S'il est une chose que Joe Quesada a bien compris, durant son règne artistique à la tête de Marvel, c'est qu'il est parfois nécessaire d'aller chercher du neuf à l'extérieur, pour de nouvelles solutions narratives. Remède exogène donc, avec l'arrivée (entre autres) de Joss Whedon, qui s'était illustré surtout dans le domaine en plein essor des séries télévisées, avec Buffy, que je classerai personnellement au rang de divertissement inoffensif pour adolescents peu exigeants. Merci de ne pas me lapider pour ce genre de remarque. Bref, il eut la charge de redorer le faste des X-Men, avec en point de mire les monstres sacrés que sont Chris Claremont (l'homme qui donna une cohérence et une profondeur insoupçonnée à l'univers des mutants) et Grant Morrison (l'auteur qui sut le mieux donner un grand coup de pied dans la fourmilière endormie) à égaler. Joss Whedon hérite d'un nouveau mensuel crée pour l'occasion (Astonishing X-Men) et il est associé à John Cassaday, pour mettre en scène les aventures d'une équipe qui comprend Cyclope, Emma Frost, Hank McCoy, Kitty Pride, Wolverine, en têtes d'affiche. Amis ou collègues de longue date, mais toutefois incapables de s'entendre sérieusement sur le long terme : Whedon en profite pour systématiquement semer la zizanie, la discorde, et les personnages n'ont de cesse de se chamailler à longueur d'épisodes (emblématique la tension entre Kitty et Emma qui ne s'aiment absolument pas). Tout au long de ce run adulé ou décrié selon les goûts personnels, vous allez avoir droit au retour de Colossus (donné pour mort), des invasions extra-terrestres avec un saut sur le Breakworld (monde ultra guerrier), la salle des dangers qui prend forme humanoïde et se rebelle (probablement l'idée la plus absurde)... On flirte avec le mauvais goût et l'insoutenable légèreté du détail, et en même temps avec le recul, il se dégage tout de même une évidente facilité dans l'écriture, un brio teinté d'humour et de sarcasme qui passe mieux des années après la première publication. Panini propose de retrouver les X-Men de Whedon à travers la collection Marvel Icons, dont le premier tome est disponible en librairie.
Ce tome 1 contient l' équivalent des deux premiers arcs narratifs. Dans Surdoués (Gifted) nous faisons la connaissance d'une généticienne qui aurait mis un point un vaccin permettant de guérir... la condition de mutant. Pour Kavita Rao, une découverte fantastique, pour les autres une grande interrogation : la mutanité est-elle juste une maladie, une pandémie? Dissension et tension chez les X-Men, avec notamment un Hank McCoy plus bestial que jamais (qui ne serait pas contre un retour à une forme humaine) et une dualité au sommet entre Scott Summers et Wolverine. Les héros font l'impasse sur les tenues en cuir ultra pratiques de l'ère Morrison pour un retour aux costumes super-héroïques plus traditionnels, et entament la fusion du comic-book mainstream et du vaudeville hérité des séries télévisées. Les épisodes se laissent lire facilement, rapidement, sans pour autant être capitaux dans la longue carrière de Cyclope et compagnie. Dans le second story-arc, c'est la salle des dangers qui vole la vedette. Elle a assumé forme humanoïde et semble bien décidé à supprimer les X-Men, à commencer par Charles Xavier envers qui elle nourrit un fort ressentiment. Si vous aimez les guest stars et les groupes de héros, vous aurez droit aussi à l'apparition des Fantastic Four. Le thème de fond n'est pas mal pensé, en cela que cette fois les mutants semblent être passés du coté des oppresseurs, des esclavagistes qui utilisent et martyrisent une technologie vivante, sans se poser la question de savoir où commence l'existence, et sous quelles formes. Je vis, donc je ressens, donc je mérite le respect. Est-ce valable dans le cas de ce que nous avons connu comme la salle des dangers? Bon travail de John Cassaday aux dessins. Son trait est lisse, propre, agréable, le découpage très fonctionnel et lisible, bref voilà un artiste qui n'envisage pas de bouleverser les codes standards du média, mais se "contente" d'illustrer avec soin et un talent certain une douzaine d'épisodes qui sont susceptibles de parler à tous les publics possibles. Les moins convaincus étant les lecteurs au très long cours, qui ont tiqués devant cet apport en nouveautés, et ceux qui sont allé un peu trop gratter derrière la patine ironique et frétillante de Joss Whedon. Astonishing X-Men ne vise pas la postérité, mais assure en tant que réel divertissement. Sortie la semaine prochaine, chez Panini bien sur.
Ce tome 1 contient l' équivalent des deux premiers arcs narratifs. Dans Surdoués (Gifted) nous faisons la connaissance d'une généticienne qui aurait mis un point un vaccin permettant de guérir... la condition de mutant. Pour Kavita Rao, une découverte fantastique, pour les autres une grande interrogation : la mutanité est-elle juste une maladie, une pandémie? Dissension et tension chez les X-Men, avec notamment un Hank McCoy plus bestial que jamais (qui ne serait pas contre un retour à une forme humaine) et une dualité au sommet entre Scott Summers et Wolverine. Les héros font l'impasse sur les tenues en cuir ultra pratiques de l'ère Morrison pour un retour aux costumes super-héroïques plus traditionnels, et entament la fusion du comic-book mainstream et du vaudeville hérité des séries télévisées. Les épisodes se laissent lire facilement, rapidement, sans pour autant être capitaux dans la longue carrière de Cyclope et compagnie. Dans le second story-arc, c'est la salle des dangers qui vole la vedette. Elle a assumé forme humanoïde et semble bien décidé à supprimer les X-Men, à commencer par Charles Xavier envers qui elle nourrit un fort ressentiment. Si vous aimez les guest stars et les groupes de héros, vous aurez droit aussi à l'apparition des Fantastic Four. Le thème de fond n'est pas mal pensé, en cela que cette fois les mutants semblent être passés du coté des oppresseurs, des esclavagistes qui utilisent et martyrisent une technologie vivante, sans se poser la question de savoir où commence l'existence, et sous quelles formes. Je vis, donc je ressens, donc je mérite le respect. Est-ce valable dans le cas de ce que nous avons connu comme la salle des dangers? Bon travail de John Cassaday aux dessins. Son trait est lisse, propre, agréable, le découpage très fonctionnel et lisible, bref voilà un artiste qui n'envisage pas de bouleverser les codes standards du média, mais se "contente" d'illustrer avec soin et un talent certain une douzaine d'épisodes qui sont susceptibles de parler à tous les publics possibles. Les moins convaincus étant les lecteurs au très long cours, qui ont tiqués devant cet apport en nouveautés, et ceux qui sont allé un peu trop gratter derrière la patine ironique et frétillante de Joss Whedon. Astonishing X-Men ne vise pas la postérité, mais assure en tant que réel divertissement. Sortie la semaine prochaine, chez Panini bien sur.
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