Que vous les appeliez les Teen Titans ou tout simplement les Titans, le fait est que notre joyeuse bande de super-héros joue un peu les seconds couteaux post-adolescents depuis des décennies. L'heure est peut-être venue de grandir et c'est exactement ce que Dawn of Titans propose, avec une formation qui devient en tout point l'équipe réserve de la Justice League : non plus des sidekicks enthousiastes qui apprennent le métier, mais des supers héros qui ont fait leurs preuves et qui sont prêts à suppléer les aînés plus connus. Du côté de la formation, guère de surprise puisqu'on retrouve les principaux membres des Titans, menés par un Nightwing toujours aussi positif et capable de motiver ses troupes. Le membre le plus abscons, c'est peut-être Wally West, car contrairement aux autres, il est marié, a deux enfants et il semble beaucoup plus adulte et mature (au moins sur la carte d'identité, plus que sur son comportement). C'est avec lui que nous ouvrons le premier arc narratif du titre, puisque quelqu'un lui a tiré dessus à bout portant et est parvenu à l'abattre. Wally consacre ces derniers instants à faire la seule chose qui lui est possible à pleine vitesse, des adieux à ses proches, avant de remonter le temps dans l'espoir d'empêcher l'inévitable. En parallèle, les Titans doivent intervenir à Bornéo lors d'un feu de forêt gigantesque et se frotter à Titano, une sorte de King Kong encore plus gros et dingue, assez facilement maîtrisé. Le lecteur a à peine le temps de s'habituer au récit de Tom Taylor et de profiter des planches toujours très soignées et d'une lisibilité exemplaire de Nicola Scott qu'il se retrouve avec un interlude en deux parties, extrait du crossover de l'été dernier, Knights Terror. Il s'agit d'explorer les cauchemars de tous les héros et vilains de l'univers DC, pendant que l'humanité est endormie. Les Titans sont prisonniers des mauvais rêves de… la Tour des Titans, l'édifice dans lequel ils ont établi leur quartier général, anciennement le terrible pénitencier de Blüdhaven, qui est en plein délire cauchemardesque et a embarqué les héros dans son univers onirique. Sur le papier, c'est loin de faire rêver (justement), mais en réalité, Andrew Constant et Scott Godlowski ne s'en sortent pas trop mal, sachant qu'il s'agit évidemment d'une histoire de commande, pour coller avec les ambitions globale de DC comics.
La nouvelle série des Titans démarre sur un faux rythme, mais qui n'est pas du tout désagréable. C'est aussi l'occasion de rencontrer un parasite extraterrestre et de se confronter à la nouvelle mouture de la secte du sang, qui est parvenue, en apparence du moins, à enrôler Garth dans ses rang. Mais la vraie bonne surprise de cet album, elle arrive ensuite. J'admets avoir été quelque peu décontenancé par le choix opéré du côté de chez Urban comics, c'est-à-dire présenter à la suite de la nouvelle série Titans l'autre production actuelle consacrée au groupe, c'est-à-dire World's finest : Teen Titans. Cette fois, ce sont les versions encore adolescentes des héros qui sont mises en avant; leurs vies et leurs problèmes quotidiens, tels qu'il pouvaient être il y a quelques années, mais dans une réécriture moderne, c'est-à-dire sur fond de téléphones portables, réseaux sociaux et autres diableries d'aujourd'hui. Dis comme ça, Mark Waid avait de fortes chances d'écrire n'importe quoi, mais une fois de plus, il démontre toute sa science et son savoir-faire en parvenant, mine de rien, à rendre très attachants tous les personnages, en leur offrant à chacun l'occasion de briller et en dépeignant une jeunesse finalement très crédible. Emanuela Lupacchino au dessin est un excellent choix car son style se marie très bien avec le ton de la série; ses planches sont d'une souplesse admirable, très agréable à regarder. C'est la dynamique entre les héros, plus que l'action, qui est essentielle. Notamment un jeune Robin castré par Batman, qui l'empêche de sortir, tandis que Kid Flash, Aqualad et Roy Harper forment un trio décomplexé et dysfonctionnel. On apprécie aussi de retrouver Bourdon et une Wonder Girl qui décide de vivre à 100 à l'heure. Le grand paradoxe, c'est que ce sont les pages qui me tentaient le moins avant d'ouvrir l'ouvrage et que ce sont celles qui me semblent les plus réussies au final. Même les couvertures de Samnee sont parfaites pour illustrer le propos léger mais pétillant. En conséquence, vous auriez grandement tort de ne pas laisser une chance au tome 1 de Dawn of Titans.
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