CYBORGS TOME 1 : RONIN (CHEZ SOLEIL)


 Tous les amateurs de science-fiction et d’anticipation ont rendez-vous chez Soleil pour le premier tome d’une nouvelle série en cinq albums : Cyborgs. Nous sommes projetés dans un futur où une terrible guerre nucléaire a ravagé la planète, au point que l’humanité a été contrainte de vivre durant plusieurs siècles sous terre, dans d’immenses cités-silos. À la suite d’un conflit tout aussi sanglant entre plusieurs de ces factions, les hommes sont finalement revenus à la surface. Désormais, ils vivent à l’abri, dans d’immenses villes-États tentaculaires, cernées par un désert aride et inhospitalier. L’action se déroule à Europa, une cité dont le gouvernement est tombé aux mains d’un dictateur prêt à recourir aux pires violences pour asseoir son pouvoir : Markus Tudor. Il s’appuie sur une milice surentraînée, dirigée notamment par Akira, l’un de leurs formateurs d’élite. Mais ce dernier ne partage en rien les idées de son employeur et songe sérieusement à le quitter. Akira a toutefois une responsabilité à laquelle il tient : Yuko, une jeune fille handicapée de naissance. Ses deux bras, remplacés par des prothèses en plastique rudimentaires, l’empêchent de vivre comme vous et moi. En revanche, elle a suivi un entraînement intensif qui fait d’elle une redoutable combattante. Avec ses pieds, par exemple, elle est capable de mettre n’importe qui au tapis. Cette gamine fait preuve d’un courage et d’une audace peu communs ; même amputée de deux membres, elle est une véritable arme humaine, rapide, agile, percutante. Mais voilà : Tudor semble chaque jour plus décidé à écraser la population sous son joug. Sa dernière loi, aussi terrifiante qu’abjecte, propose ni plus ni moins que l’euthanasie de tous les êtres « imparfaits ». Autrement dit, toute personne née handicapée devra être supprimée dès la naissance. Pour Akira, c’en est trop, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.



Deux choses frappent particulièrement à la lecture de ce premier volume de Cyborgs. D’abord, la qualité exceptionnelle du travail de construction de cet univers futuriste et technologique, imaginé par le scénariste Jean-Luc Istin et magnifiquement concrétisé par Dim D. Ensemble, ils parviennent à bâtir un monde à la fois saisissant, cohérent et crédible. Le tout est ensuite sublimé par Kael Ngu, que les amateurs de comics connaissent bien pour ses nombreuses variantes de couvertures au style ultra-réaliste. Ici, il régale les lecteurs avec des planches fouillées, précises, d’une grande puissance visuelle. Le traitement graphique de cet ouvrage est tout simplement remarquable. La seconde qualité qui saute aux yeux, ce sont les dialogues : ça fuse, ça claque, avec ce qu’il faut de familiarité, parfois de vulgarité, mais toujours avec naturel. La petite voix de Yuko nous guide d’un rebondissement à l’autre, avec une fraîcheur et une justesse qui emportent l’adhésion. Là encore, c’est une réussite. On pourra éventuellement tiquer devant les prouesses spectaculaires de la gamine, presque aussi dangereuse en combat qu’un Wolverine de chez Marvel — sauf qu’elle utilise ses pieds à la place des griffes. Mais si l’on accepte cet excès d'ardeur, on se laisse très facilement happer par le récit. Il regorge de coups de théâtre, d’un antagoniste absolument odieux, d’une société fascisante qui fait froid dans le dos, et d’un mentor charismatique, Akira, vieux sage et combattant hors pair, que l’on apprend à adorer dès les premières pages. Ronin, c’est l’histoire d’une chute : celle d’un collaborateur précieux du pouvoir, devenu cible à abattre. C’est aussi une traque impitoyable, et le passage brutal à l’âge adulte pour une héroïne qui nous accompagnera (avec d'autres) dans cette nouvelle plongée audacieuse dans la science-fiction de demain. Faites ce que vous voulez, mais si j’étais vous, je donnerais vraiment sa chance à cet univers. Il nous a sincèrement séduits.


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UNIVERSCOMICS LE MAG' 51 - ENTREZ DANS L'ENERGON UNIVERSE




 UNIVERSCOMICS LE MAG' 51 - Avril 2025

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Sommaire : 

* L'#energonuniverse de #robertkirkman à retrouver chez Urban Comics 

* Les lectures V.O avec Minor Arcana de #jefflemire, le reboot de #witchblade et Hit Me chez AWA Studios 

* Le cahier critique avec les sorties du mois écoulé. Des comics et des BD chez Panini Comics France Urban Comics, Delirium Éditions Soleil Delcourt Comics Aventuriers d'Ailleurs 

* David Messina en tournée française avec le Comic Shops Assemble 

* Le podcast #lebulleur et toute l'actualité de la #BD 

* Preview : #fantasticfour fanfare #1


Couverture superbe de #joelseguin passée entre les bras robotiques experts de #benjamincarret 


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SUPERMAN SPACE AGE : L'HOMME DE DEMAIN D'HIER À AUJOURD'HUI


Lorsque la fin de toute chose approche, vient également le moment de se retourner sur le passé, d'examiner ce qui a été, de reconsidérer les existences et d'en tirer une leçon. Ainsi, face à la catastrophe d'une destruction planétaire, Superman remonte le fil de son histoire, depuis l'immédiat après-guerre – époque où l'humanité entre dans une nouvelle ère avec l'avènement de l'énergie nucléaire – jusqu'à l'assassinat du président Kennedy. C'est à ce moment charnière que Clark Kent, extraterrestre recueilli et élevé par les époux Kent dans une ferme du Kansas, décide de révéler ses dons au grand public. Il devient Superman, non pas seulement pour sauver ce qui peut l’être, mais surtout pour insuffler de l’espoir au monde. Car en vérité, l’humanité n’a pas tant besoin d’être sauvée qu’elle a besoin d’un guide, d’une lueur d’espérance. C’est dans cet esprit que Superman, accompagné de ses camarades dotés de pouvoirs extraordinaires, fonde une association de justiciers, réunis au sein d’un vaste Hall de Justice. Ensemble, ils affrontent des menaces telles que Brainiac, un envahisseur extraterrestre, ou encore la folie de Lex Luthor, prêt à précipiter le monde dans une guerre atomique pour ensuite régner sur ses ruines. Tout cela, vous le savez déjà. Vous en avez entendu parler, vous avez lu ces histoires sous des formes diverses, réinterprétées selon l’inspiration des auteurs. Alors, pourquoi revenir une fois encore sur l’existence hypothétique d’un Superman perdu au cœur d’un multivers en perpétuelle réécriture ? Tout simplement parce que le scénariste s’appelle Mark Russell. Et avec lui, impossible d’être déçu. Son travail recèle toujours une subtile ironie, un équilibre fascinant entre les grandes aspirations héroïques et des considérations sociales, culturelles et philosophiques d’une rare pertinence. Mieux encore, Russell a ce don unique de nous émouvoir tout en nous divertissant. Le nombre de fois où il parvient à nous toucher, à nous faire sourire ou réfléchir, est tout simplement impressionnant. Le rythme du récit est d’une vivacité réjouissante, et cette relecture des exploits de Superman, qui s’éloigne progressivement de ce que nous en connaissons, s’avère irrésistible.




La poésie de cet album n’en est que plus puissante du fait que le combat de Superman est, dès le départ, voué à l’échec. On le sait dès les premières pages : cette histoire finira très mal. Et pourtant, cela n’empêche pas Superman d’épouser Lois Lane, d’avoir un enfant, de fonder une famille – en somme, de continuer à porter l’espoir pour l’humanité tout entière. Il n’est d’ailleurs pas le seul super-héros à entrer en scène, puisque tous les membres majeurs de la Justice League sont de la partie – à commencer, bien entendu, par Batman. Là encore, le personnage reste fidèle à celui que nous connaissons, tout en affichant des différences notables : Bruce Wayne semble ici bien décidé à passer aux choses sérieuses, prêt à employer la manière forte pour libérer Gotham des mafieux en col blanc qui cherchent à s’emparer de la ville en spéculant sur l’immobilier. Pour donner naissance à une mini-série en trois volets aussi passionnante, intelligente que résolument rétro, il fallait un artiste capable d’en épouser pleinement l’esprit. Michael Allred, toujours épaulé par son épouse Laura aux couleurs, incarne parfaitement cette exigence. Il y a chez lui une forme de naïveté dans la représentation des personnages, dans sa façon de faire vivre le geste super-héroïque – et c’est justement cela qui touche. Cette manière de laisser affleurer l’humanité avant tout, plus encore que les exploits grandioses d’un justicier trop immense pour notre monde. On réécrit alors l’histoire, petit à petit. On rembobine le film pour en proposer une nouvelle version. Et, quel que soit l’angle adopté, la conclusion reste inchangée : Superman demeure le symbole du positif, de la confiance en l’avenir, de cet homme qui n’en était pas un au départ, mais qui l’est devenu en refusant de céder au découragement, et en s’appropriant les plus belles leçons transmises par l’humanité. Une lecture édifiante, chez Urban Comics et le Black Label.



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SPECTREGRAPH : L'IMMORTALITÉ ENTRE QUATRE MURS AVEC TYNION IV ET WARD


 Parmi toutes les ambitions démesurées que l’humanité a pu nourrir depuis l’aube des temps, accéder à l’immortalité figure sans conteste parmi les plus élevées. Pourtant, une vérité implacable s’impose : nous sommes tous destinés à mourir un jour ou l’autre. L’idée d’une existence éternelle relève de l’impossible. Mais pour Ambrose Everett Hall, cet état de fait n’a jamais été acceptable. En possession d’une fortune considérable, il décide de faire ériger une immense demeure à l’architecture labyrinthique. Entre ces murs, il consacre l’essentiel de son existence à la mise au point d’une machine fascinante : le Spectregraphe. Cet appareil, en théorie du moins, fonctionne comme un gigantesque enregistreur capable de capturer et de reproduire toutes les caractéristiques d’un être humain, tant physiques que psychologiques, dans le but d’en créer une copie. L’objectif ? Concevoir une sorte d’avatar spectral destiné à hanter les lieux pour l’éternité. Toutefois, une telle ambition se heurte aux limites de la science et de la connaissance humaine. Les premiers essais sont loin d’être concluants et, au fil des ans, Ambrose ne parvient qu’à engendrer des créatures ectoplasmiques monstrueuses et désincarnées. À ses côtés, son compagnon, un certain Freddy, finit par se lasser de cette existence cloîtrée auprès d’un homme consumé par ses obsessions, qui ne comprend pas qu’en s’accrochant désespérément à l’immortalité, on passe à côté de la seule chose qui importe vraiment : vivre. Accepter la finitude de l’existence, c’est aussi embrasser la beauté de son caractère éphémère, savourer pleinement les joies passagères et même les peines qui rythment notre parcours. Bien des années plus tard, la fameuse demeure est mise en vente. C’est là que débute notre histoire. "L’héroïne", Janie Chase, une mère célibataire dont le métier consiste à vendre ce genre de propriétés, se retrouve contrainte de proposer la maison à un mystérieux acheteur. Seulement voilà : dans l’agitation de la journée, elle a oublié son petit garçon, laissé seul à la maison, attaché sur sa chaise haute. Et personne ne peut intervenir pour s’occuper de lui… Le coup de stress !






Selon Tynion IV, le scénariste de cet album "lorsque Christian et moi avons commencé à discuter d’un projet commun, je lisais des ouvrages sur le mouvement spiritualiste du XIXe siècle. Nous nous sommes alors rendu compte qu’aucun de nous n’avait jamais vraiment écrit d’histoire de maison hantée. Nous avons ainsi réfléchi à la manière de renverser les codes classiques du genre pour créer quelque chose d’étrange, de terriblement effrayant mais résolument moderne. C’est un projet dont nous parlons depuis des années, et c’est un vrai plaisir de le voir enfin prendre vie sur le papier." Tynion nous propose une vision assez sarcastique du monde de l'occultisme avec des personnages qui sont censés faire peur ou tout du moins en imposer avec leur prestance et leur apparence, mais qui en réalité sont totalement désemparés face au phénomène auquel ils souhaitaient être confrontés. Vous allez par exemple croiser la route d'une jeune gothique qui dans un premier abord semble être l'exécutrice de la volonté de l'acheteur potentiel et être de mèche avec lui ; en réalité, elle va fondre comme neige au soleil et se révéler d'une vulnérabilité extraordinaire, au point de devenir totalement dépendante des décisions de Janie. Le dessinateur, Christian Ward, est en très grande forme dans Spectregraph. "Beaucoup de mes projets naissent d’une question : ‘À quoi ressemblerait mon… ?’ Et pour celui-ci, la question était : ‘À quoi ressembleraient mes fantômes ?’ Ce projet a une dimension très cinématographique, si bien que j’ai regardé de nombreux films de Michael Mann. Mann a une façon propre d’utiliser ses décors comme des personnages à part entière, et cela m’a paru essentiel ici. Non seulement pour la maison – car après tout, il faut bien une maison pour qu’il y ait un fantôme qui la hante – mais aussi pour les villes dans lesquelles nous évoluons. Je veux que cet univers soit profondément ancré dans le réel, afin que les éléments ‘spectraux’ paraissent d’autant plus saisissants en contraste." Ward offre des planches superbe avec des contrastes très marqués et une mise en couleurs quasi lysergique, comme c'est habituellement sa marque de fabrique, dans un album ou l'aspect spectral et éthéré des apparitions est censé jouer un grand rôle dans sa réussite. Le choix de l'artiste fonctionne à merveille et il parvient à proposer une approche complètement dingue en terme d'inventivité et de la représentation de cet entre deux, un état où l'on n'est pas vraiment mort mais certainement plus vivant, pâle copie grotesque de  ce que l'on fût autrefois. Très bel ouvrage qu'on recommande vivement. 



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LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : BILLY LAVIGNE


 Dans le 196e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Billy Lavigne que l’on doit à Anthony Pastor, un ouvrage publié chez Casterman. Cette semaine aussi, je reviens sur l’actualité de la bande dessinée et des sorties avec :

- La sortie de l’album Il déserte que l’on doit au scénario d’Antoine de Caunes, que Xavier Coste met en dessin et qui est édité chez Dargaud


- La sortie de La proie, nouvel épisodes des aventures de Parker, le personnage iconique de Richard Stark que reprend Doug Headline au scénario et Kieran au dessin pour inaugurer la nouvelle collection Aire noire des éditions Dupuis


- La sortie de l’album Merveilleux que l’on doit à Cookie Kalkair, un titre édité chez Steinkis


- La sortie de l’album Moheeb sur le parking que l’on doit à Clara Lodewick, édité chez Dupuis dans la collection Les ondes Marcinelles


- La sortie du deuxième et dernier tome de Zoé Carrington, diptyque que l’on doit à Jim et qui est édité chez Grand angle


- La réédition de Blankets que l’on doit à Craig Thompson ainsi qu’aux éditions Casterman



 
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CYBORGS TOME 1 : RONIN (CHEZ SOLEIL)

 Tous les amateurs de science-fiction et d’anticipation ont rendez-vous chez Soleil pour le premier tome d’une nouvelle série en cinq albums...