BLACKEST NIGHT : La nuit la plus sombre dans DC Universe



BLACKEST NIGHT : Notre critique

(Geoff Johns/Ivan Reis - Dc)

La nuit la plus sombre se poursuit dans vos kiosques, avec les épisodes 3 et 4 de la formidable saga made in Dc Comics. C'est sur les pages de Dc Universe, et c'est toujours aussi bon. Après un bref résumé des événements, pour orienter les néophytes, l'heure est venue de s'attaquer enfin à l'essentiel de la trame tissée par Geoff Johns.

Blackest Night, c'est à la base une histoire de zombies. Pratiquement, il en est ainsi. Avec toutefois certaines importantes variations (les zombis dans l'espace), un long et patient travail préliminaire, et une bonne dose de pathos servi à la louche. Le tout fonctionne à merveille. Si le spectre émotionnel a donné naissance à sept corps intergalactiques différents, chacun d'entre eux étant la manifestation d'une émotion particulière (de la peur à la rage, en passant par l'amour et la compassion) et doté d'une couleur qui lui est propre, la guerre qui a éclaté entre toutes ces factions a ouvert la porte pour la plus redoutable d'entre elles : le noir, couleur maudite, la mort en marche, pour tous. Qui s'est choisi un hérault, en la personne de Black Hand, ennemi traditionnel de Hal Jordan, et qui voue un amour passionnel pour tout ce qui est trépassé. Après avoir trucidé sa famille et s'être fait sauter la cervelle, Samuel Hand est de retour avec un pouvoir incommensurable, qui lui a été conféré par un anneau noir. Ce dernier n'est pas unique : un nuage d'anneaux semblables traverse le cosmos à la recherche de candidats à recruter pour constituer les forces des ténèbres ultimes. Les (mal)heureux élus sont des cadavres, héros morts au combat, anciens vilains désormais sous terre, ou encore individus normaux mais ayant leurs vies durant noués des liens relationnels forts avec certains des acteurs principaux de la scène super-héroïque. C'est ainsi que nous voyons ressurgir des personnages qui avaient trouvé le repos eternel (expression galvaudée pour un comic-book...) à l'instar de Martian Manhunter, Ralph et Sue Dibny, ou encore Aquaman. Leurs victimes ne font que grossir leurs rangs : chacune des cibles abattues est instantanément ressuscitée un anneau noir au doigt, et s'unit à la cohorte de ces zombies cosmiques nourris par le néant. C'est le sort de Hawkman, par exemple. Ceux qui sont visés plus particulièrement sont tous ces héros qui ont fait la nique à la mort, qui sont revenus de l'au dela mais qui devraient en définitive y être encore : Hal Jordan, Barry Allen (Flash), Superman, Green Arrow, et tant d'autres. Les Gardiens de la planète Oa sont eux aussi de la partie. L'un d'entre eux a d'ailleurs été la première victime de la force noire, et a adoubé Black Hand à son "réveil". C'est l'univers tout entier qui vacille et menace d'être englouti par le néant, jusqu'à sa plus infime parcelle lumineuse. A moins qu'une formidable coalition ne voit le jour, pour sauver ce qui peut l'être.




Geoff Johns s'est probablement surpassé. Ce qui donne autant de cohérence à l'ensemble du projet, c'est bien le fait qu'un seul et même homme a eu le temps et l'opportunité de tisser patiemment une trame complexe et à tiroirs. Au moment où convergent tous les indices et les sub-plots qui ont émaillé les titres cosmiques de Dc comics ces dernières années, l'évidence s'impose : nous tenons entre les mains un véritable petit chef d'oeuvre qui tient toutes ses promesses. Ivan Reis, qui n'a pas que des admirateurs si j'en juge par certains avis glanés sur le web, effectue un travail remarquable lui aussi. Ses planches respirent la puissance et le dynamisme, sans compter un certain nombre de splash-pages mémorables, comme le réveil des Black Lanterns dans le premier épisode, ou encore Bruce Wayne/Batman version zombie surgissant de sa tombe, dans le cinquième. La lutte contre les forces des ténèbres, guidées par le hérault Black Hand et l'entité de la mort Nekron, ne souffre quasiment jamais de temps mort. Le seul petit bémol est à apporter sur l'union de toutes les différentes couleurs du spectre émotionnelle, sous l'égide de Hal Jordan. La quête de ce dernier et l'union des Corps de toutes les Lanterns du cosmos est assez sommairement traitée : qu'à cela ne tienne, elle est narrée en détail sur les pages du titre Green Lantern, et peut donc se lire d'une seule traite dans le TPB Blackest Night : Green Lantern. On y apprend dans le détail comment des forces ausi antagonistes que les parangons de la peur de Sinestro, la rage inouïe d'Atrocitus ou encore la force de volonté de Hal Jordan finissent par accepter une trêve temporaire face à une menace qui les dépasse individuellement. Pour ce qui est de la publication en Vf, les complétistes feront la tête car bien évidemment c'est l'ensemble de la production targuée Dc qui a été affectée, de près ou de loin, par l'onde de choc. Toutefois la solution choisie par Panini est assez pertinente. A défaut de se lancer dans la publication ponctuelle de titres qui ne trouveraient pas leur public en France, nos amis de Modene recoupent l'intégrale de l'intrigue dans la seule revue Dc Universe, qui présente donc l'essentiel de Blackest Night, par le biais de la mini série éponyme, et du traditionnel Green Lantern. Les principaux tie-in (Batman, Superman, Titans ... bref tous ces héros qui vont devoir à un moment ou un autre affronter leurs squelettes remisés au placard, et qui d'un coup reviennent à la vie) sont prévus sur les pages de Dc Heroes, le dernier bimestriel en date a avoir atteint nos kiosques. Ils sont loins d'être tous réussis. Enfin on annonce également un Big book pour juin (la série Green Lantern Corps) qui sera comme la cerise sur le (gros) gâteau, un supplément de crème pour les plus goinfres. En cas d'indigestion, prenez vite un alka seltzer, car vous n'aurez guère le temps de souffler : Brightest Day ne tardera pas à pointer le bout de son nez. On en reparlera ici même, si vous le voulez bien.

Rating : OOOOO

100% MARVEL : LA VENGEANCE DE MOON KNIGHT



LA VENGEANCE DE MOON KNIGHT (100% Marvel)

(Vengeance of Moon Knight 1-6 - Gregg Hurwitz / Jerome Opena )

MOON KNIGHT est de retour en librairie, avec une nouvelle série régulière confiée à Gregg Hurwitz (vu récemment sur le Punisher) et Jerome Opena. L'ambition est de replacer solidement le personnage dans la jungle urbaine de New-York, pour en faire enfin un justicier reconnu et plébiscité par les lecteurs. Si le Dark Reign est désormais achevé en Vf, "Vengeance of Moon Knight" nous ramène quelques semaines en arrière, en pleine époque sombre, sous la coupe de Norman Osborn.


Pour faire simple, à destination des lecteurs encore ignares des faites et gestes du chevalier de la lune, disons juste qu'il s'agit d'un autre personnage avec pas mal de problèmes psychologiques. D'abord, son esprit est fragmenté en plusieurs identités distinctes, qu'il a utilisé par le passé, sautant de l'une à l'autre selon les époques et les besoins. Ensuite, si certains ont un petit vélo dans la tête, lui croit être en communication directe avec Khonshu, une sorte de déïté lunaire. Récemment, Norman Osborn avait décidé de se débarasser de cet électron libre qu'il ne pouvait contrôler. Il a donc piégé Moon Knight, le faisant accuser de meurtre. La seule issue semblant être la mort apparente de celui ci, notre héros a disparu de la scène pendant quelque temps (il était caché à Mexico) et a une fois de plus changé de personnalité comme on change de chemise. Exit Marc Spector le mercenaire, donc, et place à Jake Lockley, qui retrouve Big Apple, son costume argenté, et ses escapades nocturnes. Seule la méthode a évolué : moins de sang et de violence, le nouveau Moon Knight est un héros sous tous points de vue, pas une brute épaisse qui tape sur tout ce qui bouge. Même les petites voix intérieures semblent parler en vain : Khonshu est expédié d'un revers de la main, comme un insecte fastifieux, quand il tente de se manifester à Marc/Jake. Il est même ecrasé piteusement sous la semelle du héros, dans le second épisode. Tout cela ne réjouit pas du tout le grand chef du H.a.m.m.e.r : le premier des sbires d'Osborn à se manifester est Sentry, qui a une conversation musclée avec Moon Knight. Pendant leur echange, Bob Reynolds entraîne son interlocuteur au sauvetage d'une rame de métro, d'une chute du haut d'un building, tout en l'y traînant par la peau du dos : une amusante façon de communiquer, avec un tact remarquable. Tout ceci avec une belle morale pontifiante et mal placée : Jake reçoit la permission temporaire de jouer au redresseur de torts, tant qu'il donne dans l'héroïsme. Mais il est averti : la chute est imminente, c'est une question de temps. Avec le recul que nous avons, nous autres lecteurs omnivores de l'univers Marvel, la prophétie de Sentry s'est retourné contre son augure de malheur.



Tout bon super héros se doit d'avoir sa némésis, pour un long combat qui n'en finit jamais vraiment. Et quand un des deux contendants trouve la mort, ça n'est jamais pour très longtemps. Moon Knight a un antagoniste absolu, un certain Bushman, ancien mercenaire et compagnon d'armes de Marc Spector, au Soudan. En 2006, Charlie Huston décide de signifier la fin de carrière du criminel, de la main du chevalier de la lune. Conséquence? Dès l'arrivée d'un nouveau titre régulier, le premier reflêxe du scénariste attitré (cette fois Hurwitz) est de ramener sur la scène ce qui ne devrait plus être qu'un cadavre purulent. La manière est bien faiblarde, pour le coup. Hood, qu'on avait déjà vu faire revenir la famille du Punisher, Microchip, et nombre de vilains de série B, ressuscite également Bushman. Qui sort frais comme un gardon de sa tombe, prêt en quelques secondes à en découdre avec la Terre entière et à recruter une armée de psychopathes. Même pas surpris d'être de retour à l'air libre, comme si mourir puis renaître n'était qu'une simple formalité d'usage. C'est d'ailleurs cela que je reprocherais à Gregg Hurwitz, dans ce 100% Marvel : ne pas oser grand chose, ramener sur la scène un Moon Knight qui aspire à l'héroïsme, mais sans parvenir à trouver cet élément qui permettra de transcender cette série pour lui faire connaître le succès qui a souvent échappé à celles qui ont précédé. Coté crayons, Opena est loin d'être mauvais, et n'exagère pas les anatomies des personnages, sveltes et anguleux, engagés dans un conflit urbain aux tonalités sombres et ocres le plus souvent. Moon Knight va t'il enfin devenir un héros incontournable, capable de cotôyer le Punisher, par exemple, dans le classement des ventes? Je me permet de nourrir des doutes sérieux à ce sujet. Et invite Panini, dans un futur proche, à donner une nouvelle chance, à l'intention des nouveaux lecteurs, à Marc Spector/Jake Lockley : pourquoi ne pas reproposer les épisodes réalisées par un certain Bill Senkiewicz au début des années 80, de petits bijoux du genre que les nostalgiques doivent bien avoir quelque part dans leurs collections, en cherchant bien...

Rating : 00000

(Bientôt vous pourrez retrouver Moon Knight aux cotés de Steve Rogers, au sein des Secret Avengers.)

BLACKEST NIGHT : Cours du soirs pour retardataires



BLACKEST NIGHT : Le résumé jusque là

Certains parmi vous (vous avez honte de l'admettre, mais c'est ainsi) ont encore certaines réticences à  plonger dans l'univers DC. Peut être souhaiteriez-vous découvrir les délices de ce monde de fantaisie, en profitant de Blackest Night pour saisir la balle au bond. Mais vous ignorez encore trop de choses du petit monde des Green Lanterns pour oser vous y aventurer. Univers comics a pensé à vous, et vous résume l'essentiel. Lisez, imprimez, mémorisez, et on se revoit dans quelques jours pour reparler en détail de la "nuit la plus noire" en cours de publication, sur les pages de DC Universe.

Il y a de cela des billions d'années, les Gardiens de l'univers, qui ont leur résidence d'été sur la planète Oa, ont crée une sorte de police intergalactique censée veiller sur l'univers tout entier, le corps des "Green Lanterns".
Ces derniers ont été recruté sur un critère crucial : leur capacité à surmonter la peur, sous toutes ses formes, et ont été doté d'un anneau vert capable de matérialiser le fruit de leur imagination sous forme de construction solides produites par les anneaux sus nommés.
Un terrien a reçu un de ses anneaux, il s'agit de Hal Jordan. Par la suite, il y en aura d'autres. Citons donc également Kyle Rayner, Gary Gardner, ou encore James Stewart. Ce sont eux qui veillent sur le secteur 2814 (celui qui inclus la Terre). Hal a été investi par un des plus grands représentants du Corps, un certain Abin Sur, qui s'était échoué sur notre planète pour y mourir. Avant de trépasser, il a eu toutefois le temps de transmettre sa héritage à son succésseur.
Sinestro (de la planète Korugar) était peut être le plus agguéri des Green Lanterns, et il reçu l'ordre de devenir l'instructeur de Hal Jordan, de lui inculquer son savoir. Les deux devinrent de bons amis, mais cela ne dura pas. Le maître avait en effet des tendances despotiques et il régnait en dictateur sur son monde d'origine. Il a été banni du Corps pour ces mauvaises habitudes, et sa vengeance fut terrible. Apprenant le secret de la lumière jaune (la seule couleur sur laquelle les anneaux verts n'ont pas de prise) qui permet de canaliser la peur et d'en faire une arme, Sinestro déclara la guerre à l' univers avec une horde composée des pires criminels de milliers de mondes, et organisa un véritable massacre.
Les Lanternes vertes finirent pas juguler cette menace, mais ils durent payer un très lourd tribut et les Gardiens de la Planète Oa furent contraints de modifier une des règles de base du grand livre sacré qui règlent les activités des Green Lanterns : désormais ceux ci sont habilités à employer la force létale lorsque la situation le requiert.




L'amplitude de la récente bataille et ses derniers échos risquent de mettre en grand péril le cosmos tout entier. Le spectre émotionnel (qui est comme la grande tapisserie sur laquelle repose toute la partition de la vie, cette symphonie cahotique et tragique) est à nouveau scindé en sept factions actives et parfois antagonistes : Les Green lanterns, le Corps de Sinestro (jaune, qui se repait de la peur), Larfleeze et la lumière orange de l'avarice (une faction à lui seul), les Red Lanterns d'Atrocitus qui se nourrissent de la rage, Les Zamarons avec à leut tête "Star Saphire", qui n'est autre que l'ancienne petite amie de Hal Jordan, le Blue lanterns Corps qui est dépositaire de l'espoir, et enfin la mystérieuse tribu Indigo dont on ne sait pas grand chose. Alors que la bataille de la lumière éclate entre toutes ces factions, les ténèbres descendent lentement sur la création. C'est ainsi qu'autour du corps de l'anti monitor (un des grands vilains cosmiques de l'univers Dc, censé avoir péri durant la saga Infinite Crisis), sur la planète Ryut, une enorme lanterne noire commence à se former. Le premier héraut de la couleur noire, couleur définitive censée ammener la création à l'oubli et à la mort universels, est Black Hand (Main noire, un des ennemis historiques de Hal Jordan). Il est ressuscité pour faire triompher sa faction. Partout dans l'univers, des anneaux noirs partent à la recherche de dépositaires pour faire triompher la nuit la plus sombre. Les heureux élus seront des héros morts au combat, des êtres ayant eus un rapport émotionnel fort avec toutes ces créatures ayant oeuvré pour le bien. Amis, ennemis, familles, tous les héros de l'univers Dc vont voir se dresser une armée de zombies tout puissants, armés d'un anneau fantastique. C'est le début de la fin. La fin de tout.


BLACKEST NIGHT est publié dans la revue Dc Universe, qui sort tous les deux mois en kiosque, éditée par Panini. On y retrouve deux épisodes par numéro (la saga en compte huit) ainsi que les numéros annexes de la série "Green Lantern", eux aussi condernés de très près par les événements. Dans DC Heroes Panini proposera aux lecteurs les autres mini séries dérivées (comme Batman : Blackest night  ou encore Superman : Blackest night) dans les prochains mois. Vous voilà armés pour entamer (si ce n'est déjà fait) ce qui est tout bonnement une des plus belles réussites du comic-book maintream de la décennie. Rendez-vous très bientôt ici même pour un billet entièrement consacré à Blackest night, probablement lundi.


Spoiler Zone : MARINEMAN de Ian Churchill



IAN CHURCHILL's MARINEMAN 1

(Ian Churchill - Image comics)

Ian Churchill est de retour avec un comic-book tout frais tout beau, de sa propre création : Marineman. Un nouveau personnage à coté duquel le commandant Cousteau ou Captain Igloo semblent de simples marins d'eau douce. Plongeons donc dans les profondeurs acqueuses pour un rapide aperçu de ce numéro un.

Marineman, ce n'est pas un super héros alien ou un mutant télépathe. Il s'agit de Steve Ocean (avec un nom comme cela, tout un programme...), une sorte de scientifique/aventurier/spécialiste de la faune et flore marines. Steve fait la une des revues spécialisées, réalise de nombreux Dvd, et il est devenu une star incontournable dans son domaine. Il participe à des conférences, signe des autographes à de splendides bimbos en extase devant ses gros muscles, mais il doit encore se remettre de sa dernière rupture en date (six mois se sont écoulés, Steve ne semble pas pressé de se replacer sur le marché du célibataire qui cherche). Son meilleur ami est Jake, qui est aussi son caméraman dans les profondeurs marines. En attendant l'amour, il dompte les requins et travaille aussi pour le compte du paternel, qui dirige un incroyable laboratoire sous-marin situé dans des grottes ancestrales, la "Base Marine Alpha". C'est là qu'est en phase de réalisation un projet top secret (ici nommé "the project" sans autre précision) dont nous ne savons pas grand chose dans ce numéro un. Pour être vraiment complet, soulignons aussi que l'aventure s'ouvre sur plusieurs planches dédiées à un plongeur en apnée, qui au moment de pulvériser un record historique finit par disparaître, alors que la dernière chose qu'il lui est donnée de voir à de quoi déconcerter : un intense flash lumineux à une profondeur sidérale, un mystère irrésolu. Et ce sera tout pour le "pitch"



Cela fait peu, non? C'est bien cela la chose qui surprend, avec ce Marineman : le fait qu'il n'y ait finalement pas grand chose à se mettre sous la dent dans ce premier opus. On fait connaissance avec Steve Ocean , mais pas assez pour voir en lui un véritable super-héros. On devine qu'il se passe quelque chose d'étrange au fond des mers, mais le suspens est vite dilué, voire effacé, au profit des relations inter-personnelles de tout le cast de personnages. Les planches sont belles, claires, donnent envie de piquer une tête sur une belle plage azur du Pacifique, au milieu des dauphins, mais elles sont également surchargées en dialogues, couverte de bulles et de verbiage pas toujours indispensable : étrange en ces temps post modernes ou certains comic-books se lisent en cinq minutes chrono, entre splash pages muettes et conversations minimalistes. L'anatomie des héros de Churchill est toujours au centre du débat : Marineman par exemple, ressemble à un colosse boudiné à air comprimé, un de ces ballons gonflé à l'hélium avec un noeud à chaque articulation. Un petit coté cartoon pas trop sérieux qui tend à rendre plus encore ce personnage irréaliste, un songe de vacances. Mais n'allez pas croire que je suis en train de descendre le titre en flammes. Loin de là. Car malgré toutes ces imperfections, toutes ces petites tares qu'un minimum d'objectivité m'oblige a relever, l'ensemble fonctionne! On y sent comme une douce brise rafraîchissante, un parfum old-school pas désagréable du tout, un bon bol d'iode salutaire qui nous purifie les yeux et l'esprit après le bain quasi permanent d'hémoglobine que nous force à prendre la production actuelle de la plupart des comic-books, qui se complaisent dans la tragédie. Marineman est-il volontairement naïf, ou est-ce un de ces hasards de la création? Churchill annonce dans la postface avoir eu l'idée de ce héros alors qu'il n'était encore qu'un tout petit gamin, dans les seventies. Peut être est-ce là que réside la clé de ce climat apaisé. Et puis même, gageons que dans les prochains numéros, l'action s'emballera, et que des flots si sereins surgiront quelques intrigues à tiroirs. Profitez en bien, vous n'aurez pas le temps de bronzer au calme tous les mois.

Rating : OOOOO




FALLEN SUN : Un dernier hommage à Sentry


THE SENTRY : FALLEN SUN

(Paul Jenkins/Tom Raney - Publié en VF dans Marvel Heroes 39 )

En guise d'épilogue à "Siege", qui vient de se conclure, rendons un dernier hommage au personnage de Sentry, jamais vraiment adopté par les lecteurs, qui nous laisse après quelques années d'aventures et un immense potentiel pas toujours bien exploité. Tout ceci dans un one-shot intitulé "Fallen Sun" qui est publié ce mois-ci sur les pages de Marvel Heroes.


Si le titre même évoque clairement le "Fallen Son" qui marqua en son temps le trépas de Steve Rogers, alias Captain America, on ne pourra certainement pas prétendre que la mort de Sentry a eu autant d'impact émotif, loin de là. Pourtant la première mini-série de Paul Jenkins avait vraiment un charme fou, et ce nouveau venu sur la scène héroïque, que tout le monde feignait d' avoir oublié, était nimbé du mystère propre aux grands héros; sauf que pratiquement jamais par la suite, cette vaste opération de "ret-con" n'est parvenu à tenir la route, faute d'avoir les idées claires. Les origines même de Sentry ont été revues, corrigées, évoquées, et au fur et à mesure des révélations, en devenaient insipides et confuses. Ses pouvoirs quasi illimités en faisait une sorte de demi-dieu, plus puissant encore que Superman, sans le moindre talon d'achille. Si ce n'est une propension naturelle à la schizophrénie, une scission de sa personnalité en deux entités distinctes. Sentry donc, mais aussi Void, la face obscure de la même monnaie, qui menaçait tôt ou tard de faire descendre les ténèbres sur nos têtes. Norman Osborn avait finalement raison : avec un pouvoir aussi dangereux et incontrôlable, le monde avait besoin d'un garde-fou, de se protéger lorsque le moment sera venu. Seul le directeur du H.a.m.m.e.r était parvenu à donner un semblant de stabilité à Bob Reynolds, en le convertissant en un laquais surgonflé, le chien de garde idéal à balancer sur l'ennemi lorsque celui ci semble prendre l'avantage. Une constante du Dark Reign, d'ailleurs : les rênes du pouvoir, politiques ou super héroïques, étaient entre les mains d'individus dont la psyché fragile et vacillante ne pouvait entrainer, inéluctablement, qu'une catastrophe planétaire. Finalement, le siège d'Asgard et ses répercussions n'est qu'un moindre mal, si nous imaginons ce qui aurait pu se produire, avec un peu moins de chance.


Il s'en passe quand même des choses assez discutables, dans ce qui est le dernier salut à Bob Reynolds. Pour commencer, décernons la palme à Malicia (Rogue en VO). Comme vous le savez, la belle a très longtemps du fréner ses ardeurs : ne pouvant avoir de contacts physiques avec personne, sous peine de vider celui ou celle qu'elle touchait de ses pouvoirs et de son energie vitale même, sa vie sentimentale, pour ne pas dire sexuelle, ressemblait de près ou de loin à un désert. Ici, nous la retrouvons en larmes, bouleversée. Car oui, on nous le dit à demi-mots, la donzelle aurait connu les assauts de Sentry, qu'on devine fougueux. Et bien voyons, rien que cela! Ben Grim des Fantastiques a toujours le mot pour rire : selon la Chose, Sentry était un homme meilleur que lui. Au passage, il nous conte une anecdote restée inédite, où un membre des Démolisseurs aurait trucidé un bus rempli d'enfants de cinq ans. Vous avez lu ça quelque part, vous? Tony Stark également n'est pas en reste : l'ancien alcoolique pas si anonyme apporte une caisse de bieres à ses amis suhommes pour trinquer un dernier coup devant la tombe de son ancien ami. Pour lui, bien entendu, ce sera une eau gazeuse, il ne faut pas tenter le diable. C'est de l'humour involontaire, ou à quel degré, autrement? Je ne m'étendrais pas non plus sur Thor, le Dieu du tonnerre, qui entame une java dans le salon de la mère de Reynolds, dont il a tué le fils quelques jours auparavant, pour sauver l'humanité. La fin du Dark Reign, ça se fête, et en musique! Heusement que c'est illustré par Tom Raney, un de mes artistes préférés, pour mitiger la sensation amère que procure ce Fallen Sun. Adieu Sentry, donc, ou plutôt ... au revoir, comme il est de coutume dans le petit monde du comic-book, où la mort se soigne finalement très bien. Personne n'a su véritablement que faire de toi, alors tu ne pouvais pas non plus t'attendre à un enterrement de première classe, comme celui que Starlin réserva en son temps au grand Captain Marvel ? R.I.P et à bientôt.

Rating : OOOOO


DARK AVENGERS 16 : Les vengeurs noirs rendent les armes



DARK AVENGERS 16

(Brian Bendis / Mike Deodato - En VF dans Dark Reign 16 de janvier)

Si l'arrestation de Norman Osborn marque la fin du "Dark Reign", elle est également le terminus pour la série "Dark Avengers" de Brian Bendis et Mike Deodato Jr. Faux vengeurs mais véritables psychopathes, les pathétiques copies des plus grands héros de la Terre ont finit de chanter, et vont devoir assumer les conséquences de leurs actes.

C'est donc avec le numéro 16 que le titre ferme ses portes. Osborn est tombé de très haut, et sa dernière rodomontade (assiéger Asgard, tout de même...) fut la proverbiale goutte d'eau qui finit par faire déborder le vase. On le retrouve à genoux, mordant la poussière, malmené par un Bucky/Captain America qui ne fait pas de manières avec son prisonnier. Le regard de Victoria Hand, l'aide de camp de Norman (qui depuis sa toute première apparition me fait l'effet d'une Sarah Palin un peu plus jeune), qui observe la déchéance de son patron, en dit long sur le désarroi qui flotte sur les ruines de l'homérique bataille, désormais achevée. Les Vengeurs Noirs doivent se faire à l'idée : ils sont ammenés à répondre de leurs actes, et vont donc subir une détention qu'on devine assez déplaisante. Il y a toujours la possibilité de fuir, ce qu' Opale (ersatz de Miss Marvel) et Bullseye (un Oeil de Faucon tout penaud) tentent de faire, mais les héros, les vrais, sont là et veillent au grain, comme Carole Danvers, la seule et originale Miss Marvel, ou encore Luke Cage. Impossible d'échapper au juste courroux des Avengers enfin réconciliés. Les dernières tensions héritées de Civil War vont pouvoir être aplanies, notamment les rapports entre Tony Stark et Steve Rogers. Le premier est revenu dans la course après avoir été le fugitif le plus recherché de la planète durant le Dark Reign, le second semble avoir racroché son bouclier de Captain America pour une tâche peut être plus ardue encore, endosser le manteau de grand chef du contre espionnage et de la sécurité américaine (et mondiale), succèdant de la sorte à Norman Osborn et Nick Fury. Bref, tournons tous ensemble la page, et projetons nous directement dans l'ère des Héros.


Bendis n'oublie pas non plus de balayer les dernières miettes avant de fermer la porte à clé. Il laisse tout de même un fugitif oh combien dangereux en la personne de Daken, le rejeton de Wolverine, qui parvient à s'eclipser non sans commettre un dernier fait d'arme. Il rend un hommage rapide à Ares, le Dieu de la guerre, dont la présence régulière sur nos comics Marvel aura été d'assez courte durée. C'est son fils, le très jeune Phobos, qui reçoit des mains de Thor le heaume au panache ayant appartenu au grand guerrier éventré par un Sentry enragé. Victoria Hand ne quittera pas tout à fait la scène puisque Steve Rogers lui fait une étonnante proposition : le monde change, si même un coeur pur et ingénu comme l'ancien Super Patriote accepte l'idée que les jeux politiques impliquent de s'appuyer sur des individus libres de scrupules, tant qu'ils agissent pour le concept personnel qu'ils se font de la justice suprême et du bien commun. A ce sujet, sommes nous bien sur qu'il n'y ait pas eu, chez Norman Osborn, une partie de folie raisonnable, de véritable vocation à sauver sa nation, ses semblables, d'une communauté super héroïque toute puissante qui s'assied trop souvent sur les lois, et en oublie les dommages collatéraux causés par ces incessantes luttes entre zèbres costumés? Rappelez vous Civil War justement, et osez encore me dire qu'il n'y a pas une part de vérité dans ce constat. Sauf que l'écho du bouffon est toujours bien présent, tapi dans l'ombre, prêt à dévorer l'esprit d'Osborn pour en faire un ignoble psychopathe méritant la peine capitale. Dans les cendres encore fumantes d'Asgard, le Dark Reign s'éteint lentement. Qu'à cela ne tienne, une nouvelle ère va pouvoir s'ouvrir. Et comme les meilleures intentions n'entrainent pas toujours les plus heureuses conséquences, gageons que l'avenir s'annonce riche en coups de théâtre et en rebondissements des plus variés. To be continued ...

Rated : OOOOO


100% MARVEL DEADPOOL : IL FAUT SOIGNER LE SOLDAT WILSON



100% MARVEL : DEADPOOL 1

(Wade Wilson's War 1-5 - Duane Swiercynski / Jason Pearson)

Quelques semaines seulement après le dernier Marvel Icons HS qui le voyait grand protagoniste aux cotés du Punisher, Deadpool est déjà de retour chez Panini, pour un premier album dans la collection 100% Marvel : Il faut sauver le soldat Wilson. Il s'agit de la version française d'une mini série de 2010, Wade Wilson's war, qui nous promet de lever le voile sur certains mystères du passé du personnage.

D'emblée, nous retrouvons Wade Wilson devant le Sénat américain. Il est sommé de répondre à certaines questions sur ses activités passées (dont un récent carnage au Mexique contre un puissant cartel de la drogue), mais aussi de montrer son véritable visage, que nous savons horriblement défiguré, et donc perpétuellement protégé sous un masque. Le récit de Wade est comme de coutume assez décousu, truffé d'humour pas très fin, et à prendre au second, voire troisième degré. Il a toutefois un intérêt indéniable, celui de nous présenter le groupe de mercenaires avec lequel il a participé à bien des missions ultra secrètes pour le compte du gouvernement de son pays. Un groupe si secret au point qu'il n'ait pas de nom (juste le Team X), ni de référent concret au plus haut niveau. Un groupe qui comprend de belles pointures puisque nous y trouvons, outre le mercenaire mutant héros de cet album, la jolie soviétique Sablinova, alias Silver Sable, le tireur d'élite cinglé Bullseye (Lexter Pondexter), et Neena Thurman alias Domino (croisée récemment sur les pages de Sexe + Violence). Les missions sont clairement teintées rouge sang : on y voit même Pondexter tenter d'éteindre un début d'incendie avec l'hémoglobine dégoulinante d'une tête qu'il vient de trancher. Bref, de l'action pure et dure qui ne fait pas dans la dentelle. N'oublions pas tout de même l'humour, nous parlons de Deadpool, au fait. Ainsi, sommé de se montrer sous son vrai visage, celui ci accepte d'enlever sa cagoule pour dévoiler les traits de ... Mickael Jackson, le nez tronqué au milieu de la face. Là commence , pour se justifier, la narration du récit fondateur du personnage : comment il est devenu ce qu'il est, à savoir un mutant doté d'un facteur auto guérissant à faire pâlir Wolverine, mais aussi dont le corps est totalement ravagé après avoir contracté un cancer du cerveau inopérable et subi une cure particulière, qui lui a sauvé la vie, tout en la modifiant à tout jamais.



Bref, une classique histoire d'opération/transformation aux mains d'un gouvernement qui complote et crée ses propres super soldats à l'insu de tous. Nous assistons ainsi à tout le processus qui a permis à Deadpool de se transformer en une arme formidable, sur deux modalités différentes : ce que le mutant veut bien raconter au jury (une résistance stoïque à la douleur) et la réalité (un Wade paniqué et hurlant, un peu ridicule dans son slip Spidey, sur la table d'opérations). A l'écouter, un incendie s'est ensuite propagé dans l'hôpital secret et il a du intervenir pour sauver le personnel militaire, y testant ainsi des nouveaux dons mais y perdant son apparence humaine. Son cerveau reconditionné considérant que son aspect carbonisé et en lambeaux est l'apparence de base de sa personne, Deadpool est donc condamné à vivre avec cette tare pour le restant de ses jours. Tout cela est acceptable uniquement si on considère que cette mini série en 5 parties a été publié sous l'étiquette "Marvel Knights" et qu'elle ne s'embarasse pas forcément d'un respect scrupuleux de la continuity. D'un autre coté, le fait que Deadpool abatte fréquemment le "quatrième mur" et crée de la sorte une mise en abîme du médium comic-book rend l'ensemble de l'histoire encore moins sérieuse, comme une sorte de clin d'oeil continu aux nombreux lecteurs qui ont élu le "merc with a mouth" au rang de personnage fétiche. On le voit même, à un certain moment, et alors qu'il est à l'hôpital entre deux missions, étaler une série de comics que vous possédez peut être dans votre collection. Duane Swiercynski use de cette méthode pour atténuer le coté gore des scènes d'actions, que Jason Pearson réussit à rendre percutantes et dynamiques. Son talon d'achille, par contre, ce sont les expressions des personnages, principalement lorsqu'ils ne sont pas montrés au premier plan. Comme si le fait d'être mis en retrait impliquait la fatalité d'être baclé. Il vous faudra aller au bout de ce 100% Marvel pour démêler le vrai du faux (et encore...) et comprendre vraiment quels sont les plans de Deadpool et de sa fine équipe. Et vous y parviendrez probablement assez facilement car il s'agit d'une lecture plaisante, bien que se complaisant par moments dans une trop grande facilité, une absence de prise de risques. Pour ceux qui seront conquis, ce sera un apéritif, avant que Panini ne lance sa nouvelle revue, un 48 pages entièrement consacré à Deadpool, dont le premier numéro est attendu pour mars. Pour les allérgiques au personnage, ce sera une dépense totalement superflue.

Rating : OOOOO




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