QU'EST-IL ARRIVÉ AUX QUATRE FANTASTIQUES ? : UN MARVEL DELUXE POUR RÉPONDRE


On peut difficilement trouver un titre plus approprié pour ce Marvel Deluxe, tant il reflète parfaitement la question que se poseront les lecteurs : qu'est-il arrivé aux Quatre Fantastiques ? Le scénariste, Ryan North, opte pour une approche des plus logiques : après tout, cette équipe n'est pas qu'un simple groupe de super-héros, mais une véritable famille, unie comme les cinq doigts de la main… même s'ils ne sont que quatre au départ ! Ajoutons au décompte Alicia Masters, ainsi que les enfants biologiques et adoptés du quatuor, et l'on obtient une dynamique des plus soudées. Dès lors, quoi de plus intéressant que de la briser temporairement ? Trouver un prétexte pour dissoudre momentanément les Quatre Fantastiques et observer comment chaque membre parvient à s'en sortir seul. Dès la fin du premier épisode, une page énigmatique laisse entendre qu'un événement d'une gravité inouïe s'est produit au quartier général des quatre compères. Mais avant de comprendre de quoi il retourne, le récit nous entraîne d'abord aux côtés de Ben et Alicia dans un petit village du Midwest américain, figé dans le temps depuis la fin des années 1940. Ici, chaque matin, les habitants revivent inlassablement la même journée, victimes d’un phénomène aussi étrange qu’inexplicable. Puis vient le tour du couple Richards, plongé dans une aventure tout aussi singulière, au sein d’une autre de ces bourgades oubliées d’Amérique. Cette fois, le mystère est d’un tout autre ordre : tous les habitants ont été remplacés par des Fatalibots, des automates redoutables conçus par Fatalis, dont l’unique mission est d’éliminer définitivement Mister Fantastic. Pendant ce temps, Johnny Storm, alias la Torche, tente de se faire discret en travaillant comme simple manutentionnaire dans une entreprise exploitée par un trader sans scrupules, où les employés sont sous-payés. Mais sans ses coéquipiers, peut-il encore être un véritable héros ? C’est le cœur d’un épisode à l’humour mordant, où l’on réalise que la vie quotidienne est loin d’être une partie de plaisir pour celui que l’on surnomme parfois « tête d’allumette ». Mais les Fantastiques forment un groupe, et tôt ou tard, la réunion devient inévitable.



L’occasion se présente lorsque Ben et Alicia sont capturés par une forme de vie extraterrestre. Voilà le prétexte idéal pour réunir enfin la joyeuse famille… et pour le scénariste, l’opportunité de lever le voile sur ce qui s’est réellement passé à New York. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la révélation est de taille. Elle implique la disparition (momentanée) des enfants Richards, mais aussi de tout un quartier ! Par la suite, les Quatre Fantastiques finiront aussi par croiser la route de leur plus redoutable ennemi, l'inévitable Fatalis. Cependant, l’essence même du travail du scénariste repose ici sur des récits autonomes, où les enjeux restent éloignés des dimensions cosmiques habituellement associées à la série. En réalité, l’accent est mis sur l’humanité des personnages, leur fonctionnement individuel et collectif, ainsi que sur les valeurs qu’ils incarnent. D’ailleurs, on a presque l’impression que cette série joue la montre, en attendant la sortie du film cet été ou, plus simplement, le nouvel "event" en cours aux États-Unis (One world under Doom). Attention, cela ne signifie pas que les onze épisodes rassemblés dans ce Marvel Deluxe sont dénués d’intérêt, bien au contraire ! Ils se révèlent particulièrement attachants et nous offrent une perspective inédite sur les Fantastiques, loin des représentations habituelles. Côté visuel, les dessins signés Iban Coello et Ivan Fiorelli (selon les épisodes) s’intègrent parfaitement à l’ambiance du récit. L’ensemble est percutant, dynamique, soigneusement mis en scène et doté d’une belle énergie. Bref, un très bon point ! L’idée de déplacer le quatuor dans un environnement inhabituel – les contraindre à vivre à la campagne, dans une grande maison appartenant à la célèbre Tante Pétunia de Ben Grimm – constitue une autre trouvaille intelligente. Ce changement bouscule les repères et invite le lecteur à explorer un terrain inconnu. On y retrouve d’ailleurs un léger parfum de l’époque où les époux Richards s’étaient installés au vert après la naissance de Franklin, à ceci près que la démarche semble ici destinée à durer. Cet choix renforce d’ailleurs l’aspect familial et chaleureux qui fait tout le charme de cette équipe super-héroïque décidément hors du commun. En somme, voici un Marvel Deluxe qui a de sérieux atouts pour séduire. Il vous fera passer un excellent moment, même si, à long terme, son impact sur l’univers Marvel risque d’être assez limité.



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LE CHANT DE LA FEMME PARFAITE : LA PERFECTION N'EST PAS DE NOTRE DIMENSION


 Avec Le Chant de la Femme Parfaite, Makyo et Bruno Cannucciari nous plongent dans une œuvre hybride, qui oscille entre introspection psychologique, mystique contemporaine et une vraie incursion dans le paranormal. L’histoire s’ouvre sur une tragédie militaire : Alan Zédher, lieutenant en mission en Afghanistan, voit son existence basculer lorsqu’un phénomène inexpliqué perturbe le décryptage d’une communication capitale. L’erreur coûte la vie à plusieurs de ses camarades, et le poids du remords l’entraîne dans une lente descente aux enfers. S'il s'est trompé, c'est probablement parce qu'il est atteint d'une rare forme mutante de paludisme, qui provoque de la fièvre, des délires, des crises invalidantes. Et d'ailleurs, quelques instant avant que l'inévitable ne se produise, Alan a vu les objets disposés sur son bureau se mettre à flotter, ce qui est objectivement assez peu probable, à bien y penser… Désavoué par l’armée, abandonné par la femme qu’il aime (Catherine), qui lui explique ne plus avoir la patience et la force d'être aux côtés de quelqu'un qui se sait condamné par la médecine, il s’effondre et enchaîne les crises, tout en menant une recherche scientifique obsessionnelle sur les ondes scalaires, comme si la vérité physique pouvait absoudre son échec, ou tout du moins l'expliquer. Le récit bascule définitivement dans l’étrange lorsqu’une femme, réplique troublante de son amour perdu, apparaît au centre d’un crop-circle, juste derrière son habitation. Nue sous un vêtement dont le tissu ne ressemble à rien de connu, la belle blonde utilise aussi un langage assez singulier, affirme provenir d'une dimension parallèle et s'apprête à lui faire d'autres révélations qui dépassent l’entendement. 



Dès lors, Le Chant de la Femme Parfaite devient un album touchant et déroutant, dans lequel la science côtoie la métaphysique, où les émotions humaines deviennent le prisme d’une quête existentielle. La narration, exigeante, tisse une trame où le réel vacille, ce qui force Alan à naviguer entre doutes et croyances, rationalité et craintes profondes. Son meilleur ami, qui est aussi son médecin et son dernier soutien dans la maladie, est le personnage qui apporte un peu de rationalité à l'ensemble, mais il est lui aussi mis peu à peu à l'écart, car la belle inconnue s'est installée chez Alan, et lui a proposé un marché extraordinaire. Cette Catherine pourrait bien être en mesure de le guérir, en échange de quelque chose qui va bouleverser le malade, l'obliger à se rapprocher à nouveau de celle qu'il tente d'oublier, ici de retour sans vraiment l'être. Cette histoire de faux semblants fantastiques pourra bien entendu désarçonner certains lecteurs. L’œuvre refuse la linéarité et l’évidence, préfère suggérer plutôt qu’asséner (on en vient vraiment à souhaiter tout le bonheur du monde à Alan, sachant que tout ceci ne peut durer éternellement), jusqu’à un dénouement à la fois bouleversant et énigmatique. Graphiquement, Bruno Cannucciari offre un dessin d’une grande finesse, qui parvient à unir le réalisme et l'onirisme avec une maîtrise saisissante. Ses planches sont traversées par une poésie et une beauté évidente, d'une délicatesse sensible. Du coup, Le Chant de la Femme Parfaite est une œuvre réussie, qui ne se laisse pas apprivoiser facilement, mais qui nous a ravis. Drame personnel, incursion dans une étrange science-fiction intimiste, l'ouvrage (publié chez Delcourt) est une expérience de lecture troublante.


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EDENWOOD (TOME 1) : LE NOUVEAU TITRE DE TONY DANIEL CHEZ DELCOURT


 Avec Edenwood, dont le premier tome vient d'être publié chez Delcourt, Tony S. Daniel plonge ses lecteurs dans un monde crépusculaire où la guerre entre sorcières et démons fait rage, le tout dans un espace assez curieux, en plein territoire américain, ça va de soi. Entre action frénétique, univers foisonnant et influences assumées, ce comic book écrit et illustré par Daniel tente d’articuler une fantasy sombre et une réflexion sur la survie en temps de guerre (concept qui fascine l'auteur, comme il l'a expliqué en interview). Malheureusement, l’ampleur du projet se heurte à quelques failles de narration, comme nous allons le constater. Pour faire simple (et ce n'est pas une sinécure), l’histoire suit Rion Astor, un adolescent ordinaire précipité dans un combat qui le dépasse lorsqu’il part à la recherche de sa petite amie disparue. Transporté dans Edenwood (une sorte de forêt mystique où tout est possible et où le temps s'écoule différemment), il se retrouve enrôlé dans une escouade de chasseurs de démons sous la tutelle du redoutable Bastille. Daniel construit ici un récit initiatique où le jeune héros doit faire ses preuves et s’adapter à des règles qui lui sont étrangères. L’idée n’est pas nouvelle – on y retrouve des échos de Nocterra, autre œuvre de l’auteur, mais aussi de sagas comme The Witcher ou Berserk, où la magie et la guerre se confondent dans une atmosphère oppressante. L’univers déployé est sans doute l’un des points forts de l’album. Daniel évite l’exposition trop lourde et préfère distiller des indices sur la mythologie de son monde à travers des dialogues et des artefacts disséminés çà et là. Cela confère au récit une dimension immersive qui donne envie d’en découvrir davantage. Il commence son premier arc narratif avec toute une bande d'amis, des adolescents qui vont se retrouver confrontés à la terreur d'Edenwood, et être de la sorte dispersés. Rion est un peu l'électron libre du groupe, et les retrouvailles se feront en ordre dispersé, dans un contexte inattendu. 





Oui, le décor est merveilleux (et glauque) mais il contraste avec un traitement plus conventionnel des personnages. Rion et Bastille fonctionnent sur une dynamique mentor-disciple efficace, mais qui peine à surprendre. On pouvait attendre un approfondissement psychologique plus poussé, plutôt que le recours systématique à des secrets enfouis, du sang et des phrases à effet, sans oublier la transmission d'une armure aux pouvoirs mystiques pour donner de l'épaisseur à ces personnages. La meilleure nouvelle, c'est que graphiquement, Edenwood est à la hauteur des espoirs : les scènes d’action sont spectaculaires, les créatures terrifiantes ne manquent pas (entre démons, ensorceleurs et vampires, choisissez votre camp) et les personnages féminins confirment que Tony Daniel a parfaitement vécu e assimilé les leçons tirées des années 1990. Pourtant, malgré cette indéniable maîtrise visuelle, ce comic book laisse parfois une impression d’exercice de style plus que d’expérience narrative aboutie. Le ton oscille entre noirceur et espoir, sans toujours réussir à faire naître l’émotion que l’on pourrait attendre d’une fresque aussi ambitieuse. D'autant plus que c'est une avalanche de noms, de lieus, qui nous tombe dessus. Trop de monde, trop de saut avant/arrière (le gimmick des trois ans auparavant, à chaque épisode), on finit par y perdre ses repères. Edenwood est une œuvre généreuse et foisonnante, portée par une ambition intrigante et une direction artistique soignée, mais qui peine à transcender ses références. Le mélange de fantasy, de récit de guerre et de parcours initiatique du jeune héros fonctionne mais sans rien réinventer ou sans surprendre outre mesure. L'impression est qu'en faisant plus simple, Tony Daniel aurait aussi pu faire plus percutant. 


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ABSOLUTE POWER TOME 1 : AMANDA WALLER CONTRE L'UNIVERS DC COMICS


 Quand on pense que cela fait des décennies que les plus grands super-vilains s'organisent et échafaudent les plans les plus absurdes pour se débarrasser des super-héros, alors qu'il serait si simple d'exploiter les ressources du monde moderne… C'est en tout cas la leçon que l'on peut tirer d'Absolute Power, la nouvelle grande saga qui bouleverse le microcosme de DC Comics, publiée en trois albums en ce début d'année. Dans le premier tome, déjà disponible, Amanda Waller – que vous connaissez très probablement comme une manipulatrice diabolique, prête à utiliser les pires individus pour accomplir les missions les plus inavouables au service du gouvernement – décide d'éliminer toute la communauté super-héroïque, qu'elle juge responsable d'une grande partie des maux du monde. Mais avant cela, elle doit d'abord faire basculer l'opinion publique, autrement dit, discréditer une bonne fois pour toutes ces individus dotés de super-pouvoirs. Et quoi de mieux que l'intelligence artificielle et la prolifération massive de fake news sur les réseaux sociaux et à la télévision pour y parvenir ? Il faut dire qu'Amanda a quelques atouts dans sa manche, comme Failsafe, une version robotisée du Dark Knight, créée par Batman lui-même, conçue pour l'arrêter s'il franchissait un jour les limites. Elle dispose aussi d'une armée de robots Amazo, capables de copier les pouvoirs des super-héros qu'ils affrontent. La première étape du plan ? Éliminer le plus puissant d'entre eux : Superman. Lors d'un combat en apparence anodin, l'Homme d'Acier se retrouve privé de ses pouvoirs… et reçoit une balle en pleine poitrine. Dès lors, les justiciers tombent les uns après les autres : capturés, mis hors d'état de nuire ou contraints de se cacher. Pire encore, Green Arrow, l'archer emblématique, choisit de collaborer avec Waller, apparemment convaincu que ses intentions seront, à terme, bénéfiques pour le monde. Avec Absolute Power, Mark Waid signe une grande saga ancrée dans des problématiques contemporaines, où les surhumains de DC Comics chutent violemment de leur piédestal…




C'est une véritable guerre éclair qui est menée contre les super-héros, une attaque en règle sur tous les fronts : non seulement en bloquant l'accès aux terres parallèles, mais aussi en saturant les réseaux sociaux et en neutralisant la magie. À un certain point, on estime que 80 % des super-héros de la planète succombent en quelques heures à l'offensive menée par Amanda. Pourtant, parmi les 20 % qui parviennent à s'en sortir et à prendre la poudre d'escampette, le scénariste Mark Waid regroupe une série de poids lourds qui permettent de garder espoir pour la suite des événements. Tout ce beau linge se retrouve ainsi dans la Forteresse de Solitude de Superman, un lieu qui, a priori, échappe aux radars et reste inaccessible. C'est là qu'ils vont tenter d'organiser leur riposte. Mais la tâche est loin d'être simple : Jon, le fils de Superman, fait partie de ceux que Waller utilise pour parvenir à ses fins après les avoir capturés. Elle s'est en effet entourée d'une version inédite de Brainiac, dont elle se sert pour asseoir sa suprématie. Si la saga s’étale sur trois albums, c’est parce qu’Urban Comics a choisi de nous offrir une vision quasi exhaustive du récit : en plus des épisodes de la série principale, on retrouve de nombreux titres annexes consacrés à Green Arrow, Green Lantern ou encore Absolute Power : Task Force VIII. Ainsi, le lecteur ne perd rien de l'action et profite d'une grande diversité de dessinateurs. C’est évidemment l’un des artistes du moment, Dan Mora, qui illumine de son talent le titre principal, mais d’autres pointures se démarquent également dans ce premier tome, comme Tony Daniel, Marco Santucci ou encore Fernando Pasarin. Grâce à eux, chaque page se tourne avec un plaisir certain. D’ailleurs, cette histoire résonne étrangement avec notre époque, mettant en scène un renversement des valeurs : les héros, pourtant là pour protéger l’humanité, sont mis au ban de la société sous prétexte que leur seule existence favorise l’apparition et les attaques de super-vilains. Si les objectifs d’Amanda Waller ne sont pas complètement dénués de logique sur le fond, la manière dont elle agit la place parmi les pires adversaires que les super-héros aient eu à affronter ces dernières années. Bref, nous sommes impatients de découvrir la suite, car cette saga, à la fois intelligente et politique, s’impose sans conteste parmi les meilleures productions mainstream de ces dernières années.



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SCARLETT : MISSION SPECIALE AVANT LES G.I. JOE


 L'Energon Universe continue de s'étoffer, avec un nouvel album qui reprend l'intégralité de la mini série Scarlett, en cinq parties. Pour cette parution, vous pouvez placer votre cerveau en mode pause et profiter uniquement de l'action. La scénariste Kelly Thompson, auréolée du succès obtenu sur un personnage finalement pas si éloignée (Black Widow), reprend ici plus ou moins les mêmes recettes. Une femme qui n'a pas froid aux yeux, une mission suicide à accomplir, une alliée à sauver malgré elle. Du reste, l’héroïne (Shana O'Hara de son vrai nom) est immédiatement saisie sur le vif alors qu'elle est sur le point de s'introduire dans une soirée privée à Monaco. La sécurité est extrêmement renforcée, il y a des otages à libérer, mais il y a aussi et surtout une autre femme impliquée dans cette intervention, c'est-à-dire Jinx, la grande amie de toujours, l'ancienne colocataire avec qui Scarlett partageait plus ou moins tout. Celle-ci a disparu depuis deux ans et a demandé expressément qu'on ne la suive pas, au moyen d'un code très particulier quelle est la seule (avec sa partenaire) à être en mesure de déchiffrer. Mais vous le savez, l'amitié est quelque chose de sacré, que ce soit chez les hommes ou chez les femmes. Aussi Scarlett n'entend pas se contenter de fermer les yeux et d'attendre, mais elle décide, avec l'aide de Harlan Moore (alias Snow Job) de faire le nécessaire pour aller récupérer celle qui lui manque tant. Problème : cela veut dire faire un détour par le Japon et infiltrer le clan Arashikage, où officie le guerrier Storm Shadow, qui n'a pas son pareil pour manier le sabre.




Il convient d’être honnête : cette histoire n’est ni pleinement réussie ni totalement convaincante. Pourtant, certains moments fonctionnent bien, notamment les flashbacks, qui apportent un nouvel éclairage sur le personnage de Scarlett et ses liens avec Jinx. Cependant, cette relation reste floue et jamais réellement explicitée. On l’effleure, mais dès que l’action s’intensifie, il n’y a plus de place pour la caractérisation ou l’approfondissement. L’objectif devient uniquement de démontrer à quel point l’héroïne sait se battre, quitte à recourir à des artifices narratifs éculés, comme cacher des lames de rasoir dans son corps. L’intrigue repose alors sur une montée en tension d’un épisode à l’autre, avec la quête d’une arme fabuleuse au sein d’un complexe technologique ultramoderne, où les protagonistes sautent d’un étage à l’autre en affrontant de nouvelles menaces. Bref, rien de véritablement neuf ou inspiré. À cela s’ajoute le dessin de Marco Ferrari, qui se contente du strict minimum. Certes, le storytelling est efficace, l’ensemble est clair et lisible, mais il serait exagéré de prétendre qu’un soin particulier a été apporté à la silhouette des personnages ou à leurs expressions faciales, trop souvent sommaires et figées. En somme, Scarlett pourra satisfaire ceux qui recherchent de l’action pure et dure, encore et toujours. En revanche, les lecteurs désireux de plonger plus en profondeur et de s’attacher véritablement à cette aventurière iconique risquent d’être déçus. Même la conclusion n’en est pas vraiment une : il ne reste plus qu’à patienter jusqu’à l’arrivée de G.I. Joe. Pourtant, il existait des moyens plus intelligents et audacieux d’aboutir à cet effet.



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CAPTAIN AMERICA LA VÉRITÉ : LES ORIGINES ET LES SECRETS DU CAPTAIN AMERICA NOIR


 Au début des années 2000, Marvel a entamé une véritable transformation éditoriale et philosophique, après une période de crise et d’incertitude. Bien avant son rachat par Disney et l’essor des films de super-héros, Joe Quesada fut ainsi nommé rédacteur en chef de la célèbre Maison des Idées, tandis que le président Bill Jemas encourageait des productions inédites et audacieuses, destinées à bouleverser l'ordre établi et la conception même que les lecteurs avaient de leurs héros favoris. C’est dans cet esprit d’innovation permanente que Marvel fit appel à des auteurs venus d’horizons variés, souvent éloignés du circuit traditionnel de la bande dessinée super-héroïque, pour concevoir des projets originaux aux résultats inégaux, mais qui ont le mérite d'exister. Parmi eux, le regretté Robert Morales—qui prendra ensuite brièvement les rênes de la série Captain America—et Kyle Baker collaborèrent en 2003 pour la mini-série Truth: Red, White & BlackToujours inédite en version française librairie, cette histoire repose sur un procédé bien connu : une bonne couche de ret-con, qui consiste à introduire de nouveaux éléments pour modifier le passé d’un récit canonique. Steve Rogers y fait une découverte bouleversante : il n’a pas été le premier Captain America. Avant de lui administrer le sérum du super-soldat, l’armée américaine l’avait testé sur un groupe de soldats noirs, considérés comme des cobayes en raison de leur couleur de peau. L’expérience tourna au drame pour la plupart d’entre eux, et seul Isaiah Bradley en réchappa. Un personnage qui est aussi le grand-père de Elijah Bradley, que vous avez peut-être rencontré en tant que Patriot, dans la série consacrée aux Young Avengers de Heinberg et Cheung. L'album s'ouvre à l'occasion d'une fête foraine en 1940, à New York, qui décide de consacrer une "semaine nègre" à ses visiteurs. Tout un programme. D'emblée, Isaiah et Faith, son épouse, se heurtent au racisme ordinaire d'une population qui n'a nullement envie de voir la communauté noire bénéficier des mêmes droits et loisirs que les blancs. Tous les personnages "de couleur" de cette histoire sont les victimes de ce déclassement scandaleux qui fut pendant très longtemps une ségrégation tout ce qu'il y a de plus officielle au pays de la Liberté, majuscule de rigueur. Liberté d'être cantonnés au statut de sous-homme, de chair à canon, de soldats sur qui pouvoir expérimenter en paix ?


Bien entendu, la vérité dont il est question ici concerne tous les secrets honteux qui jalonnent l’histoire des États-Unis d’Amérique, notamment durant la période trouble qui a précédé la Seconde Guerre mondiale. Si les Américains nous ont grandement aidés à nous libérer de l’occupant nazi, il faut néanmoins avoir l’honnêteté de reconnaître qu’avant le conflit, les deux nations partageaient quelques similitudes troublantes et nauséabondes, notamment dans leur usage de cobayes humains pour des expérimentations médicales. C’est de cela qu’il est question, mais aussi de la manière dont la société américaine d’alors organisait une forme de ségrégation officielle, reléguant une partie de sa population au rang de citoyens de seconde zone, à peine considérés comme des êtres humains et privés des mêmes droits que les autres. Captain America n’incarne pas la soumission au gouvernement américain ; il représente des idéaux qui, dans la réalité, sont bien souvent bafoués. D’ailleurs, lorsqu’il découvre, dans les deux derniers épisodes, la vérité sur ce qui s’est réellement passé, sur l’existence d’un Captain America noir, sur ce qu’il a subi et la manière dont il a été utilisé, ainsi que sur le comportement des soldats américains au combat, Steve Rogers choisit d’agir à sa manière : en punissant les coupables encore en vie et en rétablissant un semblant de justice et d’honneur pour cette nation et ce drapeau qu’il chérit, mais qui portent en eux des zones d’ombre dramatiques. L’ensemble est illustré par Clyde Baker dans un style proche de la caricature, qui intensifie le drame, la terreur et la colère de ces soldats. La façon dont ils sont représentés ne fait qu’accentuer leur déshumanisation, leur réduction à de simples instruments au service d’objectifs sinistres. L’Amérique ne s’est pas bâtie en un jour, et sa domination économique et politique sur le monde, aujourd’hui vacillante, repose sur un passé où bien des ordures ont été soigneusement dissimulées sous le tapis, dans l’espoir de les cacher aux yeux du monde. La Vérité fait ainsi partie de ces œuvres audacieuses et hors des canons habituels qui abordent ces sujets de front. L’édition grand format de Panini, avec son dos toilé, constitue un écrin à la hauteur de l’événement.


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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : SIBYLLINE CHRONIQUES D'UNE ESCORT GIRL


 Dans le 193e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Sibylline, chroniques d’une escort girl que l’on doit à Sixtine Dano, un ouvrage publié chez Glénat. Cette semaine aussi, je reviens sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :


- La sortie de l’album Carcoma que l’on doit Andrés Garrido et aux éditions Dupuis


- La sortie de l’album Le secret de Miss Greene que l’on doit au scénario de Nicolas Antona, au dessin de Nina Jacqmin et c’est paru aux éditions Le Lombard


- La sortie du deuxième et dernier volet de Quand la nuit tombe, un volet consacré à Mylaine pour un album que l’on doit au scénario de Marion Achard, au dessin de Toni Galmès et c’est publié aux éditions Delcourt


- La sortie d’On ne fait pas de feu sous un arbre en fleur, le troisième tome des aventures du commissaire Kouamé, série que l’on doit au scénario de Marguerite Abouet, au dessin de Donatien Mary et c’est publié aux éditions Gallimard


- La sortie de l’album Le maitre de California Hill que l’on doit à Laurent-Frédéric Bollée pour le scénario, Georges Van Linthout pour le dessin dessin et c’est publié aux éditions de La boite à bulles


- La réédition en intégrale de la série Streamliner que l’on doit à Fane, un titre publié aux éditions Rue de Sèvres.







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CAPTAIN AMERICA BRAVE NEW WORLD : PAS GRAND CHOSE DE NOUVEAU SOUS LE SOLEIL


 Tout ça pour ça. Et malgré la carte intrigante du Hulk Rouge (Harrison Ford, tout de même) à jouer en fin de partie. Bon, il n'y a pas grand chose de bien palpitant dans ce Captain America: Brave New World, 35ᵉ volet de la gigantesque saga du multivers cinématographique Marvel (qui a connu des jours plus fastes) et quatrième aventure « en solo » du héros au célèbre bouclier étoilé en vibranium. Un symbole qui, il n’y a pas si longtemps, a changé de porteur, passant des mains de Steve Rogers à celles de Sam « Falcon » Wilson, un personnage dont le charisme est loin d'être à la hauteur de son illustre prédécesseur. Une transition aussi délicate sur le plan narratif que commercial, amorcée dans la série The Falcon and the Winter Soldier et dont les répercussions s’étendent jusqu’à ce nouvel opus, porté d’ailleurs par la même équipe créative que le show télévisé. Au cœur du scénario signé Rob Edwards, Malcolm Spellman et Dalan Musson, ressurgissent donc le poids, les angoisses et les pressions inhérentes à cette promotion inattendue, le tout fondu dans une intrigue qui renoue avec un genre et des atmosphères qui ont, depuis les frères Russo, façonné les récits estampillés Captain America. Dans la lignée de The Winter Soldier, Civil War et de la série Disney+ déjà citée, Brave New World plonge dans un thriller paranoïaque aux accents d’espionnage et de géopolitique, mêlant conspirations, jeux de dupes, agents dormants et sociétés secrètes, sans oublier les manipulations mentales et les attaques contre les hautes sphères du pouvoir. Du bon gros complotisme de derrière les fagots. La seule véritable innovation concerne une mise en scène qui revendique ouvertement des codes, des ambitions et une tonalité plus proches d’un B-movie. Un film qui mêle l’esthétique du cinéma militaire à la Top Gun ou Des hommes d'honneur (la franche camaraderie sous les drapeaux, on aurait presque envie de s'engager), tout en assumant une patine résolument comic book, voire cartoonesque, avec des envolées parfois grotesques et en rupture avec la gravité des précédents opus. Bref, une version marvelisée et simplifiée d’un certain type de cinéma, où les thématiques – comme l’idée que le véritable ennemi, celui qui détient toujours la vérité, est souvent plus proche qu’on ne le croit – sont recyclées avec opportunisme. Mais aussi un nouvel épisode parmi tant d’autres, dans une collection devenue tentaculaire, qui s’étire encore et encore selon une formule éprouvée, sans jamais vraiment marquer les esprits. Ici on attend, longtemps, très longtemps, le Hulk Rouge, en croisant les doigts pour qu'il sauve le film de l'ennui.


Mais quel est vraiment l'objectif de ce Brave New World réalisé par un quasi-débutant du nom de Julius Onah ? Le but se révèle à mesure que l’on progresse dans un récit qui se contente du strict minimum, oscillant entre médiocrité bon enfant et clichés éculés. Le tout progresse péniblement, d’une péripétie futile à une résolution bâclée, dans l’unique but de jouer la montre, une forme de remplissage cinématographique assez stérile qui en laissera beaucoup sur leur faim. D’un point de vue promotionnel, le grand moment du film, c’est bien sûr l'apparition du Hulk Rouge, c'est à dire la transformation tant attendue du président Thaddeus "Thunderbolt" Ross (ou plutôt Joe Biden, à deux doigts de sucrer les fraises). Son face-à-face avec Sam Wilson – sur fond de tensions avec le Japon et d'infiltration au plus haut niveau de l'état, constitue le sommet, voire le véritable point de tension de Brave New World. Mais l'opposition n'éclate jamais vraiment, avec un Président Ross qui ne rêve que d'une seule chose, finalement : se rabibocher avec Betty, sa fille, et de l'emmener se balader sous les cerisiers en fleurs. C'est assez consternant. Du coup, au lieu d’être le tremplin fondateur d’une nouvelle ère, Brave New World finit surtout en fantasme geek, qui peine à s’imposer comme l’événement tant attendu. Et c’est dommage, car il marque aussi la première grande apparition de Sam Wilson en Captain America, un rôle dont le MCU a cruellement besoin – autant à l’écran que dans sa stratégie globale. Dans ce contexte, la solidité du casting s’avère précieuse : Danny Ramirez, Shira Haas, Giancarlo Esposito et Tim Blake Nelson parviennent à donner le change, et ce, même lorsque le scénario semble leur mettre des bâtons dans les roues, ou que les effets spéciaux flirtent avec le ridicule ou l'amateurisme (Le Leader est indigne d'un cosplay bon marché). Le cas d’Anthony Mackie est à étudier de près. Sur le papier, il a les épaules pour incarner un Captain America mémorable. Mais face à une mise en scène qui ne lui laisse que peu de marges de manœuvre, son intronisation reste inachevée. D’autant plus que, dans l’ombre, Harrison Ford lui vole sans effort la vedette et détient le seul élément de suspens de tout le long métrage, le moment fatidique où la contrariété de trop va faire de lui le nouveau Hulk vermillon et pas content du tout. En fin de compte, Captain America: Brave New World ne provoquera ni panique ni accès de rage dans la population habituelle des Marvel Fans au cinéma. Il ne fait que rappeler la trajectoire décevante d’une compagnie (Marvel Studios) qui, à force de démultiplier les expérimentations, les formats, de démythifier ses personnages, s’égare jusque dans ses récits plus terre-à-terre. Bref, un film Marvel de plus, auquel on ne prêtera pas plus d'attention que cela. Nous sommes blasés, mais sûrement aussi moins bêtes que ne l'espèrent les producteurs dépassés. 



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FRANKENSTEIN OU LE PROMÉTHÉE MODERNE : LE MYTHE INÉPUISABLE


Adapter en bande dessinée un roman aussi dense et emblématique que le célébrissime Frankenstein gothique de Mary Shelley est un défi que peu d’artistes peuvent relever. C’est pourtant ce qu’ont accompli Sergio A. Sierra et Merritxel Ribas Puigmas, dont l’œuvre (Frankenstein ou le Prométhée moderne), initialement publiée chez Petit à Petit, est aujourd’hui rééditée par les éditions Bamboo sous leur label Aventuriers & Ailleurs. Longtemps indisponible, cette version bénéficie désormais d’une mise en couleur subtile : des touches de rouge viennent rehausser les planches originales, réalisées sur papier à gratter. L’histoire nous plonge dans le parcours de Victor Frankenstein, un jeune homme qui grandit à Genève avant de rejoindre l’université d’Ingolstadt. Là, il se consacre à des études mêlant philosophie, chimie et anatomie, avec un but ultime : percer le secret de la vie, franchir cette frontière insondable qui sépare l’existence de la mort. Mais lorsque l’on s’aventure sur des chemins inexplorés, on peut être tenté de s’affranchir des limites morales… Comme chacun le sait, Victor Frankenstein finit par assembler une créature à partir de morceaux de cadavres et par lui insuffler la vie grâce à l’électricité. Or, dès l’instant où l’être ouvre les yeux, le scientifique comprend son erreur. Terrifié par le fruit de son ambition démesurée, il abandonne aussitôt celui qui, d’un certain point de vue, pourrait être considéré comme son fils. Livré à lui-même, rejeté de toutes parts, le monstre prend conscience de sa propre existence à travers le mépris et le dégoût qu’il inspire. Condamné à l’exclusion et à la solitude, il ne tarde pas à être submergé par une douleur profonde qui, peu à peu, se mue en désir de revanche contre ceux qui lui refusent toute place parmi les hommes.



La méthode de travail de la dessinatrice espagnole Merritxel Ribas Puigmas consiste donc à extraire de l'obscurité des traits, puis des formes, ce qui, bien évidemment, convient parfaitement à ce type de récit gothique. D'ailleurs, son Frankenstein est omniprésent : même lorsqu'on ne le voit pas, il est là, tapi dans l’ombre, une sorte de spectre dont on ne peut se défaire et qui, peu à peu, élimine les êtres les plus chers à celui qui lui a donné vie, le scientifique Victor Frankenstein. Pour autant, ce n’est pas un monstre sanguinaire et dénué de raison. Bien au contraire, c'est une créature pathétique qui aspire à ce qu’un regard se pose sur lui, comme un enfant cherche désespérément l’attention de son père pour lui prouver sa valeur. Mais voilà : Victor Frankenstein l’a créé dans un moment de faiblesse, emporté par un sentiment de toute-puissance, avant de paniquer face aux conséquences de son acte. Ironiquement, c’est l’inverse qui se produit lorsqu’il entreprend de façonner une compagne pour sa créature : cette fois, sa conscience lui intime de renoncer à cette collaboration impie et de condamner à une solitude éternelle le fils déviant qu’il a engendré. On ne s’ennuie pas un seul instant dans cette bande dessinée publiée chez Bambou, le rythme est parfaitement maîtrisé, les rebondissements s’enchaînent avec clarté, et c’est un plaisir de redécouvrir un classique de la littérature toujours aussi actuel et foisonnant. Graphiquement, l’œuvre se distingue par une grande intelligence et un style personnel qui ne cherche pas à flatter le lecteur, mais l’emmène sur son propre terrain : celui d’une expressivité redoutable, qui fait mouche à chaque planche. Une des adaptations les plus réussies que vous pourrez dénicher, quel que soit le support !


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DESTRO (SEIGNEUR DE GUERRE) : LES ARMES ET L'ARGENT, NERF DE LA GUERRE


 Plongeons aujourd'hui dans la complexité de l'univers de la vente d'armes de haute technologie… à ce petit jeu, James McCullen Destro XXIV est assurément une des figures de proue du secteur. Sa compagnie s'appelle M.A.R.S. Industries et il est un des producteurs et fabricants les plus en vu et doués de la planète. Au point d'ailleurs qu'il s'est associé avec Cobra Commander, l'ennemi légendaire des G.I. Joe pour écouler sa marchandise. Mais, bien entendu, Destro n'est pas le seul à opérer sur le marché : il a des rivaux qui sont tout aussi malins que lui et possèdent tout aussi peu de scrupules. Par exemple, Tomas et Xamot Paoli. Ceux que l'on appelle les "jumeaux pourpres" sont deux concurrents particulièrement gênants. Destro s'en rend compte alors qu'il organise une sorte de grande convention des fabricants d'armes dans l'état fictif de la République de Darklonie, qu'il vient de soumettre après avoir organisé une sorte de rébellion populaire, qui va permettre à sa famille de gérer à sa guise ce petit bout de territoire européen. Le salon subit une attaque en règle avec l'apparition notamment de drones ultra modernes et indétectables aux radars, qui sèment la destruction. Pour Destro, il ne fait aucun doute que cette attaque a été coordonnée par les jumeaux pourpres et dès lors, il va lui falloir trouver un moyen pour que l'équilibre de la terreur est des armes ne finissent pas par mettre à genoux des antagonistes dont les objectifs pourraient bien être au final un peu les mêmes. Tout ceci s'insère dans l'Energon Universe publié en français chez Urban Comics et contribue à approfondir ce microcosme renaissant, en explorant une facette cruciale de ce monde (mais aussi du nôtre) : qui sont ceux qui se garnissent les poches du malheur des autres, avec quels objectifs personnels et économiques ? 



Dan Watters rempli convenablement sa mission et fait ce qu'il doit pour rendre l'album intéressant. Nous saisissons très bien quels sont les enjeux et la manière dont la guerre perpétuelle est absolument nécessaire à tous ceux qui fabriquent les armes. Même lorsqu'ils sont concurrents, même lorsqu'on a l'impression que ce qu'ils voudraient le plus, c'est s'éliminer réciproquement, il est bien évident que le processus ne peut jamais prendre fin et qu'il faut toujours que la menace soit réévaluée à la hausse pour produire de nouvelles merveilles technologiques destructrices. La prochaine étape, par exemple, c'est forcément l'intelligence artificielle, ici avec un satellite capable de prendre des décisions autonomes. Destro représente tout cela, le type foncièrement dingue mais en réalité extrêmement lucide sur l'activité professionnelle qu'il s'est choisi, ce qui le pousse à contracter des alliances avec des gens qu'il devrait haïr, normalement.  Il est aussi un peu pathétique, muré dans sa solitude et caché derrière son masque, un peu à la manière de Fatalis. C'est sur la tombe de ses ancêtres qu'il va se recueillir lorsqu'il a besoin de réfléchir aux événements et qu'ils se sent probablement ballotté, pris entre plusieurs feux, dans la nécessité de devoir choisir son camp. Du côté du dessin, Andrei Bressan s'en sort avec les honneurs, produit des pages qui mettent en scène des explosions, des armes et des antagonistes d'un bout à l'autre. Lorsqu'on regarde ce type de parution, avec un anti-héros principal qui évoquera quelque chose surtout pour les fans hardcore de la franchise G.I.Joe, on se pose tout de même la question de savoir comment ce titre pourra se démarquer, au milieu de l'océan des sorties actuelles. L'Energon Universe est loin d'être inintéressant mais il multiplie pour l'instant les mini séries, dont certaines centrées sur des protagonistes loin de faire l'unanimité dans le cœur des lecteurs. Je serais bien surpris de voir quels sont les chiffres de vente de ces albums. 



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ROM : L'OMNIBUS QUE LES FANS ATTENDAIENT DEPUIS QUATRE DÉCENNIES




 Il existe une similitude frappante entre le personnage de Rom et celui du Surfer d'Argent, que vous connaissez probablement bien mieux. La grande différence, c'est que Rom n'est pas un super-héros inventé par Stan Lee à l'âge d'or de sa créativité diabolique, mais un jouet dont Marvel a acquis les droits afin d'en faire un comic book. Bonne nouvelle : tout restait à écrire ! En dehors de l'apparence de ce cyborg venu d'une autre planète, tout n'était encore qu'une page blanche sur laquelle la Maison des Idées allait pouvoir projeter ses propres élucubrations. C'est Bill Mantlo, scénariste chevronné et l'un des auteurs phares de la grande époque des années 1970 et 1980, qui va donner corps à la saga des Chevaliers de l'Espace. Rom vient d'une lointaine galaxie, où son monde natal, Galador, a été menacé par l'invasion d'une race belliqueuse dotée de pouvoirs mystiques : les Spectres Noirs. Pour les repousser, l'élite de la jeunesse galadorienne s'est portée volontaire afin d'être transformée en créatures mi-humaines, mi-machines, à mi-chemin entre le robot géant lourdement armé et l'être de chair. Rom est l'un des plus célèbres d'entre eux et, lorsque commence notre histoire, il semble être le dernier survivant de cette unité d'élite qui s'est mesurée aux Spectres Noirs deux siècles auparavant. Pendant ce laps de temps, le Chevalier Blanc – en raison de l'armure qui recouvre son corps – a traversé le cosmos et vécu de nombreuses aventures avant de finalement débarquer sur Terre, où il poursuit inlassablement sa mission. Car depuis ces sinistres événements, les Spectres Noirs ont compris qu'ils pouvaient coloniser notre monde en prenant les traits d'humains ordinaires : journalistes, policiers et, pire encore, hauts responsables des services secrets, y compris jusqu'au Pentagone et au sein du SHIELD. On pourrait croire qu'en dépit de son apparence inquiétante, Rom réussirait à convaincre les Terriens de la noblesse de son combat. Mais son plus grand problème réside dans son arme fétiche, le Neutraliseur, qui lui permet de bannir les Spectres Noirs dans la dimension des Limbes – car il refuse de les tuer, même s'ils sont ses ennemis acharnés. Or, pour nous, simples mortels, la scène est trompeuse : nous ne voyons qu'un humain semblant calciné sous les effroyables rayons de l'extraterrestre, alors qu'en réalité, il ne s'agissait que d'une vile imposture, un ennemi dissimulé préparant la conquête de notre planète. L'unique alliée de Rom au départ est une jeune femme du nom de Brandy, la seule à comprendre ce qui se trame réellement. Elle est profondément marquée par la noblesse d'esprit de cet être fusionné à son armure. De son côté, Rom n'est pas insensible à son charme, bien qu'il refuse de s'autoriser de véritables sentiments. Problème : Brandy a déjà un petit ami, un certain Steve, qui est initialement persuadé que l'extraterrestre est un criminel. Peu à peu, il sera bien forcé d'admettre la vérité, tout en conservant une pointe de jalousie, digne des plus belles heures du soap opera à la sauce Marvel – un ingrédient qui, il faut bien l'avouer, a largement contribué au succès et à la richesse des comics de l'âge d'argent et de bronze.



Le triangle amoureux entre Rom, Brandy et Steve ne se limite pas à un simple artifice narratif, il constitue l’un des moteurs essentiels de l’action. L’intrigue atteint son paroxysme lorsque le fiancé officiel est remplacé par un Spectre noir qui s’apprête à épouser la jeune femme en détresse. Pendant ce temps, le véritable Steve croupit dans une cellule, aux côtés d’un journaliste ayant découvert la vérité sur ces créatures extraterrestres grâce à ses photographies. Bien sûr, le prisonnier parvient à s’évader de manière rocambolesque et interrompt la cérémonie in extremis, sauvant ainsi sa promise d’une union contre nature. Ce mariage à tout prix soulève d’ailleurs bien des interrogations : pourquoi les Spectres noirs tenaient-ils tant aux épousailles ? Leurs objectifs semblent pour le moins étranges pour des entités venues des confins de l’espace. Dans les pages de ce premier omnibus (le premier d’une trilogie prévue), on croise également d’autres personnages de l’univers Marvel, bien qu’ils tardent à réaliser l’ampleur de la menace et donc à intervenir. Au début, seuls des seconds couteaux, comme le Penseur Fou ou un jeune Valet de Cœur, croisent la route de Rom. Mais très vite, des figures plus notables apparaissent, notamment les X-Men (ensuite Nova, ou Galactus), impliqués dans un arc narratif tragique en deux épisodes. Ces derniers se retrouvent confrontés à une créature hybride, née de l’union contre nature d’un Spectre noir et d’une Terrienne. Comment deux espèces aussi dissemblables ont-elles pu engendrer une telle progéniture maléfique ? Mystère. Toujours est-il que cela s’est bel et bien produit. Rom joue habilement la carte du récit conspirationniste. D’abord, parce que les humains sont incapables de percevoir les Spectres noirs à l’œil nu. Ensuite, parce que ces derniers ont infiltré les plus hautes sphères du gouvernement, rendant impossible toute distinction claire entre alliés et ennemis. À chaque page, le doute plane : qui est digne de confiance ? Qui est un traître ? Qui tire réellement les ficelles ? Bill Mantlo mène cette intrigue d’une main de maître, d’autant plus que nous sommes au début des années 1980, une époque où l’imaginaire et l’émerveillement prenaient le pas sur toute exigence de réalisme. L’objectif était avant tout de proposer une bande dessinée divertissante, horrifique et pleine de rebondissements. Peu importait si la science ou la logique venaient contredire certains coups de théâtre ! Le dessinateur de ce premier omnibus est Sal Buscema, petit frère de John Buscema et artiste injustement sous-estimé, malgré son empreinte indélébile dans l’histoire de Marvel. Son style nerveux et anguleux est parfaitement adapté à un récit où les personnages sont constamment traqués, choqués, acculés. Il excelle dans la transmission des émotions fortes, insuffle à chaque planche une tension latente et une expressivité vibrante. Même lorsqu’il est contraint de travailler à un rythme effréné, au détriment du soin apporté aux détails, son talent reste indéniable. À la fin de l’ouvrage, on retrouve également des récits complémentaires intitulés Saga of the Spaceknights, qui, en cinq pages à chaque fois, reviennent sur les premières années de lutte de Rom et de ses compagnons, notamment Starshine et Terminator. Ces deux guerriers, symbolisant respectivement la lumière et l’ombre, l’accompagnent depuis le début de sa grande mission. Il aura fallu attendre quatre décennies pour voir enfin cette épopée publiée en intégralité dans de beaux albums en librairie. Jusqu’ici, toutes les tentatives de compilation avaient été compromises par des problèmes de droits, rendant la réédition des plus de 70 épisodes extrêmement compliquée. Dès la sortie de ce premier omnibus chez Panini, des critiques ont cependant émergé concernant la qualité de la traduction. Jérémy Manesse a en effet choisi de franciser tous les noms de personnages : ainsi, Starshine devient Lumina, et Deathwing se transforme en Morte-Aile. Un choix curieux, surtout pour un lectorat majoritairement nostalgique. Cela mis à part, la traduction ne comporte pas d’erreurs majeures ni de coquilles flagrantes, même si quelques fautes se glissent ici et là. Si vous envisagiez d’acheter cet ouvrage, il n’y a donc aucune raison de vous en priver, d’autant plus que les épisodes publiés à l’époque dans le magazine Strange avaient été massivement censurés et imprimés sur un papier de qualité indigne. La série avait même fini par être purement et simplement abandonnée. Aujourd’hui, les temps ont bien changé pour les comics en France, et c’est tant mieux. Le grand shoot de nostalgie hivernal nous vient de Galador, et on aurait tort de bouder notre plaisir !



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AUCUNE TOMBE ASSEZ PROFONDE : LE WESTERN MACABRE DE YOUNG ET CORONA


 Commençons cette petite chronique en mettant en avant un élément auquel nous accordons trop rarement d’attention : la traduction du titre Ain’t No Grave en version originale devient Aucune tombe assez profonde en langue française. Difficile d’imaginer une adaptation plus intelligente et pertinente. Poursuivons avec la forme sous laquelle Urban Comics propose l’œuvre de Scottie Young et Jorge Corona : un grand format luxueux qui s’éloigne du comic book traditionnel de super-héros et rend un hommage artistique digne de ce nom aux compositions du dessinateur. On est ravis ! Le personnage principal de cette bande dessinée s’appelle Revolver Ridge Ryder. Autrefois, elle faisait partie des légendes de l’Ouest sauvage : une femme qui n’hésitait pas à dégainer son colt pour faire parler la poudre et s’imposer dans un monde brutal et résolument masculin. Mais ça, c’était avant. Depuis qu’elle a rencontré l’amour avec Darius, tout a changé. Elle s’est rangée, a fondé une famille, et les deux tourtereaux vivent heureux avec leur petite fille. Jusqu’au jour où tout bascule : l’ancienne pistolero contracte une terrible maladie dont il semble qu’elle ne pourra guérir. Que faire alors, quand l’horizon se rétrécit inexorablement ? Se résigner et attendre en silence le dernier souffle ? Ou, au contraire, choisir de partir dans un ultime coup d’éclat ? Ce sera plutôt la seconde hypothèse : Ryder décide de prendre la route de Cypress pour y affronter la mort elle-même. Puisque la fin est inéluctable, autant la devancer dans un duel au sommet. Mais sérieusement, peut-on réellement provoquer la mort en duel et espérer s’en débarrasser ? Vous l’aurez compris, le scénariste Scottie Young déploie ici, au fil de cinq épisodes, le schéma classique du combat face à la maladie ou au deuil : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et, enfin, l’acceptation.


On avait déjà croisé ce type de procédé dans d’autres récits, notamment dans le Fallen Son de Jeff Loeb, à l’époque de la prétendue mort de Captain America. Il faut reconnaître que, bien que les deux premiers épisodes soient efficaces, ils présentent aussi quelques faiblesses. On pense notamment à cette alternance passé-présent un peu stéréotypée et aux raccourcis narratifs destinés à nous livrer un maximum d’informations sur l’héroïne sans trop d’efforts. Cependant, à la différence d’autres albums, plus l’intrigue progresse – et avec elle cette quête de la mort, au sens propre comme au figuré –, plus on se laisse happer par le récit, qui devient de plus en plus captivant. Le quatrième épisode, entièrement muet et sobrement intitulé Dépression, est à cet égard remarquable. C’est aussi à ce moment-là que l’on mesure toute la richesse du travail graphique de Jorge Corona. Comme son complice Young, il excelle dans un style caricatural d’une redoutable efficacité. Mais ici, la caricature ne puise pas ses racines dans une approche enfantine ou rassurante de l’art, façon cartoony. Il s’agit plutôt d’une forme de réalisme perverti, qui se prête à merveille à ce western macabre. Le dernier épisode, particulièrement bien écrit, laisse une impression marquante. Lorsqu’on arrive à la conclusion, une question s’impose : jusqu’où serions-nous prêts à aller pour grappiller encore quelques minutes, quelques instants, quelques souvenirs ? Tout cela est profondément émouvant et offre une conclusion à la hauteur, pour un album qui se révèle bien plus abouti et profond qu’on ne l’aurait imaginé au départ. D’autant que son héroïne n’en est pas vraiment une : au vu du malheur qu’elle a semé tout au long de son existence, il semble inconcevable de lui accorder notre pardon sous prétexte qu’un jour, elle a connu l’amour et une petite fille. Ce regard, propre à Young, est parfaitement expliqué et justifie ses choix narratifs. Bref, cette publication chez Urban nous intriguait, et nous pouvons dire que nous n’avons pas été déçus. Cette mini-série mérite assurément d’être découverte.


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GONE : UN TITRE DSTLRY SIGNÉ JOCK (CHEZ DELCOURT)


 Le nouvel éditeur DSTLRY semble bien parti pour se constituer rapidement un catalogue de premier ordre. C'est Delcourt Comics qui publie en France ces séries initialement présentées aux États-Unis. Cette fois, nous avons droit à une œuvre de science-fiction (sociale) pure et dure, signée Joke, un artiste britannique déjà salué à maintes reprises, notamment pour son travail sur Batman. Comme toute une génération d’illustrateurs venus d’outre-Manche, Joke a grandi en dévorant le magazine anthologique 2000 AD, célèbre pour ses récits dystopiques et ses univers oppressants, qui ne sont souvent qu’une extrapolation troublante de notre monde actuel, lequel, il faut bien l’admettre, semble partir à vau-l’eau jour après jour. Dans l’univers de Gone, les ultra riches et la plèbe vivent séparés par des barrières infranchissables. Ceux qui en ont les moyens voyagent à bord d’immenses vaisseaux spatiaux et entreprennent de longs périples pouvant durer des années. Heureusement pour eux, ils disposent de la cryostase à volonté et profitent des effets de la distorsion spatio-temporelle, ce qui fait qu’une décennie de voyage ne représente que quelques mois sur Terre. Pendant ce temps, les plus démunis peinent à se nourrir. C’est ainsi qu’Abi, une jeune fille de 13 ans, est contrainte de s’infiltrer clandestinement à bord de ces vaisseaux lorsque ceux-ci font escale sur le spatioport local, dans l’espoir d’y voler un peu de nourriture ou quelques biens de consommation pour apaiser sa faim. Le problème, quand on s’introduit en douce dans un tel vaisseau, c’est qu’il faut se hâter d’en ressortir. Car s’il repart avant qu’on ait pu s’éclipser, on se retrouve alors prisonnier pour un laps de temps… disons, fort indésirable. C’est précisément ce qui va arriver à notre jeune voleuse. Non seulement Abi se retrouve embarquée malgré elle dans un voyage interstellaire, mais en plus, elle se laisse entraîner par une bande de garnements plus âgés qu’elle, dont les intentions sont autrement plus radicales. Eux ne sont pas de simples passagers clandestins venus chaparder des pommes de terre : ce sont des terroristes en herbe, bien décidés à semer le chaos à bord en y déposant des explosifs.



Quoi qu’il en soit, Abi ferait bien de prendre son mal en patience, car le voyage ne fait que commencer et les années vont défiler. Coincée dans cet immense vaisseau, elle va devoir explorer ses moindres recoins labyrinthiques pour survivre, tout en apprenant à composer avec ses dangereux compagnons d’infortune… En refermant l'album, une évidence s'impose : Jock est indéniablement un bien meilleur dessinateur que scénariste. La partie graphique de Gone est particulièrement intéressante et refléte le style caractéristique de l’artiste ainsi qu’une ambition notable : celle de représenter toute la géographie d’un immense vaisseau intergalactique. Elle met également à l'honneur une jeune héroïne dont l’évolution est retracée à trois moments distincts de son existence, avec trois visages sensiblement différents. C’est principalement son œil droit et une cicatrice qui permettent de marquer chaque étape de son parcours. En revanche, Jock peine à convaincre en tant que scénariste. D’une part, le récit souffre de certaines zones d’ombre qui le rendent parfois difficile à suivre. D’autre part, il recourt à des facilités scénaristiques, comme ce mystérieux virus qui se propage soudainement sous forme de gaz dans le vaisseau, sans que l’on comprenne réellement sa nature ni son utilité, si ce n’est pour éliminer un grand nombre de personnages. Ces derniers, d’ailleurs, manquent souvent de profondeur et sont introduits de manière trop sommaire, y compris lorsque le récit tente de dévoiler les liens familiaux qui structurent ce space operaAu final, on ressort avec une certaine frustration : ce qui, sur le papier, s’annonçait comme une proposition diablement séduisante s’effiloche en cours de route, pour ne devenir qu’un récit de science-fiction correct, sans plus. Cela dit, l’édition proposée par Delcourt est absolument splendide : le format, la qualité du papier et les adaptations des récits de DSTLRY comptent parmi les plus belles réalisations de ces derniers temps.



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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : KRIMI

 Dans le 197e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Krimi que l’on doit au scénario de Thibault Vermot, au dessin d’Alex W. Inker...