COVER STORY RELOADED (6) : CAPTAIN AMERICA #383 (1991)

Cover Story (reloaded) c'est une cover, une histoire, quelques explications. Sixième  épisode, avec Captain America (1991)
En 1991, le numéro 383 de la série régulière Captain America revêt une importance particulière : il s’agit de fêter le cinquantième anniversaire du vengeur étoilé, avec un splendide épisode double écrit par le regretté Mark Gruenwald. Par un jour de pluie, Cap est lancé à la course poursuite d’un criminel encapuchonné, portant une sorte d’horloge sur la poitrine, et doté d’une faux. Pour l’arrêter, il lance son célèbre bouclier, qui finit sa course derrière un portail d’énergie qui s’ouvre subitement. «Ton arme appartient au temps» clame l’inconnu. Steve Rogers est courageux, voire téméraire : il se lance lui aussi de l’autre coté du passage, et aboutit dans une étrange forêt où il fait la rencontre de Johny Appleseed, une célèbre légende des contes américains. Plus surprenant encore, ses pérégrinations de l’autre coté du miroir le portent à dialoguer avec d’autres créatures issues des mythes populaires, comme Pécos Bill (un petit tour à dos de cheval), John Henry, et même, en fin de périple, avec Uncle Sam lui-même, le symbole absolu des Etats-Unis. Ce dernier lui explique où il se trouve, et le pourquoi de sa présence sur ce plan d’existence ; Captain America est en compagnie de tous ceux qui personnifient l’imaginaire populaire américain, une sorte de paradis pour les héros du folklore et des contes, pour les figures symboliques. «Mon temps n’est pas venu», se rebelle le vengeur, qui n’a qu’un désir, retrouver le monde réel, au risque de devoir en découdre avec le mythe. Ce qui est assez drôle et plutôt bien vu de la part de Gruenwald, car aujourd’hui, comment ne pas insérer Cap parmi cette liste déjà évoquée de personnages, comment ne pas voir en lui une parcelle de l’identité culturelle même de l’Amérique ? Entre délire onirique et mise en abîme d’un héros de papier, cette aventure porte en elle la naïveté et la fraîcheur de ces petites perles sous-estimées des comics. Ron Lim, souvent décrié, est pourtant en bonne forme, avec son trait pur et clair, et l’aide d’un encreur qui lui sied à merveille, Dan Bulanadi. Seule la fin est un peu tirée par les cheveux, avec le retour brusque à la réalité, et l'utilisation d'un des amis et alliés de Cap (Hawkeye) pour apporter une explication rationnelle à la chose, et bien faire comprendre au lecteur que nous sommes en pleine phase de célébration avant tout. Cet épisode est complété, dans le Strange Origines 259 bis où il est présenté en Vf -outre les habituelles fiches sur les super héros- par une petite saga imaginée par Stan Lee et Jack Kirby, en 1966, qui voit Captain America face à sa némésis de toujours, le Crâne Rouge, qui s’empare pour l’occasion du Cube cosmique, objet extraordinaire qui confère à qui le possède la capacité de réécrire la réalité selon ses envies du moment. Facilement repérable sur le marché de l'occasion, pour ceux qui ne lisent pas l'english.  
Pour les collectionneurs de la Vo, ce numéro est considéré comme une triple size issue, avec en bonus d'autres petits récits mineurs, et comme le veut la tradition dans les années 90, il bénéficie également d'une metallic cover. 






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NIGHTWING : PIEGES ET TRAPEZES (DC COMICS LE MEILLEUR DES SUPER-HEROS TOME 41 CHEZ EAGLEMOSS)

Dick Grayson a droit a son volume tout à lui, dans la collection Eaglemoss disponible en kiosque. On le retrouve au tout début des New 52, pour les premiers épisodes de sa série d'alors.
Après avoir remplacé Bruce Wayne sous le manteau de Batman avec brio, Dick Grayson peut donc revenir à son costume de Nightwing. Une expérience enrichissante qui a renforcé d'avantage le jeune homme dans ses convictions et ses positions. C'est désormais un homme posé et un héros assumé dont nous suivrons les aventures, même si au passage le personnage est rajeuni, comme beaucoup d'autres à l'occasion du grand reboot Dc. Les parents de Dick sont morts dans un accident (un crime déguisé) de cirque, et voilà que ce même cirque, désormais géré par Bryan Haly, fait son retour à Gotham, pour la première fois. L'occasion de retrouver des figures amies, comme par exemple l'acrobate Raya Vestri. Mais aussi de s'interroger sur l'influence que la ville de Gotham peut avoir sur ses habitants, sur cette horrible manière qu'elle a de corrompre tout ce et ceux que vous aimez pour retourner cela contre vous. Dick a beau éprouver la joie de retrouver le monde du cirque, il ne peut s'empêcher de feindre une chute aux trapèzes pour ne pas se laisser happer par la tentation de répondre présent à l'appel du spectacle. Perdu dans ses pensées, émoustillé par la rousse Raya avec qui il semblerait qu'il ait eu une liaison, Nightwing subi une agression en rentrant chez lui. Son assaillant, armé et en armure, semble le connaître et n'a pas choisi sa cible au hasard. Au passage, il se débarrasse des policiers qui ont eu la mauvaise idée d'intervenir, ce qui laisse à Dick le temps de se changer. En vain, car il parviendra malgré tout à s'échapper en visant des innocents. Qui est donc ce nouveau venu semblant tout savoir de la double vie de notre héros?

Le passé de Grayson est à la fois une source de souvenirs mélancoliques et de dangers pour le futur. Accompagné de la belle Raya, Nightwing s'en va retrouver l'ancien propriétaire du cirque, le vieux Mr Haly père, qui souffre d'un cancer et a suivi la carrière de son ancien protégé depuis ses premiers pas. C'est sous la torture qu'il révèle a Saiko les précieuses informations concernant Dick, pendant que celui ci prend du bon temps avec sa chère acrobate. Juste avant d'expirer son dernier souffle, Haly aura tout de même le temps de révéler que son cirque cache un lourd secret, et de placer de la sorte Nightwing dans une douloureuse position : devoir mener l'enquête pour découvrir l'identité de Saiko, et ce que cache Bryan Haly et son cirque, au risque de briser certaines de ses attaches. Avec Gates of Gotham, Kyle Higgins avait déjà eu l'occasion de nous prouver son attachement au passé, aux racines emmêlées de l'histoire, aux non-dits et aux secrets enfouis qui resurgissent et viennent parasiter le présent. Il donne ici une belle confirmation à son talent et à son statut de nouvel auteur à suivre. Coté dessins ne manquez pas les planches d'Eddy Barrows. Vous avez aimé Ivan Reis sur Green Lantern ou Aquaman, vous aimerez probablement celles-ci, dans un style assez semblable, avec un travail sur l'anatomie des personnages, une attention aux détails et à la construction des cases du plus bel effet. Bref, une idée logique et appréciable de donner au jeune Grayson son propre espace, dans une collection kiosque qui commence à avoir très belle figure sur les étagères, avec la fresque enviable de Alex Ross, qui s'étale sur le dos de ces tomes réunis. 







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DAREDEVIL PAR FRANK MILLER : LE TOME 0 DES MARVEL ICONS

Frank Miller n'est pas seulement le grand artisan d'un cycle majestueux de Daredevil, et des aventures légendaires d'Elektra. La collection Marvel Icons présente ainsi un ouvrage intitulé "tome 0" du Daredevil de Miller, où vous allez pouvoir (re)découvrir les épisodes illustrés par l'artiste, sur un scénario de Roger McKenzie (il va co-scénarisé la dernière partie). Parfaitement épaulée par l'encrage de Klaus Janson, on n'est pas déçu par la patte de Miller, avec ces numéros qui remontent à la toute fin des années 70. 
On commence fort avec les Ani-Men, qui comme leur nom l'indique de suite sont des criminels inspirés par le bestiaire inépuisable qu'a constitué l'univers Marvel depuis sa création. On trouve un Faucon (pas Sam Wilson), un Gorille, et un Chat. Leur mission est simple, enlever l'avocat aveugle Matt Murdock. Celui-ci est remis entre les mains du grand méchant derrière ce rapt, le Chasseur, qui électrocute ses hommes de main pour les remercier de leurs bons services. Heureusement, Matt est aussi Daredevil, et profitant d'un instant de répis, il endosse son costume écarlate et entre en action. Mais son adversaire est redoutable, il peut se révéler immatériel, insaisissable, et connaît sa véritable identité. Un face face troublant dans la brume d'un cimetière, qui a marqué mes jeunes esprits à l'époque bénie des Strange, chez les éditions Lug. On passe ensuite au Tireur (Bullseye, je me laisse rattraper par la nostalgie) et la bande de mercenaires d'Eric Slaughter, pour des combats comme on les imagine, à la nuit tombée, sur les docks de New-York... Bref, Frank Miller plante le décor de sa longue et fructueuse prestation à suivre.


A l'époque la Veuve Noire (pardon Black Widow) est un personnage récurrent de l'univers de Daredevil, et la libération de la femme n'étant pas encore pleinement effective, elle se fait facilement capturer, ce qui oblige Daredevil à lui prêter main forte. L'occasion pour DD de s'en prendre sérieusement et radicalement à Bullseye, et d'initier ainsi ce qui va devenir une obsession, un rapport mortifère qui unira ces deux étranges personnages, qui entameront un cycle de drames entré dans la légende. Autre moment clé dans cet album, lorsque Ben Urich admet au héros en collants rouges qu'il a percé lui aussi sa double identité. Le journaliste du Bugle préfigure de la sorte tout ce que Brian Bendis allait narrer des lustres plus tard. Nous assistons au dilemme de la presse, à savoir publier un scoop à tout prix, au nom du droit à informer, ou taire ce que l'on sait, pour que ce silence bénéficie au bien commun, c'est à dire au travail périlleux de Daredevil. Celui-ci se fait aussi démonter la tête par Hulk (il finit à l'hôpital, ce qui n'est pas si mal car la différence de force entre les deux pouvait conseiller la morgue...) alors que Matt Murdock, le séducteur de ses dames, renoue avec Heather Glenn, fille d'un riche industriel new-yorkais, femme un peu fragile et plutôt instable, qui comme le veut la tradition connaîtra un destin funeste.
Vous savez quoi? Ces épisodes sont bons, franchement bons. On nage en plein polar, les ombres envahissent les recoins de la ville, la gestuelle des personnages se veut chorégraphie filmique. Klaus Janson est l'encreur parfait pour le travail de Miller, alors que des tas d'éléments viennent poser une routine rassurante, qui constitue tout l'intérêt même de la série, du Josie's bar (que Netflix portera à l'écran avec intelligence) à l'ami Foggy, toujours en retrait, bonne âme dépassé par les événements. 
Ce Daredevil "pré-Elektra" est le dernier adieu à une époque un peu plus insouciante, où le ton commence à s'assombrir fortement, où le jeu se muscle et le drame guette. Frank Miller venait de poser ses valises, et il ne faisait que s'installer. On allait en voir de belles...







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THE ART OF GORAN PARLOV. (FCBD PRINTEMPS DES COMICS)

Parmi les invités du Free comic book day / Printemps des comics de mai prochain, nous aurons le plaisir de recevoir l'artiste croate Goran Parlov. Ce dernier est sorti diplômé de l'Académie des Beaux-Arts de Zagreb en 1991. L'année suivante il débute sa carrière en Italie sur Ken Parker magazine, avec une aventure du personnage éponyme, sur un scénario de Giancarlo Berardi. Toujours chez la maison d'édition Sergio Bonelli, en 1993 il entre dans le staff de la série policière Nick Raider. En 1997, en Italie toujours, il signe une petite merveille avec une aventure spéciale du célèbre cow-boy Tex : l'ultima frontiera, qui est publiée dans un numéro grand format hors-série. Sa versatilité en fait un dessinateur très recherché et de l'autre côté des Alpes, et il passe ensuite sur une autre série, Magico Vento, une sorte de western horreur mis en scène par Gianfranco Manfredi. 
Mais un tel talent ne peut que bien s'exporter. Goran Parlov va entamer une fructueuse collaboration avec les éditeurs américains; c'est là qu'il va définitivement se révéler aux yeux du public français, friand de super héros en tout genre. Il va débuter pour l'étiquette Vertogo, avec le titre Outlaw Nation, et participera à la très bonne série de Brian Vaughan, Y the last man. Mais c'est avec le Punisher que Goran va accéder à la reconnaissance ultime. Avec Garth Ennis, il signe des épisodes magnifiques, malgré quelques réticences au départ de certains lecteurs, qui s'attendaient à un autre artiste. Ils se sont vite ravisés! L'artiste instaure une ambiance splendide, avec des corps massifs, une expressivité et une transmission des émotions à fleur de peau, de visage. Nous sommes à la croisée des chemins de Moebius et de Joe Kubert, dans ces pages qui marquent à chaque fois les esprits. Goran Parlov a aussi travaillé sur la mini série Fury Max (toujours avec Garth Ennis), et plus récemment il est le dessinateur du merveilleux Starlight, couvert (fort justement) de louanges. Un hommage appuyé au Flash Gordon de légende, revisité à la sauce de Mark Millar.
Goran Parlov fait partie de ces artistes qui parviennent en quelques cases à poser un ton, un style immédiatement reconnaissable. Il a cette capacité de faire ressortir en quelques vignettes les états d'âme et la personnalité de ses personnages, de leur donner vie, à travers un corps, des expressions, des gestes (l'image est fixe mais détrompez-vous, avec Goran on a l'impression que ce qu'on lit prend vraiment vie). Il dessine des forces de la nature tout en insufflant un soupçon de fragilité qui les humanise véritablement. A l'aise partout, des grands canyons aux gratte-ciels américains, des planètes extra-terrestres à la jungle du Viet-Nam, Goran Parlov est un exemple d'incarnation de l'honnêteté même dans le dessin. Pas d'artifice, de rodomontades, mais l'oeuvre brute, et les sentiments qu'elle fait naître.



Vous retrouverez Goran Parlov à Nice, chez Alfa BD, à l'occasion du Free Comic Book Day / Printemps des comics, organisé par Alfa Bd et UniversComics.
La liste "pré-commission" est ouverte, pour ceux que cela intéressent.
Rendez-vous les 5 et 6 mai à Nice!
www.facebook.com/FCBDNice






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IRON FIST CHEZ NETFLIX : LE GUIDE DE LECTURE DE LA CARRIERE DE DANNY RAND

Iron Fist est bien arrivé chez Netflix. Entre ceux qui détestent déjà, et ceux qui sont aux anges, se situe le peuple du milieu. C'est à dire les spectateurs interloqués, qui aimeraient bien lire un peu les aventures de Poing d'acier, mais ne savent pas trop où mettre le nez. Alors aujourd'hui, on récapitule.
Le personnage naît en 1974, fruit du travail d'équipe de Roy Thomas (qui pour le nom est influencé par un film de kung-fu vu durant l'enfance) et du dessinateur Gil Kane, inspiré lui par le classique Spider-Man. 
Fils d'un richissime industriel américain, Danny Rand part en Asie avec ses parents, à la recherche de la mystique cité de K’un L’un, mais le drame survient, alors qu'un collègue du paternel, Harold Meachum, laisse mourir Wendell Rand durant une terrible ascension. Désirant les faveurs de l'épouse, il voit là l'occasion parfaite pour assouvir ses envies. Autre tragédie, une meute de loups passe à l'attaque, et le petit Danny est sauvé par sa mère qui s'interpose bravement. Il est recueilli par les archers de K’un L’un, puis amené à s'entraîner à la dure avec Lei Kung, le maître de tous les Iron Fist. Voilà pour le super bref résumé condensé, qui ne rend vraiment pas honneur à la complexité du parcours initiatique du bonhomme. Mais le temps et l'espace sont des tyrans, il fallait synthétiser.
Dans les années 70/80 Iron Fist va obtenir sa propre série, et les artistes à l'oeuvre sont de véritables pointures du genre. Chris Claremont et John Byrne, la doublette qui allait donner aux X-Men leur réputation mythique. Le titre ne dure qu'une quinzaine de numéros, mais se révèle être de grande facture, avec aussi l'introduction de Sabretooth (Dents de Sabre) comme ennemi acharné de Iron Fist.
Dans les années 80 le public semble se lasser de deux phénomènes propres à la décennie précédentes. Les films d'arts martiaux, et la blaxploitation ne sont plus de mode, et les éditeurs ont la bonne idée d'unir Luke Cage et Danny Rand dans le mensuel du premier cité, à partir du numéro 50 (Power Man & Iron Fist) pour limiter la casse. Ce sera un vrai succès d'estime, avec la création des héros à louer (Heroes for hire) et d'une véritable bromance qui reste un modèle du genre, que Netflix a pensé justement de devoir faire fructifier. Mais la série va s'arrêter au numéro 125, avec la mort (très controversée) d'Iron Fist, ce qui vaudra à Jim Owsley le scénariste (connu aujourd'hui sous le pseudo de Christopher Priest) un beau déluge de critiques. Du coté des apparitions en tant que guest-star, notons une aventure en particulier, sur les pages de Daredevil #178, réalisée par un certain Frank Miller. Une première rencontre entre Danny et Matt Murdock, que Brian Bendis utilisera bien des années plus tard.

Il faut attendre 1991 et John Byrne (again) pour que Iron Fist revienne. Il est de retour sur les pages de Namor (#21 à #25) dans une saga qui nous explique que le vrai Danny Rand était prisonnier d'une race de plantes humanoïdes, dans un cocon amniotique, et que celui qui a péri n'était donc pas le bon! On a un peu de mal à y croire, mais comme à l'époque Byrne fait de petits miracles avec le Prince des mers, on finit par accepter tout ceci, qui est d'ailleurs à (re)lire dans les pages de Strange, le célèbre mensuel des éditions Lug/Semic, qui a permis aux lecteurs français de se familiariser avec les super-héros Marvel durant des lustres.
Brian Bendis (on y arrive) rapproche pour sa part, dans les années 2000, Iron Fist de Daredevil. Au point qu'il remplace momentanément le diable rouge dans le costume, histoire de faire croire à l'opinion publique que non, Matt Murdock et DD ne font pas qu'un. L'avocat est en prison, pendant ce temps-là, et la première Civil War frappe à la porte.
En 2008, coup de jeune et succès public garanti avec Immortal Iron Fist, série produite par Ed Brubaker et Matt Fraction, avec les splendides dessins de David Aja. On plonge et revisite le passé du héros, qui au passage perd sa tenue verte un peu démodée. Il y a de tout dans ces pages. Du kung-fu certes, mais aussi un vrai thriller haletant, de l'action comme Marvel sait en produire, bref c'est un condensé de styles et la magie opère (et se répétera plus tard, avec les mêmes artistes, pour Hawkeye. Mais c'est une autre histoire). Duane Swierczynski et Travel Foreman arrivent par la suite, mais le titre perd de son intérêt et de son aura. On y rencontre tout de même Misty Knight (vue elle aussi sur Netflix) qui est enceinte, et avec qui Danny a eu une relation à courant alterné. Mais cela sera oublié par la suite, et n'aura pas de conséquences importantes pour Iron Fist, qui partage donc avec Luke Cage jusqu'aux petites amies potentielles. de vrais potes, on vous dit.

Avec Bendis au scénario, et Luke Cage en tant que chef de groupe, Iron Fist bénéficie d'un peu de piston (la vie ça marche comme ça) et rejoint les plus grands héros de la Terre. Pour l'occasion, son costume change radicalement (après 40 ans plus ou moins identiques) et vire au blanc. Il participe au crossover Avengers Vs X-Men, en tant qu'instructeur pour la jeune Hope Summers, future Phénix annoncée (Hope, que deviens-tu? Passe nous un coup de fil si tu lis ces lignes...) L'expérience vindicative tourne court, et en 2014 on retrouve le personnage avec une série régulière entièrement réalisée par Kaare Andrews, à savoir Iron Fist : the living weapon. Douze numéros (et deux tomes chez Panini) où Andrews s'occupe d'absolument tout, et mixe assez habilement l'héritage de la gestion Brubaker/Fraction/Aja, les origines traditionnelles du héros, et de nouveaux élements comme la journaliste Brenda Swanson ou un jeune moine de K'un L'un. Admettons-le, ça en jette, avec des dessins qui explose la page, une mise en couleurs un peu criarde mais efficace, une sorte de blockbuster à la dynamite qui mise avant tout sur l'efficacité et le dynamisme. 
Et le présent? il est donc constitué d'une série télévisée diffusée et produite par Netflix, qui aboutira à la formation et l'intégration dans le groupe des Secret Defenders. En comic-book, nous avons assisté au retour du duo Power Man & Iron Fist, dans une série Marvel Now (seconde du nom) confiée à David Walker et Sanford Greene. Poing d'acier plus vivant que jamais, en somme. 




Le Iron Fist de Claremont, dans une belle édition économique, en Vo





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COVER STORY RELOADED (5) : SLEEPWALKER #1 (1991) L'ARRIVEE DU SOMNAMBULE

Cover Story (reloaded) c'est une cover, une histoire, quelques explications. Cinquième  épisode, avec Sleepwalker (1991)
Si tout le monde parvient à associer le nom du héros qui se cache derrière Peter Parker ou Bruce Wayne, il est fort probable qu'à part une poignée de spécialistes, l'essentiel des lecteurs soit bien embarrassé, lorsque l'on évoque un certain Rick Sheridan. Il est très possible que vous n'ayez jamais lu la série régulière consacrée à Sleepwalker, qui a débuté au printemps 1991. Rick est un étudiant qui partage son quotidien entre la faculté, un travail d'homme à tout faire dans un immeuble de New York, et des cours d'anglais : il est très occupé, et n'a pas forcément beaucoup de temps à consacrer à sa petite amie Alyssa. Qui dit très occupé dit aussi très fatigué; à chaque fois que le jeune homme s'endort, il a des cauchemars dans lesquels apparaît une créature au faciès inquiétant, avec de gros yeux d'insectes. Pire encore, cette créature se manifeste dans la réalité! Rick a la surprise de la voir sur l'écran de sa télévision, à son réveil. Le doute commence à s'insinuer, et il devient certitude lorsque a lieu un cambriolage dans le quartier, et que notre nouveau héros est pris à parti avec sa compagne. Il reçoit un bon coup de crosse sur la tête, et reste évanoui pendant quelques minutes. Cela faisait déjà quelques temps qu'il souhaitait résister au sommeil, et s'efforcer de rester vigilant, de peur de voir apparaître cette créature qui hante ses cauchemars. Une fois étendu au sol, c'est donc le Sleepwalker qui se manifeste et qui va régler la situation à sa manière, c'est-à-dire avec un rayon émanant de son regard, capable de refaçonner la réalité selon ses souhaits.
Le personnage est graphiquement intéressant; il contient suffisamment de mystère et repose sur une base et un potentiel larges, comme peut l'être le matériel onirique. Hélas, il n'a pas rencontré son public, et ses histoires sont vite devenues un peu brouillonnes. La tentative de l'inclure dans les grands crossovers à venir de Jim Starlin n'aura pas eu l'effet escompté. Bob Budiansky raconte une histoire assez classique, mais qui fonctionne et qui donne réellement envie d'en savoir plus, tant le Sleepwalker est énigmatique. Au dessin, Bret Blevins livre une prestation très satisfaisante : tous les personnages, y compris les intervenants de moindre importance, sont bien dessinés, et c'est un comic book mainstream qui tient la route, probablement d'un niveau supérieur à nombre de titres que nous lisons actuellement. Cependant Sleepwalker ne durera que 33 numéros, avant d'être définitivement boudé par le public. L'heure est venue pour moi de faire mon coming-out sur le sujet; j'ai toujours trouvé le look du héros si intrigant, que j'en lisais tous les épisodes à l'époque, dès que possible. Aujourd'hui encore, je garde beaucoup d'attention et de tendresse pour ce Sleepwalker, qui me rappelle à chaque fois ce début des années 90 si prolifique chez Marvel.



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DOCTOR STRANGE TOME 2 : LE CREPUSCULE DE LA MAGIE

Le Docteur Strange n'a jamais été aussi vivant que depuis le récent film, que nous avons tous (ou presque) adoré au cinéma. Par contre la situation est fort différente pour la magie! Cette dernière est en train de vivre son crépuscule... peu à peu elle est exterminée, anéantie, par les forces de l'Empirikul, qui un peu partout à travers les dimensions instaure la tyrannie de la science, qui détruit toute bribe de pouvoir magique. Cela signifie que le maître des arts mystiques et ses associés jeteurs de sort perdent leurs facultés, et qu'ils sont implacablement traqués, poussés dans leurs derniers retranchements, jusque dans le célèbre manoir  de Stephen Strange, qui tombe aux mains de l'assaillant. Le Docteur n'est pas le seul face à cette menace, toute une brochette de personnages comme Shaman, Magik, le docteur Vaudou ou Scarlet Witch sont eux aussi concernés par cette Bérézina de la magie. Il est intéressant de noter que le grand ennemi cette fois c'est la science, dans une opposition formelle qui trouvent sens. Les motifs qui poussent les clones de l'Empirikul à accomplir leur mission sont clairement expliqués à travers les pages de ce tome 2, ce qui crédibilise davantage ce conflit entre les forces fondamentales du savoir qui régissent l'univers tout entier. Jason Aaron orchestre la disparition du merveilleux, de l'ésotérique, dans des épisodes où l'humour truculent du premier tome laisse peu à peu la place à un sentiment d'urgence et de catastrophe universelle. On fait la connaissance également avec de nombreux nouveaux mages ou magiciens mineurs, des figures importantes dont nous ignorions jusque-là l'existence, ou nous avions perdus la trace. Une véritable revue des troupes de la magie chez Marvel, à l'heure où tout semble perdu, face à une armée d'envahisseurs virtuellement indestructibles. 

Cet album contient les épisodes 6 à 10 de la dernière série régulière en date, où le héros doit composer aussi bien avec les conséquences des sorts jetés au fil des ans (la magie exige un prix à payer, dont il ignorait le "montant", et peu à peu la vérité se fait jour), mais aussi donc le grand conflit qui menace l'existence même de la magie chez Marvel. Chris Bachalo est toujours aussi inspiré dans sa manière de mettre en scène les planches, explosant les codes habituels, organisant l'anarchie et le merveilleux dans une débauche inventive qui confine par moments avec une (fausse, à notre avis) impression de brouillon. C'est fort original, clivant (si vous avez des goûts prononcés pour le photo réalisme et le dessin anatomique techniquement parfait , vous allez être décontenancés) mais si comme c'est notre cas vous n'attendez que ça, des artistes qui se lâchent et injectent de la folie visuelle à chaque planche, vous êtes devant le titre qu'il vous faut.
Panini insère entre l'épisode 6 et 7 Last Days of Magic, un numéro où plusieurs scénaristes et dessinateurs se donnent le relai, et approfondissent les conséquences du grand conflit qui explose. C'est assez truculent, notamment grâce à la présence de mystiques comme le Mahatma Fatalis, ou Alice Gulliver, femme flic de choc, qui ne renie pas l'usage de pouvoirs magiques, et du flingue traditionnel. 
Jason Aaron est donc en train de répondre de belle manière à celles et ceux qui considèrent que Marvel ne produit plus grand chose de bon ces temps derniers. Cette série reste inventive et dingue, suffisamment pour en faire une des lectures à recommander en cette fin d'hiver. Le Docteur Strange semble enfin avoir trouvé une voix, et sa voie. 







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