Voici donc venir la version française du titre le plus récent consacré à Morbius, scientifique de renom, devenu malencontreusement un vampire. Les suceurs de sang sont très à la mode depuis le succès de la saga Twilight au cinéma, et nous les avons vu reprendre une certaine importance dans l'univers Marvel, notamment chez les X-Men de Victor Gishler. Mais Morbius est à part. Il n'a rien en commun avec Dracula et ses sbires, si ce n'est une soif de sang qu'il a bien du mal à contrôler. Son état est du à une maladie génétique mal soignée, et au traitement expérimental et ses effets secondaires. Il oscille toujours entre la capacité de faire le bien, et une sorte de nécessité qui le pousse à accomplir des actes que la morale -et les super-héros- réprouvent. Si vous ne connaissez pas grand chose au personnage, ce numéro de Spider-Man Hors série est plutôt bien fichu. Sur un ton finalement plutôt léger et badin, Morbius nous parle à la première personne, et nous présente les avantages d'être dans sa condition, puis les inconvénients, sans négliger ses dons hors du commun (comme une force bien au delà de la moyenne) et de tordre le cou aux idées reçues (non, Morbius ne déteste pas l'ail, et il n'a pas la faculté de se transformer en une chauve-souris. Un peu d'humour ne fait pas de mal). En fait, Morbius était jusqu'à peu en prison (voir Amazing Spider-Man 699.1 pour les détails) et il cherche à se faire très discret, à passer inaperçu durant quelque temps, puisqu'il s'est évadé. Il reçoit une suggestion qu'il décide de prendre à la lettre, à savoir aller se perdre à Brownsvillen dans l'état de New-York, là où le crime nocturne semble incontrôlé, voire encouragé. Joe Keatinge semble avoir compris comment ramener notre docteur vampire sous les feux de la rampe. Il dépeint un homme à la recherche d'une place dans un monde où il ne peut jouer que le rôle d'un marginal, sans fioritures ni céder à la mièvrerie.
Mais Morbius est enfermé dans une spirale de la négativité. Quand il veut aider, il fait souvent plus de mal que de bien. Ici il rencontre vite une Sdf un peu trop mignonne et posée pour être crédible, un caïd testostéroné et drogué qui souhaite embrigader son petit neveu, comme il a mis sous sa coupe le quartier, et une mère célibataire qui en remontre aux dealers et aux homme de main de son frèrot criminel, sans qu'on y croit un seul instant. Les personnages secondaires sont tous trop caricaturaux ou présentés à la va vite pour être réellement attachants. Le dessin est confié à Richard Elson, envers qui je serais encore plus dubitatif, et ne souhaite pas forcément m'étendre. Car j'aurais peu à dire! En fait, loin d'être mauvaises, ses planches claires et très lisibles manquent juste de personnalité, de cette touche de folie douce qui pourrait rendre les aventures de Morbius encore plus poignantes. Le job est fait, sans plus. Peut-être aurait-il été souhaitable que le coloriste, Antonio Fabela, opte pour des tons globalement plus sombres, vu le milieu dans lequel Morbius choisit de se confondre. Le genre de boulot qui passe mieux en version digitale que sur du papier imprimé. Reste donc une série que peu de lecteurs attendaient vraiment, et qui risque fort de ne pas susciter un engouement passionnel. Le type de revue kiosque qui va finir à un euro dans les bacs à soldes ou sur les forums d'occasion dans quelques mois, non car foncièrement illisible, mais parce qu'en ces temps d'inflation du marché, vous ne pouvez pas vous contenter d'être à peine modeste, avec des personnages aussi peu vendeurs. Vous pouvez peut être patienter?
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