MARCEL : CERDAN LE COEUR ET LES GANTS CHEZ DELCOURT


 Si nous avons l'habitude de traiter la plupart du temps de héros dotés de super-pouvoirs, de capes ou de costumes bariolés, il en existe certains parmi eux qui sont beaucoup plus prosaïques et s'inscrivent dans une forme de banalité du quotidien. C'est d'autant plus vrai quand ces héros ont réellement existé et qu'ils ont, durant un certain temps, incarné les rêves, les aspirations, les victoires d'une partie de la société. Marcel Cerdan est de cette trempe. C'est le boxeur qui a fait vibrer la France à la fin des années 1930 et jusqu'au terme des années 1940, lorsque le destin décida d'éteindre la lumière après un tragique accident d'avion. La Seconde Guerre mondiale, donc, est venue entre-temps porter un coup d'arrêt provisoire à la carrière fulgurante de celui qui est né en Algérie, mais a rapidement passé la frontière avec sa famille pour s'installer au Maroc, ou il a pu très tôt pratiquer la boxe. Discipline qui ne recueillait pourtant pas ses faveurs, mais encouragée par un père à la limite du tyrannique ! Le petit Marcel devient vite, à la force des poings, un prodige capable d'aligner les victoires par KO. Lorsque l'Allemagne parvient à occuper la France, il se réfugie de nouveau en Afrique du Nord puis s'inscrit dans la Marine, tout en continuant de boxer de temps en temps, histoire de remonter le moral des troupes, d'infliger des défaites symbolique mais puissantes à l'Allemagne nazie, d'apporter sa contribution au mouvement de résistance. Mais Marcel Cerdan a aussi un objectif : franchir l'Atlantique pour s'en aller boxer aux États-Unis, et après être devenu champion d'Europe, envisager, pourquoi pas, de conquérir la couronne mondiale. Pendant ce temps, il faut bien entendu aussi parler de la vie sentimentale de l'homme qui porte les gants, car c'est un des sujets prégnants de cette bande dessinée très réussie.




Ce que Bertrand Galic démontre parfaitement dans cette bande dessinée, c'est qu'à côté du sportif, il y a aussi un homme. Un homme qui a tendance à se disperser, à aimer plusieurs femmes, de son épouse légitime à celle qui va lui donner la première un enfant, jusqu'à, bien entendu, l'histoire passionnée avec Édith Piaf, qui est probablement une des informations que plus ou moins tout le monde retient aujourd'hui lorsqu'on évoque Marcel Cerdan. L'amitié également, la fidélité envers ses compagnons de toujours, son entraîneur, des valeurs importantes qui ont forgé le caractère du bonhomme. Et la mère de Marcel, refuge important de la jeunesse. On pouvait craindre le pire, c'est-à-dire une sorte de biographie monotone se contentant d'égrainer les temps forts de l'existence du boxeur; il n'en est rien ! Car Galic parvient à imprimer un vrai point de vue à l'histoire, à maintenir un rythme certain d'un bout à l'autre. Il est de plus parfaitement servi par le dessin et la couleur de Jandro, qui ne tente pas d'imiter servilement la réalité, mais présente des portraits qui parviennent à unir une fidélité d'intention évidente avec une vraie réélaboration personnelle, très dynamique. Du coup, nous avons entre les mains quelque chose de vraiment attachant, qui fait revivre une épopée à la fois sportive et humaine. On s'étonnera qu'il s'agit ici du premier ouvrage de ce calibre consacré à une figure aussi importante, dont nous célébrons (façon de parler, disons plutôt nous commémorons) les 75 ans d'une disparition bien trop précoce.



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W0RLDTR33 : L'HORREUR EST EN LIGNE AVEC JAMES TYNION IV


 Le danger vient de très loin dans les méandres du réseau, dans ce que l'on appelle l'undernet, autrement dit les profondeurs les plus inconnues et les plus périlleuses de l'Internet; à côté, le Dark Web c'est une simple promenade de santé. Il y a des années de cela, un groupe de potes techniciens avait découvert quelque chose de si horrible, de si potentiellement dangereux pour toute l'humanité qu'ils avaient décidé de "boucher" cet undernet, de tenter de murer à jamais ce programme exposé sur un forum, W0rldtr33. Le problème, c'est qu'aujourd'hui il a refait surface et ses effets sont absolument terrifiants : dès lors que vous regardez certaines images, que vous êtes en relation directe avec le programme, celui-ci vous hypnotise, s'empare de vous, vous pousse à commettre des meurtres atroces ou bien vous en êtes très rapidement la victime. Tout ceci alors qu'une étrange mais magnifique jeune femme qui se balade pratiquement nue rôde sur les lieux des massacres et semble être la clé pour comprendre ce qui est en train de se jouer. En attendant, c'est une véritable tuerie de masse qui a eu lieu dans un petit village, perpétré par un adolescent du nom de Gibson Lane. Nous faisons la rencontre dès le premier épisode de son frère aîné et de sa petite amie, qui font justement route pour aller le trouver, suite à des messages assez préoccupants. La réalité est bien entendu supérieure à tout ce qu'ils pouvaient redouter : le frangin vient d'abattre des dizaines de personnes et personne ne parvient à comprendre pourquoi. Avec James Tynion IV, l'étrangeté est généralement synonyme d'hémoglobine, tout aussi généralement synonyme de récit très glauque, et une fois encore, cette nouvelle série n'échappe pas à la règle.



Ce n'est pas la première fois que nous découvrons un récit basé sur les dangers de l'internet, une vision paroxystique de ce que cela peut produire à l'échelle mondiale. Nous avions d'ailleurs beaucoup apprécié récemment un ouvrage (Mindset) publié par Komics Initiative, qui traitait vaguement du même sujet. Ici, nous sommes évidemment à une échelle supérieure puisqu'un programme qui se comporte en fait comme un virus (finalement, peut-être une histoire héritière de la période covid ?) s'empare de tous ceux qui sont exposés par le biais de l'écran et de la connexion. Tynion IV donne beaucoup de charisme à son histoire, principalement grâce à toute une galerie de personnages très réussie. Que ce soient les innocents pris dans la tourmente, le génie de l'Internet richissime et en partie responsable de ce qui s'est produit, ses collègues informaticiens qu'il n'a pas vu depuis 20 ans ou bien le couple de détective chargés de mener l'enquête, tout ce beau monde est soit sympathique, soit intrigant, pour ne pas parler de la sculpturale menace aux cheveux blancs, qui semble être le point focal de la catastrophe imminente. L'ensemble est dessiné par Fernando Blanco avec beaucoup de brio; les planches sont toutes très léchées et il n'y a absolument rien à redire sur la partie graphique, qui parvient à créer intelligemment le malaise, pour représenter les effets du programme indésiré. La mise en couleurs de Jordie Bellaire est peut-être parfois un poil trop sombre ou clinique, mais là encore, il s'agissait avant tout de se mettre au service d'une histoire et ça peut se comprendre. Un tome 1 globalement très réussi, qui pose suffisamment de questions pour nous donner envie d'attendre la suite.


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RIBBON QUEEN : DU GARTH ENNIS POLAR HORRIFIQUE CHEZ PANINI


 Amy Sun est inspectrice, elle travaille pour les forces de police et elle connaît particulièrement bien son métier. Mais même les agents les plus efficaces sont parfois obligés de commettre de petits mensonges, lorsqu'il s'agit de sauver des vies. C'est ce qu'a fait Amy il y a quelques années de cela, mais elle s'est fait prendre et c'est la raison pour laquelle elle n'est pas particulièrement bien vu de ses collègues. elle est tombée en disgrâce et nous la retrouvons au début de cette aventure, alors qu'elle s'apprête à livrer un témoignage très important à l'un de ses supérieurs. Le simple fait de fermer la porte du bureau semble paniquer ce dernier, qui s'attend à quelque chose d'explosif. Et il n'a pas tort : une jeune femme du nom de Bella a été poignardée puis jetée par la fenêtre. Certains considèrent qu'il s'agit d'un suicide, mais la théorie semble ne pas tenir debout, d'autant plus qu'Amy a la certitude que l'auteur du crime n'est autre qu'un membre des forces spéciales d'intervention, qui un an auparavant avaient libéré Bella lors d'une prise d'otage. Depuis, le type, un certains Connolly, semblait nourrir une véritable obsession pour celle qu'il a délivrée, convaincu qu'elle nourrissait à son égard des sentiments, ou en tous les cas un désir qui justifiait un véritable harcèlement permanent. C'est donc un dossier brûlant, puisqu'en règle générale il règne une certaine omertà dans ce corps de métier. D'autant plus quand les agents en question appartiennent à une sorte de fratrie de flics d'origine irlandaise, alors que Amy elle possède des racines asiatiques. C'est aussi une femme et donc sa parole vaut beaucoup moins que celle des autres. Garth Ennis se permet un certain commentaire social qui lui a valu d'être accusé de discours woke lors de la sortie de cette série en version originale. Pour autant, le scénario est bien ficelé, les personnages bien campés, les discussions font mouches et c'est un plaisir de voir la manière dont l'histoire évolue. Elle évolue d'ailleurs de manière complètement inattendue lorsque le harceleur et deux de ses collègues chargés d'intimider Amy sont sauvagement assassinés. Enfin, le mot est inexact. Disons que leurs corps semblent se décomposer, être découpés en petites bandelettes de peau, tout cela de manière atroce et presque instantané, sous les yeux des témoins effarés. Problème : Amy est sur la scène les deux fois.



Dès lors, le récit de Garth Ennis bascule dans le surnaturel. Bella, la victime, est aperçue sur des vidéos de surveillance en train de se réveiller dans la morgue et de partir comme si de rien n'était. C'est elle aussi qui apparaît sur les lieux des massacres et qui est la cause de ces meurtres effroyables, avec des types qui finissent découpés en fins rubans. Que se passe-t-il vraiment et pourquoi semble-t-elle prendre la défense d'Amy, voilà les questions auxquelles vous aurez les réponses, si vous décidez de donner une chance à cette mini-série initialement publié au States chez un des éditeurs indépendants les plus intéressants de cette dernière décennie, Awa upshot. Le dessin est l'œuvre de Jacen Burrows et cela ne va peut-être pas vous surprendre, mais il y a par moments dans le storytelling, dans la manière de jouer avec les expressions en apparence impassibles des personnages (avant que n'explose l'horreur et qu'elles ne se transcendent) un petit quelque chose de la bonne époque Steve Dillon. La tâche n'est pas simple car il y a de nombreuses pages relativement statiques, où ce sont surtout les dialogues du scénariste irlandais qui font mouche et qui permettent de faire progresser l'histoire, avec du brio et des répliques  bien senties. Je vous ai déjà parlé du pseudo discours woke mais on trouve aussi toute une analyse de la manière dont les Américains perçoivent la police et la façon dont celle-ci peut parfois utiliser des méthodes très violentes, voire même justifier l'emploi de tirs mortels. Bref, Ennis ne s'attire pas les sympathies de tout le monde mais il n'en a cure; son but est juste de nous raconter un récit qui parvient à convaincre et à maintenir en haleine le lecteur. Ribbon Queen est une bonne petite surprise qui mérite largement que vous décidiez d'y consacrer un de vos futurs achats.



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LES NAVIGATEURS : UNE GRANDE REUSSITE DE LEHMAN ET DE CANEVA


 Les navigateurs part sur un faux rythme particulièrement attachant. Une histoire somme toute banale, trois amis qui se connaissent depuis le lycée, qui ont grandi ensemble, qui sont forts différents, mais qui forment une bande inséparable. La narration est gérée par Max, un écrivain en mal d'inspiration qui s'occupe aussi d'une petite revue littéraire en train de péricliter. Avec lui, nous trouvons Sébastien, fils d'un éditeur important, qui semble ne jamais connaître de problème d'argent, et Arthur, tenté par l'aventure depuis sa jeunesse, lorsqu'il se baladait partout avec un sac à dos rempli d'objets hétéroclites, destinés à la survie en milieu hostile. Hélas, il a fini par perdre une jambe et aujourd'hui, il fume un peu trop d'herbe pour supporter les douleurs fantômes, mais reste néanmoins le genre de pote qui vous est toujours fidèle, même si parfois un peu lourd. Autre personnage d'importance : Neige. Dès son arrivée à Clamart, elle est devenue l'acolyte inséparable du trio et elle a même fini par se rapprocher de Max, dont elle aurait pu être finalement la petite amie. Jusqu'au jour où elle est partie pour Londres (après un drame qui nous est patiemment dévoilé), où elle est devenue photographe. Vingt ans ont passé depuis cette époque innocente et nous sommes en 2010 lorsque Neige revient là où tout a commencé. Elle est enceinte, vient de se séparer de son compagnon anglais et lorsqu'elle invite ses amis (qu'elle n'avait pas revu depuis) chez elle, c'est le début d'une véritable aventure, qui va dès lors glisser vers quelque chose de complètement inattendu, qui prend totalement à contre-pied les attentes du lecteur qui se serait contenté des 30 premières pages. Le grand tournant de l'histoire, c'est une sorte de fresque cachée par une tapisserie plus moderne, découverte chez Neige, mais aussi un bruit terrifiant qui retentit dans tout le quartier et qui correspond, en simultané, avec la disparition de la jeune femme.


Toute l'étrangeté de l'album, mais aussi ce qui fait son succès, c'est cette capacité de changer de braquet, de démarrer avec un récit intime entre des personnages qui se connaissent depuis longtemps, pour basculer vers le mystère et l'épouvante, au fur et à mesure que progresse l'enquête. Car oui, il s'agit bien d'une enquête : est-il réellement concevable qu'une femme puisse passer de l'état réel à celui de dessin dans une fresque, et cela suite à la découverte de cette dernière et à un cri terrifiant qui résonne dans tout un quartier ? Le genre de choses que la police n'est pas prête à entendre et qui oblige nos trois compères à se lancer dans une quête personnelle, une quête qui va les pousser à éplucher les archives, à poser les questions aux bonnes mais aussi aux mauvaises personnes, pour finalement découvrir qu'il existait quelque chose avant Paris, il y a très longtemps de cela. La ville était en fait un ensemble de marécages ou de territoire sous la mer, et que des lieux aujourd'hui célèbres comme Montmartre n'étaient en fait que de petites îles. Et dans ce contexte aquatique si particulier, se sont déroulés des faits glaçants, avec notamment des créatures monstrueuses, ou en tous les cas extrêmement singulières, qui frayaient avec les humains. D'ailleurs, la police fluviale le sait bien, aujourd'hui, ces "monstres" apparaissent encore, lors de certaines situations particulières, sans que le grand public n'en sache rien. Le décor tient de l'œuvre de Jérôme Bosch, avec une tête en partie émergée qui contrôle l'accès au territoire, mais aussi une araignée géante qui enlève les femmes enceintes et les emmagasinent dans des sortes de cocons. Tout ceci, nous allons le découvrir peu à peu, avant un final qui lorgne presque du côté de l'horreur et de la fantasy et qui démontre une maîtrise de la narration parfaite de la part de Lehman, qui signe là un album extrêmement convaincant. Quant à De Caneva, on ne peut absolument rien dire d'autre ou n'employer aucun autre adjectif que "remarquable" : d'un bout à l'autre, la prestation est extrêmement solide, les personnages particulièrement bien campés et toutes les planches fantastiques baignent dans une pénombre convaincante qui tranche intelligemment avec le reste du dessin. Notons également que l'album aussi en tant qu'objet de collection est des plus jolis. Une présentation très soignée, pour un ouvrage de grande qualité, qui ressemble à l'un des indispensables de cette fin d'année.





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JOKER FOLIE À DEUX : JOKER ENNUI À DEUX ?


 Que lève la main le premier d'entre vous qui ressentait le besoin impérieux de voir une suite au Joker de Todd Phillips ? Qu'on l'aime ou pas, ce film semblait abouti artistiquement parlant, suffisamment singulier et bien troussé pour mériter un titre à part dans la longue collection des adaptations cinématographiques de nos chers comics. Une des plus audacieuses, des moins stupides. Des plus pertinentes, rapportées à l'époque. Et puis voilà, Folie à deux, Harley Quinn, et le grand patatrac au box office. D'ailleurs, ne vous y trompez pas, Joker : Folie à Deux n'est pas la comédie musicale annoncée. Certes, il y a bien des séquences musicales – on voit même le Joker et Harley Quinn reprendre To Love Somebody des Bee Gees en duo, avec une petite touche à la Fred Astaire et Cyd Charisse – mais ce serait une simplification grossière de s'arrêter là. Clarifions les choses : les scènes chorégraphiés ne sont que des échappées mentales du Joker, des visions isolées, presque des clips hors contexte qui n’ont aucune connexion avec l'intrigue principale (c'est d'ailleurs souvent le traditionnel cheveu sur la soupe qui vous fait faire la grimace). En revanche, lorsqu'ils chantent et dansent vraiment, ce sont des moments lucides, conscients. Le Joker, à un moment, dit même "arrête de chanter", comme s'il voulait briser un charme déjà fragile, presque à contrecœur. Le tout se déroule sous les yeux des autres personnages, qui restent impassibles, totalement déconnectés de ce délire musical (et cinématographique). En somme, la musique n'est pas là comme langage universel ou comme mode d’expression propre aux personnages, mais elle accompagne simplement deux êtres qui se prêtent au jeu de la comédie musicale, sans jamais l’embrasser pleinement, sans que cela fasse sens pour eux, surtout pour nous. Folie à Deux apparaît comme une révolution avortée, vouée à l’échec. Si la seule manière de surmonter l’aura écrasante du premier Joker était d’oser une rupture stylistique – en s’appuyant sur la folie du titre pour explorer de nouveaux territoires, notamment celui du musical – il aurait fallu oser davantage. Le virage attendu était radical, et ce ne sont pas tant les attentes qui ont été déçues, que l’intention qui s’est perdue en route, qui a sombré dans la confusion. Reste tout de même le plaisir de voir Lady Gaga interpréter They Long to Be Close to You des Carpenters, ou de la regarder danser avec un Joaquin Phoenix qui retrouve ses mouvements désarticulés. On découvre des versions inédites de leurs personnages, bien qu’enfermées dans des scènes secondaires, de faible impact. Mais malgré ce charme sporadique, Joker: Folie à Deux ne réussit pas à échapper à une impression de redondance. Et surtout, de vacuité. Pas d'émotion, pas d'empathie, pas de folie. C'est un comble !



Entre drame judiciaire et thriller psychologique, où les procès ressemblent à des séances de psychanalyse et où l’amour n’est qu’un prétexte narratif très mal amené, ce nouveau Joker semble avant tout être une sorte de méta-commentaire sur le premier film. Ramener Arthur Fleck à son état d’avant la grande révélation (même si c’est sous l’effet des médicaments) est une hérésie. Lui faire revivre cette époque révolue, effacée par sa transformation en Joker, c’est rejouer une scène déjà vue, mais sans la catharsis libératrice du premier film. On s'en contrefiche, totalement. Le film échoue aussi en enfermant le Joker dans un cadre où il n’a aucune marge de manœuvre. Il est réduit à l'état de pion dans un procès dont l’issue est inévitable, sans la moindre tension née d'une incertitude. On a presque l’impression d’être face à une intrigue qui pourrait commencer par sa fin, où chaque scène revisite et dilue les événements du premier film, en approfondissant légèrement les idiosyncrasies d’Arthur Fleck, mais sans jamais nous reconnecter à la compassion que l’on éprouvait pour lui. On l'entend rire, sans conviction, comme si même Joaquin Phoenix n'avait plus qu'à user et abuser des tics du premier film, pour tenter de sauver les meubles dans le second. En vain. Harley Quinn, quant à elle, est plus un stimulus, le déclencheur de l'euphorie qui sommeille dans le Joker, une sorte de réceptacle, reflet de l'idolâtrie fanatique des masses, qu'un personnage qu'on incarne. Harley Quinn est alors un vecteur de réflexion sur le pouvoir déformant du spectacle, qui digère et recrache des idées plutôt que des individus, des figures iconiques et aplaties, icônes starifiées sans la moindre raison valable, sans esprit critique. Lady Gaga en sait quelque chose, elle connaît parfaitement cet univers glauque, ce miroir déformant; pour autant, elle s'ennuie et nous ennuie, la plupart du temps. C'est là pourtant que Joker : Folie à Deux semblait avoir quelque chose à dire, et c'est là qu'il pouvait trouver un fil thématique commun avec le premier film, dans la distorsion de la réalité par les médias mainstream et dans la chute des idoles, qui finit par induire une violence colérique et indomptable. Le film respecte le pacte en partie, en dénonçant le cercle vicieux de la masse qui déifie puis déboulonne les statues, qui érige des géants puis les démolit. Mais Joker : Folie à Deux se contente d'effleurer le sujet, de redire ce qui avait déjà été énoncé avec plus de génie en 2019. Sur la durée, on finit par se regarder, embarrassés, avec la certitude que ce second volet, totalement dispensable, va faire aussi beaucoup de mal aux souvenirs que nous conservions du premier. Le box office semble s'être déjà chargé de la juste punition. 



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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : L'ESCAMOTEUR


 Dans le 185e épisode du podcast Le bulleur, je vous présente L’escamoteur, album que l’on doit au scénario de Philippe Colin, au dessin de Sébastien Goethals et c’est publié chez Futuropolis. Cette semaine aussi, je reviens sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :


- La sortie de l’album Les petits métiers méconnus que l’on doit au scénario de Vincent Zabus et à de nombreux dessinateurs, ainsi qu’aux éditions Dupuis

- La sortie de l’album À la ligne, l’adaptation en bande dessinée du roman de Joseph Ponthus par Julien Martinière pour un album sorti chez sarbacane

- La sortie du second tome de la série Voleur de feu que Damien Cuvillier consacre à Arthur Rimbaud, une biographie publiée aux éditions Futuropolis

- La sortie de Dentelles et Wampum, deuxième tome de L’ombre des lumières, série que l’on doit au scénario d’Alain Ayroles, au dessin de Richard Guérineau et le tout est édité chez Delcourt

- La sortie de l’album Grégory, titre pour lequel Jean-Marie Villemin a participé au scénario en compagnie de Pat Perna, le tout mit en dessin par Christophe Gaultier et c’est publié chez Les Arènes BD.

- La sortie de l’album Le corbeau — l’affaire Villemin, titre que l’on doit au scénario conjoint de Béatrice Merdrignac et Tristan Houllemare, au dessin de Grégory Lé et c’est publié chez Petit à petit dans la collection Docu BD

- La sortie de la première intégrale comprenant les tomes 1 et 2 du Château des étoiles, la saga que l’on doit à Alex Alice et aux éditions Rue de Sèvres.



 

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AVENTURE(S) ITALIENNES ET MARSEILLAISES AVEC DEMIAN CHEZ ALTER COMICS

Demian Tome 1 Chez alter comics

Avec Alter Comics, les fumetti sont de retour. De quoi parlons-nous ? En vérité, il est extrêmement facile de donner une définition de ce genre de production. Le terme (en italien) signifie tout simplement une bande dessinée, tout comme les Anglo-Saxons appellent ces mêmes publications comic books. Nous autres, lecteurs qui avons dépassé la quarantaine, sommes habitués à la production sérielle des fumetti populaires, puisqu'un grand nombre des petits formats qui étaient publiés, des années 1960 aux années 1990, notamment chez Lug/Semic mais aussi Mon Journal, avaient pour origine des BD italiennes adaptées en français. La plus grande maison d'édition italienne du genre est incontestablement Sergio Bonelli Editore, que nous connaissons chez nous grâce à des héros légendaires tels que le cowboy Tex Willer (qui était publié entre autres dans la revue Rodéo) ou bien l'esprit à la hache, le grand Zagor (qui lui était adapté en VF dans Yuma). Citons également, parmi les personnages un peu plus récents, l'archéologue Martin Mystère ou bien le détective du surnaturel, Dylan Dog. Demian est justement un fumetto (singulier de fumetti) publié par cess éditions Sergio Bonelli Editore, entre 2006 et 2007. Créée par Pasquale Ruju, cette série s'inscrit dans la longue tradition des récits d'aventure et de mystère et suit les péripéties de Demian, un ancien membre d'une sorte de confraternité héritée des chevaliers d'antan, qui a décidé de lutter contre l'injustice et le crime dans la ville de Marseille, qui sert de fond aux premiers épisodes. Après le meurtre de sa femme, Demian n'avait plus vraiment le goût pour vivre, mais il a finalement surmonté à sa façon le trauma, pour venir en aide à ceux qui en ont besoin. C'est un héros complexe, et ses aventures l'amènent à affronter une série de personnages puissants et dangereux, souvent des figures du crime organisé, mais aussi des individus corrompus appartenant à l'élite sociale et politique. L'ambiance de cette bande dessinée oscille entre noirceur et héroïsme, avec un ton souvent mélancolique. La série mêle action, drame et réflexion sur des thèmes comme la rédemption, le sens de la justice et la lutte contre nos propres démons intérieurs. Les dessins, réalisés par une équipe de dessinateurs talentueux comme Luigi Piccato, Walter Venturi ou encore Luigi Siniscalchi, proposent un soin particulier accordé aux décors urbains et aux scènes d'action. Et à l'heure où je rédige ces lignes, le second numéro de Demian est sur le point d'être disponible, chez tous les bons libraires !


En apparence, Demian s'appuie sur des éléments narratifs relativement classiques de la bande dessinée d'aventure. Nous avons affaire à un héros plutôt beau de sa personne, blond, tourmenté, et dont la noblesse d'âme est inébranlable; à ses côtés, un faire valoir exotique légèrement borderline mais toujours prêt à aider (Gaston), tandis que la présence de la femme aimée, désormais morte, s'insère dans le récit sous forme de flashback. On découvre aussi une nouvelle flamme potentielle, qui tente de faire brèche dans le cœur du preux chevalier. En apparence uniquement, car plus on avance dans la lecture, plus en réalité Demian se stratifie (après une fausse mort qui ouvre le tout premier épisode, il fallait y penser) et devient un personnage plus moderne, capable d'affronter des questions très contemporaines, comme par exemple la pollution, le recyclage sauvage des déchets, la corruption qui règne entre les grands industriels et la politique. Les ennemis de Demian sont également bien amenés : nous avons notamment affaire à une organisation basée à Marseille, du nom de "trait d'union", qui interprète à la perfection cette porosité entre les affaires privées de mafieux sans vergogne et les grands intérêts des compagnies internationales… mais aussi de l'État, qui accepte un peu trop facilement les pots de vin. Le premier numéro de Demian est illustré par Giorgio Sommacal, tandis que le second a droit à un Luigi Siniscalchi des grands jours, qui fait partie des artistes les plus appréciés chez Bonelli. Le format est le même que l'original en Italie et le prix plus élevé de 9,99 € s'explique facilement par l'énorme différence d'exemplaires concernés par le tirage. Et probablement par la vente, tant en France il est difficile, voire carrément risqué, de proposer ce genre de produit. C'est d'autant plus incompréhensible qu'une grande partie de nous autres, lecteurs de plus de quarante ans, avons commencé par lire ces bandes dessinées et que leur qualité moyenne dépasse très largement l'essentiel de la production de mangas ou de comics, en 2024. D'ailleurs, je vous invite vraiment à donner une chance à Demian et à tester cette série, tout comme il est très recommandé d'aller jeter un œil aux trois autres titres que propose Alter Comics (Julia, Saguaro et Adam Wild). Dossier complet à retrouver dans notre Mag' du mois d'octobre. 


Il convient d'être juste. Un autre éditeur propose régulièrement des fumetti en VF. Swikie édite par exemple Nathan Never, Napoleone, ou encore Brad Barron et Lukas. Mais ces titres ne bénéficient pas d'une distribution librairie nationale et sont pour ainsi dire publiés à la demande (Nathan Never est excellent). Enfin, UniversComics traduit les fumetti Alter Comics à partir des numéros 2. Comme vous le savez, nous sommes très engagés pour la promotion du média en terre française, et ce projet a besoin du soutien de tous. Grazie !

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G.O.D.S. LE QUATRIÈME AXE : DES DIEUX SELON HICKMAN


 Au départ, ce devait être un événement. Une série ambitieuse et susceptible d'ouvrir de véritables nouvelles voies dans l'univers Marvel. Et puis, comme toujours, la réalité du marché a rattrapé les artistes. Malgré un effort promotionnel évident (G.O.D.S. a été teasé par des pages spéciales, insérées dans pratiquement toutes les autres séries) de la part de Marvel et le calibre des deux auteurs impliqués, G.O.D.S. n'a duré que 8 numéros aux Etats-Unis et son impact a été beaucoup plus modeste qu'on aurait pu l'imaginer. D'un côté c'est dommage, car le travail de Jonathan Hickman est comme d'habitude d'un très bon niveau, lui le spécialiste du worldbuilding, quand il s'agit surtout de redéfinir diverses entités cosmiques du panthéon local (de l'Oubli à Eternité, de l'Intermédiaire au Tribunal Vivant) sur fond d'équilibre universel, fondé sur une trêve entre le Pouvoir-en-place et la science, représentée par l'Ordre-Naturel-des-Choses. Tout démarre dans un premier numéro extra-large, avec un long flashback initial. On comprend comment le mariage de Wyn (le nouveau personnage majeur du titre) s'est terminé lorsque sa femme, Aiko, a été sélectionnée comme l'une des "Centum" de l'Ordre-Naturel-des-Choses. En gros, une sorte de chercheuse cosmique, capable d'enquêter sur toutes les connaissances humaines. Un rôle qui la met en opposition avec les Autorités Supérieures, au service desquelles se trouve ce Wyn, et qui l'oblige donc à se séparer de celui qu'elle aime, pour éviter de fâcheuses conséquences. D'emblée, ça saute aux yeux : Valerio Schiti fait un excellent travail sur les expressions et les détails de la gestuelle des personnages. Il excelle dans la représentation de tout une brochettes d'intervenants originaux, qui sont censés être dépositaires de savoirs ou de dons cosmiques, tout en restant assez proches des humains traditionnels et de leurs failles, un peu sur le modèle de ce que Neil Gaiman a pu faire avec la célébrissime série Sandman. Bref, à l'opposé du travail d'un Jim Starlin, pour simplifier. La suite de l'histoire, c'est une sorte de chasse au trésor d'artefacts mystiques, pour arrêter un sorcier maléfique qui a l'intention d'oblitérer l'existence (Cubisk Core), et l'aide bienvenue d'invités bien connus, comme le Docteur Strange (ainsi que de brèves apparitions de nombreux autres personnages comme les Fantastiques ou Black Panther). Hickman s'isole, tisse selon son rythme et ses envies, passe de l'infiniment grand à l'intime le plus banal, tandis que ses personnages continuent de deviser, soliloquer, déclamer, ce qui reste souvent, soyons honnêtes, un des talons d'Achille du scénariste. 




Reste bien sûr à déterminer si cette représentation des entités cosmiques par Hickman est capable de prendre le dessus sur celle plus traditionnelle que nous connaissions. Et là, c'est une autre paire de manches, car même si G.O.D.S. réserve de belles illuminations et que l'on passe globalement un très bon moment (à condition d'être fan du travail du scénariste), il y a fort à parier que sur la durée, cela n'a aucune chance d'égaler la fantasmagorie des quêtes cosmiques à la Starlin. Bref, lorsque le discours est recentré sur notre petit nombril, notre planète, avec des discussions métaphysiques sur ce qui constitue le tissu même de l'existence, l'histoire semble un peu plus crédible (pour autant que cet adjectif puisse avoir un sens ici) mais perd beaucoup de son côté épique. Le Tribunal Vivant, par exemple, n'a jamais été aussi effrayant et imposant que lorsqu'il apparaît devant des déités spatiales en panique, ou lorsqu'il est convoqué par des types comme Adam Warlock ou Thanos. Hickman parle beaucoup, il ensorcelle son lecteur au moyen de dialogues, de didascalies, qui semblent ne pas en finir… et bien souvent, ce qui se passe dans chaque épisode est plus concentré au niveau du texte, de ce qu'il nous promet, que de celui de l'action réelle. Et plus on approche de la fin des huit épisodes de G.O.D.S., plus le propos devient intime, à tel point même que le final ressemble à une sorte de définition de l'amour, de combien les sentiments peuvent être plus importants encore que la connaissance ultime. Ou bien on s'arrête sur le personnage de Dimitri, l'aide de camp de Wyn à travers tout l'ouvrage, qui est prêt à tout pour retrouver ses parents disparus lorsqu'il était encore jeune, lors d'une mission spatiale. Toute la connaissance accumulée, tout ce qui constitue l'ensemble de secrets que l'on devine normalement détenus par des dieux, finalement au service de récits et de destins tout à fait humains. C'est un peu ainsi que Hickman retombe sur ses pieds, en nous faisant miroiter l'envers des cartes, en nous amenant du côté de l'infini, pour en somme nous dire que ce n'est pas trop mal d'être un humain, après tout. Rappelons-le une dernière fois, d'un bout à l'autre, Valerio Schiti est irréprochable, voire même fantastique, ce qui, pour les allergiques à la narration de Hickman, aura tout de même le don de faire passer la pilule. Si vous aimez les belles choses, vous pouvez aussi vous procurer la variant cover proposée par le Comic Shops Assemble, la réunion de quelques-uns des plus importants magasins français, qui a misé sur une illustration splendide de Felipe Massafera.





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JUDAS : LE VÉRITABLE HÉROS APOCRYPHE DE L'HISTOIRE CHEZ 404 GRAPHIC


 Nul besoin d'être féru en théologie pour connaître l'histoire de Judas Iscariot : c'est l'apôtre qui a trahi Jésus, tout aussi connu que le Fils de Dieu qui fut son guide, sa lumière dans le monde, avant qu'il ne décide de le livrer aux forces romaines, en échange de quelques pièces d'or. Et d'un bon paquet de regrets, qui le poussent à se pendre un peu plus tard. Oui mais voilà, quelle est la part du libre arbitre dans la décision de Judas, voire même, durant toute son existence ? Probablement aucune, car Jésus l'aurait utilisé pour donner plus de poids à son message et pour illustrer ses œuvres. Comme dans chaque bonne histoire de super-héros, le protagoniste a besoin de quelqu'un qui se dresse face à lui, d'un ennemi facilement identifiable, que le scénario se charge ensuite de châtier, comme pour offrir un final exutoire à tous les lecteurs. Judas n'avait probablement rien demandé et le message qui lui a été délivré était-il vraiment le bon ? Convaincu de l'aspect divin de Jésus, bien décidé à répandre son verbe, Judas se retrouve dans la peau de celui qui regarde les choses pour ce qu'elles sont, c'est-à-dire qui ose affronter la réalité dépouillée de ses oripeaux grandiloquents et mystiques. Du coup, la place de Judas après sa mort se trouve aux côtés de Lucifer, en enfer, et là-bas aussi la vérité nue peut faire mal, dès l'instant où on la fixe trop longuement. Un peu comme regarder le soleil sans filtre à s'en brûler les rétines. Toute l'histoire de la Bible, de l'Ancien Testament jusqu'aux évangiles, nous présente des récits de sacrifices, de personnage qui osent braver l'interdit au nom de la force divine et s'en retrouvent finalement punis. Lucifer lui-même n'est qu'un ange déchu et la question finit par se poser : et si, au final, tout le récit divin n'était qu'une affabulation, une sorte de jeu cruel mené par quelqu'un qui n'est pas amour et bonté, mais qui possède ses propres envies, ses propres visées inatteignables aux communs des mortels, qui ne sont après tout que des pions sur un échiquier, sur lequel se déroule un jeu dont ils n'ont clairement pas les règles ?



L'introspection et le doute, la confusion, jouent également un rôle crucial. Mettez-vous à la place de Judas, hanté à jamais par ses actions, jusque dans l'au-delà. Quelqu'un lui murmure quelque chose à l'oreille, ce qui attise sa curiosité et ravive en lui l'idée d'avoir été trahi, mené à sa perte, sans avoir le choix d'emprunter un autre chemin. Était-il destiné à être universellement détesté ? Était-ce même sa faute ou s'est-il laissé piéger et piéger lui-même pour condamner le messie à son sort ? Et si, au lieu d'être le traitre par excellence, il était destiné à ouvrir la voie, être un guide, un héros ? Le scénariste Jeff Loveness a créé ici une œuvre d'une vraie profondeur qui oscille avec une grande intelligence entre blasphème assumé et analyse attentive du texte sacré, dont il tire quelques éclairs de génie qui font subitement sens. Nous ne sommes jamais dans la provocation stérile ou la tentative de faire de l'épate au détriment de la croyance chrétienne. Au contraire, c'est en humanisant les personnages, habituellement présentés comme parfait, ou irrémédiablement mauvais, qu'il les rend intéressants, plus proches de ce qu'est en définitif un être humain, empêtré dans ses contradictions. Le magnifique dessin tourmenté et obsédant de Jakub Rebelka est parfait pour cette bande dessinée. Son utilisation d'une palette de couleurs plus sombres permet de créer une ambiance parfaite et donne vraiment le ton du roman graphique. Nous avons souvent de pleines pages d'une grande porté symbolique, des corps en souffrance, mais sur lesquels s'applique une patine d'espoir, d'humanité. Le grand format est un atout majeur pour Judas, car l'album ne se contente pas d'être passionnant à lire, il est beau, tout simplement, dans sa finition, dans le grain du papier employé, dans sa qualité graphique. Un drame universel et spirituel comme vous ne saviez pas que vous pouviez en lire dans un comic book américain. 


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COBRA COMMANDER : À LA CONQUÊTE DU MONDE (ENERGON UNIVERSE)


 C'est une règle qui se vérifie toujours : si vous souhaitez obtenir des héros fascinants ou des séries passionnantes, il faut forcément qu'il y ait de l'autre côté de la scène un antagoniste qui en vaille la peine. Et d'ailleurs, l'antagoniste est parfois si charismatique qu'il parvient presque à prendre le dessus sur les forces du bien (dans l'imaginaire collectif) qu'il est censé défier. Bref, l'Energon Universe continue de s'étendre et après Duke, qui était censé être un album d'introduction au microcosme des G.I. Joe, voici venir Cobra Commander, autrement dit celui qui va être à la tête d'une organisation terroriste (Cobra, donc) et qui va s'affirmer comme le méchant parfait. Ici, nous avons une réécriture complète de l'histoire, qui commence tambour battant avec une alliance sinistre du nom de Cobra-La, qui envoie sur Terre le Cobra commander pour une mission qui prend la forme d'une dernière chance pour se racheter. Il faut mettre la main sur des ressources incommensurables en Energon, qui sont indispensables pour les projets futurs des criminels en orbite. D'autant plus que ces derniers détiennent (on le comprend très rapidement, au détour d'une seule planche) un certain robot de type "decepticon" du nom de Mégatron, que vous devez forcément connaître. Résultat, l'histoire plonge sur notre planète, dans les marais des Everglades, à la rencontre d'une bande de bikers ultra violents (les Dreadnoks) qui exploitent la ressource convoitée, et qui vont se retrouver nez à nez avec un Cobra Commander bien décidé à repartir les mains pleines. 



La version de Cobra Commander représentée ici est en tous les cas beaucoup plus intéressante et potentiellement dangereuse que celle que nous avons rencontré dans la version animée; il a toujours eu un peu ce côté pleutre, cette volonté de nuire mais qui se termine souvent par une retraite stratégique loin d'être glorieuse. Ici, c'est un individu très motivé, capable d'endurer la souffrance et la torture, qui en impose, capable de se révéler beaucoup plus dangereux que ce que l'on pourrait croire à première vue. Une mouture plus crédible et c'est un très bon point pour la suite des événements. Reste à parler de l'équilibre et de la qualité intrinsèque de l'ensemble. Cette histoire n'est pas un ratage complet, loin de là, mais elle souhaite tellement tout dire ce qui peut l'être sur les origines de son protagoniste et de son organisation qu'elle donne l'impression d'un résumé rapide qui ne parvient pas à maintenir la tension et le mystère. De plus, elle offre une résolution trop rapide et superficielle à des questions qui auraient pu être développées pendant bien plus longtemps, comme le motif de la présence du masque de Cobra Commander. De nombreuses spéculations à ce sujet ont eu lieu au fil des aventures, et ici, on nous sert une "vérité" en quelques vignettes sans que ça soit très original ou que ça nous fasse bondir du fauteuil. On ne peut pas non plus dire que le dessin soit mauvais. Andrea Milana a un trait très dynamique, il produit des pages intéressantes, surtout au début, quand il parvient à donner un style très efficace à Cobra-La, mais le tout manque quand même d'un peu de caractère, de folie. Il n'y a rien qui attire l'œil ou qui semble novateur, nous sommes dans la synthèse de plusieurs influences, la contamination du comic book américain par l'énergie asiatique et européenne, qui est paradoxalement devenue… le standard en vigueur. Comme pour Duke, ce Cobra Commander est une mini-série en cinq numéros, qui permet de tisser des liens avec le monde des Transformers et de placer l'Energon au centre d'une vaste tapisserie, qui va des étoiles aux recoins les plus paumés de notre planète.


 
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DEN 2 MUVOVUM : RICHARD CORBEN AU FIRMAMENT AVEC DELIRIUM


 Après tout, ne s'agit-il pas de quelques-unes des raisons pour lesquelles nous sommes aussi friands de science-fiction, d'heroic fantasy ou de bandes dessinées de super-héros ? La découverte de mondes imaginaires et fantastiques - voire fantasmagoriques - ou encore la présence de héros aux corps idéalisés, dont la puissance et la virilité rencontrent la féminité exacerbée de splendides créatures désinhibées ? Tout ceci fait partie de l'essence même des œuvres de Richard Corben, dont Den est assurément une des plus grandes réussites. Le second volume, intégralement publié à l'époque (en épisodes) dans la revue Métal Hurlant, et qui bénéficie donc d'une unité artistique et d'intention encore plus évidente que le premier, nous ramène à Neverwhere (Nullepart), un territoire qui n'existe pas tout en étant incontournable, un lieu qui emprunte aux légendes, aux récits ancestraux, à nos fantasmes les plus inavoués. On y découvre la vie à l'état sauvage et donc la nudité, le merveilleux qui s'étend jusqu'à l'horizon, mais aussi sa face sombre : des créatures monstrueuses ou sanguinaires, des métamorphoses à vous en retourner l'estomac, des pratiques ignobles ou se mêlent liturgie, sexualité et survie du plus fort. Au milieu de tout cela, David/Den. Simple individu frustré et sans épaisseur sur Terre, il est devenu l'incarnation d'une idée de la perfection répandue dans les années 1970 (souvenez-vous des publicités promettant mont et merveilles grâce à la pratique du body building, dans les pages de nos vieux comic books). Avec à ses côtés Kath, sa compagne, qui elle est prête à retourner sur Terre et abandonner ce qui lui semble désormais une comédie stérile, dans laquelle elle est assignée à jouer le rôle d'un objet de désir qui ne lui correspond plus. Il est d'ailleurs très drôle de voir Den vêtu d'un costume cravate, condamné à l'attente et à un regain de frustration, qu'il ne connaissait plus depuis son arrivée dans ce nouveau monde extraordinaire. Petite remarque personnelle et hors-sujet, comme j'aurais rêvé avoir entre les mains une adaptation des grandes œuvres de Philip Jose Farmer (le cycle des Hommes-Dieux, par exemple, ou Les amants étrangers) réalisée par Corben. Regrets éternels. 




C'est dans l'exagération, le rêve enfiévré d'un monde aussi improbable que dantesque, que Corben transcende et pétrit ce qui est du domaine de la légende et de l'inconscient collectif. La terreur, que dis-je, l'horreur, est présente dans bien des pages et très souvent, elle est liée à l'aspect sexuel : non seulement les corps se désirent mais les corps se détruisent, non seulement l'attrait physique est un des moteurs de l'histoire, mais il en est aussi sa conclusion, ou plutôt son aboutissement mortifère. Muvovum monte d'un cran dans le fantastique, le symbolique, l'onirique, mais aussi l'atroce; certaines planches ressemblent à des gravures religieuses apocryphes, certaines scènes sont des ballets sanglants ou sauvages, et l'ensemble est toujours magnifié par des couleurs de toute beauté, qui ont été enrichies par plusieurs niveaux de gris et l'encrage de l'artiste, lors d'une phase préliminaire nécessaire pour un rendu original aussi méticuleux. Même si nous accédons ici à un plan d'existence transcendantal, les enjeux restent aussi terre à terre, comme peut l'être par exemple la jalousie. Ainsi, Tarn est amoureux de Muuta, mais cette dernière ne peut pas rester de marbre devant les atouts physiques de Den, en particulier sa puissance virile, son membre, qui laisse supposer qu'il est en mesure de lui donner ce qu'aucun autre mâle ne pourrait lui offrir. Tarn est pourtant l'ami de Den, il lui a même sauvé la vie, mais il est beaucoup plus humain. C'est en fait une transposition de l'homme dans sa relative banalité, au sein d'un décor fantastique où il apparaît inapproprié. La rivalité devient viscéral, elle s'incarne et se fixe dans la chair, dans la force, dans les attributs primordiaux. Et ne peut se conclure que dans la possession (De de Muuta, par Den) ou par l'absorption/destruction (Tarn devient l'hôte des Dramites, des créatures qui dévorent et parasitent tout). Cette magnifique édition de Den 2 est enrichie par une préface de Guillermo Del Toro, une introduction de Walter Simonson et un très long texte lumineux de Dana Marie Andra, qui revient sur la carrière de Richard Corben. Bien évidemment, l'œuvre a été directement et entièrement restaurée à partir des originaux par José Villarubia et bénéficie d'une nouvelle traduction, signée Doug Headline. Il existe des ouvrages qui sont destinés à transcender les générations et à rester parmi les pierres angulaires du média que nous chérissons tous; Den et Den 2 Muvovum font partie de cette catégorie et il est rassurant de savoir que c'est Délirium qui s'est chargé du travail patrimonial.

Pour Den 1 : lire ici

Sortie nationale de ce bijou : vendredi 18 octobre.


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LE CORBEAU : L'AFFAIRE VILLEMIN POUR UN NOUVEAU DOCU BD CHEZ PETIT À PETIT



L'affaire dite "du petit Grégory" dépasse de très loin la chronique judiciaire traditionnelle. Ce crime commis en 1984 est un des faits marquants de l'actualité française de la fin du 21e siècle. Tout le monde s'est plus ou moins passionné pour l'enquête et ses rebondissements. Il faut dire que s'il s'agissait d'une fiction et pas d'une sordide réalité, le scénariste de cette histoire aurait dû faire preuve d'une ingéniosité sans égale pour penser à tous les détails. Grégory a quatre ans et il est retrouvé en apparence noyé dans une rivière des Vosges, la Vologne. Ses parents, Christine et Jean-Marie Villemin, étaient menacés depuis plusieurs années par celui que l'on appelle "le Corbeau" : tout d'abord des coups de fil anonymes, le silence, une petite musique, et puis enfin et très régulièrement, une voix rauque et menaçante qui crache son venin et maudit la petite famille, accusée d'une réussite sociale trop rapide, au détriment d'autres membres de la lignée, abandonnés pour leur part. Et puis un jour, le corbeau promet de s'en prendre au petit Grégory, jusqu'à ce soir fatal d'octobre quand en effet l'enfant est enlevé devant chez lui, tandis que son corps est retrouvé un peu plus tard dans l'eau. Dès lors, l'enquête part un peu dans tous les sens et devient principalement un cas médiatique. Ce n'est pas un hasard si le premier juge d'instruction de ce dossier (Jean Michel Lambert) se laisse rapidement griser par sa nouvelle célébrité, au point de commettre bien des erreurs de procédure dont on paye encore le prix aujourd'hui. Car oui, en 2024, l'affaire du petit Grégory n'a toujours pas été résolue. Chacun s'est fait une idée sur ce qui a pu se passer, plusieurs personnes ont été mises en examen et momentanément écrouées, mais à chaque fois, cela s'est terminé par une libération et un retour à la case départ. L'avantage avec les docu BD de Petit à petit, c'est que tout ce que je viens de vous expliquer, qui se déroule sur une période de 40 ans, est parfaitement rappelé étape par étape, avec une alternance de pages dessinées et de rédactionnel essentiel mais fort utile, ce qui permet d'avoir un regard périphérique sur un des faits divers les plus touffus depuis toujours.




La première chose sur laquelle nous tombons lorsqu'on ouvre l'album, c'est la généalogie simplifiée de l'affaire Grégory. Un schéma en réalité très détaillé de la famille Villemin, qui a de quoi donner le tournis. Par chance, le scénario et la partie documentaire concoctés par Béatrice Merdrignac et Tristan Houllemare ne perdent jamais de vue la simplicité et le besoin de donner des informations, sans surcharger l'esprit des lecteurs. Tout semble couler de source, d'un coup de théâtre à l'autre, et à chaque fois qu'une nouvelle piste s'ouvre aux enquêteurs, nous en comprenons parfaitement les raisons… et on en vient à penser qu'ils ont cette fois découvert la vérité. Sauf que non, elle est toujours là quelque part, intangible, insaisissable, et d'ailleurs, plus les pages défilent plus il semble évident qu'il n'y a pas un corbeau mais plusieurs corbeaux, et donc probablement non pas un assassin mais un groupe de personnes qui se sont réunies pour tout d'abord enlever un enfant innocent, avant de s'en débarrasser… à moins tout simplement qu'un accident ne soit survenu en cours de route, une tragédie domestique ! Bref, Le corbeau n'a pas vocation à vous délivrer une vérité subjective mais à vous plonger dans ce que l'enquête a de complexe, contradictoire, déroutant. Les dessins sont réalisés par le même artiste, à savoir Grégory Lê : c'est quelque chose que je tiens à souligner car ça permet d'avoir une unité graphique maintenue tout au long de ces 180 pages et surtout, le style assez réaliste, plutôt neutre, qui se pare en permanence de tons bistres ou crépusculaires colle parfaitement à un récit qui a quelque chose de mystérieux, mais aussi de déprimant. On pensait que tout avait été dit durant ces 40 dernières années sur cette bien triste succession de faits, mais nous nous trompions. Le corbeau, l'affaire Grégory Villemin, est tout simplement une des meilleures bandes dessinées du genre que vous pourrez lire. Alors ne cherchez plus et filez vite en librairie pour investir sur le dernier docu BD des éditions Petit à Petit.


Retrouvez également : la traque (l'affaire Dupont de Ligonnes)


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ZORRO LA LÉGENDE ALEX TOTH : UN ZORRO PATRIMONIAL ET ÉLÉGANT


 Empruntons la machine à remonter le temps et rendons-nous en 1820, en Californie, pour retrouver le jeune Don Diego de la Vega qui vient tout juste de rentrer chez lui après plusieurs années passées en Espagne, où il suivait des études et pouvait assouvir sa passion pour les arts. Il est de retour à la demande de son père, l'homme le plus riche de la région, qui est particulièrement inquiet devant les agissements du nouveau commandant Monasterio, une sorte de petit dictateur imbu de lui-même et méprisant, qui met en danger la sécurité de tous les habitants du village de Los Angeles. Le Sergent Garcia est à ses ordres, un petit bonhomme replet qui obéit aveuglément à ses supérieurs mais qui est loin de posséder la même méchanceté, et dont la bêtise insondable lui procure souvent bien des désagréments. Impossible de critiquer l'œuvre de Monasterio ou de parler ouvertement de ce qui se passe, c'est-à-dire la corruption, sous peine d'être arrêté et considéré comme un traître. C'est ce qui s'est produit avec Nacho Torres,  un des voisins de la famille De la Vega. L'homme va toutefois être sauvé par un individu masqué et portant une longue cape noire, qui chevauche un cheval d'ébène, Tornado. Nous parlons bien entendu de El Zorro, le Renard, qui n'est autre en fait que Don Diego de la Vega : durant le jour, celui-ci fait tout son possible pour apparaître comme un riche désœuvré dans l'incapacité de poser des problèmes aux forces militaires, mais lorsque la nuit tombe ou que l'urgence le requiert, le voici devenir un bretteur d'exception, une sorte de justicier audacieux qui ridiculise tous ceux qui ont choisi de faire le mal, de la pointe de son épée. Il est aidé par son fidèle serviteur Bernardo, qui est muet et se fait également passer pour sourd aux yeux de ses adversaires, afin d'apprendre toutes les informations utiles pour la mission de Zorro. Gentil brigand dont les qualités sont au service du peuple et de la justice, Zorro est courageux et retombe toujours sur ses pieds. Il a un coup d'avance en toute circonstance, beaucoup d'imagination, sait se battre et affiche un sarcasme bienveillant qui contribue rapidement à sa légende.




Alors bien entendu la question de la double identité finit par devenir une épine dans le pied pour Don Diego de la Vega. Après tout, il n'est guère difficile de deviner qu'il est également le justicier masqué El Zorro : le Masque et la tenue de ce dernier ne cachent rien de sa taille, sa corpulence, sa bouche et sa fine moustache caractéristique. De quoi l'identifier, à moins d'être particulièrement distrait, d'autant plus que le jeune noble et le bondissant Zorro ne sont jamais aperçus au même endroit au même moment, sauf grâce à quelques subterfuges qui nécessitent beaucoup de crédulité… à un moment donné, on a même des silhouettes découpées dans du carton pour créer une illusion à travers la fenêtre, c'est pour vous dire l'ingéniosité des stratagèmes. Zorro doit aussi faire face à ceux qui aimeraient déstabiliser toute la Californie, pour ensuite la "vendre" au plus offrant. Il n'y a pas que la couronne d'Espagne qui est un problème dans une région où tout est encore à construire, pour ce qui est de la liberté et de l'égalité des chances pour tous. Zorro combat pour ces valeurs dans des histoires sommes toutes assez basiques, inspirées de la série télévisée, où il n'y a pas de place pour la nuance. Il y en a par contre beaucoup pour l'humour, notamment grâce au personnage du Sergent Garcia, qui n'est là que pour faire rire et dont l'incapacité totale de mener à bien la moindre tâche pose des questions sur la valeur des soldats déployés sur le terrain. Il va de soi que si aujourd'hui nous continuons de publier ces histoires, ce n'est pas seulement pour la qualité du scénario, mais principalement pour le travail graphique et le story telling du génial Alex Toth. Pour les vrais novices, sachez qu'ici vous aurez un aperçu brillant de la maîtrise absolue qu'il avait du récit, toujours sobre et efficace, sans avoir recours à l'esbrouffe ou des effets spéciaux qui alourdissent l'ensemble.  L'élégance, la plasticité et le dynamisme que l'on retrouve toujours dans ses personnages sont au service de planches d'un noir et blanc très efficace, d'une lisibilité absolue, et qui pourtant étaient loin de recueillir toutes les faveurs de l'artiste, qui en voyaient surtout les (rares) défauts. Qu'importe, Zorro, c'est lui et il en sera toujours ainsi. Nous trouvons également dans cet album une histoire inédite réalisée par Howard Chaykin au scénario et Eduardo Risso au dessin. Un petit hommage au personnage mais aussi à ceux qui l'ont inspiré, comme le Mouron Rouge, qui fait partie des meilleures surprises de l'ensemble. Il faut également mentionner la partie rédactionnelle de qualité et surtout très fournie, avec interviews, analyses, explications… ce ne sont pas les pages qui manquent pour contextualiser cette œuvre et vous en faire profiter au maximum. Bref, le travail éditorial accompli par Urban Comics justifie à lui seul que l'on donne une chance à cet album. Contenu et contenant se mettent au diapason pour ce qui est en soi un petit pan de l'histoire de la bande dessinée populaire, que l'on relira toujours avec ce plaisir charmant que procurent des pages au parfum rétro et pourtant encore modernes.  



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COSMOPIRATES TOME 1 : CAPTIF DE L'OUBLI (JODOROWSKY / WOODS)

 Xar-Cero est typiquement le genre de mercenaire sur lequel on peut compter. Si vous avez une mission à exécuter, soyez certain qu'il ir...