des Amazones, menée par Wonder Woman (qui est donc la reine), les populations locales ont été exterminées ou soumises. Une grande partie de l'Europe est sous le joug des forces de l'empereur Aquaman, souverain du peuple atlante. En générant artificiellement un tsunami, la majeure partie de la péninsule a été submergée. La partie sud de l'Afrique est sous la domination de Grodd (un gorille savant) et de son armée de primates. La péninsule arabique et les États du golfe Persique sont un protectorat mené par Black Adam. L'Inde est contrôlée par la multinationale dirigée par un méta-humain connu sous le nom de «Outsider». La Chine et une grande partie de l'Asie sont protégées par un super groupe appelé « The Great Twelve». Le Japon est une république protégée contre les tornades. L'Australie et le reste de l'Océanie se sont déclarés territoire neutre. L'Amérique du Sud est occupée par une dictature nazie basée au Brésil (jolie clairvoyance...) tandis que les États-Unis, le Canada et le Mexique sont (de manière tout à fait théorique) non alignés et neutres. Le gouvernement est toujours actif et surveille les différents champs de bataille à distance, tandis que le plus grand et célèbre des super-héros est Cyborg. Le cours de géographie est terminé, les pions sont placés sur la carte, on va pouvoir s'amuser.



Revenons à ce que nous allons appeler le "monde de Flashpoint"; c'est en effet sous cette appellation que Urban Comics replonge dans cet univers alternatif sous la forme de quatre albums, dans la collection Dc classique. Le premier volume est déjà disponible depuis quelques jours et il s'agit de mettre en avant les titres consacrés à l'univers de Batman, au sens large. Nous trouvons par exemple Knight of Vengeance, écrit par Brian Azzarello et dessiné par Eduardo Risso, une doublette d'artistes qui s'est spécialisée dans la réalisation de séries "noir" et qui ont mis le polar au centre de leurs préoccupations héroïques. Ce qui tombe bien car là aussi, il règne une atmosphère poisseuse dans ces pages, avec un Batman qui n'est autre que Thomas Wayne, et dont le fils a été assassiné à sa place, dans cet univers la; Un événement tragique qui a eu des répercussions dramatiques sur la psyché de sa femme Martha, au point de la pousser à endosser le rôle de son ennemi le plus intime, celui que nous connaissons sous le sobriquet de Joker. C'est une aventure particulièrement éprouvante avec certaines scènes vraiment cruelles et qui nécessitent de la part du lecteur une certaine ouverture d'esprit, car nous sommes assez loin du Batman traditionnel, et le twist qui nous amène à découvrir l'identité du Joker est très réussi. Cet album présente aussi une série consacrée à Deadman et les Grayson volants, l'occasion de savoir ce que devient Dick Grayson dans un univers où ses parents ne sont pas encore morts et où il exerce son métier de jeune trapéziste en compagnie de sa famille, mais aussi donc de Deadman. Pris dans le feu du conflit qui ravage l'Europe (ou ce qui en reste, pas encore submergé) les personnages vont se retrouver obligés de fuir puis mourir, les uns après les autres. C'est globalement une bonne histoire de J.T.Krul, d'autant plus que les dessins de Mikel Janin puis de Fabrizio Fiorentino sont fort agréables. Les trois épisodes suivants concernent Deathstroke et la malédiction du Ravageur, et ils sont un peu plus "rentre dedans". Nous embarquons à bord d'un navire pour une histoire de pirates en haute mer et là encore nous gérons les conséquences du conflit qui a ravagé la surface du globe. Si dans la mini-série précédente c'étaient les Amazones de Wonder Woman qui tenaient le rôle de grandes méchantes jusqu'au-boutiste, c'est ici Aquaman qui démontre toute sa cruauté. Le monde de Flashpoint est décidément implacable, et les titres annexes sont forcément crépusculaires, puisque la situation politique et sociale du globe est empreinte d'un chaos généralisé, d'une absence d'espoir. La dernière série présente dans ce premier tome chez Urban est très particulière, puisque Peter Milligan exhume le personnage de Shade, l'Homme Changeant, et qu'il met en place un récit ésotérique parfois difficile à suivre pour ceux qui sont rétifs ou simplement novices en la matière. Il y a néanmoins beaucoup d'idées et de folie dans ces pages et si on se laisse happer par le ton général, on peut avoir une très bonne surprise, même si le sujet est peu en accord avec le microcosme de Gotham, ou les trois propositions précédentes. Le prochain tome du "monde de Flashpoint" que proposera Urban Comics concernera les séries centrées principalement autour de l'univers de Green Lantern, et il est prévu pour la fin août. On attend aussi avec impatience celles consacrées à Superman, qui dans le monde de Flashpoint est détenu dans un centre expérimental et privé de la lumière du soleil, il végète alors sous la forme d'un être rachitique et vulnérable. Le contrepieds parfait à ce que nous connaissons, et une condition indispensable pour rendre crédible la situation durant Flashpoint, et expliquer pourquoi le personnage ne participe pas, ou ne tente pas de mettre fin, au conflit entre Altlantes et Amazones. Bref, tout n'est pas forcément d'un intérêt capital, ce qui est bien normal, quand on considère toute la production mensuelle, toutes les séries prises dans leur ensemble, mais il y a suffisamment de bonnes idées pour donner envie d'explorer plus en profondeur un univers narratif au fort potentiel, et trop rapidement effleuré jusqu'ici, dans sa transposition en français. Ce sont aussi les 10 ans de Flashpoint, et les 10 ans d'Urban Comics, raison de plus pour souffler les bougies avec ce premier tome! 



MARVEL : MERVEILLE - LE POUVOIR DES REVES (UNE BELLE ANTHOLOGIE MARVELIENNE)


Bien entendu, le titre peut induire en erreur, c'est même probablement la raison pour laquelle certains pourraient être déçus, en se procurant cet album. Il faut dire que Marvels, avec un S à la fin, fut une des parutions les plus abouties de toute l'histoire de la maison des idées, un chef-d'œuvre intemporel, que vous ne pouvez pas ignorer. Du coup à chaque fois qu'il est fait référence à cette pierre angulaire des comics, les attentes sont très élevées. Ici, Marvel sans S à la fin, n'entend pas se proposer comme une suite ou une préquelle, mais tout simplement comme un hommage à l'histoire de la maison d'édition éponyme, à l'occasion également de la grande célébration de ses 80 ans. Il n'y a donc pas un grand récit qui se développe à travers les six numéros de la mini-série, mais seulement -et c'est déjà beaucoup- un ensemble de petites histoires, dont la plupart oscille entre humour bienvenus et clins d'œil appuyés à des décennies de super-héroïsme. Pour relier le tout nous trouvons tout de même une sorte de fil conducteur, qui est par ailleurs réalisé par Alex Ross, dans le style photoréaliste qui explique en partie les grandes raisons du succès de Marvels. Dans cette passerelle narrative nous assistons à l'offensive de Cauchemar, qui est parvenu à emprisonner momentanément le Docteur Strange, et entend puiser dans les rêves de toute l'humanité pour accéder à la toute-puissance, voire même ensuite partir à l'assaut du cosmos. Il se trouve que cette matière onirique, royaume où tout est possible, correspond parfaitement à ce qu'a fait Marvel depuis désormais 80 ans, c'est-à-dire utiliser le matériau brut de l'imagination débridée, pour donner corps et voix à l'impossible, pour créer ces héros légendaires, dont les actes et les agissements relèvent déjà du mythe, en tout cas de l'émerveillement sans cesse renouvelé. Et pour parvenir à un ensemble qui reste cohérent, et en tous les cas très agréable à parcourir, il fallait faire appel à un nombre impressionnant de grands noms du dessin, qui ne sont pas d'ailleurs tous forcément très habitués à manipuler ce type de personnages. 




On trouve vraiment de très jolis hommages à l'intérieur de cet album qui vient de sortir chez Panini Comics, comme par exemple une histoire somptueusement dessinée par Lee Bermejo, où nous retrouvons le Silver Surfer aux prises avec le poids dramatique des souvenirs, quand tout semble perdu définitivement. Se rappeler, est-ce un don, ou ne vaudrait-il pas mieux tout oublier? Ou bien encore les peintures de Dan Brereton, qui nous emmène dans la salle des dangers, momentanément fermée pour travaux, ce qui occasionne chez les mutants qui attendent à l'entrée frictions et agacement, d'autant plus que Wolverine, qui venait à l'époque de rejoindre le groupe des X-Men, ne semble pas faire preuve d'un esprit d'équipe performant. Tout ceci nous l'avons déjà vu, nous le connaissons, nous en maîtrisons les codes, et c'est pour cela que ça fonctionne. De plus le prétexte des rêves de l'humanité, qui nourrissent Cauchemar, permettent de divaguer, de dire autre chose, ou tout du moins autrement, comme ce dialogue surprenant entre Spider-Man et Mary-Jane, concernant les problèmes économiques du couple face à la production trop abondante des toiles du héros, dont le coût de fabrication dépasse les bornes (de Saini et Espinosa, assurément étonnant). Notre vrai coup de cœur est "Beginnings" de Bill Sienkiewicz, avec Uatu, le Gardien, qui narre aux lecteurs, avec une ironie et un sarcasme d'extra-terrestre détaché et revenu de tout, le parcours d'un jeune garçon bien décidé à devenir dessinateur, en dépit des difficultés et des frustrations qu'un tel choix procurent, le long d'une existence. C'est un moment touchant, qui parlera à tous ceux qui savent ce que signifie prendre les crayons en main, et y confier une grande partie de sa propre subsistance. On peut rire ou sourire régulièrement dans les pages de Marvel (la pseudo attaque des monstres de Hilary Barta et Doug Rice est géniale), on peut aussi se rincer les rétines (Lucio Parrillo orchestre un duel Hulk Wolverine digne d'un Dell'Otto) ou tout bonnement hocher la tête, et se dire que oui, lire des comics, c'est merveilleux, comme le sous-entend le titre de ce recueil. Une passion, qu'on ne peut vivre pleinement que si on conserve une part de rêve et d'enthousiasme, ce qui est le message portant de ce Marvel. 

UNIVERSCOMICS LE MAG' #13 DE JUILLET 2021


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FLASHPOINT et autres mondes parallèles

Au sommaire

🌎🌍🌏Le dossier : Voici le multiverse!

📚Autres univers, nos lectures recommandées

🟢#Loki : Agent des variations de soi. Avec Anthony Huard

⚡️ #Flashpoint Retour sur la saga qui fête ses 10 ans chez Urban Comics

🕷 #SpiderMan life story. Le récit d'une vie chez Panini Comics France avec Alexandre Chierchia

🎤 Interview : Carmine Di Giandomenico est notre invité du mois. Avec Filippo Marzo de Comics Reporter

📖Le cahier critique, retour sur un mois d'actu. Avec Sweet Tooth chez #Netflix mais aussi les sorties marquantes chez Delcourt Comics Drakoo Panini Comics et Urban Comics

🎨Le portfolio du mois de juillet

👀Preview : Fatale, intégrale chez Delcourt Comics. De #EdBrubaker #SeanPhilips

👉Focus sur Centaur Chronicles le projet un peu fou, arrivé à son quatrième volume, et expliqué par #JeanMichelFerragatti 

🔜Le guide de lecture, sélection d'albums VF à venir

Couverture de Phil Cho Digital Artist que nous remercions grandement!

Graphisme et look d'enfer signé the Mighty Benjamin Carret Art Page



LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : L'ÉTREINTE (LE CENTIÈME PODCAST)


 Dans le 100e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente L'étreinte, album que l'on doit au scénario de Jim et au dessin de Laurent Bonneau, édité chez Grand angle. Cette semaine aussi, on revient sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La remise du grand prix de la ville d'Angoulême à l'auteur américain Chris Ware

- La sortie de l'album Intense que l'on doit à Sole Otera et aux éditions Presque lune

- La réédition de l'album Moi je que l'on doit à Aude Picault et aux éditions Dargaud

- La sortie de l'album Balustrade et apagogie que l'on doit à Prims et aux éditions lapin

- La sortie de l'ouvrage Le Dalida noir que l'on doit à Tra'b et aux éditions Lapin

- La sortie de l'album Jules Verne, aux sources de l'imaginaire que l'on doit au scénario d'Olivier Sauzereau et au dessin de Wyllow

- L'arrivée en librairie d'une collection de 10 comics chez Urban comics au prix de 4,99 euros mettant en scène les personnages de l'univers DC comics comme Batman, le Joker ou Harley Quinn



 

 

LA NUIT DES LANTERNES CHEZ DELCOURT : LE DEUIL, LA COLÈRE, L'HORREUR

 Le personnage principal de cet album signé Jean-Étienne s'appelle Eloane. C'est une jeune femme qui retourne dans la maison familia...