Depuis quelques années, le Punisher est un paradoxe ambulant. Frank Castle a été récupéré dans le monde réel par des groupes qui l’ont brandi comme une icône de la droite dure, une récupération qui va totalement à l’encontre de ce qu’il est. Marvel, embarrassé par la situation, a choisi de mettre le personnage en retrait, avant de carrément s'en débarrasser avec une maxi série écrite par Jason Aaron, dont j'ai déjà dit assez de mal par le passé (oui, l'opinion n'est pas partagé par tous, mais j'ai trop de respect pour le Punisher pour trouver ça satisfaisant). Alors, enfin, on respire, voici Punisher : Red Band #1. Le retour de Frank est à la fois brutal et déroutant. Percy et Ohta ne s’embarrassent pas de préliminaires : ça démarre par des explosions et du sang partout, c'est glauque et ça ne fait pas dans la dentelle. Le Punisher bien amoché des premières pages est amnésique, Castle ne sait plus vraiment qui il est, mais qui conserve l’essentiel : la faculté d’abattre ses ennemis avec une efficacité clinique. Le concept des publications Red Band est parfaitement assumé : violence graphique, hémoglobine en vente libre, chairs lacérées et cadavres calcinés. Non pas qu'auparavant, le Punisher était un gentil garçon, mais enfin, vous me comprenez. Ohta met en scène un Frank massif, un colosse grotesque qui s'est pris plusieurs balles dans le buffet (et qui nous fait une sorte de compte rendu détaillé de ses blessures). Face à lui, des figures tout aussi brutales, comme Tombstone, dont la sauvagerie dépasse de loin ses dernières incarnations dans Amazing Spider-Man. Ici, on se retrouve face à un monstre carnassier, qui va très loin dans la boucherie. Pourtant, la série ne se limite pas à une orgie gore. Percy, qui connaît ses classiques (Wolverine, par exemple), sait qu’écrire le Punisher implique de montrer les conséquences de sa croisade. Frank n’est pas un héros et il ne l’a jamais été. C'est une sorte d'anomalie qui dérange, un mal nécessaire. L'ambiguïté est au cœur du récit : on aurait envie qu'il s'en sorte, de l'aider, mais on devine que ça va chauffer et que la violence ne fait que commencer. Le trait rugueux de Julius Ohta colle à merveille à l’univers crasseux de Castle : ce n’est pas beau, ça fiche les foies. On a bien une gentille vieille dame qui vole au secours de Castle, sans avoir rien demandé en fait (vous vous rappelez Joan, à l'époque de Garth Ennis ? Il y a de ça, mais sans l'humour d'alors). Et surtout, il y a Wilson Fisk, le Caïd, dans un rôle inédit, avec entre les mains le grand twist de ce premier numéro, dont on ne vous dira rien, pour ne pas vous gâcher la lecture. C'est malin, à défaut d'être original. Et c'est l'assurance que Castle ne va pas aimer du tout. Bref, un Punisher Red Band qui parvient à offrir une lecture viscérale, brutale et sans compromis, et à renouer avec l’héritage de la ligne MAX, tout en ramenant sur le devant de la scène un personnage trop vite remisé au placard. Frank Castle est de retour, et il n’a rien perdu de son appétit pour la punition. Pour les explications, ce qu'il a fait durant son "absence", ce sera pour une autre fois. Peut-être.
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