SECRET WARS : HOWARD THE HUMAN #1

Prenons le concept de départ, et inversons-en totalement les effets. Oubliez Howard le canard qui fréquente un monde d'êtres humains comme vous et moi, place à Howard l'humain, qui évolue à New Quack, cité remplie d'animaux anthropomorphes, où ce qui est la norme est une unique exception bizarre. Howard est détective, picole dans les bars miteux tout en se désespérant de ne pouvoir trouver des oeufs comestibles dans le commerce, et se laisse prendre au piège des événements qu'en réalité il manipule. Skottie Young ne cache pas son inspiration, et il faut aller creuser du coté des polars à la Raymond Chandler pour la genèse de ce numéro, qui emprunte aussi aux ambiances des années 80 instaurées par Frank Miller sur le titre Daredevil. D'ailleurs nous avons en cours de route l'apparition de la version animalière de Matt Murdock (Mouse Murdock) qui prolonge notre visite des bas-fonds de la ville, peuplés d'individus au faciès louche et truffés de ruelles infréquentables. Les références au monde Marvel traditionnel sont une sorte de jeu de piste amusant, que les lecteur habituels vont déchiffrer sans aucun mal. Le patron du bar dans lequel est narré le récit se nomme Connors (Le Lézard), on trouve un vautour du nom de Toomes, et également et surtout une jolie chatte noire peu scrupuleuse qu'il est inutile de vous présenter. Là où le bât peut blesser, c'est dans la partie graphique, confiée à Jim Mahfood, un dessinateur plus habitué à s'exprimer dans des oeuvres d'art personnelles et inventives (et dans les comics underground) que dans les pages des parutions Marvel. Du coup le trait est sauvage, anarchique, volontairement approximatif et sale, et la construction des planches également joue sur cet aspect improvisé, cahotique, dans un esprit presque punk et jemenfoutiste. Du coup ce Howard the Human apparaît comme une tentative ultra décalée de projeter l'univers des Secrets Wars sous une lumière arty. On savait que tout peut s'y dérouler, nous avons la confirmation que outre l'action, les événements, c'est aussi le cas pour l'aspect créatif. Ces Guerres Secrètes sont à interpréter comme un laboratoire de projets, d'expérience, la plupart n'étant pas destinés çà connaitre des lendemains qui chantent, mais assurément disposant d'un présent enviable. Howard the human est une synthèse fascinante et intelligente du polar le plus adulte avec le délire visuel le plus (faussement) régressif. Dysney qui se télescope avec l'univers noir à souhait des détectives en gabardine qui se mettent minables à coups de whiskys dans des bars oubliés. Bref, je vous invite à jeter un oeil sur cet ovni qui le mérite pleinement. 


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VENOM : ORIGINES SECRETES ET ... SOMBRES ORIGINES

Un des personnages les plus controversés et appréciés de l'univers de Spider-man est assurément Venom, qui avant d'être cet agent gouvernemental associant symbiote alien et Flash Thompson privé de ses deux jambes, a longtemps et surtout été le fruit de la frustration et du sentiment d'impuissance d'Eddie Brock, journaliste raté et à la carrière ruinée par un faux scoop trop facile. Mais ce que vous ne savez peut être pas tous, c'est qu'au départ, Venom devait être une femme ! C'est David Michelinie, scénariste du Spidey d'alors, qui crache le morceau : C'est un personnage que j'ai d'abord introduit dans la série Web of Spider-man, et qui devait être une femme. J'ai commencé avec le costume alien que Parker avait ramené de la planète du Beyonder (voir : Guerres secrètes) et que Tom De Falco avait utilisé durant son run. Ce qui m'intriguait, c'était l'idée que quelque chose puisse inquiéter Parker sans pour autant déclencher son sens d'araignée. Dans Web of SM 18, on voit ainsi une main pousser Peter sous le métro, sans que le sens de celui ci réagisse. Je voulais que le personnage soit une femme, au départ. Sur le point d'accoucher. Son mari se précipite au dehors pour héler un taxi, mais le chauffeur de ce dernier, absorbé par un combat que livre au même moment le tisseur de toile, ne fait pas attention à l'homme pressé, le renverse, et le tue. Son épouse en perd la raison, et l'enfant, par la même occasion. Par la suite, elle en arrive à blâmer le tisseur et le rend responsable de ce qui est arrivé. Le costume alien est attirée par la haine que ressent cette femme et s'unit à elle pour se venger de Parker, qui l'a rejeté. C'est Jim Salicrup qui fit changer d'avis Michelinie, lorsque celui ci repris les commandes du titre phare, Amazing Spider-man : A l'occasion du numéro 300, Salicrup voulait introduire une nouvelle et terrible menace pour l'Araignée. Je lui exposais mon idée, mais une femme, même si en symbiose avec le costume alien, ne semblait pas assez effrayante et crédible pour notre histoire. C'est alors qu'est apparu le récit impliquant le journaliste Eddie Brock. Comme quoi, dans la vie réelle comme dans nos comic-books, le destin ne tient parfois qu'à un fil. Mais passons maintenant à d'autres origines vénomesques, de sombres origines...

Pour écrire les "Sombres Origines" de Venom, Zeb Wells n'a pas souhaité trop se familiariser avec le personnage. Il n'avait lu auparavant que ce qui fut publié sur Amazing Spider-Man 300, de manière à ne pas se laisser influencer par les versions successives du costume alien, et à produire un récit frais et vivant. L'objectif est en partie atteint. Dark Origin reprend le cours de l'existence d'Eddie Brock, depuis sa tendre enfance, jusqu'à ses premiers amours. Le fil conducteur semble être le mensonge, l'incapacité d'accepter la réalité telle qu'elle se présente à lui, par manque de courage, de vision, ou d'éthique. Brock trouve toujours un subterfuge pour plier les événements à sa volonté, et parfois le destin lui donne un coup de pouce, comme lorsque Spidey intervient et le sauve d'une agression, en compagnie de sa fiancée. Celle ci, assommée, se réveille et imagine que son chevalier galant s'est débarrassé seul des malfrats. Bien sur, Eddie ne la dément pas. On trouve aussi, bien entendu, cette bourde incroyable, quand le jeune journaliste aux dents longues révèle au public du Daily Globe l'identité d'un assassin tueur de flics et de pécheurs en tous genre (un cinglé visionnaire qui se révélera être un gradé de la police lui même. Au passage, il a trucidé la légendaire Jean DeWolf, une des plus émouvantes figures féminines jamais apparues dans le cast de Spider-Man). Eddie se laisse induire en erreur par un mythomane, et sa carrière s'effondre avant même de prendre son essor. Son bouc émissaire sera le tisseur de toile, qui a arrêté le vrai coupable. Dès lors, il ne reste plus que la cerise sur le gâteau, la rencontre fatale entre un costume extra terrestre (un symbiote) rejeté par Peter Parker, et un homme aigri et revanchard, qui va offrir à la créature son enveloppe charnelle pour créer un monstre hybride, qui va marquer indiscutablement les nineties, décennie sombre à souhait, truffée d'anti héros et de récits bien glauques. C'est Angel Medina qui assure la partie graphique. Je l'avais adoré sur Warlock and the Infinity Watch, mais là il exacerbe un tantinet trop les postures et les réactions de Venom, à en devenir irritant. Certes, il fournit tout de même un travail global de qualité, et surtout plein de mouvement et d'expressivité. Par contre, Zeb Wells devra nous expliquer pourquoi Ann Weying, la petite amie de Brock, que nous connaissions blonde, devient ici une afro américaine un peu trop stéréotypée. Une bourde que personne ne corrigea à l'époque chez Marvel, ce qui ne fait pas très sérieux, à bien y repenser! Voilà pour nous rafraîchir la mémoire, et alimenter notre nostalgie d'un Venom qui semble très loin et distant aujourd'hui...


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SPIDER-VERSE : LE FINAL DE LA SAGA EN KIOSQUE CE MOIS-CI

Spider-Verse, le final. Dan Slott se sera vraiment bien amusé - et nous aussi - avec toutes ces versions de Spider-Man, de la plus improbable à la plus excentrique, à travers les plans d'existence pour la lutte et la survie du genre, face aux terribles héritiers qui ne pensant qu'à se nourrir et exterminer les différents arachnides. Ces vampires psychiques sont probablement le plus gros défi que Spider-Man et ses "frères" n'ont jamais eu à affronter, et c'est la race totémique toute entière qui est menacée. Une des têtes d'affiche de cette saga est Morlun, que nous avions vu débuter dans le long run de Straczynski sur The Amazing Spider-Man, en 2001. A lui seul il avait mis notre héros sur la sellette, alors vous pouvez facilement comprendre qu'avec toute sa "famille" le coefficient de difficulté est d'autant plus relevé. Nous sommes arrivés à la bataille finale, le round conclusif, et malheureusement (mais c'est logique) il n'y a pas de place égale pour toutes les versions de Spider-Man, et seules certaines d'entre elles ont droit aux premières loges. C'est aussi l'occasion pour le scénariste de placer le mot de la fin pour ce qui est des aventures du Superior SM, engagé dans un ultime face à face tendu avec celui dont il a usurpé l'existence. Une lutte perdue d'avance, pour un personnage qui se retrouve engagé dans Spider-Verse suite à un bug temporel survenu lors de son incursion dans l'univers 2099, il y a quelques mois de cela. Dock Ock n'arrive vraiment pas à se résoudre à accepter la vérité, à savoir que malgré son génie et son manque de scrupules, il ne pourra jamais être réellement supérieur à celui qu'il remplace. Cette dualité fait un peu d'ombre au grand final de Spider-Verse, qui explose de manière un peu forcée et rapide, et aurait probablement pu être gérée de façon à présenter un épilogue plus crédible que celui du membre rebelle de la famille ennemie, qui finit par se raviser et faire le jeu de ceux qu'il a toujours retenu ses adversaires ataviques. Pour revenir à Octopus, son manque d'assurance et son immaturité fondamentale sont probablement les tares qui l'ont empêché d'aller au bout de ses idées, et on le sent plus fragile que jamais, derrière la morgue et la prétention dégagée en temps normal, sous le costume de Spidey. 

Bien entendu, comme tout grand événement qui se respecte, Spider-Verse est aussi bien une fin en soi, et l'occasion de donner une nouveau départ, ou une nouvelle orientation, pour tous ces personnages qui gravitent autour du tisseur de toile. A commencer par Peter Parker lui même, qui en sort grandi, encore plus convaincu et installé dans le rôle du héros enfin sur de soi et capable de grandes choses, quitte à endosser le manteau de leadership dans les moments cruciaux. Silk et Spider-Gwen se taillent également une belle part du gâteau dans Spider-Verse. La première trouve une justification à son apparition sur la scène, et la seconde a immédiatement conquis le coeur des fans, avec un look attachant et une personnalité assez correctement définie. Spider-Woman (Jessica Drew) a eu droit à de bons moments, et va pouvoir prendre de nouveaux sentiers avec une conviction renouvelée. Enfin plusieurs versions alternatives de Spider-Man laisseront des souvenirs mémorables, et seront réemployés par la suite, des Secret Wars actuels aux plans encore en devenir pour le All-New All-Different Marvel. Citons donc Spider Uk, la jeune Anya Corazon, le divertissant Spider-Ham, ou encore l'avatar venu de l'Inde du Parker américain. Le dessin est lui de grande facture, avec une alternance entre Olivier Coipel, qui frise désormais avec le génie pur et simple, et un Giuseppe Camuncoli qui n'a jamais été aussi en forme, et propose une sorte de synthèse habile et remarquable entre le chaos et l'inventivité de Ramos, et la perfection stylistique de Coipel. Expressivité et dynamisme maximaux, avec toujours et encore une ligne claire et simple, et une grande lisibilité. Nous sommes gâtés, c'est beau, c'est frais, c'est du bel ouvrage. Alors certes, on aurait pu rêver d'un bouquet final plus crédible et mieux amené, mais Spider-Verse laissera à mon sens de très bons souvenirs aux lecteurs, et aura été une injection de fun dopée à l'adrénaline. Accrocs que vous êtes. 


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COVER STORY (22) : EXCALIBUR #92 (1995)

L'amour déçu, les sentiments éconduits, la déception sentimentale qui dissipent les illusions. Parfois, il faut se faire briser le coeur pour grandir, pour ne plus être un gamin aux réactions infantiles, et accéder au statut d'homme, avec tout ce que la condition adulte suppose de souffrances, par moments. Prenez Colossus, par exemple. Peter Rasputin a toujours eu un faible pour Kitty Pride, qu'il porte dans son coeur depuis son arrivée chez les X-Men. Une relation assez platonique, non consommée (il faudra attendre l'arrivée de Josh Whedon sur Astonishing X-Men pour que clairement il nous soit dit que les deux sont passés à l'action) et probablement immature. Lorsque Peter pense avoir perdu son frère et une grande partie de ses rêves, il quitte Charles Xavier les les X-Men pour poursuivre ses aventures aux cotés d'un Magneto lobotomisé par le Professeur X, sur la base d'Avalon, en orbite autour de la planète. Un départ qui est le coup de théâtre final de la saga Fatal Attractions, et qui marque le départ d'un personnage pourtant jusque là rêveur, ingénu, animé d'une verve et d'une sensibilité poétique. Mais qui choisit le camp de l'action/réaction, au détriment des atermoiements et des espoirs froissés. A son retour, après une expérience qui aura tourné court et se sera terminé encore une fois dans le drame et la trahison, Colossus débarque sur l'île de Muir, le Qg d'Excalibur, en projetant sur Kitty toute sa frustration, son immense besoin de retrouver des bras aimés pour revenir en arrière, à une époque moins cruelle, à une idylle perdue. Mais revenir en arrière n'est pas possible dans la vie, et la jeune fille est entre temps devenue très proche de Pete Wisdom, un ancien agent secret britannique qui a intégré l'équipe. Fumeur, dragueur, désabusé, pas spécialement athlétique, ce pseudo boyfriend n'a rien du monstre métallique ultra sensible qu'est Rasputin. Mais il sait être gentil quand il le faut, et surtout c'est un homme, pas un adolescent, et traite Kitty en tant que femme, ce dont elle n'avait pas l'habitude. D'ailleurs, réaction totalement immature s'il en est, Colossus ne se contrôle pas et gère sa rage en rouant de coup son rival, le laissant aux portes de la mort. Un combat disproportionné, dont le coeur déchiré et foulé aux pieds est le prétexte. Celui que se trouve un homme qui refuse de grandir, et préfère se réfugier dans les songes d'hier par peur de regarder en face le lendemain. Une très belle histoire, bien écrite et mise en scène par Warren Ellis et dessiné par Casey Jones, qui se termine avec un excellent dialogue entre Nightcrawler et Colossus, et l'appendice du face à face entre Kitty et le pauvre russe déconfit, qui commence à admettre son erreur, et par là même... à grandir. Petit travail d'orfèvre qui prouve que derrière le langage des poings peut aussi se cacher la détresse d'un coeur qui ne sait plus vers qui se tourner pour panser ses plaies. 
Publié en Vf dans X-Men 5 (Panini, 1997)


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SUPERMAN : LE DERNIER FILS (DC COMICS LE MEILLEUR DES SUPER-HEROS TOME 3 CHEZ EAGLEMOSS)

Avec le troisième volume de la collection proposée par Eaglesmoss, c'est au tour de Superman d'entrer dans la danse...
Un des postulats de base du mythe de Superman est son statut de réfugié, le seul survivant d'une catastrophe planétaire qui a provoqué la disparition de Krypton. Arrivé sur Terre à bord d'une fusée, le voyageur de l'espace est élevé dans l'anonymat, par la famille Kent, des fermiers du Kansas. Superman a aussi une cousine, qui a un vécu semblable au sien (Supergirl), et avec cette aventure qui nous occupe aujourd'hui, le cast des personnages en provenance de krypton s'agrandit d'une unité. Par un beau matin routinier (la vie au Daily Planet est la même que d'habitude, Clark Kent commet des gaffes, Jimmy Olsen cherche à vendre ses photos et Perry aboie ses ordres) l'ouïe surdéveloppée de notre héros capte un appel de détresse assez singulier. Une capsule spatiale est sur le point de s'écraser dans Metropolis, avec à son bord un jeune garçon qui communique d'emblée dans une langue extra-terrestre, du kryptonien. La découverte est d'importance, et soulève nombre de questions qui restent dans un premier temps sans réponses. Superman a des doutes mais finit rapidement par accepter les origines du rescapé, qu'il accompagne à l'hôpital et prend sous son aile, le temps qu'il s'habitue à son nouveau monde. Les militaires eux ne l'entendent pas de cette oreille et voient dans cette arrivée une opportunité à saisir. Ils s'emparent donc du garçon pour l'étudier sous toutes les coutures. Superman comprend dès lors que le seul endroit où il pourra emmener et isoler ce cobaye malgré lui, c'est la ferme où il a grandi, ce petit coin tranquille du Kansas, chez Pa' et Ma' Kent, les mêmes qui l'ont fait grandir et lui ont inculqué les valeurs d'altruisme et d'aspiration à la liberté qui en ont fait le plus grand super-héros de la Terre. Mais l'époque n'est plus la même, et la réalité est différente de l'idyle d'autrefois. Alors à qui confier celui que Lois Lane baptisera Christopher? Pourquoi ne pas tenter de l'adopter, quitte à en faire le fils de facto de Superman? 

Bien sur, et c'était prévisible, rien ne se passe vraiment comme prévu. Tout d'abord, en raison des convoitises suscitées par un enfant doté d'un tel pouvoir. L'armée est sur le coup, et Lex Luthor également, qui n'hésite pas à sortir Bizarro de la naphtaline pour mettre les mains sur ce qu'il considère comme une proie de choix. Et puis la véritable menace qui se dessine, c'est celle du Général Zod, autrefois emprisonné dans la zone fantôme, et qui a une dent contre la famille de Superman. Pour bien se resituer dans l'époque, nous sommes à la sortie du crossover Infinite Crisis, qui avait marqué un nouveau statut quo pour l'Homme d'acier. C'est donc la première apparition de Zod dans cette nouvelle incarnation, la première rencontre entre Superman et cet ennemi atavique, qui provient lui aussi de Krypton. L'arc narratif le dernier fils a connu des problèmes et un retard coupable lors de sa réalisation, et il s'est terminé quelques mois après la date prévue, ce qui provoqua quelques complications aux lecteurs Vo d'alors, qui suivaient aussi le mensuel Superman (outre Action Comics, ici publié). Il est intéressant de voir Geoff Johns  (et Richard Donner) ébaucher l'idée d'un Superman qui se retrouve avec une progéniture improvisée, dans un rôle inattendu de père, ou plus simplement, je pense, de grand frère. Loïs Lane elle se contente de placer quelques bonnes remarques spirituelles et assez drôles, et (au départ) d'exposer ses doutes pour ce qui est de sa capacité à adopter un enfant. La reporter toujours sur le terrain, active et sans peur, n'a pas de place dans sa vie pour le pouponnage, et son rôle de working girl indépendante finirait pas entrer en conflit avec celui de la mère au foyer, surtout avec un enfant venu de Krypton... Les dessins de Adam Kubert sont plutôt plaisants, avec une construction des planches qui privilégie l'action et le spectaculaire, et contribuent à faire de ce récit une bonne petite surprise fort recommandable pour ceux qui souhaitent découvrir le monde de Superman, sans pour autant potasser les milliers de parutions précédentes...


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SPIDER-MAN : RETOUR AU NOIR (BACK IN BLACK)

Back in black : Retour au noir (je parle ici de la période en soi, pas seulement de l'album sorti en Deluxe, puis en Select, chez Panini). Le noir du costume, que Spiderman avait déjà porté à la suite de la grande saga des années 80, les « Guerres secrètes », et qui avait ensuite fini sa course sur les épaules du plus grand ennemi moderne du monte en l’air, son « double maléfique », Venom. Retour au noir, également pour ce qui est de la thématique. Une période bien sombre pour Peter Parker s’amorce, puisque le voici désormais démasqué publiquement, poursuivi par la loi pour avoir trahi le camp pro gouvernemental (suite à Civil War) et que sa Tante May est à l’hôpital dans un coma profond, après avoir essuyé les balles qui lui étaient destinées. Il n’en faut pas plus pour que le gentil Parker se renfrogne et décide de changer de modus operandi. Exit la raison et la retenue, place à une version plus violente et impitoyable du super héros par excellence, qui à cette occasion renoue donc avec son habit de ténèbres. Ambiance urbaine et glauque, Spidey sombre dans la dépression et donne la chasse à celui qui a voulu assassiner sa tante. Nous sommes bien loin du héros gentillet qui blague continuellement, même face à la mort, et exorcise ses démons à coups de calembours bien pourris, tout droit sortis d'un sachet de Carambars goût fraise; les pires, cela dit en passant. Cette période noire de Spidey est due à J.M.Straczynski, qui lorsqu'il a reçu entre ses mains expertes le destin du tisseur, a choisi justement d'aller de l'avant, d'en modifier jusqu'aux caractéristiques séculaires (la toile organique, exit les lanceurs de vieille facture) au point d'amener le titre à un stade avancé de non-retour. On pourra discuter longuement du bien fondé de cette opération de radicalisation du personnage, mais elle a porté dans le même temps à une maturation rapide et longtemps attendue de Peter Parker, et à la fin d'un esprit, d'une culture de l'insouciance, qui avait bien souvent caractérisé les aventures de Spidey auparavant.

Du numéro 471 au 545 du titre mensuel, il a accompli un travail minutieux, provocateur, décrié, par moments très discutable. Comment accepter les larmes de crocodile du Docteur Fatalis après l'attentat aux Twin Towers de 2001, lui qui a si souvent mis mis la planète en danger, et se soucie comme d'une guigne du bien être de nous autres occidentaux? Doom est un terroriste, un des plus dangereux, et des plus complexes certes, mais le voir pleurer sur les décombres new-yorkais est plutôt absurde. De même, attribuer des relations sexuelles et une progéniture cachée à la belle Gwen Stacy, avec le Bouffon Vert, qui plus est, n'est pas seulement osé, c'est carrément douteux et maladroit. Pour ceux qui souhaitent lire l'intégralité de ce retour au noir, qui s'inspire du titre de l'album du même nom du groupe AC/DC, il existe aux States et sur Amazon deux gros pavés, deux TPB qui reprennent les épisodes liés à «Back in black». C’est un moment sombre et solennel dans l’histoire de Parker, où les dessins de Ron Garney sont souvent limpides et propres, mais sans cette profondeur que l’on pourrait attendre d’une telle saga. Il en ressort un certain académisme propret mais loin d'être génial. La recherche du criminel et la soif de vengeance de Spidey devient vite lassante, et se joue sur un faux rythme qui peine à vraiment motiver le lecteur d'un bout à l'autre. Heureusement qu’il il y a aussi de très bonnes perles, de ci de là, dans ces deux volumes, comme le face à face final entre l’éditeur du Bugle, Jameson, et Parker, son employé aimé/détesté, qui reste un des meilleurs moments de ces dernières années, les intuitions de Peter David, où encore les épisodes de Aguirre/Saccasa qui sont rythmés, frais, et surtout dessinés de bien belle manière par Angel Medina. Très réjouissant également le face à face final entre Wilson Fisk et Peter Parker (sans le masque, visage découvert) qui ne sait pas malheureusement aller au bout de son audace, et ne bénéficie pas de dessins travaillés (les fonds de case sont totalement monochrome et indigents). Le problème avec «back in black», c’est qu’en bouleversant de manière si inattendue le statut quo du tisseur (identité connue de tous, le voici hors la loi avec sa famille entre la vie et la mort), la rédaction Marvel s’est mise dans un cul de sac : impossible d’aller de l’avant sans devoir à jamais modifier radicalement les caractéristiques du personnage, trop de risques de tuer la poule aux œufs d’or… ce qui a entraîné une frilosité réactionnaire dictée par l'impératif des ventes (Spiderman est un comics mainstream, en ce sens il ne peut déroger à un tableau des charges qui lui sert de code ADN, certaines révolutions ne sauraient être définitives) : d'où le regrettable One more Day/Brand new Day et les longs mois qui ont suivi pour regagner le coeur de beaucoup de lecteurs. Retour au noir est disponible (le principal s'y trouve) en Vf et pour pas trop cher chez Panini, dans la collection Marvel Select, un album couverture souple, sorti au printemps 2014, qui ne propose malheureusement pas les épisodes principaux, ceux sortis dans la série Amazing Spider-Man. Du coup, coitus interuptus...


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THE ART OF FAREL DALRYMPLE (L'UNIVERS DU SANDMAN)

Si vous êtes fans du travail de Neil Gaiman, vous allez forcément trouver très sympathiques ces versions des personnages de la série Sandman, les Infinis. C'est Farel Dalrymple qui s'y colle, et le résultat est particulièrement réussi. Cet artiste américain, spécialisé dans le comic-book indépendant (vous ne le voyez pas chez Marvel...) a un trait capable d'allier classicisme, élégance, et décalage. Voici donc Sandman et les siens, une belle galerie. 













THE PUNISHER RED BAND #1 : LA REVIEW V.O

 Depuis quelques années, le Punisher est  un paradoxe ambulant. Frank Castle a été récupéré dans le monde réel par des groupes qui l’ont bra...