PUNISHER (Max Vol.15) : LES FILLES EN ROBES BLANCHES

Garth Ennis est donc définitivement parti, la page est tournée. Et du reste, l’humour à froid, le glauque trash et absurde, qui réjouissait tant les lecteurs de la série Max du Punisher, sont déjà quasiment absents de ce volume 15 édité par Panini. Qui bénéficie toutefois d’un traitement graphique réussi, et des ambiances noires, des dessins crépusculaires d’un Laurence Campbell minimaliste et pourtant si expressif, avec aussi peu de gestes et d’épate : bref, un tour de force apprécié et appréciable. Pour le reste, Castle prend ses valises et met le cap sur le Mexique. Non pas pour participer à la foire aux tapas, mais pour s’occuper d’une sordide histoire d’enlèvements. Un village tout entier est en proie à la panique : les jeunes femmes disparaissent une à une, et lorsqu’elles refont surface, c’est atrocement mutilée, et recousue à la hâte (sans les poumons et les yeux). Prostitution, secte satanique, serial killer ? Toutes les hypothèses sont valables, et le dernier recours des mexicains désemparés est de faire appel à notre justicier implacable, qui traverse une phase d’introspection morbide, comme il ne cesse de le répéter : le trentième anniversaire du jour où sa propre famille a été abattu. Notons au passage qu’il n’a pas pris –ou presque- une ride, et que la croisade contre le crime, ça préserve bien son homme. Toujours aussi froid, impassible, Castle prend ses marques avec distance, emploie d’emblée la bonne vieille méthode qui oscille entre torture et exécution expéditive, et, n’en déplaise aux chastes âmes qui lisent ces quelques lignes, se fait tailler une pipe par une habitante du coin, à sa première nuit d’hôtel. Pas très excitant quand on sait qu’en guise de reflet de la scène, ce sont ses enfants morts qu’il aperçoit dans le miroir de la chambre. Obsédé, notre Frank ?

Notons tout de même qu’au fil des pages, le scénariste Gregg Hurwitz finit par se lâcher un peu : le voici aux commandes du Punisher, tout de même ! On retrouve de ci de là l’héritage d’Ennis (un mafieux qui se fait bouffer par son requin d’aquarium) et une touche d’irrévérence glacée à ne pas mettre entre toutes les mains, mais de manière plus réaliste, plus noire, sans ces bouffée délirantes et quasi parodiques qui ont fait le succès du personnage ces dernières années. Il s’en sort tout de même avec les honneurs, étant donné la lourde tâche qui lui incombait ! Campbell saupoudre ses planches de traits esquissés à la suie, les corps se meuvent dans l’ombre et assument la consistance du charbon, et la scène s’éclaire soudainement d’un rouge expressionniste pour une case choc, un acte de violence froid et raisonné, qui vient rappeler les idéaux de Castle, et son monde sordide, où la lumière ne peut qu’aveugler, jamais réchauffer. On aurait pu penser que ces enlèvements de jeune fille finiraient par aboutir à une terrible histoire de prostitution mais il n’en est rien : hormis quelques pulsions et esquisses de viol par instant, ce volume 15 reste finalement assez sobre sur ce point. Il préfère placer la mise sur l’exploitation d’un des ennemis classiques du Punisher, El Ponte en espagnol, c'est-à-dire le Puzzle vivant, Jigsaw, déjà présent dans le dernier numéro de Marvel Saga. La bonne nouvelle de cet album Max, c’est que sans avoir une aventure révolutionnaire entre les mains, on n’a pas l’impression non plus d’avoir été floué. Un très bon point avant d’aborder ces prochains mois la décapitation de Frank Castle et son retour sous forme d’un zombie cyborg, qui devrait atteindre 9 sur l’échelle Richter du ridicule.

En kiosque : SPIDER-MAN 120

Tout vient à point à qui sait attendre. Toutefois, l’attente peut être exagérément longue, et la surprise décevante, ou tout du moins pas raccord avec l’impatience générée par la patience requise. La première saison de Spiderman post « on efface tout et on recommence » s’achève donc sous la plume de Marc Guggenheim, et laisse une sensation douce-amère, l’impression que si le titre a su d’extrême justesse éviter l’écueil du ridicule total (ce qu’il n’a pas toujours fait ces mois derniers), il est loin d’avoir aujourd’hui un potentiel tel qu’on en reparlera encore dans une décennie. Mais passons au grand final. Si une longue succession de story-arcs et d’artistes ont marqués les aventures de Spidey cette dernière année, les grands mystères qui rebondissaient d’un chapitre à l’autre étaient substantiellement deux : l’identité de Menace, le nouveau grand vilain attaché aux basques de notre tisseur, et le tueur aux traceurs, celui qui laisse sur ses victimes mortes ces petites araignées espions, qui font que l’Araignée est bien vite accusée d’être un serial-killer. Dans le premier cas, les lecteurs attentifs (certaines scènes comme le baiser inattendu entre la fiancée de Norman et Peter…) auront déjà devinés qui se cache derrière le masque du cinglé au planeur. Ou devrais-je dire cinglée ? Je tairai le nom de cette personne, pour ne pas totalement ruiner la surprise de ceux qui n’ont rien compris, mais bon, c’est évident, non ? Le hic, c’est qu’on avait déjà pas mal de bouffons verts, du père au fils, en passant par le bouffon gentil (le neveu Urich). Sans oublier le Super Bouffon, le Demogoblin maléfique… Alors au moment d’introduire un nouveau grand ennemi dans le cast de Spiderman, la venue du cinquantième bouffon avec planeur assorti est-elle si formidable et révolutionnaire ? Et bien non, ça sent le réchauffé, plus ça change plus c’est pareil. Quand aux traceurs sur les corps de cadavres, dans les rues de New-York… et bien voilà un rebondissement surprenant : que peut donc bien faire un sachet plein de ces traceurs sous le lit d’un policier sans reproches, comme par hasard colocataire de notre pauvre Peter Parker ? Oui oui vous avez compris, la police n’est pas toujours à l’abri de bien mauvaises décisions… Barry Kitson s’applique aux dessins, sans fioritures ni gros défauts, le tout est assez lisse et se laisse voir agréablement. Surtout quand Harry décide de reprendre le planeur en main… qui sait où cela va le mener…

N’oublions pas aussi un petit épisode entièrement centré sur l’Anti Venom, de Dan Slott et Chris Bachalo. Ce dernier n’est pas ma tasse de thé. Même si je lui reconnais un découpage délirant dans les séquences et ses planches, l’anatomie de ses créations me donne la nausée. Eddie Brock semblait avoir trouvé la paix et l’illumination depuis qu’il a été « guéri » de son cancer. Sauf que son mentor, un certain Martin Li (pour qui travaille aussi la tante May de Peter, le grand hasard du monde arachnéen, une toile qui enserre son cast et l’étouffe inexorablement) a un secret peu ragoutant : il est aussi le mafieux Mister Negative, qui rêve de contrôler la pègre locale. Le genre de nouvelle qu’il n’est jamais bon d’apprendre. Le tout est gentillet, reste à voir comment ces révélations seront exploitées par la suite. Allez Spidey, un dernier sursaut d’orgueil avant de franchir la ligne d’arrivée : la saison 1 évite le naufrage total dans les arrêts de jeu, mais cela reste une défaite, malgré tout. Il faudra mouiller le maillot dès les prochaines aventures !

CINECOMICS : IRON MAN (En attendant le second volet)

Comme vous le savez très certainement, 2010 sera l’année IRON MAN, ou ne sera pas. Ainsi le veut la loi de l’exploitation des films de super héros, qui va être à la fête avec le second volet des aventures de tête de fer sur grand écran. Un long métrage très attendu vu le succès et les lauriers receuillis par Iron Man, premier du nom. C’est de ce dernier que je vous entretiendrais aujourd’hui, comme d’une mise en bouche de ce qui nous attend dans les prochaines semaines. Dans le rôle de Tony Starck, inventeur génial mais alcoolo et tombeur de femme sur les bords, Robert Downey Jr, très ressemblant et à son aise, même si on regrettera que le film n’aborde pas les problèmes du justicier avec la bouteille (que l’acteur connait lui aussi très bien). Par contre, profusion d’effets spéciaux en tous genres, avec des scènes très réussies, et certaines qui sont de purs fantasmes pour geeks épris de technologie improbable, notamment quand Starck endosse son armure les premières fois. Le film suit la dernière version des origines d’Iron Man, telles qu’elles ont été revisitées durant la saga « Extremis ». Exit les vilains asiatiques communistes d’autrefois, place aux méchants afghans qui sont à la base des déboires et de la résurrection du multimilliardaire. Ben Laden n’a qu’à bien se tenir, où qu’il se cache. Et après, ce sera le tour des coréens, des iraniens ou des chinois ? A moins que les contrats à moult zéros de Tony ne le laisse pieds et poings liés en ce sens… Le synopsis récitait à la sortie : Tony Stark, inventeur de génie, vendeur d'armes et playboy milliardaire est kidnappé en Afghanistan. Forcé par ses ravisseurs à fabriquer une arme redoutable, il construit en secret une armure hi-tech révolutionnaire qu'il utilise pour s'échapper. Comprenant la puissance de cette armure, il décide de l'améliorer et de l'utiliser pour faire régner la justice et protéger les innocents. Mais quand on est à la tête de la plus puissante multinationale mondiale et fournisseuse d'armes par excellence, il peut vite devenir difficile, voire gênant, de tourner le dos à un marché fort juteux au profit d'un "monde meilleur" et utopique. Iron Man va vivre un bien rude dilemme!
Sincèrement, le film est bon. Une bonne adaptation d’un bon comics, sans grande prétention intellectuelle, un gros divertissement blockbuster bien mené et rythmé avec des effets spéciaux de premier ordre. Downey Jr est un Starck plus que crédible, avec la classe et la nonchalance propre au personnage de papier que nous connaissons. James Rhodes apparaît bien comme le militaire et meilleur ami réduit au rang de gentil larbin sympathique, à qui faire les confidences quand elles servent, et qui sait maintenir les distances quand il le faut. Un black serviable et presque caricatural, ce qu’était de toutes manières le Rhodey de papier des origines. Gwyneth Palthrow en Pepper Potts, la secrétaire de Starck, cela fonctionne, même si son rôle est clairement secondaire, et qu’elle n’est présente ici que pour rendre un peu d’humanité et de piment sentimental à un personnage qui devient vite tout puissant, entre sa fortune, son armure et son génie. Les scènes d’action sont efficaces, et le peuple américain en aura pour son argent, avec ces moments exutoires où les méchants afghans se prennent une sévère déculottée par un super héros républicain armé jusqu’aux dents, qui à peine de retour sur le sol américain après une détention de trois mois, qui a failli lui coûter la vie, réclame… un cheese-burger ! Le méchant dans le film, c’est Jeff Bridges, en industriel retors, c'est-à-dire chauve et barbu, la tête de l’emploi. Il interprète Obadiah Stane, le rival de Starck au sein même de sa compagnie, qui traite en douce des contrats d’armements avec les mêmes rebelles que le gouvernement US pourchasse. Sur fond de fable morale (les armes c’est caca, mais bon ça rapporte gros et c’est assez joli, finalement, un monde entier voué à la cause américaine) et de conflit des civilisations (Les musulmans intégristes, Iron Man ne se trompe pas de cible, pour réussir son début de carrière), voilà une agréable production qui nous réconcilie avec les adaptations au cinéma du Marvel Comics Group, après l’innommable Ghost rider de courte mémoire, et des Hulk verts de honte. A (re)voir, assurément, avant la déferlante du second volet, et Mickey Rourke en Whiplash pas content, mais alors pas content du tout !

X-MEN : The Dark Phoenix saga

Aux States, on trouve en exergue à certains comics : « Nuff said », une façon de dire « Tout est dit, vous avez besoin qu’on en rajoute ? ». C’est ce que nous pourrions dire, après vous avoir récité tour à tour : Byrne, Claremont, Phoenix noir. Nuff said. Chris Claremont, c’est le démiurge des incroyables X-Men, l’homme qui sortit de l’anonymat la série pour en faire le titre le plus vendu de chez Marvel. Une science formidable du récit, des trames et sous trames en abondance, un vaste soap opéra mutant qui culmina probablement avec cette saga du Phoenix noir. John Byrne est son dessinateur fétiche sur la série, probablement le grand nom du genre dans les 80’s, chacune de ses planches sur le titre X étant parfaitement indiscutable, les traits précis et expressifs, lumineux. Reste le Dark Phoenix, un des grands moments de la mythologie X-men, que chaque fan digne de ce nom se doit de connaître sur le bout des doigts. Le Phénix Noir, c'est-à-dire la version sombre et maléfique d’une entité cosmique toute puissante, capable à elle seule d’engloutir une planète, sans que rien ni personne ne soit en mesure de l’arrêter.

Jean Grey, la gentille télépathe et télékinesiste des X-men, au départ jolie petite potiche aux bras de Scott « Cyclope » Summers, est devenue un des personnages les plus puissants du cosmos suite à un retour tragique de l’espace. C’est que les X-men n’avaient pas prévu que le revêtement qui protégeait leur navette des mystérieux rayons cosmiques (les mêmes qui transformèrent les 4 fantastiques ?) allait céder, les condamnant ainsi à un destin aussi tragique qu’inéluctable. Sauf que Jean est capable, de par ses talents sur la télékinésie, de protéger à elle seule le vaisseau en déroute, au prix d’un effort surhumain qui ne sera pas sans laisser de profondes traces. En se sacrifiant pour sauver ses camarades d’une mort certaine, Jean a été transformé en quelque chose d’autre, une force de la nature l’habite désormais : c’est le Phoenix. Sous l’impulsion de Jason Wyngarde, alias Mastermind, le roi de l’illusion, qui œuvre pour le Club des Damnés ( un club select qui désire gouverner le monde et qui a une prédilection pour les tenues sado maso ), Jean bascule lentement et inexorablement vers le mal, et se laisse dévorer par son coté obscur. Mais quand on possède un pouvoir aussi incommensurable, le moindre doute sur votre santé mentale peut avoir des conséquences dévastatrices. La force Phoenix aussi a été contaminée par cette folie galopante, et va évoluer en Phoenix Noir, qui va bientôt aller jusqu’à détruire un système solaire en entier, et souhaiter en faire de même avec notre planète, bien entendu. Vous l’aurez deviné… la seule façon de pouvoir stopper Jean, devenue la plus grande menace qui pèse sur le cosmos, c’est tout simplement de la tuer, avant qu’elle ne tue tout le monde. C’est aussi l’idée des Shi-Ar de la princesse Lilandra, qui décident d’organiser le procès de l’entité et donc de la jeune X-woman. Mais cette dernière est une héroïne au cœur pur et aux sentiments des plus nobles ; si pour éviter quel l’univers périsse, sa mort est souhaitable, alors que mort s’en suive, pour le bien de tous. Sortez vos mouchoirs, et prenez donc une leçon : de l’art d’articuler un récit, d’entretenir le pathos, de créer un comic-book , un vrai, sériel et pourtant jamais banal. Une des pierres angulaires de toute l’histoire des mutants en Bd, un chef d’œuvre qui bien que daté, se lit et se relit avec toujours autant de plaisir, pétri de nobles idéaux et traversé par un souffle cosmique épique, qui font entrer le jolie rouquine dans l’Olympe des grands personnages made in Marvel.

SPOILER ZONE : AVENGERS "The list"

Clint Barton a les nerfs. Et on peut facilement comprendre pourquoi. S’il officie actuellement chez les Vengeurs sous le costume en cuir d’Echo, il fut pendant des années le justicier–archer du nom d’œil de Faucon (Hawkeye en VO). Lorsque Norman Osborn a entreprit de créer son propre groupe de Vengeurs – un ramassis de criminels et de psychopathes sans foi ni loi – il a confié le costume mythique de Clint à Bullseye, un des pires assassins que compte la planète, de surcroit doté de la faculté de ne jamais raté la cible, tout en sachant transformer un peu tout en une arme mortelle, du cure-dent au shuriken. Barton n’a vraiment pas digéré cet affront et décide de rendre visite au rouquin maléfique pour lui faire payer ce sacrilège, si possible dans un joli bain de sang frais ; un projet qui ne recueille pas l’adhésion de ses camarades super héros, si ce n’est pour l’aide que lui apporte finalement son ex femme Mockingbird, dans son projet pour le moins aventureux. Car tout de même, s’attaquer seul à Osborn et ses Dark Avengers, c’est un peu fort de café… Et pourtant, Clint réussit une entrée fracassante chez l’ennemi, et parvient à se frayer un passage jusqu’au grand chef, non sans avoir balancé Venom par la fenêtre (du haut d’un building, l’atterrissage est douloureux…) et criblé Bullseye de balles à bout portant. Daken le fiston de Wolverine, a lui droit à une flèche qui lui traverse le crâne de part en part, ce qui n’est pas si grave étant donné son facteur auto-guérissant. Le hic en fait , c’est qu’Osborn bénéficie d’un système de défense des plus perfectionnés, et qu’il a à son service un larbin dévoué et surpuissant du nom d’Arès, le Dieu de la guerre. Et quand ce dernier tombe à bras raccourcis sur le pauvre Clint, inutile de vous dire quelle est l’issue de l’affrontement. Quelle petite frappe, que ce prétendu habitant de l’Olympe, qui met aux services de l’axe du mal ses gros muscles et son peu de cervelle ; encore un à qui il va falloir botter les fesses avant de passer à autre chose que ce règne obscur. Bendis fait mouche avec un récit tendu et riche en action jouissive, et Djurdjevic assure aux crayons, le tout étant magnifié par les contrastes entre le noir de la nuit et des costumes, et l’or des lumières de la ville, qui filtrent à travers les vitres du Qg des Vengeurs, dans les premières planches. Probablement un des « one-shot » les plus agréables à lire de ces dernières années, avec juste un petit regret : ce n’est pas encore aujourd’hui qu’un super héros fera ravaler à Osborn son sourire suffisant de pauvre hyène dégénérée.

PUNISHER (Max Vol.10) : Punisher Présente Barracuda

Ne cherchez pas la silhouette habituelle du Punisher dans le volume 10 de la série dédiée au… Punisher, car vous ne la trouverez pas. Pas même l’espace d’une case ou d’un croquis. Car cet album particulier dans la collection Marvel MAX ( pour adultes ) est ce qu’on appelle un « spin-off » ou simplement en Vf série dérivée. Comme le précise le sous titre de l’album, Punisher presents : Barracuda. Ce dernier est le plus récent des ennemis charismatiques de Franck Castle : un gros bestiau surpuissant, un char d’assaut humain, que notre justicier a déjà travaillé au corps dans une aventure précédente ( il lui reste un œil et quelques dents, par exemple, signe qu’il a déjà croisé la route de ce bon vieux Castle…) et qui rêve désormais de vengeance. En attendant d’heureuses retrouvailles avec qui l’a sévèrement battu, le géant black Barracuda part pour un petit état d’Amérique du Sud, où il va défaire le gouvernement local, aux mains d’un petit mafieux sans envergure, qu’il avait lui-même installé là des années auparavant. Le tout avec à ses cotés un jeune rejeton de mafieux américain à qui il est censé « apprendre le métier », sauf que celui-ci est un maigrichon hémophile et binoclard, une proie bien facile sous certaines latitudes. L’occasion de développer d’une manière moins conventionnelle, mais finalement séculaire, le thème de l’initiation, du mentor qui prend le novice sous sa coupe, pour une virée débridée et déjantée dans le milieu du crime et des balles perdues. Mais nous trouvons aussi une bimbo aux nichons siliconés, first lady locale, prise dans le tourbillon fou d’une aventure irrévérencieuse. Le tout est conté avec brio par un Garth Ennis qui se lâche totalement. Absolument anti conformiste, très grossier et brut de décoffrage, ce Barracuda est un album à ne vraiment pas laisser entre toutes les mains tant le contenu risque d’apparaître « shocking » pour le lecteur habituel de petites histoires super héroïques classiques. Goran Parlov est bien bon aux dessins et retranscrit avec brio la folle épopée à forte teinte d’hémoglobine. Les lecteurs du Punisher en ont peut être vu d’autres, mais le ton de ce nouvel opus ne pouvait qu’appartenir à la collection Max. Les plus sensibles ou les puristes de la langue peuvent d’ores et déjà passé leur chemin. Les autres, pour le fun, auront une dose massive de causticité et de second degré, et un bon bol de « slang culture » s’ils décident de s’orienter plutôt vers la VO. Je ne suis pas spécialement tourné vers le comic-book trash, mais je me suis bien amusé avec ce Barracuda. Qui donne tant dans l’outrance et l’exagération, qu’il en ressort éminemment sympathique, même si fatalement destiné à succomber dans de prochaines pages, quand son chemin et celui de Frank Castle convergeront à nouveau. Le Punisher est comme Attila, là où il passe, l’herbe ne repousse plus. Le ménage est fait, et en profondeur.

En kiosque : DARK REIGN 4

La lune de miel avec le mensuel « Dark Reign » aura finalement été de courte durée. Au risque de ne pas me faire que des amis, tirons donc à balles réelles sur le 4° numéro du dernier né de chez Panini, qui semble déjà manquer de souffle après si peu de temps. A commencer par les Dark Avengers, qui liquident Morgane Le Fey en deux temps trois mouvements, après un combat qui devait être pour le moins dantesque. Elle qui fut sur le point de damer le pion à des calibres comme Sentry ou Ares, et qui laissa le docteur Fatalis sur le carreau, en piteux état, se laisse finalement prendre au piège des sortilèges de ce bon docteur latvérien comme une débutante. La voici projetée dans un passé lointain, à une époque où de gigantesques sauriens carnivores donnent la chasse à des tribus d’homo-sapiens primitifs. Une incohérence historique qui n’est pas le pire, tant la série est le reflet du meilleur et du moins bon de son géniteur, Brian Bendis. Si les dialogues sont souvent pétillants, irrévérencieux, et s’il se dégage du tout comme une bonne odeur de sitcom super héroïque bien troussée, la lenteur des débats et la sensation de faire du surplace assez rapidement nous fait quelque peu tiquer. Le temps que Bendis nous livre un arc narratif complet, n’importe quel scénariste des sixties/seventies avait celui de pondre deux saisons complètes du personnage de son choix. Sinon j’aime toujours autant les dessins de Deodato, mais c’est si sombre que ça en gâche quelques planches, cela dit en passant. Bon, loin de moi l’intention de dire que les D.A sont aussi ennuyeux que les Mighty Avengers (mais est-ce bien possible ?) mais par rapport aux premières flammes, les étincelles de ce mois ci ne m’ont guère réchauffé.

Les Secret Warriors, par contre… Que dire ? Pas grand-chose, je n’aime pas, voilà tout. Pour la technique de colorisation et d’impression des illustrations de Caselli, je me suis déjà exprimé, en mal, je n’y reviendrais pas. Pour l’histoire en soi, je commence déjà à bailler. Voici venir un énième retour sur le devant de la scène de Nick Fury et de sa bande d’amis, de la comtesse Allegra de Fontaine à son vieux pote baroudeur Dum Dum Dugan. Fréquenter Fury a du bon : vous ne vieillissez pas, voire même, vous rajeunissez de manière spectaculaire, comme cette garce de comtesse qui semble avoir à peine la trentaine, sur les pages de ce mois ci. Bien entendu, si tout ce joli cast est de sortie, c’est qu’en face, il va y avoir Hydra et ses machinations, des complots à n’en plus finir… Mais au fait, et les Warriors, dans tout ça ? Pour le moment, ils sont au service aveugle de Fury, et se lancent sans expérience et en dépit d’une formation clairement de série B, à l’assaut d’un monde hostile où des individus comme Osborn ne rêvent que de les voir se pendre au bout d’une corde. Nick, pourquoi es-tu aussi méchant ? Laisse les donc en paix, ces jeunots, et nous aussi tes lecteurs, par la même occasion. Enfin Deadpool. Le gros morceau. Le mercenaire à la grande bouche débarque sur les pages de Dark Reign à la faveur d’un crossover en quatre parties avec la série des Thunderbolts. Deadpool, c’est soi disant de l’humour rafraichissant, du 3° degré en guise de bouffée d’oxygène, dans un monde de comics trop sérieux et voué à la sinistrose. Mouais. Il n’empêche que ce n’est pas ma tasse de thé, tout du moins pour ce qui est de cet arc narratif intitulé « Magnum Opus ». Wade l’a mauvaise depuis qu’Osborn l’a doublé puis ridiculisé, après qu’il se soit mis en danger pour participer à l’effort de guerre contre les Skrulls, en récupérant de précieuses informations sur le métabolisme et la biologie des aliens. Du coup, l’heure de la revanche a sonné, et notre mutant déjanté investit le QG des Vengeurs Noirs pour régler son compte au rouquin diabolique. Ce qui donne l’occasion d’une longue série de vannes de bas étage à l’encontre du nouveau chef de la défense américaine, d’un niveau sensiblement égal à ce qui se raconte dans les cours de récré des écoles primaires. Certes, c’est de l’humour, c’est léger et fait pour. Mais quand même, j’ai ressenti une certaine gêne à penser que j’avais aussi payé pour ça, et surtout comparé avec ce que peut être en temps normal le titre « Thunderbolts ». Paco Medina n’est pas mauvais du tout aux dessins, mais ne comptez pas sur lui pour enrichir ses cases avec des décors fouillés ; c’est bien pratique de dissimuler l’indigence derrière des explosions qui provoquent de la fumée, ça permet de gagner du temps pour respecter les délais. Je préfère au final le trait plus fouillé de Bong Dazo, même si sa capacité à faire transparaître les émotions et les mimiques de Deadpool à travers son masque (comme s’il était un muppet) est assez discutable dans un récit à teneur « adulte ». Mais je suis probablement le seul à blâmer, je n’ai pas su garder mon âme d’enfant, ce qui me fait voir certaines productions particulièrement infantiles avec les yeux de l’adulte désabusé et désenchanté. C’est la seule explication que j’ai trouvé à cette continuelle sérénade de compliments à l’encontre d’un personnage, qui en dehors de certaines histoires sporadiques, ne m’a jamais vraiment emballé. A l’instar de ce Dark Reign 4, qui n’a pas grand-chose d’inoubliable. Dark Reign, bon sang, c'est tragique et poignant, et pas cette pantalonnade humoristique digne d'un bon gros "fill-in". Non mais!

ALL-NEW VENOM T1 : QUI DIABLE EST LE NOUVEAU VENOM ?

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