MARVEL DELUXE : X-MEN LE COMPLEXE DU MESSIE

Le contenu :
La race mutante est au plus mal, au bord de l'extinction. Depuis le serment magique prononcé par la Sorcière Rouge (No more mutants) à la fin de House of M, il ne reste plus qu'une poignée de mutants, moins de 200, là où auparavant ils étaient des millions. Isolés, menacés, ils s'en remettent à Scott Summers pour trouver un guide éclairé, et continuent de chercher désespérément une solution à cet épineux problème. Une mince lueur d'espoir se manifeste toutefois : la première naissance d'un enfant doté du chromosome X a été enregistré en Alaska. on pensait que cela ne se produirait plus, on s'était trompé. Tout de suite, c'est la foire d'empoigne pour savoir qui mettra les mains sur le nouveau né. Les X-Men sont bien sur de la partie, mais ils ne sont pas les seuls, puisque les Purifiers du révérend Stryker les ont devancé, et ont rasé par le feu le village tout entier. Il faut aussi compter sur l'alliance entre Exodus et Monsieur Sinistre, et un électron libre qui va avoir un rôle considérable à jouer dans le dénouement de la saga, et ce qui va suivre, le revenant Bishop, qui va s'aliéner au passage tous les anciens amis qu'il a pu se constituer lors de son passage chez les X-Men. Camp contre camp, l'univers des mutants (ce qu'il en reste) se divise et se déchire, entre ceux qui veulent perpétuer la race, en finir une bonne fois pour toutes, ou ceux qui veulent exploiter la situation à des fins personnelles. Violence, coups de théâtre, sentiment d'urgence permanent, monstres en liberté (le Prédateur X, une sorte de bête carnassière qui n'aime pas trop les mutants), le Complexe du Messie ne vous laisse pas un instant de répit pour souffler, et décide de l'avenir des X-Men : stop ou encore? 

Notre avis
Il s'agit là d'un grand événement mutant, qui concerne plusieurs séries, comme Uncanny X-Men, New X-Men, X-Men (pas encore Legacy) et X-Factor. Du coup, les scénaristes et les dessinateurs sont légions. En vrac, citons le grand Marc Silvestri et son trait ultra précis et léché, qui assure le show dans le numéro d'introduction. Le réalisme est à l'honneur avec Billy Tan, très appliqué, et à l'aise sur les titres mutants. Humberto Ramos apporte une touche différente, d'avantage héritée des cartoons et du manga surtout, qui peut décontenancer vu le reste des tonalités exprimées dans ce Deluxe. Cotés narrateurs, Brubaker, ou encore Mike Carey, sont parmi les cadors qui s'illustrent. Après pal mal de palabres et de passages à vide, Le complexe du Messie permit lors de sa sortie de donner un joli coup de fouet aux titres X, tant il s'y passe des choses, souvent déterminantes pour la suite. Un personnage de grande importance meurt, Layla Miller gagne en profondeur (Facteur X), la jeune et jolie Hope Summers fait ses premiers pas, Bishop devient l'ennemi public numéro un, et Scott Summers durcit notablement le ton. Retrouver l'intégrale de cette saga dans un seul et bien fourni album est presque indispensable pour tous les lecteurs qui souhaitent mettre dans leur bibliothèque les meilleurs tranches de vie de Cyclope et de siens.  Fortement recommandé.


LES INTEGRALES SPAWN CHEZ DELCOURT : On se laisse tenter (ou pas) ?

Au début des années 90, Todd McFarlane est une star des comics. Son style qui mêle allègrement grotesque et spectaculaire a déjà permis de relancer plusieurs séries chez Marvel, et tout particulièrement Hulk (dans sa version grise) et Spiderman. Avec le tisseur, l’artiste va encore plus loin : il crée de toutes pièces un nouveau titre déconnecté de la continuity dont il se charge d’écrire aussi le scénario. Les ventes explosent, bien que les thématiques abordées soient tout sauf révolutionnaires. Todd mise beaucoup sur les monstres, l’exagération anatomique et des planches riches en détails baroques, sombres et ultra dynamiques. Une propension à faire primer l’aspect visuel au détriment de l’histoire, que nous allons retrouver lorsque plusieurs grands noms de l’époque décident de fonder une nouvelle maison d’édition, où les personnages appartiendraient à leurs créateurs ; c’est le phénomène Image comics. MacFarlane en est, bien entendu, et il emporte avec lui une créature sortie tout droit des enfers, mais qui œuvre pourtant pour le bien : voici venir Spawn (le rejeton) alias Al Simmons, ancien marine chargé des opérations spéciales, une existence passée avec du sang sur les mains, jusqu’à ce qu’un sursaut de moralité entraîne son assassinat et une trahison au plus haut niveau de l’Etat. Al est si amoureux de Wanda, sa femme, qu’il pactise avec celui qu’il pense être le Diable en personne, pour retourner sur Terre, et la revoir. Mais comme tout le monde le sait, il ne faut jamais se fier au Démon, et de fait, il revient cinq ans plus tard sous les traits d’une créature putride recouverte d’un étrange costume vivant (Todd nous ressert le symbiote de Spiderman, Venom, à une autre sauce) et doté de pouvoirs extraordinaires, qui toutefois le consument à chaque fois qu’il y a recours. Quand à sa femme, elle s’est remariée entre temps, avec l’ancien meilleur ami de son premier mari, et elle a désormais une charmante petite fille, alors que Simmons était convaincue qu’elle était stérile ! Bref, dans le genre retour raté, il n’y a guère mieux. Spawn trouve refuge et réconfort auprès des clochards du quartier, qu’il défend contre une série de créatures absurdes et nauséabondes, la première d’entre elles étant le Violator, un autre monstre des enfers qui semble avoir un rôle à jouer dans la formation de rejeton infernal de Simmons. Notre nouveau héros doit aussi arrêter un violeur et tueur d’enfants, Billy Kincaid, et un cyborg loué par la mafia du nom d’Overt-Kill. De l’action en barres à chaque épisode, du sang qui gicle un peu partout, des tonalités obscures comme la nuit, voilà pour la recette de base du nouveau carton de l’année, chez Image.




Delcourt nous propose, à travers un cycle d’intégrales (splendides albums au demeurant) de revivre les premiers pas et l’évolution du personnage. Il ne faut pas être trop regardant pour apprécier pleinement Spawn, n’allez pas chercher une profondeur quelconque au scénario, ni une ambiance urbaine réaliste à la Miller. Il s’agit là d’une série qui mise avant tout sur l’efficacité, avec un discours déjà entendu mille fois auparavant, sur le grand combat entre les Enfers et le Paradis, sur l’Armaggedon céleste qui guette, et le rôle que les créatures recrutées par l’un et l’autre camp auront à jouer sur le champ d’honneur. Le monde de MacFarlane n’est pas joli joli : les êtres sont souvent exagérément gras, petits, maigres, à la limite de la caricature sur pieds. Son Spawn concède beaucoup à l’esthétique gothique, chaînes et tenue sombre de rigueur, il est d’emblée une créature romantique, otage d’un enjeu qui le dépasse, dupé par des forces supérieures qui en ont fait un simple jouet. Mais les quelques moments d’introspection sont surtout l’occasion de pleurer ou de nourrir le désir de se venger, Spawn n’approfondit guère son nouveau statut en dehors des perspectives qu’il lui ouvre pour assouvir son ressentiment. Dire que tout cela a assez mal vieilli n’est pas faux : nous nagions alors en pleine période «Image» où chaque détail anatomique, chaque case se devait d’être passée à la gonflette. Après les sixties/seventies et leur usage intempestifs de psychotropes (couleurs criardes et dessins aux Lsd) les nineties s’ouvrent sur un surprenant traitement aux hormones et aux anabolisants. On en met plein les yeux pour combler ce qui ne parvient pas forcément jusqu’au cerveau. C’est aussi l’époque où surgissent des personnages féminins particulièrement dévêtus et attirants (Witchblade) ou de jeunes donzelles influencées par les mangas qui transpirent l’érotisme (Gen 13) : Image n’a pas fait que du bien aux comics, et confirmé l’adage que dessinateur et scénariste sont deux rôles bien distincts que tout le monde ne peut franchir avec la même aisance. Paradoxalement, ce n’est qu’avec le temps, et le défilé des épisodes, que j’ai apprécié un peu plus la créature de McFarlane. J’ai eu du mal avec sa genèse, gore à souhait, truculente et sanguinolente, mais qui perd en crédibilité et en substance à chaque lecture. Inutile de préciser que Spawn a eu assez rapidement droit à son film (un four, au point que la suite annoncée a été remisé au rang de chimère) et à sa ligne d’action figure, qui sont elles plutôt réussies : d’ailleurs Todd a rénové les standards du genre avec une finition de toute beauté, qui lui a valu moult récompenses et gros billets verts. Spawn, ça déchire, ça hurle, ça montre les muscles, mais si vous y allez y voir de très près, vous verrez, c'est plus inoffensif que ça en a l'air. Une série à tester et aimer, comme alternative au grand barnum Marvel/Dc qui se partage l'essentiel du gâteau mainstream. 


COVER STORY (11) : IRON MAN / WAR MACHINE

Tony Stark a déjà eu une vie bien remplie. Il a affronté bien des épreuves, et en est toujours sorti grandi. Même la mort! Car oui, notre play-boy milliardaire des comics a déjà rendu l'âme, avant bien entendu une résurrection salvatrice pour Marvel. Ce petit miracle de la vie est du à Len Kaminski, auteur du story-arc intitulé War machine et qui est disponible en Vo dans un pavé éponyme regroupant une grosse dizaine d'épisodes de Iron Man, soit 320 pages ( numéros 280/291). A l'époque, le corps de Tony est rongé par un virus techno organique et pour le sauver, ses amis scientifiques décident de le cryogéniser. Personne n'est au courant, pas même son plus fidèle ami, Jim Rhodes, le black à tout faire, qui à l'époque était encore un des protagonistes absolus de la série. Ce dernier est nommé directeur de la multinationale Stark, et il endosse à nouveau l'armure du vengeur de fer, modifiée cependant : cette fois de couleur gris métallisé, truffée d'armes à feu particulièrement puissantes. Ce sera donc la nouvelle "War machine", la machine de guerre, qui succédera provisoirement à la classique armure sang et or. Mais Stark reviendra vite à la vie (un gros trimestre d'absence aux States, pas plus) encore que longuement handicapé et soumis à un traitement intensif de rééducation (durant lequel il finira bien sur par séduire sa kiné, cela va sans dire). Toute cette période de l'histoire de la série a finalement déjà beaucoup vieilli, surtout au regard de l'évolution actuelle du personnage. Toutefois cela reste un événement majeur pour les relations entre Starck et son laquais/best friend puisque de ce jour, plus rien ne pourra être comme avant. Ils vont se fâcher pendant plusieurs années. Kevin Hopgood crayonne le tout avec ses traits brouillons et parfois approximatifs, mais qui au final se laissent regarder, sans génie, certes. A conseiller aux fans nostalgiques d'Iron Man qui n'ont pas conservé soigneusement leurs Strange de l'époque. Amazon.fr, comme d'habitude, saura vous combler!








INVINCIBLE TOME 1 : AFFAIRES DE FAMILLE

Le contenu :
Mark Grayson est un adolescent qui n'a qu'une seule hâte : que ses super-pouvoirs se manifestent. Il faut dire que quand on a comme paternel le plus grand héros de la planète (Omni-Man), une sorte de Superman invincible, l'impatience est légitime. Un jour qu'il vide les poubelles au fast-food où il gagne son argent de poche, Mark comprend que ça y est, le voici entré dans l'âge adulte. Du coup, il va lui falloir se trouver un costume, et un nom de code, pour entamer dignement sa nouvelle carrière. Après une dispute dans les couloirs de l'école, et un sermon du proviseur, c'est justement l'adjectif Invincible qui est retenu. Dès ses premiers exploits, notre le jeune novice rencontre d'autres semblables, eux aussi dotés de dons exceptionnels, et qui forment un groupe, l'équipe J (avec notamment la belle Atom Eve). Les événements semblent aussi s'accélérer : des élèves du lycée sont enlevés, et transformés en bombes humaines prêtes à exploser dans de grands centres commerciaux. En parallèle, Mark et son père commencent à patrouiller ensemble, et la transmission du savoir de l'aîné devient une façon de renforcer les liens entre les deux surhommes. Kirkman place ses billes avec intelligence, et nous suivons sans conditions.




Notre avis:
Je n'avais jamais, jusque ici, évoqué cette série de Robert Kirkman, publiée en Vf chez Delcourt. Je tâche donc de réparer mon oubli, en vous incitant très fortement, si vous ne l'avez pas encore déjà fait, a vous pencher sur ce titre. On pourrait, au premier abord, pointer du doigt un manque de caractérisation et une tendance à aller très (trop) vite de l'avant, en gardant une vision sommaire de ce qu'est un vrai titre super-héroïque. Mais c'est justement ce qui fait le charme de Invincible : c'est frais, pétillant, clair, sans grande prétention philosophique si ce n'est de divertir sainement, avec un récit qui peu à peu devient bien plus malin que tout ce qu'on pouvait supposer au départ. Les dessins aussi ont les mêmes qualités et défauts. Cory Walker garde un trait ultra propre et mécanique, ne s'embarrasse pas de fioritures avec les fonds de case, mais il crée un univers graphique attachant, magnifié par des couleurs claires qui suintent la positivité. Son style évoque d'emblée celui de Mike Mignola, onomatopées comprises. Invincible est un titre qui peut séduire tous les types de public : les jeunes nouveaux qui cherchent un comic-book accessible et qui ne nécessite aucune connaissance particulière, ou le vieux lecteur ronchon qui souhaite lire autre chose que les aventures en spandex signées Dc ou Marvel. C'est tout un monde qui déboule dans ce tome 1, un univers à découvrir album après album, pour un succès qui ne s'est jamais démenti depuis. 







JUSTICE LEAGUE OF AMERICA #1 : LA REVIEW

Le nouveau titre consacré à la Justice League of America repose avant tout sur un duo d'auteur scintillant. Inutile de présenter le scénariste Geoff Johns, qui est le grand architecte de l'univers Dc depuis près d'une décennie, et transforme en or à peu près tout ce qu'il approche. Aux dessins, David Finch, avec son trait méticuleux et spectaculaire, est un des artistes les plus acclamés par les fans. Avec une telle doublette, la nouvelle équipe mise en place par les forces gouvernementales américaines, pour éventuellement contrer et maîtriser la Justice League et ses poids lourds, peut dormir sur ses deux oreilles. Les hautes sphères de l'Etat ont bien compris que la prolifération des êtres aux super-pouvoirs constitue une nouvelle menace à prendre au sérieux, au même titre que des armes surpuissantes et en libre circulation. Mieux vaut donc avoir sa propre équipe à disposition. A défaut de recruter les plus nobles, les plus forts, pourquoi ne pas associer les plus dangereux? Le colonel Trevor est réticent et rechigne à être de la partie, mais les arguments qu'on lui opposent semble être convaincant. C'est drôle, parce que la goutte qui fait déborder le vase et tiquer le gouvernement, c'est ces clichés volés de Superman et Wonder Woman en train de se rouler un patin. Comme si une love-story, avec une rupture possible, ou pire encore une progéniture, entre ces deux-là, était ce qui pouvait se produire de pire dans le monde. Du coup voilà une nouvelle formation qui va naître, et nous assistons un à un à l'entrée en scène des personnages du team, dont feront partie entre autres Catwoman (pour conter Batman qu'elle connaît très bien), Green Arrow (bien mal en point dès ce premier épisode), Speed, Katana, Martian Manhunter, Hawkman... Johns veut nous vendre là une JLA badass et qui cogne avant de poser les questions. C'est forcément efficace et rythmé, à défaut d'être très subtil dans les détails. Nous lisons une entrée en matière assez classique dans la forme et le fond, mais mise en image avec énergie et qui promet de belles grosses batailles rangées et de l'adrénaline chaque mois. Aucune chance que cela ne devienne le titre le plus subtil des New 52, mais pour ce qui est d'être une colossale machine à vendre et à faire des étincelles, il se pourrait bien que l'objectif soit vite atteint. 

Il existe une variant cover pour chacun des états américains. Seule la couleur du drapeau central de couverture change, selon l'emblème de l'état représenté. Vous saurez deviner quelle cover j'ai choisi pour cette review? 


MARVEL UNIVERSE 6 : THANOS

Le contenu:
Thanos est de retour chez Panini, avec de vieux épisodes datant de 2004, issus d'une on-going avortée. Le Titan se rend dans le système de l'Orée, afin de se faire transporter ensuite dans les prisons du Kyln, où sont détenus les plus grands criminels de l'univers, dans des conditions de sécurité qui ne leur laissent guère de chance d'en réchapper. Abandonné par son amante la Mort, qui lui reproche de n'avoir pas véritablement saisi ses aspirations et ses besoins profonds (dans ce qui est une des meilleures scènes de cette parution), et donc de ne pas connaître le sens premier du mot amour, Thanos est dans une phase de réflexion, et sa légendaire méchanceté semble être un tantinet tempérée. Au point même qu'on pourrait le croire en pleine reconversion, prêt à devenir un héros. Au Kyln, la situation est explosive, avec ou sans le grand vilain cosmique. La proximité de la mort amène certains détenus à un regain de foi, surtout qu'une certaine Créatrice, elle aussi en détention, n'en finit plus de faire des émules. Il semblerait en fait qu'il s'agisse d'une incarnation du Beyonder, sur la piste duquel se trouve Gladiator, le chef de la garde impériale Shi-Ar, mais aussi Star-Lord, bien malgré lui. Les deux derniers épisodes de l'album sont eux consacrés au face à face entre Thanos et le premier héraut de Galactus, Le déchu, qui est de retour et semble décidé à se venger de son créateur, lui même actuellement dans un état de faiblesse passager qui lui sera probablement fatal. Heureusement que Thanos est là pour lui sauver la mise. 

Notre avis :
A l'époque Panini n'avait pas jugé bon de proposer ces six épisodes en vf. L'excuse était que la qualité de ces derniers n'était pas déterminante, et que nous pouvions facilement faire l'impasse. Le fait est qu'ils avaient raison. Keith Giffen signe là ses premiers travaux "cosmiques" pour Marvel, avant que la longue saga Annihilation ne pointe le bout de son nez. On sent bien qu'il s'agit pour lui, avant tout, de palier au départ de Jim Starlin, qui a laissé la série Thanos en chantier après des désaccords avec les pontes de Marvel. Du coup, on sent comme un parfum de flottement, renforcé par la mauvaise idée, selon moi, d'atténuer le coté cruel de Thanos. Quand c'est Starlin qui s'y colle, avec son aisance et sa maîtrise métaphysique du personnage, ça peut passer et donner de belles choses. Ici Giffen force un peu les choses en attendant de trouver le ton juste, et il ne tape pas toujours dans le mille. Aux dessins, Ron Lim rend une copie présentable, surtout pour un comic-book grand public de ce type. Mais l'encrage d'Al Milgrom ne lui sied pas trop, et simplifie parfois trop des crayonnés plus ambitieux que le résultat final. Reste un numéro de Marvel Universe pas déplaisant, mais sans grand intérêt véritable, avec un Thanos loin d'être la menace solennelle que nous adorons, dans un rôle mineur à contre-emploi. Les fans hardcore achèteront, les autres peuvent s'en passer sans trop de regrets. 


NOVA #1 : LA REVIEW

Abnett et Lanning sont partis, un cycle se termine, un autre doit fatalement s'ouvrir. Embarquons donc tous ensemble avec le renouveau cosmique, et une nouvelle série régulière consacrée à Nova. Après les superbes couvertures et une jolie preview, on était en droit de s'attendre à un véritable feu d'artifice. Passé le sentiment d'inconfort (où sommes nous, et avec qui?) des toutes premières pages, ce premier numéro remplit sa mission avec aisance. Du vrai bon comic-book comme on le souhaitait, ne boudons pas notre plaisir. Au menu donc, un père et son fils, la famille Alexander (composée aussi de la mère, et de la petite soeur). Le paternel est un vrai loser, qui se contente d'une modeste place d'homme à toute faire (y compris nettoyer les toilettes) au lycée du coin (un vrai trou perdu au fonds de l'Amérique) que fréquente aussi Sam, le fiston. Jesse boit, et traîne une dépression latente qui n'en fait certainement pas le père idéal. Il a la tête truffée d'histoires à dormir debout, qu'il compte à ses enfants pour les endormir : autrefois, il sillonnait l'espace affilié au corps des Nova, pour secourir la galaxie en danger, en compagnie d'autres gardiens cosmiques et d'entités comme Gamora et Rocket Raccon. Un raton-laveur qui parle, dans l'espace. Inutile de préciser que la crédibilité de ses dires est sujette à caution, d'autant plus que trop toucher la bouteille n'arrange rien au problème. Avec la figure de Sam, petit gars paumé qui subit les errements familiaux et une certaine hostilité à l'école, Loeb présente un cadre de vie qui lorgne du coté des séries Ultimate (Spider-Man) et va forcément faire du jeune public un coeur de cible sensible. Mis comme c'est bien écrit, avec brio, et humour, les autres vont vite adhérer aussi. Il a aussi une botte secrète : les dessins de son compère, Ed McGuinness, qui de son trait explosif, truculent, parfois cartoony et toujours chargé de mouvement, rend une copie à la limite de l'extase, qui ravira les inconditionnels de son style. Nova est frais comme un Pepsi qui sort du frigo, et on entend les bulles qui crépitent à des centaines de mètres de distance. Potentiellement un hit, une série incontournable, il se termine, pour le grand début, par un cliffhanger qui nous promet de l'aventure, des étoiles plein les yeux, et une légende qui se perpétue. Nova, le titre qui vous donne la pêche en une vingtaine de pages, lisez-le!


SECRET AVENGERS #1 : LA REVIEW

Je suis comme vous, à chaque fois qu'un film produit par les studios Marvel, où mettant en scène un de ces héros aux costumes bariolés sort au cinéma, je me précipite en salle pour le voir. Il n'empêche : l'impact du cinéma sur nos comic-books de papier reste à mon sens globalement négatif. Avec Secret Avengers, qui redémarre au numéro 1 dans le cadre de l'opération Marvel Now!, j'ai encore de quoi pester. Tout d'abord le cast. On trouve dans cette "nouvelle équipe" le fils de Nick Fury, qui porte désormais le patronyme de son père. Introduit dans la continuity comme un cheveu sur la soupe, il n'est là que pour justifier la présence d'un Fury black et bandeau sur l'oeil sur grand écran, rien d'autre. L'agent Coulson, ensuite, qui est dans le nouveau titre celui qui est chargé de recruter les nouveaux membres du team. Je n'ai jamais compris pourquoi tant de fans tissent ses louanges : il s'agit d'un personnage passe-partout, assez lisse et superficiel, sans aucune aspérité ni potentiel réel à développer. Le voici implanté désormais dans nos lectures, sans que jamais sa présence ne soit absolument requise. 
Pour l'histoire, autrement? Une énième mission barbouze, en Hongrie ce coup-ci, pour stopper un trafiquant d'armes versé dans les arts occultes, et qui compte monnayer sa technique de téléportation aux terroristes d'Al Qaeda. C'est la raison pour laquelle le Shield a fait appel à Clint Barton et la Veuve Noire, qui sur le terrain vont faire équipe avec Nick Fury, le nouveau Nick, cinéma oblige. Nos héros ont reçu un implant particulier : des nano-particules qui effacent le souvenir de leur implication, en cas de déroute ou de gros pépin durant leur mission. Très efficace et prévoyant, car Hawkeye est salement touché à la poitrine, et subi l'interrogatoire musclé et douloureux de son geôlier, qui aimerait bien savoir ce qu'il fait là, et pourquoi. La Veuve pourra t-elle intervenir à temps et sauver son camarade? Je ne veux pas être méchant avec Nick Spencer, mais j'ai déjà lu ce genre de truc des dizaines de fois ces dernières années, alors je m'attends à plus d'originalité dans les prochains mois. Saluons tout de même le travail sérieux et appliqué d'un Luke Ross en grande forme, qui met le tout en images avec talent. Du coup Secret Avengers est loin d'être un mauvais titre, mais il n'entre juste pas dans mes cordes et dans mes attentes du moment. 


LES BREVES AVENTURES DU MINI SUPERMAN DE 1958

Grâce à nos amis de Comicbookressources.com, nous allons aujourd'hui faire la connaissance d'un des super-pouvoirs les plus surprenants, et pour ne pas dire absurde, que Superman aie jamais manifesté. Tout cela remonte à Superman 125, en 1958.
Jerry Coleman, Wayne Boring, et Stan Kaye écrivent cette histoire, où tout commence par un tremblement de Terre à Metropolis, que notre héros règle en vitesse, avant qu'il ne découvre un astronef...


Les pouvoirs de Superman semblent être affectés par l'explosion de l'aéronef, et mis à part son invulnérabilité, il n'y a plus grand chose qui fonctionne. Cela dit, des rayons lui sortent des mains, et ça, c'est nouveau!


Surprise! En fait, Superman devient capable de projeter une version miniature de lui même, qui elle détient tous ses pouvoirs originaux. Du coup, c'est le petit gars qui va devoir passer à l'action, pendant que l'original regarde...


Comble de l'histoire, Superman finit par se sentir inutile, voire même jaloux de la réplique miniature, qui fait tout le boulot, pendant que lui n'est plus capable de grand chose de bien.


Comment tout cela va t-il se terminer? Et bien c'est assez triste, mais notre grand héros ne va pas hésiter à sacrifier son petit compagnon en l'envoyant contre un boulet de kryptonite, à une mort certaine. Une manière comme une autre de se débarrasser d'un rival qui lui faisait de l'ombre? Après la mort de l'avatar, Superman retrouve ses pouvoirs, et son statut. Mais sa décision finale n'est pas jolie jolie. Jaloux!!!


MARVEL DELUXE : AVENGERS LA CROISADE DES ENFANTS

Le contenu :
Où est donc passée la Sorcière Rouge? La question est d'importance. Depuis que la belle Wanda a connu une dépression des plus turbulentes, et a annulé les pouvoirs de 99% de la population mutante, plus personne n'est capable de dire où elle se terre. Les recherches se poursuivent mollement, et il faut attendre l'implication d'un groupe de jeune héros, les Young Avengers, pour enfin faire avancer les choses. Ce n'est pas un hasard si ce sont ces derniers qui se bougent les fesses. En leur sein évoluent deux membres particuliers, Wiccan et Speed, que tous considèrent comme les fils de la Sorcière (ces deux jumeaux qu'elle avaient dans les années 80, et qui disparurent par la suite, entraînant la mère dans les affres de la dépression). Les véritables Vengeurs, les aînés, sont plutôt préoccupés par les plans de ces gamins, et souhaitent pouvoir contrôler leurs ambitions, mais peine perdue, la jeunesse est audacieuse et irrespectueuse, d'autant plus qu'elle reçoit l'aide impromptue de Magneto, qui est aussi le père de Wanda (il vaut mieux connaître la généalogie Marvel, parfois). Les recherches vont aboutir du coté de la Latvérie, un état fictif de l'Europe de l'Est, où règne d'une main de fer un certain Fatalis. Mais que ferait donc notre Scarlet Witch chez l'ennemi préféré des Fantastiques? En réalité, cette "croisade des enfants" devient vite un exercice de style intéressant même si un peu forcé : résumer toute la carrière de la Sorcière, ses coups d'éclat et ses manquements (ses enfants, son mariage avec la Vision, ses faiblesses psychologiques, ses pouvoirs démentiels) pour enfin apporter une conclusion cohérente et en phase avec la continuity Marvel, qui faisait défaut depuis la fin de House of M et la privation des mutants de leurs dons génétiques. Ce n'est pas une sinécure, croyez-moi!

Notre avis :
The Children's Crusade est une mini série en 9 parties, publiée en 2011, et qui a subi quelques retards dans sa parution régulière. Tant bien que mal, le duo Heinberg / Cheung est parvenu à livrer un final crédible, rehaussé par les dessins clairs et fort agréables du second cité. Sa version de Wanda Maximoff est aussi sexy que délicate, et les fonds de case, les décors, les costumes des héros, tout est dépeint avec une minutie fort appréciable pour ce type de production finalement mainstream. Le destin réservé à la Sorcière Rouge, et l'entrée en scène de Fatalis, sont toutefois discutables. Même si l'ensemble est assez finement expliqué et résulte crédible au final, il est clair que le public aurait préféré un retour sur le devant de la scène différent pour celle qui a privé les mutants de leurs pouvoirs. De même, les Young Avengers, dans la dynamique des faits, se résument souvent à la portion congrue, à savoir les deux frères Wiccan et Speed, et également Hulkling, le "petit ami" du premier cité. Une relation drôle et bien écrite, probablement aussi parce que le scénariste est homo-sexuel et fier de l'être, et milite pour cette cause au grand jour et avec intelligence. Cette Croisade est de récente publication en kiosque, chez Panini, et c'est assez surprenant de la retrouver aussi vite dans le format Deluxe, mais ne boudons pas notre plaisir, car c'est incontestablement, en dépit des défauts déjà abordés, une lecture vivifiante et agréable, qui contribuera à apposer un point final à des années d'intrigues et de fausses pistes. Wanda Maximoff ne pouvait rester plus longtemps dans le cône d'ombre de l'univers Marvel : elle est bien trop belle pour cela.


UNCANNY X-MEN #1 : LA REVIEW

Scott Summers est toujours à la tête des X-Men, mais ce qui reste de "ses" X-Men est bien différent de ce à quoi nous sommes habitués. Il en reste quoi, alors? Un groupe de terroristes, ou de révolutionnaires? Des alliés fidèles et aussi motivés que leur leader (Magik, Emma Frost, Magneto, de jeunes pousses fraîchement recrutés, comme un guérisseur ou une mutante capable de créer des bulles d'espace-temps) mais aussi un traître, qui n'hésite pas à contacter Maria Hill, pour livrer certains petits secrets qui devraient permettre de mettre Cyclope hors d'état de nuire, assez rapidement. Pour l'identité du mouchard, vous êtes priés d'attendre la fin de l'épisode, que je vous recommande de lire. Pour le reste, c'est efficace, rythmé, basé sur la confession de cette "balance", et met en scène une autres des interventions des X-Men survivants, pour délivrer un nouveau mutant de la vindicte populaire, après qu'il aie eu bien du mal à maîtriser la première apparition de ses pouvoirs. Scott Summers enrôle les siens, au fur et à mesure qu'ils découvrent leurs dons naissant. Nous revenons là en arrière, à ce qui faisait la base même du travail du Professeur Xavier, notamment lorsqu'il recruta les Nouveaux X-Men, avant de les jeter dans la mêlée, sur l'île de Krakoa. C'est le contexte qui a fort changé, entre paranoia et révolte civile. L'homme de la rue, curieusement, a aussi peur des X-Men qu'il a envie de soutenir Cyclope dans sa rébellion contre l'autorité établie. On devrait en voir de belles, car Bendis semble avoir bel et bien envie d'introduire la politique et la désobéissance civile au menu de son nouveau titre. C'est Chris Bachalo qui le dessine, en grande forme. A condition bien sur que vous ne soyez pas allergique à son style si particulier, à sa découpe des planches hiératique, sur fond blanc. Il faudra aussi passer outre sur les costumes de Summers et des siens, qui sont vraiment horribles. Scott est affublé d'un uniforme très très moche, et son nouveau casque/cagoule est proprement répugnant. Dommage car derrière ces défauts visuels se cache une série potentiellement explosive et ultra intéressante. A suivre de (très) près bien entendu. 




ORSON SCOTT CARD PEUT-IL ECRIRE SUPERMAN?

La nouvelle n'a pas fait plaisir à tout le monde. Essayons de comprendre pourquoi. Depuis plusieurs jours, nous savons que Orson Scott Card va écrire la nouvelle série anthologique dédiée à l'homme d'acier (Adventures of Superman), sous le format digital. Les fans ont réagi de suite : Card est un homophobe convaincu puisqu'il milite dans la National Organization of Marriage, qui s'occupe de lutter contre le mariage entre personnes de même sexe, et qu'il a souvent tenu des propos diffamatoires où il associait homosexualité, viol, et pédophilie, dans le plus pur obscurantisme.
C'est le site Comicbookressource qui a souligné le fait en affirmant que les croyances d'un auteur ne devraient pas avoir d'impact sur son travail et son accueil, mais que Superman a une caractéristique bien particulière, la compassion pour tous les êtres humains, qui le pousse à les défendre et les protéger, sans exception. Ce n'est pas une remarque politique, mais une vérité qui transcende toute politique. 
CBR met donc en doute la faculté de Card de se mettre en empathie avec le personnage, et de l'écrire autrement que de manière trop rigide et maladroite.
De nombreux lecteurs abondent dans ce sens, et des pétitions ont commencé à poindre le bout du nez sur Internet. Toutefois Marvel a déjà collaboré avec Orson Scott Card,  à commencer par Ultimate Iron-Man, en 2008. Et rien à l'époque, malgré déjà alors une certaine hostilité à son encontre, n'avait filtré à travers ses productions pour la maison des idées, si ce n'est probablement une qualité discutable, ce qui est un autre problème. 
Bon, Clark Kent n'épousera pas Jimmy Olsen, et Lois Lane n'aura pas de relation saphique avec Wonder Woman, tout cela vous l'aurez quand même compris...


COVER STORY (11) : THE PUNISHER A MAN NAMED FRANK

Le Punisher n'a pas toujours eu la cote de par chez nous. Pendant de longues années, le personnage n'a pas fait recette en France. Semic a bien tenté de nous offrir les aventures de Frank Castle sous forme de petits albums bimensuels (les Versions Intégrales) mais le projet à tourné au vinaigre dès le numéro six. Du coup, la première grande vague du Punisher, qui déferla sur les States au point que jusqu'à trois titres réguliers lui furent consacrés, passa totalement inaperçue de l'autre coté de l'Atlantique. En conséquence, vous pouvez bien comprendre que la pléthore de numéros spéciaux consacrés à Castle sont souvent ignorés, délaissés. C'est le cas de cette belle histoire de type "western" signée Dixon (le grand scénariste du Punisher, à l'époque -1994) et John Buscema lui même, aux dessins. L'action est située à la frontière mexicano-américaine, en 1910. Le Punisseur de l'époque est un paysan, ancien militaire (il a connu Roosevelt) qui voit sa famille abattue sous ses yeux par d'infâmes renégats. Lui même est laissé pour mort, mais sa motivation est intense, son souhait devient obsession : survivre pour retrouver les malfrats, et les faire payer à jamais de la plus cruelle des façons. Bref, tout change mais rien ne change. Dans sa quête de vengeance, il va se faire employer comme gardien de troupeaux chez MacCaulley, un riche propriétaire sans scrupules, pour le compte duquel il va descendre du voleur de bétail à tour de bras. Avant de retrouver la trace de ceux qu'il traque depuis des mois, et de pouvoir enfin mettre en pratique ses projets. Comme vous le constatez, la ligne directrice est la même qui a conduit à la naissance de "notre" punisher, mais la différence est que toute la genèse et les premiers exploits du redresseur de torts sont ici condensés en une grosse quarantaine de planches, magnifiées par le trait épuré d'un Buscema en pleine forme (son Castle ressemble par moments bien fort à Chabal, le grizzly marketing du rugby français, reconverti en chroniqueur poussif pour Rmc) et lorgnant du coté d'un "Bon, la brute et le truand" ou d'un vieux western spaghetti. Si vous avez du Morricone dans votre discothèque, vous pouvez le ressortir et vous le repassez en boucle pendant votre lecture. Disponible pour une grosse douzaine de dollars, port compris, sur Amazon. Cherchez aussi sur Ebay, cela va de soi.


DES SUPERMEN POUR LA 400 ° DE SUPERMAN (1984)

Etant cette semaine en déplacement à l'étranger, je n'ai pas forcément le temps de vous concocter des articles très fournis, mais toutefois, je voudrais vous ramener à 1984, sur les pages du numéro 400 de la revue Superman. Outre le coté festif et "anniversaire" de cette parution, on y trouvait également de jolies illustrations inédites de grands auteurs des comic-books, que je vous présente donc ci-dessous :





La première version est celle de Bernie Wrightson. Un Superman de face, dissimulé derrière un mur de briques, prêt à frapper. L'autre, cela va sans dire, est de Jack Kirby, encré par Terry Austin. Avec tout le dynamisme propre au grand artiste disparu.



Moment classique dans la légende de Superman : le changement de costume. C'est Brian Bolland qui nous montre Clark Kent en phase de transformation. A coté, John Byrne, l'artisan du relaunch de Superman après Crisis on Infinite Earth. Simple, mais toujours très efficace.
Votre version préférée? 


GREEN ARROW #17 : LA REVIEW

Si globalement le reboot de l'univers Dc, avec les New 52, a produit de bien belles surprises et a su convaincre les lecteurs, il reste certaines séries qui sont des échecs artistiques patents. C'est le cas de Green Arrow, qui n'a pas su trouver le ton juste, et ce malgré l'arrivée d'Ann Nocenti en renfort, au scénario. Il aura donc fallu attendre le numéro 17 pour que le titre redevienne lisible, voire passionnant. Certes, Dc n'a pas eu trop de mal pour résoudre le problème : il suffisait d'appeler un des plus grands génies de notre ère, Jeff Lemire, et le tour est joué. En une vingtaine de pages, le canadien introduit toute l'adrénaline et le mystère qui a fait défaut cette dernière année et demie. Oliver Queen a tout perdu, sa compagnie a été victime d'un rachat sauvage, et son mentor, l'ancien meilleur ami de son père décédé, est froidement abattu d'une flèche dans le dos, tiré à un building de distance, au moment précis où il s'apprêtait à faire au jeune homme d'importantes révélations sur son destin. Inutile de préciser qu'un tel modus operandi démontre que l'assassin n'ignore rien de la double identité de Queen junior, et qu'un duel d'archer s'amorce, sans concession. D'autant plus que les amis d'Olliver, son projet personnel (Q-Core), tout part en fumée dans une explosion dantesque, laissant Green Arrow plus seul que jamais, face à un adversaire dont il ignore tout. Nous autres lecteurs, nous ne tardons pas à voir débarquer Komodo, dont l'habileté et l'entraînement à l'arc semble surpasser celles de notre héros, au point de lui passer une rouste qu'il n'est pas près d'oublier.
Aux dessins, Andrea Sorrentino semble le complément idéal pour les intentions de Lemire. Ombres folles, silhouettes tailladées, mise en pages faussement cahotique avec insistance sur les détails de l'action, par le biais de cases plus petites, le travail de l'artiste est expressionniste et vivifiant. Du coup, avec tous les secrets qui s'amoncellent et la nouvelle vie d'un Green Arrow fauché et le jouet de machinations inspirées de son trouble passé, on se dit qu'on va en voir de belles en 2013. Jeff Lemire, je vous dis : si ça ne vous suffit pas...

SPIDER-MAN HORS SERIE 1 : SPIDER-MEN

Le contenu :
En dépit des promesses initiales, vint le jour où l'univers Marvel classique (Terre 616) rencontra celui des héros à la sauce Ultimate. Pour notre plus grand plaisir, admettons-le, tant la surprise est plaisante. D'un coté, Peter Parker, super-héros aux 50 ans de carrière, que l'on ne présente plus. De l'autre, Miles Morales, adolescent d'origine latino, qui a pris la succession depuis la mort de son aîné. Tout commence à cause de Mysterio, qui a installé ses appareils et sa machinerie dans un building de New-York, pour se livrer à des expériences pas très catholiques sur les mondes parallèles. Spidey est de passage, et il va par inadvertance passer au travers du portail, et se retrouver propulsé dans un univers qui ne ressemble pas vraiment au sien. Avec des similitudes, mais aussi tellement de points divergents. Là-bas, tout le monde a fini par connaître la double identité de Peter, qui est mort en héros. Gwen Stacy est toujours vivante, par contre... Les deux versions différentes du Tisseur se retrouvent face à face, et vont devoir apprendre à se faire confiance, à accepter l'existence d'un double, avec les bons et aussi les mauvais cotés. La mini série comporte en tout cinq parties, et une suite a été annoncé dans les jours derniers, qui répondra aux questions soulevées par les dernières pages de cette très bonne aventure, qui pourrait bien apporter, à long terme, de belles choses dans l'univers de Spider-Man. Ou Men, c'est au choix.

Notre avis :
La pression des lecteurs, ça peut fonctionner! Au départ Panini prévoyait de saucissonner cette petite saga en cinq numéros, dans deux mini revues différentes. Mais devant l'émoi populaire, une sage décision a été prise, la plus évidente : opter pour un simple et unique hors-série. Vous n'allez pas regretter l'achat, car Spider-Men est l'exemple parfait de ce que devrait offrir un bon comic-book mainstream (pas d'exigence formelle et artistique démesurée hormis un plaisir à la lecture immédiat) aujourd'hui. Bendis est en pleine forme, et ses dialogues sonnent justes, naturels, coulent de source, et font la part belle à l'humour. Sara Pichelli, la dessinatrice italienne, livre son meilleur travail à ce jour. D'une clarté et d'une lisibilité exemplaires, ses planches sont un régal pour les yeux, et gardent l'humilité des artistes qui se mettent au service de l'histoire, plutôt que le contraire. Il n'y a pas de temps morts dans cette aventure, où vous pourrez découvrir comment Peter et Miles vont apprendre à se connaître, comment Peter va réagir face à sa Ultimate Tante May et surtout, face à Gwen Stacy, et les rapports qui vont le lier au Shield local, à Nick Fury et Tony Stark en particulier. Réjouissant car rondement mené, cette parution est mon petit coup de coeur arachnéen de ce début de l'année, bien au dessus d'un Fins du Monde ou même de Spider-Island, si vous voulez mon avis.


Une édition collector est disponible pour le circuit librairie, pour un peu moins de dix euros. 

BLACKEST NIGHT CHEZ URBAN COMICS : Ce qu'il faut savoir avant de lire

Grande nouvelle pour les amateurs de récits cosmiques : Blackest Night arrive enfin en librairie, chez Urban Comics. Le premier tome sort ce mois-ci. L'occasion pour nous de vous rappeler ce dont il s'agit, dans les grandes lignes. On embarque!


Il y a de cela des billions d'années, les Gardiens de l'univers, qui ont leur résidence d'été sur la planète Oa, ont crée une sorte de police intergalactique censée veiller sur l'univers tout entier, le corps des "Green Lanterns".
Ces derniers ont été recruté sur un critère crucial : leur capacité à surmonter la peur, sous toutes ses formes, et ont été doté d'un anneau vert capable de matérialiser le fruit de leur imagination sous forme de construction solides produites par les anneaux sus nommés.
Un terrien a reçu un de ses anneaux, il s'agit de Hal Jordan. Par la suite, il y en aura d'autres. Citons donc également Kyle Rayner, Gary Gardner, ou encore James Stewart. Ce sont eux qui veillent sur le secteur 2814 (celui qui inclus la Terre). Hal a été investi par un des plus grands représentants du Corps, un certain Abin Sur, qui s'était échoué sur notre planète pour y mourir. Avant de trépasser, il a eu toutefois le temps de transmettre son héritage à son successeur.
Sinestro (de la planète Korugar) était peut être le plus aguerri des Green Lanterns, et il reçu l'ordre de devenir l'instructeur de Hal Jordan, de lui inculquer son savoir. Les deux devinrent de bons amis, mais cela ne dura pas. Le maître avait en effet des tendances despotiques et il régnait en dictateur sur son monde d'origine. Il a été banni du Corps pour ces mauvaises habitudes, et sa vengeance fut terrible. Apprenant le secret de la lumière jaune (la seule couleur sur laquelle les anneaux verts n'ont pas de prise) qui permet de canaliser la peur et d'en faire une arme, Sinestro déclara la guerre à l' univers avec une horde composée des pires criminels de milliers de mondes, et organisa un véritable massacre.
Les Lanternes vertes finirent pas juguler cette menace, mais ils durent payer un très lourd tribut et les Gardiens de la Planète Oa furent contraints de modifier une des règles de base du grand livre sacré qui règlent les activités des Green Lanterns : désormais ceux ci sont habilités à employer la force létale lorsque la situation le requiert.


L'amplitude de la récente bataille et ses derniers échos risquent de mettre en grand péril le cosmos tout entier. Le spectre émotionnel (qui est comme la grande tapisserie sur laquelle repose toute la partition de la vie, cette symphonie cahotique et tragique) est à nouveau scindé en sept factions actives et parfois antagonistes : Les Green lanterns, le Corps de Sinestro (jaune, qui se repaît de la peur), Larfleeze et la lumière orange de l'avarice (une faction à lui seul), les Red Lanterns d'Atrocitus qui se nourrissent de la rage, Les Zamarons avec à leut tête "Star Saphire", qui n'est autre que l'ancienne petite amie de Hal Jordan, le Blue lanterns Corps qui est dépositaire de l'espoir, et enfin la mystérieuse tribu Indigo dont on ne sait pas grand chose. Alors que la bataille de la lumière éclate entre toutes ces factions, les ténèbres descendent lentement sur la création. C'est ainsi qu'autour du corps de l'anti monitor (un des grands vilains cosmiques de l'univers Dc, censé avoir péri durant la saga Infinite Crisis), sur la planète Ryut, une énorme lanterne noire commence à se former. Le premier héraut de la couleur noire, couleur définitive censée amener la création à l'oubli et à la mort universels, est Black Hand (Main noire, un des ennemis historiques de Hal Jordan). Il est ressuscité pour faire triompher sa faction. Partout dans l'univers, des anneaux noirs partent à la recherche de dépositaires pour faire triompher la nuit la plus sombre. Les heureux élus seront des héros morts au combat, des êtres ayant eus un rapport émotionnel fort avec toutes ces créatures ayant oeuvré pour le bien. Amis, ennemis, familles, tous les héros de l'univers Dc vont voir se dresser une armée de zombies tout puissants, armés d'un anneau fantastique. C'est le début de la fin. La fin de tout.


Vous voilà normalement armés pour affronter ce premier volume, et comprendre l'essentiel. Nous reviendrons, d'ici la fin du mois, sur Blackest Night et ce qui s'y passe plus en détail notamment dans ce tome 1. D'ici là à bientôt!

LA GUERRE DE L'INFINI (Infinity War) EN BEST-OF MARVEL

Voici qu'en ce mois de février, Panini propose, dans la collection Best-Of, ce petit classique de Jim Starlin, suite logique de Infinity Gauntlet, qu'est Infinity War. C'est la guerre dans l'univers, que de (bons) souvenirs, les amis!

Adam Warlock est certes parvenu à vaincre Thanos, à la fin de Infinity Gauntlet, mais cela n'a pas été sans conséquences. Il a du, par exemple, endosser brièvement le manteau de la toute puissance, et on ne sort pas indemne d'une telle expérience. Adam avait tenté d'expulser le bien et le mal de sa psyché, pour mener à terme sa mission, et ces deux conceptions vont lui causer du fil à retordre. A commencer par la partie mauvaise de son être, incarnée par le Mage, un des personnages légendaires qui ont émaillé les sagas cosmiques des seventies publiées sur des Masterworks encore inédits en France, et chroniqués sur notre site. Le Mage est mégalo, sans pitié, arrogant et agressif. Lui aussi veut mettre la main sur la création, et pour ce faire, il ne peut compter sur les gemmes du pouvoir, dont l'harmonie a été rendue caduque par une décision du Tribunal Vivant, à la fin du Défi de Thanos. Sa force de frappe dérive donc d'une autre source, plusieurs cubes cosmiques retrouvés à travers le cosmos et les dimensions, qui lui permettent notamment de lever toute une armée de doppelgangers, c'est à dire de doubles démoniaques des héros Marvel. Des versions monstrueuses et vouées au mal de Spidey, des X-Men, d'Iron Man, qui cherchent à se débarrasser des originaux, pour prendre leur place, et faciliter le masterplan du Mage. Mémorable la grande scène des retrouvailles entre superslips, au sommet du 4 Freedom Plaza, quand la vérité explose littéralement aux yeux de tous. Il va falloir que nos héros s'unissent pour contrer les machinations de leur nouveau grand ennemi, et parmi les forces du bien, pour une fois, il faudra compter avec Thanos, le grand repenti de la saga précédente de Starlin.


Thanos est une figure ambiguë, et Starlin avait à l'époque décidé que l'heure était venue d'en mettre à jour toutes les incohérences, les oppositions, les états d'âme. Personnage culte chez nombre de lecteurs, il assume ici un rôle inédit de leader, tout en conservant une part obscure suffisamment présente pour que personne ne puisse (à raison) lui faire confiance. Starlin s'amuse comme un fou à mettre en scène l'ensemble de l'univers Marvel, à présenter des combats homériques entre forces du bien, et du mal, et à retourner régulièrement les forces des équilibres en présence. Jusqu'à bien entendu réactiver momentanément les pouvoirs des gemmes de l'infini, qui auront à l'époque été source de bien des ennuis, mais aussi de bien du plaisir pour le fan de comic-books. Aux dessins, Ron Lim finit par contre par devenir lassant. Lui qui avait fourni de bien belles planches sur Silver Surfer, et en relevant Georges Perez sur le saga précédente, semble là moins concerné, et a tendance à bâcler son travail, en négligeant les fonds de case, et en esquissant à peine certains visages qui deviennent inexpressifs, lors des réunions de groupe. On lui a demandé de travailler vite et bien pour fournir à temps six volets de quarante pages chacun, et il fait ce qu'il peut, c'est à dire qu'il se débrouille dans l'a peu près, mal aidé par un encreur qui ne lui convient guère (Milgrom). Comparé à Infinity Gauntlet, Infinity War est moins épique, moins dramatique, mais garde cette saveur des souvenirs propres au début des nineties, et met en scène une incroyable variété de personnages, en proie à une situation dramatique, avec une touche so cosmic que nous assure le maître Jim. Jamais republiée sous forme d'album indépendant par Panini, la saga revient aujourd'hui avec un best-of qui fait figure d'indispensable de l'hiver. Pour la première parution VF, vous pouvez toujours récupérer les trois fascicules proposés à l'époque par Semic, qui existent aussi sous la forme d'un de ces "albums reliés" qui ont marqué notre adolescence. Sur les sites aux enchères, ou les forums spécialisés, vous devriez vous les procurer pour une grosse dizaine d'euros, au maximum. Pour le double, vous aurez ce bel album librairie de chez Panini, faites votre choix!


LES VARIANT COVERS BRIGHTEST DAY... EN ATTENDANT LA PUBLICATION CHEZ URBAN COMICS...

Normalement, c'est cette année (au printemps?) que Urban Comics devrait commencer à proposer au public français la longue et belle saga Brightest Day, qui vient clore tout un pan de l'histoire Dc, avant Flashpoint, le dernier acte. Ce qui me ramène en 2010, année où les variant covers consacrées au White Lanterns furent une des plus belles surprises graphiques du moment. Avec en inspiration une partie de la Chapelle Sixtine, le résultat fut des plus admirables. 


Ryan Sook, Fernando Pasarin, et Joel Gomez se sont véritablement surpassés. Sur ce diptyque à la pose royale, Hawkgirl et Hawkman n'ont jamais semblé aussi noble et imposants, jusque dans les détails du trône et des plumes. Du bel ouvrage.


Voici le poster que forment les couvertures une fois agencées entre elles. L'intention est de les fixer sur un plafond, une voûte, et de pouvoir les admirer vues du sol. Ce n'est pas la Chapelle Sixtine, non, mais on pourrait bien l'appeler la Chapelle Dc, ce serait aussi valable.


De gauche à droite, le Martian Manhunter, Hawkgirl et Hawkman, Firestorm et Hawk.


D'autres personnages, avec dans l'ordre, Maxwell Lord, Osiris, Reverse Flash, Jade et Captain Boomerang.



N'oublions pas non plus Deadman, et Aquaman. Pour information, ou vous remémorez le pourquoi du comment, soulignons que ce sont tous des personnages censés être morts, et que la Lanterne Blanche reporte parmi les vivants. De toutes manières, même sans cet artifice narratif, avec Flashpoint et les New 52, gageons qu'ils seraient revenus à la vie tout de même. C'est ça aussi la magie des comic-books...


CHASM : LE FARDEAU DE KAINE (UN FARDEAU POUR LES LECTEURS)

 En mars 2024, Marvel a publié un gros fascicule intitulé Web of Spider-Man , censé donner un aperçu de quelques unes des trames sur le poin...