L'amour déçu, les sentiments éconduits, la déception sentimentale qui dissipent les illusions. Parfois, il faut se faire briser le coeur pour grandir, pour ne plus être un gamin aux réactions infantiles, et accéder au statut d'homme, avec tout ce que la condition adulte suppose de souffrances, par moments. Prenez Colossus, par exemple. Peter Rasputin a toujours eu un faible pour Kitty Pride, qu'il porte dans son coeur depuis son arrivée chez les X-Men. Une relation assez platonique, non consommée (il faudra attendre l'arrivée de Josh Whedon sur Astonishing X-Men pour que clairement il nous soit dit que les deux sont passés à l'action) et probablement immature. Lorsque Peter pense avoir perdu son frère et une grande partie de ses rêves, il quitte Charles Xavier les les X-Men pour poursuivre ses aventures aux cotés d'un Magneto lobotomisé par le Professeur X, sur la base d'Avalon, en orbite autour de la planète. Un départ qui est le coup de théâtre final de la saga Fatal Attractions, et qui marque le départ d'un personnage pourtant jusque là rêveur, ingénu, animé d'une verve et d'une sensibilité poétique. Mais qui choisit le camp de l'action/réaction, au détriment des atermoiements et des espoirs froissés. A son retour, après une expérience qui aura tourné court et se sera terminé encore une fois dans le drame et la trahison, Colossus débarque sur l'île de Muir, le Qg d'Excalibur, en projetant sur Kitty toute sa frustration, son immense besoin de retrouver des bras aimés pour revenir en arrière, à une époque moins cruelle, à une idylle perdue. Mais revenir en arrière n'est pas possible dans la vie, et la jeune fille est entre temps devenue très proche de Pete Wisdom, un ancien agent secret britannique qui a intégré l'équipe. Fumeur, dragueur, désabusé, pas spécialement athlétique, ce pseudo boyfriend n'a rien du monstre métallique ultra sensible qu'est Rasputin. Mais il sait être gentil quand il le faut, et surtout c'est un homme, pas un adolescent, et traite Kitty en tant que femme, ce dont elle n'avait pas l'habitude. D'ailleurs, réaction totalement immature s'il en est, Colossus ne se contrôle pas et gère sa rage en rouant de coup son rival, le laissant aux portes de la mort. Un combat disproportionné, dont le coeur déchiré et foulé aux pieds est le prétexte. Celui que se trouve un homme qui refuse de grandir, et préfère se réfugier dans les songes d'hier par peur de regarder en face le lendemain. Une très belle histoire, bien écrite et mise en scène par Warren Ellis et dessiné par Casey Jones, qui se termine avec un excellent dialogue entre Nightcrawler et Colossus, et l'appendice du face à face entre Kitty et le pauvre russe déconfit, qui commence à admettre son erreur, et par là même... à grandir. Petit travail d'orfèvre qui prouve que derrière le langage des poings peut aussi se cacher la détresse d'un coeur qui ne sait plus vers qui se tourner pour panser ses plaies.
Publié en Vf dans X-Men 5 (Panini, 1997)
Publié en Vf dans X-Men 5 (Panini, 1997)
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