Disons le tout simplement, le thème qui se déploie dans ce Birthright n'a en soi rien de très original. Il n'empêche, on saluera la virtuosité avec laquelle Joshua Williamson organise son récit, pour proposer une des séries les plus intrigantes du moment, et publiée chez Delcourt. La réalité et le genre fantasy se percutent allégrement dans cette histoire, où les certitudes sont faites pour vaciller. Tout commence avec un père et son fils. Aaron prend plaisir à jouer avec Mikey et à le distraire pendant que son épouse lui prépare une belle fête d'anniversaire. Seulement voilà, instant tragique, il suffit de détourner brièvement les yeux pour le garçonnet disparaisse dans un bois, sans la moindre explication plausible. Un événement tragique qui va détruire une famille jusqu'ici si unie. Aaron est même accusé d'avoir causé la perte de son enfant, ce qui est finalement presque logique dans un cas comme celui-ci (dans la vie réelle très souvent le coupable se cache au sein même du noyaux familial...) tandis que la mère et le frère aîné doivent endurer un chagrin et une douleur qui laissera des traces à jamais. Un an plus tard, un inspecteur de police vient délivrer une nouvelle aussi incroyable qu'absurde. En effet, un homme en armure a été retrouvé au même endroit fatal pour Mikey, dont il revendique... l'identité! Cet inconnu prétend avoir séjourné sur Terrenos, qu'il aurait défendu et libéré du vilain local. Et s'il est de retour sur Terre, sous une nouvelle apparence, c'est parce qu'il a une mission à accomplir, vitale pour le salut des deux mondes, le sien de naissance, et d'adoption. Quand un type semble sortir de nulle part, affublé d'un look entre le Seigneur des anneaux et Games of Thrones, il est prévisible que la méfiance soit de rigueur, mais les analyses modernes ne trompent pas, et l'évidence est que le gamin d'autrefois est bien rentré chez lui, sous une apparence bien différente. Reste la question fondamentale, s'il est bien qui il prétend être : Terrenos est un mirage, un délire, ou une réalité? Et que s'est-il passé durant la guerre qui y a fait rage?
Il en faut bien du courage pour oser défier des dragons, des sorciers, mais aussi pour sortir une énième série fantasy dans un marché qui en a vu tant d'autres, et pourrait parfois sembler saturé. Ce ne sont pas les clones du Seigneur des anneaux qui manquent, et ces temps derniers cette thématique mène droit dans l'impasse, faute d'avoir du neuf à raconter. Si Williamson s'en sort si bien, c'est parce qu'il évite à mon sens l'écueil du désir de trop en faire, à savoir nous balancer un univers inconnu truffé de références linguistiques, fonctionnelles, anthropologiques, comme s'il fallait absolument nous faire croire, dans les moindres détails, à l'existence de Terrenos. Non, le scénariste y va prudemment, nous révèle un monde exotique et vivace, mais par petites touches, et qui plus est à travers les yeux de l'un d'entre nous, un humain. Le noyau dur des personnages est également resserré, avec la famille de Mikey, et le héros, jonction particulière entre deux univers, enfant innocent dans l'un, guerrier adulte dans l'autre. Du coup chacun a son espace pour vivre et croître, et on peut s'y attacher facilement. Williamson introduit aussi des mystères et des points de vue malléables, qui forment l'intérêt même de ce presque polar. Par exemple, ce guerrier élu qui revient parmi les siens est-il vraiment là pour sauver notre monde, ou bien n'est-il finalement qu'une sorte d'ange déchu, qui se mêle à nous au service du Seigneur maléfique de Terrenos, le Roi Lore? Nous trouvons toute une série de flashback qui nous ramènent aux premières découvertes de Mikey sur l'autre monde, son initiation, son parcours jusqu'à devenir l'élu, lui qui au départ manifeste des doutes et une incrédulité patente sur son rôle. C'est probablement l'aspect le plus convenu de ce premier tome, une étape obligée, appelons ça ainsi. Andrei Bressan, le dessinateur, se dédouble lui aussi. Pour la partie inhérente au présente, il oscille entre réalisme et fantastique, alors que pour les incursions de l'autre coté, il emploie un style plus maniéré, presque baroque, surchargé en détails fantastiques et en couleurs éclatantes. Au final nous avons là une série qui mérite que vous y jetiez un coup d'oeil, avec des personnages bien campés, et une bonne dose d'interrogations qui attendent une résolution. A découvrir chez Delcourt, une maison d'édition qui compte dans son catalogue certaines des séries les plus marquantes de notre époque.
Il en faut bien du courage pour oser défier des dragons, des sorciers, mais aussi pour sortir une énième série fantasy dans un marché qui en a vu tant d'autres, et pourrait parfois sembler saturé. Ce ne sont pas les clones du Seigneur des anneaux qui manquent, et ces temps derniers cette thématique mène droit dans l'impasse, faute d'avoir du neuf à raconter. Si Williamson s'en sort si bien, c'est parce qu'il évite à mon sens l'écueil du désir de trop en faire, à savoir nous balancer un univers inconnu truffé de références linguistiques, fonctionnelles, anthropologiques, comme s'il fallait absolument nous faire croire, dans les moindres détails, à l'existence de Terrenos. Non, le scénariste y va prudemment, nous révèle un monde exotique et vivace, mais par petites touches, et qui plus est à travers les yeux de l'un d'entre nous, un humain. Le noyau dur des personnages est également resserré, avec la famille de Mikey, et le héros, jonction particulière entre deux univers, enfant innocent dans l'un, guerrier adulte dans l'autre. Du coup chacun a son espace pour vivre et croître, et on peut s'y attacher facilement. Williamson introduit aussi des mystères et des points de vue malléables, qui forment l'intérêt même de ce presque polar. Par exemple, ce guerrier élu qui revient parmi les siens est-il vraiment là pour sauver notre monde, ou bien n'est-il finalement qu'une sorte d'ange déchu, qui se mêle à nous au service du Seigneur maléfique de Terrenos, le Roi Lore? Nous trouvons toute une série de flashback qui nous ramènent aux premières découvertes de Mikey sur l'autre monde, son initiation, son parcours jusqu'à devenir l'élu, lui qui au départ manifeste des doutes et une incrédulité patente sur son rôle. C'est probablement l'aspect le plus convenu de ce premier tome, une étape obligée, appelons ça ainsi. Andrei Bressan, le dessinateur, se dédouble lui aussi. Pour la partie inhérente au présente, il oscille entre réalisme et fantastique, alors que pour les incursions de l'autre coté, il emploie un style plus maniéré, presque baroque, surchargé en détails fantastiques et en couleurs éclatantes. Au final nous avons là une série qui mérite que vous y jetiez un coup d'oeil, avec des personnages bien campés, et une bonne dose d'interrogations qui attendent une résolution. A découvrir chez Delcourt, une maison d'édition qui compte dans son catalogue certaines des séries les plus marquantes de notre époque.
A lire aussi :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous nous lisez? Nous aussi on va vous lire!