Je reviens, ce matin, sur un article publié en mars dernier, mais qui est à nouveau d'actualité, depuis la (re)sortie d'un joli Marvel Best of, ces jours ci. En avant, donc :
Autres temps, autres moeurs. Si aujourd'hui les comic-books les plus vendus ne dépassent même plus les cent mille exemplaires (le Reboot Dc faisant figure d'exception temporaire), il n'en a pas toujours été ainsi, loin de là. En 1991, les X-men sont au sommet de leur gloire, et Marvel se décide enfin à doubler la ration mensuelle de titres consacrés au team de Charles Xavier. Après Uncanny X-men, c'est au tout de la prosaïque X-men de voir le jour, cette même série qui de nos jours est affublée d'un appendice (X-Men : Legacy, son nouveau nom). Chris Claremont est au scénario, nous sommes donc en terrain connu. Aux crayons, c'est la grande star de l'époque, Jim Lee, qui est chargé de donner tout le lustre attendu à cette nouvelle création. Ajoutez à cela la bulle "comics", comme il y eut plus récemment une bulle de l'Internet, une ribambelle de special covers pour collectionneurs transformés en spéculateurs, et l'effet mutant sur un lectorat en transe, et vous obtiendrez des chiffres qui donnent le vertige : 8,1 milions d'exemplaires de X-men 1 vont se vendre à travers le monde! Des X-men qui pour l'occasion se scindent en deux équipes de couleurs différentes, l'équipe or et l'équipe bleue. Et qui retrouvent sur leur chemin leur ennemi le plus farouche, qui avait pour un temps rejoint leurs rangs, je veux parler de Magneto, bien entendu. Ce dernier a fait de son astéroïde M, en orbite au dessus du sol soviétique, un état souverain qu'il transforme en havre et en refuge pour tous les mutants qui le souhaitent, à condition de le reconnaître comme le chef auto-proclamé de la mutanité, comme le guide eclairé qui permettra aux siens de prendre leur revanche sur des homo-sapiens (des "génézéros", comme plutôt bien traduits en VF) destinés à succomber sous son juste courroux.
Un magneto effrayant et puissant, majestueux, tel que le réintroduit Jim Lee. Un homme amer et résigné, qui retrouve le goût du combat, et la hargne des grands jours, quand Fabian Cortez et ses acolytes viennent prêter allégeance. Et tant pis si le premier cité projette déjà de trahir son nouveau gourou, dès que l'occasion se présentera. Ceci occupe l'intégralité des trois premiers épisodes. Par la suite, l'action change de protagoniste : C'est au tour d'Omega Red de se retrouver sous les projecteurs. Ce mutant maléfique et doté de tentacules artificiels emet des phéromones mortels et agit comme une sorte de vampire energétique. Il défait sans aucune difficulté les X-men qui se dressent sur son chemin mais c'est principalement entre lui et Wolverine que va se jouer le duel décisif. Une opposition intéressante car Logan est doté d'un facteur auto guérissant qui lui permet de subir les assauts de son ennemi sans succomber d'emblée. Il est à déplorer que par la suite, les scénaristes n'ont pas su trouver d'emploi à la mesure de la menace pour le mutant soviétique Omega Red : il semble pourtant, dans ces derniers épisodes scénarisés par Claremont, une véritable engeance que les X-Men redoutent à juste titre. Les planches de Jim Lee sont emblématiques du personnage : fouillées, ultra dynamique, plastiquement agressives et puissantes. Associé à Claremont justement, cela donne aussi sept numéros où le verbiage à la part belle, malgré tout, et où la réthorique enfle dans nombre de ballons qui se répondent les uns aux autres. Là où aujourd'hui nous aurions droit à une inflation de splash-pages muettes, les X-men d'alors défendent leurs idéaux par la grâce du verbe. Cela peut sembler ingénu voire redondant, mais mis en image et en texte ainsi, c'est aussi un pan de la légende mutante qui se dévoile. A des millions de lecteurs.... Un fort bel ouvrage donc, à recommander chaudement aux amateurs du genre.
Rating : OOOOO
Petite rectification:Claremont n'a écrit que les 3 premiers épisodes.C'est Byrne qui reprend sa suite...pour tirer sa révérence à la fin de cet album.
RépondreSupprimerMais moi je kiffe grave le 1er épisode qui est ce qui a pu se faire de mieux en matière de titres X!