BEFORE WATCHMEN : OZYMANDIAS

Urban Comics poursuit l'édition des différentes séries liées au projet Before Watchmen dans de très beaux albums librairie, et ceci quelques mois seulement après avoir offert ces mêmes histoires à son public kiosque. Ce mercredi intéressons-nous à Ozymandias, alias Adrian Veidt, l'homme le plus intelligent du monde, dans les idées d'Alan Moore. Qui en avait fait un homme d'affaires ultra riche, austère, presque ascète. Un super-héros poussé à l'extrême, un être si au dessus du commun des mortels qu'il s'en retrouve isolé et enfermé dans une conception élitaire et utopique de la société, selon ses propres standards éthiques bien particuliers. Ozymandias avait aussi la particularité d'être très versé sur l'antiquité, et en particulier attaché à la figure d'Alexandre; à ses yeux un exemple à émuler. Coté sexualité, le personnage reste nimbé d'un certain mystère, au point que Rorschach se soit d'ailleurs posé la question.

C'est à partir de tous ces détails que Len Wein a pu s'atteler à sa propre conception du prequel. Un artiste au passé très chargé, plus forcément sur les lèvres des plus jeunes, mais qui a toujours su garder un style et une vision des comics propres à épater et innover. C'est lui qui inventa Swamp Thing et nombre de récits d'horreur, pour Dc. C'est aussi le créateur de Wolverine, et l'artisan (avec Karin Berger) de l'arrivée d'Alan Moore lui même sur la série consacrée à la créature des marais, outre l'editor de Watchmen. Avec la réussite et la clairvoyance que l'on sait tous. Bref, une pointure reconnue et indiscutable.

Wein raconte les origines d'Ozymandias en partant d'un des moments les plus dramatiques de Watchmen : l'instant où il attend les autres héros dans son quartier général, prêt à un ultime et dramatique affrontement. Séances d'introspection, avec des souvenirs issus de l'enfance, et de l'adolescence. Il est clair que pour l'auteur, c'est justement la différence (intellectuelle et émotionnelle) qui le caractérise le mieux. Adrian est habile, calculateur, le jouet pourtant d'obsessions qui l'amèneront un temps sur les terres autrefois gouvernées par les Pharaons, en Phénicie, et dans les landes inaccessibles du Tibet. Wein nous fournit des révélations sur la bisexualité de Veidt, et introduit un personnage féminin qui aura une importance positive pour lui. Mais c'est le crime (et particulièrement Moloch) qui modifie son destin, et le pousse à devenir un justicier. Le scénariste garde un ton détaché et souverain lorsqu'il narre toutes ces étapes, créant volontairement un effet d'éloignement raffiné en exposant les faits. Aux dessins, quel plaisir de retrouver Jae Lee, dont les traits ombragés, torturés, hyperréalistes, magnifient la figure imposante du personnage principal, sa majestuosité, et enrichissent les décors liés à la culture classique, sous influence néo-classique. Coté composition des planches, nous retrouvons parfois une vignette ronde au centre, entourée par d'autres vignettes rectangulaires. Ailleurs c'est l'image d'un demi cercle qui se détache, avec encore et toujours l'idée, le concept de la sphère qui prédomine. Gothique, impressionnisme, et surréalisme finissent par s'unir, et former un récit en images d'une beauté stupéfiante et riches en moments forts. Une mini série totalement réussie, qui sans trahir vraiment l'esprit d'Alan Moore, vient compléter idéalement le chef d'oeuvre que nous connaissons, avec une classe folle.


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