BEST OF MARVEL : LES X-MEN PAR JIM LEE ET CHRIS CLAREMONT

Je reviens, ce matin, sur un article publié en mars dernier, mais qui est à nouveau d'actualité, depuis la (re)sortie d'un joli Marvel Best of, ces jours ci. En avant, donc :

Autres temps, autres moeurs. Si aujourd'hui les comic-books les plus vendus ne dépassent même plus les cent mille exemplaires (le Reboot Dc faisant figure d'exception temporaire), il n'en a pas toujours été ainsi, loin de là. En 1991, les X-men sont au sommet de leur gloire, et Marvel se décide enfin à doubler la ration mensuelle de titres consacrés au team de Charles Xavier. Après Uncanny X-men, c'est au tout de la prosaïque X-men de voir le jour, cette même série qui de nos jours est affublée d'un appendice (X-Men : Legacy, son nouveau nom). Chris Claremont est au scénario, nous sommes donc en terrain connu. Aux crayons, c'est la grande star de l'époque, Jim Lee, qui est chargé de donner tout le lustre attendu à cette nouvelle création. Ajoutez à cela la bulle "comics", comme il y eut plus récemment une bulle de l'Internet, une ribambelle de special covers pour collectionneurs transformés en spéculateurs, et l'effet mutant sur un lectorat en transe, et vous obtiendrez des chiffres qui donnent le vertige : 8,1 milions d'exemplaires de X-men 1 vont se vendre à travers le monde! Des X-men qui pour l'occasion se scindent en deux équipes de couleurs différentes, l'équipe or et l'équipe bleue. Et qui retrouvent sur leur chemin leur ennemi le plus farouche, qui avait pour un temps rejoint leurs rangs, je veux parler de Magneto, bien entendu. Ce dernier a fait de son astéroïde M, en orbite au dessus du sol soviétique, un état souverain qu'il transforme en havre et en refuge pour tous les mutants qui le souhaitent, à condition de le reconnaître comme le chef auto-proclamé de la mutanité, comme le guide eclairé qui permettra aux siens de prendre leur revanche sur des homo-sapiens (des "génézéros", comme plutôt bien traduits en VF) destinés à succomber sous son juste courroux.


Un magneto effrayant et puissant, majestueux, tel que le réintroduit Jim Lee. Un homme amer et résigné, qui retrouve le goût du combat, et la hargne des grands jours, quand Fabian Cortez et ses acolytes viennent prêter allégeance. Et tant pis si le premier cité projette déjà de trahir son nouveau gourou, dès que l'occasion se présentera. Ceci occupe l'intégralité des trois premiers épisodes. Par la suite, l'action change de protagoniste : C'est au tour d'Omega Red de se retrouver sous les projecteurs. Ce mutant maléfique et doté de tentacules artificiels emet des phéromones mortels et agit comme une sorte de vampire energétique. Il défait sans aucune difficulté les X-men qui se dressent sur son chemin mais c'est principalement entre lui et Wolverine que va se jouer le duel décisif. Une opposition intéressante car Logan est doté d'un facteur auto guérissant qui lui permet de subir les assauts de son ennemi sans succomber d'emblée. Il est à déplorer que par la suite, les scénaristes n'ont pas su trouver d'emploi à la mesure de la menace pour le mutant soviétique Omega Red : il semble pourtant, dans ces derniers épisodes scénarisés par Claremont, une véritable engeance que les X-Men redoutent à juste titre. Les planches de Jim Lee sont emblématiques du personnage : fouillées, ultra dynamique, plastiquement agressives et puissantes. Associé à Claremont justement, cela donne aussi sept numéros où le verbiage à la part belle, malgré tout, et où la réthorique enfle dans nombre de ballons qui se répondent les uns aux autres. Là où aujourd'hui nous aurions droit à une inflation de splash-pages muettes, les X-men d'alors défendent leurs idéaux par la grâce du verbe. Cela peut sembler ingénu voire redondant, mais mis en image et en texte ainsi, c'est aussi un pan de la légende mutante qui se dévoile. A des millions de lecteurs.... Un fort bel ouvrage donc, à recommander chaudement aux amateurs du genre.
 
Rating : OOOOO



WOLVERINE AND THE X-MEN #1 : La rentrée des classes pour Logan et ses élèves

Si l'univers Dc a rebooté, les X-Men eux, ont schismé. Des divergences d'opinion incurables ont fini par faire imploser la plus célèbre équipe mutante, et aujourd'hui nous avons entre les mains le premier numéro d'une nouvelle série, assez inattendue dans son pitch de départ : Wolverine and The X-Men. Le fougueux canadien est en effet le nouveau directeur d'une école pour jeunes surdoués mutants, bâtie sur les restes de ce qui fut autrefois le glorieux établissement du professeur Xavier, à Westchester, New-York. D'ailleurs, ce dernier est présent dans les premières planches, pour assurer la transition, et donner au passage quelques savoureux conseils à son ancien pupille, sur comment gérer sa nouvelle mission. D'emblée, le ton est donnée : humour qui fait mouche, bons mots, et un poil de nostalgie. Je ne m'étais pas amusé ainsi avec de jeunes collégiens X depuis l'arrivée de Generation X, qui m'avait bien diverti, dans ses premiers numéros (avec Bachalo, déjà). Le danger qui guette, pour Wolverine ( et Kitty Pride, qui est désormais son adjointe ) ce sont les deux inspecteurs académiques, qui sont venus évaluer les risques que courent les jeunes "normaux" au contact voisin d'une telle initative. Bien entendu, partout où ils mettent les pieds, ce qu'ils voient à de quoi refroidir le plus enthousiaste des pro-mutants! Mention très bien pour Jason Aaron qui transforme en or pratiquement tout ce qu'il touche. C'est frais, bordélique à souhait, et vraiment respecteux de ce qu'on pourrait attendre d'une telle école, où le responsable éducatif est aussi le mutant le plus dangereux et bourlingueur de la planète. Chris Bachalo est de surcroit à son aise, efficace, appliqué, tout en conservant son style dynamique et enlevé. Ajoutez à cela une série de petits clins d'oeil hilarants (Quentin Quire en prisonnier politico-éducatif, le petit Brood qui justifie sa présence à ses compagnons de classe) et un cliffhanger à la hauteur du chaos ambiant, et vous obtenez une lecture indispensable en cette fin d'année. Une vraie bonne série qui va faire parler d'elle !





DC HEROES 5 : Le début de la fin pour Flash et l'univers DC

Ne l'oubliez tout de même pas, il y a eu de la vie avant le reboot. D'ailleurs, Panini tire ses dernières salves, pour ce qui est du catalogue Dc. Avant de connaître véritablement le destin du kiosque sous l'ère Urban Comics(assez flou pour le moment), intéressons nous à la nouvelle série dédiée à Flash, où plus précisément à Barry Allen, écrite remarquablement par Geoff Johns. Un Barry qui est donc de retour à Central City, qui a repris du service en tant que scientifique dans la police (il s'occupe des "cold case", et ça fait très tendance, vu que depuis quelques années la tv s'est emparée de la profession) et qui est toujours mariée avec Iris West, la belle journaliste. Tout irait bien dans le meilleur des mondes, si à l'impromptu n'apparaissait pas le cadavre d'une version alternative du Maître des miroirs. Le pire étant quand une équipe composée de Lascars (les Renégats) venus du XXV° siècle entre en scène, et accuse le bolide du meurtre. Cette force d'intervention très particulière représente la loi, dans le futur, et a pour mission de rentrer à son époque avec Barry, pour le soumettre à un procès. Pendant ce temps là, les Lascars, les vrais, ceux de notre époque, mijotent de nouveaux mauvais coups, et soumettent Captain Boomerang à une sorte de test : à peine ressuscité d'entre les morts (un des effets de la lumière blanche de Brightest Day), il va devoir prouver sa valeur et qu'il mérite encore sa place parmi ses amis les criminels. Avec en première mesure, s'évader du quartier de haute sécurité de la prison, et bien entendu, aller retrouver Flash, son ennemi juré, histoire de bien prouver qu'il n'a pas perdu la main en perdant la vie. Quand tout s'enchaîne aussi mal, on appelle ça la loi des séries?



Bien sur, avec Flash, il vaut mieux ne pas être allergique aux bonds temporels, et aux histoires de couloirs du temps. Ce serait d'autant plus dommage que ce numéro de DC Heroes est vraiment bon. Après tout, cette fois, ce récit qui met en scène héros du XXV° et du XXI° siècle reste facilement compréhensible, et assez linéaire, pour peu qu'on connaisse un minimum le bolide écarlate. Les dessins de Francis Manapul sont très agréables, et ils collent très bien au ton général qui se dégage de cette nouvelle série. Il est épaulé avec talent par le coloriste (Buccellato) qui use de teinte cuivrée, orangée, ou bistre, bien constratées par les blancs de fond de case. Et surtout, disons le franchement : c'est dans cet album que commencent à germer les graînes qui vont faire imploser l'univers Dc, et provoquer le plus grand relaunch de l'hsitoire du comic-book. Lisez bien les dernières planches, et vous verrez que la conclusion de ce récit provoque en Flash une certaine réaction. Après tout nous avons affaire à quelqu'un qui peut voyager dans le temps, grâce à la Force Véloce, et donc modifier l'histoire, s'il lui en venait l'idée. Heureusement que Barry est un être raisonnable et qu'il pondère bien tous ses choix, mais personne n'est infaillible, après tout. Vous souhaitez lire la suite? Les épisodes 1 à 6 sont donc présents ici, le numéro 7, lié à Brightest Day, risque bien de partir en fumée (rien de prévu, à ce jour, chez Urban Comics). Par contre, du numéro 8 jusqu'au grand "event" Flashpoint, un mensuel temporaire (en trois parutions) est prévu chez Dargaud, dès fin février. En attendant, je recommande fortement ce Dc Heroes de Panini, dernier du nom.

Rating : OOOOO

DC COMICS : Les super-héros s'affichent (en 100 couvertures!)

Avec l'arrivée prochaine des fêtes de fin d'année, le moment est peut être venu de commencer à chercher des cadeaux malins et qui seront appréciés. Notre première recommandation n'est pas inédite puisqu'il s'agit d'un très bel ouvrage sorti l'an passé, à la même époque. Un très grand format des éditions Huginn and Muninn (pour la Vf) proposé à l'occasion des 75 ans de Dc comics. L'intérieur est composé de 100 couvertures dites "historiques", choisies pour leur intérêt, leur originalité, leur beauté. Elles peuvent être aisément détachées, pour ensuite finir dans un joli cadre au dessus de votre cheminée, et la qualité du papier employé est notable. Au dos de chacune d'entre elles, un texte explicatif justifie la selection et explique en quoi cette cover s'insère dans son époque, et a pu retenir l'adhésion des éditeurs et des lecteurs. C'est tout Dc qui passe au crible de ce magnifique ouvrage, avec des indémodables attendus comme Superman, Wonder Woman, Green Lantern, Crisis on Infinite Earths, mais aussi le catalogue Vertigo (avec des chef d'oeuvres issu de Swamp Thing, Y, Sandman, ou encore l'iconique Watchmen...) et les premiers comic-books à l'eau de rose de la maison d'édition, ainsi que ceux dédiés à l'horreur et au fantastique. La préface est signée Paul Levitz, dont l'enthusiasme et la compétence ne sont plus à démontrer. Le prix de ce cadeau? 35 euros, et il les vaut complétement. Si vous choisissez de garder l'album intact, il deviendra une des pièces maitresses de votre collection, le genre qu'on prend plaisir à feuilleter et refeuilleter à loisir. si vous optez pour un détachage sélectif des couvertures, sachez que vous dépenseriez bien moins que si vous décidiez d'acheter une série de posters ou de lithographies, souvent hors de prix et pas toujours soignés. Dans les deux cas, vous pouvez sérieusement prendre en considération l'achat. Pour ma part, j'ai eu la chance qu'on me l'offre l'an passé. C'est bien, les fêtes!

URBAN COMICS EN JANVIER ET FEVRIER : Un menu double face

Le catalogue Urban Comics pour les deux premiers mois d'exercice, c'est à dire Janvier et Février 2012, a été dévoilé hier. Au menu, on commence par un grand classique qui a pourtant été reproposé très récemment par Panini (mais avec la fameuse traduction de Manchette, ce qui à mon humble avis n'entraînera pas pour autant les foules, le porte monnaie des lecteurs n'étant pas sans fond...), à savoir Watchmen. Suivront en février une belle brochette d'albums en librairie, avec du dispensable (le Superman de Casey), des bonnes idées (le Black Mirro de Batman), de la surprise (une anthologie JLA comme produit d'appel) et du Vertigo. Sans oublier de l'inédit comme le volume dédié à la Wonder Woman de Straczynski. Pas mal du tout, finalement. Par contre, coté kiosque, c'est la débandade. Deux titres annoncés, des prix plus élevés, la sourde impression que pas mal d'histoires, entre l'arrêt de Dc chez Panini et l'arrivée de Dargaud, risquent de passer aux oubliettes. Reste à voir ce que mars et avril nous promettront, mais il est clair que Urban va devoir vite rectifier le tir sous peine de condamner Dc en kiosque. Le menu complet :

- Superman - Superfiction, de Joe Casey et Derec Aucoin. Sortie le 24 Février. Prévu en 2 tomes (le second en Avril). 144 Pages - 15 euros.
(Contient les numéros US Adventures of Superman #610, 612-616)

- Wonder Woman - L'Odyssée, de J.M. Straczynski, Phil Hester et Don Kramer. Sortie le 24 Février. Prévu en 2 tomes (le second en Avril). 176 pages - 17 euros.
(Contient les numéros US Wonder Woman #600-607)

- Soldat Inconnu, de Joshua Dysart et Alberto Ponticelli. Sortie le 24 Février. Inédit en France ! (Prévu en 4 volumes, la suite en Avril 2012) 144 pages - 15 euros.
(Contient les numéros US The Unknown Solder #1-6)

- Top 10 d'Alan Moore et Gene Ha. Sortie le 24 Février 2012. Vertigo Classiques. 160 pages - 15 euros. Le retour de la série culte !
(Contient les numéros US Top Ten #1-6)

- DC COMICS Anthologie (Recueil) Collection: DC Anthologie Scénario: Jerry Siegel, Alan Moore & Collectif Dessin: John Byrne, Neal Adams, Jim Lee & Collectif  Sortie le 24 février 22,50 € - 288 pages. Ne me demandez pas le menu, on ne le connait pas. Par contre il comprendra le numéro 1 de la JLA post relaunch.

- BATMAN – Black Mirror (Sombre Reflet) (tome 1) Collection : Dc classiques Scénario : Scott Snyder Dessin : Jock & Francesco Francavilla 15€ - 144 pages Sortie le 24 février, inédit en VF



Plus donc, en janvier :

WATCHMEN - LES GARDIENS

Collection DC Deluxe  35€ - 464 pages  Avec la traduction de Manchette, dite de "référence".


Et le point faible, le kiosque :

- Flashpoint (1/3), de Geoff Johns et Andy Kubert. 6€60. 144 pages. Sortie le 24 Février 2012.
(Contient les numéros US Flash #8-12, Flashpoint #1)

- Batman Showcase (1/2), de Grant Morrison, Chris Burnham et Yannick Paquette. 5€60. 96 Pages. Sortie prévue le 24 Février 2012.
(Contient les numéros US Batman Inc. #5-8)

Au passage encore une critique, mais Batman Showcase, c'est un titre foireux.

Bref, la librairie rit (joli, ça sonne bien), le kiosque pleure.




ULTIMATE AVENGERS HS 3 : Les New Ultimates de Loeb et Cho

Lève la main celui qui n'a pas pris son pied avec la première série des Ultimates, celle dirigée de main de maître par Mark Millar et Brian Hitch ! Après une fin de parcours bien moins brillante, sous la houlette de Jeph Loeb, et le cataclisme complet provoqué par Ultimatum, le titre revient enfin en kiosque avec une nouvelle dénomination (New Ultimates) et toujours le même démiurge à bord, Loeb, qui cette fois s'efforce de donner un peu plus de profondeur à son récit. Les Ultimates sont au plus bas, et les quelques membres rescapés ont le moral dans les chaussettes. On retrouve donc Tony Stark, dont le cancer est en phase de rémission, et qui couche avec son patron, la belle Carol Danvers du Shield. Hawkeye, qui a perdu nombre d'amis et sa famille, et doute totalement du bien fondé de l'équipe, dans de telles circonstances. Walkyrie, éprise de Thor et désespérée à l'ide que son amour est porté disparu, ou pire, mort. Et la mystérieuse Zarda, qui n'inspire pas forcément la confiance. Après un bref combat contre une nouvelle équipe de surhommes venus de nul part (Les Défenseurs, avec entre autres la version Ultimate de Luke Cage et de Hellstrom, fils de Satan), les New Ultimates vont tomber dans le piège tendu par Loki, prince du mensonge, et la belle Enchanteresse. Principalement les membres féminins de l'équipe, qui confrontés à leurs peurs, leurs désirs, et une version distordue de la réalité (une spécialité de Loki), vont perdre la boule et s'en prendre avec pertes et fracas à leurs coéquipiers désemparés. L'aide de Thor serait donc la bienvenue pour rétablir un peu d'ordre, mais ce dernier trouvera t'il une porte de sortie pour s'enfuir du Walhalla, royaume des défunts nordiques, gouverné par Hela. Et si c'est le cas, à quel prix? A peine de retour, nos héros sont déjà dans la mouise jusqu'au coup...


C'est donc Jeph Loeb qui tire les ficelles dans ce come-back des Ultimates. Le même qui les avait poussé dans la tombe, après des débuts en fanfare grâce à Millar. Ici, nous notons une amélioration sensible dans l'intrigue et la manière de progresser dans l'histoire. Pour le premier épisode, l'auteur n'hésite pas à utiliser sa propre expérience du cancer (son fils en est décédé) pour rendre le discours de Tony Stark plus poignant et parlant. C'est réussi. Il insuffle aussi un certain humour à la dynamique entre les membres, et les dialogues sont souvent savoureux. Sous les pinceaux de Frank Cho, les héroïnes sont particulièrement bien dotées en capacité pulmonaire. De Hela, reine des enfers, à Zarda, ses figures féminines sont très voluptueuses, toutes en rondeurs provocantes, une ode à la générosité. Pour le reste il est efficace et son style s'adapte sans problème à l'ambiance de cette série. Reste à régler le problème des Défenseurs. Ils apparaissent et disparaissent aussi vite dans le récit, et on aurait bien aimé en savoir plus de suite, sans avoir à patienter qui sait combien de temps. Prochain rendez-vous avec les Ultimates, dans la revue Ultimate Avengers 10, où nous pourrons lire la mini série Ultimates Avengers Vs New Ultimates. Tout un programme!

Rating : OOOOO

ALPHA FLIGHT (LA DIVISION ALPHA) : LES CANADIENS ENCORE RECALES !

Si vous cherchez une équipe qui a la "lose attitude", vous avez trouvé! Pauvres héros canadiens, depuis toujours benjamins d'une partie du lectorat de Marvel, sans que celle ci soit assez conséquente et motivée pour empêcher que les différentes séries consacrées à la Division Alpha ne connaissent une fin prématurée. Et ce sera encore le cas, avec l'on-going actuelle, qui fermera ses portes en janvier avec le numéro huit! Tout avait pourtant bien commencé, sous la houlette de John Byrne, alors en plein âge d'or personnel. Dans les années 80, et pendant 28 mois consécutifs, Byrne donna un peps inédit et inattendu à Alpha Flight, la première équipe de super héros canadiens, se concentrant principalement sur un ou deux membres à la fois, prenant ainsi le temps de caractériser chacun de ces derniers, et de tisser des intrigues remarquables et poignantes (comme Marrina et le Prince des mers, la première citée transformée en un monstre acquatique, ou la mort de Heather McNeil, leader de la formation). Même après le départ du grand John de la série, les Alphans connurent d'autres hauts, et de nombreux bas, mais accueillirent de grand noms du comic-books, parfois en attente d'eclosion (Jim Lee, Scott Lobdell, Fabian Nicieza, entre autres...). L'équipe se renouvelait sensiblement, proposait régulièrement de nouveaux membres et put même se targuer d'une sorte de "réserve", la Division Beta, contrôllée par le gouvernement canadien.

En 1997, les AF reviennent grâce à Steven Seagle et Ducan Rouleau, principalement. Le roster est très différent de celui d'origine (bien que Heater et le nain Puck soient de la partie) et le plot est centré autour du Département H (services secrets canadiens), et oscille entre espionnage, trahisons, et actions super héroïque. Après avoir suscité l'enthousiasme les premiers mois, le titre disparait à la surprise générale après une vingtaine de parutions.

En 2004, Marvel affiche la couleur. Voilà venir des "All new all different Alpha Flight". La nouvelle formation est recrutée par Sasquatch, le yéti poilu du Canada, mais les choix et l'orientation choisie s'avèrent d'emblée déficitaires. Le public ne suit pas vraiment, et une tentative maladroite de faire revenir certains personnages plus illustres en cours de route n'arrange pas les choses. Fin de la partie après douze numéros, la version 3.0 est encore plus brève dans la durée que la précédente.



En 2007, une mini série en cinq parties, Omega Flight, donne un instant l'illusion que les Alphans pourraient redevenir une valeur sure. Mais là encore ce ne sont pas les personnages d'origine, qui viennent de subir les assauts mortels de Michael Pointer, investi par la force du "collectif", sur le pages des Vengeurs. Alors les lecteurs boudent, et ne se mobilisent guère. Fin de parcours définitive?

Pas vraiment. En 2010, Chaos War est un prétexte parfait pour faire revenir certains héros d'entre les morts. La Division alpha en profite pour retrouver plusieurs de ses membres (Shaman, Vendicator...) et se régénérer, en même temps que Fear Itself. Consécutivement au grand "event "Marvel, le titre est englobé dans les nombreux tie-in prévus, au point que la mini série intialement décidée ne soit transformée en un titre durable et régulier. Si durable qu'il vient d'être fauché en plein vol, et nous laissera avec le huitième rendez-vous (ce qui après tout était bien l'intention de départ, donc finalement Marvel n'a fait que confirmer la frilosité de ses choix de base). Après ça, qui oserait encore parier un kopeck sur un retour viable des rois de la lose canadienne ?





Un communiqué qui fait rire jaune, aujourd'hui : ICI

MARVEL MASTERWORKS : WARLOCK vol.2 par Jim Starlin

Pour ce second volume des Marvel Masterworks consacrés à WARLOCK, place à un grand Artiste pour qui le A majuscule est de rigueur : Jim Starlin. Qui récupère le personnage, après le relatif echec des premiers épisodes publiés peu auparavant, et présentés dans le premier volume. Avec Starlin, Adam Warlock devient encore plus tourmenté, passioné, agité, émotivement friable, mais toujours héroïque. Cette fois, c'est l'Eglise Universelle de la Vérité qui se dresse sur son chemin. Un culte qui n'accepte aucun opposant, aucun mécréant, et fait des prosélytes à travers le cosmos; qui ne se convertit pas à de fortes chances de ne pas survivre. A la tête de cette secte de grande envergure, nous découvrons le Mage, "The Magus", qui s'avère être en fait une autre version de Warlock lui même : la part négative de son être, celui qu'il deviendra dans le futur. En somme, pour anéantir son ennemi, il faudrait qu'Adam se supprime de ses propres mains! Il n'est pas seul dans son combat. De nouveaux personnages viennent enrichir la saga, et vingt ans plus tard, ce sont encore eux qu'une autre génération de lecteurs retrouvera durant le majestueux "Infinity Gauntlet". C'est ainsi qu'entrent sur scène Pip le Troll, dont la gouaille et l'inconscience contrebalance efficacement le sérieux et la gravité d'Adam. Et encore Gamora, qui s'autodéfinit la femme la plus dangereuse de l'univers, et dont la réputation ne semble plus à faire (le premier soldat qu'elle alpague tremble comme une feuille à sa seule vision!).

 En face, la Mage, donc, mais aussi la Grande Matriarche, qui gouverne temporellement cette Eglise profane. Starlin plonge à pleines mains dans ses thèmes de prédilection. Le religieux est decliné sous toutes ses formes, la remise en question des croyances personnelles et la relativité des buts de chacun. Ici, même l'ennemi est parfois de bonne foi lorsqu'il tente de convertir Warlock (le juge Kray-Tor) et quand celui ci le met hors d'état de nuire, grâce à sa gemme de l'âme, il se rend compte que son geste n'a rien de louable ou d'héroïque, et la culpabilité l'assaille lourdement. Est galement de la partie le perfide Thanos, dont Starlin nous renarre les origines avec audace, en faisant intervenir sur deux pleines pages Captain Marvel, pour un résumé inattendu durant lequel il s'adresse directement aux lecteurs. Starlin qui n'hésite pas non plus, à un autre moment, à abandonner la forme classique de la bande dessinée, pour synthétiser le menu des épisodes précédents, cette fois par la biais d'un long texte en marge d'une illustration psychédélique recoupant la folie qui guette Adam Warlock. L'auteur donne sa pleine mesure avec une gallerie incroyables d'intervenants, tous aussi cultes et originaux les uns que les autres, des dessins clairs et racés, très lysergiques et en insufflant une certain forme de philosophie poétique et cosmique, une ode au sacrifice, au renoncement, à l'acceptation de la diversité et de la folie, par moments. Un album monumental, incontournable, dont la publication en Vf devrait être une priorité, une urgence, que dis-je, une obligation ! Panini a déjà réalisé l'importance de la chose, en proposant aux lecteurs italiens un Omnibus des plus alléchants, consacrés à Adam Warlock. La France attend le sien. Et peut toujours se rabattre sur le second Masterwork pour payer son tribut au géant Jim Starlin.

Rating : OOOOO



MARVEL STARS HS 1 : FEAR ITSELF C'est parti (ou presque)

On en a beaucoup parlé ces mois derniers, et l'heure est enfin venue, pour les lecteurs français. FEAR ITSELF débute officiellement ce mois ci, sous la forme d'un hors d'oeuvre léger (48 pages, mais plus de quatre euros...) censé nous ouvrir l'appétit. Il s'agit du premier numéro hors série de la revue Marvel Stars, et pour l'essentiel, il est composé d'un one-shot introducteur, intitulé Book of the Skull. Le Skull en question, c'est bien sur Crâne Rouge, qui n'est plus de ce monde (pour le moment, nous sommes dans un comic-book), mais qui a laissé derrière lui une héritière : Sin, sa fille. Cette dernière aussi n'a guère eu de chance récemment, puisqu'elle est horriblement défigurée, et ressemble à une caricature de grand brulé. Epaulée par le Baron Zemo, un autre des vilains classiques issus des rangs des ennemis de Captain America, elle se rend dans le désert egyptien, sur les traces d'une arme très convoitée, qui fut autrefois possession du paternel. C'est là aussi qu'elle retrouve un mystérieux grimoire, dont la reliure pleine "peau" mérite totalement cette appellation, puisque réalisée à partir de l'épiderme d'atlantes massacrés. Un long flash back nous permet de retrouver Steve Rogers et Bucky Barnes en action, contre les nazis honnis, ainsi qu'un Namor impulsif, comme à son habitude. Le récit mêle ésotérisme et action de guerre, et Brubaker confirme qu'il est à son aise dans ce milieu spécifique, avec des héros qu'il connait comme ses poches. Autre bonne nouvelle, Scott Eaton est bien meilleur dessinateur aujourd'hui qu'à ses débuts pour Marvel, quand il produisait des planches repoussantes, dans les années 90.

Le lecteur aura le choix : lire ou ne pas lire ce hors série, qui n'est pas capital pour la compréhension de ce qui va suivre. Disons qu'il s'agit juste d'un complément intrigant, pour ceux qui veulent tout savoir du grand event à venir. En complément de la chose, Panini nous sert aussi deux très brèves histoires tirées de I am an Avenger #5 qui sont elles aussi dispensables, à bien y repenser. En somme, voilà une parution à recommander à ceux qui ont vraiment l'intention de se gaver de Fear Itself, ou tremblent d'impatience. Les autres peuvent tout aussi bien patienter un mois de plus, quand le grand feu d'artifice sera tiré en fanfare. Pour information, c'est ce mois-ci que Fear Itself se conclut, aux Etats-Unis. Du reste, les lecteurs réguliers ont probablement déjà lus, sur ce site, les différents compte rendus qui ont émaillé ces mois de déroute superhéroïque.

Rating : OOOOO

MARVEL MASTERWORKS : WARLOCK vol.1 par Roy Thomas et Gil Kane

A l'orée des années 70, Marvel décide de se lancer à la conquête des étoiles, avec de nouveaux personnages, plus en phase avec la société en devenir (biberonnée au LSD), et insère dans son panthéon une etrange créature aux ambitions christiques et auto-destructrices, WARLOCK. Au départ, celui ci est simplement nommé "Him", c'est à dire "Lui". Fruit d'une expérience scientifique sans morale, il nait à l'âge adulte, doté d'un pouvoir incommensurable, mais sans aucune expérience, perdu dans un univers qu'il ne parvient pas à appréhender dans toute sa complexité. Fuyant ses créateurs, qu'il chatie au passage, "Him" s'enfonce dans les étoiles, et se met en chasse, fort naturellement, d'une compagne pour tromper sa solitude. On ne peut lutter contre les instincts les plus grégaires! Le problème, c'est quand il jette son dévolu sur Sif, la belle et redoutable guerrière d'Asgard, déjà promise au Dieu du Tonnerre, Thor himself. Des étincelles sont à prévoir! Hormones en ébullition à part, Warlock va devoir se trouver une mission, un but dans la vie, un foyer où exercer ses talents et où donner un sens à son existence. Cap donc sur la Contre-Terre, réplique de notre planète, bâtie artificiellement par le Maître de l'Evolution, un ancien scientifique élevé au rang de demi-Dieu. Là, il va pouvoir fouler le sol d'un nouvel Eden, en compagnie d'animaux dont le potentiel génétique a été amélioré et stimulé, pour en faire des créatures antropomorphes, de modernes primitifs censés créer un monde meilleur.
Mais le ver est dans la pomme : la présence de l'Homme Bête, une sorte de loup humain guidé par ses plus bas instincts, qui se rêve en dictateur absolu. Warlock reçoit aussi une arme formidable, le joyau de l'âme, une pierre verte qui une fois apposée sur son front, lui permet de dominer la psyché de ses adversaires. Un de ses joyaux de l'infini qui feront, bien des années plus tard, les délices des lecteurs de la grande quête de Thanos vers la toute puissance universelle. Ici, nous lisons des épisodes fondamentaux pour le mythe des sagas spatiales Marvel. C'est là que nait et prospère la première mouture d'Adam Warlock, même si la représentation qu'en fait Gil Kane n'est pas toujours totalement convaincante. Ses caractéristiques de base sont toutefois déjà ébauchées, comme ce stratagème narcissique : se laisser crucifier (comme qui vous savez) et ressusciter trois jours plus tard (c'est original) pour venir à bout de son ennemi l'Homme Bête. La série mêle religiosité, prise de conscience libertaire, et fantaisie débridée, dans un joyeux mélange typique de l'époque. Mais elle n'obtient pas le succès escompté et très bientôt, Marvel décide d'interrompre sa publication, et doit même finir les intrigues en cours sur les pages de l'Incroyable Hulk, pour ne frustrer personne. Si Warlock est tout de même parvenu à marquer les esprits et à parvenir jusqu'à notre époque, c'est aussi parce qu'après ce premier volume, nous traiterons du second très prochainement : Il sera signé Jim Starlin. Tout est dit !
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THE HUNTRESS #1 : DE GOTHAM CITY A NAPLES ...

En marge de l'orgie de nouveaux titres réguliers (52), Dc comics propose depuis quelques jours le premier numéro de THE HUNTRESS, une mini série en six parties, liée à l'univers de Batman, qui soit dit en passant n'a jamais autant eu de spin-off et de rejeton divers et variés! Comme son nom l'indique, Helena Bertinelli est d'origine italienne, et la voici de son retour dans la belle Botte, mais certainement pas pour y passer de tranquilles vacances. C'est à Naples que nous retrouvons la "chasseuse", où elle va se retrouver très vite impliquée dans un réseau de trafiquants d'armes et de prostitués du Moyen-Orient, qu'elle va devoir s'efforcer de mettre à mal. La "marchandise" est bien entendu destinée à être revendue à Gotham, c'est pourquoi l'héroïne est de sortie, bien décidée à couper l'herbe sous le pied des criminels. Une trame linéaire et simpliste, pour un effort de compréhension minimal. Cette lecture est à la portée de tous. Ce qui m'a amusé, moi, c'est de voir et de lire l'opinion que l'auteur, Paul Levitz, peut avoir de l'Italie actuelle. Loin des clichés spaghettis et gondoles à Venise, le scénariste pointe d'entrée la puanteur qui règne à Naples (il se sera laissé influencé par les images des ordures répandues dans les rues de la ville?) et lorsqu'il organise la rencontre entre Helena et les journalistes locaux, ceux ci ne semblent pas très motivés ni très pressés de l'aider dans ses recherches. La vision d'une presse italienne muselée et inerte, apathique et s'accomodant d'une politique anarchique et déviante? Certes, Levitz n'évoque pas le scandale Berlusconi et les filles faciles, ni l'économie chancelante, mais il ecrit un comic-book, pas une charge personnelle contre l'Italie, on ne lui en tiendra guère rigueur. Si même dans la Bd le mythe du "Bel paese" en sort écorné, où allons nous, je vous le demande. Pour retourner fréquemment à Naples, je peux vous garantir que ce qui frappe le plus, dans le Sud de l'Italie, c'est à la fois le manque de réaction citoyenne, le fatalisme couplé à la paresse des couches populaires, et la totale incapacité de la classe gouvernante (souvent par intérêt personnel) de remédier à une situation précaire. Le plus beau pays du monde, dévoré par ses démons intérieurs. Pour revenir à notre sujet de départ, saluons les dessins clairs et sans bavure de Marcus To, qui contribuent à rendre la lecture agréable. Une première mini série sympathique et qui met à l'honneur une femme, encore une, après Batgirl, et Batwoman. Gotham est pour la parité, et ses héroïnes n'ont pas le temps de chômer.


SEMIC BOOKS : WONDER WOMAN HIKETEIA

Avis à tous les amateurs de fantasmes sado-masochistes : que penseriez-vous du scénario suivant ? Vous devez vous agenouiller aux pieds d'une brune sculpturale, une demie déesse, et prêter allégeance tout en remettant votre vie entre ses mains expertes, et en récitant le serment d'usage vous enlacez une de ces jambes bottées, alors qu'au dessus de votre nez flotte un lasso prometteur... Pour la suite, libre à vous d'inventer... Cette cérémonie pour le moins suggestive porte un nom, dans la tradition greque, c'est l'Hiketeia.
Dans un quartier trouble de Gotham, après une lutte farouche, une jeune femme poignarde un homme... Rapidement elle est pourchassée par Batman, elle réussit à lui échapper. Quelques jours plus tard, elle trouve refuge chez Wonder Woman et se place sous sa protection par ce rite antique, ce serment d'allégeance qui lie aussi bien le contractant que le contracté.
Le problème pour notre belle Amazone, c'est que Batman, un des ses plus chers collègues et amis, et bien décidé à ramener l'assasine chez elle, pour que la justice puisse être rendue. Liée par son serment, Wonder Woman ne peut donc pas livrer celle qui s'est offerte à elle, et va devoir la protéger, d'autant plus que derrière ses crimes se cache des motifs qui ne vont pas la laisser indifférente non plus. Au risque, cruel dilemme digne des tragèdies greques, de devoir affronter Batman dans un périlleux duel qui n'a plus rien d'amical...

Greg Rucka connait bien ses classiques mythologiques, et cela se sent, notamment quand il convoque les Errinyes, ces figures de la vengeance, qui viennent hanter les coupables jusqu'à les porter au bord de la folie. Il est épaulé efficacement aux dessins par JG Jones, qui évite de tomber dans le piège classique de ceux qui doivent illuster Wonder Woman, à savoir transformer leurs planches en tentatives ratées de faire du porno-soft ( ou du porno-chic, à vous de juger ) pour ados frustrés. L'action est subtilement dosée, la tension narrative toujours palpable, et les personnages agités par des sentiments et des convictions qui les rendent crédibles. Cet album est d'autant meilleure facture qu'il fait parti du catalogue Semic, il n'y pas si longtemps bradé ( 3 euros, c'est même offert! ) dans de nombreux supermarchés Auchan et Carrefour. Je me rappelle notamment que ces albums étaient présentés durant la période estivale, il y a deux ans, et que j'avais pu en acheter un certain nombre (au moins une dizaine) pour une somme modique qui avait presque fait rire mon porte-monnaie. Du coup, en écumant les forums d'echange et de passionnés, ne vous laissez pas berner. Ce très bon Hiketeia de devrait pas vous coûter plus de quelques euros, pour un fort agréable moment de lecture.

MARVEL UNIVERSE 29 : CHAOS WAR C'est parti !

Début ce mois-ci, sur les pages de Marvel Universe 29, de CHAOS WAR, le nouveau grand carnage impliquant aussi bien Dieux que super héros de bonne volonté. La première remarque est que résumer l'intrigue est simple, et confus à la fois. Le Chaos, quoi. Disons, pour faire court, qu'Hercule est de retour parmi nous. On le croyait mort, mais il était juste perdu dans un monde parallèle, et c'est son jeune et génial ami Amadeus Cho qui l'a tiré de ce mauvais pas. Au passage Amadeus lui a trasmis des pouvoirs quasi divins, qu'il avait obtenu en luttant avec Thor, pour le destin du fils de Zeus. Le nouveau Hercule est infiniment plus fort que l'ancien, et il va même devoir s'habituer à cette surdose de pouvoirs qui le rend aussi dangereux qu'imprévisible pour ses alliés. Cela dit, ce sera bien utile pour contrecarrer les plans d'un nouvel ennemi que rien ne semble pouvoir arrêter : le Roi du Chaos (aussi dénommé Amatsu-Mikaboshi) qui progresse inexorablement vers notre dimension, en défaisant facilement tous ceux qui se dressent sur son chemin, de Cauchemar, le seigneur des songes, à Pluton ou Zeus en personne! Son but est d'instaurer le Chaos primordial antécédent à l'existence de toute chose, autrement dit une forme de néant, ennemi intime de la vie, de l'existence, et cela suppose un carnage cosmique effroyable. Hercule n'est pas seul dans sa tâche impossible, il s'est entouré de recrues au sein d'un "escadron divin", qui comporte entre autres Thor, le Dieu du Tonnerre, Venus, Déesse de l'amour, ou encore Galactus, le dévoreur de mondes. Du beau monde, certes, mais en face, c'est du très lourd. Et pour chaque adversaire ou panthéon qu'il abat, le Roi du Chaos absorbe la force des vaincus pour en devenir toujours plus fort. Avouez que dans ces conditions, sa victoire finale et l'anéantissement de tout ne semble plus qu'une question de jours, à moins d'un vrai miracle...



Le sommaire de la revue est composé avant tout des trois premiers épisodes de Chaos War, de loin le plat de résistance. Sans être géniaux, ils ont au moins le mérite de faire avancer rapidement l'intrigue. Par contre, les one-shot liés à l'évenement sont vraiment indigents. Passe encore celui consacré à Ares, où nous découvrons les liens qui unissent le Dieu de la guerre au Roi du Chaos (ils se sont déjà affrontés à mort par le passé), bien illustrés par Segovia. Par contre, celui intitulé "Chaos King" est aussi confus qu'ennuyeux. Une sorte de disgression métaphysique sur les hommes qui abandonnent progressivement leurs Dieux, le tout situé sur Zenn-La, la planète natale de Norrin Rad (Silver Surfer). Totalement inutile. Khoi Pham est à l'ouvrage sur Chaos War, c'est lui qui gère la partie graphique, et je ne suis pas totalement satisfait. Parfois son trait devient brouillon, caricatural, les visages deviennent disgrâcieux et sans expression. Il semble avoir par contre plus de chance quand il doit représenter des personnages en pleine ascension, comme cette belle planche où Hercule emporte son père Zeus dans les cieux, pour le finir de sa propre main. Venus est présente elle aussi, dans un rôle plus comique qu'autre chose. On la voit même chanter du Bob Marley pour donner du coeur à l'ouvrage aux héros qui ont succombé... je reste dubitatif! Les onomatopées aussi sont parfois infantiles. Quand Hercule assène un direct au Silver Surfer, ça donne un "megapunch" qui me donne l'impression de lire un manga. Autrement, c'est la boucherie, les morts reviennent à la vie (très pratique, cette Chaos War, pour faire revenir sur le devant de la scène des héros tombés ces mois derniers. Encore une grosse ficelle usée jusqu'à la corde...) pour mourir à nouveau (où va t'on, quand on meurt après la mort?). Les Dieux sont partout, le panthéon grec nous est servi à toutes les sauces, et du coup, j'ai comme un accès de nostalgie quand je compare cette orgie avec ce que savait nous offrir Jim Starlin autrefois, quand il faisait de Thanos la grande menace cosmogonique. Pak et Van Lente n'ont aucune finesse, à coté, et ils nous débitent du défouraillage divin au kilomètre, sans prendre le temps de souffler. Chaos War, c'est du grand spectacle, mais aussi du grand guignol pas très bien maitrisé. Pour revenir à mes premières impressions, c'est le chaos, le vrai, au moins le titre n'est pas mensonger. Curieusement, je ne suis pas très pressé de lire la suite. Il faut croire que ce premier rendez-vous est loin d'avoir eu l'impact désiré...

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NOS ANNEES STRANGE 1970/1996 : C'est toute une époque !



Les chiffres de vente des "Années Strange" sont là pour le certifier : le quadra fan de comic-books est pris régulièrement d'accès de nostalgie pour ses années formatrices, cette jeunesse perdue, et qui ne reviendra plus. Le livre est un succès incontestable, et partout, blogs et sites spécialisés, à court d'imagination et d'épithètes, qualifient l'ouvrage de tiroirs à "madeleines" (véridique, j'ai retrouvé cette image systématiquement, dans chaque article!) ou de bibles pour geeks précurseurs. Moi qui ai connu l'époque, je vous confirme un pincement au coeur, certes du en partie au travail de Carletti et Lainé (le livre est beau, très sympa à lire, bien illustré et clair, en somme ce n'est pas un achat qui vous décevra), mais qui se manifeste même dans la moindre des brocantes, ou chez le moindre bouquiniste, à la vue des parutions Lug/Semic qui s'étalent. Et pourtant ! Coupures sauvages dues à la censure (le Daredevil de Miller passé au tamis de cette dernière), manque d'adaptation Vf d'un grand nombre de séries, ou choix arbitraires au grand dam du public (Rom qui disparait, certains ne s'en sont pas remis). Mais aussi crossover inégalement répartis, contraignant le pauvre lecteur à sauter d'une revue à l'autre (Strange/Nova/Special Strange/ et fin de parcours du combattant, dans un Récit Complet Marvel, tu finiras) et à acheter ce qu'il ne souhaite pas forcément; et encore association douteuse, comme les Uncanny X-men aux cotés des Team-ups de Spidey et de la Chose. De plus je passe sur la qualité du papier, les retards de distribution dans certaines villes, et le regard complaisant et dubitatif de nos parents, interdits devant cette jeunesse dévoyée qui délaisse Spirou et ces gaulois irréductibles pour d'absurdes combats d'athlètes hypertrophiés en collants. Panini n'est pas la panacée, mais nous vivons quans même une époque formidable ! Les librairies regorgent de beaux volumes pour toutes les bourses, les kiosques sont pris d'assaut par une foule de revues, où l'essentiel cotoie allégrement le vraiment dispensable. Ce qui n'empêche pas, quand "Nos années Strange" convoque les belles heures de notre jeunesse, que notre coeur bondit sauvagement, et que notre esprit s'égare. La nostalgie, baby. Vous verrez, dans 30 ou 40 ans, quand vos enfants et petits enfants liront leurs comic-books sur l'Ipad 25, en tournant les pages sur impulsion mentale, vous serez les premiers à vous ruer chez votre libraire de confiance (amazon?) pour commander "Nos années Panini" et verser votre petite larme en souvenir de ces merveilleuses premières années du XXI° siècle. Vive la nostalgie, et vive les comics, forever !

ALL-STAR WESTERN #1 : JONAH HEX DEBARQUE A GOTHAM

ALL STAR WESTERN, c'est le grand West qui investit nos comic-books, avec un invité d'honneur d'exception en la personne de Jonah Hex, qui vient juste d'essuyer un four totalement compréhensible (le film est mauvais) au cinéma. Enfin, le grand West, façon de parler, car si je ne m'abuse, dans la topographie Dc, Gotham City, là où se déroule l'action, est bien à l'Est, non? Nous sommes plongés en 1890, à une époque où Batman ne court pas encore les rues dans son costume de chauve-souris, mais où la ville est cependant déjà bien corrompue, à tous les niveaux, de la police aux juges. Le grand mystère du moment, ce sont toutes ces prostitués qui sont barbarement trucidées, ce qui n'est pas sans rappeler Jack the Reaper et From Hell d'Alan Moore, qui a eu l'occasion de raconter son idée de la légende. Jonah Hex débarque dans la plus pure tradition de l'étranger patibulaire et revêche, mais ultra efficace et prêt à faire triompher la justice. Il fait équipe (façon de parler) avec un psychiatre local, le docteur Amadeus Arkham, probablement l'ancêtre de l'asile de dingues dont les occupants semblent s'echapper chaque mois, au grand dam de Batman. Le récit est certes assez conventionnel, mais bien ficelé et sans fausse note véritable. On trouve de tout au menu : de la saine bagarre de saloon, des meurtres, un peu d'humour, et même une secte qui gangrène Gotham, contre laquelle vont devoir lutter nos deux enquêteurs improvisés. Justin Gray a bien compris que Jonah Hex, c'est l'assurance de réussir le lancement de ce titre, et de s'assurer un premier arc narratif aux ventes louables. Et ensuite, on passera vraiment aux histoires de cow-boys et d'indiens, où il y aura un autre subterfuge commercial (du genre, on change le titre, en All Star Jonah Hex?), qui le sait... Palmiotti et Grey ne sont donc pas près de se défaire de leur personnage fétiche, et sont épaulé par un Moritat fort à propos, dont le style correspond parfaitement aux exigences de ce genre de série. C'est une expérience de lecture à tenter, car ce premier numéro ne necessite aucune connaissance particulière de l'univers Dc, et propose un récit qui n'entre pas vraiment dans les canons de la geste superhéroïque. A suivre ces prochains mois, donc...


100% MARVEL : X-MEN LES ORIGINES vol.3

Troisième et dernier volet des origines des X-men, dans la collection 100% Marvel. Un argument qui n'a rien de bien nouveau, mais après avoir publié les deux premiers volumes, il restait trois histoires à présenter à nos amis de Panini. C'est chose faite. Ouf.

Au menu (dans le désordre), les origines de Victor Creed, alias Sabretooth. Un vrai méchant, cruel, sanguinaire. Le monstre a tué son frère pour une part de gâteau, a été enchaîné par son père (et torturé) et ignoré par sa mère. Du coup, il a aussi trucidé ses parents. Le début de cette histoire est assez fort et résume vite et bien en quoi le mutant est une bête sans concession. Le problème, c'est la suite. Dès lors que Victor fait la rencontre de son antagoniste favori, Logan (Wolverine, quoi!), le scénario quitte les rails et nous offre de multiples affrontements, espacés chacun d'entre eux par plusieurs années de distance, et ponctués par des accès de violence gratuite, de la "bagarre" stérile entre hommes, comme pour dire : "rien ne mieux qu'une bonne castagne très macho pour se sentir vivant et libérer la rage qui se cache au fond de chacun de nous". Pourquoi pas. C'est juste que ce n'est pas très intéressant, et c'est un euphémisme. Dan Panosian fait de son mieux aux dessins, mais même là, on pouvait s'attendre à plus.

Wolverine, justement. Ses origines également sont présentes dans ce volume. Cela peut faire sourire, car résumer en une trentaine de pages un sujet aussi fourni et confus, c'est une gageure. Du reste, le petit James enfant, ça ne prend que deux pages, le gros de l'épisode est consacré à la présence du mutant canadien au sein du projet Arme X, et aux expériences cruelles qu'il a du subir pour qu'on fasse de lui, en grand secret, une arme redoutable et mortelle. On assiste à la première rencontre avec le Professeur Xavier, on revoit des scènes archi connues extraites de "Weapon X", et on se demande bien à quoi peut être utile un tel récit, puisqu'on a déjà du le lire une bonne dizaine de fois. A des néophytes qui passeraient par là, par hasard? Au moins les dessins de Mark Texeira sont-ils particulièrement synchros avec l'ambience qui se dégage des accès de rage du mutant griffu. Ce n'est pas pour rien qu'il a déjà officié avec succès sur sa série régulière. Ici, il peut donc s'offrir une leçon de rattrapage, dont nous autres marvélophiles convaincus, ne sentions pas du tout le besoin.

Pour finir, Deadpool. Oui, le mercenaire à la grande ... bouche. Heuseusement qu'il est là, dans ce volume. Nous retrouvons Wade Wilson en plein entretien d'embauche : il cherche un réalisateur pour porter à l'ecran les exploits de son existence. Par chance il finit par dénicher un artiste patient qui l'interroge sur son parcours, et de là nait le pretexte pour approfondir notre connaissance du personnage, son enfance, sa transformation en Deadpool (au passage sa lutte contre le cancer, qui l'a poussé à s'offrir pour une série d'expériences interdites qui bouleversent sa vie), sa femme et son rapport au couple... L'humour est très présent (le sort réservé aux réalisateurs éconduits...) et on a même droit à une petite touche d'émotion salutaire (la papa de Wade et son fiston). Je vous laisse découvrir ce que sera finalement ce film, qui ne ressemblera bien évidemment pas au récit fidèle des origines de Deadpool. Swierczynski et Leandro Fernandez sont convaincants et sauvent notablement le sommaire de ce troisième volume des origines des X-men, qui autrement aurait été bien trop indigent pour les lecteurs au long cours que nous sommes en majorité.

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BRIGHTEST DAY 1 : La maxi-saga DC débarque enfin en kiosque

Panini tire ses dernières cartouches made in Dc cet automne, à commencer par le premier rendez-vous avec BRIGHTEST DAY en kiosque, qui comprend les numéros 0, puis de 1 à 3 de la maxi série homonyme. Ceux qui ne lisent que la Vf seront d'un coté soulagés de voir ces épisodes adaptés (avec retard, coté Dc l'opération Flash Forward aurait été assez compliquée) et d'un autre assez inquiets : Dargaud (et son label Urban comics) poursuivra l'aventure... ou pas? Bref, il y a du lourd et du bon au menu, mais l'avenir de Brightest Day reste pourtant encore assez nébuleux. Et c'est assez déconcertant.

Sinon, quid de Brightest day alors? Commençons par ce numéro 0, qui introduit parfaitement les pistes à explorer durant la saga. La première remarque qui vient à l'esprit, en le parcourant, c'est la couleur, la beauté, la sérénité qui se dégage du travail de Fernando Pasarin, et l'intelligence dans la manière d'imbriquer des différentes pièces du puzzle que Johns et Tomasi vont nous proposer. Dès l'ouverture,  le soleil perce à travers le feuillage des arbres, et la vie reprend ses droits, plus eclatante que jamais, après l'effroyable Blackest Night. Puis symboliquement, un oisillon tombe du nid, et s'ecrase au sol. Et là, au beau milieu d'un cimetière, se dresse Boston Brand, alias Deadman, revenu d'outre tombe, sans avoir véritablement d'explication. Transporté en différents points du globe par un anneau blanc ,il passe en revue les douze héros qui ont été ramenés à la vie à la suite de la chute de Nekron et des lanternes noires. Héros et pas seulement, puisque certains "vilains" sont aussi revenu d'entre les morts, pour l'occasion. Hawkman et Hawkgirl, Martian Manhunter et Aquaman, mais aussi Captain Boomerang ou encore Maxwell Lord. Ils sont tous à nouveau parmi nous, et la raison de ce come-back pourrait être bien plus sinistre que ce qu'il pourrait sembler. Le lecteur est aussi baladé gentillement sur les lieux qui ont fait l'actualité ces derniers temps chez Dc, comme Star City, sinistrée, ou le Khandaq, la patrie de Black Adam. L'enjeu n'est pas seulement de faire planer le mystère autour de l'anneau de lumière blanche, et de savoir qui pourra le porter et pourquoi ( seul Deadman le possède, dans ce numéro 0 ), il s'agit aussi et surtout pour le scénariste Geoff Johns (en tandem avec Peter Tomasi) de placer toutes ses cartes sur la table, tout en conservant une bonne partie retournée et voilée, et d'appater le chaland avec une série d'intrigues qui s'annoncent touffues, complexes, voire passionnantes. Ce numéro O ne déçoit pas les attentes et aiguise l'appétit comme saurait le faire un excellent apéritif. Il porte dans son sillage le numéro un où les premiers héros en tête de gondole sont Hal Jordan et Sinestro (les deux rivaux sont intrigués par la lanterne blanche, mais impuissants devant elle) et Aquaman. J'adore Aquaman !



A l'instar de ce qu'on a pu lire durant Infinite Crisis:52 par exemple, il s'avère donc que plusieurs strates vont se superposer dans Brightest Day. Aquaman qui évoque les créatures mortes des mers, Hawkman et Hawkgirl qui tentent d'échapper à la malédiction séculaire de Hath-Seth, qui les a massacrés à travers les âges, Firestorm dont les deux entités antagonistes sont enfin séparés, Martian Manhunter qui désire repeupler Mars mais va aussi devoir se repencher sur les conditions de son arrivée sur Terre, Deadman qui est censé aider tous ses héros s'en savoir comment ni pourquoi et se retrouve nez à nez avec l'Anti Monitor... Certes, il convient d'avoir les idées claires sur qui est qui, de maîtriser un tant soi peu ces personnages pour profiter pleinement de cette maxi série. Qui en vaut la peine. C'est la dernière longue aventure de l'ère Dc telle que nous la connaissions avant le reboot, c'est une construction architecturale complexe et appréciable. Plusieurs artistes se succèdent aux dessins, pour un résultat globalement fort satisfaisant. Mention particulière pour Ivan Reis, et les covers splendides de David Finch. Tous ceux qui ont trouvé leur compte dans la grande épopée de la nuit la plus sombre, et souhaitent finir en beauté leur rapport avec le vieil univers Dc se doivent de se procurer ces premiers épisodes. Tout comme Dargaud se doit de bien faire attention à ne pas laisser pour compte les lecteurs qui vont s'y plonger, au rique de faire naître par la suite une inimitié fort préjudiciable. Brightest Day, c'est parti, et on veut en voir la fin, dans la décence et une bonne revue, si possible!

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RED HOOD AND THE OUTLAWS #1 : MENAGE A TROIS

Roy Harper n'est pas un Superman, et son seul véritable pouvoir est son habileté incroyable à l'arc et aux flèches. Ce qui ne l'empêche pas d'aller se fourrer dans un sale pétrin, en terre inconnue, et donc, c'est logique, d'être capturé et condamné à mort. Son salut, il le doit à un autre side-kick historique de l'univers Dc, Jason Todd, qui en son heure de gloire fut le second Robin de Batman, avant que le Joker ne le fasse passer de vie à trépas de la plus cruelle des façons, dans la saga "A death in the family". Depuis, il va beaucoup mieux (il existe des antibiotiques contre la mort dans les comic-books?), tout comme Roy par ailleurs, si on considère qu'avant le reboot il s'était retrouvé mutilé durant l'éprouvant et fort réussi "Cry for justice". Mais un bras, ça repousse vite, quand on est un personnage de Bd superhéroïque. Les deux bad boys ne s'ennuient pas, et c'est là que la morale et la brigade des moeurs commencent à faire la moue. Jason a une copine extra terrestre à la plastique parfaite, Starfire la libertine (ce n'est pas le nom de sa planète, c'est un euphémisme pour dire que c'est une fille "open"), qui pourrait être qualifiée assez facilement de "sex friend". Comme sur son monde d'origine le sexe et les sentiments n'ont absolument rien à voir, et que ses émotions fonctionnent de manière très différente des notres, l'auteur (Scott Lobdell, en charge de plusieurs séries à polémique en ce moment, dont Superboy ou encore Teen Titans) en profite pour jouer cartes sur table. Starfire est libérée, et si vous lui plaisez, ce n'est même pas la peine de lui demander, il n'y a qu'à se servir. Du coup Jason aurait été idiot de refuser, ça doit bien le changer de Bruce Wayne dans la bat-cave (comment ça je blasphème?). Deux mercenaires sans foi ni loi, une bombasse à la peau orange et aux jambes écartées, et hop, voilà le menu de cette série qui ne va pas faire dans la dentelle ni dans l'introspection profonde. Action, Kenneth Roccafort aux dessins (un trait anguleux, des muscles et des visages taillés dans la pierre, mais une grande capacité à créer du mouvement) et une bonne dose d'érotisme débridé, et le tour est joué. Quand au cliffhanger final, j'admet ne pas avoir tout compris (bien oui quoi, je ne suis pas omniscient et ne peut pas tout lire non plus!) mais comme les derniers mots de l'épisode sont "To be explained", je pense ne pas être le seul, et d'un coup, ça me rassure! Brouillon, tout ça? Pensez-vous...


FOCUS : LES COMIC-BOOKS SONT-ILS UNE ESPECE EN VOIE DE DISPARITION ?

Les chiffres des ventes consécutifs au reboot Dc ont d'un coté rassuré certains lecteurs, d'un autre ils ont fait bondir les Cassandre du comic-books qui y lisent le déclin inévitable de notre média préféré. Quid de l'avenir de la bd super héroïque américaine telle que nous l'avons connu jusque là? Loin de moi l'idée de détenir la vérité et les solutions, mais juste la volonté de vous rappeler l'évidence en trois points. Trois indices qui mis bout à bout constituent une preuve : les années de vaches grasses sont loin derrière nous, et s'attendre au pire n'est pas forcément une mauvaise stratégie... Un chiffre brut avant de poursuivre cette amère démontration : Si le titre le plus vendu en septembre dépasse de peu peu les 250 000 copies (et ce avec l'effet du reboot, la présence de Jim Lee, une campagne marketing conséquente), le numéro un des X-men de ce même Jim Lee, voilà deux décennies, explosait la barre des huit millions d'unités. Dit comme ça, on aurait presque envie de pleurer.

Alors, pourquoi cet effondrement des ventes? Tout d'abord, parlons gros sous. Nous sommes en pleine prériode de crise mondiale, les porte-monnaies se dégarnissent et les budgets familiaux crient famine. Dans ce cas, c'est souvent sur les loisirs, les biens culturels, que porte l'économie la plus facilement réalisable. J'ai moins d'argent? Je me limiterai donc à un ciné au lieu de deux chaque mois, j'arrête de lire le quotidien (il y a des gratuits), et les comic-books, ce sera à dose homéopathique. J'exagère? A peine. Combien de lecteurs ont réagi ainsi, combien ont-ils opté pour ce serrage de vis salutaire à leurs bourses en danger? Le prix unitaire de nos bd est aujourd'hui de 2,99, voire plus souvent 3,99 dollars ! Une balle dans le pied que se tirent chaque mois les éditeurs.

Ensuite, admettons le franchement. Sur Internet, il n'y a pas que des mp3 et des films gratuits à télécharger. Les comic-books ne font pas exception à la régle. Dès leur jour de sortie, tous les titres disponibles ont fait le tour de la planète, sur des centaines de blogs spécialisés ou sur les forums d'echange. Combien de jeunes lecteurs, parmi la nouvelle génération, se contentent de lire distraitement sur leurs ordinateurs (tablettes tactiles, le must, un confort parfait, une véritable incitation) les comic-books qu'ils n'achètent plus? Un simple passage sur le forum downparadise, par exemple, m'a permis de repérer, en moins de cinq minutes et quelques recherches, l'intégral du catalogue de Lug/Semic, pour les nostalgiques, la grande majorité des albums Panini, toutes les nouveautés Dc liées au reboot, et des miliers de titres différents Marvel/Dc/Image classés sous forme de séries complétes ou de runs cohérent. Sans le téléchargement, combien de comic-books en plus seraient vendus chaque mercredi?

Et puis troisième point, l'évolution des moeurs, et de l'entertainment. Si autrefois les jeunes lecteurs considéraient le comic-book comme un des moyens d'évasion et de rêverie les plus probants, aujourd'hui, que valent 22 pages en couleurs, face aux consoles de jeu, aux ordinateurs, aux réseaux sociaux, à toute cette nouvelle industrie qui demande son lourd tribut économique et de temps disponible, qu'il a bien fallu aller trouver quelque part? Ceci concerne les jeunes, mais aussi nous autres les trentennaires et les quadras, qui avons manifesté au fil du temps un certain snobisme (j'attend la sortie du Tpb avant d'acheter... Je ne veux que des éditions luxueuses et reliées...) et sommes pareillement tombés dans le piège de la distraction fatale des autres rivaux modernes, à coté desquels le comic-book n'est plus attractif et pourvoyeur de bon temps. Un média déjà usé jusqu'à la corde, et en voie d'extinction? Ne raillez pas, la vérité est peut-être très crue et dure à entendre, et sans l'explosion du phénomène des adaptations cinématographiques, où en serions nous aujourd'hui? La survie des comics passe t'elle nécessairement par les salles obscures? L'activité même de lire, une bd ou un livre, est-elle devenue une pratique obsolète, ou si peu répandue qu'elle risque de devenir marginale pour de bon? Les gardiens du temple, les passionés que nous sommes, avec les responsables marketings des grandes maisons d'éditions, et les artistes eux même, chacun devra apporter son lot de solutions et fournir sa propre auto critique, si nous voulons que l'objet de notre flamme perdure. Et conjurer l'extinction, par manque de combustible.

LE PODCAST LE BULLEUR PRÉSENTE : BILLY LAVIGNE

 Dans le 196e épisode de son podcast, Le bulleur vous présente Billy Lavigne que l’on doit à Anthony Pastor, un ouvrage publié chez Casterma...